UNIVERSITE PARIS 8 Diplôme d` Etudes Supérieures d` Université
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UNIVERSITE PARIS 8 Diplôme d' Etudes Supérieures d' Université PRATIQUES DU COACHING Le coaching cognitif et comportemental comme outil pour renforcer l'estime de soi. Une colère assumée par une estime de soi renforcée. Sous la direction de Marie KOENIG Mémoire pour l'obtention du DESU Pratiques du coaching Présenté et soutenu publiquement par Chantal GILLARD Le 05 Novembre 2014 JURY DE SOUTENANCE : Mr Michael PICHAT, Maître de conférences en psychologie du développement, Université Paris 8 - Président du jury Mme Marie KOENIG, Psychologue Clinicienne, chargée de cours Université Paris 8 Mr Nabil TAK-TAK, Consultant - Coach, Coordinateur pédagogique du Desu "Pratiques du coaching" - Université Paris 8 UNIVERSITE PARIS 8 Diplôme d' Etudes Supérieures d' Université PRATIQUES DU COACHING Le coaching cognitif et comportemental comme outil pour renforcer l'estime de soi. Une colère assumée par une estime de soi renforcée. Sous la direction de Marie KOENIG Mémoire pour l'obtention du DESU Pratiques du coaching Présenté et soutenu publiquement par Chantal GILLARD Le 05 Novembre 2014 JURY DE SOUTENANCE : Mr Michael PICHAT, Maître de conférences en psychologie du développement, Université Paris 8 - Président du jury Mme Marie KOENIG, Psychologue Clinicienne, chargée de cours Université Paris 8 Mr Nabil TAK-TAK, Consultant - Coach, Coordinateur pédagogique du Desu "Pratiques du coaching" - Université Paris 8 REMERCIEMENTS. Je tiens à remercier en premier lieu Marie Koenig, directeur de mémoire, qui a su m'encourager et me soutenir avec tant de bienveillance. Merci aux 4 coachées qui m'ont fait confiance et sans qui l'aventure ne pouvait avoir lieu. Merci aux formateurs pour leurs apports théoriques et pratiques, Merci à Nabil Tak Tak pour son énergie. Merci à mes deux superviseuses: Florence Lamy et Michéle Détroyat qui ont su me guider dans cet apprentissage. Merci à Luc et Anne Charlot qui m'ont accueilli gracieusement dans leur locaux, m'ont ouvert leur réseau pour trouver des personnes à coacher et m'ont encouragé et soutenu, merci de leur confiance. Merci à mes collègues qui ont pris la relève pendant mes absences et merci de leur intérêt portés à cette aventure. Merci à l'association d'animation du centre social des sablons, et plus particulièrement à la présidente, Madeleine Moriceau, sans qui je n'aurai pas pu partir en formation. Merci à mes amis que j'ai délaissé depuis un an mais qui m'ont soutenu par de douces attentions. Pour terminer je transmets toute ma reconnaissance et tout mon amour à Fabien, mon mari et à mon petit dernier Lucas (13 ans) qui ont été compréhensifs, et qui m'ont "coachée" à leur tour dans les moments de doute. Car la vie est bien perdue pour celui qui ne l'a pas vécue comme il l'avait voulu… Emmiscu Mihai (poète roumain 1850-1889) Table des matières Diplôme d' Etudes Supérieures d' Université ............................. 0 Chantal GILLARD ................................................................................ 0 Diplôme d' Etudes Supérieures d' Université ............................. 1 Chantal GILLARD ................................................................................ 1 REMERCIEMENTS. ................................................................... 2 INTRODUCTION ........................................................................ 6 Revue de la Littérature ............................................................... 7 1. L'estime de soi au travers des émotions et des cognitions .............. 7 1.1 L'estime de soi de sa définition à sa construction...........................................7 1.2 Les différents niveaux d’estime de soi. ............................................................9 1.3 Les cognitions. .............................................................................................. 11 1.4 Les émotions au cœur de nos pensées......................................................... 14 2. Un outil d’accompagnement : le coaching ...................................... 22 2.1 Origine et définition du coaching ................................................................... 22 2.2 Les cadres du coaching................................................................................. 23 2.3 Les outils de base du coach. ......................................................................... 24 3 Une méthode de coaching singulière: le coaching comportemental et cognitif ............................................................................................... 26 3.1 La genèse du coaching comportemental et cognitif (C.C.C) ......................... 26 3.2 Des Thérapies comportementales et cognitives (T.C.C) au coaching comportemental et cognitif (C.C.C). .................................................................... 27 Problématique .......................................................................... 35 Méthodologie. .................................. Erreur ! Signet non défini. 3.1 Le contexte du recueil des données. ..................... Erreur ! Signet non défini. 3.2 Les sujets impliqués dans la séance observée. .... Erreur ! Signet non défini. 3.3 Grille d’analyse de la séance de coaching observée. ....... Erreur ! Signet non défini. 3.4 Type d’analyse des données recueillies ................ Erreur ! Signet non défini. Présentation et analyse des données extraites.Erreur ! Signet non défini. 4.1 Analyse quantitative. ............................................. Erreur ! Signet non défini. 4.2 Analyse qualitative des données recueillies. ......... Erreur ! Signet non défini. Discussion. ...................................... Erreur ! Signet non défini. 5.1 Synthèse des données obtenues. ......................... Erreur ! Signet non défini. 5.2 Confrontation des résultats à la revue de la littérature. .... Erreur ! Signet non défini. 5.3 Confrontation des résultats les plus importants à la problématique. ............................................Erreur ! Signet non défini. 5.4 Confrontation des résultats les plus importants à notre pratique professionnelle. ...........................................Erreur ! Signet non défini. CONCLUSION................................. Erreur ! Signet non défini. BIBLIOGRAPHIE. ............................ Erreur ! Signet non défini. ANNEXES ....................................... Erreur ! Signet non défini. INTRODUCTION Chacun a une opinion de lui-même qui lui est propre. Bonne ou mauvaise, conscient ou inconsciente, verbalisée ou tu, l'estime de soi conditionne notre façon d'agir, notre rapport au monde, notre façon d'être tout simplement. Que l'on ait une basse ou une haute estime de soi, l'important est sans nul doute d'avoir une estime de soi adaptée, c’est-à-dire non limitante dans nos relations sociales, personnelles, ou professionnelles. L'ajustement de notre estime de soi au monde qui nous entoure pour mieux le vivre et non le subir nécessite d'abord de définir ce que nous entendons par estime de soi, qu'elle soit haute ou basse. C'est ce que nous verrons dans cette première partie. Nous y montrerons nécessairement sa genèse et les mécanismes qui la génère jusqu'à un paroxysme, la colère, manifestation d'une émotion négative (que l'on se doit d'abord d'identifier) et qui est engendrée par un ou des besoins non satisfaits. Dans une deuxième partie nous détaillerons un mode d'accompagnement des personnes vers un changement original: le coaching. Nous présenterons ses origines, ses précurseurs et nous nous arrêterons sur les cadres nécessaires à la réalisation du métier de coach. Nous détaillerons différents outils indispensables au coach pour amener le coaché à la réalisation de ses objectifs (de la posture, aux techniques de questionnement en passant par les silences…). Puis dans la 3ème partie, nous mettrons en avant une méthode singulière, le coaching cognitif et comportemental. Méthode, d'ailleurs, que nous utiliserons dans cette étude. Concernant le coaching cognitif et comportemental nous exposerons ses origines, ses liens avec les thérapies cognitives et comportementales, ses objectifs et ses outils. Nous nous arrêterons plus particulièrement sur la notion de croyances et détaillerons un modèle permettant l'identification des croyances irrationnelles, leurs déstabilisations et leurs substitutions par des croyances moins limitantes. Nous présenterons par la suite notre problématique et notre méthodologie. Puis nous confronterons nos résultats à l'analyse qualitative et quantitative de l'extraction des données, à la revue de la littérature, à la problématique et à notre future pratique professionnelle. 1 Revue de la Littérature 1. L'estime de soi au travers des émotions et des cognitions L'estime de soi, expression souvent utilisée voir galvaudée, est reprise de façon familière et fait la une des revues féminines, des tests sur internet… Dans son ouvrage Monbourquette (2002) parle même de déluge de publications. Il cite un moteur de recherche québécois, La toile du Québec, dont 105000 sites mentionnent l’estime de soi. On y trouve même un coach virtuel, Emma Narcisse, pour promouvoir l’estime de soi. 1.1 L'estime de soi de sa définition à sa construction. Il est difficile de trouver une seule acception de l'estime de soi, néanmoins toutes les définitions ont en commun : s’aimer, s'apprécier, se faire confiance. Sur le plan étymologique, Estimer, du latin Oestimare veut dire : déterminer avoir la valeur de … une opinion de..... Selon le Larousse des expressions, l'estime de soi est la satisfaction que l'on tire de n'avoir rien à se reprocher. Cette définition semble malgré tout quelque peu réductrice par rapport à ce que l'on trouve dans la littérature de la psychologie. Dès 1890, William James reconnu comme le père de la psychologie américaine donnait sa définition de l’estime de soi : « L’estime que nous avons de nous-mêmes dépend entièrement de ce que nous prétendons être et faire. » pour James : Estime de soi = Réussites/Aspirations. D’autres grands noms de la psychologie se sont intéressés à l’estime de soi. Monbourquette (2002, p.17) cite notamment Alfred Adler, Carl Rogers, Virginia Satir. Selon Monbourquette (2002), Adler ne laisse pas de place à une estime de soi juste, en précisant que selon lui l’homme né avec une basse estime de soi tenterait de troquer son sentiment d’infériorité en sentiment de supériorité. Josiane de Saint Paul (1999, introduction), psychothérapeute, décrit l'estime de soi comme une attitude positive vis à vis de soi-même. Toujours selon Josiane de Saint Paul (1999, p.23) l’estime de soi est le produit du jugement que nous portons sur nous-même et suppose l'existence d'un concept de soi : une idée de qui je suis et d'un idéal du moi : une représentation de qui je veux être. 2 Christophe André, psychiatre, dans son livre L’estime de soi (1999), explique que l’estime de soi suppose : - D’avoir confiance en soi - D’avoir une vision de soi - D’avoir un amour de soi Il précise (1999, p.14) « un bon dosage de chacune de ces trois composantes est indispensable à l’obtention d’une estime de soi harmonieuse. » Nous pouvons compléter cette définition en précisant ce que nous entendons par confiance en soi, vision de soi et amour de soi. La confiance en soi pourrait être : J’ose, je peux le faire, je suis capable de …. La vision de soi s’apparenterait au regard que l’on porte sur soi, en mettant de côté ses complexes et en continuant à croire en ses qualités et en ses compétences…. Pour terminer, l’amour de soi serait de s’accepter tel que l’on est, malgré nos erreurs, nos limites. L’estime de soi n’est pas innée, elle se construit dès la petite enfance avec le regard et les encouragements des proches et principalement des parents. L’enfant mettra en place des actes, des stratégies pour attirer l’attention de ses parents, afin d’obtenir des signes d’affection qui lui permettront de se sentir aimé, et qui lui donneront confiance pour l’avenir. L’estime des autres viendra donc nourrir sa propre estime. L’exemple des premiers pas : qui n’a jamais observé ou pratiqué les encouragements et les félicitations des parents envers leur enfant qui vient de faires ses 3 premiers pas entre le canapé et la table de salon ? L’enfant s’entend dire « bravo, je suis fière de toi », on le couvre de baisers et tout heureux l’enfant se risquera en toute confiance à recommencer plusieurs fois avec en récompense le « bisou magique ». L’enfant sera heureux car ses besoins seront comblés. (cf. ch. 1.4.3) Cette construction est un long processus de la naissance à l’adolescence tout comme la construction identitaire. Marcel Rufo (2007, p.217), affirme : « aimer son enfant, c’est l’aider à trouver l’estime de soi nécessaire pour qu’il nous quitte dès qu’il sera prêt. » Les parents ont un rôle primordial dans la construction de l’estime de soi mais également l’entourage comme les enseignants à l’école. L’estime de soi est donc liée au développement de la personne, mais pas seulement. En effet nos rencontres, nos relations professionnelles, notre vie amoureuse vont concourir à la construction de notre estime de soi ou tout du moins permettre qu’elle se développe, s’affirme ou au contraire s’effondre. Il existe différents outils permettant d’évaluer son estime de soi, qu’elle soit haute ou basse. (cf annexes). 1.2 Les différents niveaux d’estime de soi. .1.2.1 La basse estime de soi. Précédemment nous avons expliqué que l’estime de soi se construisait dès le plus jeune âge, mais celle-ci n’est pas statique, elle évolue au gré de nos rencontres, de nos conquêtes ou défaites amoureuses. Ainsi, une bonne estime de soi plus jeune peut diminuer avec l’âge adulte et conduire à une basse estime de soi. Mais déjà éclaircissons ce que nous entendons par faible estime de soi. Cela nous renvoie comme le dit Fennell (2013, p.7) « à l’opinion générale que nous avons de nous-mêmes et à la valeur que nous nous accordons en tant que personne. » si notre regard et nos mots sont négatifs nous serons face à une faible estime de soi. Nous pourrons alors parler de croyances négatives qu’un individu porte sur lui-même. Nous reviendrons dans un chapitre ultérieur sur cette notion de croyance. Les conséquences d’une basse estime de soi peuvent être des freins pour la vie quotidienne, à l’école, au travail, dans son voisinage, dans sa vie amoureuse ou familiale. Il y a risque que le sujet soit sous influence et qu’il ne décide pas réellement de sa vie. Observons autour de nous ; nous connaissons tous des personnes avec une faible estime de soi, comment se comportent-elles ? Bien souvent elles seront effacées en société, seront dans l’évitement, même leur corps sera le témoin de leur faible estime de soi. Elles pourront être voûtées, transpirantes, avec des rougeurs…et comme le souligne Fennell (2013, p.11) « La faible estime de soi a des répercussions sur l’état émotionnel. » Chaque individu réagira différemment à sa faible estime de soi, pour certains les conséquences pourront être la cause de maux comme l’anxiété, voir des états de panique et même de dépression, d’autres seront vulnérables et pourront être la proie facile de manipulateurs, d’employeurs malveillants ou de gourous. 1.2.2 La haute estime de soi. Avoir une haute estime de soi, pourrait se résumer par avoir une haute idée de soi-même, ce qui pourrait s’apparenter à de la prétention, de l’égoïsme, de l’individualisme, voir à un comportement narcissique. Hors, une haute estime de soi peut être défini comme s’apprécier, se faire confiance pour agir, se sentir à la hauteur pour avoir sa place dans un groupe. Ne pas systématiquement s’inquiéter du regard des autres, se sentir légitime là où l’on est. La recherche d’une haute estime de soi peut engendrer des troubles : inquiétude, anxiété, rigidité… André (2009), défend l’idée qu’il est préférable de ne pas mesurer l’estime de soi sur une échelle haute ou basse, mais plutôt en termes de qualité. Il définit la haute estime par : « A quoi identifie-t-on une estime de soi haute (et bonne) ? Au discours sur soi : la personne est capable de parler positivement d’elle, lorsque les circonstances l’y amènent, et d’accepter les compliments sans gêne. A son attitude face à l’action : elle peut entreprendre, préserver, renoncer sans se sentir humiliée ni chercher d’excuses. A ses attentes et à ses ambitions : elle ajuste ses prétentions à sa valeur, ni trop ni trop peu » André (2009, p.34) Nous pourrions ainsi parler d’une estime de soi juste, équilibrée et harmonieuse. 1.2.3 Un petit détour par l’Assertivité. L’assertivité, nouveau concept initié dans la première partie du XXème siècle par André Salder, psychologue américain, et développé plus récemment par Joseph Wolpe, psychiatre américain, mérite dans cette étude que l’on s’y intéresse pour comprendre ce qui le lie à l’estime de soi développé ci-dessus. Ce terme assertivité n’existe pas encore dans les dictionnaires à portée générale, reconnus par l’académie française. Pour trouver une définition il faut se référer au dictionnaire fondamental de la psychologie édité par Larousse : « L’assertivité est la caractéristique d’une personne qui exprime avec aisance son point de vue et ses intérêts, sans anxiété, sans dénier ceux des autres. » Nous pourrions dire qu’il s’agit d’une compétence du comportement qui permet de communiquer et d’avoir une attitude, même non verbale, face à l’autre dans le respect d’autrui. Ce qui fait la force de l’assertivité c’est que ce respect d’autrui ne doit pas s’exercer au détriment du respect que l’on s’accorde. Comme le titrent Cannio et Launer (2010, p.140) « L’assertivité : ni hérisson, ni paillasson ». Etre assertif permet de pouvoir selon Frédérique Demarquet (2014): Négocier pour obtenir ce que je veux sans léser les autres. Renforcer mon autonomie et mon efficacité. Assumer mes responsabilités. M’exprimer face à un groupe. Affirmer mes besoins, mes droits, mes sentiments. Faire face aux conflits, à l’agressivité, aux critiques. Dire non lorsque je l’estime nécessaire. Formuler une critique constructive. Déjouer les jeux psychologiques, les manipulations. Accepter et gérer un refus. L’assertivité est un système dans lequel 3 éléments, l’estime de soi, l’affirmation de soi, et la confiance en soi sont combinés et indissociables. Ce système est lui-même nourrit par 3 besoins qui se doivent d’être satisfaits : le besoin affectif (répond à l’estime de soi), le besoin de reconnaissance (répond à l’affirmation de soi), et le besoin d’être compétent (répond à la confiance en soi). Nous avons réellement affaire à un système, l’assertivité ne peut pas être sans un de ces composants. Nous venons d’expliquer l’origine et les différents niveaux de l’estime de soi. Il est apparu ainsi évident que selon le niveau d’estime de soi qu’une personne a d’elle-même, elle ne va pas regarder le monde de la même façon .Ce qui nous amène à faire un lien avec les cognitions. 1.3 Les cognitions. Le mot cognition vient du latin « cognito » signifiant : l’action de connaitre. Ce mot rassemble l’ensemble des connaissances, des croyances, des représentations mais également l’ensemble du processus d’apprentissage, du traitement de l’information et de la mémoire. Plus simplement nous entendons par cognition, les pensées. Cottraux (2001, p.9) définit une cognition ainsi : « le mot cognitif "peut paraitre pédant", mais ‘’avoir une cognition signifie qu’à un moment donné, vous pensez et avez des sentiments par rapport aux évènements qui vous arrivent » Ces pensées ou cognitions se manifesteront bien souvent comme un monologue interne, Cottraux parle de notre " propre voix off "en comparaison à la voix off des films. Ces pensées sont omniprésentes, nous ne nous arrêtons jamais de penser. Aussi ces pensées vont être orientées, influencées par notre état et notre estime de soi. Ces cognitions, principalement subjectives, peuvent alors déformer la réalité de ce que nous percevons. Une des conséquences d’une basse estime de soi peut être la production de cognitions négatives, limitantes, voir biaisées. C’est à dire qu’une personne avec une basse estime d’elle-même qui a peu de confiance en elle et une vision d’elle-même négative, va influencer la représentation d’un évènement et produire ainsi une pensée détournée de la réalité. Ce que l’on nomme en psychologie : biais cognitifs ou distorsions. Ces pensées que nous nommerons limitantes ou négatives vont induire des comportements et des émotions. Patrick Amar (2013) nous propose ce schéma, mis en forme par nos soins, pour expliquer le processus : Renforce la pensée Pensée limitante Impact sur l’efficacité personnelle Cognitif Anticipation d’échec Emotions négatives Pas de feed back Comportement d’évitement Comportemental Ce schéma nous montre comment, suite à une pensée limitante ou négative le sujet imagine déjà l’échec et adopte dès lors un comportement d’évitement pour ne pas regarder en arrière. Il va alors être envahi par une émotion probablement négative qui va impacter sur son efficacité et renforcer ainsi sa pensée initiale négative. Ces pensées dites pensées automatiques sont présentes à chaque étape lorsque nous prenons une décision. L’échelle d’inférence de Chris Argyris, théoricien des organisations, le démontre. Action Conclusion Ex : Il va me virer Inférences (hypothèse) Ex : Il a quelque chose à me dire… Sélection de l’information Les faits, l’information ou les images. Ex : mon responsable ne m’a pas dit bonjour Ex:PlanScial Echelle d’inférence d’Agyris : lecture de bas en haut mise en forme par nos soins avec comme sources cours de P. Amar (2013) Ces distorsions cognitives se retrouvent dans les différents champs de la vie et peuvent conduire les personnes à un réel manque d’objectivité. Aron Beck a classé en 3 grands groupes ces distorsions. (Triade de Beck) - Cognition sur soi Cognition sur l’environnement Cognition sur l’avenir. Ces pensées vont alors provoquer des émotions comme le suggère le schéma de D. Burns Les pensées (cognitions) Vous interprétezLLLLES les évènements par l’intermédiaire de pensées qui vous traversent perpétuellement l’esprit. C’est ce que l’on appelle le « dialogue intérieur ». Le monde extérieur Série d’évènements positifs, neutres ou négatifs L’humeur Vos sentiments sont engendrés par vos pensées et non pas par les évènements eux-mêmes. Toute l’expérience doit être traitée par votre cerveau qui lui affectera une signification avant que vous puissiez ressentir une réponse émotionnelle. Schéma de D. Burns mise en forme par nos soins. 1.4 Les émotions au cœur de nos pensées. Qui n’a jamais ressenti en un instant de la colère, de la peur, de la joie ou de la tristesse le traverser ? Que sont ces sentiments nommés émotions ? Comment naissent-elles ? Que provoquent-elles ? 1.4.1 Naissance et définitions des émotions Les émotions ne sont pas une visée de nos contemporains, ce sont les philosophes qui s’y sont intéressés en premier Au cours des siècles de nombreux philosophes, scientifiques, psychologues ou médecins en santé mentale se sont exprimés sur le processus émotionnel. Platon (427-358 av. J.-C.) avait une analyse plutôt négative des états émotionnels, il pensait que les émotions viendraient perturber notre raison et seraient néfastes à l’évolution de notre pensée. Aristote (384-324 av J.-C.), lui, considérait que les relations aux autres seraient meilleures si on était touché d’un point de vue émotionnel par l’autre. Si tous ont des points de vue singuliers, en revanche, ils s’accordent à penser que les émotions sont intemporelles et universelles, même si chaque culture dispose d’un code social qui lui est propre Etymologiquement le mot émotion commence par le préfixe latin ex qui signifie sortir et le radical movere qui désigne un mouvement. Une émotion serait donc un mouvement qui sort vers l’extérieur. Couzon et Dorn (2011, p.17) affirment : « que les émotions nous mettent en mouvement, à l’intérieur comme à l’extérieur, et nous rendent vivants. » Selon le Larousse, les émotions sont définies comme suit : - « Trouble subit, agitation passagère causés par un sentiment vif de peur, de surprise, de joie, etc. : Parler avec émotion de quelqu'un. » « Réaction affective transitoire d'assez grande intensité, habituellement provoquée par une stimulation venue de l'environnement. » Pour le Robert il s’agit : - D’un : « Etat affectif intense, caractérisé par une brusque perturbation physique et mentale où sont abolies, en présence de certaines excitations ou représentations très vives, les réactions appropriées à l’évènement ». Pour Luminet (2008, p.212) les émotions se définissent par des : « Réponses extrêmement rapides de l’organisme suite à certaines circonstances inhabituelles de l’environnement qui se caractérisent par un ensemble de réponses physiologiques, comportementales - expressives et cognitives -expérientielles, concomitantes… » Il insiste également sur la différence entre l’humeur et les émotions. L’émotion étant plus brève que l’humeur. Nous pouvons dire qu’une émotion nait d’une réaction à une situation ou de l’interprétation que nous en faisons, elle se traduit par une réaction physique souvent interne mais également faciale, puis elle s’extériorise : rires, pleurs, cris, fuites,…. Selon Nabil Tak Tak, (2014): « toute émotion se traduit par une réponse du corps, et en premier lieu par une mobilisation du système neuroendocrinien ». Goleman (1995, p.357) désigne comme émotion : « à la fois un sentiment et les pensées, les états psychologiques et biologiques particuliers ainsi que la gamme de tendances à l’action qu’il suscite. » Nous parlons aujourd’hui d’intelligence émotionnelle, qui serait notre capacité à reconnaitre nos émotions, à les gérer et la capacité à reconnaitre celle des autres. L’émotion a une fonction informative importante qui peut nous aider dans une démarche de coaching. Ce n’est pas parce que cette émotion nous envoie un message qui nous dérange que nous devons l’éliminer. Pour Ellis & Harper(2007,p.41) « Les émotions sont le résultat d’un processus qui se joue sur trois plans : premièrement, elles proviennent d’une stimulation physique quelconque du centre qui, dans notre cerveau, contrôle plus spécialement les émotions (et que l’on appelle l’hypothalamus) et du réseau nerveux de notre corps (que l’on nomme système nerveux autonome) ; deuxièmement, elles sont le résultat des processus conjugués de notre perception et de notre motricité (dont le terme technique est système sensorimoteur) ; et troisièmement, elles naissent de nos désirs et de notre pensée (qu’en termes techniques on nomme conation et cognition). » 1.4.2 Les émotions, un état physiologique. Nos émotions se traduisent par un état physique modifié, comme des tremblements, le manque de salive, les pupilles dilatées, des sueurs, des crampes à l’estomac,…ces états sont directement liés à l’émotion ressentie et sont différents d’une personne à l’autre. Il peut être rappelé d’une façon brève que notre cerveau comporte deux zones nommées communément cerveau gauche et cerveau droit. Le cerveau gauche assure des fonctions plus rationnelles, de logique, tandis que le cerveau droit s’attache à notre côté créatif, à nos émotions et à nos ressentis. Ces émotions sont « stockées » dans le cortex préfrontal, une petite zone située à l’avant de notre cerveau. C’est le " disque dur " de nos émotions qui agit comme un signal d’alarme pour nous rappeler une expérience émotionnelle passée, afin de s’adapter différemment ou non à la situation présente. 1.4.3 Des besoins insatisfaits générateurs d’émotions. Selon Isabelle Filliozat, (1997), nos émotions sont des réactions à un ou à des besoins non assouvis ou frustrés. Il semble donc intéressant d’explorer ces besoins. Pour Aimelet-Périssol (2002, p.25) : les besoins renvoient à « la sensibilité de chacun une envie, une appétence, une nécessité, ou déjà un manque et une insatisfaction ». Elle poursuit son propos en expliquant : « Avoir des besoins, être dans le besoin, peut même être vécu comme un état négatif car restreignant notre liberté, ou même dévalorisant, nous réduisant à notre part animal.» Mais quels que soientt les préjugés ou les idées que se font les personnes sur les besoins, ceux-ci existent bien chez tous les êtres vivants. Selon Abraham Maslow : En 1970, Abraham Maslow, psychologue, défend sa théorie de la motivation avec la hiérarchie des besoins. On parlera de la Pyramide de Maslow. Maslow distingue 5 groupes de besoins interdépendants et fondamentaux : les besoins physiologiques : manger, boire, dormir, respirer… les besoins de sécurité : stabilité, ordre, limites… les besoins d'appartenance : amour, amitié, faire partie d’un groupe. les besoins d'estime : confiance et respect de soi, estime de soi, appréciation des autres… les besoins d'accomplissement de soi : recherche d’harmonie, de vérité… D’autres théories des besoins ont vu le jour, notamment celle de Théodore William Schultz, économiste allemand du XXème siècle : Selon Théodore William Schultz : Théodore William Schultz s’intéresse aux besoins qui permettent aux hommes d’entrer en relation avec les autres. Sa théorie distingue trois types de besoins : les besoins d’inclusion, les besoins de contrôle et les besoins d’affection. Ces 3 besoins existeraient chez chacun avec une intensité différente. Ainsi il est possible de constituer des groupes de personnes en fonction du type de besoins qu’elles cherchent à satisfaire dans leurs relations. On parlera de besoins interpersonnels ou la théorie FIRO (Fundamental Interpersonal Relationship Orientation) Selon Jean Garneau « Le besoin d’inclusion est celui qui nous pousse à nous associer à un groupe, à chercher à faire partie d’un ensemble de personnes, à être membre reconnu d’une collectivité. Le besoin de contrôle est celui qui nous amène à tenter d’influencer les personnes avec lesquelles nous sommes en contact, à vouloir faire une différence dans notre environnement, à vouloir avoir notre mot à dire dans ce qui se passe. Le besoin d’affection nous pousse à établir des relations privilégiées, caractérisées par l’intimité et la chaleur. C’est le besoin d’aimer et d’être aimé tel qu’il s’applique à nos conjoints, nos enfants et nos amis intimes. Il semble qu’une hiérarchie relie également ces trois groupes de besoins. Le besoin d’inclusion serait le premier à se manifester et le plus essentiel à une vie saine. Le besoin de contrôle viendrait ensuite lorsque le premier est raisonnablement satisfait et le besoin d’affection viendrait en dernier parce qu’il suppose une plus grande maturité de la personne ou de la relation. Les trois types de besoins seraient reliés aux stades du développement de l’enfant identifiés par Freud (oral, anal, phallique). » Selon la pratique : Communément on parlera de besoins primaires et de besoins secondaires. Les besoins primaires : Ils sont indispensables à la survie de l’homme, comme manger, boire, dormir...Ces besoins primaires sont également appelés : besoins naturels, vitaux, physiologiques voire fondamentaux. Ils représenteraient les deux premiers étages de la pyramide de Maslow. Les besoins secondaires : Ils ne sont pas nécessaires à la survie de l’homme (s’éclairer à l’électricité, acheter des biens immobiliers ou mobiliers, se parfumer, avoir un téléphone…). Ils sont également nommés besoins de confort, de civilisation, artificiels. Ce chapitre a donc montré l’importance de la satisfaction de nos besoins, qui insatisfaits, entrainent des réactions de manque : les émotions. Pour Aimelet-Périssol (2002, p.26) « La reconnaissance de ses besoins est le passage nécessaire pour la connaissance de soi » donc l’identification de nos émotions. 1.4.4 Les différents types d’émotions. Il existe de très nombreuses émotions avec des déclinaisons encore plus nombreuses. Certains parlent d’émotions fondamentales, d’émotions de base et d’autres les nomment: - Les émotions simples Ce sont les émotions proprement dites, dans leur plus simple expression. Pour s’informer de ce qui est important pour nous, il est nécessaire de les ressentir. - Les émotions mixtes Ce sont des manifestations défensives qui ont l'apparence d'émotions, il y est difficile de reconnaitre la vraie émotion. - Les émotions repoussées Elles se manifestent habituellement par des signes corporels (migraines, maux d’estomac, maux de gorge, pleurs..). Elles prennent place lorsqu’on repousse une émotion ou que l’on évite son expression. (Sources http://www.uquebec.ca/edusante/mentale/imp_emotions.htm) Paul Ekman psychologue américain a été le premier en 1972 à proposer une classification, nous retiendrons pour cette étude celle de Goleman (1995, p.357) qui classe les émotions en 8 types : Colère Tristesse Peur Plaisir Amour Surprise Honte Dégoût Lelord et André (2001), eux, déclinent comme fondamentales ou élémentaires les émotions qui : Débutent soudainement Durent peu Se distinguent des autres émotions Apparaissent chez le bébé Agitent le corps à sa manière Toujours selon Lelord et André (2001) les psychologues évolutionnistes retiennent trois autres critères pour définir une émotion fondamentale ou élémentaire. Avoir une expression faciale Etre déclenchée par des situations universelles Etre observable chez nos cousins les primates. Demarquet, (2013) coach et formateur nous propose ce cercle vicieux émotionnel. BESOIN RENFORCEMENT DU MANQUE EVITEMENT MANQUE EMOTION Ce cercle met en exergue le lien étroit entre l’émotion et la satisfaction du besoin. Si l’émotion est évitée, donc non assumée, le manque se trouve de fait renforcé et le besoin non satisfait. Dans le cadre de cette étude il peut être envisagé de modifier le renforcement du manque par le renforcement de la basse estime de soi. BESOIN . RENFORCEMENT de la basse estime de soi MANQUE EMOTION EVITEMENT 1.4.5 : Zoom sur une émotion : La colère. Dans le cadre de notre sujet d’études, il apparait important de s’arrêter sur cette émotion. Dans l’Antiquité la colère était réservée aux dieux, seules les prières, les offrandes voir les sacrifices pouvaient calmer ces colères. Dans la religion chrétienne la colère est d’ailleurs un des sept péchés capitaux. A cet effet la bible distingue deux types de colère : La colère juste ou colère d’indignation appelée sainte colère. La colère ‘’pêchée ‘’ ou colère d’égoïsme. Au sens psychanalytique, la colère est liée à une émotion non maitrisée, à une pulsion. Sédat (2013/11tome 419, p.485-496) confirme cette vision psychanalytique « Il s’agit d’une démarche émotionnelle, non maîtrisée, ce que rend bien un des termes grecs utilisé pour désigner la colère : thumos. Ce terme qui signifie initialement le souffle peut aussi servir à exprimer tout ce qui relève de la volonté, de l’intelligence ou des passions, pour exprimer enfin la colère. » Il continue son propos avec un synonyme de thumos qui est Khloé « qui signifie le fiel, la bile puis la colère et la haine ». Dans cette explication Sédat (2013) veut souligner que ces deux termes illustrent cette émotion qu’est la colère, c’est-à-dire une émotion qui se traduit par une manifestation physique et mentale. Dès son plus jeune âge l’enfant encore bébé exprime des colères liées à des besoins non satisfaits. Cela peut aller d’un besoin de se nourrir qui engendre des pleurs (jusqu’à l’arrivée du biberon), à des cris incessants à la tombée de la nuit qui annoncent un besoin de sécurité affective non satisfait. La colère est aussi comme les autres émotions une étape dans le développement de l’enfant. La colère des 2 ans : cette période où le parent est désarmé devant son enfant, qui en plein milieu du supermarché se roule par terre et fait une grosse colère. Cet épisode est fort culpabilisant pour le parent. Il est soumis au regard des autres. Cette étape est un passage nécessaire dans l’apprentissage de la frustration, du détachement au parent et dans l’individuation de l’enfant. Sédat (2013/11tome 419, p.485-496) dit à ce sujet : « Que ce soit pour Freud ou Winnicott, la colère ou ce qui est convenu d’appeler ainsi, fait partie d’un processus de construction de soi, d’autonomisation, permettant à chaque sujet de trouver sa propre place dans la relation à l’autre. » Deux types de colère se côtoient : la colère d’imputation et la colère d’implication. La colère d’imputation : Cette colère est une décharge émotionnelle qui cherche à se retourner contre l’autre : ‘’ ce n’est pas ma faute c’est l’autre’’. On se situe comme victime, on impute à l’autre les raisons de son ressentiment. Le racisme est une colère d’imputation, on s’en prend à son différent. Dans la colère d’imputation l’émotion prime sur le raisonnement, c’est l’exemple de Caïn qui tue Abel par jalousie par crainte de perdre sa place auprès de son père. La colère d’implication (ou sainte colère) : Dans cette colère on prend en compte la reconnaissance de soi et de l’autre, c’est un refus de ne pas subir. Il s’agit souvent d’une colère de protestation. Les mouvements de grève reflètent cette colère d’implication. Les grévistes s’impliquent dans le mouvement, perdant une partie de leur salaire afin de ne pas subir des décisions qu’ils jugent injustes. Le mouvement des indignés initié par Stéphane Hessel en est une autre manifestation. Les facteurs déclencheurs de la colère sont liés à notre système de valeurs voire à nos croyances de base comme les nomment les thérapeutes cognitivistes. Lelord et André (2001, p.40) affirment : « quand nos croyances sont heurtées par la réalité, il s’ensuit une forte émotion, souvent colère ou tristesse. » Lorsque pour différentes raisons une personne ne peut pas assumer sa colère et l’exprimer, il s’opère un déplacement vers une autre émotion, qui peut être par exemple la tristesse avec des pleurs. Cet évitement est lié à un manque de confiance en soi, une basse estime de soi. 2. Un outil d’accompagnement : le coaching Comme ce mémoire sera consacré à un coaching bipartite (coaching de vie), nous n’aborderons pas le coaching tripartite (coaching en entreprise), les règles déontologiques et la position du coach étant identiques. 2.1 Origine et définition du coaching Dans de nombreux ouvrages on rapporte les origines de la démarche du coaching au philosophe Socrate (470-399 av J-C) avec la pensée maïeutique, qui signifie l’art d’accoucher. Pour Socrate il s’agissait de faire accoucher les pensées, les idées à l’autre, de façon à lui faire exprimer ses savoirs cachés. Nous connaissons tous le : « Connais-toi, toi-même » de Socrate, d’aucun y voit aujourd’hui les prémices du coaching. A compter du milieu du XXème siècle on voit apparaitre un changement, d’abord chez les entraineurs sportifs. Selon Angel et Moral (2013) il est intéressant de regarder l’histoire du coaching sportif. En effet on est passé d’une méthode militaire à une méthode plus globale tenant compte des évolutions sociétales. Comme le précise Angel et Moral (2013, p.9) «l’apparition de nouvelles méthodes d’organisation et de management tient beaucoup plus à l’évolution des valeurs collectives qu’à la créativité des consultants ». Les entraineurs sportifs défendent désormais que l’entraînement physique du champion est important mais une approche holistique qui inclut les dimensions du mental, de l’émotionnel et de l’environnementale est aussi nécessaire. On commence alors à parler de coaching sportif. En France il faudra attendre 1980 pour entendre parler du coaching, importé d’Amérique du nord notamment par Vincent Lenhardt. Il se développera tout d’abord dans le monde de l’entreprise, puis une dizaine d’années plus tard, le coaching de vie verra le jour. Le mot coaching viendrait à l’origine du mot français « coche » qui désignait au XVIe siècle une voiture tirée par des chevaux et destinée au transport des voyageurs. Le conducteur de ce véhicule était appelé « cocher ». Il s’agissait donc de transporter des personnes d’un point vers un autre. Le coach d’aujourd’hui est comparé au conducteur de ce véhicule pour amener son client vers son objectif. Il peut être également intéressant de rappeler qu’en anglais « coach » signifie entrainer, accompagner. Nous retrouvons de nombreuses définitions pour expliquer le coaching, tant dans les ouvrages que sur les sites d’association de coaching .Tous s’accordent à dire que le coaching n’est pas du conseil, du tutorat ni même du mentorat. Il s’agit d’une relation d’aide, d’accompagnement, d’un accompagnement au changement. Selon Colnot (2007, p.26) : le « coaching personnel, vise en ce sens à l’accompagnement d’une personne dans sa globalité et a pour objectif l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de son projet de vie. ». Le coaching permet ainsi à toute personne désireuse d'évoluer et d’avancer d’un point A vers un point B, d’intégrer tous les outils proposés par le coach ainsi que tous les mécanismes inhérents à son changement et à son autonomie. Vincent Lenhardt (2008, p.8) précise que : « le coaching s’occupe plutôt du ‘’dessus de l’iceberg’’ » et que contrairement à la thérapie, « le coaching n’a pas pour objet premier la réparation » Lenhardt (2008, p.9). D’ailleurs on parle clairement de client et non de patient. Le coaching est défini par des règles, il relève d’un processus établi et demande au coach une certaine rigueur notamment dans le respect du cadre. 2.2 Les cadres du coaching. Le coaching est régit par trois cadres précis : un cadre contractuel, un cadre temporel et spatial et un cadre éthique et déontologique. - Un cadre contractuel : Dans le cadre d’un coaching individuel ou coaching de vie, la relation est duelle, elle n’est prescrite par personne. Même si le coaching va s’opérer dans une relation de confiance, il est important et nécessaire d’établir un contrat écrit que le coach rédigera et proposera au coaché. Ce contrat peut permettre parfois de rappeler le cadre notamment en cas de retards successifs. Le contrat signé entre le coach et le client sera dit : bipartite. Le tarif appliqué par séance sera également noté sur le contrat. - Un cadre temporel et spatial : Dans le contrat bipartite il devra être précisé : le lieu, la fréquence, la durée et le nombre de séances envisagées et bien sûr l’objectif à atteindre. C’est ce qu’on appelle en coaching, le dispositif. Cet objectif sera définit conjointement lors des premières séances. Il est important de limiter le coaching dans le temps afin d’éviter l’installation d’une relation de dépendance entre le client et le coach. - Un cadre étique et déontologique : Le coach doit avoir tout d’abord une éthique. Il créera sa propre charte déontologique ou empruntera celle d’une association de coach s’il en est membre, pour la remettre ensuite à son client. Il devra être formé, avoir fait un travail sur lui-même, être supervisé et savoir refuser ou arrêter une mission si besoin. Il devra vérifier que la personne est bien volontaire, respecter la confidentialité des entretiens et être loyal. Il aura la position haute sur le processus et basse sur le contenu qui, lui sera amené par le coaché. Nous pourrions parler de «savoir être » du coach, contrairement aux outils qui suivent qui sont plus de l’ordre du « savoir-faire ». 2.3 Les outils de base du coach. 2.3.1 La posture : Le premier outil du coach est le coach lui-même, par sa posture, son attitude, ses qualités personnelles et son soucis de respecter l’autonomie de son coaché. Dans une séance de coaching le coach devra avoir une position méta, c’est-à-dire être à la fois dans la relation et à la fois en recul Pour Angel et Amar (2005, p.90) « Elle représente une capacité de prise de distance et de recul qui permet une vision globale de la situation et de ses enjeux. ». Le coach devra avoir une attitude physique ou verbale non jugeante. Il devra favoriser l’alliance pour une confiance réciproque et être capable de lâcher prise et de s’adapter aux évènements ou réactions imprévus que lui apportera le client. 2.3.2 L’écoute : L’écoute devra être centrée sur la personne à coacher, elle pourra être passive, active ou flottante. Mais elle devra être aussi interne c’est-à-dire centrée sur soi, sur ce que l’on ressent, pour éviter des transferts. Le coach devra rester en empathie faire preuve d’alliance sans aller dans la sympathie. Nous pouvons nous inspirer de l’écoute dite « Rogerienne » même si l’écoute que défendait Carl Rogers (psychothérapeute) était un outil pour la thérapie. En coaching les 3 conditions de l’écoute selon Rogers nommée également écoute non directive ou écoute bienveillante, peuvent être appliquées : il s’agit de : - - - L’empathie : c’est la capacité de ressentir ce qu'éprouve autrui, de partager ses sentiments, de s'inscrire dans le monde subjectif de l’autre pour le comprendre de l'intérieur. L'empathie c'est vouloir vivre le « monde intérieur » de l'autre comme si c'était notre monde. La congruence : c’est la capacité de l’écoutant, du thérapeute ou du coach à rester soimême. A ce sujet Rogers (2005, p.191) dit à propos du thérapeute : « il doit rester exactement ce qu’il est et non pas une façade, un rôle ou une prétention ». Il précise plus loin : « C’est quand le thérapeute est pleinement et correctement conscient qu’il vit immédiatement l’expérience dans la relation avec autrui, qu’il est pleinement congruent ». Du regard inconditionnel posé sur l’autre ou accueil inconditionnel : il s’agit ici du non jugement de ce que dit l’autre. 2.3.3 Le questionnement : Le questionnement est un outil essentiel en coaching qui va s’appliquer tout au long d’une séance. Les questions devront être simples, courtes évitant ainsi l’influence. Elles pourront être ouvertes ou fermées mais nous éviterons les questions commençant par « pourquoi » car le coaché aurait tendance à faire un retour dans le passé et à ne pas rester dans l’ici et le maintenant. Le questionnement permet de s’informer et de comprendre. Il est un vrai acte langagier qui permet la réflexion au coaché dans laquelle parfois il trouve ses propres réponses. 2.3.4 La reformulation : La reformulation permet un « feedback » qui valide la qualité de la relation. Elle rassure le coaché qui se sentant bien écouté, sera plus enclin à s’ouvrir d’avantage et à partager ses pensées pour aller vers un véritable changement. La reformulation est utile également pour extraire des émotions, des sous-entendus ou des idées. Elle permettra ainsi au client d’éclaircir sa pensée. Il existe 4 types de reformulation : l’écho sur un seul mot : « toujours ! » la reformulation reflet, on empreinte les mêmes mots que le coaché, la synthèse de reformulation : « si j’ai bien compris, pour vous….. » la déductive: « je conclus donc…. » 2.3.5 L’observation : Le coach devra rester attentif à la posture du coaché, à ses réactions, à ses gestes, à ses mots, ainsi qu’à la tonalité de sa voix. Cette observation continue renforce l’alliance et permet au coach d’adapter sa posture. 2.3.6 Le silence : Le silence est un des outils le plus difficile à mettre en place. Il est indispensable pour que le coaché puisse rester en position haute sur le contenu. Le silence peut aider à la libération des émotions, à une réflexion intime, mais aussi à se repositionner dans le présent. Il est utile de rappeler que le coach ne prend pas la parole plus de 20% du temps lors d’une séance de coaching. 2.3.7 La synchronisation : Elle permet de s’adapter au style de communication du client afin de maintenir l’alliance, ou de la créer. Il s’agit de refléter vers l’autre sa propre image. Synchronisation non verbale : C’est la synchronisation de la posture, des gestes, des mimiques mais également de la respiration. Synchronisation para-verbale : C’est la synchronisation de la tonalité, du débit de la parole. La synchronisation verbale : C’est l’idée d’utiliser les mêmes mots le même style de vocabulaire. 2.3.8 Le coaché : Il est l’élément central ou pivot du travail. C’est son aptitude plus ou moins grande à faire des choix qui conditionne le temps nécessaire à l’aboutissement des objectifs de son coaching. N’étant pas dans le conseil mais dans le coaching, le coach aura le souci permanent de veiller à l’accompagnement du coaché dans un processus d’autonomisation. En dehors de ces outils de base du coach, d’autres méthodes ou techniques plus spécifiques, liées ou non à des courants psychologiques ou psychanalytiques existent, parmi ceux-ci, le coaching comportemental et cognitif. 3 Une méthode de coaching comportemental et cognitif singulière: le coaching Né dans les pays Anglo-saxons, et se développant désormais en France le coaching comportemental et cognitif est étroitement lié à la thérapie comportementale et cognitive (T.C.C) 3.1 La genèse du coaching comportemental et cognitif (C.C.C) 3.1.1Le stoïcisme : Le stoïcisme, initialement un courant philosophique grec porté par Zénon de Cition en 301 avant J.C, traversa les siècles pour être ensuite développé notamment par Epictète dans son Manuel. Cet ouvrage pratique résume la doctrine du philosophe romain et stoïcien. En effet il s’agit d’exemples pouvant servir à chacun dans sa vie. On peut citer cette phrase d’Epictète (Manuel X) « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses mais les opinions qu’ils en ont. » Pichat (2013, p.11) dit : « Le concept stoïcien de représentation (fantasia) désigne un phénomène résultant de l’interaction entre les objets du monde et l’ « âme » de l’individu qui les perçoit. La représentation est ainsi le fruit de la rencontre de deux causes : le réel extérieur et (la partie supérieur de) l’âme de l’individu, que les stoïciens nomment l’hégémonique (hegemonokon) ». En résumé nous pourrions dire que ce sont les représentations que nous avons qui régissent notre vie et le coaching pourra interroger le bien-fondé de ces représentations et les faire évoluer. 3.1.2 Le constructivisme : Le constructivisme ou concept de la pensée déformante a été développé vers 1923 par Piaget dans le cadre des théories de l’apprentissage. Pour les constructivistes, notre cadre de pensée est lié entre autre à notre culture, notre environnement social…il va déformer les caractéristiques du réel et ainsi le biaiser. C’est la notion de biais cognitif en psychologie qui décompose la pensée en deux catégories. le contenu de pensée. le processus de pensée. Ces catégories de pensée souvent formatées par la mode, notre environnement, notre culture nous font voir le monde de façon biaisée. C’est l’idée que reprend Kourilsky (2008, p.3) « La réalité que nous appréhendons, le monde que nous comprenons sont en fait des marques de notre esprit » Il cite ensuite le Talmud( texte fondamental du judaïsme ), « Tu ne vois pas le monde tel qu’il est mais tel que tu es. » 3.1.3 Le comportementalisme : Le comportementalisme peut être illustré par l’expérience du physiologiste Pavlov sur un chien qui met en évidence le réflex conditionnel. En accoutument un chien à accompagner sa nourriture d’un stimulus sonore, Pavlov pouvait déclencher la salivation de l’animal sans être accompagné de nourriture. En coaching l’idée est d’annihiler les réflexes conditionnels du sujet afin qu’il ne réagisse pas spontanément au stimulus mais qu’il s’efforce de trouver une autre réponse. Dans ce cadre, le coach et le coaché chercheront d’autres conduites comportementales inhabituelles, mais plus adaptées qui seront testées entre deux séances. « Mozart disait la musique est entre les notes, le coaching est entre les séances. ».(Amar 2014) Le coaching comportemental et cognitif s’appuie donc sur ces courants philosophiques, psychologiques et reprend les grands principes de la thérapie cognitive et comportementale. 3.2 Des Thérapies comportementales et cognitives (T.C.C) au coaching comportemental et cognitif (C.C.C). Les Thérapies cognitives et comportementales furent développées à partir de 1960 par deux américains : Albert Ellis, psychologue, et Aron Beck, psychiatre. Les Thérapies comportementales et cognitives font références aux théories de l’apprentissage (constructivisme), aux systèmes de la pensée (stoïcisme et comportementalisme) mais également aux émotions. Cottraux (2011, p.3) précise que « le comportement et les processus cognitifs ne sont cependant pas le seul point d’interaction thérapeutique : tous deux sont en interaction avec les émotions, reflet physiologique et affectif des expériences de plaisir ou de déplaisir. » A ses débuts la thérapie comportementale et cognitive s’est particulièrement attachée au traitement de la dépression puis elle s’est élargie aux troubles de l’anxiété, sexuels, alimentaires, aux addictions et aux stress post- traumatiques. Selon Fennell (2013, p.19) « La thérapie comportementale et cognitive est une approche idéale pour la faible estime de soi. » La thérapie comportementale et cognitive fait partie des thérapies dites brèves. Pour reprendre l’idée de Fennell (2013) la thérapie comportementale et cognitive n’est pas seulement une thérapie basée sur la parole. On pourrait parler de thérapie active dans laquelle le patient est acteur dans la recherche de moyens pour combattre ses troubles. Toujours selon Fennell (2013, p.20) la thérapie comportementale et cognitive peut amener à : « Une perception de vous-même plus équilibrée, qui accorde une attention à tous les aspects de vous-même, plutôt que de se concentrer sur le négatif et de filtrer le positif. » « Une image de vous plus équilibrée, qui s’apprécie dans sa globalité, pleinement, avec tous ses défauts-un mot : l’acceptation de soi. » « Une augmentation. de la confiance en soi et du sentiment d’efficacité personnelle vous avez une vision moins restreinte de vos capacités, de vos qualités, de vos compétences et de vos points forts, et par conséquent le respect de vous-même s’en voit augmenté. » « Un nouveau renforcement de l’estime de soi, de la connaissance de votre valeur, de votre droit à une place au soleil. » En coaching nous atteindrons des résultats similaires mais avec une approche et des objectifs différents, car le coaching n’est ni dans le soin ni dans la réparation. 3.2.1 Des concepts partagés mais une approche différente. Le Coaching comportemental et cognitif s’appuie sur des concepts de la thérapie (T.C.C) comme les croyances, les pensées automatiques, les biais cognitifs mais aussi les apprentissages ou les conditionnements. Ces concepts seront la base du travail du thérapeute et du coach mais la situation de départ et les objectifs à atteindre seront différents. En thérapie le patient viendra pour se faire soigner, pour éliminer une souffrance. En coaching nous rechercherons avec les clients des solutions opérationnelles viables pour lui avec un plan d’action sans aucune notion de soins. De fait pour reprendre l’idée de Pichat (2013), le coaching comportemental et cognitif est un accompagnement collaboratif et éducatif. Il permettra au coaché d’élaborer et de mettre en action rapidement des réponses adaptées. Au préalable il sera nécessaire d’identifier les freins du coaché afin de déstabiliser ses croyances, afin de faire évoluer son système de pensée, tant dans le contenu que dans le processus. Dans le cadre de cette étude nous n’aborderons que la notion de croyances. 3.2.2 A chacun ses croyances Les croyances qui sont liées à notre système de représentations, à notre vision du monde, peuvent être de deux ordres : les croyances irréalistes/irrationnelles et les croyances dites réalistes/ rationnelles. Ces croyances sont intimement proches de notre système cognitif et de son processus. Nos croyances sont très liées à notre estime de soi et aux schémas qui nous sont propres. Selon Fennell (2013, p.9), « Au cœur de l’estime de soi se trouvent vos schémas à propos de vous-même, c’est-à-dire vos croyances sur le genre de personne que vous êtes.». Aussi, certaines croyances sont profondément ancrées depuis l’enfance. De même, certaines croyances peuvent être renforcées par des valeurs familiales qui nous sont transmises quelquefois comme des codes d’honneur. Par exemple, dans certaines familles ou certaines cultures, un homme ne pleure jamais. Les croyances peuvent être également le prétexte pour rassembler un groupe. De manière générale les croyances sont toujours importantes dans une famille, elles permettent de maintenir des liens. Aussi ces croyances influent naturellement sur notre comportement et nos émotions. Selon Bandler (1990, p.146) : « On peut dire que tous les comportements sont déterminés par les croyances que nous avons. ». L’essentiel est de savoir s’il s’agit de croyances limitantes voire irrationnelles, ou non. a) Les croyances irrationnelles : Entendons-nous sur les termes : si certains parlent de croyances irréalistes, d’autres parlent de croyances irrationnelles, dans les deux cas nous sommes en présence de croyances limitantes. Nous emploierons ici le terme irrationnel. Les croyances irrationnelles ne sont pas confirmées par des faits et engendrent des comportements ou pensées inadaptées. Selon Pichat (2013), une croyance irrationnelle qu’il nomme irréaliste est fabriquée, tenue pour vraie et génère des comportements contre productifs. Cette croyance sera alors la source d’émotions négatives voir disproportionnées. Sur le plan cognitif la croyance irrationnelle entrainera des pensées automatiques, elles aussi contre productives. Pour Sauvajon (2014) les croyances irrationnelles prennent la forme : - D’exigences (cela doit se produire). De pensées absolutistes (tout ou rien, pas d’intermédiaire). De catastrophisme (exagération des conséquences négatives d’évènements) D’un faible niveau de tolérance, de la frustration (exigence de confort et de facilité). D’évaluations globales de la valeur humaine (les individus peuvent être évalués et certains sont moins valables que d’autres). Le coach proposera au coaché de travailler sur ses croyances irrationnelles pour l’accompagner vers le changement ou l’objectif attendu. A ce propos, Sauvajon (2014) nous dit que : « la déstabilisation des croyances irrationnelles développe la capacité à orienter son énergie vers la réalisation de ses buts et la satisfaction de ses aspirations. ». Ces croyances sont imprécises, non vérifiables et limitent la personne dans ses actions, ses projets, ses buts. Ellis, lui, identifie une série de 9 croyances irrationnelles dites récurrentes : - - - - - - - Croyance irrationnelle n°1 : La recherche d’approbation et d’estime : Le sujet pense qu’il doit être aimé et apprécié tout le temps par les personnes qui ont de l’importance pour lui. Croyance irrationnelle n°2 : Notre réussite/compétence est un impératif et détermine notre valeur humaine : Le sujet estime qu’il doit être toujours compétent, efficace avoir du talent. Réussir pour le sujet est synonyme de reconnaissance, de valeur reconnue. Croyance irrationnelle n°3 : L’évaluation globale de la valeur humaine des individus sur la base de certains de leurs comportements : Le sujet est certain que toute personne qui lui nuit est foncièrement mauvaise et qu’elle mérite condamnation. Croyance irrationnelle n°4 : La construction des éléments insupportables : Lorsque les choses ne se déroulent pas comme le sujet l’avait imaginé, la vie devient terrible, tout est catastrophique et inacceptable. Croyance irrationnelle n°5 : L’origine de nos maux et de nos problèmes : Le sujet pense que nos soucis et nos problèmes viennent de l’extérieur et qu’il n’est pas possible de contrôler nos ressentis et nos émotions. Croyance irrationnelle n°6 : L’importance à donner aux évènements non désirés : Lorsque quelque chose parait dangereux ou effrayant, le sujet en sera préoccupé. Croyance irrationnelle n°7 : La toute-puissance du passé : Le passé agit sur le sujet comme source de vérité, d’influence et demeure important. Croyance irrationnelle n°8 : L’injustice des choses telles qu’elles arrivent : Tout devrait être meilleur, les individus comme les choses. Croyance irrationnelle n°9 : Le besoin de certitude : Pour se sentir bien le sujet doit avoir toujours une grande certitude des choses, des évènements et des personnes. b) Les croyances rationnelles. Là aussi, nous pourrions utiliser un autre vocable comme croyances réalistes ou aidantes. Les croyances rationnelles ont en effet comme principes d’être aidantes et positives. Elles permettent d’avancer, de ne pas stagner en s’enlisant dans des émotions disproportionnées. Contrairement à la croyance irrationnelle, la croyance rationnelle est factuelle et précise, elle peut être confirmée par des preuves et permettra donc d’atteindre ses buts. Afin d’accompagner son client vers l’objectif attendu, le coach lui proposera de transformer sa croyance irrationnelle en croyance plus positive, en croyance rationnelle, moins limitante : on parle alors de déstabilisation de la croyance. 3.2.3 Identification d’une croyance Avant de déstabiliser une croyance il est nécessaire de l’identifier. Il est important d’insister sur le terme et la notion d’identification car la croyance ne doit pas être juste une supputation du coach, elle doit être réellement identifiée par le coaché. Elle pourra venir naturellement au cours de la séance par le biais des questions du coach. Elle pourra faire également l’objet d’une séance. Pichat (2013) nous propose 5 techniques différentes pour identifier une croyance irrationnelle : 1. La demande directe : Il s’agit par exemple de demander au coaché ce qu’il pense de lui-même de façon générale. 2. L’extraction à partir d’une pensée automatique : On demande au coaché ce qu’il a pensé ou ce qui lui a traversé l’esprit dans telle ou telle situation. Dans ce cas, nous aurons en retour une pensée automatique. Nous continuerons l’exploration par le questionnement afin de savoir si cette pensée est récurrente. Si elle l’est, une croyance est alors identifiée. 3. L’identification du point commun entre les différentes pensées automatiques repérées : lors de l’entretien le coach sera très attentif et relèvera les différentes pensées automatiques. Il proposera au coaché de chercher le point commun entre toutes ses pensées. Ce point commun deviendra alors une croyance. 4. La flèche descendante : Il s’agit d’un enchainement de question à partir d’une pensée automatique. Le coach par ses questions va tenter de remonter jusqu’à la croyance sous-jacente. 5. La proposition/ratification/exemplification : C’est une technique plus inductive. Lorsque que le coaché a du mal à verbaliser ou identifier ses croyances, le coach se permettra (à partir de pensées automatiques relevées lors de séances) de suggérer une croyance (la proposition). Puis il demandera sa validation auprès du coaché mais surtout une reformulation correspondante à son langage (la ratification).Une fois cette ratification verbalisée, le coach demandera au coaché de rechercher d’autres situations dans lesquelles cette croyance se manifeste (l’exemplification). 3.2.4 Déstabilisation des croyances irrationnelles. Pour Bandler (1990, p.147), « les croyances peuvent changer. Vous ne naissez pas avec. » Il sera donc nécessaire que le coaché ait pris conscience de sa croyance et qu’il accepte de la faire évoluer. La déstabilisation d’une croyance peut alors se faire. A ce propos Falguière (2007/2 p.99), nous dit : « Dans la croyance, il existe une part de doute plus ou moins importante selon le fonctionnement psychique de chacun et selon les formations psychiques engagées dans la croyance » Il existe plusieurs façons, plusieurs outils pour déstabiliser une croyance mais les prérequis sont : - Que le coaché en soit convaincu. Qu’il soit acteur de cette déstabilisation. En thérapie comportementale et cognitive Ellis propose le modèle suivant, nommé ABCDE, pour déstabiliser des croyances. A : activating event : évènement déclencheur B : belief : la croyance C : consequences : les conséquences D : disputing : l’évaluation critique de la croyance E : effective outlook : les effets concrets et positifs. A la lecture de cette grille proposée par Ellis on peut comprendre qu’à partir d’un évènement déclencheur (A) considéré comme un problème (pour le patient dans le cadre de la thérapie, ou par le client en coaching), la croyance est activée(B). B étant le processus cognitif par lequel la personne va se représenter A et le comprendre. C’est ainsi que nait la croyance et amène des comportements, des émotions ou des pensées irrationnelles appelées ici conséquences(C).D entre ainsi en action c’est la phase de l’évaluation critique, c’est-à-dire la phase où on cherche à voir si la croyance est fondée ou non, on propose alors une croyance de substitution plus rationnelle, ainsi on pourra mesurer les effets positifs(E) sur le plan cognitif, émotionnel ou comportemental. Pour le coaching Sauvajon (2014) nous propose d’adapter le modèle d’Ellis en modèle ACBB’DB’’E. A : Situation qui pose problème. C : Conséquences (que pensez-vous, que ressentez-vous, que faites-vous…?). B : Identification de la croyance cachée derrière ces conséquences. B’ : Critique pragmatique et scientifique de la croyance (qu’elle est la preuve… ?) pour une déstabilisation. D : Déstabilisation de la croyance. B’’ : Nouvelle croyance moins limitante. E : Gain généré par la nouvelle croyance. Ci-dessous quelques exemples de croyances irréalistes avec leurs croyances de substitution, proposées par Pichat (2013). CROYANCE IRREALISTE CROYANCE POTENTIELLE DE SUBSTITUTION Si je ne fais pas aussi bien que les autres, je ne suis pas à la hauteur. Si je ne fais pas aussi bien que les autres, je ne suis pas à la hauteur pour autant, je suis un humain. Si je demande de l’aide, c’est un signe de faiblesse. Si je demande de l’aide lorsque j’en ai besoin, je fais preuve de compétence de résolution de problèmes, ce qui est important. Si j’échoue sur un dossier, je suis renvoyé. Si j’échoue sur un dossier, cela ne veut pas dire que je suis renvoyé pour autant car les choses ne fonctionnent pas ainsi ; si je suis renvoyé, je trouverai toujours une solution pour m’en sortir. Je devrai être capable d’exceller dans tout ce que j’entreprends. Je ne devrai pas être capable d’exceller dans un domaine donné à moins d’être particulièrement doué dans ce domaine, ce que je ne suis pas obligé d’être. Je devrai toujours travailler dur et faire de mon mieux. Je devrai fournir un niveau significatif et raisonnable d’effort la plupart du temps. Nous pourrons utiliser suivant la situation, différents outils pour permettre au coaché de tester cette croyance de substitution. Au cours d’une séance à l’aide de jeux de rôle par exemple, ou bien entre deux séances, en expérimentant la croyance de substitution. Nous mettrons toutes les précautions nécessaires pour ne pas imposer notre propre croyance et ne pas dire au coaché que sa croyance est fausse. Il est important d’avoir toujours à l’esprit que le coaché est là avec ses émotions. 3.2.5 Effets du Coaching Cognitif et Comportemental sur les affects. Les thérapies comportementales et cognitives ont comme préalable que les émotions et les comportements reposent sur ces croyances décrites précédemment. Plus précisément il résulte des représentations, de la vision du monde et des pensées automatiques (cognitions) du sujet. Le coaching comportemental et cognitif s’appuie sur les mêmes concepts que la thérapie comportementale et cognitive. On peut ainsi concevoir que ce type de coaching va intervenir sur les affects (Ensemble des manifestations affectives). Prenons exemple de la déstabilisation d’une croyance : nous avons vu au chapitre précèdent comment le fait de déstabiliser une croyance peut permettre au sujet de modifier sa représentation du monde, d’agir sur ses pensées automatiques. Il peut ainsi changer ses émotions négatives ou désagréables en émotions plus plaisantes. Cette mutation permettra de renforcer l’estime de soi. Selon Cottraux (2001, p.141) « Un ensemble de techniques à la fois comportementales et cognitives ont été mises en œuvre pour développer l’affirmation de soi. Elles aident le phobique social à maitriser ses émotions et à modifier son système de croyance défaitiste. » Sans pour autant parler de phobie sociale, le coaching comportemental et cognitif permettra comme le développe Cottraux (2001) une meilleurs gestion et maitrise des émotions en intervenant sur le système de croyances du coaché. De manière générale, comme le coaching comportemental et cognitif s’intéresse et prend en compte toutes les cognitions, les émotions, les réactions qu'elles soient verbales ou non, du sujet, il aura un effet sur ses affects. Problématique Dans la revue de la littérature, nous avons vu comment la construction de l’estime de soi pouvait avoir une influence certaine sur les actes quotidiens et plus particulièrement, comme c’est le cas dans cette étude, lorsque que nous sommes en présence d’un sujet avec une basse estime de soi. Nous avons tenté de montrer au cours de cette revue de la littérature que l’estime de soi ne peut être travaillée qu’avec son corollaire, le couple cognitions-émotions. Lorsque nous sommes en présence d’un sujet qui a, comme précisément ici, une basse estime de soi, ce couple cognitions-émotions se heurte à des comportements inadaptés. Ce manque d’estime de soi se manifeste souvent par la production de pensées (cognitions) négatives, limitantes, entrainant des croyances elles aussi limitantes, irrationnelles. Mais également par la production d’émotions, souvent liées à un ou des besoins insatisfaits. Dans ce cas d’étude, ces mécanismes de pensée, nommés pensées automatiques, peuvent entrainer des émotions exacerbées jusqu’à la colère. Le coach devra donc s’attacher, après avoir défini conjointement avec le coaché l’objectif du coaching, à rechercher le ou les besoins non satisfaits. Puis, au cours des séances, le coach par son questionnement s’efforcera d’identifier les facteurs déclencheurs des émotions du coaché, ainsi que ses pensées et ses croyances limitantes. Ce questionnement permettra de proposer au coaché une possibilité de déstabiliser sa ou ses croyances et d’entrevoir une alternative avec la mise en place de croyances de substitution plus réalistes, avec pour objectif d’agir sur le renforcement de l’estime de soi du coaché. Le coach prendra donc en compte dans une alliance sereine, la globalité des propos et des attitudes du coaché pour tendre vers son objectif: que celui-ci gère mieux ses émotion. Ainsi nous monterons au cours de ce mémoire : En quoi le coaching comportemental permet-il d’agir sur le renforcement de l’estime de soi ? cognitif et