Final-corr-Compte---rendu-de-la-Rencontre-de-Munich-13-mai-2016
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Final-corr-Compte---rendu-de-la-Rencontre-de-Munich-13-mai-2016
Les autorités allemandes dans de bonnes dispositions à restituer le Tangué de Lock Priso Bell (Kum’a Mbape Bell) Compte-rendu de la Rencontre du Prince KUM’ A NDUMBE III avec les Représentants du Gouvernement et des Institutions allemandes au sujet de la Restitution du Tangué de Lock Priso Bell (Kum’a Mbape Bell) A Munich, Allemagne, le vendredi 13 mai 2016 Vendredi 13 mai 2016 à 14h-15H40 Sur invitation du Directeur Général de la Culture et de la Communication au Ministère des Affaires Etrangères de la République Fédérale d’Allemagne, Monsieur Dr. Andreas Görgen, le Prince Kum’a Ndumbe III, Professeur Emérite des Universités, s’est rendu à Munich avec une délégation internationale pour rencontrer les responsables ayant droit de décision sur la restitution du Tangué du Prince Régnant de Hickory Town (Bonabéri) Lock Priso Bell (Kum’a Mbape Bell) dérobé le 22 décembre 1884. La rencontre a eu lieu au Musée des Cinq Continents (ancien Musée Ethnographique) à Munich, le vendredi 13 mai 2016 de 14h15H40. Etaient représentés dans la Délégation allemande : Le Gouvernement de la République Fédérale d’Allemagne, à travers le Ministère des Affaires Etrangères, en la personne de Monsieur Michael Fabri, « Vortragender Legationsrat » du département « Protection et Restitution d’Objets Culturels », Le Gouvernement de l’Etat de Bavière à travers le Ministère pour la Formation, la Culture, la Science et les Arts, représenté par Monsieur Felix Kanbach, « Oberregierungsrat », Le Musée des Cinq Continents, à travers Madame Dr. Christine Kron, directrice, Monsieur Dr. Stefan Eisenhofer, chef du département Afrique au dit musée, Dr. Hilke Thode-Arora, chercheuse sur la provenance des objets au dit musée. 1 Etaient représentés dans la Délégation du Prince Kum'a Ndumbe III : Le Prince des Bele Bele Kum’a Ndumbe III, petit-fils de Lock Priso (Kum’a Mbape), « l’aîné des aînés des Bell », Professeur des Universités, spécialiste des questions de l’histoire des relations entre l’Afrique et l’Allemagne, Président du Comité international pour la restitution des œuvres de culte et d’art, manuscrits et documents africains (Cameroun), Prof. Dr. Blaise Alfred Ngando, Professeur d’histoire du droit à l’Université de Yaoundé II, avocat au barreau des Hauts de Seine à Paris, membre du Comité international pour la restitution des œuvres de culte et d’art, manuscrits et documents africains (Cameroun), Dr. Malte Jaguttis, Avocat au barreau de Cologne, juriste spécialisé dans les questions de restitution (Allemagne), Dr. Philippe Kabongo-Mbaya, Pasteur de l’Eglise Protestante Unie de France, ChâtenayMalabry, Vice-président de la Fondation AfricAvenir International (République Démocratique du Congo), Monsieur Lawrence Oduro-Sarpong, Berlin, membre du Conseil d’administration de la Fondation AfricAvenir International chargé de l’arbitrage et de la résolution des conflits (Ghana), Madame Mag. Ingeborg Mautner, superviseur du projet « African Collective Memory » de la Fondation AfricAvenir International, facilitatrice et traductrice (Autriche). L’objet de la rencontre Cette rencontre, sur invitation des autorités allemandes, avait pour objet d’étudier la possibilité et les modalités de restitution du Tangué, un objet sacré en bois forgé représentant une cosmologie complexe de la culture bantu. Cet objet symbolique appartenait en 1884 au « Janea Lasam », Lock Priso Bell (Kum’a Mbape Bell), Prince Régnant de Hickory Town (Bonabéri) dont le Prince KUM’A NDUMBE III est le petit-fils direct encore vivant, héritier légitime intronisé par les chefs de la famille régnante Kum’a Mbape en cette institution du pouvoir traditionnel le 5 avril 1981, intronisation confirmée les 16 et 18 janvier 1994 par toute la grande famille Bona Mbape Bell à Bonabéri, ancien Hickory Town et légalisée par l’administration et par voie de notaire. Le Prince Kum’a Ndumbe III réclame la restitution du Tangué en son nom propre et au nom de sa famille Bona Kum’a Mbape, famille de Lock Priso Bell dont il a hérité le trône. Le rappel des faits historiques Le refus de la colonisation par Lock Priso Bell fut articulé par cette lettre au consul intérimaire allemand le 28 août 1884 : 2 « Hickory Town, August 28th, 1884 PULL THAT FLAG DOWN... NO MAN BUY WE... GERMAN TROUBLE US PLENTY AND WANT TO GIVE US PLENTY DASH WE TELL THEM NO... LEAVE US FREE AND NOT MAKE US PLENTY TROUBLE. LOCK PRISO BELL » « Hickory Town (Bonabéri), 28 août 1884 Je vous prie de descendre ce drapeau... Personne ne nous a achetés... Les Allemands nous causent beaucoup de tort et voudraient nous corrompre par beaucoup d’argent, nous leur avons dit non... Je vous prie de nous laisser notre liberté et de ne pas apporter du désordre chez nous. Lock Priso Bell » La réaction allemande ne se fit pas attendre et l’histoire du Tangué commença ainsi : Le 22 décembre 1884, le Consul intérimaire allemand Max Buchner dérobe le Tangué du palais de Lock Priso (Kum’a Mbape) juste avant le bombardement de celui-ci et de l’occupation militaire de Hickory Town (Bonabéri). Max Buchner deviendra deux ans plus tard Conservateur de ce Musée Ethnographique de Munich de 1886 à 1907, musée rebaptisé aujourd’hui en Musée des Cinq Continents. C’est lui qui déposera ce Tangué de Lock Priso Bell, beau butin de guerre, comme « cadeau » dans ce musée. Le Tangué fait l’objet d’une revendication récurrente dans la presse aussi bien en Afrique qu’en Allemagne et dans le monde Le Consul intérimaire Max Buchner ainsi que le chef de la marine militaire allemande Eduard von Knorr insisteront dans leurs rapports au gouvernement du Reich allemand qu’ils ont fait la guerre contre Lock Priso Bell parce que celui-ci refusait de signer le traité de protection imposé par l’Allemagne. « Lock Priso de Hickory Town... en son temps notre principal ennemi et initialement principal résistant de notre prise de pouvoir... Que nous lui avons brûlé son village et y abattu quelques gens, oui que nous ayons vraisemblablement pu l’exécuter lui-même s’il était tombé à temps entre nos mains, oublier cela ne lui réussira que lentement. » (Buchner, Max, Kamerun. Skizzen und Betrachtungen. Leipzig 1887) « J’ai donné l’ordre de brûler Hickory parce que le Dr. Buchner m’a appris que la tribu Hickory et surtout le chef Lock Priso était l’ennemi le plus puissant et le plus dynamique contre la cause allemande au Cameroun et qu’il avait déjà amené les chefs Joss (Bona Priso) à se rebeller contre le traité de protection (Traité germano-camerounais du 12 juillet 1884)… J’avais programmé la destruction de Hickory Town et le bannissement du reste de la tribu 3 ennemie pour le lendemain. » Rapport de Ernst Wilhelm Eduard von Knorr, Contre-amiral et chef d’escadron de la marine allemande sur le fleuve Kamerun (fleuve Wuri), 25 décembre 1884. Max Buchner: « Le palais de Lock Priso est mis à sac. Une belle image bien émouvante. Nous y mettons le feu. Mais j’ai demandé aux soldats de me laisser d’abord inspecter les différentes maisons à la recherche de curiosités ethnographiques. Mon butin le plus précieux, c’est une grande sculpture, la proue princière de la pirogue (Tangué) de Lock Priso qui devra aller à Munich. » (Buchner, Max, Aurora Colonialis. Bruchstücke eines Tagebuches aus dem ersten Beginn unserer Kolonialpolitik, 1884-1885. München 1914) Le déroulement de la rencontre de Munich Lors de cette rencontre de Munich du 13 mai 2016, le Prince KUM’A NDUMBE III et sa délégation ont été bien accueillis. Car, pour une première prise de contact directe depuis la revendication de restitution par le Prince en 1991, donc depuis 25 ans, l’ambiance de courtoisie sincère a caractérisé la réunion qui avait démarré par une retenue compréhensible de part et d’autre. Pour le Prince Kum’a Ndumbe III, la restitution du Tangué est importante pour l’histoire d’aujourd’hui afin de renforcer, voire d’inaugurer, une image nouvelle de dialogue, de compréhension et de coopération entre les Camerounais et les Allemands, les Africains et les Européens. Dans un monde particulièrement troublé aujourd’hui, il serait souhaitable que les relations de l’Europe avec l’Afrique veuillent témoigner d’un autre vivre ensemble pour les générations futures. Le Prince Bele Bele a mis en garde contre l’indifférence ou la volonté de continuer sur les bases anciennes. La restitution du Tangué devrait être un gage d’une bonne volonté pour le changement de relations qui s’impose. Prince Bele Bele titulaire d’un baccalauréat obtenu à Munich même, en Bavière en 1967 et d’une habilitation à diriger les recherches à Berlin en 1989, chercheur chevronné sur les relations entre l’Allemagne et l’Afrique depuis 1970, donc depuis 46 ans, auteur de plus de 13 livres en langue allemande, auteur de plus de 40 autres livres en français, en anglais et en duala, il ne cesse de construire le pont entre le Cameroun et l’Allemagne, l’Afrique et l’Europe et continue à fournir des possibilités de formation scientifique et d’épanouissement individuel à des jeunes Allemands et Européens dans le cadre de la Fondation AfricAvenir International à Bonabéri (Hickory Town) même depuis 1993. Il offre à l’Allemagne la possibilité de poser un geste fort de réconciliation menant à la sauvegarde d’une paix durable entre les peuples africains et européens. La Bibliothèque de l’Etat de Bavière affiche plus de 20 publications du Prince depuis 1970, celle de l’Université de Francfort/Main renvoie à plus de 60 publications du Professeur des Universités et Prince Kum’a Ndumbe III, sans compter les émissions de radio et de télévision sur les chaînes allemandes et les rituels princiers de commémoration reportés par les 4 télévisions camerounaises et reprises sur YouTube. Les Allemands savent donc depuis longtemps que le Prince Kum’a Ndumbe III est le successeur de Lock Priso Bell. Un pont n’est cependant possible que si la volonté avérée se trouve des deux rives du fleuve. Les représentants allemands ont réagi d’une manière positive, en insistant sur la procédure nécessaire afin que le Tangué soit restitué. Le gouvernement fédéral a aussi insisté sur la souveraineté de l’Etat de Bavière en matière culturelle, donc aussi dans le cadre de la restitution du Tangué. Les échanges francs ont permis un consensus sur l’engagement à poursuivre pour cette restitution du Tangué, le représentant de l’Etat de Bavière indiquant que des objets d’arts ont été rendus, surtout dans le cadre des objets dérobés pendant la Deuxième Guerre mondiale, mais qu’il manquait encore d’expérience pour la restitution des objets d’arts issus de la période coloniale. La Déclaration de la Conférence de Washington du 3 décembre 1998 avec ses onze principes orientent aussi le gouvernement de l’Etat de Bavière ainsi que le Musée des Cinq Continents. Pour le Tangué, il sera nécessaire de prendre les précautions et les garanties concernant la revendication légale de la propriété. Les documents permettant d’établir la preuve de propriété devront être fournis par l’ayant droit, pour que l’on sorte de cette « pomme de discorde sur le Tangué » et « que le Tangué rentre là où il se doit ». Le Dr. Me Malte JAGUTTIS, avocat spécialisé en la matière et conseil du Prince KUM’A NDUMBE III, a pris acte de cette position et s’est déclaré prêt à fournir au gouvernement allemand les documents nécessaires sur la propriété du Tangué de Lock Priso lors d’un processus fairplay et cadré juridiquement, et lorsque la partie allemande précisera la nature de ces documents. La Directrice du Musée des Cinq Continents annoncera qu’un nouveau groupe venant de Douala au Cameroun se serait récemment constitué et aurait déjà été invité pour discuter du Tangué de Lock Priso au Musée à Munich. Que des groupes se réveillent aujourd’hui après une revendication de plus de 25 ans du Tangué par le Prince ne l’impressionne pas. L’histoire se répète. Quand Lock Priso a refusé de signer le traité avec l’Allemagne, ce sont d’autres rois duala qui ont été mobilisés contre lui pour tenter de le neutraliser: « Le capitaine de vaisseau Karcher a par la suite… fait appeler King Akwa et l’a obligé à s’engager immédiatement avec ses hommes à la capture des deux chefs Hickory. » Rapport de Ernst Wilhelm Eduard von Knorr, Contre-amiral et chef d’escadron de la marine allemande sur le fleuve Kamerun (fleuve Wuri), 25 décembre 1884. Depuis 2012, certaines personnes seraient encouragées à revendiquer elles aussi le Tangué ou à déclarer que son retour au Cameroun ne serait pas nécessaire. Ces précisions ont trouvé une bonne écoute de la partie allemande présente à cette rencontre qui s’est montré sincère dans la disposition de restitution du Tangué entre les mains du propriétaire légitime. 5 Les résultats de la rencontre de Munich Pour les deux délégations, il y a l’acceptation du processus de dialogue et d’une meilleure compréhension mutuelle, la volonté des responsables allemands étant orientée dans le sens favorable à l’importance de l’objet sacré, de sa portée symbolique et politique. L’ensemble de cette négociation devra s’entourer d’un grand sens de responsabilité à la fois vis-à-vis de l’histoire humaine, de l’histoire du Tangué et de son intégrité comme objet sacré à respecter. S’exprimant au nom Prince KUM’A NDUMBE III, le Professeur Alfred NGANDO a souligné avec clarté admirable l’acquis majeur incontestable de cette première rencontre. C’est le lien de confiance réciproque qui s’est instauré, le respect mutuel qui a été établi, permettant à chaque partie de reconnaitre l’autre comme l’interlocuteur valable. Sur cette base, l’échange d’informations et de documents concernés n’en sera que plus facilité. Le résultat incontestable de la rencontre aura été l’écoute réciproque, le sentiment de reconnaissance mutuelle. La légende placée à côté du Tangué dans le hall d’exposition indique déjà clairement que l’objet sacré est « revendiqué par un membre de la famille Bele Bele ». Cette mention, qui précise bien le statut du Tangué, était bien différente par le passé. La délégation internationale accompagnant le Prince et Professeur KUM’A NDUMBE III a été particulièrement sensible à une marque de bonne foi des responsables des gouvernements de l’Allemagne Fédérale, de l’Etat Libre de Bavière et du Musée des Cinq Continents. Blaise Alfred NGANDO Professeur d’Histoire du Droit Université de Yaoundé II (Cameroun) Philippe KABONGO-MBAYA, Pasteur Vice-président de la Fondation AfricAvenir International (France/RDC) 6