Chers Frères et Sœurs, Nous sommes rassemblés ici au cœur d`un

MESSE DU SOUVENIR
Plouharnel, le Bégo, le 7 mai 2016
Lectures :
Act 18, 23-28
Jn 16, 23b-28
Chers Frères et Sœurs,
Nous sommes rassemblés ici au cœur d’un site historique. Un camp de l’armée alliée a
merveilleusement surgi des sables, grâce aux énergiques associations de mémoire de la guerre,
aimablement invitées par notre association Liberty Breizh Memory Group (LBMG).
Il s’agit pour nous ce matin de faire mémoire ; de faire mémoire de tout ce qui s’est vécu
d’admirable, ici et ailleurs, en ces heures terriblement douloureuses de la guerre, grâce à
l’abnégation personnelle de tant d’hommes et de femmes qui, pour l’honneur et la défense de notre
sol, pour l’honneur et la défense de notre patrie, pour l’honneur et la défense de la France, se sont
dévoués corps et âmes, dans un remarquable dévouement, et souvent jusqu’au don de leur propre
vie.
En nous souvenant avec émotion de cette page décisive de notre histoire, nous voulons rendre grâce
au Seigneur, invoqué comme le Seigneur de la Paix, et en même temps, comme l’atteste avec force
votre rassemblement, nous engager, les uns et les autres, dans la construction d’un avenir de la paix.
Les différents théâtres d’opérations militaires sur lesquels nous sommes engagés avec nos soldats de
par le monde, et les dramatiques attentats perpétrés, notamment contre la France, nous
démontrent, s’il en est encore besoin, combien la paix est fragile. Les jeunes générations ont à
apprendre de leurs anciens que la paix ne surgit pas d’elle-même, de manière spontanée ou
magique. La paix est un don précieux qui se mérite, un don précieux qui se gagne, on peut même dire
de manière paradoxale que la paix est le fruit d’un combat, et en ce sens, le premier combat est a
mener contre nous-mêmes, dans la mesure où la paix exige le meilleur de nous-mêmes. Tous, nous
devons y travailler, la susciter, la chérir et en prendre soin.
En effet, le chemin de la paix tant désirée et si fragile a besoin de toutes nos compétences, de toutes
nos intelligences, pour que nous sachions repousser, avec clairvoyance et courage, tout ce qui risque
de nous conduire à la violence, à la guerre et à la mort, mais pour que nous sachions aussi discerner
ce qui est bon pour nous, pour l’humanité toute entière, pour faire les choix qui s’imposent et nous y
engager et nous y investir résolument avec la plus ferme détermination.
Concrètement, le chemin de la paix nécessite certainement le concours des militaires et de la force
de dissuasion, mais il a aussi un très grand besoin de la sensibilité, de la vulnérabilité et de la
délicatesse de nos cœurs pour que nous sachions l’entreprendre avec déterminisme certes mais
aussi avec finesse, délicatesse, joie et générosité.
Alors que nous sommes rassemblés ici autour du Seigneur, reconnaissons humblement que si nous
voulons avancer, grandir et progresser sur le chemin de la paix, nous avons besoin de la force de
Dieu, de la force de son Esprit qui est précisément un Esprit de joie, d’amour et de paix.
Plus que l’œuvre de l’homme ou l’œuvre des hommes, la paix est le fruit du travail de l’Esprit de Dieu
en l’homme. Il faut reconnaître que nous avons de la chance en France, car les valeurs que sont la
justice, l’égalité, la fraternité, et qui ornent fièrement le frontispice de tous nos monuments
nationaux, sont nécessaires et indispensables pour établir les fondements la paix. Mais avant d’être
des valeurs républicaines, j’aime à noter que ce sont des valeurs éminemment chrétiennes parce que
tout simplement humaines.
L’homme est plein de bonnes intentions, c’est indéniable ; mais nous sommes également obligés de
reconnaître qu’il porte en lui, que nous portons en nous, des tendances à la domination, au pouvoir,
à l’orgueil, à l’égoïsme qui peuvent nous conduire sur le chemin de l’intolérance, de la haine, à ce que
nous appelons le péché. C’est ainsi que, dans notre propre cœur, nous devons déjà lutter pour
essayer d’y faire régner la paix.
Demandons au Seigneur la grâce de nous laisser guider par l’Esprit pour devenir, là où nous sommes,
dans nos familles, sur nos lieux de travail, dans nos engagements locaux, régionaux nationaux, de
véritables hommes et femmes de paix. Amen.