1 N`GOLA N° 8 EDITORIAL "SOUS LE SIGNE DE LA
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1 N`GOLA N° 8 EDITORIAL "SOUS LE SIGNE DE LA
N’GOLA N° 8 EDITORIAL "SOUS LE SIGNE DE LA RECONNAISSANCE ET DE LA CONSOLIDATION" L'Assemblée générale du 9 décembre 1995 qui s'est tenue à Fribourg a été marquée par un double événement: la fin du mandat de l'ancien Comité Exécutif et l'élection du nouveau. Comme pareille circonstance, un tel événement suscite toujours une réflexion sur le passé, le présent et l'avenir de l'Association. Plusieurs questions passent dans les têtes des gens. Certains membres mettent l'accent en priorité sur le bilan des anciens responsables, d'autres se posent des questions sur l'avenir de notre Association notamment sur la capacité des successeurs d'assumer la relève. S'il est légitime dans un groupe social comme le nôtre que les membres se posent toutes ces questions, il est tout autant légitime et même plus important que notre attention se focalise surtout sur ce que nous sommes capables de réaliser ensemble. Une des fonctions premières d'une Association, c'est la recherche d'un idéal commun. Cette recherche implique nécessairement la reconnaissance des qualités individuelles s'inscrivant dans une action collective. Tout ce qui se fait, est fait par l'Association - pour l'Association; donc pour ses membres. C'est pourquoi, tout le MERITE est d'abord pour eux. C'est grâce à la participation de tous que cette année qui se termine était très riche en événement: l'entrée pour la première fois d'une dame au Comité Exécutif est l'expression populaire et volontariste d'intégrer la sensibilité féminine dans l'exécutif de l'Association pour lui donner une dimension nouvelle; la création du Centre d'Etudes pour le Développement de l'Angola (CEDA) est le signe de l'engagement des Angolais de Suisse pour le développement économique, social et culturel de leur pays; l'intégration de "Ajuda para Angola" (APA) de Lucerne au sein de l'Association est la confirmation du caractère humanitaire de notre Association; la création de la Commission Féminine dans la Section de Genève symbolise le nouvel esprit de l'engagement des femmes à toutes les activités communautaires. Ces femmes pourront ainsi s'impliquer pleinement à notre action associative en jouant leur noble rôle social. La dynamique du renouveau que nous avons engagée il y a deux ans a redonné confiance, fierté patriotique et ressuscité un engouement qui nous a permis de réaliser un certain nombre d'objectifs. La transformation structurelle de notre Association a très largement contribué aux succès de ce que nous avons obtenu durant cette année. Cela a permis de canaliser les synergies afin de regarder l'avenir avec sérénité et détermination. Il est donc important de mieux comprendre les besoins de nos membres pour agir avec plus de bon sens et de responsabilité partagée. Nous devons à cet effet rendre plus opérationnels tous nos organes. Nos commissions ont la grande responsabilité dans ce sens. Ainsi, le CEDA doit être le cordon ombilical entre la diaspora angolaise de Suisse et de notre pays. Après la première phase, celle de la mise en place de ses structures, le CEDA devra entrer dans sa phase opérationnelle. Quant aux commissions spéciales de l'Association, leur fonctionnement devrait être plus rationnel afin de trouver l'adéquation entre les aspirations des membres et leurs attentes. C'est donc dans la consolidation de nos organes que notre action sera plus adaptée aux nouveaux défis. Très attentif à l'évolution de la situation politique en Angola, nous soutenons tout effort visant à instaurer une paix et sommes entièrement disposés à y apporter notre contribution. Pedro Kiangebeni. 1 ACTIVITES DE L'ASSOCIATION (Résumées par Décant Keto et Joaquim Nkidiaka) LA FETE DE L'INDEPENDANCE SOUS LE SIGNE DE LA TOMBOLA L'Association des Angolais de Suisse a encore réuni cette année les Angolais et Amis de l'Angola venus de tous les coins de la Suisse à une soirée dansante pour célébrer ensemble le XXème anniversaire de l'indépendance de notre pays l'Angola. L'entrée étant gratuite, la grande salle de spectacles de la commune de Renens ne pouvant contenir que 300 places a accueilli plus de 800 personnes, selon les estimations de plusieurs personnes qui ont pris part à ce rendez-vous. La soirée, qui a commencé à 20 heures et 15 minutes (15' de retard), a pris fin vers les petites heures de la matinée, c'est-à-dire, vers 6 heures. Au programme, dans la première partie précédent la danse, nous avons assisté aux récitals des poèmes par les enfants angolais et à l'animation du groupe de tam-tam de Lucerne. Cependant, la projection du film sur les actions que mène "l'Aide pour l'Angola" de Lucerne sur le terrain à Luanda n'a pas été faite faute d'un projecteur performant. Par contre, des livres et des documents sur l'Angola ainsi que sur les activités de l'Association ont été exposés à l'entrée de la grande salle. Mais l'événement le plus important de cette soirée était la tombola. L'Association des Angolais de Suisse, qui ne reçoit ou n'a reçu aucune aide financière de la part du gouvernement angolais pour l'organisation de cette fête et qui ne vit que des contributions de ses membres et sympathisants, organisait pour la première fois de son histoire une tombola dont le premier prix, un billet de voyage Genève - Luanda - Genève, afin de permettre à une gagnante ou un gagnant de visiter notre pays. L'heureuse gagnante ou l'heureux gagnant pouvait bénéficier de ce voyage en achetant le jeton à un prix exceptionnel et sans appel de fr. 5.Ainsi, le tirage de la tombola dirigé par un jury composé de quatre personnes choisies dans la salle et dont les jetons tirés par les enfants de 7 à 10 ans a donné les résultats suivants: Prix de consolation 5ème prix: Madame Barbara Bidinconi de Lausanne (1 livre + 1 C.D. + 1 pot de Nescafé) 4ème prix: Monsieur Eduardo Sevelino de Genève (1 livre + 1.C.D. + 2 pots Nescafé + 200.frs. français) 3ème prix: Madame Kina Tuyindula de Genève (1 Montre + 1 Calculatrice + 200.- francs français) 2ème prix: Monsieur Alexandre Neto de Berne (1 Montre + Bon d'achat de 50.- frs. suisses + 200.- frs. fr) Premier prix Madame Brigitte Filho de Genève - Billet d'avion Genève-Luanda-Genève Nous devons signaler que les bons d'une valeur de 600.- francs français ont été offerts par la famille Guichard sur place dans la salle. Cette famille qui détient une boutique à Annemasse en France (Voir Pub) est venue expressément à Renens pour voir comment les Angolais de Suisse sont organisés. Elle était très surprise de voir le nombre de gens à cette manifestation et de constater le sérieux dans le travail qu'effectuent les membres de l'association. L'ambiance de la soirée n'a pas retenu ses sentiments, ses émotions; raison pour laquelle elle n'a pas hésité à offrir aux heureux gagnants une somme de 600.- francs français en bons pour effectuer les achats dans sa boutique. Ainsi, nous en profitons pour remercier cette famille qui est venue expressément de la France voisine pour commémorer avec nous le XXème anniversaire de l'indépendance de l'Angola. Nos remerciements s'adressent également aux Magasins Placette de Genève qui nous ont offert 2 montres et un Bon d'achat d'une valeur de 50.- francs suisses, à la société Nestlé SA de Vevey qui nous a offert 2 livres, 2 C.D. et 3 pots de Nescafé, ainsi 2 qu'à M. Emmanuel Lukalakele, Président de la section de Fribourg, qui a mis en jeu une calculatrice. Cependant, nous devons signaler que la vente des billets de tombola n'a pas été satisfaisante. Certes, nous devons le reconnaître car, il y a eu moins de 70 billets vendus. Ce faible score pourrait être expliqué par le sentiment de scepticisme qui avait animé ou qui anime beaucoup de nos compatriotes. Certains membres avaient même véhiculé le message que la tombola sera truquée et, d'autres, cela relève du mensonge pur et simple. En effet, ces gens ne croyaient pas de leurs yeux qu'ils pouvaient un jour vivre la réalité. C'est normal qu'ils se posent la question de savoir comment une association qui ne vit que grâce aux contributions des adhérents pourrait parvenir à mettre en jeu un billet d'avion d'une valeur d'au moins 2'000.- A se frotter les yeux, n'est-ce pas ! Enfin, nous sommes sûrs que ce qu'ils ont vécu ce soir là, beaucoup d'entre eux, le doute est levé. Prochainement, ils participeront à ce fameux jeu. Pour les autres, qu'ils continuent de douter jusqu'à l'arrivée du Christ car ils ont raison. UN COMITE EXECUTIF NEW LOOK L'Assemblée générale, l'organe suprême de l'association, s'est réunie en session ordinaire le 09 décembre 1995 à Fribourg. A l'instar des autres points inscrits à l'ordre du jour, l'Assemblée Générale a approuvé le projet de la révision des Statuts et, surtout, a procédé à l'élection des membres du Comité Exécutif pour l'exercice 1996/1998, soit un mandat d'une durée de deux ans. Sur une cinquantaine de personnes présentes à cette séance qui s'est tenue dans la grande salle du Centre de Loisirs du Quartier Schoenberg, 38 membres avaient droit de vote et d'éligibilité conformément aux statuts adoptés le 31 octobre 1993. Mais, contrairement à ce qui se passe souvent à des pareilles circonstances, la liberté d'exprimer soi-même l'intention de poser sa candidature à l'élection au Comité exécutif n'a pas fonctionné. Nous avons assisté à un grand mutisme des membres. Le système démocratique que notre association a toujours mis en place allait être en panne car, aucun membre du Comité sortant voulait renouveler son mandat et aucun membre de l'association n'avait l'intention de poser sa candidature pour briguer un poste dans le Comité Exécutif. A l'exception de Monsieur Nicolau Makuntima, Trésorier sortant, qui avait exprimé sa volonté d'y rester. Heureusement, pour parer à la situation, l'Assemblée Générale s'est référée à l'art. 28 des statuts lui permettant de désigner les membres pouvant accéder à l'un des postes du Comité Exécutif. Ainsi, après trois quarts d'heures d'hésitations et de réflexions, les membres ci-après ont accepté de rejoindre M. Nicolau Makuntima pour la course à la présidence du Comité Exécutif de l'association. Il s'agit de MM. Bernardo João Jerry (VD), João Pedro (BE), Koko Kiatumbua Pedro Martins (ZH), Lukalakele Emmanuel (FR), Maiamba João Neto (VD) et Roberto Miguel "De Miguel" (GE). Cependant, il est très important de souligner que M. Roberto Miguel avait été écarté sur la liste des membres à élire car la section de Genève n'était représentée que par un seul candidat. Or, le siège administratif de l'Association se trouvant à Genève, il s'avérait que le poste de Secrétaire général devrait également être attribué à un membre ressortissant de la section de Genève. Ce qui revenait à conclure que M. Roberto Miguel qui entre dans le Comité exécutif est d'ores et déjà désigné Secrétaire Général de l'association. Il succède ainsi à M. Joaquim Nkidiaka. 3 De ce fait, six membres restaient en lisse pour le poste de président de l'association. Après un vote à bulletin secret dont la procédure a été conduite par Madame Maria Ntimunsende et Monsieur Mfulutoma Fernando "Thomsita", le dépouillement a donné les résultats suivants: Nicolau Makuntima (BE) 28 voix soit 74 % Emmanuel Lukalakele (FR) 4 voix soit 11 % Pedro Martins Koko Kiatumbua (ZH) 3 voix soit 8 % João Pedro (BE) 2 voix soit 5 % João Jerry Bernado 1 voix soit 2 % João Neto Maiamba 0 voix soit 0% Au vu de ces résultats, Monsieur Nicolau Makuntima de la section de Berne est élu président du Comité Exécutif de l'association pour un mandat de deux ans, et à qui il revient la responsabilité d'attribuer à d'autres membres leurs secrétariats. Mais, il très important de souligner que la configuration actuelle du Comité Exécutif a profondément changé. La démocratie envisagée, à la manière de l'association, commence à gagner le terrain et les coeurs des membres et sympathisants. Car, les sections qui étaient massivement représentées dans le comité exécutif ne les sont plus. A l'exemple des sections de Fribourg et Genève qui viennent de perdre chacune un siège tandis que les sections de Berne et Vaud viennent d'en gagner autant; c'est-à-dire, elles seront représentées dans le Comité Exécutif par deux membres pour chacune de leurs sections. Une nouveauté dans cette configuration, c'est l'entrée de la section de Zurich. Elle est représentée par un membre. Ce qui permettra d'ailleurs aux membres du Comité Exécutif d'ouvrir pendant leur mandat la section de Zurich. La commission de rédaction de N'Gola souhaite un bon fonctionnement à cette nouvelle équipe dirigeante de l'association. Bon courage! LES GRANDES LIGNES DES STATUTS REVISES L'Assemblée Générale du 09 décembre a approuvé le projet de la révision des statuts; un projet proposé par la section de Berne et le Comité Exécutif de l'Association. Après deux heures de discussion, suivies des amendements et des propositions, les statuts du 31 octobre 1993 ont été finalement abrogés. Mais, il est de notre devoir de donner le plus des précisons sur les points qui ont été modifiés ou révisés afin de permettre à tout membre et sympathisant une meilleure compréhension. 1. Buts et objectifs. Rien de particulier à signaler. Mais, dans le nouveau document, les objectifs sont insérés dans les statuts en tant que articles alors dans le précédent ils n'étaient mentionnés que dans le préambule. 2. Cotisations Le montant de cotisation par membre revient maintenant à fr. 100.- par an; soit une réduction de 55% par rapport aux précédentes cotisations. Par contre, ce montant est versé en une seule fois, au plus tard le 31 mars de l'année pour les anciens membres et 30 jours après la signature de l'acte d'adhésion pour les nouveaux membres. Par ailleurs, ce montant de cotisation annuelle sera réparti à 50 % entre la caisse générale de l'association et la caisse de la section à laquelle le membre est affilié. C'est pour dire qu'il y aura qu'un seul versement à effectuer pendant l'année vers la caisse générale. Et, il appartiendra au trésorier général d'envoyer la quote-part à qui de droit. 3. Droits et Devoirs des membres Cette fois-ci, les droits et devoirs des membres sont précisés et éclaircis. Si, comme stipulent les articles 5 et 6, les membres ont droit à une assistance morale, financière ou matérielle, ils 4 sont également astreints aux obligations de respecter scrupuleusement les Statuts de l'association et surtout de collaborer activement à la réalisation des projets et objectifs de l'association. C'est pourquoi, les sanctions sont prévues. Elles vont d'un simple avertissement écrit à l'exclusion définitive. Par ailleurs, le membre peut perdre sa qualité de membre par le non paiement de sa cotisation annuelle ou la non participation répétée et sans justification aux activités de l'association auxquelles il s'est déclaré volontaire ou il s'est associé. Mais, le membre qui perd sa qualité devient automatiquement sympathisant. Il n'est réinvesti de sa qualité qu'après avoir accompli ses devoirs. 4. Organes de l'association Outre l'Assemblée Générale, le Comité Exécutif, les Sections et les Vérificateurs des Comptes, viennent s'ajouter dans ce nouveau document juridique les Commissions Spéciales et Permanentes. Ces commissions, étant des organes d'exécution des décisions prises au sein de l'Assemblée générale ou du Comité Exécutif, sont sous tutelle d'un Secrétariat du Comité exécutif selon la nature de leurs activités. Cependant, la commission spéciale à une tâche ponctuelle tandis que la commission permanente a pour fonction l'étude et l'exécution des projets à moyen ou long terme. Il faut préciser que les membres ainsi que les sympathisants sont admis dans ces commissions. Ensuite, la durée du mandat du Comité exécutif est de 2 ans. En cas de défaillance constatée d'un membre du Comité, il peut s'adjoindre un suppléant à condition que le comité le notifie auprès de l'assemblée générale. Enfin, les Vérificateurs des Comptes élus par l'Assemblée générale ont également droit de contrôler les Sections. Cependant, la Section pourrait être formée à partir de 5 personnes (membre et sympathisant). 5. Droit de vote et d'éligibilité Le droit de vote est maintenant accordé aux membres et sympathisants. Par contre, seul le membre qui, remplissant les conditions exprimées dans l'art.4 (Admission des membres) et l'art.6 (Devoirs des membres), est éligible au Comité exécutif ou à un poste de Vérificateur des Comptes. 6. Procédure Judiciaire ou Pénale Le membre ou le sympathisant qui sera pris en flagrant délit, malversation financière, violation des Statuts ou pour justes motifs, sera dénoncé à l'assemblée générale et fera l'objet d'une procédure judiciaire ou pénale après en avoir établi les causes par une commission spécialisée. Voilà donc les 6 points essentiels qui viennent de s'ajouter dans les statuts de l'association qui entreront en vigueur à partir du 1 janvier 1996. Ils seront publiés en deux langues: le français et le portugais. LES LAUREATS DE L'ASSOCIATION L'Assemblée Générale du 9 décembre 1995 à Fribourg a également réservé des surprises aux membres. Vingt-deux personnes, toutes membres de l'Association, se sont vues décerner à leur grand étonnement des "Certificat de Mérite" afin de les remercier pour leur dévouement, leur fidélité et tous les services qu'ils ont rendu à l'association durant l'exercice 1995. Avant que Madame Angela Lukau Kimbi, Secrétaire aux Affaires Sociales de l'Association distribue ces certificats, Monsieur Décant Keto Yama, Président de l'Association, devrait rappeler les critères de sélection que le Comité Exécutif a pris en considération pour attribuer ce "prix". Il s'agit de: avoir cotisé au moins la moitié de la cotisation annuelle, soit une somme de fr. 60.-; avoir assisté à la totalité des réunions de l'Assemblée générale ou séances de travail organisées par l'Association; être président de la section. Il suffit que l'un des critères soit rempli, le membre est au bénéfice du certificat. Par contre, le membre qui ne l'a pas eu ne 5 démérite pas. "Nous avons voulu créer un système d'émulation qui permettra à tout membre d'être très actif", conclut le président. Cependant, les membres du Comité exécutif étaient eux aussi récompensés. Ils ont reçu des mains de MM. Jean-Jacques Nkosi et Eduardo Sevelino les certificats de mérite ainsi que les médailles. Ces prix les ont été attribués au nom de l'Assemblée Générale a précisé M. Nkosi qui en était le porte parole. Les membres ayant reçu le "Certificat de Mérite": João Pedro (BE), Esteves Ntimunsende (BE), Emmanuel Lukalakele (FR), Patrick Luyindula (FR), João Mazitu (FR), Eduardo Lubanzadio (GE), José Luta (FR), Roberto Miguel (GE), J.R. Sala Sasumuna (GE), Eduardo Sevelino (GE), Sebastião Toko (GE), Piscky Sanda Pasi Kato (NE), Sevana Kula Miezi (LU), Rafael Antonio (VD), João Jerry Bernardo (VD), Pedro Alves Buanga (VD), João Camacho (VD), Pierre Odi Kossi (VD), Antonio Lubanzadio (VD), Pedro Nlandu Mansiantima (VD), Armando Teka (VD) et Jean Jacques Nkosi Zassala (VS). LE PERE NOEL A GENEVE La Section de Genève, en collaboration avec la Commission Féminine de Genève et l'Association des Femmes pour la Paix, a organisé une journée récréative pour les enfants angolais habitant le canton en date du 16 décembre 1995 afin de célébrer les fêtes de Noël. Cette manifestation, tenue dans la grande salle de la Paroisse des Eaux-Vives et animée par Madame Angela Lukau Kimbi, Secrétaire aux Affaires Sociales de l'Association, membre également de la Commission Féminine et de l'Association des Femmes pour la Paix, a connu la présence de plus d'une soixantaine d'enfants issus des parents appartenant à ces deux associations. L'ambiance était très chaleureuse et familiale du fait que plusieurs activités ont été présentées tant par les enfants eux-mêmes que par les parents. Au cours de cette cérémonie, le Père Noël, habillé par Caritas de Genève à qui nous présentons nos sincères remerciements, n'a pas failli à sa tradition; il a distribué beaucoup de cadeaux aux enfants. Et, enfin, un repas a été généreusement offert à des participants par les femmes angolaises de Genève, toutes membres de ladite commission féminine. Le Comité Exécutif de l'Association des Angolais de Suisse exprime sa profonde gratitude envers la Section de Genève pour l'initiative, présente ses sincères remerciements à la Commission Féminine et à l'Association des Femmes pour la Paix de la collaboration et, souhaiterait ainsi la création des commissions féminines dans toutes les Sections de l'Association afin de sensibiliser, de responsabiliser de plus en plus nos femmes et de créer ainsi un cadre d'entraide très efficace. SAVEZ-VOUS QUE… Notre Association a effectué des démarches auprès de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) et des oeuvres d'entraide affiliées (Caritas, Elisa, Centre Social Protestant, etc.) pour la défense du droit d'asile des Requérants Angolais. Un formulaire de parrainage et des documents sur la prise de position de ces organismes sont mis à la disposition de tous les Requérants d'asile Angolais. Pour les obtenir, il suffit d'entrer en contact le plus tôt possible avec M. Joaquim Nkidiaka, Secrétaire Général sortant, au 022/771 33 31 ou, pour les prochains jours, avec M. Roberto Miguel, Secrétaire Général, exercice 1996/1998, au 022/794 79 84. Monsieur Marco Makano, ressortissant angolais résident en Zambie, a présenté ses doléances auprès de notre association pour lui venir en aide. Son souci majeur est de poursuivre ses 6 études supérieures ou, dans le cas extrême, de rentrer en Angola car il est dépourvu de tous les moyens. L'Association a entrepris des démarches auprès des oeuvres d'entraide suisses qui n'ont pas donné des résultats satisfaisants. Raison pour laquelle, nous publions ci-dessous son adresse afin que toute personne de bonne volonté puisse entrer en contact avec lui pour répondre à ses besoins. Il s'agit de Monsieur Marco Makano, c/o Ursula Hollenweger, United Methodist Church, P.O. Box 22037, Kitwe/Zambie. Plus de 60 personnes (adultes et enfants), membres et sympathisants de l'Association ont passé un week-end agréable au chalet "Le Muguet" à St George (VD) du 14 au 15 octobre 1995. Des grillades et beaucoup d'autres divertissements ont été au rendez-vous. La Section de Genève se dotera l'année prochaine d'une équipe de football. Des démarches ont été entreprises auprès de la commune de Vernier pour avoir accès aux terrains de football. (Commentaire à la prochaine édition). Plus de 270 personnes (membres, sympathisants et personnes s'intéressant à notre association) ont pris part aux assemblées générales et séances de travail organisées par l'association durant l'exercice 1994/1995, à l'exception des fêtes. Toutes ces personnes sont issues des cantons de Berne, Fribourg, Genève, Jura, Lucerne, Neuchâtel, Soleure, Tessin, Turgovie, Valais, Vaud et Zurich. LIBRE OPINION Réflexion sur le gouvernement d'unité nationale Au moment où les débats tendent à se focaliser sur la forme du gouvernement qui doit prendre la direction des affaires de l'Angola au lendemain du Protocole de Lusaka, il nous a paru capital d'y apporter notre humble contribution. Cette réflexion porte essentiellement sur la manière de gouverner et, en particulier, sur le gouvernement d'unité nationale. Les différentes significations du mot gouvernement ont beaucoup évolué avec le temps. Dans son sens plus large, il désigne le régime d'un pays donné, qu'il s'agisse des détenteurs du pouvoir ou du fonctionnement des institutions. Dans une démocratie, la fonction gouvernementale doit se fonder sur le suffrage universel pour prévenir tout abus. Elle se résume à impulser, à diriger et à animer la vie nationale. Le régime se définit comme l'ensemble des institutions au sein desquelles se produit une décision politique. Ce n'est que plus tard que les formes gouvernementales seront inscrites dans des constitutions. Jusqu'à une époque récente, la doctrine distinguait les catégories suivantes: monarchie ou gouvernement du petit nombre, démocratie ou gouvernement de la multitude. Parmi les défenseurs de cette typologie, on peut citer Hérodote. Pour Montesquieu, dans l'Esprit des lois, "le gouvernement républicain est celui où le peuple en corps, ou seulement une partie du peuple, a la souveraine puissance; le monarchique, celui où un seul gouverne, mais par des lois fixes et établies; au lieu que dans le despotique, un seul, sans lois et sans règle, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices". Plus tard, il fera une distinction au sein de la république entre la démocratie et l'aristocratie. De nos jours, on parle plus des régimes autoritaires et des démocraties classiques. Les premiers sont représentés d'une part par les dictatures idéologiques (Allemagne de Hitler, Portugal de Salazar...) et, d'autre part, par certains pays en voie de développement. Dans ce cas, le chef de l'exécutif est à la fois chef de l'Etat et chef du gouvernement. Les monocraties africaines en sont une illustration. Pour ce qui est des démocraties classiques, elles font bénéficier aux citoyens les libertés publiques fondamentales et leur permettent de participer à 7 la prise des décisions du pouvoir. De façon générale, l'organisation et l'exercice de ce dernier se font conformément aux principes constitutionnels. Cependant, il peut arriver, d'après Chateaubriand, que les responsabilités suprêmes soient assumées par un gouvernement de fait, c-à-d un pouvoir non constitutionnel établi par la force. De caractère révolutionnaire, il implique une rupture avec l'ordre juridique précédent (cas des coups d'Etats). De par sa stabilité et son effectivité, il doit être normalement obéi par la majorité des citoyens. Gouvernements de fait et de droit peuvent coexister pendant un certain temps. Ce fut le cas de la Russie en 1917. On peut choisir dans la démocratie classique entre un gouvernement direct et un gouvernement représentatif. Pour le premier qu'on qualifie de "gouvernement du peuple par le peuple", celui-ci est supposé exercer le pouvoir intégralement. Or, pour Montesquieu comme pour Rousseau, le peuple n'a ni la capacité ni le loisir de traiter les affaires de son pays. Ainsi, les citoyens ont intérêt à désigner des représentants aptes à décider en leur nom. D'où le nom de gouvernement représentatif. C'est à ce type que se rattache la théorie de la séparation des pouvoirs (législatif. exécutif et judiciaire). Il ne doit pas avoir d'interférence entre les trois pouvoirs. Le gouvernement désigne généralement un organe. Il peut parfois englober le chef de l'Etat, le responsable de l'exécutif et les ministres. En d'autres circonstances, le chef de l'Etat n'en fait pas partie. Les membres du gouvernement assurent essentiellement la fonction exécutive, celle d'édicter des "normes juridiques individuelles ou concrètes". Pour ce faire, ils détiennent plusieurs moyens entre autres la police et divers services publics. Le pouvoir exécutif ou le gouvernement tient un rôle créateur dans le processus législatif. Son intervention se manifeste soit à titre accessoire soit à titre principal. Il est d'une certaine manière associé à l'élaboration des lois, les interventions en commissions ou en séances publiques, les rédactions d'amendements, les promulgations, les convocations de collèges électoraux, les textes soumis à référendum... Il arrive qu'en période de crise, les assemblées perdent leur compétence en faveur de l'exécutif qui édicte seul certaines mesures de caractère législatif. En période de crise (états d'exception), les assemblées peuvent perdre leur compétence législative au profit du pouvoir exécutif. Après ce bref aperçu sur le gouvernement, nous revenons sur le vocable gouvernement d'unité nationale qui, sauf incident majeur, verra incessamment le jour dans le pays. Il s'agit, à notre avis, d'un exécutif qui comprend en son sein les hommes et les femmes d'origine politique diverse ou sans étiquette politique. Il est, d'une façon générale, de nature provisoire. Le but visé ne peut être que la réconciliation des citoyens d'un même pays. L'Etat doit en être le moteur. Deux exemples peuvent illustrer notre propos. Le premier est celui de la France. En août 1944, après la deuxième Guerre mondiale, s'installe à Paris un gouvernement provisoire dont le chef est De Gaulle. Cet exécutif composé d'hommes d'origine variée s'attachera à réorganiser la nation au fur et à mesure que le territoire est libéré et à restaurer l'Etat avec la volonté de donner à la France de nouvelles institutions (républicaines et démocratiques) différentes de celles de la IIIè République, responsables de la défaite. Une deuxième illustration est le cas récent de l'Afrique du sud. Après plusieurs années de lutte armée et au lendemain des premières élections multiraciales sanctionnées par une large victoire de l'A.N.C., il a été mis en place un gouvernement d'unité nationale dont le chef est Nelson Mandela. Ici, l'accent est aussi mis sur la réconciliation et l'élaboration d'une nouvelle constitution qui traduira la volonté de bâtir une véritable société démocratique. Finalement, l'étude comparative de ces deux cas démontre que le gouvernement d'unité nationale présente un double avantage pour un pays qui sort d'une situation conflictuelle: - effacer les séquelles des années de guerre; - jeter les bases nécessaires à l'instauration d'une vraie démocratie. 8 Au terme de plus de 20 années de guerre civile, il est impératif que l'Angola n'échappe pas à cette logique. Contrairement au "gouvernement de transition" d'avant l'indépendance, qui était essentiellement miné par la méfiance réciproque entre les hommes politiques, celui de l'unité nationale cherchera à soigner et cicatriser les plaies dont les origines datent en partie durant cette période. Au-delà de la tâche de la réconciliation nationale, il s'attellera à associer tout angolais à l'effort de reconstruction du pays. Pistes Bibliographiques * Encyclopaedia Universalis * Encyclopédie du XXè siècle Pody Mingiedi, Genève. NDLR: Nous aimerions obtenir la réaction de nos lecteurs sur le concept "Gouvernement d'unité nationale". L'espoir de paix en Angola ... Le processus de paix en Angola requiert une analyse. l'Angola est malade. La maladie de l'Angola, c'est la guerre. Que faire ? Il faut donc un médecin pour le diagnostic et les médicaments pour le traitement. La question que se posera le médecin est celle de savoir comment guérir l'Angola de cette maladie qui dure plus de 20 ans. L'Organisation des Nations Unies (O.N.U.) appelé au secours du malade devrait trouver un traitement efficace susceptible d'endiguer le mal. A notre humble avis, le traitement que le médecin (ONU) doit prescrire à l'Angola est le dialogue permanent entre les parties en cause. Car la guérison de l'Angola ne proviendrait que de la fin de la guerre, fruit du dialogue franc et honnête. De cette paix naîtra la réconciliation nationale qui permettra de résoudre l'ensemble de problèmes mettant en cause le développement du pays. Force est de déplorer, hélas, le nonrespect des engagements et la méfiance réciproque entre les responsables. Certes, il est vrai que l'espoir de paix en Angola se trouve entre les mains des parties en cause. Néanmoins, l'ONU, de par sa vocation, est appelée à jouer un rôle déterminant. Emmanuel Dias Mabanza, Genève. L'unité nationale, la paix et la justice Heureux, certes de la tournure prise par les événements depuis ces derniers mois. Mais prudent à l'évidence car son optimisme devait se traduire par l'entrée de l'UNITA dans le gouvernement. Après 20 années de guerre civile, nous, peuple angolais, espérons que le futur gouvernement d'unité nationale consacrera désormais son énergie aux tâches de reconstruction nationale et à la consolidation du consensus politique. Nous savons que la route est longue, les tâches à assumer sont rudes mais, aujourd'hui, l'espoir est permis... toujours avec prudence. La voie unique et efficace pour le redressement économique du pays est la paix. Il faudrait que le nouveau gouvernement impose, garantisse et systématise la paix. C'est dans cette perspective que l'armée qui s'était avérée comme pomme de discorde devrait et doit devenir nationale et dépolitisée. En effet, pour que le plan d'actions pour l'instauration de la paix adopté lors du Protocole de Lusaka s'exécute et fonctionne mieux, il faudrait que des commissions de réorganisation de la fonction publique et de la réhabilitation des services judiciaires soient mises en place afin qu'elles puissent déposer les conclusions de leurs réflexions. Tous les partis politiques doivent 9 être associés à tout le processus visant à instaurer la paix, examiner par amendement et adopter les mesures suggérées pour le rééquilibre des forces armées. Autre problème ardu, c'est la réinsertion des démobilisés. Il faudrait que cela se fasse selon leurs capacités. Devant l'ampleur de la tâche de reconstruction nationale, l'armée devrait être affectée à des travaux d'utilité publique. Quant aux sinistrés, victimes de guerre, leur insertion sociale devrait être faite dans le souci d'une paix totale afin d'éviter toute marginalisation. Cela implique une politique volontariste et responsable. Par ailleurs, les actions rigoureuses doivent être envisagées, telles que le récupération des armes afin de mettre un terme aux actes isolés, de banditisme et de pillage. Cet état de fait ponctué d'intolérance est à l'origine de tous les débordements et de la violence. Il faudrait par conséquent attaquer le mal par la racine en définissant un nouveau fonctionnement de la démocratie, car la démocratie ne peut être considérée comme un produit clé, mais un processus, un art qui s'apprend comme tous les autres, peut être plus difficilement, et qui doit pénétrer toutes les couches sociales d'une société. Le danger est réel et permanent: le cas des récents accrochages entre les troupes du MPLA et celles de l'UNITA ainsi que divers attentats contre des responsables politiques et militaires en témoignent. Malgré tout, nous osons croire que l'Angola a les moyens de gagner son combat pour la paix, il suffit d'une réelle volonté politique de la part de nos dirigeants. Notre passé récent et l'expérience de nos sociétés traditionnelles démontrent que nos sociétés s'accommodent mal à un système politique conflictuel dans un premier temps où celui qui gagne, gagne tout, et celui qui perd, perd tout. Dans nos pays en transition démocratique, un tel système alimente le conflit et engendre des actes de violence politique. Il nous faut donc oeuvrer pour substituer à la démocratie conflictuelle une démocratie consensuelle. Nous suggérons une réforme constitutionnelle par laquelle le nouveau gouvernement d'unité nationale pourra alors donner un nouvel élan à la cohésion nationale. Dans une première phase, il s'agira d'une série des mesures pour le développement des régions; de réhabiliter un système adéquat, le système de santé; construire un réseau routier fiable et performant, rétablir les services des télécommunications, refaire les réseaux électriques dans les chefs lieux des régions, réhabiliter l'habitat. Ce n'est que lorsqu'elles seront dotées de ces infrastructures de base que les collectivités locales pourront s'atteler à leur propre développement. Parallèlement s'effectuera la mise en place des institutions locales, des centres ruraux seront transformés en municipalités à part entière pour freiner l'exode rural et permettre le retour de tous ceux qui ont quitté leur village ainsi que l'amélioration des conditions de vie dans les petites agglomérations. Eduardo Lubanzadio, Genève. Le retour inquiétant ! Depuis les derniers accords de Lusaka jusqu'à nos jours, nous assistons à un "nouveau phénomène" qui n'est autre que le retour des ex-colons en Angola. Ces derniers arrivent en masse à Luanda avec la complicité du gouvernement. Le MPLA arrive même à déloger certains Angolais de leurs appartements prétextant que ceux-ci appartiennent à ces ex-colons. Des nombreuses familles angolaises se retrouvent ainsi dans la rue, sans abris. Le gouvernement ne se soucie guère de leur sort. Cependant, une question que se posent certains compatriotes après ces fameux accords de Lusaka, est-ce que le gouvernement a-t-il pris des dispositions pour le retour des Angolais ? Où seront-ils logés ? Seront-ils logés dans les containers comme sont logés les autres 10 dirigeants, anciens membres du FNLA ? Seront-ils parqués dans les containers ou les hôtels comme d'habitude? Si les ex-colons qui regagnent le pays, soi-disant qu'ils sont angolais, bénéficient de toutes les conditions honorables possibles et des traitements spéciaux, d'autres Angolais, par contre, venant des pays limitrophes sont moins importants et encore moins angolais, et doivent être "parqués" dans les centres où les conditions d'hygiène laissent à désirer, voir, être jetés dans la rue. Il reste donc à se poser la question de savoir si les dirigeants de ce grand pays l'Angola sont des compatriotes ou pas ? Pourquoi cette discrimination ? Sont-ils humains envers les autres ? Hier, les mêmes portugais qui nous maltraitaient, torturaient, prétendent être aujourd'hui plus angolais que les angolais eux-mêmes. Que ne vivons-nous pas de nos jours quand il s'agit d'envoyer au front, à la guerre, les exclus de la société; ces marginaux, en leur disant si "vous êtes réellement fils du pays, il faudrait servir dans l'armée". Ils sont comme de chairs à canon. En ce moment, ils sont considérés comme des angolais. Une fois handicapés à cause de la guerre dont ils ignorent les mobiles, ils sont déconsidérés de la société, laissés pour compte. Et quand il s'agit de mérite, c'est les autres qui sont appelés et vantés devant la place publique. Actuellement, les rumeurs qui circulent en Angola, plus particulièrement à Luanda, nous interpellent. Ne risquons-nous pas de revivre l'année 1960 ? Les noirs dans les ghettos et les blancs en plein centre, dans les villas. Les riches et les dirigeants du gouvernement vivront dans leur nouveau quartier en construction, après Futungo. Est-ce que l'Angola ne risque-t-il pas de basculer vers un régime de l'apartheid latent ? A méditer ! Eduardo Lubanzadio, Genève. LU POUR VOUS Des marins angolais bloqués au Havre dans leur cargo depuis deux ans. Saisi par les affaires maritimes et les huissiers, le vaisseau fantôme et une partie de l'équipage sont immobilisés dans le port. Vingt-trois mois de galère pour des marins loin de leurs familles et de leur pays. Le Havre n'offre pas au marin de passage la même animation que les ports africains. Le port est démesuré. Un vrai labyrinthe d'acier et de béton, trempé de pluie froide au moins six mois par an. Les parcs à conteneurs s'étendent sur des kilomètres, entre les vasières de la Seine et les hangars désaffectés qui masquent le début de la ville. Pas un arbre en vue depuis les bateaux, pas une maison visible. Au milieu du no man's land, au bout du quai Hermann-du-Pasquier, un cargo angolais, le Kifangondo, fait figure de vaisseau fantôme, déserté par la vie et abandonné des autorités. Sur le pont rouillé, on aperçoit de vieux vélos, des réfrigérateurs cassés, du linge qui sèche sur les cordages. A l'intérieur du bateau, s'enchaînent de longs couloirs vides; seul un bruit lointain de téléviseur rappelle une présence humaine. Arrivé dans le port du Havre en janvier 1994, le Kifangondo n'en est jamais reparti. A l'origine, le cargo se rendait d'Angola à Rotterdam pour effectuer des réparations dans un chantier en contrat avec l'armateur. Tombé en panne dans la baie de Somme, il est remorqué en catastrophe au Havre. Les affaires maritimes françaises font alors un contrôle de routine. Ils décident de bloquer le bateau tant qu'un certain nombre de réparations ne sera pas réalisé. "Ce cargo mettait en danger l'équipage. Je ne comprends pas que la société d'armement angolaise l'ait laissé appareiller, ni le capitaine ait accepté cette traversée", indique le commandant de port, Francis Brévault. avant de confier: "Le Kifangondo est une vraie 11 poubelle. Il y a une voie d'eau dans le local des machines. Le groupe électrogène est en très mauvais état et l'ancre ne fonctionne plus." Mais la société d'Etat propriétaire du cargo, Angonave, ne donne pas signe de vie pendant des mois. Elle aurait de gros problèmes financiers et serait dans l'incapacité de payer non seulement les réparations, mais aussi les quelques 50'000 francs français mensuels pour la location de la place au port. En avril un représentant de la compagnie débarque au Havre et donne aux marins une partie des arriérés de salaire. Puis, le messager disparaît après bien des promesses. Pour compliquer les choses, un mois plus tard, le Kifangondo fait l'objet d'une saisie conservatoire, lancée par un importateur de cacao bordelais en litige avec Angonave. En mars dernier, le bateau a même failli être vendu aux enchères par les créanciers. Mise à prix: 500'000 dollars. mais, trois jours avant l'adjudication, la société d'armement angolaise réapparaît comme par magie et règle ses dettes. Plusieurs millions de francs français selon l'agent consignataire du navire, Saga France. Pour l'équipage, le calvaire continue: l'ennui d'abord. Pas facile pour des marins habitués à bourlinguer dans le monde entier d'être bloqués sur un quai désert, loin de la ville et de ses maigres distractions. Et surtout sans un sou. "Dès que j'ai reçu un peu d'argent d'Angonave, je l'ai envoyé à ma famille qui n'a que ça comme ressource", explique Mauricio, un des marins présents depuis 23 mois sur le Kifangondo. Les marins sont confinés dans leurs cabines vétustes ou dans le "salon", où le confort se résume à un canapé rapiécé et à un écran de télévision. Aux murs, la peinture cloque et, au plafond, le tube fluo dégringole. C'est dans cette pièce sinistre qu'ils attendent généralement leur "tour de garde". "On regarde la télé car on n'a rien d'autre à faire. On se contente de surveiller le bateau. On entretient le moteur, on fait tourner les machines de temps en temps pour qu'elles ne s'encrassent pas trop ou on répare un câble cassé. On tourne en rond comme dans une prison", explique Sébastien, membre de l'équipage. Les associations locales ont bien tenté de mettre un peu de gaieté dans leur morne quotidien: le Havre Athlétique Club leur a offert des places pour voir des matchs de foot. Des bénévoles leur ont donné des cours de français et d'anglais. La communauté portugaise a organisé de petites fêtes. Même les témoins de Jéhovah sont venus plusieurs fois à bord pour faire du prosélytisme. Un des marins, Tito, a d'ailleurs été conquis par leur parole et s'est "converti". Quinze jours avant son départ, il s'est fait baptisé par ses "frères". Deuxième difficulté: la communication avec leurs proches; ou plutôt l'absence de communication. Un aller-retour au pays est inconcevable et le téléphone coûte cher. Le personnel de Médecins du monde donnera bien plusieurs cartes téléphoniques mais pas assez pour avoir des nouvelles régulières d'Angola qui émerge à peine de dix-neuf années de guerre sans merci. Au fil des mois, les conditions de vie à bord sont devenues de plus en plus précaires. L'hiver dernier déjà, les organisations humanitaires dénonçaient la "non-assistance à personnes en danger" et appelaient les autorités havraises à réagir. Quelques jours auparavant, l'avitailleur local, chargé de fournir au bateau des vivres, avait menacé de ne plus livrer la nourriture si Angonave ne réglait pas sa note. Il mettra d'ailleurs sa menace à exécution en plein hiver. Pendant plus de quinze jours, le centre communal d'action sociale du Havre devra ravitailler le Kifangondo. Sans parler du manque de gasoil pour le groupe électrogène fournissant eau et chauffage... Une aide humanitaire s'est donc peu à peu mise en place autour du cargo. "Les pouvoirs publics qui ont pris cette décision n'en ont pas mesuré les conséquences. Ils se reposent constamment sur le monde associatif", s'indigne Hervé Bienfait, président de la Mission de la mer, association destinée à porter secours aux gens de la mer. "Le plus important pour ces marins, c'était de les soutenir moralement. Depuis plus de vingt mois, ils vivent sur des 12 rumeurs, des promesses. Un jour, ils reçoivent un fax annonçant leur départ ou le paiement de leurs gages et le lendemain, on leur dit le contraire. Ou pire, on ne leur donne plus de nouvelles du tout", explique-t-il. Saga France a tout de même réussi à rapatrier, au compte-gouttes, la majeure partie du contingent. Mais, en quittant le navire, les marins devront faire une croix sur leurs salaires impayés. Ce seront des parias, des "déserteurs". Cécile Jaurès, Journal "Tribune de Genève" du 11 - 12 novembre 1995 COURRIERS DES LECTEURS Caros Compatriotas, Para o vosso conhacimento, viemos por intermédio da presente nota informar-vos que por extrato de ordem do governo da Hollanda, foi criada uma Associação dos Angolanos em Nederland (A.A.N.), registada na camara do comerçio Hollandesa sob número V.190.102., Kamer van koophander en fabrieken voor zuid-Limburg, Statuten in Notarielle, N 1705.11.820 Geleen, Hollanda. Esta Associação que não é política, nem religiosa, nem raçial tem como propósito de estabelecer a união da grande família Angolana residente neste País, e em simúltâneo prestar ajuda a todos, sem qualquer distinção. Importa-nos dizer também que todos Angolanos, depois da sua admissão como membro desta Associação, deverá regularmente informar com antecedência a direcção da A.A.N., sobre todas as preocupacões que eventualmente venham à enfrentar durante a sua estadia neste País, ASILIO, ou outros motivos. Sem outros assuntos de momento, e esperando igual contributo da vossa parte. As nossas saudações fraternais. O Presidente da Associação, D. M. Ndombasi. Associatie Angola en Nederlande Post bus 1135 - 6160 BC Geleen / Nederlande. 13