V8 Soliman le magnifique

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V8 Soliman le magnifique
V8
SOLIMAN
1494 – 1566
Soliman le Magnifique, pour les Occidentaux – Soliman le Législateur pour les Turcs.
Soliman est le deuxième sultan de la dynastie ottomane. Fils de Selim Ier, il est né à
Trébizonde en 1494. Sa mère, Hatun, est la fille du Khan des Tartares de Crimée, il a donc du
sang de Gengis Khan dans les veines puisque les Khans de Crimée descendent de Djöchi, fils
aîné du Conquérant.
Il passe son enfance et son adolescence auprès de son père en Crimée et en Syrie et monte sur
le trône en 1520, sans rencontrer d’opposition car reconnu depuis longtemps comme prince
héritier, même s’il dut faire face à des révoltes en Syrie et en Egypte.
Le règne de Sélim Ier est marqué par la terreur. Soliman fit preuve de clémence : abrogation
des mesures arbitraires de son père. Il fait savoir que l’Empire sera gouverné de main ferme
mais juste, « sans justice, pas d’Etat ». Il est libéral avec les étrangers, ainsi qu’avec les Juifs
et les Chrétiens, 40% de la population (dont 30% de Chrétiens) sont non Musulmans. Il
s’entoura de vizirs compétents qu’il surveilla de près (Ibrahim Pacha mort en 1536 fut le plus
célèbre). Il ne toléra aucune velléité d’indépendance de la part de ses fils et fit exécuter
Moustafa et Bayezid, peut-être sous l’influence de son épouse Roxelane qui voulait que son
fils (Selim II) puisse accéder au trône.
Il fait triompher le sunnisme en tant que « Commandeur des Croyants, Protecteur des Villes
Saintes par la volonté de Dieu » et combattit avec ardeur et violence le chiisme, ce qui motiva
ses nombreux conflits avec les Perses Safavides.
Durant son règne, il mena treize expéditions : dix en Europe et trois en Asie.
En Europe, il s’attaqua particulièrement, à plusieurs reprises dès 1521, à la Hongrie et aux
Autrichiens (victoire de Mohacs en 1526 et prise de Buda). Il entreprit le siège de Vienne en
1529 et son échec est dû plus aux conditions climatiques qu’à la prouesse des généraux de
l’Europe qui ne purent s’entendre. Ce n’est qu’en 1568 qu’une paix fut signée entre
Autrichiens et Ottomans.
L’Europe est en ébullition. Les Princes protestants bénéficient de la lutte entre Soliman et
Charles Quint qui ne put les exterminer et dut, par le Traité d’Augsburg, accepter l’existence
du protestantisme en Allemagne. François Ier tire bénéfice de l’action de Soliman contre
Vienne. Charles Quint veut la paix pour pouvoir coaliser l’Europe contre le Turc qui ne cesse
d’intervenir tant sur terre que sur mer pour obliger Charles Quint à disperser ses forces sur les
différents champs de bataille.
Soliman encourage les activités de Barberousse en Méditerranée et sur les Côtes d’Afrique du
Nord pour fixer la flotte espagnole loin de la Méditerranée orientale, et dès 1536, François Ier
s’allie avec Soliman pour organiser un front sur mer. Tunis devient une base en Méditerranée
centrale.
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Il y a échanges diplomatiques entre la France et l’Empire Ottoman. Dès la première
ambassade à Istanbul, Jean de la Forest, a prééminence sur tous les autres représentants.
L’Europe se dresse contre François Ier et on parle même de l’excommunier. Mais le Pape s’y
oppose.
Soliman confirme les privilèges accordés par les Mameluks aux Français résidant en Egypte,
préfiguration des Capitulations (liberté de circuler, de commercer, juridiction des consuls sur
les ressortissants français, droit d’entretenir les églises).
Soliman s’est également attaqué en 1522 aux Chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean-de
-Jérusalem qui durent, après un siège de six mois, partir s’installer à Malte.
En 1536, c’est l’apogée du règne de Soliman. Après la prise de Bagdad en 1534, il assure sa
protection sur tout l’islam pour affirmer l’universalité de la Maison d’Osman. L’Empire
Ottoman connaît la plus grande extension territoriale et sa plus forte influence en Europe, au
Proche Orient et en Méditerranée centrale.
Sur le plan intérieur, il organise et améliore l’administration des provinces, surtout en raison
de l’étendue de l’Empire. Il surveille les finances, recrute et entretient l’armée et la marine. Il
attache une grande importance au commerce (poivre, soie) et à son contrôle. Sous son règne,
il y a un millier de corporations qui créent de l’entraide.
Sur le plan de l’art, la période a été brillante. C’est l’époque de Fouzouli et Baki comme
poètes. Des cercles poétiques voient le jour et lui-même composa des vers. Des artistes
peintres de miniatures, des portraitistes, des calligraphes résident à la Cour.
Aidé par Sinan, né en 1491, d’origine grecque ou de Cappadoce, il a conçu un vaste
programme de constructions : Sainte Sophie influencera Sinan pour la mosquée de Shahzadé
et la Suleymaniye à Istanbul, la mosquée Selim à Edirne, et celle de Konya avec le couvent,
près du tombeau de Rumi.
Les céramiques, plats, vases, aiguières, sont fabriqués à Iznik, représentant d’abord des décors
géométriques et épigraphiques, puis plus tard des fleurs (jacinthes et tulipes) de couleurs bleu
foncé, turquoise, vert pistache, jaune, sans oublier les faïences de Nicée avec le « rouge
tomate ».
On peut parler aussi du théâtre d’ombres et de marionnettes, très nouveau dans le monde
islamique.
Le règne de Soliman est considéré comme l’Age d’Or de l’Empire Ottoman. Et pourtant, sur
le plan intérieur, l’inflation est importante, les campagnes se dépeuplent. Sur le plan de l’Etat,
les favoris et les femmes prennent une influence grandissante.
Mais sur le plan international, la Méditerranée, à sa mort en 1566, est un lac turc. L’Empire
est le plus peuplé (35 millions d’habitants), le plus puissant militairement et le plus étendu.
L’Europe est sur la défensive.
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