1. - Ilec

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1. - Ilec
Les Cahiers de L’
Performances financières
comparées des industriels et
distributeurs français de PGC
(résumé de l’étude)
Simon Parienté
(université de Toulouse)
Cette livraison de l'étude sur la rentabilité comparée des distributeurs et des fournisseurs
se fonde sur des données comptables de 6 600 sociétés pour les années 2004, 2005 et 2006..
N° 4/08 – Septembre 2008
I
l
e
c
Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
Les sources d’information
Étude réalisée par Simon Parienté à partir du traitement des données
comptables relatives aux années 2004, 2005 et 2006
– Sources : Altares-D&B, Amadeus, rapports d’activité…
6 633 sociétés = 235 milliards d’€
– distributeurs = 2 752 sociétés = 120 Md €, soit 70 % de l’univers
des hyper et supermarchés (y c. maxidiscompte français hors Ed)
– fabricants = 3 881 sociétés
• Ali = 2 000 sociétés pour 69,3 Mrd €
• Nali = 1 874 sociétés pour 50 Mrd €
Etude sur comptes agrégés (pour caractériser les « poids lourds ») et
étude sur comptes individuels (régressions logistiques et analyses
discriminantes pour singulariser le plus grand nombre)
Série longue de 2000 à 2005, portant sur des échantillons moindres :
– données homogènes sur la série longue
– résultats diffèrent légèrement entre séries longue et courte
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
Les indicateurs
Deux concepts majeurs
– Rentabilité du capital, qui peut s’analyser selon trois critères
• Rentabilité économique ou Return on Capital Employed (ROCE)
– Rentabilité des investissements ayant pour origine la totalité des
capitaux propres et des dettes financières
• Rendement industriel ou rentabilité du capital financier converti en
actifs d’exploitation uniquement
• Rentabilité des seuls capitaux propres, ROE (Return on Equity)
– Valeur créée ou détruite : différence entre ce que le capital
rapporte et ce qu’il coûte ou EVA (Economic Value Added)
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
Les déterminants de la rentabilité
RBE ou EBITDA, et REX ou EBIT comparativement au CA
! stratégie de marge opérationnelle
Rotation des capitaux investis mesurée par l’importance du CA
généré par les emplois effectués
! stratégie de volume
RBE = Résultat brut d’exploitation
EBITDA = Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization
REX = Résultat d’exploitation
EBIT = Earnings Before Interest and Taxes
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
Les estimations nécessaires
Evaluation des immobilisations extériorisées
– loyers estimés d’après les liasses fiscales (environ 1 % du CAHT)
– valeur des immobilisations et des dettes financières
correspondantes = 10 fois les loyers
Rendement requis par les actionnaires (coût des capitaux propres)
– estimé avec une prime de risque du marché au taux uniforme de 4%
et un index de risque sectoriel (bêta désendetté) de 0,5 (FAB-ALI),
0,7 (FAB-NALI) et 0,8 (DIS)
Le coût du crédit-fournisseurs
– évalué en appliquant un taux monétaire à la partie de la dette
commerciale excédant une norme de gratuité fixée à quatorze
jours ; en situation de crédit-fournisseurs retraité, cette part
excédentaire est assimilée à des dettes financières
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La structure des coûts des industriels des PGC
Achats
de
produits
Charges spécifiques
aux grandes marques
Activités
créatrices
de valeur
100%
CA net Mat.
facturé 1ères
Fabri
cation
R&D
Ventes
& Mkt
Distrib.
Phys.
Frais
géné
Résult.
d’exploit
L’essentiel du chiffre d’affaires des industriels est apporté par la valeur
ajoutée provenant des activités de recherche et développement (innovation), de
fabrication et de mise en marché.
Source : Ilec
La structure des coûts des distributeurs
Les achats de marchandises
ont été comptés comme CA
de l’industriel
100%
Le coût des opérations
représente l’essentiel des
charges des distributeurs
Achats
de
produits
Activités
créatrices
de valeur
CA net Achats de Entrepôt Frais de
marchanfacturé
transport magasin
dises
Coop. Frais
Résult.
com. de siège d’exploit
L’activité des distributeurs est une activité de revente, n’apportant qu’une
valeur ajoutée modeste comparée au coût d’acquisition des marchandises
Source : Ilec
Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
La rentabilité des capitaux engagés
Le modèle des distributeurs :
Rentabilité des capitaux engagés =
Ratio
Le modèle des industriels :
Rentabilité des capitaux engagés =
Ratio
Résultat
CA
x
CA
Capitaux engagés
Faible
Fort
Résultat
CA
x
CA
Capitaux engagés
Fort
Faible
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
1. Les taux de rentabilité sont meilleurs chez les commerçants,
surtout en situation de crédit fournisseur non reclassé
partiellement en dettes financières
Si la partie de dette commerciale excédant quatorze jours est traitée comme de l’endettement financier, c’est
uniquement sur la rentabilité des fonds propres que les distributeurs conservent une franche domination, grâce
à un fort effet de levier. Pour les deux catégories d’acteurs, la rentabilité des différentes formes de capitaux
investis s’est dans l’ensemble plutôt redressée en 2006.
Ce résultat sur comptes agrégés est également observé chez le plus grand nombre d’acteurs, par une analyse
discriminante qui fait ressortir des taux de rentabilité plus élevés dans la population des distributeurs, que le
crédit-fournisseurs soit retraité ou pas.
FRSG = crédit fournisseur supposé gratuit
FRSNG = crédit fournisseur partiellement reclassé en dette financière
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
Rentabilité économique ou retour sur capital (hors impôt),
le crédit fournisseur étant considéré comme gratuit
24,00%
21,8%
18,5%
16,6%
15,2%
16,00%
14,9%
13,9%
13,6%
13,4%
12,7%
12,5%
10,5%
10,1%
12,6%
10,2%
FAB
DIS
8,00%
0,00%
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
Calcul réalisé sur les séries homogènes de 2000 à 2005
Données 2006 rendues comparables par extrapolation
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
Rentabilité économique ou retour sur capital (hors impôt)
le crédit fournisseur étant valorisé au coût du marché
24,00%
15,6%
16,00%
13,9%
13,8%
12,5%
11,5%
13,6%
13,4%
12,3%
10,5% 10,8%
10,1%
10,8%
9,1%
FAB
9,3%
DIS
8,00%
0,00%
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
Calcul réalisé sur les séries homogènes de 2000 à 2005
Données 2006 rendues comparables par extrapolation
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
Rentabilité économique
• Les calculs portant sur le taux de rentabilité économique (1)
donnent nettement l’avantage aux distributeurs sur les fabricants, si
le crédit fournisseur est considéré comme entièrement gratuit.
• La rentabilité économique des distributeurs s’accroît de 2000 à 2003,
puis décroît jusqu’en 2006 ; elle passe au-dessous de celle des
industriels en 2005 et 2006, lorsqu’un coût est donné au crédit
fournisseur sur la base d’un référentiel monétaire.
• La rentabilité des industriels paraît beaucoup plus stable.
• Pour les deux séries d’acteurs, les comptes 2006 évoluent peu par
rapport à 2005.
(1) Return On Capital Employed (ROCE)
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
2. En l’absence de retraitement du créditfournisseur,
les industriels créent moins de valeur que la grande distribution
En raison d’un plus faible effet de levier, l’excédent du ROE sur le rendement requis par les actionnaires reste
largement défavorable aux fabricants, que le règlement différé des achats de marchandises soit retraité ou non. Les
industriels ont cependant amélioré leur enrichissement net en 2006 alors que celui des distributeurs s’est tassé voire
dégradé.
Des calculs effectués avec des données individuelles, par le biais d’une régression logistique binaire, montrent
que le fait d’appartenir à l’échantillon des distributeurs pousse mécaniquement à la création de valeur, et
l’appartenance à l’échantillon des fabricants, majoritairement des PME, pousse à la destruction de valeur.
EVAi, EVAe et EVAf désignent, dans l’ordre, la création de valeur (rentabilité nette d’impôt et de coûts
financiers) pour 100 € d’actif d’exploitation, d’actif économique et de capitaux propres.
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
Création de valeur sur actif économique
Le crédit fournisseur étant considéré comme gratuit
8%
7,3%
7%
6%
5%
4,0%
FAB
4%
3,6%
3,4%
3%
2,7%
2,3%
2%
DIS
1,6%
2,7%
2,6%
2,1%
1,4%
1,0%
1%
1,2%
1,3%
0%
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
14
Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
Création de valeur sur actif économique
le crédit fournisseur étant valorisé au coût du marché
5,00%
4,50%
4,3%
4,00%
3,50%
3,00%
2,7%
FAB
DIS
2,50%
2,0%
2,00%
1,8%
1,6%
1,6%
1,4%
1,50%
1,00%
2,1%
1,2%
1,0%
0,8%
1,3%
1,1%
1,0%
0,50%
0,00%
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
La création de valeur
• La création économique de valeur (1) correspond à l’excédent de
la rentabilité des capitaux employés sur leur coût financier.
• Si le crédit fournisseur est considéré comme gratuit, la création de
valeur des distributeurs paraît très supérieure à celle des
industriels : l’écart s’accroît de 2000 à 2003, pour se resserrer de
2004 à 2006.
• En situation de crédit fournisseur non gratuit (coût estimé selon
un taux de marché), les résultats sont plus nuancés :
accroissement de la valeur créée plus net chez les distributeurs de
2000 à 2003, et tendance à l’inversion ensuite, avec des
industriels qui semblent mieux consolider leur enrichissement en
2004-2006.
•
(1) Economic Value Added (EVA).
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
3. Les fabricants à large stature (> 100 M€) sont nettement
plus rentables que les PME
Tout se passe comme si la capacité d’innovation et l’investissement immatériel préservaient le
pouvoir de la marge et la rentabilité du capital.
Ri : rentabilité des seuls actifs d’exploitation ou rendement industriel
Re : rentabilité économique ou rentabilité de tout le capital employé (ROCE)
Rf : rentabilité financière ou retour sur capitaux propres (ROE)
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
4. Les grands fabricants (> 100 M€) créent autant de valeur
que les distributeurs ; les PME en détruisent
Les sociétés industrielles dont le chiffre d’affaires (CA) est inférieur à 100 millions d’euros
n’arrivent pas à obtenir du capital employé davantage que ce qu’il coûte, contrairement aux
distributeurs et aux grands fournisseurs. Ce constat n’est pas, pour le moins, le résultat d’une
relation gagnant-gagnant entre distributeurs et fabricants dépendants !
EVAi, EVAe et EVAf désignent, dans l’ordre, la création de valeur (rentabilité nette d’impôt et de coûts
financiers) pour 100 € d’actif d’exploitation, d’actif économique et de capitaux propres.
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
9. Baisse de rentabilité du maxidiscompte
Dans l’échantillon des distributeurs, le sous-groupe des maxidiscompteurs français hors Ed
(MD) connaît, pour la première fois, un dévissage important de ses performances. Mais cet
échantillon est fortement influencé par l’enseigne Leader Price, qui a traversé une période
de turbulence entre 2005 et 2006.
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
9. Baisse de rentabilité du maxidiscompte
En 2006, le maxidiscompte (MD) est, parmi les trois formats de magasins, celui qui a créé le
moins de valeur. Globalement, la formule du supermarché est celle qui se comporte le
mieux, avec des résultats qui se situent bien au-delà de ceux des fabricants réunis.
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
10. Baisse de rentabilité du maxidiscompte
La perte d’enrichissement, de 2005 et 2006, très éloquente pour le maxidiscompte, résulte
de la baisse sensible des marges, qui n’a pas été compensée, tant s’en faut, par une
amélioration de la rotation des capitaux investis.
RBE ou EBITDA en % du CA
CA / actif d’exploitation
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
11. Le format de magasin dont le CA est compris
entre 15 et 30 M€ semble le plus performant
Cette taille de point de vente, représentative du grand supermarché, procure une rentabilité
supérieure à celle des autres statures de magasin (CA inférieur à 15 M€ ou supérieur à 30
M€). Un test sur les moyennes, effectué avec les données individuelles 2006 de tous les
distributeurs, confirme la supériorité de cette taille de magasin (15-30) sur les autres : + 32 %
sur Re et + 96 % sur EVAe.
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
12. Les distributeurs rassemblés selon une stratégie
de marge créent plus de valeur que ceux ayant choisi
une politique de rotation du capital
Stratégie de volumes : acteurs qui affichent des taux de rotation du capital supérieurs à la
médiane de leur population tout en dégageant des marges inférieures à leur secteur (hors
unités dont le CA est > 100 M€).
Domination par les marges : sociétés qui obtiennent des marges supérieures à la médiane de
leur population tout en présentant des coefficients de rotation inférieurs aux ratios médians de
leur profession.
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Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
13. Les distributeurs rassemblés selon une stratégie de
marge créent plus de valeur que ceux ayant choisi une
politique de rotation du capital
La puissance de la marge est plus visible encore dans la capacité des acteurs à créer de la
valeur pour les parties prenantes.
Cette suprématie de la marge sur la rotation est également déduite d’une analyse des comptes
individuels. Pour le plus grand nombre de distributeurs, la stratégie de marge est beaucoup
plus payante que la domination par les volumes. Le ROCE moyen trouvé pour la première
population (marge) est quasiment deux fois plus élevé que celui de la seconde (volumes).
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Ce qu’il faut retenir
Rentabilité comparée industrie-commerce en 2006
1.- Les taux de rentabilité sont meilleurs chez les commerçants, surtout en situation de créditfournisseurs gratuit. Le retrait des industriels est patent sur le ROE en raison d’une structure
financière moins favorable. Pour les deux catégories d’acteurs, la rentabilité des différentes
formes de capitaux investis s’est dans l’ensemble plutôt redressée en 2006.
2.- En l’absence de retraitement du crédit fournisseur, les sociétés industrielles regroupées
créent moins de valeur que leurs partenaires de la grande distribution. L’analyse des comptes
individuels confirme la supériorité d’un plus grand nombre de distributeurs en matière de
performance. Les industriels ont cependant amélioré, globalement, leur enrichissement net en
2006, alors que celui des distributeurs s’est tassé voire dégradé.
3.- Les fabricants à large stature (plus de 100 M€) sont nettement plus rentables que les PME,
et créent tout autant de valeur que les distributeurs, alors que les PME en détruisent.
4.- Selon l’échantillon des distributeurs de l’étude regroupés par format de vente, comprenant
des maxidiscompteurs imparfaitement représentés, la formule du supermarché est celle qui se
comporte le mieux. Plus finement, c’est le magasin dont le CA est compris entre 15 et 30 M€ qui
est le plus performant.
5.- Les distributeurs rassemblés selon une stratégie de marge créent plus de valeur que ceux
ayant choisi une politique de rotation du capital. Cette observation est déduite de comptes
agrégés et d’une analyse de données individuelles ; la première approche donne une mesure de
l’influence des tout premiers et la seconde vise à caractériser le plus grand nombre.
6.- Les résultats sur les modalités de gestion des charges disent que des coûts salariaux mal
contrôlés exercent sur la performance des distributeurs un rôle tout aussi pénalisant, sinon plus,
que l’expansion des consommations de biens et services.
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