Magisteruppsats Traduire la culture sociopolitique Étude de

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Magisteruppsats Traduire la culture sociopolitique Étude de
Magisteruppsats
Traduire la culture sociopolitique
Étude de la traduction française de noms propres liés à
l’organisation politique et sociale en Suède
Författare: Candice Roccasalva
Handledare: Chantal Albepart-Ottesen
Examinator: Liviu Lutas
Termin: HT15
Ämne: Facköversättning SV-FR
Nivå: avancerad, 15 hp
Kurskod: 4FR32E
Abstract
The purpose of the present essay is to study the difficulties of translating, into French,
Swedish proper names with a connection to the socio-political organisation of the
country, i.e. names of Swedish national institutions and governemental bodies, unions
and political parties as well as national and local non-profit organisations, and to
discuss, in context, the validity of the various possible translation methods. The source
texts used as primary material are excerpts from the book Porr, horor och feminister by
Swedish author Petra Östergren (2006) in which she intends to offer a historical and at
the same time critical insight into the debate about pornography and prostitution in
Sweden. Drawing on both the skopos theory of Vermeer and Reiss and the theories
about the translation of cultural elements developed by Swedish scholar Brynja Svane,
the author of this essay will, as a first step, analyse the text type, skopos and target
audience of both the source texts and the target texts, and, as a second step, sort out all
instances of the chosen proper nouns according to the translation method used to render
them. The motivations behind each translation choice, above all in accordance with the
skopos of the texts but also with the stylistic requirements of the target language, will
then be discussed and evaluated in details.
Mots-clés
Mots culturels, mots conceptuels, expressions référentielles, expressions référentielles
culturellement spécifiques, images culturelles, noms propres, noms d’institutions, noms
d’organisations, skopos, étrangéisation, domestication, egennamn, namn på
institutioner, kulturella ord, referentiella uttryck, kulturspecifika referentiella uttryck.
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier Petra Östergren pour sa disponibilité et sa patience face
à mes nombreuses questions ;
je remercie également ma camarade Audrey Chanson et ma directrice de mémoire
Chantal Albepart-Ottesen pour leurs commentaires lors de l’élaboration de ce mémoire ;
un grand merci enfin à Andrew Crayford et à Susanna Forsberg pour leurs
encouragements et leur optimisme indéfectible.
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TABLE DES MATIERES
1 Introduction
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1.1 But de l’étude
1.2 Présentation des textes sources
1.3 Méthode et délimitation de l’étude
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2 Cadre théorique
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2.1 Traduction des références culturelles : pluralité des théories
2.2 Méthode d’analyse des « images culturelles » par Brynja Svane
2.2.1 Type de texte, fonction et skopos
2.2.2 Type de référent
2.2.3 Procédés de traduction possibles
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3 Analyse et discussion
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3.1 Type de texte, fonction et skopos
3.1.1 Dans les textes sources
3.1.2 Dans les textes cibles
3.2 Remarques sur les problemes de classification
3.3 Procédés de traduction choisis
3.3.1 Résultats quantitatifs
3.3.2 Omissions
3.3.3 Équivalences
3.3.4 Transferts
3.3.4.1 Transferts combinés à une autre méthode de traduction
3.3.4.2 Transferts simples
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19
20
20
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31
31
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4 Conclusion
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5 Bibliographie
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6 Annexes
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Annexe I : Liste des noms propres étudies et de leur traduction
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1 Introduction
À l’heure de l’Europe, le rendu des noms d’unités administratives des pays membres
s’est imposé comme un enjeu traductologique majeur. Cependant, si grâce au Code de
rédaction interinstitutionnel de l’Union européenne, les traducteurs ont à leur
disposition tout un arsenal multilingue d’équivalents pour les noms d’institutions et
d’organismes actifs au niveau européen, les choses se compliquent considérablement
lorsque l’on passe au niveau national, voire local. Dans son étude sur la traduction des
noms d’institutions qu’il a réalisé à partir de textes disponibles en ligne, John Humbley
(2006) le démontre bien : le recours à la traduction se fait plus systématique au plan
international et européen, alors qu’au niveau national et local, le choix d’y recourir ou
non peut dépendre de facteurs aussi divers que la région géographique où se situe
l’organisation, son type d’activités ou bien même la conscience qu’elle a de son propre
rayonnement. Ce manque de systématisme peut se révéler être un casse-tête pour le
traducteur qui, en l’absence d’équivalent officiel, se retrouvera au choix noyé sous une
multitude d’alternatives possibles, ou bien, à l’inverse, face à un vide traductologique
qu’il lui incombera de remplir de manière adéquate. Quels facteurs viendront alors
l’aider dans ses décisions ? Les noms d’institutions et d’organisations représentent plus
généralement les systèmes – administratifs, politiques, éducatifs etc. – qui sont le cœur
de la culture du pays auquel ils appartiennent, et sont donc par nature autant d’éléments
culturels que le traducteur, par la connaissance qu’il a du contexte de production du
texte source et du contexte de réception du texte cible, peut être amené à éclairer pour
ses lecteurs. Pour ce faire, il ne peut idéalement pas faire l’économie d’une véritable
analyse du type de texte à traduire et de la finalité de la traduction, et doit par ailleurs se
plier évidemment aux exigences stylistiques de la langue d’arrivée. Nous reprendrons
tous ces éléments dans notre étude afin d’illustrer les difficultés potentielles liées à la
traduction de ces éléments culturels, mais aussi et surtout afin de discuter de la validité
des solutions envisageables en contexte.
1.1 But de l’étude
Le but du présent mémoire est d’offrir une réflexion sur les solutions possibles face aux
difficultés de traduction, en français, de références culturelles sous forme de noms
propres (désormais Npr) ayant spécifiquement trait à la vie sociopolitique suédoise,
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dans deux extraits d’un ouvrage de débat et d’opinion de l’auteure suédoise Petra
Östergren, et d’évaluer la qualité de leur rendu en contexte.
1.2 Présentation des textes sources
Les deux textes constituant la base de ce mémoire sont extraits d’un ouvrage de la
Suédoise Petra Östergren intitulé Porr, horor och feminister (« Porno, putes et
féministes », notre traduction) et publié en 2006. Östergren est à la fois auteure,
essayiste, journaliste, observatrice de la vie sociale et politique suédoise, ainsi
qu’actuellement doctorante à l’université de Lund où elle prépare une thèse en
anthropologie sur l’histoire et la fonction du texte de loi appelé sexköpslagen, ou loi
suédoise contre l’achat d’actes sexuels (notre traduction). Dans son livre, elle revient
sur le débat sur la pornographie et la prostitution en Suède pour en proposer une critique
raisonnée. L’ouvrage est divisé en deux parties bien distinctes, l’une sur la pornographie
(chapitres 1 à 5) et l’autre sur la prostitution (chapitres 6 à 10). Dans chaque moitié,
Östergren propose une présentation à la fois historique et théorique des clés du débat,
puis avance ensuite ses propres arguments. Elle entend d’un côté dénoncer ce qui, pour
elle, est l’influence négative des « féministes radicaux1 » sur la législation en vigueur en
matière de pornographie et de prostitution en Suède, et de l’autre donner une voix aux
prostituées en publiant les témoignages – souvent à contre-courant des positions
officielles dans le domaine – de certaines d’entre elles qu’elle a rencontrées et
interrogées à plusieurs occasions.
Nous sommes donc en présence d’un livre aux ambitions multiples, ce qui
influence nécessairement le type des textes que nous avons eus à traduire. Les deux
textes sources choisis ici (désormais TS1 et TS2) sont tirés de la première partie de
l’ouvrage, en l’occurrence du chapitre 1 pour TS1 et du chapitre 3 pour TS2. Ce choix a
été motivé par le fait que chacun des textes représente à sa façon la pluralité des
approches d’Östergren dans son livre. Nous discuterons plus avant des types de textes
concernés et du public cible envisagé dans la section 3.1
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Après concertation avec l’auteure, il a été décidé d’utiliser ici le masculin générique pour mettre en
lumière le fait qu’il s’agit, en Suède, tout aussi bien d’hommes que de femmes, ce qui n’est pas toujours
le cas ailleurs dans le monde, certaines associations féministes radicales excluant par exemple les
hommes ou les personnes transgenres.
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1.3 Méthode et délimitation de l’étude
Notre étude s’appuie donc sur la traduction française de deux textes d’opinion suédois,
sur la nature exacte desquels nous reviendrons ultérieurement (infra 3.1.1) mais que
l’on pourrait déjà ici situer à mi-chemin entre le texte journalistique et l’étude
sociologique. Les références culturelles sous forme de Npr se rapportant à l’organisation
sociopolitique en Suède nous ont semblé présenter un intérêt traductologique évident
soit de par leur densité de distribution (TS1 en particulier), soit de par leur degré de
spécificité culturelle qui, à la première lecture, pouvait laisser présager un manque
d’équivalents établis en français. C’est donc sur le rendu de ces expressions que la
présente analyse s’est naturellement portée. Ces Npr, qui ne sont ni des anthroponymes,
ni des toponymes, relèvent du champ lexical de l’organisation sociopolitique en cela
qu’ils incluent des noms d’organisations à but non lucratif (locales ou nationales),
d’institutions étatiques et autres organes gouvernementaux, de partis politiques ou de
syndicats. Quelques autres entrées, sur lesquelles nous reviendrons plus précisément
dans la section 3.2, ont été plus difficiles à classer mais ont parfois été incluses dans
l’analyse en tant que Npr (pour une liste complète des entrées et de leur traduction, voir
annexe II). Il est à noter que nous avons exclu de notre analyse l’unique mention d’une
institution supranationale (à savoir EU-parlamentet, au segment 153) puisque il a été
décidé de n’étudier que la traduction de noms d’organismes strictement suédois.
Une fois le cadre de notre étude posé et les recherches théoriques sur la traduction
des éléments culturels terminées, nous avons enfin entamé notre travail d’analyse. Ce
travail s’est décomposé en deux temps. D’abord, nous avons effectué un travail
préparatoire à la traduction, durant lequel ont été étudiés plusieurs facteurs intra- et
extratextuels (type de texte en présence, finalité de la traduction, public envisagé, étude
du cahier des charges) indispensables à la compréhension de la tâche à accomplir et
conditionnant les choix du traducteur. Plus spécifiquement, suivant le modèle dit du
skopos tel que présenté par Vermeer & Reiss (Reiss, Vermeer & Nord 2013, voir en
particulier 85-92), nous avons mené une réflexion sur la nature et la fonction à la fois
des TS (désormais TS) et des textes cibles (désormais TC) afin d’évaluer l’importance
des expressions culturelles pour les publics visés, de décider de l’orientation générale de
la traduction, puis du rendu et du degré de préservation nécessaire de ces expressions.
Par la suite, notre attention s’est portée exclusivement sur les Npr à caractère
sociopolitique dans les TS, que nous avons isolés et classés par types de procédés de
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traduction choisis, en nous appuyant sur la typologie établie par la linguiste suédoise
Brynja Svane. Ces procédés, au nombre de sept, sont proposés par Svane dans sa
méthode d’analyse des expressions culturelles (1998, 2002), laquelle repose d’un côté
sur une typologie à la fois structurelle et sémantique des différents types d’expressions
culturelles – dont l’une des catégories peut s’appliquer aux Npr choisis pour notre étude
(infra 2.2) – et de l’autre sur les méthodes de traduction possibles. Pour notre étude,
nous avons donc comptabilisé le nombre d’entrées concernées puis examiné les raisons
ayant motivé l’utilisation de certains procédés de traduction plutôt que d’autres.
Naturellement, c’est en particulier la façon dont le co-texte et le skopos des textes ont
appelé certains procédés de traductions spécifiques qui nous a intéressée. Ce travail,
dont les résultats ont été reportés sous forme de tableau pour plus de clarté (infra 3.3.1),
a en outre permis de réévaluer certaines traductions et ainsi d’harmoniser l’ensemble,
toujours dans la perspective d’être fidèle au skopos, à la finalité, des TC.
En marge des modèles théoriques appliqués à notre analyse, de nombreux autres
outils ont été utilisés lors du processus de traduction lui-même. Pour nous aider
spécifiquement dans la traduction des Npr, nous avons eu recours à plusieurs textes
parallèles. Nous avons par exemple utilisé l’ouvrage Varan och varat : prostitution,
surrogatmödraskap och den delade människan (traduit en français par Catrin Mondain
et publié en 2013 par MEditeur sous le titre « L’être et la marchandise : Prostitution,
maternité de substitution et dissociation de soi ») de la Suédoise Kajsa Ekis Ekman qui,
bien qu’assumant une position aux antipodes de celle de l’auteure de nos TS, Petra
Östergren, traite cependant du même sujet. On retrouve de fait dans le livre plusieurs
noms d’organisations ou d’institutions présents dans nos propres TS. Nous avons
également utilisé de nombreuses ressources électroniques – sites officiels (p. ex.
Regeringen, Arbetsmiljöverket, Roks, RFSU, Parlement européen, Internationale
socialiste des Femmes), blogs (Månsson, Collectif Ciné-Œil) ou article de presse
(Hivert, Pascual, Truc) – mais nous verrons que ceux-ci n’ont pas toujours
nécessairement facilité nos choix de traduction. Enfin, pour la traduction dans son
ensemble, nous nous sommes aussi aidée de dictionnaires bilingues (Norstedts franska
ordbok, Linguee, Azoria) et autres outils divers (Centre National de Ressources
Textuelles et Lexicales, Nationalencyklopedin, Larousse, Lexique des règles
typographiques en usage à l’Imprimerie Nationale, Svenska skrivregler).
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2 Cadre théorique
Une traduction doit fonctionner sur les plans structurel, sémantique, stylistique et
pragmatique de manière aussi satisfaisante en langue cible qu’en langue source (Ingo
2007 : 24). Notre analyse ayant pour cadre le rendu d’expressions à caractère culturel,
nous porterons donc avant tout notre attention sur les aspects pragmatiques et
stylistiques. Comment s’assurer que le texte traduit fonctionnera dans une situation de
communication en langue et culture cibles? Après un bref rappel des enjeux théoriques
en matière de traduction des expressions culturelles, nous nous concentrerons ensuite
plus spécifiquement sur l’approche de la Suédoise Brynja Svane, qui est apparue
comme la plus pertinente pour notre étude.
2.1 Traduction des références culturelles : pluralité des théories
Plusieurs auteurs – Eugene A. Nida (1964), Peter Newmark (1988), Mona Baker
(1992), ou bien encore Michel Ballard (2001, 2007) et Brynja Svane (1998, 2002, 2007)
– se sont penchés sur la question de la traduction des références culturelles d’un TS
dans un TC. Ce qui ressort de leurs ouvrages est non seulement la pluralité de leurs
approches mais aussi surtout le manque de consensus sur la façon d’appréhender la
problématique. Pour Rafik Jamoussi (2003 : 110), cet état de fait prend en partie sa
source dans une certaine réticence à s’attaquer à la définition même d’un terme clé – la
culture. Comme il le rappelle, l’un des rares à s’être tenté à l’exercice est Newmark qui
définit la culture ainsi : « the way of life and its manifestations that are peculiar to a
community that uses a particular language as its means of expression » (Newmark,
1988 : 94). Cette définition ne s’aventure toutefois pas sur le terrain de la distinction
entre « culture » et « civilisation », deux termes parfois indûment substitués l’un à
l’autre (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales).
Que l’on parle de « mots culturels » (Tegelberg 2007 : 148), de « désignateurs de
référents culturels » (Ballard, p. ex. 2007 : 20) ou de « culturèmes » (néologisme utilisé
pour la première fois par Abraham Moles dans son ouvrage Sociodynamique de la
culture (1967), voir Lungu-Badea 2009 : 18), les définitions peuvent donc varier les
unes par rapport aux autres et se faire plus ou moins précises :
Language does […] contain all kinds of cultural deposits, in the grammar […],
forms of address […] as well as the lexis […] which are not taken account of in
universals either in consciousness or translation. […] Most ‘cultural’ words are
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easy to detect, since they are associated with a particular language and cannot be
literally translated […]. (ibid : 95)
L’approche la plus simple du culturème serait d’en faire un équivalent, une sorte
de synonyme, d’une notion que j’ai par ailleurs nommée ‘le désignateur de
référent culturel (DRC)’ et dont j’ai donné la définition suivante : « signe
renvoyant à des référents culturels, c’est-à-dire des éléments ou traits dont
l’ensemble constitue une civilisation ou une culture ». Or il me semble qu’il faut
ici élargir cette définition à tout ce qui signale une culture étrangère en traduction.
(Ballard 2007 : 20)
[…] pour les linguistes, il est naturel de comparer [le culturème] aux phonèmes et
aux sémèmes et de le définir ainsi comme la plus petite entité dans un texte qui
soit distinctivement culturelle. […] je pose que la distinction doit être plus
tangible et immédiatement convaincante pour qu’on puisse parler d’un culturème.
Il existe des culturèmes à plusieurs niveaux d’abstraction. Le niveau le plus élevé
est constitué par les symboles nationaux. […] À un niveau intermédiaire, on
trouve des coutumes liées à la culture générale d’un pays. […] Finalement, il
existe, au niveau des phénomènes concrets, une multitude de monuments, de
places historiques, de rues, de personnages historiques et d’habitudes
quotidiennes. (Svane 2007 : 134, c’est l’auteure qui souligne)
Elisabeth Tegelberg rappelle par ailleurs qu’en traductologie, on distingue souvent les
« mots conceptuels », c’est-à-dire faisant référence à des phénomènes communs à deux
cultures mais pouvant couvrir une réalité différente, des « mots culturels » qui, eux,
désignent des concepts qui n’existent pas dans la culture cible (2007 : 148). Tous les
auteurs ne font pas forcément cette distinction.
Outre la question de la définition, la classification des référents culturels n’est pas
non plus sans poser problème. Deux grandes tendances se dessinent chez les
théoriciens, à savoir d’une part une classification opérée par thèmes et d’autre part une
classification se fondant sur l’analyse linguistique des difficultés de traduction
(Jamoussi 2003 : 110). Newmark a par exemple défini cinq grandes catégories
thématiques
qu’il
nomme
ecology,
material
culture,
social
culture,
organisations/customs/activities/procedures/concepts et gestures and habits (1988 : 95),
tandis que Mona Baker a, elle, plutôt choisi une classification par difficultés de
traduction et en a établi une liste de onze, allant de culture-specific concepts à the use of
loan words in the source text (1992 : 18-20).
Pour ce mémoire, nous avons choisi de n’étudier qu’un unique type d’expressions
culturelles, à savoir les Npr qui ne sont ni des anthroponymes, ni des toponymes.
Michel Ballard et Brynja Svane se sont tous deux intéressés à la traduction de telles
expressions – Ballard dans le cadre de son ouvrage dédié aux Npr (2001) et Svane dans
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son étude sur les expressions culturelles en général (2010) – et ont chacun proposé une
liste de divers procédés de traduction possibles. Bien que ces procédés se recoupent en
grande partie, nous avons décidé de nous arrêter sur la typologie de Svane, car elle
présente le double intérêt de porter spécifiquement sur la traduction du couple de
langues français-suédois et d’être facilement transposable en un tableau permettant de
se faire une représentation précise de la distribution des différents types d’expressions
référentielles dans le TS et des stratégies de traduction dans le TC. Svane elle-même a
établi un tableau de ce type pour illustrer son approche dans un de ses articles
(1998 :114) et c’est ce modèle qui, de façon nécessairement simplifiée du fait de la
délimitation de notre étude à un unique type d’expressions culturelles, a été appliqué ici
(infra 3.3.1).
2.2 Méthode d’analyse des « images culturelles » par Brynja Svane
Dans son article « Comment traduire la réalité ? Étude de la traduction des expressions
référentielles » (1998), Svane offrait une première définition du phénomène qu’elle
nomme « expressions référentielles » en français :
Par expressions référentielles nous entendons des expressions qui visent des
phénomènes spécifiques dans la réalité hors-textuelle sans qu’il soit
nécessairement question d’un acte de langage référentiel. Les phénomènes
évoqués sont, pour la plupart, solidement ancrés dans une culture spécifique et,
par conséquent, de telles expressions référentielles ont en quelque sorte le
caractère d’images culturelles, c’est-à-dire qu’elles créent chez les initiés de la
culture en question des représentations mentales riches en associations et en
détails qui permettent de situer le référent dans un contexte culturel et personnel
cohérent. (1998 : 93)
Plus tard, dans un ouvrage en suédois spécialement dédié à la problématique du rendu
des expressions culturelles en traduction (Hur översätter man verkligheten ?, 2002), elle
propose une longue réflexion à travers laquelle elle synthétise différentes approches
linguistiques, philosophiques et traductologiques, pour enfin affiner sa propre théorie en
proposant de distinguer referentiella uttryck (« expressions référentielles ») de la souscatégorie
kulturspecifika
referentiella
uttryck
(« expressions
référentielles
culturellement spécifiques », notre traduction), qu’elle définit respectivement comme
suit :
Les expressions référentielles sont celles qui, de par leur forme (p. ex. leur forme
définie) ou de par leur sens (p. ex. leur description d’une connaissance du monde),
expriment l’acte de langage de référer à quelque chose, c’est-à-dire qu’elles
désignent activement un référent donné ou établissent une référence à quelque
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chose qui existe dans la réalité extratextuelle, même dans les cas où celle-ci est
purement fictive2 (2002 : 39, notre traduction, c’est l’auteure qui souligne).
Les expressions référentielles culturellement spécifiques ont les mêmes
caractéristiques que les expressions référentielles mais s’en démarquent par le fait
que le référent donné est indissociable d’un contexte culturel spécifique. Il peut
s’agir d’un concept ou d’un objet bien ancré institutionnellement, de lieux
géographiques ou d’expressions qui d’une manière ou d’une autre renvoient à des
habitudes culturelles, une religion ou à toute autre tradition3 (ibid : 43, notre
traduction c’est l’auteure qui souligne).
Après avoir défini de façon claire le sujet de son étude, Svane propose dans un
second temps une méthode d’analyse des expressions référentielles culturellement
spécifiques (désormais ERCS), dans le but d’examiner leur rendu en traduction (2002 :
83). Il est possible de décomposer son analyse en trois étapes. D’abord, un travail
préparatoire à la traduction vise à établir le genre et le type de TS, la finalité de la
traduction et le public visé. Les ERCS sont ensuite classées selon la nature du référent
auquel elles se rapportent. Enfin, une liste des méthodes de traduction possibles est
superposée à cette classification par type de référent afin d’étudier les rendus privilégiés
au final.
2.2.1 Type de texte, fonction et skopos
Svane explique que, préalablement à tout travail traduction, il est essentiel pour le
traducteur de considérer plusieurs paramètres :
À mon avis, la discussion [sur l’orientation générale à privilégier pour une
traduction par rapport à son texte source] ne peut avoir de sens que si l’on prend
sérieusement en considération les facteurs qui déterminent dans le détail le choix
du traducteur : le type de texte, le public envisagé, le skopos, ainsi que les
exigences de l’éditeur et le contexte économique et social qui entoure la
traduction (2007 : 131).
Elle ne s’attelle cependant pas à expliquer comment analyser ces paramètres ; ce n’est
pas l’objet principal de sa démonstration. Remontons donc à la source un instant. Svane
emprunte le terme skopos au linguiste allemand Hans Vermeer. La théorie du skopos,
2
« Referentiella uttryck är sådana som genom sin form (t.ex. bestämdhet) eller sin semantik (t.ex.
beskrivning av world knowledge) uttrycker språkhandlingen att referera, dvs. att de aktivt utpekar en
förutsatt referent eller etablerar en aktuell referens till något som postuleras existera i verkligheten utanför
texten, även i fall där denna förutsatta verklighet har en rent fiktiv karaktär. »
3
« Kulturspecifika referentiella uttryck har samma egenskaper som referentiella uttryck i allmänhet
men utmärker sig dessutom genom att den referent som förutsätts är oskiljbar från en specifik kulturell
kontext. Det kan vara fråga om institutionellt förankrade begrepp eller föremål, geografiska platser eller
uttryck som på något sätt hänvisar till kulturella vanor, religion eller andra traditioner. »
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telle que développée à l’origine par Vermeer seul, partait du principe que c’était
essentiellement la finalité de la traduction, son but, qui devait aider à décider des
méthodes et stratégies de traduction à employer. Plus tard, sous l’influence de la
collaboration de Vermeer avec l’Allemande Katharina Reiss, la théorie du skopos a
évolué pour insister dès lors tout autant sur la finalité du TC que sur l’importance de la
nature et la fonction du TS qui, selon Reiss, permettent en effet de résoudre de
nombreux problèmes de traduction (Guidère 2010 : 73). Svane le rappelle elle-même :
les normes textuelles liées à certains types ou genres de textes rendent parfois possible
une traduction relativement libre du contenu, ou bien au contraire imposent une plus
grande fidélité formelle et une plus stricte exactitude sémantique (Svane 2002 : 96).
Il est utile de rappeler qu’en se fondant sur les trois fonctions du langage établies
par le théoricien Karl Bühler en 1934 dans son ouvrage La Théorie du langage, Reiss a
défini trois grands « types de texte » (textsorte en allemand) qu’elle nomme
« informatif », « expressif » et « opérationnel » (2000 [1971] : 163) et à chacun desquels
elle attribue une fonction particulière : le texte informatif a pour but la transmission de
faits, de savoirs et d’information ; le texte expressif reflète l’utilisation de la dimension
esthétique du langage par son auteur ; tandis que le texte opérationnel cherche, lui, à
interpeller et convaincre le lecteur (Munday 2012 : 112). Ces trois types de fonction
peuvent naturellement coexister dans un seul et même texte (Reiss 2000 [1971] : 164).
L’Allemande Christiane Nord, qui a par ailleurs traduit l’œuvre commune de Vermeer
et Reiss en anglais (Reiss, Vermeer & Nord 2013), a elle aussi repris et développé ces
différents types de textes ; elle a notamment élargi la définition de « texte expressif » de
Reiss pour y inclure les textes où la position de l’auteur face au sujet discuté est
exprimée – ouvertement ou pas – sous forme d’émotions ou d’opinions (Nord 1997 :
41). Concrètement, l’étude du skopos aide le traducteur à décider des fonctions du TS
qu’il sera nécessaire de préserver dans le TC. Vermeer et Reiss divergent d’ailleurs
légèrement sur ce point : là où Reiss estime que le skopos implique en règle générale
une invariance de fonctions entre le TS et le TC, Vermeer considère plutôt que ceci
n’est qu’un scénario possible parmi d’autres (Reiss, Vermeer & Nord 2013 : ix). Selon
lui, le skopos du TS et celui du TC peuvent largement différer de par le simple fait que
produire un texte et le traduire sont deux types d’actions bien distincts avec chacun un
public, une finalité et des contraintes qui lui sont propres (ibid : 92).
L’analyse du type de texte et du skopos impose nécessairement l’étude de certains
autres facteurs extratextuels, cette « réalité hors-textuelle » dont parle Svane. Il est ainsi
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indispensable de réfléchir aux publics auxquels le TS et le TC s’adressent et de les
comparer ; tout comme il faut étudier le cahier des charges du client demandeur de
traduction avec attention car les informations dont il est porteur – par exemple le lieu, la
date et le type de support de la traduction – façonneront évidemment le produit final.
Avant d’entrer plus avant dans le détail de la méthode d’analyse des expressions
culturelles par Brynja Svane, il nous faut d’abord nous arrêter un instant sur une notion
qui est au cœur de son étude, à savoir celle de « référent ».
2.2.2 Type de référent
Le fait que Svane se soit arrêtée sur l’appellation kulturspecifika referentiella uttryck
(« expressions référentielles culturellement spécifiques », c’est nous qui soulignons)
plutôt
que
simplement
kulturspecifika
uttryck
(« expressions
culturellement
spécifiques ») témoigne de la place centrale qu’occupe pour elle la notion de
« référent ». En se fondant en partie sur une typologie déjà établie par Martin Riegel
dans sa Grammaire méthodique du français (1994), Svane distingue en effet deux
grands types d’ERCS, dénominatives ou descriptives. Les ERCS dénominatives
prennent exclusivement la forme de Npr désignant une entité, un référent unique et
spécifique, tandis que les ERCS descriptives, qui sont des noms communs (désormais
Nc), appellent plutôt une représentation des traits caractéristiques d’un groupe ou d’une
classe de référents donnés (2002 : 40, 90-91). Tout en concédant que les catégories
peuvent parfois se chevaucher (p. ex. dans le cas des Npr qui par autonomase sont
utilisés comme Nc, du type un Tartuffe), Svane ne s’aventure pas plus avant sur le
terrain de la distinction entre les deux, ce qui peut parfois poser problème (voir nos
réflexions sur les problèmes de catégorisation des entrées étudiées dans ce mémoire,
infra 3.2). On peut cependant rapprocher la différence qu’elle opère entre référence
spécifique chez les ERCS dénominatives et non spécifique chez les ERCS descriptives
de la distinction entre Npr et Nc que fait Michel Ballard et qui, selon lui, tient à leur
différence d’extension : les Nc ont un plus grand degré d’extension que les Npr, c’est-àdire qu’ils couvrent une réalité sémantique plus vaste. Les Nc renvoient à une classe
d’objet, alors que les Npr se rapportent à un référent unique (2001 : 107).
Dans la suite de son analyse, Svane divise chaque type d’ERCS en trois souscatégories. Dans les ERCS dénominatives, elle inclut les anthroponymes, les
toponymes et enfin d’autres Npr (désormais ANpr), qui peuvent par exemple inclure
12
4FR32E
Candice Roccasalva
les noms d’organisations, d’institutions ou d’entreprises. C’est donc de cette dernière
catégorie que relèvent les Npr étudiés dans ce mémoire. Parmi les ERCS descriptives,
elle distingue d’abord les « termes culturellement neutres » (kulturneutrala termer),
c’est-à-dire les noms courants faisant référence à une réalité connue comparable dans la
culture source comme dans la culture cible (elle donne en exemple les paires chaise/stol
ou bien maison/hus). Viennent ensuite les « termes culturels » (kulturella termer) dont
les référents n’existent que dans le contexte précis d’une culture spécifique (p. ex.
baguette et arrondissement en français ou osthyvel et syskon en suédois) et enfin les
« termes techniques » (tekniska termer), c’est-à-dire dont les référents ressortent de
domaines de spécialités techniques comme par exemple la médecine, la politique, le
droit ou l’économie (2002 : 90-91).
2.2.3 Procédés de traduction possibles
La dernière étape de la réflexion de Svane sur les ERCS consiste en l’élaboration d’une
liste de sept procédés de traduction possibles (1998, 2002) allant de la traduction
directe à la traduction dite « oblique », et pouvant bien évidemment se combiner pour
répondre aux besoins définis en contexte par le skopos du TC. Certains de ces procédés
recoupent ceux avancés par Vinay et Darbelnet dans leur ouvrage séminal Stylistique
comparée du français et de l’anglais (1958) mais Svane se fonde également sur les
travaux de Jonasson (1998) et de Newmark (1988) :
• le transfert consiste en un report du terme étranger dans le TC, report qui peut se
faire sans adaptation aucune, ou bien avec adaptations orthographiques ou
morphologiques. Il peut aussi être assorti d’une explication sous forme de terme
générique ajouté au nom transféré ;
• la traduction littérale est une traduction mot-à-mot ;
• l’équivalence désigne essentiellement, pour Svane, le procédé par lequel on
utilise une traduction établie par l’usage en langue cible ;
• l’adaptation
est
une
transformation
imposée
par
les
systèmes
de
conceptualisation différents des langues impliquées dans la traduction. Pour
Svane, cette transformation peut être sémantique ou bien référentielle, quand le
référent évoqué est « fortement [ancré] dans le contexte sociohistorique et
culturel » (1998 : 99) ;
13
4FR32E
Candice Roccasalva
• la conversion s’apparente à une adaptation facultative. Elle est culturelle si le
terme d’origine est remplacé par une expression ayant des connotations plus ou
moins identiques en langue cible, ethnocentrique si l’on utilise le nom d’une
institution appartenant au contexte de la langue cible, générique si le terme est
remplacé par un hyperonyme et spécifique si c’est par un hyponyme ;
• l’omission ; dans le cas des ERC, l’omission peut se justifier, selon Svane,
lorsque les détails évoqués sont peu susceptibles d’avoir du sens pour le public
cible ;
• l’addition enfin, consiste en l’ajout, le plus souvent en note de bas de page, d’une
expression référentielle non présente dans le TS, pour les cas où le traducteur
juge que, sans exemple concret, le phénomène décrit est incompréhensible en
langue cible. Pour Svane, ce qui semble distinguer l’addition du transfert avec
explication est la nature même de l’ajout ; une expression référentielle pour
l’addition, un terme générique pour le transfert.
En nous inspirant de la méthode d’analyse des ERCS proposée par Svane, nous allons
maintenant présenter les résultats de notre analyse.
3 Analyse et discussion
Nous commencerons par l’étude des skopos des TS et des TC puis nous examinerons les
procédés de traduction adoptés pour rendre les ANpr choisis et expliquerons en détail
les paramètres qui ont motivé ces choix.
3.1 Type de texte, fonction et skopos
Lorsque l’on s’intéresse au type et au genre des TS ainsi qu’à leur(s) fonction(s), deux
questions s’imposent d’emblée au traducteur : quelle(s) fonction(s) des TS préserver
dans les TC ? Les TC eux-mêmes subissent-ils des contraintes qui leur confèrent une
finalité différente des TS ?
14
4FR32E
Candice Roccasalva
3.1.1 Dans les textes sources
Comme nous l’avons brièvement évoqué plus haut (supra 1.2), le livre de Petra
Östergren s’intéresse au débat sur la pornographie et la prostitution en Suède de
plusieurs façons, le but final de l’ouvrage étant évidemment de refléter l’engagement
politique et social de l’auteure et d’avancer ses arguments en la matière. L’auteure
commence par un rappel historique pour ensuite entrer dans des considérations plus
théoriques qu’elle étaye plus avant par une série de portraits de prostituées qu’elle a
elle-même interviewées. L’ouvrage est donc hybride, à la croisée du texte
journalistique, du texte d’opinion et de l’étude sociologique, et combine par ailleurs les
trois types de fonctions avancés par Reiss et Nord : le livre est informatif lorsque
l’auteure procède au rappel historique de l’évolution du débat puis en résume les
arguments et les enjeux ; il est également expressif, au sens où l’entend Nord, en cela
que la position de l’auteure sur la question est non seulement clairement exprimée mais
centrale ; enfin, il est opérationnel car l’auteure cherche bien sûr à convaincre son
public de la validité de son analyse sur la question.
Ce mélange de types de texte et de fonctions se retrouve dans nos TS. Leur nature
informative est évidente à la fois, comme expliqué plus haut, de par leur contenu –
rappel d’éléments historiques pour TS1 et explications de théories sociologiques pour
TS2 – mais elle est aussi soulignée formellement par l’utilisation de nombreuses
citations dont les sources sont clairement mentionnées en appel de note, marquant ainsi
la volonté de rigueur scientifique de l’auteure. Le côté expressif des TS réside non
seulement dans les passages où l’auteure s’inclut ouvertement dans le discours (voir p.
ex. segments 2, 15, 21, 202, 206) mais bien évidemment aussi là où elle exprime son
opinion sur le sujet discuté sans nécessairement utiliser la première personne (voir en
particulier les segments 129-130 et 136-140). Enfin, la fonction opérationnelle des TS
est, elle, avant tout apparente dans les passages où l’information laisse place à
l’argumentation et où l’auteure avance certaines « micropropositions » (Hellspong &
Ledin 2006 [1997] : 122) venant étayer sa thèse principale (voir en particulier segments
91, 93, 136-140). Comme autre marqueur direct de cette fonction opérationnelle (Nord
1997 : 43), on peut aussi noter le recours à des questions rhétoriques, dont on trouve au
moins deux exemples dans TS2 (126, 172).
Nous sommes donc en présence de TS à la fois informatifs, expressifs et
opérationnels, mais à quel public s’adressent-ils et quel est leur skopos, leur finalité? La
15
4FR32E
Candice Roccasalva
première constatation, et aussi la plus évidente, est que les TS s’adressent à un public
suédois. Même si TS2 a une portée internationale en mentionnant par exemple les
travaux d’intellectuels américains ou français, les TS restent profondément ancrés dans
la culture suédoise. Et pour cause : l’auteure revient sur l’évolution de la législation en
Suède et entend démontrer que la loi suédoise sur l’achat d’actes sexuels n’a pas les
effets escomptés. Lorsque l’on s’intéresse de plus près à la langue utilisée dans les TS,
on peut constater également que le public visé n’est pas un public d’experts. L’indice de
lisibilité LIX, mis au point par le Suédois Carl-Hugo Björnosson dans les années 1960
et permettant un calcul du degré de difficulté d’un texte suédois, nous donne par
exemple un indice global de 46, c’est-à-dire du niveau d’un texte de difficulté moyenne,
de type article de presse. Cet indice varie si l’on considère les textes séparément (49/44)
et si l’on y inclut les appels de notes ou pas (49/50 pour TS1, 44/47 pour TS2) mais
globalement, les deux TS sont de difficulté similaire. L’absence de termes techniques
est un autre indicateur venant corroborer le fait que les TS ne s’adressent pas à un public
de spécialistes. Bien sûr, on dénombre plusieurs termes se rapportant spécifiquement à
l’organisation
politique
kopplerilagstiftningen,
et
sociale
suédoise
censurlagstiftning,
(p.
ex.
förening,
regeringsskrivelser
–
fackförbund,
respectivement
« union », « syndicat », « législation sur le proxénétisme », « régime de censure »,
« communications
gouvernementales »,
notre
traduction)
mais
ceux-ci
sont
suffisamment courants pour ne pas poser de difficulté de compréhension particulier
pour un public profane. Le fait que l’auteure prenne grand soin de signaler ses sources
est enfin un dernier indice sur le lectorat visé. Bien sûr, n’importe quel membre du
grand public s’intéressant au débat pourra se tourner vers cet ouvrage, mais l’auteure
donne aussi à d’autres personnes peut-être plus versées en la matière – journalistes,
intellectuels, universitaires, défenseurs comme détracteurs – la possibilité de vérifier la
validité de son argumentation.
Pour résumer, on peut dire que les TS choisis sont de nature à la fois informative,
expressive et opérationnelle et s’adressent en priorité à un public suédois de nonspécialistes. Tout en fournissant à ce public suffisamment d’informations historiques et
théoriques pour une bonne compréhension des clés du débat, l’auteure veut par la suite
proposer une critique raisonnée – mais nécessairement subjective – du sujet abordé et
par là même convaincre son lectorat de la légitimité de sa réflexion. Maintenant, qu’en
16
4FR32E
Candice Roccasalva
est-il des TC ? Ont-ils exactement le même skopos que les TS ? Toutes les fonctions des
TS doivent-elles être préservées ? Et quelles incidences sur les choix du traducteur ?
3.1.2 dans les textes cibles
Dans le cadre d’un travail de traduction professionnel, le traducteur reçoit du
commanditaire un cahier des charges dans lequel sont expliquées les attentes sur le
produit fini. Pour Christiane Nord, ce cahier des charges devrait idéalement fournir des
informations sur la fonction de la traduction, sur son public cible, sur son support, son
lieu et sa date de réception, et enfin sur la raison même de sa production (1997 : 60).
Vermeer insiste tout autant sur ce point : c’est le cahier des charges qui, avec le skopos,
détermine la nature du TC (Munday 2012 : 125). En l’absence d’un tel document pour
la traduction sur laquelle s’appuie ce mémoire, c’est naturellement nous-même en tant
que traductrice qui avons établi tous ces paramètres.
En premier lieu, il est naturel de s’interroger sur la raison motivant la traduction de tels
textes. D’un point de vue éditorialiste, on serait en droit de remettre en question l’intérêt
pour un public de francophones d’avoir accès au livre d’Östergren, principalement
centré sur la question de la pornographie et de la prostitution en Suède. Mais la loi
suédoise sur l’achat d’actes sexuels a une résonance internationale toute particulière, et
pas des moindres en France. Cette loi, criminalisant les clients de la prostitution plutôt
que le racolage, fut une première mondiale lors de sa mise en place en 1999 et a depuis
été mise en avant comme le modèle progressiste à suivre. En France aussi, où la
prostitution est tolérée mais pas légalisée, plusieurs propositions de loi allant dans le
sens de la pénalisation des clients ont été déposées, sans pour l’instant avoir abouti. Le
sujet reste donc d’actualité et le débat est toujours particulièrement vif, comme en
témoignent les remous causés en août 2015 après qu’Amnesty International a pris
position en faveur de la dépénalisation de la prostitution (Pascual). L’intérêt du livre de
Petra Östergren – très critique de la loi suédoise – pour un public non-suédophone est
donc en fait double. D’un côté, il propose un rappel historique des différents
événements ayant abouti à la mise en place de cette loi si emblématique bien au-delà
des frontières suédoises, et de l’autre, il offre une tribune à une voix discordante dans le
débat, dans le pays même qui a vu naître cette loi. Ce livre pourrait par ailleurs trouver
un nouveau retentissement depuis la publication en février 2015 d’un rapport
commandé par l’Association suédoise pour l’éducation sexuelle (RFSU) concluant que
17
4FR32E
Candice Roccasalva
la loi contre l’achat d’actes sexuels n’a non seulement pas forcément atteint les objectifs
qu’elle s’était fixés, mais qu’elle a en outre eu un impact négatif réel sur les prostituées
(Hivert, Östergren est par ailleurs citée dans l’article). Une traduction française de
l’ouvrage est dès lors tout à fait concevable. Par souci de commodité, la traduction
offerte ici a été effectuée dans l’optique d’une parution papier de l’intégralité de
l’ouvrage. Mais l’on pourrait tout aussi bien imaginer une publication abrégée ou bien
encore en accès libre sur internet, comme Östergren a décidé de le faire pour la version
anglaise du livre (Östergren).
Si nous comparons maintenant les fonctions du TS avec celles du TC, nous nous
apercevons que, de par la nature même du livre, les fonctions essentielles du TS, dont
nous avons discuté dans la section précédente, sont nécessairement transposées au TC ;
celui-ci sera par conséquent tout aussi informatif, expressif et opérationnel que le texte
original, dans la mesure où il a été décidé de ne procéder à aucune coupe. Cependant, la
différence majeure entre les deux est bien sûr le public auquel il s’adresse. Le TC vise
un public de francophones ; le contexte culturel de réception est donc différent du
contexte de production et c’est au traducteur de s’assurer que le TC fonctionnera en
culture cible de façon efficace. Et pour ce faire, il lui faut faire appel à son intuition et
estimer avec pertinence les connaissances de ses lecteurs sur la culture d’origine (Svane
2002 : 92). Dans le cas qui nous intéresse, il ne semble pas déraisonnable de dire que la
Suède ne jouit pas encore en France d’un rayonnement culturel similaire à celui de pays
géographiquement plus proches, comme la Grande-Bretagne ou l’Italie par exemple, et
l’on peut s’attendre à ce que les connaissances du Français moyen sur la culture
suédoise soient moindres. Le traducteur devra donc selon toute vraisemblance
« guider » les lecteurs et les aider à déchiffrer les références qui lui sont étrangères. Ceci
est d’autant plus important que le livre d’Östergren porte essentiellement sur le débat en
Suède et que les éléments ouvertement culturels sont indispensables au message (ce qui
ne signifie cependant pas nécessairement qu’ils doivent tous être en intégralité
préservés, comme nous le verrons dans la section 3.3). Il faut donc chercher un équilibre
de stratégie de traduction entre « domestication » et « étrangéisation» du TS (Guidère
2010 : 98). Dans ce cas précis, cela signifie veiller à rendre le contenu immédiatement
accessible au public cible en éclairant les références culturelles sans toutefois minimiser
leur nature fondamentalement étrangère. En d’autres termes, il faut chercher à atteindre
un certain confort de lecture pour le public cible tout en transmettant fidèlement le
contenu du TS.
18
4FR32E
Candice Roccasalva
Le skopos du TC recoupe donc en grande partie celui du TS, à la différence près que sa
dimension informative est double et qu’au contenu présenté par l’auteure viendront
s’ajouter d’éventuels indices de lecture de la part du traducteur, pour une meilleure
appréhension de la culture source et des références culturelles en présence. Quels
procédés employer concrètement pour arriver à un résultat satisfaisant ? C’est ce que
nous allons voir plus avant dans notre analyse (infra 3.3). Mais d’abord, quelques
remarques préalables sur notre étude.
3.2 Remarques sur les problèmes de classification
Selon la typologie établie par Svane, les Npr sur lesquels portent notre étude relèvent de
la sous-catégorie d’ERCS dénominatives plutôt vaste qu’elle nomme « autres noms
propres » et dans laquelle elle regroupe les noms d’organisations, d’institutions,
d’entreprises et plus largement de toute entité à référent unique désignée par un Npr
(2002 : 41, 90). Nous avons donc naturellement exclu certaines ERCS de nos TS qui,
même si elles sont dérivées de Npr, n’en restent pas moins des Nc et relèveraient donc
plutôt de la catégorie « termes culturels » (p. ex. kristdemokrater, folkpartisterna,
socialdemokraten, faisant respectivement référence aux membres des partis chrétiendémocrate, libéral et social-démocrate). D’autres termes relevés dans nos TS ont par
contre posé un plus grand problème de classification et illustrent bien la difficulté de
distinction entre Npr et Nc.
Le terme sexköpslagen (« loi contre l’achat d’actes sexuels ») peut-il être par exemple
considéré comme un Npr ? Outre l’absence de majuscule, conformément à l’usage pour
les noms de loi en suédois (Svenska skrivregler 2008 : 120), il ne s’agit pas ici de la
dénomination officielle de cette loi mais plutôt d’une appellation informelle qui s’est
imposée avec le temps. Son extension est néanmoins strictement limitée puisque le
terme fait exclusivement référence à la loi suédoise en question ; pour cette raison, nous
avons décidé de l’inclure dans notre étude en tant que Npr. De la même façon, les
expressions Malmöprojektet et Prostitutionsutredningen (« Projet de Malmö » et
« l’Enquête gouvernementale sur la prostitution », notre traduction) ont été considérées
comme des Npr car, au-delà de l’utilisation de l’emploi de la majuscule et de la forme
définie, elles n’ont chacune qu’un référent unique. Ce sont d’ailleurs des dénominations
que l’on retrouve sur des sites officiels (Riksarkivet, Riksdagen).
19
4FR32E
Candice Roccasalva
Qu’en est-il en revanche de l’expression kvinnofridslagarna (« lois pour la paix des
femmes », notre traduction) ? Si l’on décide de classer sexköpslagen comme Npr, en
est-il nécessairement de même ici ? De nouveau, nous ne sommes pas en présence d’une
dénomination officielle mais plutôt d’une expression informelle basée sur le concept de
kvinnofrid (« paix des femmes ») cher à l’homme d’État suédois Birger Jarl au XIIIe
siècle (Birger Jarl) et repris dans les années 1990 après qu’une commission d’enquête
sur les violences envers les femmes a été menée (Kvinnofrid). Cependant, et comme
l’utilisation du pluriel l’indique, il n’est pas ici question de référent unique et
l’expression a donc une extension plus importante que sexköpslagen. Sexköpslagen
désignera toujours une loi spécifique, en l’occurrence au §11 du chapitre 6 du code
pénal suédois, alors que kvinnofridslagarna désigne une série de lois, qui pourrait avec
le temps en inclure de nouvelles. Pour cette raison, nous ne l’avons pas considéré
comme un Npr.
Cette mise au point terminée, il est temps maintenant de rentrer dans le détail des
méthodes de traduction utilisées dans nos TC.
3.3 Procédés de traduction choisis
Après collecte des données à étudier, plusieurs questions se posent à nous : quelle
proportion de chaque procédé de traduction a été employée ? Certains procédés ont-ils
été plus utilisés que d’autres ? Quelle influence le skopos des TC a-t-il joué sur ces
choix ?
3.3.1 Résultats quantitatifs
Il est important de préciser d’emblée que, même si cela change l’image que l’on a de la
densité de distribution des ANpr dans nos TS, nous avons choisir d’exclure de notre
analyse quantitative les répétitions d’ANpr traduits de la même façon afin de ne pas
comptabiliser de double entrée et donc fausser les résultats. La traduction des répétitions
reste tout de même intéressante d’un point de vue traductologique car elle répond à des
impératifs différents de ceux de la traduction de la première occurrence du Npr dans le
texte. Le choix de traduire une répétition d’une façon plutôt qu’une autre n’est en effet
pas tant dicté par la fonction du texte que par sa forme ou par le style imposé par la
langue cible ou choisi par le traducteur. Ici par exemple, des répétitions de Npr
20
4FR32E
Candice Roccasalva
apparaissent aux segments 86 et 106 sous forme de sources mentionnées par l’auteure
en appel de note. En tant que références bibliographiques, ces Npr n’ont donc pas
vocation à être traduits et ont été naturellement rendus par transfert simple et sans
adaptation du Npr suédois, comme il a été fait pour les autres sources données sous
forme d’anthroponymes dans le reste du texte (pour ne pas prêter à confusion avec
l’utilisation des italiques dans les TC, les entrées sur lesquelles nous voulons porter
notre attention seront désormais marquées en gras) :
(106)
38
Se t. ex. Winberg (2002:c),
(2002:d), Bodström (2001/02) och
Kristdemokratiska
Kvinnoförbundet (2002). För fler
exempel se Östergren (2003:b).
38
(86)
31
31
Kvinnofronten har översatt och
publicerat Andrea Dworkin, se
Dworkin (1989), vilket även Roks
gjort, se Dworkin (1991). Roks har
också bjudit in Andrea Dworkin och
Catharine MacKinnon till en
konferens mot pornografi (Roks
1991), Kathleen Barry till en
konferens om mäns våld mot kvinnor
(Roks 1995), samt Sheila Jeffreys
och Janice Raymond till en konferens
mot prostitution (Roks 2001). […]
Voir p.ex. Winberg (2002:c),
(2002:d), Bodström (2001/02) et
Kristdemokratiska Kvinnoförbundet
(2002). Pour plus d’exemples, voir
Östergren (2003:b).
Kvinnofronten a traduit et publié
l’auteure Andrea Dworkin (voir
Dworkin 1989) en suédois, tout
comme Roks (voir Dworkin 1991)
qui a en outre invité Andrea Dworkin
et Catharine MacKinnon à une
conférence contre la pornographie
(Roks 1991), Kathleen Barry à une
conférence contre les violences faites
aux femmes (Roks 1995), et enfin
Sheila Jeffreys et Janice Raymond à
une conférence contre la prostitution
(Roks 2001). […]
Au segment 86, nous avons par ailleurs eu recours à une reprise par pronom relatif
(Roks/qui), dans un souci stylistique de non-répétition voulu bien sûr par nous en tant
que traductrice mais aussi et surtout bien propre au français et qui, en l’occurrence,
contraste avec l’usage en suédois (Tegelberg 2000 : 101).
Si l’on regarde maintenant de plus près l’ensemble de nos données, il apparaît que le
nombre total d’ANpr qui nous intéressent, sans les répétitions, est de 66. Sur ces 66
entrées, 22 ont été traduites et 45 ont été omises. Cette part importante d’omissions peut
évidement interroger mais, nous le verrons (infra 3.3.2), le skopos du TC a joué un rôle
essentiel dans ce choix de rendu. Pour plus de clarté, nous avons reportés nos résultats
sous forme de tableau :
21
4FR32E
Candice Roccasalva
Méthode de traduction
omission
transfert + traduction littérale
transfert + équivalence
transfert
équivalence
conversion
traduction littérale
adaptation
Nombre d’entrées
45
10
3
4
2
2
0
0
Comme indiqué par le code couleur, certains ANpr ont été rendus grâce à un procédé de
traduction unique (en vert) tandis que d’autres l’ont été par combinaison de plusieurs
méthodes (en orange). C’est d’ailleurs la combinaison de procédés qui a été choisie pour
la majorité des ANpr traduits (13 entrées sur 21). Notons aussi que chaque couple inclut
systématiquement un transfert. Enfin, certains procédés, à savoir la traduction littérale et
l’adaptation, n’ont pas du tout été utilisés seuls. Il en est de même pour le procédé de
l’addition qui, par essence, ne peut être utilisé seul et complète nécessairement une
entrée présente dans le corps du texte. Il est toutefois important que noter à ce sujet que
nous avons, en de rares occasions, procédé à des ajouts explicatifs mais que ceux-ci ne
correspondant pas à l’ « addition » au sens où l’entend Svane (supra 2.2.3), nous ne les
avons pas comptabilisés dans notre tableau. Ces ajouts venant compléter certains
procédés de traduction répertoriés ici, en l’occurrence transferts et équivalences, nous
serons cependant amenée à y faire référence (infra 3.3.3 et 3.3.4.1).
Nous allons maintenant revenir en détail sur chacun de ces procédés mais, plutôt que de
les présenter par ordre croissant ou décroissant d’entrées, voyons à la place comment ils
se sont successivement imposés à nous en tant que traductrice lors de notre réflexion sur
le rôle des ANpr étudiés par rapport au skopos des TC. Tous les ANpr doivent-ils être
préservés dans les TC ? Parmi ceux que l’on décide de garder, certains ont-ils des
équivalents établis en langue cible ? Si tel n’est pas le cas, quelle(s) alternative(s)
choisir et pourquoi ? Et que faire de l’expression suédoise d’origine ?
3.3.2 Omissions
Ne pas traduire les deux tiers des ANpr peut paraître un choix risqué, voire
déraisonnable. On s’attend plutôt en effet à ce que la traduction d’un texte informatif
soit d’une très grande fidélité au TS (Ingo 2007 : 127). Pourtant, nous ne voyons pas ici
22
4FR32E
Candice Roccasalva
dans la large proportion d’omissions un constat d’échec de notre part mais bien le
résultat d’une réflexion pragmatique sur l’utilité même de ces entrées à la fois par
rapport au but de l’auteure, au lectorat ciblé et à la finalité de la traduction dans son
ensemble. Il faut souligner d’abord que ces omissions ne sont pas disséminées à travers
les textes mais regroupées uniquement sur deux segments (7 et 25). Le segment 7, bien
que très long, mérite d’être cité dans son ensemble :
(7)
22
Kampanjen mot porr och
prostitution kallades också för
Riksaktionen mot porr och
prostitution. I den ingick bland
annat Arbetsgruppen mot
Ungdomsarbetslöshet, Clarté,
Evangeliska Fosterlandsstiftelsen
Ungdom, FIB/Juristerna, Folket i
Bild/Kulturfront, Folkpartiets
Kvinnoförbund, Fredrika-BremerFörbundet, Fria Proteatern,
Föreningen Förr och NU,
Föräldraföreningen mot
Narkotika, Husmodersförbundet
Hem och Samhälle, KFUK-KFUM,
Kristen Demokratisk Ungdom,
Kristna Publicistförbundet,
Kristna Studentrörelsen i Sverige,
Arbetsgruppen för Kvinnofronten,
Ordfront, RFHL, RFSU,
Riksförbundet Social och Mental
Hälsa, Riskförbundet mot alkohol
och narkotikamissbruk,
Riksförbundet Narkotikafritt
Samhälle, Internationella
föreningen för Invandrarkvinnor,
Riksförbundet Sverige Fritids- och
hemgårdar, Rädda barnens
Riksförbund, Röd Ungdom, SECO,
Sjundedags Adventistsamfundet,
Sveriges Frikyrkoråd, Svenska
Baptistsamfundets Ungdom,
Svenska Ekumeniska Nämnden,
Svenska Kvinnors
Vänsterförbund, Sveriges
Folkpensionärers Riksförbund,
SKP, SSEF, Teatercentrum,
Stockholms Stadsmission, Svenska
Alliansmissionens Ungdom. Enligt
flygblad ”Kamp mot porr och
prostitution” (odaterad). Olika
23
22
Cette campagne regroupait
principalement des organisations
politiques, sociales, culturelles ou
religieuses actives au niveau
national mais certaines associations
plus petites, dans les mêmes
mouvances et venant de toute la
Suède, y ont aussi collaboré, tout
comme plusieurs branches de grands
syndicats. Source : Kamp mot porr
och prostitution (1978).
4FR32E
Candice Roccasalva
mindre aktionsgrupper uppstod också
runt om i Sverige i samröre med
kampanjen. I dessa ingick liknande
politiska och religiösa grupper, men
även flera avdelningar från olika
fackförbund som LO,
Kommunalarbetareförbundet,
Svenska
Pappersindustriarbetareförbundet
och Svenska
Träindustriarbetareförbundet.
Enligt ”Kamp mot porr och
prostitution” (1978).
Ce long segment est en fait un complément d’information fourni par l’auteure sous
forme de note. Elle y donne la quasi intégralité des noms d’organisations et
d’institutions impliquées dans la dite « Campagne contre la pornographie et la
prostitution » dont elle parle pour la première fois au segment 5. Formellement, elle
illustre ainsi sa volonté de rigueur scientifique, dont nous avons déjà discuté (supra
3.1.1) car, en citant ses sources, elle offre aussi à ses lecteurs la possibilité de vérifier les
faits qu’elle avance. Au niveau du contenu lui-même, cette longue liste lui permet de
démontrer la diversité des organisations impliquées ; on y trouve en effet des groupes
religieux, politiques, associatifs ou militants de tous bords. Cependant, on remarque
qu’elle ne donne pas l’intégralité des noms de ces organismes mais seulement une
quarantaine sur la cinquantaine dont elle parle au segment 5. On comprend donc que les
noms qu’elle a choisi de mentionner sont ceux d’organismes actifs au niveau national
plutôt que local et qui peuvent de ce fait avoir une plus grande résonance pour les
lecteurs. Même si ces derniers ne sont pas nécessairement familiers du travail de chacun
de ces organismes, on peut supposer que leurs dénominations seules évoquent à l’esprit
des représentations particulières et connotées, des « image culturelles », pour utiliser
l’expression de Brynja Svane (1998 : 93). La question se pose alors ; est-il possible de
rendre ces images culturelles en français ? Est-ce au final même souhaitable en
contexte ?
Ce segment 7 illustre bien la difficulté de trouver un équilibre entre la
transmission fidèle du contenu des TS et le confort de lecture du public cible. On aurait
pu choisir de coller au plus près du TS et traduire l’intégralité des ANpr donnés mais
plutôt que de perdre le lecteur dans une longue énumération, nous avons préféré nous
concentrer sur l’information essentielle du passage – c’est-à-dire le fait que la majeure
partie de ces associations sont nationales et de nature politique, sociale, culturelle ou
24
4FR32E
Candice Roccasalva
religieuse. Notre traduction peut à cet égard être considérée comme une sorte de
conversion générique de masse puisque nous avons remplacé tous les Npr par deux
expressions hyperonymiques, mais nous avons plutôt choisi de comptabiliser
l’ensemble sous l’appellation « omission » puisqu’au final, aucun des ANprs n’a été ici
individuellement rendu dans le TC.
Un autre facteur, et non des moindres, ayant joué un rôle dans la décision d’omettre un
si grand nombre d’entrées est que, stylistiquement, la traduction de tous ces termes
aurait sensiblement alourdi le segment. De plus, et comme nous l’expliquerons en détail
plus avant (infra 3.3.4), nous avons décidé de garder les termes suédois d’origine entre
parenthèses pour la plupart des ANpr. Une telle solution aurait ici doublé la taille de
cette note déjà lourde d’informations pour au final, ne présenter qu’un maigre intérêt
pour le lectorat cible.
Pour ce qui est du segment 25, on voit bien que l’omission des deux Npr a été
motivée par une réflexion similaire à celle portant sur le segment 7 :
(25)
26
[…] Detta i en bok om feministiskt
självförsvar utgiven med stöd från
Näringsdepartementet,
Brottsoffermyndigheten,
Ungdomsstyrelsen och
myndighetssamverkan i Stockholm
Operation Kvinnofrid och som delas
ut gratis till kvinnor och flickor.
26
[…] Il s’agit d’un ouvrage
d’autodéfense féministe distribué
gratuitement aux femmes en 2003 et
soutenu entre autres par le
gouvernement et diverses
organisations de défense des droits
des femmes […]
La référence à ces deux noms d’autorités administratives, respectivement en charge de
l’aide aux victimes d’actes criminels et des questions relatives à la jeunesse, ne semble
pas essentielle à l’information véhiculée dans la note. C’est pour cela que le seul terme
que l’on a gardé est celui dont on a considéré qu’il serait le plus « parlant » pour le
lecteur du TC, à savoir la référence à une institution gouvernementale (pour une
discussion plus approfondie de la traduction de l’expression Näringsdepartementet, voir
infra 3.3.3). De plus, l’organisation Ungdomsstyrelsen n’existe plus sous cette
appellation de nos jours (le livre d’Östergren date de 2006) et si l’on décidait de traduire
ce Npr, il faudrait vraisemblablement lui accoler une explication, ce qui alourdirait de
nouveau le segment pour, au final, apporter une information dont l’importance n’est que
toute relative pour le lecteur cible.
25
4FR32E
Candice Roccasalva
Avant de refermer cette partie sur les omissions, précisons que le segment 7 illustre
aussi et plus généralement le problème du rendu des sources mentionnées dans les TS.
On peut en effet se poser la question de l’utilité pour le lecteur cible d’avoir des
références bibliographiques dont il ne pourra pas vérifier la véracité s’il ne parle pas
suédois, tout comme il faut s’interroger sur l’adaptation des sources qui sont, elles,
publiées en francais, comme c’est le cas de Michel Foucault dans TS2. Pour ce cas
précis, nous avons pris la liberté d’adapter la référence en changeant les numéros de
pages de l’édition suédoise pour ceux de l’édition francaise (Foucault 1994 [1976]),
édition que nous avons par ailleurs utilisée pour la traduction des citations aux segments
250, 252-243 et 270. Mais que faire par contre des titres d’articles ou d’ouvrages
suédois cités en sources mais non disponibles en français ? Faut-il les traduire pour
aider à la compréhension du lecteur ? Ceci est un problème dont il faudrait
vraisemblablement discuter avec le commanditaire de la traduction. Dans le livre de
Kajsa Ekis Ekman sur la prostitution publié en français, on voit que les titres de sources
suédoises n’y ont pas été traduits. Cela nous a semblé un choix raisonnable et nous
l’avons repris à notre compte. Il faut néanmoins garder en tête le fait que les choix
opérés ici relèvent de la seule responsabilité du traducteur, en l’absence d’un vrai client
demandeur de traduction et d’un cahier des charges officiel. D’autres impératifs
éditoriaux auraient pu dicter d’autres choix.
3.3.3 Équivalences
Une fois la décision prise d’omettre les entrées dont nous venons de discuter, le travail
de traduction à proprement parler a pu commencer. Le premier réflexe a été de
rechercher si les organisations et institutions nommées avaient un équivalent officiel.
Rappelons que Svane rapproche la notion d’« équivalence » de celle de Vinay et
Darbelnet (« procédé de traduction qui rend compte de la même situation que dans
l’original, en ayant recours à une rédaction entièrement différente », 1958 : 8-9) mais ne
l’applique principalement dans son analyse que pour les « termes consacrés » en langue
cible, par exemple NATO en suédois et « OTAN » en français (1998 : 98 ; 2002 : 97).
Pour la traduction de nos TC, nous avons eu recours à cinq équivalences officielles
(segments 18, 19, 28, 94, 96), que nous avons parfois accompagnés d’un transfert sans
adaptation (18, 19, 28). Deux équivalences ont été trouvées directement sur les sites
officiels des organisations concernées, à savoir ceux de RFSU (RFSU) ou de Roks
26
4FR32E
Candice Roccasalva
(Roks). Nous les avons complétées d’un transfert de l’expression originale, pour des
raisons que nous expliquerons plus loin en détail dans une partie spécialement
consacrée à ce procédé de traduction (infra 3.3.4) :
(18)
Här finns en del samlivsargument,
ofta framförda av RFSU:s dåvarande
ordförande Hans Nestius. […]
Tout comme précédemment, on
trouve à cette époque certaines prises
de positions sur l’importance du
couple, souvent relayées par Hans
Nestius, alors président de
l’Association suédoise pour
l’éducation sexuelle (Riksförbundet
för sexuell upplysning) […]
(28)
[…] Roks, som hade sitt stora
uppsving under den tiden, vann
medialt och parlamentariskt
radikalfeministiskt inflytande genom
sina slogans, konferenser och aktivt
lobbande mot riksdagsledamöter.
[…] C’est à la même époque que
l’Organisation nationale des
centres d'aide aux femmes et aux
adolescentes en Suède
(Riksorganisationen för
kvinnojourer och tjejjourer i
Sverige, couramment abrégé Roks
en suédois), connut son plus grand
essor […].
Au segment 28, nous avons en fait reporté le nom de l’organisation dans son intégralité,
pour ensuite mentionner le sigle dans une paraphrase. On pourrait considérer que cette
courte explication constitue en soi une addition mais, au sens où l’entend Svane,
l’addition prend exclusivement la forme d’une expression référentielle ayant pour
vocation à expliciter un phénomène qui, sans cette aide, pourrait être incompréhensible
pour le lecteur cible (1998 : 101). Or ici, l’équivalence officielle est suffisement claire et
l’on pourrait se passer de cet ajout sans que cela ne pertube la compréhension du
lecteur. En fait, l’utilité de cette explication est autre : elle permet non seulement de
donner une information précise – le véritable nom de l’organisation – mais aussi et
surtout de familiariser le lecteur avec un sigle dont la reprise ultérieure dans les TC aura
l’avantage pour le traducteur d’alléger stylistiquement l’ensemble. Nous n’avons donc
pas comptabilisé ce procédé stylistique dans nos résultats.
Il est important de mentionner ici que le Npr Roks revient relativement souvent dans nos
TS (douze fois au total) et que lorsqu’il n’est pas mentionné comme référence
bibliographique par l’auteur, nous ne l’avons pas exclusivement rendu par un transfert.
Nous avons par exemple déjà mentionné le rappel par pronominalisation au segment 86
27
4FR32E
Candice Roccasalva
(supra 3.3.1) mais nous avons également opéré une conversion générique au segment
82, dans la même perspective stylistique de non répétition :
(82)
Ebon Kram, Roks första ordförande
som var betydelsefull i att flytta fram
Roks positioner under 1990-talet,
kallar porr för ”kvinnohatets
propaganda”.
La première présidente de Roks,
Ebon Kram, qui contribua de façon
significative à l'avancement des
positions de l’organisation dans les
années 1990, qualifie pour sa part la
pornographie de « propagande
haineuse à l’encontre des femmes».
Cet exemple illustre bien le fait que, même lorsqu’un équivalent officiel existe, certains
facteurs externes comme le co-texte et les exigences stylistiques de la langue cible
peivent présider aux choix du traducteur.
Une autre équivalence constitue un cas intéressant :
(94)
I ett faktablad från
Regeringskansliet hävdas att
prostitution består av övergrepp,
misshandel och våldtäkt.
Dans une fiche d'information mise à
disposition par les Services du
gouvernement, il est écrit que la
prostitution implique abus,
agressions et viols.
L’expression française, majuscule incluse, est proposée sur le site officiel du
gouvernement suédois, dans un document explicatif intitulé « Le système suédois de
gouvernance » (Regeringen) et dans lequel sont réunies les informations les plus
importantes du site. Ce qui rend cet équivalent intéressant dans ce cas précis, c’est bien
le changement de référent. D’un référent unique, on passe à un référent pluriel et les
« images culturelles » liées au deux expressions s’en trouvent donc nécessairement
changées. Là où le suédois conceptualise les services en question (à savoir le Cabinet du
Premier ministre, les différents ministères et un département administratif général)
comme une entité unique, le Français, lui, les distingue plus clairement les uns des
autres. Cette équivalence est donc à la base une adaptation référentielle, c’est-à-dire une
transformation liée aux différences de conceptualisation entre les deux langues (Svane
1998 : 99).
Un autre Npr digne d’intérêt est le suivant :
(96)
34
Näringsdepartementet (2004).
Ministère de l’industrie, de
l’emploi et des communications de
Suède (2004).
34
28
4FR32E
(25)
Candice Roccasalva
[…] Detta i en bok om feministiskt
självförsvar utgiven med stöd från
Näringsdepartementet […].
[…] Il
s’agit d’un ouvrage
d’autodéfense féministe distribué
gratuitement aux femmes en 2003 et
soutenu entre autres par le
gouvernement […].
Comme on le voit, ce nom d’institution, en l’occurrence un ministère, n’a pas été rendu
de la même façon dans les deux segments dans lesquels il apparaît. Au segment 96, ce
nom est utilisé comme référence bibliographique, alors qu’au segment 25, il fait partie
intégrante de la phrase. En cherchant une équivalence officielle, nous nous sommes vite
rendue compte que, bien que le terme suédois soit resté le même malgré les
changements successifs de gouvernement, son équivalent français a, lui, été modifié
plusieurs fois. À l’heure actuelle, et sur le site même du gouvernement, on trouve par
exemple « Ministère de l’entreprise, de l’énergie et des communications » (Regeringen)
mais dans des documents plus anciens trouvés sur le portail EUR-Lex, donnant accès
aux documents relatifs au droit européen dans toutes les langues des pays membres, on
trouve aussi « ministère de l'industrie et du commerce » en 2001 (EUR-Lex1),
« ministère de l'industrie, de l'emploi et des communications » en 2006 (EUR-Lex2) ou
bien encore « Ministère des entreprises, de l'énergie et des communications » en 2013
(EUR-Lex3). L’ouvrage mentionné au segment 96 datant de 2004, nous avons alors
essayé de trouver l’équivalence en usage à cette époque et, sur la notice bibliographique
d’un livret publié par le gouvernement en 2005 et présentant spécifiquement ce
ministère (Libris), nous avons trouvé la même expression que sur le document de 2006.
C’est donc sur celle-ci que nous nous sommes arrêtée, bien que nous l’ayons adaptée
aux normes typographiques s’appliquant aux organismes d’état à caractère unique,
c’est-à-dire dont la compétence s’étend à tout un pays, en ajoutant une majuscule à
« ministère » (Lexique des règles typo. 2002 : 132).
La démarche pour trouver une traduction adéquate à ce même terme au segment 25 a
cependant été différente. Une fois de plus, nous nous sommes plutôt concentrée sur
l’information essentielle véhiculée plutôt que sur les détails dont nous avons estimé
qu’ils ne sont pas dans ce cas précis essentiels pour le lecteur cible. Le fait que ce soit
ce ministère en particulier plutôt qu’un autre qui ait soutenu la publication de ladite
fiche d’information n’est pas en soi un détail capital; ce qui est important, c’est le
soutien gouvernemental en lui-même. Ce que veut souligner l’auteure, c’est bien
l’engagement d’autorités officielles dans la publication d’une brochure écrite par ce
qu’elle considère être des féministes radicaux. Pour cette raison, et plutôt que d’utiliser
29
4FR32E
Candice Roccasalva
un équivalent établi, nous avons choisi de procéder à une conversion, en l’occurrence
générique, et donc de traduire Näringsdepartementet par l’hyperonyme « le
gouvernement ». Comme l’explique Svane, remplacer un terme spécifique par un terme
générique peut présenter l’avantage pour le traducteur de « faire couler plus facilement
le texte en éliminant un surplus d’information » (1998 : 100).
Enfin, un dernier cas d’équivalence mérite notre attention :
(19)
Socialdemokratiska
kvinnoförbundet, s-kvinnorna,
tyckte också att erotik kunde vara bra
eftersom det kunde få positiv effekt
på parrelationer […]
Pour la Fédération nationale des
femmes sociales-démocrates
suédoises (Socialdemokratiska
kvinnoförbundet), l’érotisme aussi
était une bonne chose […].
Ce segment nous permet d’illustrer l’un des problèmes majeurs de la traduction des
noms d’organisations ou d’institutions, à savoir le manque de systématisme. À défaut
d’une traduction officielle en langue étrangère offerte directement par l’organisme
concerné, les variantes ont tendance à se multiplier. De nombreux sites internet font
ainsi référence à l’organisation suédoise dont il est question ici, mais l’on trouve autant
de traductions possibles que de mentions, y compris sur les sites d’institutions
nationales voire européennes : « Fédération nationale des femmes social-démocrates en
Suède » (Wikipédia), « Fédération Nationale des Femmes Sociales-Démocrates
Suédoises » (Internationale socialiste des Femmes), « fédération nationale des femmes
sociales-démocrates » (Parlement européen), « femmes sociales-démocrates » (Richert),
« l'Association des femmes sociales-démocrates suédoises » (Commission européenne).
Cette multitude de traductions démontre bien que l’idée même d’un « équivalent
établi » peut être sujette à caution. Le simple fait d’être utilisé par une source faisant
autorité dans son domaine est-il suffisant pour considérer une traduction comme un
équivalent acceptable ? Quand peut-on dire qu’une traduction est devenue un équivalent
établi ? L’expression sur laquelle nous nous sommes personnellement arrêtée est celle
proposée par l’Internationale socialiste des femmes, à la différence près que nous
n’avons gardé que la première majuscule, conformément aux règles typographiques
françaises (Lexique des règles typo. 2002 : 132). Cette expression nous a semblé, en
contexte, la plus claire et la plus informative.
30
4FR32E
Candice Roccasalva
3.3.4 Transferts
Le transfert, c’est-à-dire l’utilisation d’un mot ou d’une expression en langue étrangère
dans un TC, aussi appelé « emprunt » chez Vinay et Darbelnet (1958 : 47) ou « report »
chez Delisle (1993 : 42), est souvent considéré comme le procédé de traduction le plus
simple, voire pour certains, une sorte de « degré zéro » de la traduction (Humbley
2006 : 685 ; Ballard 2001 : 18), à l’instar de l’omission. Cependant, et nous venons de
le voir avec cette dernière, lorsque l’on prend sérieusement en considération le type de
texte à traduire et la finalité de la traduction, de tels procédés peuvent tout à fait se
justifier.
Dans nos TC, l’utilisation importante de transferts n’est pas la conséquence
d’ « une lacune métalinguistique » (Vinay & Darbelnet 1958 : 47) ou d’un manque
d’équivalent en langue d’arrivée (Delisle 1993 : 29). Ce qui a motivé ce choix, c’est
avant tout la nature pragmatique, c’est-à-dire informative, des textes à traduire. Il faut
rappeler que sur 17 entrées constituées d’un transfert dans nos TC, 13 associent ce
dernier à une autre méthode de traduction ; on peut donc difficilement y voir un refus de
traduire. Ici, le but est d’apporter une information complémentaire, légitime en contexte.
En accompagnant une traduction littérale, ou une équivalence, du transfert du Npr
original, nous cherchons à renforcer la volonté de rigueur académique de l’auteure. De
plus, ceci s’inscrit dans une perspective plus vaste de préservation relative de
l’étrangéité des TS. La nature fondamentalement étrangère de nos TS ne tient en effet
pas uniquement à ce que l’auteure est suédoise ; la culture suédoise est au cœur même
du sujet traité et l’utilisation de transferts est une façon de la souligner linguistiquement.
On en revient donc au skopos des TC, et à cet équilibre délicat entre transmission fidèle
du contenu et respect de la démarche de l’auteur d’un côté, et de l’autre, accessibilité de
l’information et confort de lecture pour le public cible. Voyons maintenant en détail
l’utilisation qu’il a été faite des transferts.
3.3.4.1 Transferts combinés à une autre méthode de traduction
Sur les 13 entrées combinant un transfert à une autre méthode de traduction, on
dénombre 10 traductions littérales et 3 équivalences – sur lesquels nous ne reviendrons
pas ici puisque nous les avons déjà examinés en détail.
Une fois la décision prise de garder l’expression originale sous forme de transfert, s’est
posée la question de savoir comment intégrer ce transfert à la phrase. D’après le Lexique
31
4FR32E
Candice Roccasalva
des règles typographiques en usage à l’Imprimerie Nationale, c’est la traduction plutôt
que le transfert qui devrait se mettre entre parenthèses (2002 : 80). Il est toutefois
précisé que l’emploi de termes étrangers et leur traduction est typographiquement à
rapprocher des citations et qu’à cet égard, les règles ne sont pas strictes et qu’il est
surtout nécessaire de tenir compte de paramètres tels que la nature de l’ouvrage ou les
préférences de l’auteur avant de choisi un procédé plutôt qu’un autre (ibid : 49). On est
effectivement obligé de constater le manque de systématisme de cette solution dans la
presse ou la littérature. Dans l’article de Libération sur le rapport de 2015 de RFSU
(Hivert) par exemple, la journaliste place au choix le transfert ou la traduction française
entre parenthèses. Dans la version française du livre de Kajsa Ekis Ekman, c’est
exclusivement la traduciton qui est placée entre parenthèses tandis que le transfert est
intégré à la phrase. Nous avons pour notre part plutôt préféré l’option du rappel du
terme d’origine entre parenthèses et en italiques comme il est de rigueur pour les mots
étrangers (Lexique des règles typo. 2002 : 79). Pour Ballard (2001 : 113), cette
alternative, qui n’a sa place que dans les textes informatifs, peut être vue comme une
variante de l’ « incrémentialisation », c’est-à-dire de « l’insertion du contenu d’une note
ou d’une forme de commentaire dans le texte à côté du Npr » (ibid : 111). Ceci
contribue ici au confort de lecture tout en ne trahissant ni le skopos, ni la nature
foncièrement étrangère des TC.
Plusieurs des ANpr de nos TS dont il n’existe pas de traduction officielle ont donc
été rendus par traduction littérale et accompagnés d’un transfert. Dans les cas suivants,
ce transfert s’est fait sans adaptation aucune, même si nous avons parfois légèrement
modifié la traduction littérale afin de mieux coller à la réalité désignée :
(5)
(15)
(120)
Den först vågen samlade ett 50-tal
olika organisationer i föreningen
Kampanjen mot porr och
prostitution.
La première vague était constituée
d’une cinquantaine d’organisations
réunies en une seule association
baptisée Campagne contre le porno
et la prostitution (Kampanjen mot
porr och prostitution).
25
Detta var Malmöprojektet och
Prostitutionsutredningen […].
25
Senare gick hon vidare som EUparlamentariker och blev ordförande
för Rådet mot skadliga
Elle est devenue par la suite députée
européenne et présidente du Conseil
contre les représentations
Il s’agit du Projet Malmö
(Malmöprojektet) et de l’Enquête
gouvernementale sur la
prostitution
(Prostitutionsutredningen) […].
32
4FR32E
(30)
Candice Roccasalva
våldsskildringar […].
dangereuses de la violence (Rådet
mot skadliga våldsskildringar) […].
Det största beviset på den tidigare
aktivismens inflytande var att
kvinnofridslagarna infördes, varav en
var sexköpslagen.
Mais la preuve la plus évidente de
l’influence du militantisme passé fut
la mise en place à cette époque d’une
série de lois appelée
kvinnofridslagarna […] dont la plus
emblématique reste la loi suédoise
contre l’achat d’actes sexuels, ou
sexköpslagen.
Notons qu’au segment 30, la traduction littérale accompagnant le transfert n’est pas la
traduction de ce transfert précis mais plutôt du nom officiel de la loi (Lag (1998 :408)
om förbud mot köp av sexuella tjänster, voir Brottsbalk).
Le segment 21 contient, lui, deux exemples de traductions littérales combinées à
un transfert :
(21)
De mest spektakulära aktionerna
under den här andra vågen stod
radikalfeministerna i föreningarna
Kvinnofronten och FmP för […].
On doit cependant les actions les plus
spectaculaires de cette deuxième
vague à deux associations féministes
radicales, à savoir le Front des
femmes en Suède (Kvinnofronten),
et l’Action populaire contre la
pornographie (Folkaktionen mot
Pornografi) […].
Le premier transfert s’est fait sans adaptation, bien que l’on note encore une fois ici une
légère modification de la traduction littérale, tandis que le second constitue un transfert
avec adaptation orthographique, en l’occurrence l’explicitation du sigle suédois (FmP >
Folkaktionen mot Pornografi). Nous avions déjà utilisé ce type de transfert pour
compléter l’équivalent officiel du nom de l’organisation Roks au segment 28 (supra
3.3.3).
Enfin, On trouve dans TC1 un dernier exemple de traduction littérale accompagné
de transfert, mais une transfert avec explication cette fois :
(34)
Nätverket mot porr och
Un forum de discussion appelé
prostitution som startades året därpå Réseau d’opposition au porno et à
[…]
la prostitution (Nätverket mot porr
och prostitution) fut lancé sur
internet en 2001 […].
33
4FR32E
Candice Roccasalva
Outre les équivalences et traductions littérales, nous avons aussi en de rares
occasions complété un transfert d’une addition, mais, comme expliqué plus haut, nous
ne les avons pas comptabilisées dans nos résultats puisqu’elles ne constituent pas une
« addition » au sens restreint où l’entend Svane (supra 2.2.3) :
(25)
(120)
26
Christensson, Nilsson och Wikman
(2003), s.149. Detta i en bok om
feministiskt självförsvar utgiven med
stöd från Näringsdepartementet,
Brottsoffermyndigheten,
Ungdomsstyrelsen och
myndighetssamverkan i Stockholm
Operation Kvinnofrid och som
delas ut gratis till kvinnor och flickor.
26
Senare gick hon vidare som EUparlamentariker och blev ordförande
för […] Medierådet som det också
kallas, ett slags rådgivande
regeringsorgan. 1
Elle est devenue par la suite députée
européenne et présidente du […]
Conseil des médias (Medierådet),
sorte de corps consultatif du
gouvernement aujourd’hui dissous1.
Christensson, Nilsson et Wikman
(2003), p.149. Cet ouvrage
d’autodéfense féministe, distribué
gratuitement aux femmes en 2003, a
été soutenu, entre autres, par le
gouvernement ainsi que par diverses
organisations de défense des droits
des femmes et autorités
administratives de la région de
Stockholm, regroupées dans le cadre
du projet Operation Kvinnofrid, du
nom de la série de lois contre les
violences faites aux femmes votée
en 1998.
Au segment 25, l’ajout effectué est entièrement facultatif ; le lecteur peut comprendre la
phrase dans son ensemble sans nécessairement connaître la signification précise du nom
dudit projet. C’est nous en tant que traductrice qui avons jugé qu’expliciter
l’information contenue dans l’expression d’origine, information non déchiffrable par le
lectorat cible sans notre aide, apporterait un éclairage supplémentaire appréciable sur le
message vehiculé. Au segment 120, la problématique est autre. L’addition effectuée est
en réalité une adaptation temporelle, grâce à laquelle l’information fournie par l’auteure
est mise à jour. En 2006 quand le livre a été publié en Suède, l’organisme en question
existait en effet toujours ; ce n’est plus le cas depuis 2010 (Statens medieråd).
3.3.4.2 Transferts simples
Nous avons déjà expliqué comment nous avons utilisé des transferts simples, c’est-àdire non combiné à une autre méthode de traduction, pour rendre les répétitions de Npr
utilisés comme références bibliographiques et n’ayant donc pas vocation à être traduits
(supra 3.3.1). Trois autres segments comptabilisés dans notre étude contiennent
34
4FR32E
Candice Roccasalva
également des transferts simples, mais le choix ayant dicté leur utilisation relève
d’impératifs différents, comme par exemple au segment 153 :
(153)
”De flesta – om än inte all – som från
svensk sida deltar i debatten gör det
inte utifrån sexualmoraliska skäl,
utan utifrån kvinnans rätt att besluta
över sin egen kropp och sin
sexualitet”, hävdar vänsterpartiets
tidigare representant i EUparlamentet, Marianne Eriksson.
« La plupart, pour ne pas dire la
totalité, des personnes participant au
débat en Suède ne le font pas pour
des motifs relevant de la morale
sexuelle, mais pour soutenir le droit
des femmes à disposer de leur corps
et de leur sexualité », soutient
Marianne Eriksson, ancienne
représentante du parti de gauche
Vänsterpartiet au Parlement
européen.
On aurait pu tout aussi bien choisir de rendre le Npr suédois par une équivalence suivie
d’un transfert entre parenthèses mais l’on peut considérer que l’utilisation de
parenthèses viendrait alourdir une phrase déjà riche en signes de ponctuation. Substituer
l’équivalent officiel le plus souvent utilisé, à savoir « le Parti de la gauche » (voir par
exemple Integrationsverket), par un transfert avec une explication aide, selon nous, à
rendre la phrase plus fluide. La paraphrase « parti de gauche » se trouve bien
évidemment être une traduction littérale du nom du parti, mais nous ne l’avons pas
envisagée comme telle ; pour nous, il s’agit avant tout d’une explication utile au lecteur
pour situer le parti sur l'échiquier politique, au même titre que l’expression « [le] parti
de centre-droit Folkpartiet » au segment 118. Une dernière chose à noter enfin ici est
que le transfert en question s’est fait avec adaptation orthographique car, si l’usage du
suédois ne recommandait pas à l’époque de majuscule pour les noms de partis (ce qui a
changé en 2008, voir Sverigesradio et Svenska skrivregler 2008 : 119), le français, lui,
l’exige (Lexique des règles typo. 2002 : 141).
Un exemple comparable se trouve au segment 153 :
(185)
Fackförbundet Kommunals
ordförande, Ylva Thörn, säger att hon
har funderat på om hon är
gammaldags eftersom hon inte vill
kalla prostitution för ett yrke […].
Ylva Thörn, présidente de
Kommunal, le syndicat des
travailleurs municipaux suédois,
déclare par exemple s’être demandé
si c’était vieux jeu de sa part de
refuser de considérer la prostitution
comme un métier […].
Ici, nous avons eu recours à un transfert avec paraphrase où le Npr transféré est en fait
l’abréviation du nom complet officiel qui est, lui, Svenska Kommunalarbetareförbundet.
35
4FR32E
Candice Roccasalva
Plutôt que d’utiliser la traduction littérale « Fédération suédoise des employés
municipaux », que l’on trouve par exemple sur le site d’Arbetsmiljöverket, un transfert
avec explication juxtaposée nous a semblé plus adéquat. Le site même du syndicat, par
ailleurs disponible en français (Kommunal), utilise en effet uniquement cette
abréviation, ce qui lui donne plus ou moins valeur de traduction officielle, et il n’est
donc pas aberrant de la reprendre telle quelle dans le TC.
Un dernier exemple de transfert simple, avec adaptation orthographique cette fois,
est un autre nom de parti suédois au segment 178 :
(178)
Olle Schmidt, en av folkpartiets EUparlamentariker, använder sig hellre
av termen ”liberal” än ”jämställdhet”
9
:
Olle Schmidt, un des députés
européens de Folkpartiet utilise plus
volontiers le terme « libéral » que «
parité »9 :
Ici, c’est le cotexte qui dicte l’absence de paraphrase explicative. Il a en effet été choisi
d’expliciter la référence à Folkpartiet dans un segment antérieur :
(113)
Även om liberala politiker har en
relativt låg profil i porr- och
prostitutionsfrågor finns de med
liknande förståelse.
Bien que les membres du parti de
centre-droit Folkpartiet fassent
plutôt profil bas en matière de
pornographie et de prostitution, ils
semblent en avoir la même
interprétation.
Nul besoin donc de répéter l’explication au segment 178. Si l’on a ici choisi une
paraphrase plutôt qu’un équivalent, c’est pour souligner la démarche de l’auteure qui,
dans ce passage, passe en revue les positions des différents mouvements politiques en
matière de prostitution. Ce n’est donc pas tant le nom du parti que sa mouvance
politique qui est au centre de l’information.
Le nombre de transferts seuls est au final limité dans nos TC. Il faut cependant préciser
que si le livre en entier venait à être traduit, il faudrait harmoniser la traduction dans son
ensemble, ce qui, par souci de non-répétition, appellerait selon toute vraisemblance un
plus grand nombre de transferts seuls, de même que des pronomisations et des
conversions génériques supplémentaires.
36
4FR32E
Candice Roccasalva
4 CONCLUSION
La présente étude n’a pas la prétention d’apporter une quelconque solution prescriptive
aux difficultés liées à la traduction des noms d’institutions ou d’organisations nationales
et locales, mais nous espérons tout de même avoir clairement mis en lumière quelles
formes ces difficultés pouvaient revêtir dans un texte informatif et quelles solutions
étaient envisageables en contexte. Densité de distribution, manque d’équivalents établis
en langue cible, pertinence de l’information pour le public cible ou bien encore
subtilités de l’intégration stylistique, autant de paramètres qui, au-delà du simple
problème de la transmission du sens, nous ont interrogée en tant que traductrice. Nous
l’avons vu, l’étude systématique du skopos, non pas seulement des TC mais bien aussi
des TS, est le point de départ indispensable à toute réflexion sur la façon d’appréhender
ces difficultés. En étudiant ces skopos, le traducteur est en mesure de comparer les
fonctions des TS et des TC pour voir en quoi elles peuvent se recouper et quelles
incidences ceci peut avoir sur les choix de traduction. Il faut bien évidemment rappeler
que la traduction offerte ici s’est faite dans des conditions particulières, sans contrainte
de temps majeure et en laissant le cahier des charges à la seule responsabilité du
traducteur. Il a donc dès le début été décidé que les TC, tout comme les TS, seraient de
nature à la fois informative, expressive et opérationnelle et s’adresseraient en priorité à
un public de non-spécialistes. La difficulté principale pour nous a été de rester fidèle à
la démarche de l’auteure tout en utilisant ses propres connaissances de la culture de
réception et de la langue cible pour pouvoir rendre le contenu des textes le plus
facilement
accessible
possible sans
pour
autant
en
amoindrir
la
nature
fondamentalement étrangère.
Concrètement, et dans le cadre de la traduction des ANpr qui nous intéressent, on
a vu comment la densité de distribution de certains ANpr nous a d’abord forcé à nous
interroger sur l’utilité de préserver toutes les références culturelles des textes. La
pertinence de certains détails pour le public cible n’est pas apparue comme essentielle
au message de l’auteure et pour cette raison, de nombreux ANpr ont été omis, bien que
ces omissions ne soient uniquement regroupées que dans deux segments, et ce, non pas
dans le corps du texte mais en note. Nous nous sommes par la suite mise à la recherche
d’équivalents établis en langue cible pour les entrées que nous avons décidé de garder et
avons pu constater que rares étaient les organismes suédois à proposer une traduction de
leur propre nom en français et que l’on se retrouvait dès lors souvent face à une kyrielle
d’équivalents non officiels dont il a fallu évaluer la validité en contexte avant de les
37
4FR32E
Candice Roccasalva
reprendre éventuellement à notre compte. Enfin, en l’absence totale d’équivalent, c’est
vers la traduction littérale que nous nous sommes surtout tournés, non sans l’agrémenter
d’un transfert, assorti parfois d’une adaptation orthographique ou d’une explication.
Reporter l’expression suédoise entre parenthèses nous a permis de préserver la fonction
informative du TS tout en soulignant linguistiquement la nature foncièrement étrangère
du sujet en présence. En marge de ces observations, il est aussi apparu que le style
imposé par la langue cible, telle que la volonté de non-répétition du français, pouvait
influencer le choix de garder un ANpr ou de le reprendre différemment, à l’aide d’un
pronom par exemple.
En parallèle de nos propres résultats, nos recherches nous ont amenée à faire
plusieurs constations intéressantes, qui viennent largement confirmer ce qu’avance John
Humbley (2006) dans son article sur la traduction des noms d’institutions. La première,
c’est que c’est bien le plus souvent au niveau local que la traduction des noms
d’organisations est la moins systématique ; les quelques équivalents officiels que nous
avons rencontrés concernaient soit des institutions nationales (Näringsdepartement,
Regeringskansliet), soit des organisations actives au niveau national (Roks, RFSU, LO).
Il semblerait également que plus le champ l’activité de l’organisation en question est
spécifique et restreint (p. ex. Nätverket mot porr och prostitution, Folkaktionen mot
Pornografi, Operation Kvinnofrid etc.), moins la traduction est automatique, ce qui
pourrait être le reflet de la conscience – ou du manque de conscience – qu’a
l’organisation de son influence à l’international ou du moins auprès des communautés
non-suédophones.
Il faut cependant garder en tête que notre étude porte exclusivement sur le couple
de langue français-suédois et, si les traductions officielles en français de Npr suédois
manquent souvent, nous avons pu également observer – sans surprise – que l’anglais
bénéficiait toujours d’un statut privilégié. Si une organisation choisit d’offrir une
traduction de son nom en langue étrangère et une seule, c’est invariablement vers
l’anglais qu’elle se tournera. Mais ce qui nous a surpris, c’est que de nombreux sites
officiels, s’ils ne proposent pas de traduction en français, offrent cependant leurs
informations non seulement dans les langues minioritaires officielles du pays (finnois,
meänkieli, romani, same, yiddish) mais également d’autres auxquelles on s’attend
moins, comme le farsi, le kurde ou le croate. Ceci démontre bien que le choix de
traduire un nom dans une langue plutôt qu’une autre est en soi un acte culturel, et
souvent même idéologique. Le fait de trouver sur les sites d’institutions suédoises, des
38
4FR32E
Candice Roccasalva
informations traduites en romani ou le same plutôt qu’en français, reflète à la fois la
réalité migratoire du pays et l’importance de ces communautés sur le territoire, mais
aussi et surtout la volonté d’intégration de l’État suédois. De la même façon, l’absence
de traduction peut être toute idéologique. En cherchant des équivalents officiels de
noms de partis politiques suédois, nous nous sommes aperçue par exemple aperçu que
seuls les partis ancrés à gauche proposaient une traduction de leur nom, ou du contenu
de leur site, en langues étrangères, ce qui n’est pas anodin. La traduction reste donc à
bien des égards un acte militant.
39
4FR32E
Candice Roccasalva
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Larousse. Dictionnaire de français. http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais
Linguee. Français > suédois. http://www.linguee.fr
Nationalencyklopedin. www.ne.se
Norstedts franska ordbok. http://www.ord.se/oversattning/franska/
6 ANNEXES
ANNEXE I : LISTE DES NOMS PROPRES ETUDIES ET DE LEUR TRADUCTION
44
4FR32E
Candice Roccasalva
T = transfert
TL = traduction littérale
E = équivalence
C = conversion
O = omission
Segment Texte source
5
Kampanjen mot porr och
prostitution
7
Riksaktionen mot porr och
prostitution
Texte cible
Méthode de
traduction
Campagne contre le porno TL + T (sans
et la prostitution
adaptation)
(Kampanjen mot porr och
prostitution)
Arbetsgruppen mot
Ungdomsarbetslöshet
Clarté
Evangeliska Fosterlandsstiftelsen
Ungdom
FIB/Juristerna
Folket i Bild/Kulturfront
Folkpartiets Kvinnoförbund
Fredrika-Bremer- Förbundet
Fria Proteatern
Föreningen Förr och NU
O
Föräldraföreningen mot Narkotika
Husmodersförbundet Hem och
Samhälle
KFUK-KFUM
Kristen Demokratisk Ungdom
Kristna Publicistförbundet
Kristna Studentrörelsen i Sverige
Arbetsgruppen för Kvinnofronten
Ordfront
RFHL
45
4FR32E
Candice Roccasalva
RFSU
Riksförbundet Social och Mental
Hälsa
Riksförbundet mot alkohol och
narkotikamissbruk
Riksförbundet Narkotikafritt
Samhälle
Internationella föreningen för
Invandrarkvinnor
Riksförbundet Sverige Fritidsoch hemgårdar
O
Rädda barnens Riksförbund
Röd Ungdom
SECO
Sjundedags Adventistsamfundet
Sveriges Frikyrkoråd
Svenska Baptistsamfundets
Ungdom
Svenska Ekumeniska Nämnden
Svenska Kvinnors
Vänsterförbund
Sveriges Folkpensionärers
Riksförbund
SKP
SSEF
Teatercentrum
Stockholms Stadsmission
Svenska Alliansmissionens
Ungdom
LO
la Confédération générale
du travail de Suède (LO,
Landsorganisationen i
Sverige)
Kommunalarbetareförbundet
46
E + T (avec
explicitation
du sigle)
4FR32E
Candice Roccasalva
Svenska Pappersindustriarbetare
förbundet
O
Svenska
Träindustriarbetareförbundet
15
Malmöprojektet
Projet Malmö
(Malmöprojektet)
Prostitutionsutredningen
l’Enquête
TL + T (sans
gouvernementale sur la
adaptation)
prostitution
(Prostitutionsutredningen)
18
RFSU
l’Association suédoise
pour l’éducation sexuelle
(Riksförbundet för sexuell
upplysning)
E + T (sans
adaptation)
19
Socialdemokratiska
kvinnoförbundet, s-kvinnorna
la Fédération nationale
des femmes socialesdémocrates suédoises
(Socialdemokratiska
kvinnoförbundet)
E + T (sans
adaptation)
21
Kvinnofronten
le Front des femmes en
Suède (Kvinnofronten)
TL + T (sans
adaptation)
FmP
l’Action populaire contre
la pornographie
(Folkaktionen mot
Pornografi)
TL + T (avec
adaptation
ortho. =
explicitation
du sigle)
Näringsdepartementet
le gouvernement
C
(générique)
25
28
TL + T (sans
adaptation)
Brottsoffermyndigheten
O
Ungdomsstyrelsen
O
Operation Kvinnofrid
projet Operation
Kvinnofrid, du nom de la
série de lois contre les
violences faites aux
femmes votée en 1998
T
Roks
l’Organisation nationale
des centres d'aide aux
femmes et aux
adolescentes en Suède
(Riksorganisationen för
kvinnojourer och
tjejjourer i Sverige,
E + T (avec
adaptation
ortho. =
explicitation
du sigle)
47
4FR32E
Candice Roccasalva
couramment abrégé Roks
en suédois)
30
sexköpslagen
la loi contre l’achat
d’actes sexuels ou
sexköpslagen
TL (du nom
officiel) + T
34
Nätverket mot porr och
prostitution
Un forum de discussion
appelé Réseau
d’opposition au porno et à
la prostitution (Nätverket
mot porr och prostitution)
TL + T (avec
explication)
94
Regeringskansliet
les services du
gouvernement
E
96
Näringsdepartementet
Ministère de l’industrie,
de l’emploi et des
communications de Suède
E
106
Kristdemokratiska
Kvinnoförbundet
Kristdemokratiska
Kvinnoförbundet
T (sans
adaptation)
120
Rådet mot skadliga
våldsskildringar
Conseil contre les
représentations
dangereuses de la
violence (Rådet mot
skadliga våldsskildringar)
TL + T (sans
adaptation)
Medierådet
Conseil des médias
(Medierådet)
TL + T (sans
adaptation)
153
vänsterpartiets tidigare
representant
ancienne représentante du
parti de gauche
Vänsterpartiet
T (avec
explication)
178
folkpartiets EU-parlamentariker
un des députés européens
du parti libéral de centredroit Folkpartiet
T (avec
explication)
185
Kommunals ordförande
présidente de Kommunal, T (avec
le syndicat des travailleurs explication)
municipaux suédois
48

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