P. Jean-Pascal : conversations (avril 15)

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P. Jean-Pascal : conversations (avril 15)
Avril 2015
[CONVERSATIONS SPIRITAINES – SPIRITUS EST QUI VIVIFICAT]
AU SOMMAIRE DE CE MOIS
EDITO
Bonjour.
La
Paix
soit
avec
toi.
Viens Esprit Saint, dans le cœur
de tes fidèles.
Merci
aux
contributeurs,
bonne lecture.
Très bonne journée.
Notes de lecture
Le milieu de la vie et le travail de l’Esprit Saint
Dieu à l’œuvre dans la crise
Trouver le fondement de notre âme
La crise
La fuite
et
Histoire Spiritaine
Permanence et actualité du Charisme Spiritain
(1/3)
Jean-Pascal LOMBART CSSp
A Paris
1
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Avril 2015
[CONVERSATIONS SPIRITAINES – SPIRITUS EST QUI VIVIFICAT]
Notes de lecture
Chapitre Quatre. Le milieu de la vie et le travail du Saint Esprit
Texte de ma recherche intitulée 'Conversation Spiritaine sur le Renouveau au Milieu de la
Vie' ('CSMV'). Présentation générale en CSMV.0, postée le 2 juillet 2014
.
4.1. Le milieu de la vie au monastère
Le précédent chapitre s’est attaché à la
description par le P. Adrian Van Kaam de
la crise du milieu de la vie comme une
occasion de dépasser une expérience
fonctionnelle de soi pour prendre une
nouvelle orientation reçue d’une
connaissance plus profonde de soi-même.
Nous avons suggéré que le P. Libermann
semble avoir traversé une telle crise avant
de commencer la dernière partie de sa vie
comme fondateur de la Société du Saint
Cœur de Marie et plus tard comme
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supérieur de la Congrégation du Saint
Esprit. Van Kaam décrit la première phase
de l’âge adulte comme principalement
engagée dans l’accomplissement de
tâches avec et pour autrui, telles la
carrière professionnelle et la fondation
d’une famille. Cette priorité tend à
marginaliser l’attention consacrée à la vie
de l’esprit, la conscience de soi, le calme
et la contemplation de l’œuvre de Dieu en
nos cœurs et dans nos vies. Quand des
problèmes ont surgi, ils étaient
habituellement résolus d’une manière
rationnelle par un engagement redoublé.
C’est précisément quand nous devenons
conscient de l’insatisfaction et de la
distance entre notre ‘vie publique’ et nos
attentes plus profondes que nous mettons
en question la direction que nous avons
donnée à notre vie jusqu’à présent. Van
Kaam suggère que l’abandon spirituel par
une attention et une humble authenticité
peut être une occasion de découvrir une
autre forme de présence au monde, et de
devenir réceptifs à la présence de Dieu en
toutes personnes et en toutes choses.
Comme religieux vivant la vie apostolique,
nous pouvons facilement nous retrouver
dans cette description. Nous vivons des
vies actives et nous nous efforçons
d’apporter l’esprit de l’Évangile dans tout
ce que nous faisons. Cependant, dans
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cette entreprise, nous trouvons souvent
plus facile de nous concentrer sur l’action
plutôt que sur la contemplation, sur
l’attention, l’abandon et la passivité. Nous
nous consacrons davantage à l’apostolat
qu’à cultiver notre disponibilité pour être
formés par l’Esprit de Dieu à devenir la
personne et l’instrument appelés par Dieu.
Or, étant donné qu’une dimension
fondamentale de notre identité est d’être
consacrés au Saint Esprit, il vaut la peine
de nous pencher sur ce que ceux qui ont
choisi la vie religieuse contemplative ont à
dire au sujet du milieu de la vie. Tout en
situant l’expérience du milieu de la vie des
Spiritains principalement en relation avec
l’expérience existentielle commune à tous,
nous nous enrichirons également d’une
compréhension dans la foi de la manière
dont Dieu est à l’œuvre dans la crise du
milieu de la vie, et d’un éclairage sur la
manière dont nous pouvons permettre à
l’œuvre de Dieu de se déployer en nous.
du milieu de la vie, crise et occasion).
C’est la présentation d’une réflexion
interdisciplinaire basée sur
l’enseignement du mystique allemand
Johannes Tauler (1300-1361) aux religieux,
enrichi par la perspective psychologique
de Carl Jung sur le milieu de la vie.
4.2. Dieu à l’œuvre dans la Crise
C’est la valeur que vient ajouter la
présentation d’un texte d’Anselm GRÜN,
O.S.B. : ‘The Spiritual Challenge of Midlife,
Crisis and opportunity’1 (Le défi spirituel
1
Anselm GRÜN, O.S.B.: The Spiritual Challenge of
Midlife, Crisis and opportunity, Ed.
Liguori/Triumph, USA, 2006, 96 pages. (‘Le défi
spirituel du milieu de la vie, crise et opportunité’)
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Les changements du milieu de la vie
mettent en avant les questions du sens :
‘Pourquoi est-ce que je travaille tant ?’,
‘Pourquoi est-ce que je m’épuise ?’ Pour
des religieux, le ‘pourquoi ?’ a une
dimension religieuse et pointe vers la
possibilité de découvrir un sens nouveau à
notre consécration à Dieu. Dans la foi,
nous croyons que ce sens nouveau
advient par l’intervention de Dieu luimême dans la crise. Grün explique que
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4.2.1. Trouver le fondement de notre
âme
dans la crise, Dieu ouvre nos cœurs pour
nous aider à entrer dans une plus
profonde attention à la présence de Dieu
et pour nous libérer de ce qui nous
empêchait d’être attentifs. Une crise du
milieu de la vie devient ainsi une occasion
de nouvelle rencontre avec notre Dieu et
de nouvelle expérience de notre vocation.
Cela requiert une décision, non pas
d’action, mais d’abandon dans la foi. Les
pratiques de la vie religieuse telles que le
jeûne, la solitude et la prière soutiennent
une approche de la source inconsciente
de la vie à laquelle Jung se réfère, et ainsi
à l’advenue de nouvelles orientations, les
‘direction divines’
selon les mots de Van
Kaam, un ‘renouveau
dans notre vocation
et notre identité’
selon l’expression des
récents documents
d’animation Spiritains.
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Johannes Tauler comprend le but du
chemin de la vie spirituelle comme une
découverte du ‘fondement de notre âme’.
Cela peut être compris comme le lieu le
plus intérieur de notre personne où nous
sommes unifiés et véritablement nousmêmes en étant conscient de la présence
de Dieu en nous. Parvenir en ce lieu n’est
pas le résultat des efforts de nos capacités
humaines, mais nous y arrivons en
permettant à l’Esprit de Dieu de nous y
conduire. Les exercices spirituels
devraient nous avoir permis d’arriver
jusqu’ici, au milieu de la vie, mais arrivés à
ce stade, seulement si Dieu travaille en
nous à travers les expériences que nous
avons traversées, nous vidant grâce aux
déceptions, exposant notre superficialité
grâce aux échecs, alors seulement
pouvons-nous être conduits à travers le
vide et la sécheresse de notre cœur
jusqu’au fondement de notre âme et à la
réalité de Dieu. La crise du milieu de la vie
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est un tournant décisif dans notre
parcours, c’est le lieu où nous devons
choisir entre nous appuyer sur nos
propres habitudes ou bien permettre à la
grâce de Dieu d’opérer à sa manière
propre. Tauler décrit six étapes dans la
crise du milieu de la vie.
4.2.2. La crise
Pour les religieux contemplatifs, les
années entre 40 et 50 ans peuvent
apporter un dégoût croissant pour les
exercices spirituels de la vie monastique.
Ne sachant pas ce qui sera le mieux, ils
peuvent parfois être tentés de renoncer
entièrement à la vie de foi dans laquelle
ils s’étaient embarqués pour chercher et
se rapprocher de Dieu. Tauler voit ceci
comme le travail de Dieu qui, en
conduisant l’âme dans cette crise,
lui permet de faire l’expérience que
ses propres sécurités étaient
illusoires et qu’elle est alourdie par
sa confiance en elle-même. En
opérant ainsi, Dieu veut conduire la
personne qui acceptera de se
défaire de son autosuffisance vers la
vérité de son identité en Dieu. Le
problème est d’éviter les fausses
routes mais au contraire de laisser la
crise se dérouler jusqu’au bout.
insatisfaction intérieure. Nous devenons
impatients avec les autres, avec les
structures et les institutions et essayons
de les améliorer. Cette projection bloque
l’accès à notre âme qui devient
déconnectée de notre activité extérieure.
C’est ainsi que nous échouons à devenir
responsables de notre lutte intérieure.
Un autre mode de fuite est de nous isoler
et de nous attacher aux pratiques
religieuses extérieures, sans permettre au
changement intérieur de trouver une
expression ni une profondeur. Cette
attitude est de plus en plus difficile à
changer avec le passage du temps, et
l’énergie requise pour la conversion
intérieure est épuisée dans le maintien de
la régularité extérieure qui nous détourne
de ‘l’œuvre de l’amour’.
4.2.3. La fuite
La première manière d’échapper au
travail de Dieu en nous est de
refuser de regarder son intériorité et
au contraire d’extérioriser son
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Un troisième type de fuite est reconnu
dans l’attente à l’égard des changements
dans les pratiques extérieures, comme si
elles allaient étouffer la voix du tumulte
intérieur. La crise intérieure est
externalisée dans un style de vie sans
cesse changeant : de nouvelles formes de
méditation l’une après l’autre, des
pèlerinages, des groupes, etc.
Accorder attention à l’inquiétude
intérieure requiert avant tout de croire
que Dieu peut être à l’œuvre là aussi et
qu’il nous conduit à une croissance
spirituelle.
mêmes, qui n’ont pas de directeur
spirituel expérimenté et disponible pour
les accompagner à travers cette crise.
A suivre le mois prochain : ‘Les
responsabilités sont remplies concernant
les obligations religieuses de la vie
chrétienne, mais l’amour et la douceur du
Christ sont absents.’
Posté les 15, 19, 22, 26 et 29 Avril 2015
La crise du milieu de la vie a une fonction
positive dans le cheminement vers Dieu et
vers l’accomplissement de soi.
Elle est plus difficile à accepter parce
qu’elle est douloureuse. Tauler suggère
que cette épreuve est souvent plus
intense pour les religieux livrés à eux-
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Histoire Spiritaine
Permanence et actualité du
Charisme Spiritain (1/3)
Alors que je cherchais des sources pour
préparer quelques notes sur l’histoire des
Spiritains en Asie, j’ai retrouvé ce texte
éclairant et prophétique. En voici la
première partie.
Est-ce que nous mettons trop d’œufs
dans le même panier ? Plaidoyer pour
plus d’internationalisation.
Par le P. Henry Koren, Spiritain. Dans le
bulletin ‘Inter Nos Forum’ de la Province
des USA Est, Juin 1984.
Durant les huit dernières années
(précédant l’année 1984 ndt) notre
Congrégation n’a pas poursuivi son
expansion dans de nouvelles régions du
monde, même si les résultats obtenus lors
des douze années précédentes avaient été
très encourageants. Le but de cette
contribution est de plaider pour une
reprise de nos efforts.
Après avoir présenté une justification de
ces efforts par une considération de notre
charisme et en regardant l’histoire passée
de notre expansion, je suggérerais
quelques démarches qui pourraient être
faites en vue d’une expansion
géographique systématique.
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Notre Charisme : Pour une tâche
particulière ou bien un institut
permanent ?
Il faut garder à l’esprit que les
organisations religieuses peuvent être de
deux types. Certaines sont purement pour
une tâche particulière : elles sont établies
pour atteindre un but étroitement défini.
Une fois ce but atteint, ou si le but est
devenu inatteignable, la raison de leur
existence a disparu. Soit elles se défont
volontairement ou bien elles meurent.
Dans certains cas cependant, elles
peuvent continuer à exister pendant
longtemps, d’une existence résiduelle
comme une simple relique de leur passé.
La disparition a été le destin des anciens
ordres de chevalerie destinés à conquérir
la Terre Sainte. Cela peut aussi être le
destin de sociétés pour des missions
étrangères limitées dans leur territoire ou
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la population qu’ils servent, ou bien les
sociétés qui ont limité l’origine de leurs
membres à une ou seulement quelques
nationalités. À moins, bien sûr, qu’elles
décident d’abandonner ces restrictions,
comme par exemple cela a été le cas dans
les années récentes pour les Missions
Étrangères de Paris qui étaient
exclusivement françaises.
sélectionner un saint patron qui les
inspirera, et en général ils adoptent les
dévotions de l’époque ou du lieu d’où ils
viennent. À part cela, leur style de vie
copie simplement la manière de vivre
commune aux prêtres ou aux religieux à
l’époque de leur fondation.
Les Instituts permanents, au contraire,
sont nés d’une attitude spirituelle
particulière, ou bien ils la développent
rapidement. Ils ont un charisme particulier,
qui par lui-même les distingue des autres.
Eux aussi, naturellement, vont s’engager
dans une forme d’apostolat, à moins qu’ils
ne soient strictement contemplatifs, mais
le lien qui les unit n’est pas tant leur
travail apostolique que leur spiritualité
particulière. C’est à partir de tels groupes
possédant une cohésion interne que les
grands ordres religieux de l’Église sont nés,
quelles que soient les suites du travail
apostolique dans lequel ils s’étaient
engagés au moment de leur fondation.
Un groupe religieux pour une tâche
particulière s’origine généralement dans
le désir de répondre au besoin d’un
groupe particulier. Ce qui motive ceux qui
se joignent à ce groupe est le souhait
d’être fidèles au mandat du Christ d’être
porteurs de la Bonne Nouvelle, mais ils ne
développent pas d’autre cohésion interne
que celle de réaliser leur tâche ensemble.
Autrement dit, quand ils parlent de leur
charisme, ils se réfèrent simplement au
genre de travail qu’ils font. Ils peuvent
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La survie de tels ordres, basée sur la
cohésion interne, implique que leur vision
spirituelle soit suffisamment flexible pour
s’adapter par un renouveau
(aggiornamento) quand le monde où ils
vivent traverse de grands changements. Ils
ne considèrent pas les habitudes et
coutumes du temps et lieu de leur
fondation comme des caractéristiques
essentielles de leur institut. Ils ne croient
pas que la manière espagnole, allemande,
irlandaise ou autre soit la seule qui
permette d’être un fidèle membre de leur
société et que les autres doivent l’adopter.
Ils demeurent fondamentalement ouverts
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au changement dans la perspective de
leur charisme. (Ces remarques sont
basées sur la monumentale psychohistoire de la vie religieuse de Raymond
Hostie : ‘Vie et Mort des ordres religieux,
Paris, 1972)
sa condition’, c’est-à-dire avec ‘sa manière
propre de concevoir les choses, son
tempérament, sa tournure d’esprit’. ‘Dieu
fit les personnes telles qu’elles sont ; elles
sont prêtes à tout faire pour le bien ; nous
devons les encourager et ensuite chacun
agira selon ce qui lui est donné d’en haut.’
(N.D. VIII, pp. 111ss.) Ainsi les supérieurs,
tout autant que les autres membres,
doivent être à l’écoute du Saint Esprit et
ils le font en écoutant la voix des
personnes de bonne volonté dans le
monde où nous nous trouvons. C’est
pourquoi nous devons compléter la
formulation de notre charisme en
ajoutant à ‘Disponibilité évangélique dans
l’obéissance au Saint Esprit’ les mots ‘qui
nous parle à travers ce que les personnes
de bonne volonté discernent des appels ici
et maintenant venant des situations
changeantes de la vie dans notre monde.’
Le Charisme Spiritain
Notre Congrégation a reçu son
inestimable charisme, sa cohésion interne
et son élan de ses deux fondateurs,
Claude Poullart des Places et François
Libermann. Tous deux insistaient sur la
disponibilité évangélique dans
l’obéissance au Saint Esprit pour le service
des pauvres partout dans le monde. Alors
qu’à l’époque de Poullart des Places cette
obéissance à l’Esprit était peut-être
interprétée trop rapidement comme si
ceux en position d’autorité avaient une
ligne directe pour recevoir les réponses de
l’Esprit, Libermann insistait sur le respect
que les supérieurs doivent à l’œuvre de
l’Esprit dans chaque personne et sur
l’importance de donner ‘à la grâce de Dieu
l’occasion d’agir avec leur liberté’ – les
supérieurs devraient ‘laisser chacun dans
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Échouer à écouter l’Esprit en
reconnaissant ses propres préférences est
toujours possible, bien sûr, même chez les
saints. C’est pourquoi on doit pratiquer le
discernement, consulter les autres pour
recevoir leur évaluation de nos propres
idées et demeurer toujours prêt à changer
d’orientation quand cela est nécessaire.
Nous devons ici insister sur les
implications que la vision de Libermann a
sur notre charisme. Elles sont si
importantes que le P. Roger Tillard, l’
expert dominicain sur Libermann les
considère révolutionnaires, reflétant une
nouvelle époque dans la vie religieuse
(voir, de Koren : ‘Essays on the Spiritan
Charism’). Libermann se révèle comme
tenant d’une vision démocratique de la
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Congrégation, de la vie religieuse et aussi
de l’Église en général.
Il était véritablement démocratique. Pour
un chapitre de renouveau requis chez les
Eudistes, il recommandait que chaque
membre de cette congrégation soit
entendu, même les novices, et que tous
devraient participer à la rédaction d’une
nouvelle règle (N.D. I, p. 570ss.). Il
considérait que l’autorité suprême de sa
congrégation résidait dans la volonté de
‘la majorité de ses membres’, non pas
dans le supérieur général (N.D. IV, p.191).
Et à une époque où beaucoup étaient en
faveur d’une plus grande centralisation de
l’autorité dans l’Église, il prévint son
autoritaire futur successeur le P. Ignace
Schwindenhammer : ‘L’esprit de Dieu ne
sera jamais là où cette tendance est trop
marquée. Cette inclination est dangereuse
pour quiconque l’introduit. Elle imprime
une fausse mentalité sur les esprits et les
œuvres qu’une telle personne dirige. Je
dis « fausse mentalité », c’est-à-dire une
mentalité qui se tient à l’extérieur de
l’esprit de l’Évangile.’ (N.D. XI, p. 97ss.)
Notre charisme tel qu’il a été développé
par Libermann donne à la Congrégation
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un caractère religieux en contraste
éclatant avec les conceptions
traditionnelles de ce que cela signifie être
religieux (en 1984, le P. Tillard à nouveau
insistait sur le rôle charnière de
Libermann : ‘Il a quelque chose d’unique à
donner à l’Église. Le charisme qu’il a légué
n’était pas seulement destiné à vous
Spiritains, mais à l’Église Universelle.’
Essays… op.cit. p. 60). Donnons-en les
points principaux :
1. Le retrait monastique du monde
devient ouverture au monde dans
lequel l’Esprit continue de parler à
travers la voix de nos
contemporains.
2. La stabilité religieuse perd son
interprétation spatiale pour
devenir une mobilité enracinée en
Dieu, en réponse à ces voix qui
nous parviennent de partout.
3. La contemplation monastique, qui
est hors de portée de la plupart
des personnes actives, devient
union pratique avec Dieu dans la
vie quotidienne.
4. L’amour romantique de dame
pauvreté devient la pauvreté
apostolique au service de la
communication de l’Évangile de
l’amour aux pauvres.
5. L’insistance de vivre pour la gloire
de Dieu devient une égale
insistance sur la face terrestre de
cette gloire qui se trouve dans le
bonheur de nos contemporains.
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[CONVERSATIONS SPIRITAINES – SPIRITUS EST QUI VIVIFICAT]
6. La sanctification personnelle pour
sauver son âme devient
sanctification avec, à travers et
pour les autres.
7. Le forage systématique dans la
sainteté devient flexibilité et
profond respect pour chaque
personne et sa manière d’être.
8. L’ « obéissance comme un
cadavre » devient ouverture à
l’Esprit en dialogue entre les
supérieurs et les autres membres
d’une manière démocratique.
Cette fidélité à l’Esprit implique
engagement, disponibilité, souplesse,
mobilité. C’est un genre dynamique de
spiritualité, non pas liée aux modes
théologiques ou ecclésiales d’une époque
particulière, mais dotée d’une possibilité
d’adaptation universelle et durable. Elle
peut être pratiquée par quiconque désire
vivre une véritable
vie Chrétienne (pour
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plus d’explication, voir ‘Essays’, pp.83ss.).
Ainsi nous pouvons conclure que notre
Congrégation a un charisme particulier qui,
en principe, rend sa survie permanente
non seulement possible, mais aussi
désirable comme une partie intégrale de
l’Église : « Il n’est pas suffisant de faire
puis mourir ; nous devons faire et vivre
pour faire à nouveau et faire sans cesse. »
(Lettre écrite par le secrétaire de
Libermann sur ses ordres au P.
Schwindenhammer. Voir : A. Le Roy, Vie
du T.R. Père Le Vavasseur, Paris, n.d., p.
206. La lettre à un moment où les besoins
des missions en personnel menaçaient de
saigner à mort la Congrégation, aux
environs de 1849.)
Publié le 3 Mai 2015
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