Une Suissesse caresse son rêve

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Une Suissesse caresse son rêve
Une Suissesse caresse son rêve
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La Zurichoise Laura Fernandez, 18 ans, a remporté trois prix lors du Prix de Lausanne dont la cinquième place du
classement final qui donne accès à une bourse de formation. Image: KEYSTONE
Une unique concurrente suisse, mais trois prix! Laura Fernandez, 18 ans, a été triplement distinguée au Théâtre de
Beaulieu, samedi après-midi, au terme de la finale du 44e Prix de Lausanne. Outre une bourse d’études (5e
classée), elle s’est vu attribuer le prix de la meilleure Suissesse (ce qui, certes, ne constituait pas une surprise…)
ainsi que celui de la meilleure variation contemporaine ex aequo avec l’Italien Vincenzo Di Primo. Autant de
distinctions pleinement méritées pour cette élève de la Tanz Akademie de Zurich, de retour de six mois passés à
l’école Vaganova de Saint-Pétersbourg et qui se signe avant d’entrer en scène: son interprétation d’Aurore (Belle au
bois dormant) était toute d’élégance (lignes effilées, bras ondoyants) et d’assurance (équilibres, ralentis). Quant à la
variation contemporaine empruntée au chorégraphe italien Mauro Bigonzetti, elle y imposait une impétuosité
saisissante, gestuelle heurtée, en contraste assumé avec la musique feutrée de Rossini.
Compétition relevée
Cette présence helvétique au palmarès du Prix de Lausanne est d’autant plus remarquable que le niveau de la
compétition n’était pas moins élevé que d’habitude. A preuve, le Premier Prix attribué à la Chinoise Hang Yu, aussi
éblouissante dans sa Bayadère, avec ses développés interminables, ses pointes acérées et un tempo vertigineux,
que dans la variation de Goyo Montero, où elle réussit à concilier une intense intériorité et de fougueuses détentes.
L’Américaine Madison Young, de Houston, 2e classée, n’est pas en reste. Sa technique mise au service d’une
intense personnalité (expressions, regards) rend lumineuse sa Belle. Et dès les premiers «bras», si délicats, de sa
variation contemporaine (Montero, à nouveau), on devine la suite: cette jeune fille est inspirée.
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Finale de haut vol
Venu de l’école de l’Opéra de Vienne, l’Italien Vincenzo Di Primo subjugue par la qualité des sauts, pirouettes et
tours en l’air de son Don Quichotte, ainsi que par l’étonnante variation contemporaine (elle aussi signée Montero),
interprétée debout, assis, couché, sur une musique mécaniste et répétitive, dont il se joue avec brio.
Le minuscule métis sud-africain Leroy Mokgatle, 16 ans, 4e, s’attire d’emblée la sympathie des spectateurs (dont
les votes lui vaudront d’ailleurs le Prix du public). Sa variation d’Alain (La fille mal gardée ) est enlevée prestissimo
avec drôlerie. Quant à son Solo for Diego (de Wherlock, musique Theodorakis), il complète le portrait en ajoutant
aux évidents dons classiques de Leroy un phrasé contemporain et une flamboyante personnalité. Dans les mêmes
variations, le Japonais Junnosuke Nakamura, 16 ans aussi, fait montre d’un grand potentiel. Mais son Diego
convient mieux à son physique que sa première variation, aussi allègrement exécutée fût-elle. 7e et dernier lauréat
sur les vingt finalistes, le Chinois Dingkai Bai ne craint pas les difficiles doubles tours en l’air. Son Harlequinade en
aligne d’emblée trois… Sa gestuelle, façon commedia dell’arte, compense son manque d’expression. Et si les
ressorts de son Diego ne sont pas sans impressionner, les bras ne nous semblent pas tout à fait fidèles à ceux qu’a
dessinés Richard Wherlock, le chorégraphe de Bâle.
Bref, une finale de haut vol où les cinq continents étaient représentés, sans doute pour la première fois. Les trois
Australiens sont hélas les grands oubliés du palmarès… (24 heures)
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