les sénéchaux de gascogne

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les sénéchaux de gascogne
LES SÉNÉCHAUX DE GASCOGNE :
des hommes de guerre ? (1248-1453)
Françoise BÉRIAC-LAINÉ - Philippe CHALLET
(in : Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 29e congrès, Pau, 1998. p. 207-227)
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/shmes_1261-9078_1999_act_29_1_1747
Les fonctions théoriques des sénéchaux de Gascogne n'évoluent guère au cours de la période,
mais l'apparition d'offices subalternes spécialisés, connétable et contrôleur pour les finances, puis de
divers juges, ramène le sénéchal à un rôle de direction générale. Il ne reste que fort peu d'actes pour
comprendre ce que font ces officiers, toutefois une solution consiste à s'interroger sur l'expérience qui
peut recommander à l'attention royale un homme de quarante ans ou plus ayant vingt ans et plus de vie
active – souvent de vie publique - derrière lui. Notre propos a été de compléter les travaux de JeanPierre Trabut-Cussac1 et de Malcolm Vale2, par une enquête sur le passé des sénéchaux, en particulier
guerrier, dans la mesure où lors de nos premières prises de contact avec ce dossier nous avions été
frappés par l'aspect très militaire de leurs tâches effectives.
Les définir comme des serviteurs de l'État paraît peu adapté pour la plupart d'entre d'eux, du
début jusqu'à la fin de la période, mais surtout avant 1320-40, si l'on entend par "serviteur de l'État" un
homme en permanence au service de la puissance publique. Cela s'appliquerait à la rigueur à William
Middleton, de 1273 à 1278, avant qu'il ne devienne évêque de Norwich3, mais il s'agit d'une
exception : cet ecclésiastique docteur en droit4 est seul de son espèce parmi soixante-et-un sénéchaux
(1248-1453). À une autre exception près, tous sont des chevaliers, la plupart anglais. Avant ce poste,
ils ont exercé des fonctions administratives locales, gardé des châteaux et participé à des expéditions
guerrières quand il y en avait, sans que cela soit une occupation continue : ils se partageaient entre ce
genre de fonctions et l'administration de leurs biens. Ainsi, Edouard Ier sollicite-t-il régulièrement, à
partir de 1284, Jean de Havering, sénéchal en 1289-1294 et en 1304-13055 ; Jean de Hastings
(sénéchal 1302-1304) ne paraît que de loin en loin à son service pour des missions en Irlande, en
Ecosse6, etc., et rien de plus technique. Il y a plus de Jean de Havering que de Jean de Hastings, mais
tous sont des agents intermittents du roi-duc, plus que des "serviteurs de l'État".
Cette enquête repose d'abord sur le dépouillement des Calendars des rôles de la chancellerie,
mais cela ne livre qu'une vue tronquée des occupations publiques de nos soixante-et-un sénéchaux, car
on ne peut guère y détecter leur appartenance à l'Hôtel royal, il faut pour cela se tourner vers les
comptes de la Garde-Robe, en série irrégulière même pour la période 1280-1330 où ils sont les plus
nombreux et aisément exploitables. Ce n'est donc que de façon un peu erratique que l'on peut préciser
ce point. Scruter le passé des sénéchaux non anglais est plus difficile.
1
J.-P. Trabut-Cussac, L'administration anglaise en Gascogne sous Henri III et Edouard 1 er de l254 à 1307,
Paris, 1972 (Mémoires et documents publiés par la Société de l'École des Chartes, 20).
2
M. Vale, "Nobility, Bureaucracy and the ‘State’ in English Gascony, 1250-1340 : a Prosopographical
Approach", dans Prosopographie et Genèse de l'État moderne, Paris, 1986, p. 303-312.
3
Une bonne vingtaine de missions (audition de comptes, oyer et terminer), "Calendar of Patent Rolls (= CPR),
1272-81", p. 4, 30, 41, 43, 61. 138, 156, 163, 178, 182, 211, 215, 254, Les serviteurs de l'État au Moyen
Âge. Actes du XXIXe congrès de la SHMESP (Pau, 1998), Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, p. 207227, 285-288, 339, 342, 348 ; Calendar of Close Rolls (= CCR), 1272-1279, 140, 443 ; il reçoit également
la garde des rôles du Banc du Roi en 1276 (CPR, 1272-1281, p. 146, 285).
4
A.B. Emden, A biographical register of the University of Oxford to A.D. 1500, Oxford, 1958, 2, p. 1278.
5
CPR, 1281-1292, p. 184, 211,, 283 etc., juge au pays de Galles en particulier.
6
CPR, 1281-1292, p. 109, 133, 148, 272-275, 314 etc. ; Dictionary of National Biography [= DNB]. From
Earliest Times to 1985, 1920 [reprint, Oxford, 1964-1965].
Chevaliers du roi
Chevalier : à l'ost, dans les comtés, à la cour
Anglais
Gascons
1248-1331
27
6
1331-1453
22
1
autres
1 Génois
2 Français
1 Allemand
Ces sénéchaux, aux origines de moins en moins variées, recrutés pour leur expérience juridique
ou militaire, ont souvent eu l'occasion d'aller dans le duché des années avant d'en devenir sénéchal.
L'activité de Jean de Grey est documentée depuis 1233, vingt ans avant qu'il ne devienne sénéchal en
1253 ; il est shérif des comtés de Buckingham et de Bedford en 1239, on le retrouve en 1243 gardien
du château de la Peak, puis du château de Gannoc au nord du pays de Galles, etc. Autre élément
important, il s'agit d'un homme de confiance que le roi n'hésite pas à envoyer en Poitou en 1242. À en
juger par le nombre de cadeaux en bois d'œuvre, en gibier, en droits de chasse qu'il reçoit entre 1238 et
12537, l'homme jouit de la faveur d'Henri III. Jean de Grey peut tout aussi bien commander l'ost du roi
au pays de Galles8 que collectionner les fonctions judiciaires. Dans la dernière partie de la période,
Jean Tiptoft, né vers 1375, a eu la chance d'être dans le bon camp en 1399, car il faisait partie de
l'entourage du futur Henri IV depuis 1397 ; il est devenu chevalier de la Chambre, et en 1406 trésorier
de l'Hôtel, ainsi que speaker des Communes. Le gouvernement royal l'envoie comme sénéchal en
1415 en Gascogne après qu'il eut reçu plus de quinze commissions d'array ou d'oyer et terminer9, tant
et plus qu'il n'a pas dû les exercer toutes.
Le roi d'Angleterre rompt avec ces choix anglais surtout pour pêcher dans le vivier gascon, ou
donner une marque de confiance à la cour de France au moment d'un traité, et pour peu de temps.
L'épée de ces chevaliers bien nés, hommes publics très polyvalents, est tout à la fois symbole de
justice et instrument guerrier. L'expérience militaire n'est pas le seul titre qui les recommande. A
propos de Jean Hastings (1302-1304, 1309-1311), le Rôle de Caerlaverok résume les qualités d'un
personnage au fond très comparable à Jean Grey ou Jean Tiptoft : Hastings devait conduire la bannière
de l'évêque Antoine Bek, "comme le proche et le plus apprécié de ceux qu'il avait là avec lui, et il le
méritait assurément, car chacun savait qu'il était audacieux et sans reproche dans les faits d'armes,
bénin et gracieux dans l'Hôtel, et qu'il n'y avait pas de juge d'eyre plus enclin que lui à juger
droitement"10. On voit par là aussi le troisième champ où s'expriment les qualités d'un chevalier d'élite,
la cour, où il manifeste sa courtoisie.
Des hommes de confiance proches du pouvoir
Curiales. Le débat à propos des shérifs anglais, pour savoir dans quelle mesure il s'agit, ou doit
s'agir, soit de curiales soit de chevaliers des comtés, ne saurait s'appliquer aux sénéchaux du duché,
dans la mesure où la seconde solution n'a jamais ou presque jamais été retenue. Au contraire, nombre
de sénéchaux sont des curiales parés de l'autorité et de l'aisance politiques que donne la confiance
personnelle du roi, alors qu'à partir de 1258, en Angleterre, le roi s'interdit de choisir comme shérif
d'un comté d'autres que les chevaliers de celui-ci11.
7
CCR, 1237-1241, p. 23, 46 ; CPR, 1232-1247, p. 371 ; CPR, 1247-1258, p. 36 ; CCR, 1251-1253, p 305, le
flot continue ensuite.
8
DNB ; CPR, 1232-47, p. 296.
9
CPR, 1401-1405, p. 138, 513 ; CPR, 1405-1408, p. 66, 154, 481, 485, 490, 492 ; CPR, 1408-1413, p. 4, 391,
406, 479 ; CPR, 1413-1416, p. 116, 178, 417, 419. Il a peut-être aussi été prévôt de l'Entre-deux-Mers et
sénéchal des Landes en 1408 (PRO [sauf mention contraire, toutes cotes renvoient à ce dépôt], C61/1 12
mbr 15).
10
The Knights of Edward I, C. Moor éd., Londres 1929-1932 (Harleian Society, 80-84), LXXXI, 193-5 ; G.J.
Brault, Rolls of Arms of Edward I (1272-1307), Woodlerige, 1997, t. I, p. 441, t. II, p. 220 [de façon
générale, ce recueil complète Moor, pour les personnages actifs autour de 1250-1340].
11
D.A. Carpenter, "The Decline of the Curial Sheriff in England, 1 194-1258", EHR, janv. 1976, p. 1-32.
Henri III et ses successeurs font confiance à des parents, et à des amis12, issus au moins de
familles de chevaliers. Pour les règnes d'Edouard II et d'Edouard III, nous sommes tributaires des
ouvrages de Pierre Chaplais et plus récemment de Chris Given-Wilson. La typologie politique établie
par ce dernier conduit à distinguer, à partir de c. 1360, le petit cercle curial - les "chevaliers de la
Chambre" - des "chevaliers du roi", hommes d'influence locale, retenus dans la clientèle royale 13.
Parmi les premiers, quelques sénéchaux : Guillaume Le Scrop (1383-1385, 1390-1393), chambellan et
homme de confiance du roi Richard II, et Jean Tiptoft (1415-1423) sous Henri IV. Jean Trailly (13931399), retenu à vie comme chevalier du roi, appartient plutôt à la seconde catégorie. Thomas Felton
(1362-1381) a longtemps été un proche compagnon d'armes du prince de Galles, en Castille et en
Gascogne ; dans son cas, le titre de chevalier du roi, assorti d'une pension, vient, sous Richard II,
récompenser une longue carrière militaire.
D'une façon ou d'une autre, il n'en est pas moins patent que les sénéchaux envoyés en Gascogne
ont fait un passage par l'Hôtel royal. Pour la période 1315-1316, où nous disposons de comptes de la
Garde-Robe assez développés nous relevons que sont gagés comme chevaliers, voire bannerets, de
l'Hôtel, la moitié des sénéchaux de la période 1318-1345 : Jean de Haustede, Nicolas de la Becche,
Oliver de Ingham, Guillaume de Montagu et Gilbert Pecche. Il faut insister sur le dernier, choisi dans
des circonstances difficiles en février 1327 : depuis environ 1300, il avait fait partie de l'entourage de
feu Edouard II, comme prince héritier puis comme roi. L'envoyer en Gascogne consistait à tabler sur
un homme d'expérience, fidèle au défunt, dans les années les plus noires du règne et devenu, en 1322
steward de l'Hôtel, peut-être aussi à l’éloigner un temps d'Angleterre. Il devient très difficile au-delà
du règne d'Edouard II de savoir si des sénéchaux de Gascogne ont été chevaliers de l'Hôtel, mais c'est
pourtant le cas de Jean Darcy, banneret vers 1328, puis steward, de Jean de Norwich (1338-1339)14, de
Jean de Norwich et de Ralph Stafford (1345-1346), un proche d'Edouard III, retenu à vie.
Au-delà de 1413, nous ne pouvons que signaler que les lettres royales tant patentes que closes,
qualifient presque tous les sénéchaux anglais, de Jean Radcliff (1423) à Guillaume Bonneville (14421450, 1453), de "chevaliers du roi". Robert Vere (1441-1442, 1445) et Richard Woodville (1450)
viennent de la noblesse de cour. Au terme de cette revue, il n'en reste pas moins que la plupart des
sénéchaux ont entretenu des rapports personnels, familiaux ou amicaux, ou peuvent se rattacher au
personnel gouvernemental. Ce sont des hommes de confiance.
À ce groupe curial s'ajoutent Antoine Pessagno (novembre 1317- novembre 1318), bailleur de
fonds génois, adoubé par le roi en novembre 131415 et Amanieu III du Foussat qui fait un passage dans
l'entourage royal après de malheureux faits d'armes en Ecosse ; Edouard II connaissait ce Gascon-là et
après tout, son hôtel ne comportait qu'assez peu de chevaliers gascons de bon rang. Les rares Gascons
à se voir confier des missions politiques et militaires d'importance doivent avoir eu accès direct au
prince et, à cette période, fait leurs preuves sur les champs de bataille des îles Britanniques.
Hôtel d'armes. En temps de campagne, vers 1280-1320, les chevaliers de l'Hôtel royal forment le
fer de lance de l'ost royal ; les campagnes galloises et écossaises ont formé un bataillon de sénéchaux
aguerris aux armes que l'on retrouve en Gascogne quelques années plus tard, lors de la guerre de SaintSardos (1324-1325). Jean Ferrers (1312), Gilbert Pecche (1316-1318), Guillaume Montagu (13181319), Maurice Berkeley (1320), Foulque Lestrange (1322), Ralph Basset (1323-1324), Oliver de
12
J.-P. Trabut-Cussac, L'administration anglaise..., op. cit. n. 1, p. 143-144 : Pierre de Bordeaux, Etienne
Bauzan, Jean de Grailly, Luc de Thanet, etc.
13
C. Given-Wilson, The Royal Household and the King's Affinity. Service, Politics and Finance in England
(c.1360-1413), Yale, 1986.
14
Un Jean Darcy fils, l'un des 24 milites camere c.1338, E1O1/388/5.
15
Adoubé à Chipston le 1 er novembre 1314 (E101/376/7, fol. 41v), il est envoyé comme sénéchal de Gascogne
pour son habileté financière et diplomatique, non pour ses talents de fournisseur des armées en Ecosse ; le
choix n'est pas très heureux de facto (N. Fryde, "Antonio Pessagno of Genoa, King's Merchant of Edward II
of England", dans Studi in memoria di Federigo Melis, 2, Naples, 1978, p. 158-178 ; N. Fryde, The
Tyranny and Fall of Edward II (1321-1326), Cambridge, 1979, p. 166 ; voir aussi Y. Renouard, "Le rôle
des hommes d'affaires italiens à Bordeaux au cours du Moyen Age", dans Studi in onore di Gino Luzzato,
Milan, 1949, p. 48. Sur le contexte : T. F. Tout, The Place of Reign of Edward II in English History,
Manchester, 1936, p. 219, n° 4 ; R.W. Kaeuper, Guerre, justice et ordre public. La France et l'Angleterre à
la fin du Moyen Âge, Paris, 1994, p. 381.
Ingham (1325-1326), Jean Haustede (1327-1331) et Jean Darcy (1330) font partie des troupes royales
lors des guerres menées contre le pays de Galles et l'Ecosse mais seuls Gilbert Pecche, Guillaume
Montagu, Jean Segrave et Jean Haustede sont à notre connaissance, des chevaliers de l'Hôtel, véritable
élite militaire permanente16. Issu d'une famille baronniale 17, Jean Segrave, chevalier banneret de la
Maison royale (1314-1315), réputé pour ses nombreuses campagnes au pays de Galles (1277, 1282,
1285), en Ecosse (1291-1297) et en Irlande (1287), est constamment appelé à servir contre les
Écossais entre 1297 et 1322. Il est nommé, à cette date, gardien et lieutenant du roi en Ecosse, avant
son envoi en Gascogne comme capitaine des troupes conduites par le frère du roi (juillet 1324). Tout
comme lui, Jean Haustede fait partie du corps des chevaliers de la Maison royale ; ce lieutenant de
sénéchal de l'Hôtel est connu pour avoir accompagné le roi dans ses campagnes écossaises.
Notons aussi des "chevaliers du roi" recrutés pour leur valeur militaire : Jean Ferrers, Foulque
Lestrange, Maurice Berkeley, Ralph Basset de Drayton, Richard Grey, Jean Wisham, Oliver de
Ingham et Jean Darcy, nommés lors de périodes de tension après la guerre franco-anglaise (12941303) et pendant la guerre de Saint-Sardos (1324-1325). Ils apparaissent déjà comme des
"professionnels" de la guerre, s'étant forgés une expérience militaire contre les Écossais. Ils sont
retenus par le roi (Darcy18) par contrat temporaire ou à titre viager, reçoivent de larges rentes de
l'Échiquier (Wisham). Jean Ferrers, chevalier, se distingue en Ecosse en 1298 et 1303, devenant par la
suite connétable de l'armée d'Ecosse (1306). Maurice Berkeley est, lui aussi, présent très souvent en
Ecosse de 1295 à 1318, et au pays de Galles (1316). Issu d'une famille établie depuis la Conquête,
Foulque Lestrange est un compagnon d'armes du roi en Ecosse dès 1299. Doués aux armes eux aussi,
Ralph Basset de Drayton et Jean Wisham participent aux campagnes écossaises dans la comitiva
parfois d'un membre de la famille royale ; ainsi Jean Wisham accompagne-t-il le frère du roi, Thomas
de Brotherton, comte de Norfolk et maréchal d'Angleterre (1322). Qu'ils appartiennent ou non à
l'Hôtel royal en permanence, ces chevaliers forment autour du roi sa société de gens de guerre attitrés :
son "Hôtel d'armes". Jusqu'aux environs de 1360, lorsque le roi est présent sur le champ de bataille, sa
retenue se composait de chevaliers de l'Hôtel, accompagnés de leurs retenues personnelles, de
chevaliers et d'écuyers du roi et d'autres chevaliers et écuyers qui avaient directement contracté avec le
roi19.
Au carrefour des nations. Faire partie de ce groupe à forte connotation militaire en période de
guerre donnait aussi l'utile occasion de fréquenter des Gascons sans mettre le pied en Gascogne. Jean
de Haustede, longtemps avant de mettre le pied en Gascogne, en 1324, avait côtoyé Pierre de Gavaston
dans l'entourage du prince Edouard. Ensuite, le personnel subalterne d'origine gasconne est loin d'être
rare à la cour d'Edouard II, même après l'élimination de Gavaston : douze à dix-huit sergents d'armes
gascons du roi20, des bannerets et chevaliers, Arsieu de Galard, Renaud de Pons, Arnaud Guillaume de
Marsan, Arnaud Cailhau21, une dizaine d'écuyers22. De plus, les campagnes d'Ecosse leur ont donné
l'occasion d'avoir des compagnons d'armes gascons, Amanieu et Boniface du Foussat 23, et d'autres vite
repartis chez eux. Cela vaut aussi pour Maurice de Berkeley, capitalis custos de Berwick en 1314131524. La même année, Guillaume et Nicolas de La Becche partent avec James Audley, autre
chevalier de l'Hôtel en compagnie d'Olivier de Bordeaux, Sanche d'Aspe et Odet de Miossens, tous
écuyers ou valets de l'Hôtel en pèlerinage à Saint- Jacques, avec l'accord et l'aide du roi25. À la
16
C. Given-Wilson, "The King and the Gentry in Fourteenth-Century England", Transactions of the Royal
Historical Society, 5e s., 37 (1987), p. 89.
17
J.E. Morris, The Welsh Wars of Edward I, Oxford, 1901, p. 193.
18
John Darcy devient capitaine au service du roi, après sa désignation comme steward de la Maison royale
(1337). En 1330, il est seulement retenu par le roi, en temps de guerre.
19
C. Given-Wilson, The royal Household... , op. cit. n. 13, p. 63.
20
Cf. M.-P. Braud, Recherches sur les "Français" en Angleterre, 1272-1399, mémoire de DEA, Université de
Bordeaux III, 1998 ; E101/376/7 fol. 65-66 ; E101/378/6.
21
E1O1/378/6.
22
E101/376/7, fol. 87v.
23
E101/376/7, fol. 61v.
24
E101/376/7, fol. 62.
25
1315, CCR, 1313-18, p. 310 ; E1O1/376/7, fol. 42.
génération précédente les guerres galloises avaient créé les mêmes rencontres : Ralph Basset, Jean
Segrave, Jean de Saint-Jean avaient dû croiser quelques Gascons en garnison à Chester en 1282128326. À la fin du règne d'Edouard II, il reste moins de Gascons, mais le futur sénéchal qu'est Jean de
Chiverston dut se rappeler en temps utile qu'il avait été adoubé dans la même fournée que Bérard
d'Albret27.
Le recrutement de sénéchaux anglais devient systématique à partir de 1324-1325. Sur les vingtdeux sénéchaux répertoriés de 1331 à 1453, seuls deux ne sont pas anglais : Frank de Halle,
mercenaire allemand et Gaillard II de Durfort, noble gascon. Dans son article sur l'étude
prosopographique des officiers ducaux de la Gascogne anglaise 28, Malcolm Vale montre que le
phénomène d'anglicisation qui touche les hauts officiers de l'administration anglo-gasconne, par son
éloignement du pouvoir central et la volonté des souverains successifs de maintenir leur emprise sur
l'Aquitaine, fit du duché, dès la fin du XIIIe siècle, un "centre anglais", mais l'anglicisation radicale de
l'office de sénéchal reflète aussi celle des chevaliers du roi.
Militarisation de l'office et transformation des cadres militaires
Un tournant vers 1324-1325
D'une expérience militaire réduite à de véritables carrières militaires. Pendant longtemps, les
sénéchaux ont une expérience entre autres guerrière, mais sans plus ; toutefois lors des périodes de
tension ou de guerre ouverte (1294-1303, 1324-1325), le roi semble s'évertuer à sélectionner des
guerriers chevronnés et qui connaissent la Gascogne avant leur nomination, par exemple, Jean de Saint
Jean (1294-1297) et Jean de Hastings (1302-1304, 1309-1311). Le premier, ami du roi, fit partie de
son Hôtel pendant son séjour en Gascogne en 1286-1289, et avait eu la charge de lieutenant du roi en
Gascogne en 1293-1294. En Angleterre, il avait participé aux campagnes contre l'Ecosse et eut à
garder des comtés frontaliers - Cumberland, Westmoreland, Lancashire - et même un comté écossais,
Annandale. En juin 1294, la guerre paraît inévitable en Gascogne, et Saint-Jean semble parmi les plus
fidèles et capables pour y faire face. Hastings s'est distingué aussi pendant les campagnes écossaises
(1283-1285), où comme Saint-Jean, il a dû faire connaissance de Gascons 29. Par contre, Guy Ferré,
aussi sénéchal à des moments difficiles (1300-1301, 1308-1309), a une expérience plus administrative
que militaire30.
Avec Richard Grey, se profile un type de carrière presque exclusivement militaire. Jean Segrave
(1324) s'est fait surtout remarquer par de nombreuses missions d’array après 1320. En dehors de la
garde de châteaux et de terres, les seules tâches locales dont Oliver de Ingham semble s'être jamais
acquitté avant son premier passage au sénéchalat en 1325 ont consisté en levées militaires ou en tâches
ponctuelles de maintien de l'ordre. Capitaine d'une troupe en Ecosse (1314-1315)31, il accompagne le
roi en 1322 dans sa guerre menée contre l'Ecosse. Quand il devient sénéchal, il n'a donc occupé
aucune fonction administrative locale habituelle pour un homme de son rang en Angleterre ; ses seules
activités connues sont guerrières, et pourtant il ne s'agit pas d'un blanc bec car, en 1309, il était déjà
d'âge à partir en pèlerinage à Saint- Jacques. Pour trouver des profils analogues, il faut se tourner vers
l'Allemand Frank de Halle qui, bien sûr, ne pouvait être employé en Angleterre ; Thomas de Felton,
Jean de Harpenden, ou Thomas Rampston, ont passé l'essentiel de leur vie d'adulte à guerroyer sur le
continent, du moins avant d'être sénéchaux.
Hommes du roi ou de ses lieutenants le temps des triomphes guerriers. Nous avons vu que
l'Hôtel royal a été la pépinière d'où sont sortis bien des gens sûrs envoyés en Gascogne après avoir
suivi le roi dans ses aventures guerrières. Deux sénéchaux ont d'abord été des hommes de confiance
26
E101/4/l, mbr l, 9.
1326-1327, E1O1/382/7.
28
M. Vale, "Nobility, Bureaucracy", op. cit. n. 2, p. 303-312.
29
Pour les Gascons engagés au pays de Galles, voir PRO, E101/3/ 27 et J.E. Morris, The Welsh Wars..., op, cit.
n. 17, p. 149-197.
30
T.F. Tout, Chapters in the Administrative History of Medieval England, Manchester, 1920-1939, 2, p. 176, n.
4 ; M.W. Labarge, Gascony, England's First Colony, 1204-1453, Londres, 1980, p. 105.
31
Dans l'une des quatre retenues sous les ordres du comte de Pembroke : A. Ayton, Knights and Warhorses.
Military Service and the English Aristocracy under Edward III, Woodbridge, 1994, p. 200.
27
d'Henry de Grosmont en Gascogne. Thomas Coke était le maréchal de l'armée du lieutenant du roi et
figurait dans sa comitiva en Espagne (1343). Frank de Halle, retenu à vie pour le service de vingt-cinq
hommes d'armes, fut un des bannerets et l'un des maréchaux de l'armée d'Henry de Grosmont en
Aquitaine (1345-1347). Son départ d'Aquitaine ne marque pas la fin de sa carrière "anglaise", il
participe à la campagne de Reims en 1359 ; nous ignorons la composition de sa retenue, sans doute
importante au vu de la somme certes forfaitaire de 1000 marcs, accordée pour la perte de quarantetrois chevaux 32.
Puis ce sont deux compagnons d'armes du prince de Galles qui prennent la relève. Il s'agit
d'hommes plus âgés que lui, le premier surtout, Richard Stafford, parvenu à l'âge adulte vers 13321334. Chevalier de l'Hôtel du Prince noir, il participe aux batailles de Crécy (1346), de Poitiers (1356)
et au siège de Calais (1347) aux côtés du fils d'Edouard III avant d'accompagner ce dernier dans sa
campagne de Reims (octobre 1359) ; en 1361, il devient sénéchal de Gascogne. Thomas Felton,
bachelier du prince de Galles au début de sa carrière militaire, puis steward de son Hôtel (1363), fait
partie du cercle de chevaliers associés à lui lors des campagnes de Crécy, Calais, Poitiers et à Nájera
(1367), avant de mener une troupe recrutée par ses soins pour la campagne de Bretagne (1381).
Hommes des clans au pouvoir. Mais cette veine s'épuise, et le caractère plus conflictuel de la
société politique anglaise, au-delà de la fin du règne d'Edouard III, fait resurgir toujours des membres
de la haute noblesse liés aux clans au pouvoir ou de simples membres de la gentry locale, certes bons
soldats, mais passés au premier rang en raison de leur influence dans les comtés à partir de la fin du
XlVe siècle, ou bien de leur place à la cour. Jean Trailly, chevalier du comté de Bedford, écuyer du
Prince noir à Poitiers, puis retenu à vie par Richard II (1393) et Guillaume Bonneville, chevalier des
comtés du Somerset et du Devon, sont des exemples significatifs. Richard Woodville, et Robert Vere,
font partie des clans liés au pouvoir par alliance. Le roi retient Woodville pour la guerre en France
avec 100 hommes d'armes et 300 archers (1433 et 1439), dans la retenue du comte de Somerset, en
France (1436 et 1439). Robert Vere, noble de cour, est lui présent à la défense de Caen, en 1450. Ils
font partie de la clientèle militaire du souverain, tout comme les précédents.
Guillaume Le Scrope et Jean Tiptoft se démarquent du lot. Ces futurs chevaliers de la Chambre
du roi, le premier en 1393, le second en 1402, avaient bénéficié de la protection d'un membre de la
famille royale, avant d'être au service de la Couronne, comme sénéchaux de Gascogne. Guillaume Le
Scrope accompagne Jean de Gand en Normandie (1369) et en Guyenne (1373, 1378) ; Jean Tiptoft est
au service du futur Henri IV dès 1397, dans ses campagnes anglaises et galloises. Cependant, ils
connaissent une carrière militaire assez différente. Le Scrope, chevalier issu d'une famille baronniale
du Yorkshire, a surtout la garde des places-fortes et châteaux insulaires, tandis que Tiptoft paie
souvent de sa personne dans des expéditions militaires en France. Mais ces chevaliers se présentent
aussi sous les traits d'hommes de cour, envoyés pour diverses missions au service du roi, non de purs
militaires.
Au total les "purs militaires" ne tiennent le haut du pavé que jusqu'à l'avènement des Lancastre,
ensuite on retrouve des gens aux talents plus variés, dans un cadre certes différent, avec des
sénéchalats beaucoup plus longs ; pour faire un sénéchal de Gascogne, le roi d'Angleterre recherche
toujours un homme de guerre confirmé, mais même à la période où ce genre de recrutement prime, le
roi s'abstient de promouvoir à ce poste ceux que leur rang et leur manque d'expérience politique ne
désigneraient pas pour être des hommes publics. Il n'a pas fait appel à Robert Knolles, ni à ses pareils.
Sénéchaux et entrepreneurs de guerre
Parmi les chefs de guerre, les futurs sénéchaux font honorable figure, à voir le nombre et le prix
de leurs chevaux ; rien ne pose mieux un homme de guerre33. Le cheval, marqueur social, reflète le
rang dans la société et dans la hiérarchie militaire. Quand le vieux Jean Segrave débarque à Bordeaux
en 1324, avec ses deux fils, tous trois disposent de destriers de grand prix 34, Sir Ralph Stafford n'est
pas en reste avec un destrier valant de 80 marcs et un trotter de 20 livres avant la campagne d'Irlande
32
Ibid., p. 119.
Ibid. ; P. Contamine, Guerre, État et société à la fin du Moyen Âge. Études sur les armées des rois de France,
1337-1494, Paris 1972, p. 655-656.
34
E101/17/2, fol. 2.
33
(1361-1364), où il aligne cinquante chevaux estimés à 10 livres (automne 1361). Sir Jean Darcy n'est
peut-être pas aussi fortuné mais réunit des montures très respectables en Ecosse (1336-138), en
Flandre (1338-1339) et en Bretagne (1342-1343). Certains sont riches hommes et de possibles
éleveurs que la guerre peut enrichir, mais tous savent dépenser pour un beau cheval. Nicolas de La
Bêche, chevalier blanchi sous le harnais depuis les campagnes d'Ecosse de 1322, repart en 1342-1343
pour de nouvelles aventures en Bretagne, dans la retenue du comte de Northampton, avec un cheval
évalué à 60 livres, somme conséquente pour ce membre de la haute gentry35.
Pour autant, tous n'ont pas le même rang dans la "communauté militaire"36. Leur disparité reflète
la composition hétéroclite de l'armée anglaise, sa diversité sociale et une hiérarchie militaire qui place
parfois des chevaliers de petite fortune aux avant-postes d'une troupe, et surtout la mise en place d'un
recrutement contractuel, aux mains de véritables entrepreneurs de guerre. Le roi s'attache ainsi les
services de chevaliers, généralement issus de la haute noblesse, capables de lever d'importantes
troupes37. Les soldats réunis par un chef de retenue incluaient des serviteurs permanents recrutés par
contrat, ils pouvaient être choisis parmi leurs voisins, tenanciers, parents et amis.
Les sénéchaux de Gascogne ne viennent pas des rangs très fermés des grands recruteurs militaires
capables de fournir des centaines d'hommes ; le seul qui se rattache à ce petit cercle où l'on compte
surtout de grands seigneurs serait Thomas Felton38 pourtant un cadet d'une famille baronniale, mais
pas de premier plan. Les futurs sénéchaux ont été pour la plupart membres de retenues importantes, ou
placés aux côtés du souverain ou d'un autre membre de la famille royale, plus que des capitaines de
fortes retenues ; ils se situent dans des eaux moyennes, quant à leurs capacités personnelles de
recrutement. Stafford, retenu à vie par Edouard III (1348), steward de l'Hôtel (1341-1344), est, comme
capitaine de retenues (1338-1342-1344), le prototype du baron anglais attaché au service du roi ; en
1342 le nombre d'hommes d'armes (28) placés sous ses ordres se révèle honorable, mais sans plus,
comparé au comte de Northampton (200)39. Thomas Rampston, chevalier du comté de Nottingham et
Roger, Lord Camoys n'apparaissent pas comme de grands seigneurs, leurs troupes sont peu
importantes. D'autres ont été les membres de retenues importantes, plutôt que leurs chefs.
sénéchal
campagne
John Darcy
1342 : Bretagne
1346 : Crécy
Ralph Stafford
1342 : Bretagne
Thomas Felton
Thomas Rampston
1381 : Bretagne
1415 : Azincourt
Roger, Lord Camoys
1432 : France
total
71 (3 ban., 12chev.,
56 éc.)
74 (2 ban., 21
chev.,
51 éc.)
nb d'hommes dans leur
retenue personnell
47 hs. d'a.
11 chev. 48 éc., 80 archers
28
500 hs. d'a. et 500 archers
8 hs. d'a. et 24 piétons
40 hs. d'armes et 200
archers
Une redistribution des cartes s'opère avec l'émergence de la nouvelle organisation militaire, en
voie de "professionnalisation" dans ses cadres40, mais cela n'affecte pas le choix des sénéchaux de
Gascogne, appelés d'abord à tenir en main un pays ; ils ont par contre une expérience de terrain et celle
du gouvernement des gens de guerre, dans leur pays et sur le continent
35
A. Ayton, Knights and Warhorses... , op. cit. n. 31, p. 202, 220, 236, 241
Ibid., p. 1.
37
Cf. N.B. Lewis, "The Recruitment of a Contract Army, May to November 1337", Bulletin of the Institute of
Historical Research, 37 (1964), p. 1-19 ; H.J. Hewitt, The Organization of War under Edward HI, 13381362, Manchester, 1966, p. 34-36.
38
J. Sherbome, "Indentured Retinues and English Expeditions to France, 1369-1380", dans War, Politics and
Culture in Fourteenth-Century England, A. Tuck dir., Londres, 1994, p. 19-20.
39
A. Ayton, Knights and Warhorses..., op. cit. n. 31, p. 263.
40
P. Contamine, La guerre au Moyen Âge, 3e éd., Paris, 1992 (Nouvelle Clio), p. 276-281.
36
Une expérience militaire adaptée
Le gouvernement des gens de guerre
Un sénéchal devait en effet diriger des troupes anglaises, mais aussi des Gascons. Les sénéchaux
du XlVe siècle ont acquis leur expérience en Bretagne, en Normandie, ou vers Calais, tous terrains
d'opérations où les Gascons s'engageaient peu, sauf au service du roi de France ou du roi de Navarre
vers 1360-1364, mais ils ont eu aussi l'occasion de nouer des amitiés avec des chefs de guerre gascons
entre 1340 et 1360 ou après 1370-1372, en Aquitaine même, ou en 1367-1369 et au-delà en Espagne ;
les terrains d'opérations des grosses armées sous les Lancastre ont été plus "français" qu'aquitains et
Tiptoft, Rampston et leurs successeurs n'ont guère eu l'occasion de croiser beaucoup d'hommes
d'armes gascons en Normandie ; ils sont beaucoup plus étrangers aux hommes qu'ils doivent
commander qu'Ingham, Chiverston ou Felton. Le fait n'est pas anecdotique, car dans les catégories
supérieures de combattants, le tarif des soldes désavantage les Gascons, sauf de c. 1340-1377, et les
usages diffèrent, car les chefs de retenue gascons amenaient souvent des unités mixtes de cavaliers et
de piétons jusqu'au milieu du XIVe siècle41.
"L’array". Les commissions d'array, présentes dans de nombreuses notices individuelles,
indiquent que les sénéchaux avaient une bonne maîtrise des questions d'organisation militaire. Le
système des commissions (d’array, mis en place sous le règne d'Edouard Ier (Statut de Westminster,
1285), avait pour objectif de perfectionner les rouages du recrutement et de lever en masse des
hommes capables de combattre pour les guerres galloises et écossaises. Florissant à la fin du XIIIe
siècle et au début du XlV e siècle, ce système connaît un certain déclin par la suite, comme nous le
révèle le tableau ci-dessus. Les commissions d'array contribuèrent toutefois à fournir un large nombre
d'hommes pour les armées anglaises jusqu'aux environs de 1360. Les sénéchaux, recruteurs d'hommes,
parcouraient les comtés anglais afin d'enrôler les combattants les plus solides et les mieux armés dans
la proportion fixée par Westminster ; ils avaient aussi pour tâche de les payer et de les conduire au lieu
de rassemblement pour le contrôle des troupes ; auparavant ces tâches incombaient aux shérifs puis à
des membres de l'Hôtel du roi 42.
Les commissaires d'array étaient envoyés dans les mêmes comtés, guerre après guerre, et de
préférence dans leurs comtés d'origine 43. John Trailly recrute des hommes dans le comté de Bedford,
qu'il représente au Parlement ; Guillaume Bonneville a, lui, des intérêts dans le Devonshire où il
officie comme recruteur de soldats (1433-1436). La levée des armées reposait donc
sur des réseaux de relations à l'intérieur d'un même comté.
Rassembler, rémunérer une troupe était l'une des tâches attribuées au sénéchal de Gascogne, dans
un cadre institutionnel mal connu, mais différent de celui de l'Angleterre, et que le sénéchal ne
connaissait pas toujours bien avant son entrée en fonction. La levée des hommes dans le duché
revenait plutôt aux chefs de guerre gascons, convoqués par le sénéchal, ce dernier avait toutefois la
possibilité de lever des contingents pour mener de courtes chevauchées. L'expérience préalable de
l’array n'est pas indispensable, mais très utile en période de conflit, elle donnait une idée de
procédures bien canalisées, étrangères aux chefs gascons qui, encore vers 1340-1350, levaient les
hommes à leur idée, puis obtenaient des régularisations.
Évaluations des chevaux et montres. D'autres expériences préalables rendaient les sénéchaux
aptes à encadrer des Gascons fidèles, mais difficiles à policer. Trois sénéchaux au moins ont, en effet,
eu pour mission d'estimer des chevaux avant une campagne militaire : Oliver de Ingham en 1324132544, Jean Darcy le fut après son passage à l'office (1338 pour la campagne continentale) 45 et
Thomas Coke deux fois pour d'Henry de Lancastre (1345 et 1350)46. Cette responsabilité allait à des
chevaliers compétents assistés d'un clerc du roi, chargé sans doute de dresser l'inventaire de façon
41
F. Legrand, Approche des armées anglo-aquitaines sous les deux derniers Plantagenets, mémoire de DEA,
Université de Bordeaux III, 1995, 2, p. 241-243 et annexes.
42
R.W. Kaeuper, Guerre..., op. cit. n. 15, p. 36.
43
J.E. Morris, The Welsh Wars..., op. cit. n. 17, p. 92.
44
British Museum, Add. Ms. 7967, fol. 31 et suiv.
45
A. Ayton, Knights and Warhorses..., op. cit. n. 31, p. 51.
46
E101/25/9 ; E404/508 n° 51-79 ; cf. A. Ayton, Knights and Warhorses... , op. cit. n. 31, p. 60.
stricte suivant l'ordre hiérarchique dans une retenue, et de rédiger des copies en français et en latin,
pour les besoins administratifs. Si le cheval était perdu pendant les opérations, son remboursement
(restor) se faisait sur la base de l'estimation.
Avant l'estimation des chevaux, ou parallèlement, se déroulait, au point de rassemblement, la
montre des hommes, d'où des documents qui permettaient ensuite de pointer les effectifs pour le
paiement. Les officiers royaux, responsables de cette opération longue, complexe et coûteuse
dressaient des listes et répartissaient les hommes selon leur rang social et militaire, et leur équipement.
Thomas Coke est employé aux deux tâches. Guillaume Bonneville fait ainsi partie de la commission
chargée de la "revue" des troupes de Jean, comte de Huntingdon, lieutenant du roi en Aquitaine, plus
de 300 hommes d'armes et 2000 archers de sa retenue (28 mai 1439) 47. De même Jeahn Radcliffe doitil superviser la troupe de Thomas, comte de Salisbury (27 juin 1428). Si l'on songe qu'au moment de la
guerre de Saint-Sardos, il y avait un contraste profond entre des troupes insulaires montrées, comptées
et recomptées, et des corps de Gascons estimés grosso modo et que cela vaut toujours vers 1340-1360,
avoir un sénéchal expérimenté en ce domaine n'était pas un mince avantage, mais il est difficile de dire
avec quel résultat !
Jalons guerriers
Postes de capitaines en Aquitaine avant et pendant le sénéchalat. Certains ont fait leurs preuves
comme capitaines de diverses places du duché. Richard Stafford, commandant de la garnison de
Libourne (1345), Frank de Halle, capitaine de Rochefort (1347), Jean Harpenden (châtelain puis
capitaine de Fontenay-le-Comte 1361, 1369) occupent des postes militaires plus ou moins importants
avant leur nomination au sénéchalat de Gascogne, qui est le point d'orgue de leur carrière. Seul
Thomas Coke fait exception, en occupant l'office de capitaine de Villefranche (1350) après avoir été
sénéchal de Gascogne (1347-48).
L'accentuation du caractère militaire de ce poste se voit aussi au fait que parallèlement à son
office, le sénéchal commence à avoir la responsabilité de la principale garnison anglaise, celle qui
verrouille la vallée de la Dordogne et assure la sécurité de Bordeaux par le Nord, Fronsac. Jean
Harpenden (16 mars 1386) et Jean Radcliff (1423) en ont eu la garde. Les dates du sénéchalat de Jean
Harpenden n'étant pas bien définies, il est difficile de savoir s'il fut en possession de ces deux offices
en même temps. Jean Radcliff, lui est sénéchal et capitaine de Fronsac ; absent pendant une longue
période à l'office, il eut aussi la charge de Calais.
Capitaine ou lieutenant de Calais. Nous observons en effet, dans la carrière des sénéchaux de
Gascogne à partir de la deuxième moitié du XlV e siècle, une tendance qui se généralise au XVe siècle,
époque où certains sénéchaux de Gascogne occupent dans le nord de la France, des postes de grande
importance, telle que la garde de la ville de Calais - véritable "tête de pont anglaise"48 et base
stratégique par excellence -, qui nécessitait une défense active. Calais faisait partie d'une longue ligne
de forteresses maritimes occupées par les Anglais à cette époque. Calais bénéficiait de toutes les
faveurs royales, comme port, ville marchande, place financière et "fragment d'Angleterre outre-mer"49
avec, à sa tête, une administration militaire. Au XVe siècle, des membres de la famille royale étaient
capitaines de Calais50, quelques sénéchaux ou futurs sénéchaux de Gascogne ont aussi été placés à la
tête de cette base avancée des armées anglaises. Ce poste capital était réservé sans nul doute à des
hommes de confiance, compétents en matière de sécurité.
La charge de capitaine de Calais, responsabilité militaire de premier ordre, ressemble fort à celle
de sénéchal de Gascogne. Responsable de la défense, il était désigné par le roi, avait en mains, outre
de larges pouvoirs militaires et judiciaires, le commandement de la garnison anglaise (comptant
environ 1100 combattants, en 1371). Il gardait la ville et tout un réseau de châteaux satellites. Le
lieutenant de Calais (Radcliff, Rampston, Woodville) était, en fait, le remplaçant du capitaine. Ce
dernier, en effet, était issu le plus souvent de la famille royale et, du fait de son haut rang dans la
47
CPR, 1436-41, p. 274.
E. Perroy, "L'administration de Calais en 1371-1372", RN, 1951, p. 218.
49
J. Le Patourel, "L'occupation anglaise de Calais au XlVe siècle", RN, 1951, p. 228.
50
J.L. Kirby, "Calais sous les Anglais, 1399-1413", RN, 1955, p. 20. Voir aussi la communication de K. Fowler
dans le présent recueil.
48
société politique anglaise, ne pouvait occuper de telles fonctions. Le capitaine déléguait donc ses
pouvoirs à un lieutenant chargé d'assurer le gouvernement militaire de la "Marche de Calais"51.
Occuper une telle fonction nécessitait une expérience militaire et la totale confiance du roi.
Jean de Chiverston est le premier capitaine de Calais, en 1347, puis il devient (1350) sénéchal de
Gascogne, poste où il affirme, en compagnie du connétable Jean Streatley, une forte autorité, en dépit
de moyens limités52. Thomas Rampston, chevalier du comté de Nottingham, est aussi nommé
lieutenant de Calais (1438), peu de temps avant sa désignation au sénéchalat de Gascogne. Cependant,
ce lieutenant de Calais s'apparente plus à un homme de cour en comparaison de Jean de Chiverston,
qui nous apparaît sous les traits d'un pur militaire. Steward de la Maison royale (1419) et chambellan
du duc de Bedford, Rampston entretient une réelle proximité avec le pouvoir. Nommé sénéchal de
Gascogne le 1er mai 1423, Jean Radcliff occupe conjointement le poste de lieutenant de Calais (1435).
Il est rompu à la guerre et à la routine de l'administration ; il a été bailli d'Evreux (1418), connétable de
Bordeaux (1419-23), puis chambellan de Galles du Nord (1434). Auparavant sénéchal de Gascogne
(1450), Richard Woodville, qui appartient au cercle curial, est, dès 1454, nommé lieutenant de
Calais53. Capitaines ou lieutenants de Calais, ces chevaliers désignés étaient suffisamment proches du
roi ou du capitaine qui les nommaient pour occuper ce poste de premier plan. Chevaliers du roi et
hommes de cour sont ainsi destinés à diriger l'administration militaire de la "porte de la France". À
Calais, il conviendrait d'ajouter Cherbourg, dont Guillaume Le Scrope a été capitaine entre ses deux
sénéchalats.
Le Scrope est un cas particulier. Sa nomination au poste de capitaine de Calais le 24 février 1398
fait suite à celle de la garde des villes et châteaux de Cherbourg (février 1386) et de Brest (décembre
1389). Ces désignations interviennent après qu'il eut occupé l'office de sénéchal de Gascogne (13831385, 1390-1393). Guillaume Le Scrope était par tradition familiale lié à la maison Lancastre.
L'influence de Jean de Gand, qu'il avait servi en Gascogne, l'aida à gagner la faveur royale. Richard II
choisissait des militaires aux talents confirmés pour garder les châteaux occupés en France et sur les
frontières écossaises. Guillaume Le Scrope n'apparaît pour la première fois, mentionné comme
chevalier du roi retenu à vie, qu'en 138954, après avoir eu la responsabilité du château et de la ville de
Cherbourg, en compagnie de Thomas Holland, comte du Kent et d'un chevalier de la Chambre de
Richard II, Jean Golafre55. Devenu chambellan du roi (1393-1398) et chevalier de la Chambre, sans
rompre avec les Lancastre, ce fidèle serviteur de la couronne eut en mains nombre de forteresses
occupées dans le nord de la France par les Anglais, dont Guines 56, des châteaux en Angleterre et au
pays de Galles57.
*
*
*
D'un bout à l'autre de la période les sénéchaux ont une solide expérience de la guerre. La
Gascogne voit défiler une série de chevaliers qui servent la couronne aux armées et assurent, en
principe, la présidence en même temps qu'ils maintiennent l'ordre dans leurs comtés. Mais les hommes
en exercice vers 1330-1390 ont souvent quitté l'Angleterre au début de leur vie active pour guerroyer
presque sans répit sur le continent ; ils n'ont pas grande pratique de la justice et de l'administration. Les
succès anglais en France doivent beaucoup à la mobilisation et à la canalisation de ce type de talents,
dont Felton, et aussi son contemporain Richard Abberbury 58, sénéchal du Limousin (1368-1371), sont
des représentants typiques. Cependant, si les combats se perpétuent, et si les responsabilités d'un
51
Kirby, "Calais sous les Anglais...", op. cit. n. 50, p. 19-20.
P. Capra, "L'évolution de l'administration anglo-gasconne au milieu du XIVe siècle", dans actes du colloque
Bordeaux et les Iles britanniques du XIIe au XXe siècle, Bordeaux, 1975, p. 20-21.
53
CP, XH-2, p. 20.
54
C. Given-Wilson, The royal Household..., op. cit. n. 13, p. 284.
55
Ibid., p. 171.
56
J. Le Patourel, "L'occupation anglaise de Calais", op. cit. n. 49, p. 233.
57
C. Given- Wilson, The royal Household..., op. cit. n. 13, p. 170.
58
S. Walker, "Sir Richard Abberbury (c. 1330-1399). The Rise and Fall of a Gentry Family", Nottingham
Medieval Studies, 34 (1990), p. 113-140.
52
sénéchal de Gascogne s'apparentent à celles d'un "gouverneur militaire" à la fin de la période, ce n'est
pas l'identité guerrière des sénéchaux qui prend totalement le dessus : ils ont certes moins de
compétences administratives personnelles que les sénéchaux d'Edouard Ier, mais ce sont néanmoins
des "politiques".
L'empreinte du "métier des armes" sur cet emploi a donc des limites. D'ailleurs, les faits de guerre
qui structurent les mémoires et l'identité sociale59 des hommes de la gentry, n'absorbent pas l'existence
de tous les individus d'un milieu social, de fait, fort civil. Le cas des sénéchaux de Gascogne mériterait
d'être complété par une étude typologique fine des chefs de guerre, qui soulignerait les différences de
rang et de compétence, lesquelles allaient du commandement sur le terrain au recrutement, en passant
par l'administration et la police des gens de guerre.
59
A. Ayton, "Knights, Esquires and Military Service : The Evidence of the Armorial Cases before the Court of
Chivalry", dans The Medieval Military Revolution. Society and Military Change in Medieval and early
Modern Europe, A. Ayton et J. L.Price dir., 1995, p. 81-104.
ANNEXE
Index des sénéchaux cités avec les éléments de leur activité militaire antérieure*
Basset (Ralph)
• ? c. 1285-1343, CP, H, p. 2-3, Moor,. LXXX, p. 53
11/06/1323- avant 15/03/1324
Array, 1323, CPR 1321-24, p. 247
Becche (Nicolas de la)
•?c.1295-1345
20/07/1343- (23/02/1345)
Ec, 1322, CPR 1321-24, p. 190, 200.
Bret. 1342-3, Ayton, Knights and Warhorses, p. 236.
Chev. de l'Ht, 1315 etc., E101/376/7 fol. 54v.
Berkeley (Maurice de)
• 1281-1326, CP, II, p. 128 : Moor,
LXXX, p. 83.
28/02/1320-(22/07/1320)
Wa. : 1294-5 etc. Ec, 1305-1315 (dont Bannockburn),
gardien de Berwick etc, CPR 1301-7, CPR 1313-17, p.
328, 347.
Bonneville (William)
• 1393-1461, CCR 1447-54, p.353, CP, II, p. 218.
1/12/1442- (15/11/1445)
Array, CPR 1429-36, p. 301, 519.
France 1417 ; ? Normandie ou Bret.,
1431, CPR 1429-36, p. 128
chev. du roi, CPR 1435-41, p. 195
Camoys (Roger, lord)
• 4/07/1453- 12/09/1453
France, 1432, CPR 1429-36, p. 218, prisonnier 1443,
CPR 1441-46, p. 219
Chev. du roi, CPR 1441-46, p. 219.
Chiverston (John de)
• Actif 1338-1370
13/09/1350-7-8/06/1362-?.
France, 1338 ? CPR 1338-40, p. 147.,
1347 cap. de Calais ?
Coke (Thomas)
• ? av. 1300- ap. oct. 1351
24/01/1347- 1348
1345 et 1350 estimation de chevaux,
Ayton, Knights and Warhorses, p. 52 n.15, mar. de
Henry de Grosmont, 1345
Darcy (John)
• ? av. 1284-1356, CP, IV, 54.
20/09/1330 – (29//06/1331).
Array, 1322, CPR 1321-24, p. 97, 125
Gardien de divers cht. du Nord, 1317, 1323, CPR
1313-17, p. 616, CPR 1318-23, p. 695.
1328-9, Un des 15 ban. de l'Ht., E101/383/10
1337-40 Steward de l'Ht., Tout, IV, p. 81.
Durfort (Gaillard II de)
• c. 1354-1432, N. de Pena, Documents sur la famille
de Durfort, Bordeaux, 1977, 1,H
23/12/1399-2/06/1415
Guerroie en Gasc. vers 1378-84, ibid., n° 1314, 1305,
1295.
Felton (Thomas)
• 1314- ap. 1381, CP. V. 289-294, DNB, XVIII, et
CIPM, XV (1970), n~ 339-341
8/02/1363-1381
Crécy, Calais, Poitiers, R. Barber, Edward Prince of
Wales and Aquitaine, Londres, 1978, p. 181.
Chev. puis Steward du Prince de Galles,
Register of Edward the Black Prince, IV, p. 393, Tout,
Chapters, V, 432.
Ferré (Gui)
• ? Actif 1286-1320 (risques de confusion avec un
père homonyme jusqu'en
1299) Moor, LXXXI, p. 12
1300-01 - 12/03/1308-24/10/1309
Chev. puis ban. de l'Ht., 1285-6, Records of the
Household and of the Wardrobe
1285-6, n° 1073, 1182, 1721, 1725, 1805 etc.
Ferrers (John)
• 20/06/1271-t /08/1312, CP, V, 305-7.
24/01/1312- (28/10/1312)
Ec.,1297-1311 : 1306 connétable de l'armée royale.
Grey (John de)
• Actif 1233-1264 DNB.
24/08/1253-24/10/1253, RG, I, 2063-2064, 2107.
1243-1253, garde divers cht. (Peak, Gannoc,
Colchester, Northampton), CPR
1232-47, p. 367, CPR 1247-58, p. 98, 194, 301, 417 :
CCR 1247-51, p. 280
1242, Poitou, CPR 1232-47, p. 296, 302.
Grey (Richard de)
• 1281-2- f 1335 CP, VI, p. 124-125,
Moor, LXXXI, 152-3
1/04/1324 (-21/07/1324)
Ec, 1309-1323 (dont Bannockburn),
Ayton, Knights and Warhorses, p. 45, p. 68, 111.
Ban. de l'Ht par moments sous Ed. II, E101/375/4 fol.
llr (1312-3), parent de Nicholas de Grey, gagé très
régulièrement, ibidem et fol. 54 v et E101/376/7 fol.
122.
Halle (Frank de)
• Au service du roi d'Angl. 1345-1368,
R. Delachenal, Histoire de Charles V, Paris, 1916, II,
p. 197, CPR 1345-48, p. 128, 560.
20/06/1349-( 13/09/1350)
Cap. de Rochefort, 1347
Ban. et mar. de Henry de Lancastre en 1345-7, K.
Fowler, The King's Lieutenant: Henry of Grosmont,
First Duke of Lancaster, Londres, 1969, p. 184.
Harpenden (John de )
•Actif 1361-1390 ?, H. Beauchet-Filleau, Dictionnaire
historique et généalogique des familles du Poitou,
Poitiers, 1891, p. 712.
l/03/1385-(l/06/1390)
1361-9, cap. puis châtelain de Fontenay-le-Comte
Hastings (John de)
•6/05/1262-t 10/02/1312, CP, VI, p. 346-349 : Moor,
LXXXI, p. 193-5.
23/08/1302-1/08/1304
Galles, 1287, Ecosse, 1299 etc.
Haustede (John de)
• Actif 1300 ?- -f 1334, CP, VI p. 402-403.
24/02/1327- 29/06/1329
Ec, 1318 etc.
Gasc. 1324, BM Add. Ms. 7967, fol. 57
Familier du Prince de Galles,
E101/357/28 , file 2, 1298-9 : E101/
363/18, fol. 20r, 1302-3, E101/357/28.
Steward de l'Ht, 1322
Havering (John de)
•c. 1245-50-f 1309, CP, VI, p. 405-406 : Moor,
LXXXI, p. 207.
5/06/1289-22/03/1294 : 24/03/1305-2/08/1308
Wa. 1284 etc (connétable de Caernavon, juge de
Chester etc.)
Ingham (Oliver de)
• ? 1287-f 1344, CP, VII, p. 58-60 : Moor, LXXXI, p.
266-268 : DNB :
CIPM, Vni, n° 529, 530, 627.
7/101/1325-?: 29/06/1331-?: 27/04/
1339- ?.
Ec. avant 1311
Array 1321 etc, CPR 1321-24, p. 39, 40,
69, 174, 208, 212, 215, 247, 261, 264.
Mar. de l'ost du comte de Kent 1324, BM Add. Ms
7967
226 Françoise BÉRIAC-LAINÉ - Philippe CHALLET
Le Scrope (William)
• c. 1351-f 30/07/1399, CP, XH, p. 730, DNB, Tout,
Chapters, H, p. 463, m, p. 276, IV, p. 37, 64, 341
28/05/1383- (1/03/1385) - 1/06/1390- (24/04/1393)
Gardien de Bamburgh, CPR 1388-92, p. 429
Normandie 1369, Gasc. 1378 (avec Jean de Gand)
Blocus de Venise avec Charles de Durazzo
Cap. de Cherbourg, CCR 1385-89, p. 50 : CPR 138992, p. 56.
Chev. de la Chambre sous Richard II, Given-Wilson,
The Royal Household, p. 283
Lestrange (Fulk)
• c. 1277-t 1333-4, CP, XH-1, p. 342-3.
11/04/1322- (11/06/1323)
Ec. 1299, Gasc. 1294.
Montagu (William de)
•c. 1280-t 18/10/1319, CP, IX, p. 5 :DNB.
20/05/1318- 18/10/1319
Ec. 1302-4, 1313, à la tête des chev. du roi.
Wa. 1316 CPR 1313-17, p. 384
1316 Steward de l'Ht, Tout, Chapters, VI, p. 42.
Norwich (John de)
• c. 1300 ? -t 1362, DNB.
15/05/1338- (27/04/1339)
1336 amiral, CCR 1333-37, p. 607, 730
Ec. 1322 CPR 1321-24, p. 184
Pecche (Gilbert)
• c. 1270 ? -t 1322, CP, VI, 402-3, CP, IX, p. 336-337
18/07/1316-3/11/1317
Ec. 1298-1302. Wa. (1322)
Ban., 1315, E101/376/7 fol. 54., Steward de l’Ht, 1322
Radcliff(John)
• Actif 71404-1441
1/05/1423- ? 1440 ? (absent 1427-1431)
Calais, 1435 CPR 1429-35, p. 607.
Montres, array, CPR 1429-36, p. 72, 351.
Normandie 1418, Carte, Catalogue, I, 266
Gasc. 1419-23, Vale, English Gascony, p. 246
Chev. du roi, CPR 1416-22, p. 22.
Rampston (Thomas)
• c. 1395 ? -t 1458, DNB.
Av. 9/04/1440- ap. 14/07/1442
Azincourt etc (1415-1429) postes de cap. en France :
1438 lieutenant de Calais, CPR 1436-41, p. 139.
1419 Steward de l'Ht. et chambellan du duc de
Bedford
Saint-John (John de)
• Av. 1265 ? -t 1302, CPR, XI, p. 348-9, DNB, Moor,
LXXXIH, p. 175-7.
1/07/1294- 2/02/1297
Wa. 1277-1283
Ban. de l'Ht., Records of the Wardrobe and of the
Household 1285-6, p. XLII-XLIII.
Segrave (John)
• c. 1256- -t 1325, CP, IX, p. 295-298, DNB.
18/11/1324-?
Wa. 1277-1282 : Ec.1291-1322.
Array, CPR 1317-21, p. 460 : CPR 1321-4, p. 38, 39,
151, 212, 226, 261,
Stafford (Ralph)
• 1299-t 31/03/1372, CP, XH-1, p. 174-7, DNB.
23/02/1345- (22/03/1347)
Ec, 1327, 1338, Ayton, Knights and Warhorses , p.
177
Bret., ibidem, p. 263.
Stafford (Richard), frère cadet du précédent
•Actif 1334-1374, DNB.
1/07/1361- ap. .711/1361
Gasc. 1345 : 1346 Crécy etc. 1356 Poitiers
Chev. du Prince de Galles, R. Barber, Edward Prince
of Wales and Aquitaine, Londres, 1978, p. 114, 115.
Tiptoft (John)
• c. 1375- f 1443, DNB, Given-Wilson, The Royal
Household, p. 287 : J. S. Roskell, The Common and
their Speakers in English Parliaments, 1376-1523,
Manchester, 1965, p. 147.
8/05/1415- (1/05/1423)
1413 lieutenant de l'amiral d'Angl., CPR 1413-16, p.
116.
Array 1402-1405, CPR 1401-5, p. 138, 513, CPR
1405-8, p. 66
Chev. de la Chambre de Henry IV,
Speaker, (1406)
Trailly (John)
• 1356-1399. Given-Wilson, The Royal Household, p.
247 ; Register of Edward the Black Prince, IV, p. 339.
24/04/1393- 23/12/1399
Array, CPR 1381-85, p. 591, CCR 1385-89, p. 75.
Poitiers 1356
Chev. De Richard II
Vere (Robert de)
•Actif 1334-1374, DNB.
5/08/1441- (15/08/1442) - 15/11/1445- (18/10/1450)
Wisham (John)
• DNB
18/11/1324- (14/08/1325)
Array CPR 1321-24, p. 131, 212, 261.
1328-9, un des 15 ban. de l'Ht., E101/383/10
Woodville (Rochard)
• CP, 11. P. 19, DNB.
18/10/1450 (n’a pas exercé)
France 1429-39.
Chev. du roi CPR 1436-41, p. 314.
* CIPM: Calendars of Inquisitiones Post Mortem - Carte : T. Carte, Catalogue des Rolles Gascons, Normans et
François conservés à la Tour de Londres, Paris 1742.
Les dates d'exercice sont précédées d'un « • » ; si la seconde est entre parenthèses, il s'agit de la date de
nomination du successeur.
Ban. : banneret. Bret. : Bretagne. Cap. : capitaine. Chev. : chevalier. Cht. : château(x). Ec. : Ecosse. Gasc. :
Gascogne. Ht. : Hôtel. Mar. : maréchal. Wa. : Pays de Galles.