Dossier "RG" Dossier "RG"
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Dossier "RG" Les renseignements généraux d'après une enquête de Pétrarque sur un site maintenant disparu Préambule: Les régimes politiques, monarchiques ou républicains, ont toujours recours à des services spéciaux pour assurer la sécurité de l'état. Les Renseignements Généraux actuels surveillent les moindres faits et gestes de tout citoyen sortant des sentiers battus, surtout s'il fait partie d'une association loi 1901 Portrait de de l'institution LES RENSEIGNEMENTS GENERAUX (R.G.) DU MINISTERE DE L'INTERIEUR La direction centrale des Renseignements Généraux (D.C.R.G.) est placée sous l'autorité de la Direction Générale de la Police Nationale (D.G.P.N.) La Direction Centrale des Renseignements Généraux (480 fonctionnaires) est située 11 rue des Saussaies 75800 PARIS Tél : 01.49.27.49.27 et 01.40.87.80.80. Arrêté du 6 novembre 1995 relatif à l'organisation et aux missions de la Direction Centrale des Renseignements Généraux et de ses services déconcentrés (J.O. du 08/11/1995) : Article 1er : La Direction Centrale des Renseignements Généraux comporte des services centraux et des services déconcentrés : direction régionales et direction départementales. Elle est chargée de la recherche et de la centralisation des renseignements destinés à informer le Gouvernement; elle participe à la défense des intérêts fondamentaux de l'Etat; elle concourt à la mission générale de sécurité intérieure. Elle est chargée de la surveillance des établissements de jeux et des champs de course. EN CLAIR L'objectif affiché est de mieux renseigner le gouvernement sur les nouveaux dangers potentiels, les grands problèmes de société et d'abandonner ce qui faisait la fierté du service : le suivi des partis politiques, hors ceux qualifiés d'extrême droite ou d'extrême gauche. Article 2 : Les services centraux de la Direction Centrale des Renseignements Généraux sont composés de quatre sous-directions : 1 La Sous-direction de la Recherche : Chargée de la recherche et de la centralisation des renseignements nécessaires à la prévention et à la lutte contre le terrorisme ainsi que de la surveillance des groupes à risque agissant sur le territoire national. EN CLAIR Chargée de la surveillance des groupes à risque sur le territoire national, concerne, entre autres, celle des branches françaises des Sectes telles que : Eglise de Scientologie, Témoins de Jéovah, Mouvement Raëlien, etc. 2 La sous-Direction de l'analyse, de la prospective et des faits de société : Chargée de l'analyse et de la synthèse des renseignements dans les domaines social, financier et des faits de société. EN CLAIR Chargée de suivre et prévoir au premier chef l'agitation dans les villes et les banlieues. Egalement missionnée pour sonder l'opinion publique et pas seulement en période électorale. Trois outils sont affectés à cette tâche : l'estimation à vue de nez, les simulations informatiques et le sondage d'opinion via l'organisme de sondage propre aux R.G., à savoir l'Office Central des Statistiques et Sondages (OCSS OCSS). OCSS A noter que le D.C.R.G. dispose du système Salamandre, Salamandre un programme informatique puissant qui permet une exploitation rapide et fiable des résultats de vote partiels. Il est intéressant de savoir que cette Sous-Direction édite tous les quinze jours - ou sur une demande précise du gouvernement - une "note d'opinion" qui synthétise les notes établies par une quinzaine de correspondants locaux. 3 La Sous-Direction des ressources et méthodes : Chargée de la gestion des ressources humaines, des moyens logistiques, de la documentation, et du suivi de la déconcentration budgétaire. EN CLAIR Chargée de la gestion des trois fichiers : 1) Le fichier manuel 2) Le fichier automatisé des associations 3) Le fichier automatisé des individus Le fichier manuel des R.G. répertorie soit les individus soit les associations. Le fichier automatisé des associations gère celles qui ont attiré l'attention des autorités en raison d'activités de nature à troubler l'ordre public ou supposées telles. Le fichier automatisé des individus comporte trois applications distinctes : · l'application "terrorisme, sectes, voyants, guérisseurs et ufologues de tout acabit, etc..." · l'application "dossier départemental" · l'application "courses et jeux". Les informations collectées sont relatives à : · l'identité des personnes · leur adresse et leur profession · l'étiquette sociale (politique, syndicale, etc...) · leur numéro de dossier départemental ou central. 4 La Sous-Direction des courses et des jeux : Chargée de la surveillance des établissements de jeux et des champs de courses. Ils comprennent également un état-major qui assure un rôle opérationnel de liaison et de coordination avec la Direction Générale de la Police Nationale, les services déconcentrés des Renseignements Généraux, la Préfecture de Police, et les autres Administrations et autorités et d'une Inspection Technique Opérationnelle chargée de veiller au respect des règles déontologiques et de favoriser la communication. Article 3 : Les services centraux de la D.C.R.G. sont chargés d'animer, d'orienter, d'évaluer, et de contrôler l'activité des services déconcentrés. Article 4 : Les Directions Départementales des Renseignements Généraux mettent en oeuvre les instructions des Préfets de Département, et, sous l'autorité de ces derniers, celles transmises par les Services Centraux et les Directeurs Régionaux dans le cadre des attributions définies à l'article 5, premier alinéa. EN CLAIR Sont concernés : 23 Directions Régionales et 103 Services Intégrés des Directions Départementales (2700 agents). Article 5 : Le Directeur Régional des Renseignements Généraux anime, contrôle, et coordonne les Directions Départementales des Renseignements Généraux implantées dans le ressort de sa région, et leur transmet, toutes instructions émanant de l'Echelon Central, sous l'autorité du Préfet de Région, et, pour l'Ile de France, du Préfet de Police. Il peut disposer, en tant que besoin, d'unités spécialisées ayant pour vocation d'exercer leur activité dans les limites géographiques de la Région. EN CLAIR Cela permet de créer, en dehors des structures officielles, de petites équipes informelles auxquelles sont confiées, verbalement, les missions confidentielles : ce sont des "brigades du patron". Article 6 : Le Directeur Régional des Renseignements Généraux en résidence au cheflieu de la Zone de Défense centralise les informations relatives aux affaires de la compétence du Préfet de Zone. Pour l'exécution de cette mission spécifique, il coordonne l'activité des autres Directeurs Régionaux de la Zone de Défense. Article 7 : Le Directeur Général de la Police Nationale est chargé de l'exécution du présent arrêté qui sera publié au Journal Officiel de la République Française. Les fichiers des R.G. sont soumis au contrôle de la C.N.I.L. (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés) qui vérifie tous les cinq ans le bien-fondé des informations nominatives qu'ils contiennent. Même chose pour les écoutes qui, pour l'heure, sont limitées au suivi des personnes dangereuses et soumises depuis 1991 à l'autorisation de la C.N.C.I.S. (Commission Nationale de Contrôle des Interceptions de Sécurité) présidée par le Conseiller d'Etat qui chaque mercredi parcourt le registre des écoutés et les productions réalisées. En fait, écoutes "légales ou pas", 100 000 personnes sont écoutées chaque année en France. Ce score plus qu'honorable ne demande qu'à être amélioré ! (exemple : par "scanner"). ANNEXES D.C.R.G. Écoutes au profit des Renseignements Généraux : Les comptes-rendus d'écoutes administratives du G.I.C. (Groupement Interministériel de Contrôle) relevant du contingent attribué au Ministère de l'intérieur sont dactylographiés. Selon les cas d'espèces, la D.G.P.N. en communique la teneur à la D.R.G. Sur chaque fiche d'écoute figure : · 1) en haut et en bas la mention : Source Secrète · 2) en haut à droite le numéro de code attribué au fonctionnaire qui l'a établie, · 3) en haut à gauche le pseudonyme de la personne mise sur écoute (souvent un nom commençant par les trois premières lettres du patronyme, par exemple MARSEILLE pour MAR(?), enquêteur sur l'Ordre du Temple Solaire). · 4) Figurent ensuite à gauche l'heure de la conversation et en regard le texte (résumé) de celle-ci. Fonctionnement des "actifs" des Renseignements Généraux : Professionnels du renseignement et aujourd'hui pourvus de diplômes sélectifs obtenus à l'Ecole de Police, les hommes de R.G. n'effectuent pas de mission de police judiciaire et donc de répression. Ils ne dépendent pas de l'autorité d'un juge d'instruction mais uniquement de l'autorité administrative. Les quelques 2700 agents "actifs" répartis sur tout le territoire, avec un minimum de sept ou huit hommes dans les plus petits départements, effectuent pour 80% d'entre eux un travail "en milieu ouvert" et donc légal" stricto sensu" au profit du Ministère de l'Intérieur. Pour ce faire, ils se créent un réseau personnel d'informateurs plus ou moins bénévoles, assistent aux réunions syndicales, politiques, religieuses, voire ufologiques, collectent les tracts et les publications, analysent la presse. Dans ce travail "en milieu ouvert", ils n'ont guère de mal à recueillir des informations. Ne parviennent en principe à l'Etat-Major parisien que les informations dont la multiplicité des sources atteste l'intérêt. Ceci précisé, chaque jour, des plus petites Préfectures comme des plus grandes agglomérations remontent aux Services du Siége Central, rue des Saussaies, plus de cinq cent notes sur tous les sujets possibles. Après écrémage, les informations que le Directeur Central des Renseignements Généraux juge essentielles pour le gouvernement vont faire l'objet de quatre ou cinq notes de synthèse selon le principe "un feuillet, un sujet". Rassemblées, elles vont constituer le "dossier ministre" diffusé à une douzaine d'exemplaires et remis avec les informations provenant de la D.S.T. tous les soirs de la semaine, vers 18H30, aux Cabinets du Ministre de l'Intérieur, du Premier Ministre et du Président de la République. Les autres informations plus "sensibles" font selon le cas l'objet de notes sur papier blanc ou vert, dénuées d'en-tête de service (moins d'une quinzaine par jour) que le Directeur Central remet personnellement au Ministre, accompagnées parfois d'informations transmises oralement. Le reste des notes journalières est archivé à toutes fins utiles pour les échelons intermédiaires qui, à un titre ou à un autre, croient avoir besoin de savoir. Par exemple, actuellement, en région PACA, tout des agissements des sectes que l'on y compte par dizaines et doivent être répertoriées dans la Banque de Données de la D.C.R.G. qui les concernent spécialement. Bien sûr, les hommes des R.G. ne font pas que travailler "d'initiative", il leur faut parfois aussi répondre aux questions précises que se posent les autorités de l'État, des Ministres aux Préfets. Pour y satisfaire au pied levé, les R.G. dispose d'une documentation exhaustive et continuellement mise à jour. Dans le travail "en milieu fermé", les actifs des R.G. sont priés de se "débrouiller", si possible en évitant de fournir aux Autorités une information précise sur leurs méthodes de pénétration et les noms de leurs indicateurs pour n'impliquer personne de la hiérarchie supérieure. A noter enfin que la très grande majorité des fonctionnaires qui entrent aux "grande oreilles" (R.G.) accomplissent la totalité de leur carrière professionnelle dans le service. Recrutement et gestion des "informateurs" des R.G. : Aux Renseignements Généraux le travail opérationnel de recrutement d'informateurs est du ressort de la section "Opérations et Recherches Spécialisées" de la Sous-Direction de la Recherche de la Direction Centrale des Renseignements Généraux. Toujours au sein de cette Sous-Direction, la section "Traitement du Renseignement" s'occupe uniquement de la gestion administrative des informateurs, c'est-à-dire de leurs dossier ouverts après "mise à l'essai" pour une période de trois mois. La note de mise à l'essai d'un informateur est établie par le service concerné et transmise pour information au directeur Central des R.G. par le chef du Service en question. S'il a donné satisfaction, cet informateur sera immatriculé. La note d'immatriculation, également établie par le service concerné, mentionnera l'état civil complet de l'intéressé, son adresse, éventuellement sa profession, le pseudonyme qui lui a été donné, et son numéro de code d'enregistrement. Le pseudonyme est laissé à l'initiative totale du service manipulateur. Le numéro de code comporte quatre chiffres : les deux premiers sont le numéro du département concerné, suivi d'un numéro croissant au fut et à mesure des enregistrements. Lorsqu'un informateur cesse son activité, le service concerné établi une note de radiation. Durant l'activité de l'informateur, le fonctionnaire traitant établit lors de chaque entrevue une note de contact. Il s'agit d'un rapport comportant le pseudonyme de l'informateur, son numéro de code, ainsi que cinq rubriques: · - conditions du contact : la date, l'heure et le lieu du contact, ainsi que les pseudonymes du ou des fonctionnaires présents (chaque fonctionnaire traitant des informateurs a un pseudonyme). · - résultat du contact : le fonctionnaire mentionne l'ensemble des renseignements fournis par l'informateur lors de l'entrevue. · - exploitation des renseignements : le fonctionnaire précise l'exploitation qui a été faite des renseignements fournis ainsi que la transmission éventuelle à une section des R.G. · - opinion du traitant : cette rubrique mentionne l'opinion du fonctionnaire sur le travail et l'état d'esprit de l'informateur (exemple : bonne collaboration de petit-gris !). · - somme remise : le fonctionnaire indique la somme d'argent qu'il a remise, si besoin, à l'informateur. L'ensemble de ces notes et des dossiers informateurs (mises à l'essai, immatriculations et radiations) est centralisée à la section "Traitement du Renseignement" de la Sous-Direction de la Recherche de la D.C.R.G. (ceci est valable pour tout le territoire métropolitain et territoires d'outre-Mer). Personnes ayant accès à l'identité d'un informateur : Le Directeur Central, son adjoint, et le Sous-Directeur de la Recherche. A cela il faut ajouter les fonctionnaires de la section "Traitement du Renseignement" et si l'informateur est traité en province, les fonctionnaires traitants, le Directeur Départemental et le Directeur Régional concernés. (1)Créer Créer son association, association par JF Collinot: éd Milan, collection "les essentiels Milan". Website : http://www.sectes-infos.net/RG.htm Date : 28. 11. 2007 Les renseignements généraux (3) Extraits du livre de Patrick Rougelet : RG la machine à scandales aux éditions Albin Michel Les extraits présentés se concentrent sur la description du fonctionnement des RG tel que décrit par l'auteur. Nous renvoyons l'internaute à la lecture fort instructive du livre, pour prendre connaissance de l'affaire personnelle de Patrick Rougelet ainsi que des nombreux exemples illustrant son propos. (...) Qui connaît les RG en France ? Au-delà de l'image d'Epinal des policiers chargés de renseigner le préfet et d'enquêter sur les moeurs des notables de province, qui connaît l'étendue de leurs investigations ? Qui sait qu'ils stockent des centaines de milliers de fiches sur des citoyens, célèbres ou inconnus ? Aux RG, j'ai appris toutes les méthodes de collecte et de traitement des renseignements dans les domaines aussi variés que la politique, la presse, le monde économique, l'univers syndical ou judiciaire. J'ai été élevé à l'école du "pas vu pas pris" où tous les moyens sont bons. J'ai moi-même participé à bon nombre d'opérations répréhensibles franchissant pour les besoins du service les lignes jaunes que la morale ou le code pénal réprouvent. A chaque fois, j'ai été félicité et même promu par mes supérieurs. (...) J'ai choisi ici de n'évoquer qu'une série de dossiers pour lesquels je dispose d'informations solides. Ils prouvent la dérive dangereuse des renseignements généraux. (...) Toutes les préfectures abritent leur service de renseignements généraux. Pour une fois, le nom veut bien dire quelque chose. Le renseignement y est tout ce qu'il y a de plus général. Surveillance des manifestations, surveillance de l'opinion, surveillance des élus locaux, des ambiances de conseils municipaux, de la carte électorale, des personnalités lors des manifestations officielles, les RG servent de bonne à tout faire de la préfecture. (...) Traditionnellement, avant chaque élection, les RG locaux sont tous mobilisés pour un sondage grandeur nature... Il faut tant de mères de famille, tant de cadres, tant de professions libérales, de chômeurs, de jeunes... Généralement, les vieux briscards des RG remplissent seuls les formulaires à une table de bistrot. Je l'ai vu faire plusieurs fois... A leur décharge, à force de côtoyer l'opinion et de décrire tous ses états d'âme dans d'interminables rapports, les vieux routiers finissent par la connaître un peu. (...) Dans le même registre, les fonctionnaires locaux sont aussi mis à contribution pour toute une série d'enquêtes de terrain. En région parisienne, par exemple, la centrale réclame régulièrement une note d'opinion sur les sujets sensibles du moment. Si une grosse entreprise licencie, une note. Si le département est secoué par des affaires judicaires, une note. Ces notes de service, des notes d'ambiance, atterrissent à la centrale. Ensuite - c'est la règle - le fonctionnaire ignore tout de ses destinataires. (...) La vie quotidienne d'un service départemental, c'est aussi le suivi et le comptage des manifestations. Tout le monde connaît la formule, "100 000 manifestants selon les organisateurs, et 10 000 selon la préfecture", en fait, selon les fonctionnaires des renseignements généraux. L'enjeu d'une manifestation, c'est le nombre de personnes qu'elle mobilise pour occuper la rue. Pour le pouvoir en place, plus le nombre est grand, plus l'avertissement est fort. Tous les gouvernements utilisent donc les RG, d'abord pour connaître, secrètement bien sûr, le nombre réel de manifestants, ensuite pour minimiser ce nombre aux yeux de l'opinion. (...) Aux RG, le quotidien c'est aussi "faire la bulle". Dans notre jargon, l'expression n'a rien à voir avec sa voisine "coincer la bulle". Au contraire, faire la bulle, cela veut dire entourer une personnalité lors d'une visite officielle. (...) En 1941, la France est sous l'occupation allemande... Il faut mesurer l'état d'esprit des Français occupés, des familles coupées en deux... C'est bien dans ce contexte que l'on organise de façon moderne les RG. (...) les RG utilisent différentes méthodes... La plus répandue est la méthode de "l'immersion" dans le milieu... Quand il est impossible d'introduire un fonctionnaire de police au sein de l'organisation à surveiller, le service a parfois recours à de l'entrisme indirect. Il n'hésite pas à utiliser un parent ou un ami d'un fonctionnaire, déjà en place, et qui renseignera indirectement. (...) Le fonctionnement des RG dépend évidemment du couple formé par le directeur d'une part et le ministre de l'Intérieur d'autre part. (...) En mai 1981, nous étions alors nombreux à penser que la gauche allait purement et simplement supprimer les RG. Ce qui, je dois l'avouer, nous scandalisait ! Les socialistes, qui avaient souffert de la surveillance du service pendant vingt-trois ans d'opposition, poussaient dans ce sens. Paradoxalement, leur impréparation à leur arrivée au pouvoir a sauvé les renseignements généraux dans cette délicate période. Résultat ? Non seulement les RG n'ont pas été supprimés, mais le service, depuis 1981, a changé de cap. Rapidement, la gauche a voulu l'utiliser pour connaître les dessous des cartes. (...) Dans le système actuel des blancs [ndlr : notes anonymes rédigées par les RG] plus blancs que blancs, tout peut être écrit. Sans aucun contrôle. Sans aucune preuve. Les politiques au pouvoir - la gauche puis les chiraquiens - se sont jetés sur ces informations supposées confidentielles. Qui couche avec qui ? Qui a des relations dans les milieux d'affaires ? Qui a des malheurs avec le fisc ? Il faut avoir lu des notes blanches, parfois longues de plusieurs pages, pour mesurer les talents d'imagination des fonctionnaires. Et leur extraordinaire subtilité. Par exemple, dans les années 80, plutôt que de dire que tel patron d'entreprise de luxe est homosexuel, il convenait d'utiliser la formule : "aime le style de vie anglais". Les RG, grâce à leurs blancs, se sont vite rendus indispensables. Les politiques se sont mêmes mis à "passer des commandes". Le monde à l'envers ! Perverti à l'extrême, le système a fonctionné à vide. Un directeur d'administration centrale, peu désireux de recevoir deux solliciteurs, exigea que lui soit adressée une note blanche indiquant que les deux intéressées n'étaient pas recommandables... Cette prose administrative fait un large usage du conditionnel, et ses auteurs, je peux en témoigner, n'hésitent pas à pratiquer l'amalgame, sans la moindre retenue. Parfois, on oublie même de faire état de faits éventuellement contradictoires de la démonstration... Il suffit d'avoir été incarcéré, même quelques jours, en détention préventive, pour bénéficier de la mention "a fait de la prison" sans autre précision ! On peut également écrire que l'intéressé "fait l'objet d'impression réservée dans les milieux bancaires", tout simplement parce que l'un de ses comptes est à découvert, ou que "sa moralité est mise en doute par son entourage", ou même qu'il est susceptible d'"être en liaison avec une puissance étrangère" parce qu'il voyage beaucoup. (...) Aujourd'hui, manifestement aiguillonnés par un pouvoir politique qui leur fait confiance, les RG n'ont même plus à apporter la moindre preuve de ce qu'ils avancent. (...) la France est à ma connaissance, le seul pays démocratique à entretenir des policiers dont la seule activité est de s'occuper des médias. Aux Etats-Unis ou en Angleterre, ponctuellement, le FBI ou le MI5 "s'occupent" de journalistes quand ceux-ci s'intéressent de près à une affaire de terrorisme par exemple. Mais jamais ils n'ont espionné ni essayé de manipuler les rédactions de façon permanente et systématique. (...) La section presse [ndlr : des RG] est un instrument capital pour le pouvoir en place. Sa mission, c'est d'agir, en essayant de contrôler la presse et de manipuler les journalistes, pour leur faire dire ce que l'on veut. (...) Les fameuses fiches des journalistes sont rangées à deux endroits différents... Les fiches officielles, présentées à la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) quand celle-ci les demande, s'entassent dans une grosse armoire à Bristol... Les fiches occultes qui alimenteront les notes demandées par les autorités, sont bien plus riches. Quand j'y étais, le service comptait au total 53 000 dossiers, mis à jour quotidiennement !...Les fiches "qui n'existent pas" sont enfermées à double tour dans la pièce des archives. Au besoin, en cas de visite surprise de représentants de la CNIL - cela ne s'est jamais produit car ils ont la gentillesse de prévenir quand ils passent -, les dossiers sont transportables dans un autre service. (...) A force de côtoyer les journalistes dans les cocktails, les conférences de presse, les voyages ministériels, les déjeuners, les petits déjeuners, les fonctionnaires de la section presse cherchent à sympathiser. Les journalistes leur glissent des informations au creux de l'oreille...A son tour, le fonctionnaire des RG lui répercute ce que lui a appris un autre journaliste... Appâté par une si bonne "source", si riche et si accessible, plus d'un journaliste n'a pas vu le piège se refermer sur lui. D'abord, en échange d'un nouveau tuyau, il accepte de "laisser tomber" une information obtenue par ailleurs qu'on lui demande, amicalement, d'écarter. Ensuite, le journaliste y consentira, parce qu'on lui aura demandé "de ne pas nuire à une affaire en cours", de n'en évoquer qu'une partie. Enfin, il acceptera, à son insu ou pas, de raconter une affaire tronquée. Dans tous les cas, il aura été manipulé. Au sein de la section presse, le sujet "qui manipule qui" est souvent revenu sur le tapis. Certains pensent, pour éviter d'y penser justement, que tout le monde manipule tout le monde. D'autres affirment, et je les crois plus volontiers, qu'au jeu du chat et de la souris, les journalistes sont souvent les perdants. Les plus extrêmes pensent carrément que dès qu'un journaliste met son nez aux RG, il est manipulé. (...) Plus récemment, après le carnage de l'Ordre du Temple Solaire, à l'hiver 1995, le sujet des sectes a tenu en haleine les médias. Les RG, sur la question, n'avaient pas grand chose. En catastrophe, il a fallu fabriquer un "rapport". Un fonctionnaire s'est chargé de compiler les travaux faits par d'autres, notamment par les gendarmes. Un rapport avait déjà été écrit, notamment par la Cellule interministérielle de recherche et d'exploitation du renseignement de la zone centre-est (CIRER). Il a en grande partie été "recopié". Le rapport des RG sur les sectes a ensuite inondé toutes les rédactions, comme un document de référence. Quelques semaines après, certaines associations, fichés dans l'urgence comme des sectes sanguinaires par les renseignements généraux, ont obtenu réparation devant les tribunaux. Les procès ont eu lieu, sans caméras cette fois. (...) Pourquoi la puissance des RG, police politique secrète, s'est-elle autant renforcée ? Tout simplement parce que les services qu'ils rendent aux politiques pour étouffer les affaires les ont rendus, au fil de ces vingt dernières années, intouchables. Comment se mettre à dos des gens qui connaissent aussi bien les dessus de cartes ? Pourquoi renoncer à utiliser des gens aussi zélés, voire serviles ? (...) Quelques chiffres : le renseignement en France compte environ 10 000 fonctionnaires. Pour moitié des militaires, qui dépendent du Ministère de la Défense, et pour l'autre moitié des policiers qui dépendent du ministère de l'Intérieur. La Défense coiffe la DGSE, "organe de renseignement à l'extérieur", en clair notre service d'espionnage, notre CIA à nous... L'Intérieur coiffe la DST, environ 1 500 fonctionnaires, chargés du contreespionnage, c'est-à-dire de lutter, dans l'Hexagone, contre les actions des agents étrangers... La France se distingue cependant de ses voisins européens avec les RG. La vérité est que ce service n'a d'homologue véritable que dans les dictatures. Le ministère de l'Intérieur emploie 3 800 fonctionnaires, chargés d'espionner leurs concitoyens... C'est au nom de la raison d'État, prétexte bien utile, qu'on espionne souvent nos concitoyens. (...) Pierre Joxe est le seul ministre de l'Intérieur contemporain qui ait vraiment tenté une réforme. Mais il n'est pas parvenu à modifier la machine. Tout l'appareil a fait de la résistance. la machine administrative a démontré qu'elle était plus forte que les ministres. Même Charles Pasqua, sous Balladur, pressé d'agir par le scandale provoqué par l'espionnage par les RG d'une réunion secrète du PS, a initié, un temps, une réforme. Elle a accouché d'une souris. Toutes ces tentatives démontrent clairement qu'en l'état actuel, compte tenu des hommes à leur tête, les RG ne sont pas réformables. La seule réforme efficace serait leur fermeture... Si on ajoute aux journalistes les parlementaires, les élus - y compris ceux qui siègent dans les plus modestes conseils municipaux -, les milieux d'affaires, les intellectuels, ce qu'on appelle les leaders d'opinion - à Paris ou en province -, on obtient le chiffre d'au moins 500 000 personnes fichées et sans doute autant sur lesquelles le service a eu l'occasion de collecter des données, légalement ou non (les candidats à un concours administratif par exemple)... Combien de scandales faudra-t-il encore pour que nos dirigeants renoncent à entretenir une armée de fonctionnaires chargés de fouiller les poubelles du pays ? Website : http://www.sectes-infos.net/RG3.htm Date : 28. 11. 2007 Mise en page et préparation Internet par : Alliance Pierres Vivantes M. J-P. Trachsel Place de la gare CH-1678 Siviriez Suisse Tél. 0041 26 656 18 18 [email protected]