Danièle Sallenave : Maîtriser la lecture pour s

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Danièle Sallenave : Maîtriser la lecture pour s
VIE MUNICIPALE
Université citoyenne
Danièle Sallenave :
Maîtriser la lecture
pour s’émanciper l’esprit
L’université citoyenne est un rendez-vous
régulier proposé aux habitants autour d’un
sujet choisi. Le 17 décembre, la lecture et ses
enjeux étaient au programme au travers du
livre de Danièle Sallenave « Nous, on n’aime
pas lire ».
L
es belfortains ont bravé
la neige et le verglas, pour
participer à cette conférence.
Un rendez-vous instauré
depuis le début du mandat de l’équipe
d’Etienne Butzbach, Maire de Belfort,
en partenariat avec l'Institut d'Etudes et
de Recherche Euro-méditerranéenne
(IEREM). « Nous avons évoqué le
problème de LA décomposition du lien
social, rappelle Sami Naïr de l’IEREM,
et nous en sommes venus à parler
d’éducation. Nous sommes tous deux
persuadés que le meilleur héritage à
transmettre à nos enfant, ce n’est pas
l’argent, ce n’est pas le statut social,
mais c’est le savoir ».
Danièle Sallenave est écrivain. Elle est
intervenue dans le collège de la Marquisanne à Toulon en 2008 et 2010. Un
quartier est composé d’une vingtaine
de tours construites pour accueillir les
communautés d’émigrés. Ce collège
travaille avec une majorité d’enfants
issus d’autres cultures.
Le savoir repose sur
la lecture
Dans le cadre du projet Ambition réussite, l’écrivain intervient pour stimuler
l’envie de lire de ces élèves. Beaucoup
lisent avec difficulté. Danièle Sallenave
leur propose « Sonate », l’histoire de
deux « gamines » pensionnaires dans
un lycée. « Ces filles, on ne comprend
rien », protestent les élèves, qui s’intéressent davantage à ce qu’elle gagne,
sa notoriété à la TV ou le temps d’écriture d’un livre. Pour les motiver, elle
rattache sa démarche à leur vécu. « Je
lis les mots, mais je ne vois rien là », se
décourage une fillette en montrant sa
tête. Pour l’écrivain, c’est l’explication
de leur désintérêt. Ils n’ont pas les
représentations mentales nécessaires
à la compréhension. « L’édifice de tout
l’enseignement, défend-elle, repose sur
la lecture et contrairement à ce que l’on
pense, ça ne s’améliore pas entre la 6e
et la 3e, si l’on ne fait rien. Aujourd’hui, il
y a un déficit dans l’apprentissage de la
lecture ». Ces élèves se sont finalement
pris au jeu et ont vraiment apprécié
l’expérience.
Un problème de
l’éducation
« On ne peut pas se construire un savoir, si on ne sait pas lire, affirme Sami
Naïr. Et le savoir est une forme d’émancipation de l’esprit. A l’école, ce qui est
au centre, ce n’est pas l’enfant comme
on voudrait le faire croire,
mais le Savoir. L’école est
également le lieu où se
construit l’identité collective, le nous commun ».
Pour ce philosophe, les difficultés actuelles passent
par une baisse de niveau
de formation des maîtres, « même s’ils donnent
beaucoup d’eux-mêmes ».
« Plutôt une trop grande
spécialisation », précise
Danièle Sallenave, alors
qu’ils devraient selon elle
avoir une culture généraliste.
Beaucoup d’hypothèses
sont avancées au cours
du débat : une société de
l’image virtuelle, le zapping
et une société de la facilité
qui le fait perdre à l’enfant
le goût d’apprendre.
Un combat
Danièle Sallenave relève les conflits
d’influences qui submergent les élèves
avec l’Internet. « Les élèves accordent
plus de légitimité à Internet qu’au discours de leurs professeurs. Comment
les former pour qu’ils naviguent avec
aisance entre ces différentes sources
d’information et les hiérarchisent ? »
s’interroge-t-elle.
Mais Etienne Butzbach, veut garder espoir : « Il y a des éléments de résistance
dans ce champ de bataille », note-t-il.
« Nous continuerons ce combat car
l’école est un combat », conclut Samia
Jaber, Adjointe au Maire, déléguée à
l’implication citoyenne, à la communication et à la coopération décentralisée.
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