82 2013 Tableaux Tulle 30ansFRAC

Transcription

82 2013 Tableaux Tulle 30ansFRAC
Préfecture de la Corrèze
Tulle
Tableaux signaux
John M. Armleder / Sylvie Fleury · Jane Harris · Cathy Jardon · Hugo Pernet
exposition avril > décembre 2013
Jane HARRIS
’Em ‘n Em ‘n Em’, 2004
Huile sur toile, 91 x 213 cm
Collection FRAC Limousin
© Freddy Le Saux© Jane Harris
Tableaux signaux
John M. Armleder / Sylvie Fleury · Jane Harris · Cathy Jardon · Hugo Pernet
7 tableaux – signaux pour une salle de réception
Dans la magnifique salle de réception de ce bâtiment néo-gothique construit dans la deuxième
moitié du XIXème siècle, le décor est omniprésent.
Les boiseries recouvrent les deux tiers des murs, certains détails sont dorés à l’or fin,
l’agencement symétrique des hautes fenêtres orientées au nord, avec vue sur un parc
pittoresque très pentu donnent à cette salle un aspect à la fois ostentatoire et protégé des
regards. L’omniprésence du bois, des essences claires des parquets aux bruns plus sombres
des différents placages parfois incrustés de marbres verts fait écho aux différents tons de vert
de la végétation du parc.
L’ambiance est autant bucolique que réconfortante, somptueuse que maîtrisée, et fait de cette
grande salle de réception et du bâtiment qui l’abrite un ensemble architectural préfectoral parmi
les plus beaux de France.
Notre proposition consiste à présenter un ensemble de tableaux abstraits plus ou moins
géométriques susceptibles de rivaliser avec l’ambiance et le décor.
Sur le mur latéral gauche de la salle, qui fait face à la lumière naturelle, trois tableaux de
formats différents de Jane Harris sont accrochés au même niveau. Exécutés avec beaucoup de
concentration par l’artiste, ces tableaux sont frappants par leur capacité à accrocher la lumière.
L’orientation des coups de brosse donne au motif circulaire ou elliptique qui se détache du
fond une vibration rétinienne intense, variable en fonction de la luminosité ambiante et du
déplacement du spectateur, de son point de vue. L’artiste anglaise établie près de Thiviers
a d’abord travaillé à la conception de jardins auprès d’un paysagiste avant de développer de
façon programmatique un travail pictural toujours basé sur le même motif dont on ne saurait
préciser s’il est organique ou végétal.
Parfois monochromes, souvent bicolores, les tableaux de Jane Harris sont travaillés de façon à
suggérer un volume sur un plan par la direction des coups de brosses appliqués méticuleusement
par l’artiste. Ainsi, un fond traité par une succession de touches horizontales sera un piège pour
la lumière, tandis qu’un motif d’arabesque tressera un écheveau de traces lumineuses. L’effet
de contraste lumineux aboutit à la sensation de suspens, de flottement des formes qui peut
parfois suggérer un espace d’écran d’ordinateur.
Sur le mur en face, à contrejour, quatre tableaux de même format (1m x 1m) sont présentés.
A gauche, un tableau sans titre de 1990 signé John M. Armleder et Sylvie Fleury.
John Michael Armleder, né en 1948 à Genève, s’est rendu célèbre depuis 1979, par la création
des Furniture Sculptures (Meuble-Sculptures), à savoir la combinaison de meubles d’origine
populaire et de signes artistiques, souvent issus des avant-gardes historiques. Influencé par
la pensée de John Cage, il réalisa de nombreuses performances et, au sein de la galerie Ecart,
servit de relais au mouvement international Fluxus. Le hasard a une place très importante
dans sa recherche. Ainsi, ce tableau sans titre, 1990, réalisé à quatre mains avec sa compagne
de l’époque, Sylvie Fleury, est une succession de bandes verticales blanches et roses sur un
format d’un mètre carré. L’observation attentive permet de discerner un rythme différent dans
la succession des bandes. A gauche, le rythme alterné du blanc et du rose s’accélère, la largeur
des bandes diminue régulièrement jusqu’au centre du tableau. A droite, reprenant le rythme
et la largeur des bandes blanches, les fines bandes roses s’affirment en un rythme devenu
régulier. Ce double effet d’accélération à gauche et de régularité à droite doit probablement
être attribué au fait que chacun des artistes a peint la moitié du format, reprenant à leur façon
la méthode surréaliste du cadavre exquis appliquée à la peinture géométrique.
Ensuite, « Négatif » 2007-2009 du jeune artiste Hugo Pernet.
Le tableau « Négatif » d’Hugo Pernet reprend en l’inversant le principe de ceux qu’Olivier
Mosset réalisa à l’époque de BMPT (1967-68) et jusqu’en 1972, c’est-à-dire un cercle noir au
centre d’un fond blanc d’un mètre carré. Il s’agissait pour Mosset et pour ses acolytes (Buren,
Parmentier et Toroni) de montrer la condition du peintre abstrait désormais réduit à n’être
qu’un producteur de signes parmi ceux du commerce, et dont le nom pouvait se résumer à une
initiale. Quarante ans après, le jeune artiste (né en 1983) rejoue avec malice et application ce
geste désormais mythique. En inversant le rapport noir/blanc, il semble également faire allusion
au négatif photographique qui servit à reproduire ce motif dans les revues et les livres d’art
et à le faire devenir une véritable icône pour les jeunes générations de peintres abstraits
d’aujourd’hui. A l’époque, Mosset aurait peint environ deux cent tableaux de cette nature.
Pernet en a réalisé très peu.
John M. ARMLEDER
Sylvie FLEURY
Sans Titre, 1990
Acrylique sur toile sur châssis
100 x 100 cm
© J. M. Armleder / S. Fleury
Collection FRAC Limousin
Hugo PERNET
Négatif, 2007 - 2009
Acrylique sur toile
100 x 100 cm
© DR
Collection FRAC Limousin
Cathy JARDON
DECALL2, 2008
Acrylique sur toile
100 x 100 cm
© Adagp, Paris
Collection FRAC Limousin
Enfin, deux tableaux intitulés « Décall 1 » et « Décall 2 » (2008) de Cathy Jardon.
La jeune Cathy Jardon (née en 1979, vit à Berlin) a entamé un parcours international dès sa
formation. Elle a obtenu son diplôme de fin d’études à L’Ecole Nationale des Beaux-Arts de
Dijon après avoir suivi les cours de Daniel Buren à Düsseldorf, et ceux de Franz-Erhard Walter
à Hambourg.
Présentant sa démarche, l’artiste précise : « mes peintures sont une variation de formes
simples, de lignes, de semblants de grilles. En les superposant, les lignes deviennent des
rayures, puis des formes géométriques… La faille, l’erreur, le déséquilibre constituent un ciment
précieux pour mes recherches et me rappellent à quel point rien n’est figé. » Son professeur à
Hambourg, le célèbre Franz Erhard Walther, résume bien la démarche de son ancienne élève lorsqu’il
écrit : « Il est troublant que la décision prise quant aux formes et aux couleurs soit impulsive
et spontanée, alors que la physionomie de l’image suggère un concept de travail hautement
calculé. Mais le second regard sur les peintures dévoile le moment de spontanéité. Les formes
prises séparément et dans leur ensemble se lient de telle sorte qu’une conception d’image
convaincante se constitue. Aucun des plus savants calculs ne parviendrait à ce résultat ».
Les sept tableaux réunis dans la salle de réception présentent quatre conceptions différentes
de la peinture abstraite actuelle. L’unité des trois peintures de Jane Harris s’affirme face à la
lumière et permet de subtils jeux perceptifs qui se modulent selon l’intensité lumineuse et les
déplacements du visiteur. En face, à contrejour, les quatre peintures de même format sont
plutôt des signes graphiques et colorés qui, tout en répondant à l’agencement symétrique du
décor, agissent comme des signaux très contrastés qui soulignent et perturbent les limites
spatiales et visuelles.
Yannick Miloux, directeur du FRAC Limousin
Fonds Régional d’Art Contemporain
Limousin
Les Coopérateurs
impasse des Charentes
87100 Limoges
Tél. : 05 55 77 08 98 - Fax : 05 55 77 90 70
E-Mail : [email protected]
Vous pouvez voir l’exposition :
> jusqu’au 31 août 2013 :
Le Grand Tout
30 ans du FRAC Limousin
> puis à partir du 20 septembre 2013 :
Défilé de sculptures
vernissage jeudi 19 septembre à 18h
> Horaires :
de mardi à samedi 14h-18h
fermé dimanche, lundi, jours fériés
Visites commentées sur rendez-vous.
> Tarifs des entrées :
Tarif plein : 1,50€ / Tarif réduit : 0,70€
Entrée gratuite pour les chômeurs,
journalistes, étudiants, scolaires…
Entrée gratuite sur présentation de ce
document
> Qu’est-ce que le FRAC Limousin ?
les FRAC sont des collections publiques
d’art contemporain créées en 1982 dans le
cadre de la politique de décentralisation
mise en place par l’État avec les Conseils
régionaux. 23 régions accueillent un FRAC
pour permettre à l’art d’aujourd’hui d’être
présent dans chaque région de France. Le
FRAC Limousin a constitué une collection
de plus de 1500 œuvres et regroupe plus
de 370 artistes régionaux, nationaux et
internationaux. Il propose tout au long de
l’année, dans sa galerie des Coopérateurs,
des expositions personnelles en alternance
avec des accrochages de la collection, ainsi
que de nombreuses animations (conférences,
cours d’histoire de l’art, lectures, …) et des
projets en partenariats.
Le FRAC Limousin est une association loi 1901
financée par l’Etat (Ministère de la culture et
de la Communication - DRAC Limousin) et la
Région Limousin. Depuis 1999, la collection
est intégrée dans le patrimoine de la région
Limousin.
> Tout savoir sur le FRAC Limousin, connaître
le programme et voir la collection :
www.fraclimousin.fr
Le FRAC Limousin reçoit le soutien de la Région Limousin et de l’Etat (Ministère de la
Culture et de la Communication / DRAC Limousin).