Carl Von Linné (1707
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Carl Von Linné (1707
Page 1 Carl Von Linné (1707-1778) par Catherine Vautier-Péanne Il était une fois un petit suédois nommé Carl Linnaeus, du nom de la propriété fami liale Linnegard sur laquelle pousse un grand tilleul (linn = tilleul). Son père Nils lui a donné le prénom du très populaire roi de Suède, Charles XII. Amoureux des plantes et de la nature, le pasteur Nils transmet cet amour à son fils, lui permettant d'entretenir son propre jardin dès l'âge de 5 ans. Fils et petit-fils de pasteur le destin du petit Carl semble tout tracé, mais celui qu'on surnomme déjà « le petit botaniste » est aidé par ses professeurs qui l'orientent vers des études de médecine. Fort peu développé à l'époque (dix étudiants sur cinq cents) l'enseignement médical incluait une part importante de botanique et ce cursus fut le prétexte pour celui qui s'appelle encore Carolus Linnaeus de s'adonner à sa véritable passion, la botanique. Carl_von_Linné A l'âge de vingt-quatre ans il conçoit sa classification des plantes d'après les organes sexuels. Il conduit des missions scientifiques dans des régions encore inconnues à l'époque, notamment en Laponie. Les comptes-rendus de ses voyages sont publiés afin d'être accessibles à tous ; outre la pertinence des observations de la vie de tous les jours, ses œuvres sont également appréciées pour leur qualité littéraire. Bien qu'il donne des conférences de botanique et soit considéré à l'Université d'Uppsala comme un génie, il n'a pas encore son diplôme de médecine. Il part aux Pays-Bas en 1735, fait publier son manuscrit Systema Naturae, rencontre à Oxford le gratin des botanistes, puis à Paris Bernard de Jussieu (créateur en 1728 d'une LINNE en costume de la- classe à part pour les champignons et les lichens), rentre au pays où il obtiendra finalement la chaire de médecine et de botanique à Upssala, fonction qu'il occupera jusqu'à sa pon mort. En 1747 il devient médecin de la famille royale et est anobli en 1761. Tout au long de sa vie son oeuvre n'a cessé de croître, enrichie par les spécimens de végétaux, de minéraux et d'animaux qu'il reçoit des quatre coins du globe. Jusqu'à Catherine II de Russie qui lui envoie des graines de son pays ! Des deux pages du début Systema Naturae devient un ouvrage de plusieurs volumes. Très fier de son travail, il avait coutume de dire « Deus creavit, Linnaeus disposuit » ce qui signifie « Dieu a créé, Linné a organisé ». Membre de l'Académie Royale des Sciences de Suède et du Danemark, son œuvre est conservée et gérée par la Linnean Society of London, disponible aux chercheurs. Ce n'est qu'en 1900, à la lecture de ses manuscrits, que fut découverte son expérience de création des perles de culture qu'il alla jusqu'à breveter en 1762 mais qui fit long feu à l'époque. Formalisée par ce grand savant, la nomenclature binominale - responsable Linnea borealis fleur de Laponie et de nos maux de tête en qualité d'apprentis mycologues - se compose de deux emblème de son auteur noms, le premier appelé nom générique et le second épithète spécifique servant à désigner un taxon de rang inférieur au genre. En mycologie, le sommet de la hiérarchie est le domaine des Eucaryotes, suivi du règne des Fungi. Le reste de la nomenclature se fait selon les terminaisons latines suivantes : . mycota : division . mycotina : subdivision (sous-embranchement) . mycetes : classe . mycetidae : sous-classe . ales : ordre . ineae : sous-ordre . aceae : famille . oideae : sous-famille . ieae : tribu . inae : sous-tribu suivent le genre éventuellement divisé en sous-genres, sections, sous-sections, séries et sous-séries) et l'espèce (sousespèce, variété, sous-variété, forme, subforme, forme spéciale, race), le tout permettant de définir un individu... Page 2 Les règles de nomenclature sont modulées en fonction des disciplines ; celles s'appliquant aux taxons du règne végétal et du règne fongique sont édictées par le Code International de Nomenclature Botaniques. Elles ne sont pas immuables (!) et font l'objet de réajustements périodiques. Le principal avantage de cette terminologie est depuis Linné d'avoir offert un langage commun. Si pour Linné les espèces vivantes ont été créées par Dieu et n'ont pas varié, depuis Darwin (1809-1882) et la Théorie de l'Evolution les choses ont beaucoup changé pour aboutir à une systématique plus pragmatique. Systema Naturae La 10è édition en 1758 généralise la nomenclature binominale Jusqu'en 1990 on classait les champignons en quatre divisions mais celles-ci aussi ont évolué et ne sont plus les mêmes : aujourd'hui, on parle de Chydridiomycètes, Zygomycètes, Ascomycètes et Basidiomycètes. Les Myxomycètes ne sont pas classés dans les champignons bien qu'ils soient traditionnellement étudiés par les mycologues ; en effet ils ne possèdent pas de mycelium mais un plasmode et se nourrissent par ingestion (phagocytose) contrairement aux Fungi dont le mode de nutrition est l'absorption exclusivement. Parce qu'ils produisent des spores ils ont cependant longtemps été considérés comme des champignons. En dépit de progrès tels qu'internet et les moyens modernes de communication et d'échange des savoirs, les champignons sont toujours de poussée capricieuse et éphémère, leur récolte reste soumise au hasard et à la météo. Très peu d'espèces peuvent être cultivées afin d'observer leur croissance en culture pure, ou tenter des fécondations expérimentales instructives. Seule notre présidente s'amuse à observer la ballade du plasmode des myxos, pour notre plus grand plaisir des yeux ! Les champignons exigent l'observation in vivo car beaucoup de caractères essentiels disparaissent très rapidement. On considère généralement qu'il faut en moyenne une quinzaine d'années pour étudier vivantes la plupart des espèces d'un genre donné... Affaire à suivre, donc. Bibliographie sélective : pour les scientifiques « Linné et sa classification », de Thierry Hoquet, Editions Vuibert (30 euros environ) - pour les littéraires « Le Voyage en Laponie », de Carl von Linné, Editions La Différence (10 euros).