Marie Rose Moro

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Marie Rose Moro
Marie Rose Moro
Psychiatre d'enfants et d'adolescents, psychanalyste, Docteur en médecine et en
sciences humaines, de formation philosophique, Marie Rose Moro est aussi auteur
de plusieurs livres. C'est la chef de file actuelle de l'ethnopsychanalyse et de la
psychiatrie transculturelle en France. Son livre « Nos enfants demain, pour une
société multiculturelle », aux éditions Odile Jacob défend la nécessité d'accueillir les
enfants de migrants en apprenant à écouter et comprendre la culture de leurs
parents. Marie Rose Moro travaille avec les enfants de migrants à l'hôpital Avicenne
à Bobigny où elle est chef du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent ;
elle est aussi chef de service de la Maison des adolescents de Cochin, Maison de
Solenn (AP-HP) à Paris, psychiatre au sein de l'ONG Médecins Sans Frontières,
fondatrice et directrice scientifique de la revue "L'autre, Cliniques, Cultures et
Sociétés" et présidente et fondatrice de l'Association Internationale
d'EthnoPsychanalyse (AIEP).
Son métier de psychanalyste est très lié à son histoire personnelle d'enfant de
migrant puisqu'elle est arrivée en France en 1962, à l'âge d'un an. Elle a suivi sa
scolarité dans l'est de la France. Son père a quitté sa Castille natale pour un village
des Ardennes, en travaillant comme bûcheron. Sa mère parle toujours très peu le
français. Elle fait partie d’une fratrie de cinq enfants qui ont tous menés de brillantes
études. C’est son père qui a voulu qu’elle soit « docteur » pour ne pas avoir la même
vie dure d'exilé. C’était pour lui le métier le plus important, ce qui permet une action
sur le monde. Elle est donc devenue « docteur » en psychiatrie. Elle a notamment
appris la psychiatrie du jeune enfant auprès de Serge Lebovici, et les principes de
l'ethnopsychiatrie avec Tobie Nathan (qui fut aussi élève de Lebovici). Ses
recherches l'ont menée à théoriser la vulnérabilité et les besoins spécifiques des
enfants de migrants. Elle a ensuite crée (avec Serge Lebovici et Tobie Nathan) une
unité de soins transculturels destinée aux familles migrantes et leurs enfants en 1987
à l’hôpital d’Avicenne, l’hôpital universitaire de Bobigny en Seine-Saint-Denis, c'était
alors le premier dispositif de la sorte. En 2008, elle a élargi ce dispositif au cœur de
Paris, en installant une consultation transculturelle à la Maison des adolescents de
Cochin-Port Royal. Dans ses consultations, la langue et la culture des patients sont
utilisées pour soigner. Les métissages, le bilinguisme, la connaissance des cultures
traditionnelles sont utiles pour comprendre les traumatismes psychiques des enfants
d'immigrants. Marie Rose Moro défend la nécessité de valoriser toutes les langues
maternelles des migrants. Par exemple, pourquoi demander à ces enfants d'étouffer
leur wolof maternel quand le bilinguisme (notamment l'anglais) est mis en valeur à
l'école ? En France la diversité continue aujourd’hui d’être essentiellement vue
comme un obstacle. La multiplicité, le métissage, le changement, le transitoire ou la
différence par rapport à la majorité sont, selon Marie Rose Moro, engoncés dans des
normes alors que les situations des migrants sont plurielles.