Gros mots, grossiéreté et grotesque dans Voyage au bout de la nuit

Gros mots, grossiéreté et grotesque dans Voyage au bout de la nuit de Céline
Ilham Slim-Hoteit (Université Libanaise)
Céline introduit dans Voyage au bout de la nuit non seulement l'argot, mais la langue telle
qu'elle est réellement parlée, vécue, un flot de gros mots sauvage et grossier envahit le roman , le
héros Bardamu fait l'expérience de la guerre, de l'horreur et surtout du grotesque de l'existence.
« Je ne me réjouis que dans le grotesque aux confins de la mort. Tout le reste m’est
vain ». disait Céline dans une lettre à Léon Daudet. C'est dans la proximité de la mort que se
situe le grotesque : le roman se constitue ainsi autour de très nombreuses scènes d’agonie, des
fonctions corporelles, et des rapports sexuels, des fonctions excrémentielles ainsi que des
fonctions digestives, des crises de vomissement de tel ou tel personnage malade sous le choc de
la guerre, pendant la traversée de l’Atlantique, ou sous l’effet de la fièvre des tropiques.
Ma communication vise à montrer que l’omniprésence des fonctions du corps, de la
sexualité et de la mort dans le texte relève d’une Vision comique qui passe essentiellement par le
corps et sa déchéance : le noble, le haut, tout ce qui serait supérieur, sérieux, la guerre, l’amour,
la mort, sont vus ainsi par le regard du bas, du vil, de l’inférieur, et finalement du ridicule pour
être ramené au grotesque du sexe, de la nourriture, de l’excrément. Dans ce geste rabaissant se
trouve souligné l'animalité de l'Homme .C’est ce qu’illustrent les innombrables rapprochements
des hommes avec les chiens en particulier…
Le Voyage au bout de la nuit présente ainsi un monde étrange, dont on perçoit le
grotesque dans les détails du texte et de l’intrigue et dans la peinture des détails de ce monde,
diverses figures de style (syllepses, hyperboles, etc.) et tropes (comparaisons, métaphores) jouent
un rôle important en introduisant le glissement au monde grotesque par diverses déformations et
grossissements saisissants de la réalité.