TRAGEDIE, COMEDIE Les genres théâtraux au 17ème siècle
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TRAGEDIE, COMEDIE Les genres théâtraux au 17ème siècle
TRAGEDIE, COMEDIE Les genres théâtraux au 17ème siècle TEXTE 1 (La princesse arménienne Eurydice doit épouser le prince héritier du royaume de Parthe, Pacorus. Elle se confie à sa suivante Ormène.) EURYDICE Ne me parle plus tant de joie et d’hyménée, Tu ne sais pas les maux où je suis condamnée, Ormène, c’est ici que doit s’exécuter Ce traité quà deux rois il a plu d’arrêter, Et l’on a préféré cette superbe ville, Ces murs de Séleucie1, aux murs d’Hécatompyle2 : Le reine et la princesse en quittent le séjour, Pour rendre à ces beaux lieux tout son lustre à la Cour ; Le roi les mande exprès, le prince n’attend qu’elles, Et jamais ces climats n’ont vu pompes si belles. Mais que servent pour moi tous ces préparatifs, Si mon cœur est esclave, et tous ces vœux captifs ; Si de tous ces efforts de publique allégresse Il se fait des sujets de trouble et de tristesse ? J’aime ailleurs. ORMENE Vous, Madame ? EURYDICE Ormène, je l’ai tu, Tant que j’ai pu me rendre à toute ma vertu. N’espérant jamais voir l’amant qui m’a charmée, Ma flamme dans mon cœur se tenait renfermée, L’absence et la raison semblaient la dissiper, Le manque d’espoir même aidait à me tromper, Je crus ce cœur tranquille, et mon devoir sévère Le préparait sans peine aux lois du roi mon père, Au choix qui lui plairait, mais ô Dieux, quel tourment, S’il faut prendre un époux aux yeux de cet amant ! ORMENE Aux yeux de votre amant ! Pierre CORNEILLE, Suréna, I, 1 (1675) TEXTE 2 (Au début de la pièce, Angélique confie à la servante Toinette qu’elle est amoureuse de Cléante.) ANGELIQUE , la regardant d’un œil languissant, lui dit confidemment. – Toinette. TOINETTE – Quoi ? ANGELIQUE – Regarde-moi un peu. TOINETTE – Hé bien, je vous regarde. ANGELIQUE – Toinette. TOINETTE – Hé bien quoi, Toinette ? ANGELIQUE – Ne devines-tu point de quoi je veux parler ? 1 2 Séleucie : grande cité conquise par Suréna, le héros de la pièce Hécatompyle : capitale où réside la Cour du royaume d’Arménie TOINETTE – Je m’en doute assez, de notre jeune amant ; car c’est sur lui, depuis six jours, que roulent nos entretiens ; et vous n’êtes point bien si vous n’en parlez à toute heure. ANGELIQUE – Puisque tu connais cela, que n’es-tu la première à m’en entretenir, et que ne m’épargnes-tu la peine de te jeter sur ce discours ? TOINETTE – Vous ne m’en donnez pas le temps et vous avez des soins là-dessus qu’il est difficile de prévenir. ANGELIQUE – Je t’avoue que je ne saurais me lasser de te parler de lui et que mon cœur profite avec chaleur de tous les moments de s’ouvrir à toi. Mais dis-moi, condamnes-tu, Toinette, les sentiments que j’ai pour lui ? TOINETTE – Je n’ai garde. ANGELIQUE – Ai-je tort de m’abandonner à ces douces impressions ? TOINETTE – Je ne dis pas cela. ANGELIQUE – Et voudrais-tu que je fusse insensible aux tendres protestations de cette passion ardente qu’il témoigne pour moi ? TOINETTE – A Dieu ne plaise ! ANGELIQUE – Dis-moi un peu, ne trouves-tu pas, comme moi, quelque chose du Ciel, quelque effet du destin, dans l’aventure inopinée de notre connaissance ? TOINETTE – Oui. MOLIERE, Le Malade imaginaire, I, 4 (1673) PERSONNAGES - Quels traits caractéristiques de chaque personnage ces passages font-ils saisir au spectateur ? (identité, statut, relations, etc.) ACTION – LIEU - TEMPS - Dans quelle situation se trouvent les personnages en scène ? - A quel moment de l’histoire et dans quels lieux se déroulent ces échanges ? - Quel pouvoir les personnages semblent-ils ou croient-ils avoir sur leurs destinées ? GENRE - REGISTRE – LANGAGE - Comment s’exprime la différence de condition sociale entre les personnages de Corneille et ceux de Molière ? LES MASQUES - Décrivez et commentez les deux masques antiques. Que vous apprennent-ils sur la comédie et la tragédie ?