L`AUBRAC…
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L`AUBRAC…
L’AUBRAC… "L’Aubrac, on y est dans l’air. Jamais je n’ai eu ailleurs un tel sentiment d’être au milieu de l’air. Je ne sais pas : c’est le site sans doute, Ses longs pacages nus, et pas un arbre, A peine de loin en loin de curieux hérissons de basalte : Des bandes de montagnes et des bandes de vaches qui vaquent sans chiens Entre d’interminables cordons de pierres grises ; Des vaches d’un blond quelque peu âcre de gentiane et de silex, Et qui, avec leurs grands yeux charbonnés de mauvaises femmes, Ont plus de regard que les autres vaches… C’est cela, et puis surtout c’est ce cristal, Ce goût cru du vent, d’herbes amères, d’eau de neiges, un goût d’espace… Oui, ses clartés, ses solitudes… Et ses rivières pavées où l’eau glacée de truites court sur des hexagones de basalte… Difficile de dire… Mais l’Aubrac ! Ah ! L’Aubrac !... " Henri Pourrat "Une attraction sans violence, mais difficilement résistible, me ramène d'année en année, encore et encore, vers les hautes surfaces nues – basaltes ou calcaires – du centre et sud du massif : l'Aubrac, le Cézallier, les Planèzes, les Causses. Tout ce qui subsiste d'intégralement exotique dans le paysage français me semble toujours cantonner là : c'est un morceau de continent chauve et brusquement exondé qui ferait surface au-dessus des sempiternelles campagnes bocagères qui sont la banalité de notre terroir. Tonsures sacramentelles, austères, dans notre chevelu arborescent si continu, images d'un dépouillement presque spiritualisé du paysage, qui mêlent indissolublement, à l'usage du promeneur, sentiment d'altitude et sentiment d'élévation". Julien Gracq "Ces plateaux sont les véritables sanctuaires de la vie pastorale. Le gazon inculte qui revêt ces régions fraîches s'accumule en croûtes profondes sur lesquelles, chaque printemps fait fleurir un herbage nouveau. Les troupeaux vivent là quatre mois de l'année, en plein air. Leurs gardiens s'installent dans des chalets qu'on appelle des burons. On marche sans danger mais non sans fatigue dans ces pâturages gras et mous, sous lesquels chuchotent au printemps des ruisselets perdus sous la tourbe". George Sand COMPLAINTE DE L'AUBRAC (auteur inconnu) L'AUBRAC (auteur inconnu) L'Aubrac, vaste plateau à la bruyère rousse, Sur tes mornes coteaux pas un arbre ne pousse. Ta nudité s'étend jusqu'à l'horizon même, Grand pays du vent, sais- tu combien je t'aime. Aubrac, aux grands troupeaux de belles vaches brunes Aubrac, aux grands ruisseaux scintillants sous la lune Par une nuit d'été terriblement belle L'air de ta beauté m'a frôlé de son aile. Sais-tu, bel enchanteur, que l'air pur de tes cimes A su prendre mon cœur au-dessus d'un abîme. Et que, plus près du ciel, dans ton désert immense, J'ai senti l'éternel planer sur ton silence. LE SOUFFLE DE L'AUBRAC (auteur inconnu) Une forteresse naturelle, un désert. Le ciel, le minéral, le végétal, ici tout vous ramène à l'essentiel. Tant pis pour les extravagances et les amateurs de facilité : la magie de l'Aubrac ne se donne qu'a celui qui s'y adonne. Il suffirait pourtant d'écouter, d'observer, de respirer. La profondeur du silence. La lumière enivrante. Le vent mêlé des pâtures. Alors ? Alors seulement, grisés, sous le charme, le beau et le bon nous reviennent à la mémoire. L'esprit et le corps régénérés, nous voilà redevenus sensibles. S'il est vrai que mon herbe est plus verte, S'il est vrai que mes horizons sont reposants, S'il est vrai que je suis généreux et abondant, Il est encore plus vrai que j'ai, en mon cœur, des milliers de fleurs ! Ma neige est plus blanche car éphémère au printemps, Mes veines sont les boraldes qui coulent aux océans, De mes burons sont nés des caractères à la poigne franche, Et je suis persuadé que quelquefois dans le grand calme de mes forêts, Le dessein de Dieux vient se poser. Il est vrai aussi, que vos pas marquent la rosée, Dans le profond de mes pensées. Asseyez-vous,…et regardez : Humez, respirez, écoutez, dans le léger de mes bruyères, Vous entendez les cerfs bramer. Et si vous pincez entre vos doigts, une racine de gentiane, Vous cueillerez un parfum inconnu. Si vous tournez la tête au levant, un soleil brillant vous aurez vu ! Vous êtes assis, vous me respirez, vous me vivez, Je suis votre poumon, je suis votre vie, Je suis le fruit à venir pour vos enfants demain. Alors écoutez, du plus profond de mon être, Je vous demande ici, De me protéger et de me faire protéger. Lourde charge que de se faire aimer, Votre amour peut bien s'étonner, vous surprendre, Et enfin nous garder.