Fiche - La philosophie de l`esprit
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Fiche - La philosophie de l`esprit
Fiche - La philosophie de l’esprit - 2 (le langage) I - Les animaux ont-ils un langage ? A/ Les animaux sont capables de communiquer 1/ La communication en milieu naturel ● Par quels moyens ? Communication visuelle (postures, mimiques, couleur), sonore (cris, chants, vocalisation), chimique (odeurs, phéromones), tactile (caresses, épouillage). ● Que communiquent-ils ? Une information à propos du monde extérieur (présence de nourriture, présence d'un prédateur) / Une information à propos de l'individu lui-même (une caractéristique, un état temporaire, une disposition). ● Quelques exemples particuliers : le poisson qui imite la danse du poisson nettoyeur et communique ainsi une information fausse afin de l'attaquer, la queue du paon comme signal de la valeur adaptative du mâle (théorie du handicap). Exemple le plus important : la danse des abeilles. 2/ La communication animale en laboratoire ● Récapitulatif des travaux sur les singes (exemple principal : Kanzi). ● Exemple d'Alex le perroquet. B/ Les spécificités du langage humain 1/ Point de vue de l'émetteur ● La distinction signal/signe (Benveniste). Bergson : "Le signe instinctif est un signe adhérent. Le signe intelligent est un signe mobile." 2/ Point de vue du signe lui-même ● 1er niveau d'organisation : les phonèmes. La phonologie structurale (Jakobson) ● 2e niveau d’organisation : les morphèmes. ● 3e niveau d’organisation : la syntaxe. La grammaire générative de Chomsky 3/ Point de vue du récepteur ● Trois types de signes (Peirce) : indices, icônes, symboles ● Le langage est fondé sur l'arbitraire du signe (Saussure), même si les sons ont un pouvoir évocateur ("milimi" & "takata", Baudelaire : "quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle", Rimbaud : "élans" / "selon" ; Mallarmé : jour / nuit). ● Insuffisance du modèle du code. Pour comprendre le sens, il faut : interpréter, faire des hypothèses, des inférences, en fonction d'un contexte, d'une situation. La communication humaine, même quand elle n'est pas linguistique, repose sur un tel processus. Exemple de l'appel de phare (plusieurs sens possibles selon le contexte). ● Complexité de la communication humaine. Distinction de la signification naturelle et de la signification non naturelle selon Grice. 3 niveaux de significations : 1/ signification sans intention de signifier, 2/ signification avec intention de signifier, mais sans intention que cette intention de signifier soit reconnue comme telle, 3/ signification avec intention de signifier, et avec l'intention que cette intention de signifier soit reconnue comme telle. => La communication humaine fait appel à des représentations d'ordre supérieur (le locuteur a l'intention que l'interlocuteur reconnaisse que le locuteur a l'intention que l'interlocuteur croit que p). ● Comment comprendre l'intention du locuteur ? Grice : La compréhension de l'implicite et des présuppositions dans la conversation ordinaire. Le principe de coopération et les quatre maximes de la conversation. II - Comment concevoir la relation entre le langage et la pensée ? A/ Le langage comme expression imparfaite de la pensée 1/ Le langage comme moyen d'expression des pensées ● Platon : la pensée comme dialogue de l'âme avec elle-même. La critique de l'écriture. ● Hobbes : le langage comme transformation du discours mental en discours verbal (intériorité de la pensée / signes extérieurs, privé / public) ● Le langage ici : un moyen de communication, un canal par lequel on fait passer une idée d'un esprit à un autre, un outil de transmission. ● Autre fonction du langage : enregistrer la pensée, externaliser la mémoire. Locke : le langage comme marque sensible de nos idées. Pistes de réflexion sur l'esprit étendu et la question de savoir si l'externalisation des fonctions de la pensée augmente ou diminue nos capacités de penser. ● Ici : la pensée préexiste au langage. Mais quelle est la nature de la pensée ? Si elle préexiste au langage, pourquoi la concevoir comme un *discours* mental, comme un *dialogue* intérieur ? 2/ La pensée a-t-elle elle-même la forme d'un langage ? ● 2 possibilités : existence d'un langage de la pensée / pensée non discursive, mais intuitive. ● Bergson : le langage comme système d'étiquettes abstraites & générales. ● Autre analyse de l'idée que le langage ordinaire est une expression imparfaite de la pensée : la pensée comme discours mental, et non plus comme intuition. ● Analyse de la notion de langage mental à partir d'Ockham. La recherche d'un langage idéal (questions de l'équivocité, des synonymies ; quelles sont les caractéristiques des langages conventionnels qui existent dans le langage de la pensée ? Exemple à partir des noms et des verbes) ● Comparaison avec le projet d'une analyse logique du langage : Frege, Russell. L'analyse des descriptions définies par Russell. Distinction entre la grammaire apparente et la forme logique. B/ Mais le sens de ce que nous disons se trouve-t-il vraiment dans nos représentations mentales ? 1/ Sens et représentations mentales. La conception internaliste de la signification ● Locke: “Les idées qu’on désigne par les mots sont ce qu’ils signifient proprement et immédiatement”. Comprendre le sens : se former une représentation mentale dans son esprit de ce qui est dit. ● Critique générale de la conception internaliste de la signification : 1/ si le sens des mots réside dans des idées privées, comment la communication est-elle possible ?, 2/ si le sens des mots réside dans des idées, d'où vient le sens de ces idées ? N'est-ce pas une simple manière de déplacer le problème ? 2/ Sens et usage. L'externalisme social ● Comprendre le sens d’une expression c’est d’abord savoir l’utiliser correctement. Wittgenstein “le sens, c’est l’usage”. Le sens et les règles. Contre l'internalisme de la signification : l'externalisme social. 3/ Sens et conditions de vérité. L'externalisme physique ● Comprendre le sens d'une expression, c'est comprendre comment elle se rapporte à la réalité. Wittgenstein : "comprendre une proposition, c'est savoir ce qui advient si elle est vraie". Sens et conditions de vérité. Schlick : "la signification d'un énoncé, c'est sa méthode de vérification". La critique de la métaphysique par Carnap. Évocation de l'externalisme physique. C/ Le langage n’est-il pas en partie constitutif de la pensée ? 1/ Critique de l'idée d'un langage mental universel ● L'hypothèse de Sapir-Whorf : relativisme linguistique, déterminisme linguistique. ● La critique de cette hypothèse : a/ critique de l'idée d'un flux d'impressions qui seraient ensuite organisé par le langage, b/ critique des exemples de Whorf (sur la couleur, le temps) ● Des exemples qui semblent vérifier une hypothèse d'un déterminisme linguistique faible (l'espace et l'action dans l'espace [Soonja Choi & Melissa Bowerman à propos d'expériences de catégorisation avec des enfants anglais et des enfants coréens], les nombres [le langage des Pirahãs]). ● Les enjeux politiques de la question. Orwell, 1984 : la novlangue. Application au langage politique (euphémisation, inversions de sens, neutralisation du sens). La question de la diversité des langues et de l'unification linguistique. 2/ Critique de l’idée d’une pensée intuitive ● La critique de Hegel : "c'est dans les mots que nous pensons". L'intuition, c'est de la pensée obscure, à l'état de fermentation. Exemple : critique de la certitude sensible par Hegel, de l'impression de richesse du contenu de la perception qui n'est en fait qu'une pauvreté de contenu (exemples en science : le microscope, l'imagerie médicale, le paysage ; exemples en art). Besoin d'un langage pour exprimer une véritable pensée, riche en contenus.