RETRO> Khidiatouline débarque à Toulouse - TFC online

Transcription

RETRO> Khidiatouline débarque à Toulouse - TFC online
RETRO> Khidiatouline débarque à Toulouse
(16-07-2004) - Soumis par Laurent WETZEL pour France Football - Dernière mise à jour : ()
Le capitaine du Spartak Moscou et de la sélection nationale d'URSS est le premier joueur soviétique à avoir été
transféré en France. Et c'est le TFC qui avait été choisi pour un passage à l'Ouest organisé dans des conditions plutôt
rocambolesques.
L'histoire n'a pas retenu que, ce 16 juillet 1988, le Toulouse FC est allé s'imposer au Parc des Princes, face au Matra
Racing, pour le compte de la 1re journée de Championnat. Le but, le seul du match, inscrit par Dominique Rocheteau
relève tout autant de l'anecdote. Pourtant, ce soir-là reste bien particulier. Au poste de libéro, dans l'équipe toulousaine,
débute un certain Vaguiz KHIDIATOULINE. Pour la première fois dans l'histoire du football hexagonal, un joueur
soviétique évolue sous les couleurs d'un club français. En fait, tout a commencé par un coup de fil nocturne en
décembre 1987. Il est 2 heures du matin quand Francis Andreu, directeur administratif du TFC, reçoit un appel de
Moscou. En voyage d'affaires dans la capitale d'une Union soviétique qui n'a pas encore implosé, le dirigeant de la
société qui habille les joueurs du club de Haute-Garonne pose cette étonnante question : "Khidiatouline, ça t'intéresse ?
Ici, ils sont prêts à le lâcher." Vu l'heure tardive, la conversation est brève, même si, à tout hasard, le dirigeant toulousain a
répondu à la question par l'affirmative.
Vaguiz Khidiatouline, les Toulousains le connaissent bien. En Coupe de l'UEFA, en octobre 1986, leurs routes se sont
croisées. En seizièmes de finale, l'équipe que dirige alors un certain Jacques Santini est opposée au Spartak Moscou.
Khidiatouline en est le capitaine, l'élément moteur, le régulateur du milieu de terrain. Du capitaine de l'équipe nationale
d'URSS qu'il est aussi, on sait tout ou presque. Sa valeur n'est en tout cas pas à prouver. Au TFC, on se souvient des
trois buts de Gérald Passi au match aller (3-1) et... des cinq encaissés au retour (après que Jean-Philippe Durand a
ouvert la marque !) de l'expulsion conjointe de Bellus et de Khidiatouline, qui se sont gentiment colletés, de l'élimination
inattendue qui suivit ce déplacement moscovite. A Toulouse, Vaguiz Khidiatouline n'est donc pas un inconnu.
Un "ouvrier spécialisé"
C'est par un autre coup de fil, quelques semaines plus tard, que l'affaire prend une autre tournure. En ce matin du 12
janvier 1988, alors qu'il est à son bureau, Francis Andreu reçoit un appel étrange. "Je ne peux pas vous dire qui je suis,
commence son interlocuteur au fort accent étranger, je ne peux pas vous dire comment - on ne s'occupe pas
spécialement de ça -, mais le Goumsport (NDLR : émanation du ministère soviétique des Sports) nous a chargés de
transférer Vaguiz Khidiatouline. Sur les principes, veuillez nous confirmer par fax votre intérêt." Une brève discussion
s'engage à l'issue de laquelle, sur le cahier d'écolier où il note ses idées, le directeur administratif du TFC écrit ce jour-là :
"Khidiatouline : pas de transfert à payer au Spartak Moscou ; deux ou trois saisons ; faire une offre informelle pour une
somme annuelle ; logement (en ville), nourri (restaurant) ; prestation de service, pas de charges sociales."
Le soir même, part un télex adressé à la société Dorna Management Eastern Europe Limited, basée au Liechtenstein,
dans lequel le club toulousain confirme donc son intérêt pour le joueur soviétique. Un contrat de deux ans, sinon trois,
est proposé, ainsi qu'une indemnité de 2 millions de francs par saison, la mise à disposition d'une villa, la prise en charge
de tous les repas, trois allers-retours Toulouse-Moscou par saison et des primes de résultat liées aux matches
disputés. Le lendemain, l'avocat représentant Dorna Management accuse réception par télex et précise : "Je me
permettrai de prendre contact avec vous lors de votre séjour à Lucerne pour fixer une rencontre personnelle."
A l'initiative de Pierre et Christian Duraincie, qui s'occupent alors de ses intérêts commerciaux et sportifs, le Toulouse
FC, pour meubler la trêve hivernale, a en effet accepté l'invitation du club suisse de Lucerne à participer au tournoi en
salle qu'il organise. Quelques jours avant ce déplacement, le mystérieux correspondant a repris contact avec les
dirigeants toulousains. Le samedi à 13 heures précises, à leur hôtel, une voiture viendra les prendre pour les conduire à
Vaduz, la capitale du Liechtenstein voisin, où un rendez-vous est fixé dans l'après-midi.
Ce jour-là, à l'heure dite, une grosse Mercedes noire conduit Francis Andreu et Christian Duraincie au pied d'un immeuble à
Vaduz, dont le mur du hall d'entrée est tapissé de plaques de société. A l'étage indiqué, on les fait patienter avant
qu'un trio imposant ne les reçoive. "Et là, raconte Francis Andreu, on s'aperçoit qu'ils savent absolument tout de nous ! Mais
vraiment tout ! Du club et de nous ! " Après avoir expliqué pourquoi Khidiatouline, "joueur exemplaire", avait été choisi,
le trio précise que le joueur n'appartiendra pas au TFC et qu'aucun contrat ne le liera au club français, qu'un contrat sera
passé entre la société de Vaduz et le club pour "une mise à disposition d'un ouvrier spécialisé".
Mais la législation française impose un contrat de travail pour obtenir un droit de séjour, et la Ligue nationale un contrat
en bonne et due forme avec un salaire minimum pour obtenir le droit de jouer dans le Championnat. Les discussions
commencent. Elles durent tout l'après-midi. "Il était clair qu'ils ne voulaient pas que le joueur ait de l'argent, se souvient
Francis Andreu. Pour aller au cinéma ou acheter un pantalon à ses gosses, les primes de match étaient largement
suffisantes. On s'est quittés là-dessus." Avec l'assurance qu'une solution serait trouvée.
"On n'a jamais discuté avec le joueur"
Trois semaines plus tard, Francis Andreu est de retour à Vaduz. Il est accompagné cette fois-ci de Marcel Delsol, alors
président du TFC, et de l'avocat du club, Jacques Bertrand. Et, au terme de six nouvelles longues heures, les
discussions aboutissent. Un document de 25 pages précise toutes les données de la venue du "Khid", pour deux ans,
avec le salaire minimum prévu par la Charte. "Tout était consigné dans les moindres détails, se souvient l'ancien
dirigeant toulousain. Même le rapatriement du corps en cas de décès !" Le contrat est faxé au joueur, qui dispute alors
l'Euro 88 en Allemagne fédérale (l'URSS sera battue en finale par les Pays-Bas) et qui le signe. "Nous, dit encore
Francis Andreu, on n'a jamais vu le joueur, on n'a jamais discuté avec lui".
Vaguiz Khidiatouline débarque peu de temps après à Toulouse et s'installe avec sa femme, Svletana, et ses deux fils,
http://tfcol.free.fr - TFC online
Powered by Mambo
Generated: 21 February, 2017, 07:41
Valeri et Maxime, dans une villa, au 7, rue de l'Ariège, que Lucien Favre et Alberto Tarantini avaient occupée avant lui.
Une voiture est mise à sa disposition et, pour ne pas qu'il aille au restaurant tous les jours, les dirigeants toulousains lui
ouvrent un compte dans le supermarché voisin, au pont des DemoiselIes. "On était au début de la perestroïka, raconte
aujourd'hui Khidiatouline. On m'a laissé partir un peu pour services rendus. Cela m'a fait bizarre d'être un pionnier, le
premier à passer la frontière, à m'installer en France. Pour moi, c'était un peu un rêve de rejoindre ce pays, celui des rois
et des châteaux".
Dix jours après son arrivée, il participait à son premier match face au Matra Racing. Six mois plus tard, il était intégré.
"Pour faire tomber les barrières, raconte-t-il, j'avais organisé une soirée chez moi, avec tous les joueurs, Passi, Durand,
Marcico, Despeyroux. Je leur ai expliqué mon pays, nous avons mangé du caviar que j'avais apporté de là-bas et bu de
la vodka. Tout s'est fini très tard, en chansons. Le lendemain, Jacques Santini, notre entraîneur, nous avait dispensés
d'entraînement." Vaguiz Khidiatouline est resté deux années à Toulouse avant de repartir chez lui, en juin 1990. Au terme
de son étonnant contrat.
http://tfcol.free.fr - TFC online
Powered by Mambo
Generated: 21 February, 2017, 07:41