De tous les chevaliers de la Table ronde Gauvain est sans conteste

Transcription

De tous les chevaliers de la Table ronde Gauvain est sans conteste
GAUVAIN
Gauvain dont le nom viendrait du gallois "Gwalch'mai", signifiant "faucon de mai".
L'oiseau emblématique de Gauvain serait donc le faucon. D'ailleurs, l'écrivain Xavier de
Langlais le compare à cet oiseau dans un passage de son Cycle sur la Table Ronde.
Il est aussi surnommé le bon chevalier, le soleil de la Chevalerie
De tous les chevaliers de la Table ronde Gauvain est sans conteste celui qui a connu tout au
long du Moyen Âge la fortune romanesque la plus complexe et la plus variée.
Neveu du roi Arthur, auréolé dès les premiers témoignages littéraires d’une réputation de
prouesse, de générosité et de gloire, il incarne dans les romans de Chrétien de Troyes, et dans
la plupart des continuations composées au XIIIe siècle, l’idéal de la chevalerie. Fils du roi Lot
d’Orcanie et de la reine Morcades, sœur d’Arthur, il bénéficie d’une place de premier plan à
la cour; ses frères Agravain, Guerrehet et Gaheriet apparaissent plutôt dans les romans tardifs
et y jouent un rôle moins important.
Gauvain est un chevalier séduisant et disponible, animé par le goût du risque et par une
prouesse sans faille. Chrétien de Troyes, dans Le Chevalier au lion, le désigne comme "celui
qui était la fleur de chevalerie et dont la renommée l'emportait sur tout autre mérite ".
il est l’un des chevaliers destinés à affronter avec succès les plus grandes aventures. C’est lui
qui relève le défi lancé par la Demoiselle Hideuse à la cour arthurienne consistant à aller
délivrer une jeune fille assiégée dans le château de Montesclaire ; c’est lui qui part après
Lancelot à la recherche de la reine Guenièvre. C’est Gauvain aussi qui entraîne Yvain à
préférer les armes et les tournois à l’amour de sa femme.
Signalons aussi une particularité qui doit avoir une base celtique, dans plusieurs textes,
Gauvain voit sa force croitre et décroitre avec la course du soleil dans le ciel.
Modèle de courtoisie, il sait respecter la rêverie de Perceval, accueillir les nouveaux arrivants
à la cour ou se faire le champion des demoiselles. Gauvain est sensible à la beauté des jeunes
femmes par exemple à celle de la porteuse du Graal ; il parle d’amour avec la jeune suivante
de Laudine, Lunete, mais ne s’attache à aucune femme. Curieusement il n'a jamais le premier
rôle dans les romans de Chrétien de Troyes, mais il est toujours présent, exemple offert à tous.
Dans le Conte du Graal, le personnage de Gauvain est riche de potentialités. L’inachèvement
du texte a contribué à susciter bien des questions non seulement sur la fin de l’aventure du
Graal, mais aussi sur le rôle qui aurait pu être laissé à ce chevalier par le romancier.
Gauvain, plus expérimenté, plus réputé en chevalerie que le jeune et naïf Perceval, avait-il
une chance d’être celui qui irait vers le Graal et réussirait cette ultime aventure ? Ou bien
devait-il rester le brillant second d’un Perceval qui aurait non seulement gravi tous les
échelons de la carrière chevaleresque, mais aurait acquis grâce aux conseils de son oncle,
grâce à sa pratique des sacrements et à sa foi une valeur exceptionnelle ?
Les continuateurs de Chrétien de Troyes ont répondu à ces questions en disqualifiant
rapidement Gauvain dans la quête du Graal. Dans La Première Continuation de Chrétien de
Troyes, deux visites successives de Gauvain au Château du Graal sont décrites.
Lors de la seconde visite, Gauvain s'endort et se retrouve au bord d'une falaise. II n'a su poser
qu'une partie des questions et n'a obtenu qu'une partie des réponses, et tout le monde regrette
que le neveu d'Arthur n'ait pu mieux faire. Dans la Quête du Saint Graal, il est également
exclu de la quête parce qu’il est trop attaché aux valeurs "terriennes" Ainsi Gauvain passe-t-il
toujours à côté de la quête, mais – ce qui est plus grave – de récit en récit, il devient l’un de
ceux par qui la quête se dégrade et par qui est provoquée la ruine du royaume arthurien.
Enfermé dans sa mondanité et sa démesure, sourd à l’esprit de l’aventure du Graal, Gauvain
dans La Mort le roi Arthur est définitivement exclu de cette quête. Au cours du XIIIe siècle,
certains textes non seulement insistent sur ses échecs, mais donnent au neveu d’Arthur une
lourde responsabilité dans la transformation de l’aventure du Graal. Il contribue à en faire une
aventure où les chevaliers s’affrontent, se tuent, se laissent aller à la violence et y trouvent de
multiples occasions de s’adonner au mal.
Gauvain a toujours été trop humain, il ne s’est jamais totalement identifié avec la volonté de
ne penser qu’à Dieu, attaché aux valeurs terrestres. L’allusion aux péchés commis par
Gauvain nous permet de comprendre la fortune du personnage au cours du XIIIe siècle.
Gauvain en effet, de chevalier lumineux et glorieux dans les récits de Chrétien de Troyes
devient peu à peu celui qui fait le malheur des autres. Dans certains textes, comme La Mort du
Roi Artu, des rumeurs inquiétantes de meurtres et de trahisons courent sur lui. Gauvain cette
fois est non seulement coupable d’avoir causé le départ des chevaliers, mais il a au cours de
cette quête cédé à la violence, tué des adversaires de sa propre main. Il avoue au roi Arthur
avoir tué dix-huit chevaliers de sa main dont le roi Baudemagu.
Le noircissement du personnage devient systématique à partir du moment où la quête du
Graal n’est plus une aventure individuelle, mais engage toute la chevalerie arthurienne. C’est
Gauvain en effet qui le premier fait le serment de participer à la quête du Graal, entraînant
avec lui tous les chevaliers et vidant par là même la cour de ses forces vives. Le Roman de
Tristan en Prose développe ce motif de même que la Quête du Saint Graal.
Devenu le héros de textes autonomes, le personnage de Gauvain a connu une fortune littéraire
diverse, aussi souvent noirci qu’auréolé de gloire dans les multiples récits qui le prennent
comme protagoniste au cours du XIIIe siècle. Il est souvent montré de façon parodique
comme un chevalier mondain et futile dans des textes tels que L’Âtre Périlleux, Humbaut, La
Demoiselle à la mule, Le Chevalier à l’épée, etc.
Quant au Roman du Bel Inconnu il rappelle que Gauvain a eu un fils, Guinglain, avec la fée
Blanchemal.
En Angleterre un roman lui aussi teinté de merveilleux est écrit vers 1360, Sir Gawain and
the Green Knight, et a connu un succès considérable.
Knight
Gentes dames et Chevaliers de la table ronde, Le personnage de Gauvain est
particulièrement intéressant car il est porteur de toute la dualité entre la voie spirituelle et
l’attachement à la réussite matérielle, en effet il est courant de faire des siècles qui encadrent
l'an mil l'époque d'un dualisme exacerbé qui ne verrait de salut que dans la fuite du monde et
l'absolu mépris de la chair.
Mais cette nouvelle approche suppose un tout autre développement que je n’aborderai pas ce
soir.
Mes sources :
Internet :
Au seul mot Gauvain : 690000 résultats
Wikipédia : l’article GAUVAIN en 6 chapitres
•
1 Textes relatant les aventures de Gauvain
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2 Renommée de Gauvain
•
3 Substrat mythologique
•
4 Gauvain au cinéma et à la télévision
•
5 Notes et références
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6 Bibliographie ( 40 ouvrages répertoriés entre 1100 et 1400 où apparaît le personnage
de Gauvain)
Je me suis aussi inspiré pour cette courte présentation de différentes sources:
Le Roi Arthur, une légende en devenir (Somogy, «Les Champs libres», 2008), Moyen Âge,
1050-1486 (Emmanuèle Baumgartner, Bordas, «Histoire de la littérature française», 1988),
Arthur et la Table Ronde. La force d'une légende (Anne Berthelot, Gallimard,
«Découvertes», 1996),
La Société médiévale. Codes, rituels et symboles (François Icher, La Martinière, 2000)
et Le Roi Arthur et les Chevaliers de la table ronde de Thierry Delcourt diffusé par DG
diffusion.
Toute l’iconographie provient des collections de la BNF disponible sur Internet et consultable
sur la banque d’images : images.bnf.fr
Alain CHATENET
Pour aller plus loin :
Je mets à la disposition de celle ou ceux qui le souhaite, sur clé USB car téléchargé sur le site
de la BNF, un extraordinaire ouvrage de Gaston Paris ( né à Avenay-Val-d'Or le 9 août 1839
et mort à Cannes le 5 mars 1903, Gaston Paris qui fut un médiéviste et philologue romaniste
français) Cet ouvrage publié en 1887 est intitulé : Les romans en vers de la table ronde
( 279 pages de documents et de références extraordinaires réunies par un érudit, fin lettré et
ésthète accompli (cf photos en noir et blanc)