éclairages - Festival d`Aix en Provence

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éclairages - Festival d`Aix en Provence
G.F. HAENDEL
IL
TRIONFO
DEL
TEMPO
E DEL DISINGANNO
CARNET
pédagogique
ÉCLAIRAGES
IDÉOLOGIE BAROQUE DE L’ILLUSION
par Marcel Ditche, professeur agrégé de lettres classiques.
L’illusion ( fausse apparence qui nous abuse et nous séduit ) et la désillusion ( annulation ou
disqualification de cette emprise ) tiennent une place centrale dans la vision du monde de l’homme
baroque, issue de la crise des certitudes et de l’optimisme de la Renaissance.
LA PRÉCARITÉ ET LA VANITÉ DU MONDE
Le monde et le moi sont perçus comme soumis à un changement universel et perpétuel. Comme
le disait le philosophe présocratique Héraclite : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même
fleuve », « Tout coule ». C’est là une loi de la nature qui s’applique aussi bien au monde qu’à
l’homme. Tout est instable, inconsistant, fragile et précaire, livré au passage, à la métamorphose,
à l’écoulement et à la dissolution. L’homme est le jouet du temps dévorant, de la fortune et de la
mort. La vie n’est qu’un instant. Les plaisirs terrestres sont donc vains et mensongers.
Le baroque multiplie ainsi les figures de la fragilité : fleur, bulle, oiseau, vent, nuage, eau vive,
poussière, squelette, songe. La femme est à elle seule le symbole de l’inconstance et de la fragilité
de la beauté livrée aux ravages du temps.
Ce monde en mouvements et passages constants échappe à la maîtrise et à la connaissance de
l’homme : il lui apparaît complexe, chaotique, incohérent, incertain et ambigu.
L’HOMME EN PROIE À L’ILLUSION
Dans cet univers, ce que voient les hommes reste confus et douteux, enveloppé d’un clair-obscur
incertain. Incapables de connaissance, ils sont la proie de l’illusion.
LA VIE EST UN SONGE
L’esprit se trouve dans l’incapacité de distinguer entre la réalité et le songe, la veille et le sommeil,
ce qui renforce la perception de la vie humaine comme inconsistante.
LES SÉDUCTIONS DE L’APPARENCE
L’homme est constamment abusé par la duperie des apparences, guetté par les images illusoires
de l’imagination et de la folie, trompé par les impressions de ses sens. La thématique du reflet
( le miroir, les eaux dormantes ), de la métamorphose ( Circé, la magicienne ), du clair-obscur,
l’assimilation du monde au théâtre, symbole du mensonge, de l’apparence et de l’éphémère, ainsi
que l’utilisation du procédé du théâtre dans le théâtre ( le palais du Plaisir et le théâtre de la Vérité
dans le livret ) l’expriment pleinement. La musique elle-même, qui paraît presque divine à Beauté,
contribue à l’illusion.
Si la règle commune est d’être victime des apparences, quelques êtres parviennent à les maîtriser
et à duper ainsi les autres, en usant de la ruse, du masque et des sortilèges de la magie ou de
la rhétorique. Le prince de l’illusion, par-delà les innombrables magiciens et magiciennes, est
évidemment Satan, dont Plaisir, dans le livret de Haendel, semble un avatar. La femme est à la
fois, par sa fragilité, la dupe toute désignée des apparences mais aussi, par les attraits de sa beauté,
la séductrice par excellence.
Ce monde dévalué et trompeur créé par le règne des apparences plonge souvent l’homme dans le
désespoir le plus profond. Mais les illusions de l’apparence ne vont pas chez certains sans charme
ni jouissance, comme le montre la figure de don Juan.
LE LANGAGE ET L’ILLUSION
Le langage, ce « pot à deux anses qu’on peut saisir à gauche et à dextre » ( Montaigne ), entre lui
aussi dans l’ère du soupçon. Il est marqué par l’ambiguïté et la polysémie, masque qui cache la
réalité au lieu de la dire, comme dans la métaphore, ou use de détours ( symboles, allégories ).
L’illusion tient alors lieu de réalité, et le langage ( mots, figures, rhétorique ) se prête à toutes les
manipulations. Le maître du discours ( acteur, hypocrite, séducteur ) peut faire passer l’artifice de
son discours pour la vérité. C’est ce que tente Plaisir dans le livret de Haendel, qui se présente
comme un conflit entre ce discours mensonger et un discours vrai.
LE DESENGAÑO ( DÉSILLUSION, DÉSABUSEMENT )
À l’intention de tous ceux ( mondains, libertins ) qui cherchent à oublier cette illusion du monde, à
s’en accommoder ou même à en jouir, se déploie partout en Europe un discours moral et religieux
( catholique ou réformé ) qui prône la voie ascétique du desengaño, terme espagnol difficile
à traduire – la désillusion ou le désabusement. C’est ce discours, fondé sur de nombreux lieux
communs ( sur le temps, le corps et l’âme, le plaisir, la vie comme voyage ), que tient Disinganno /
Désillusion dans le livret de Haendel, soutenu par Temps.
Il s’agit de reconnaître le monde dans sa vérité illusoire, fascinant dans ses apparences mais faux
et trompeur, puis de s’y arracher, de le fuir, une fois sa vanité établie. Envisagé du point de vue de
Dieu, qui est éternité et source de vérité, le monde apparaît dans son néant, reflet dévalué, selon
la leçon de l’Ecclésiaste : « Vanité des vanités, tout est vanité ». La conversion ( engagement dans
une vie nouvelle, authentiquement chrétienne ) est urgente car la mort, et donc le jugement, peut
survenir n’importe quand. Le pire pour un pécheur est l’endurcissement : la persévérance dans le
mal amène Dieu à lui retirer ses grâces et à lui enlever toute possibilité de salut, le condamnant
à mourir en état d’impénitence. Pour le converti en revanche, la mort n’est pas seulement un
anéantissement sur le chemin de la vie mais un passage qui ouvre dans l’au-delà à la vraie vie.
Après des tentatives d’atermoiement, selon la croyance qu’on peut attendre le dernier moment
pour se repentir, c’est cette voie du desengaño que choisit Beauté dans le livret.
pour aller plus loin
Le choix du desengaño est illustré par le musicien Sainte Colombe dans le roman de Pascal Quignard Tous les
matins du monde.
ILLUSION, VANITÉ ET DÉSILLUSION
en peinture, au théâtre et à l’opéra
par Marcel Ditche
Plutôt que de donner une liste interminable de noms et de titres, voici quelques exemples
susceptibles d’éclairer l’oratorio de Haendel :
PEINTURE
Georges de La Tour, La Madeleine au miroir, « Pénitente », Washington, National Gallery of Art.
Cornelis Gysbrechts, Vanitas, Boston, Museum of fines Arts.
La peinture baroque abonde en représentations de la figure de Marie-Madeleine, la belle pécheresse
repentie. Georges de La Tour en a lui-même réalisé une série. C’est ici l’étape du renoncement
aux vanités mondaines et aux plaisirs éphémères qu’elle a connus. Dans une cellule, faiblement
éclairée, Madeleine médite sur la mort, comme le montre la présence du crâne, objet traditionnel
des « vanités » ( Gysbrechts ), se reflétant dans le miroir au lieu du beau visage et de la magnifique
chevelure, symbole de la séduction féminine. Ce tableau éclaire à lui seul la figure de Beauté dans
l’oratorio de Haendel.
THÉÂTRE
Tirso de Molina, Le Burlador de Séville.
Calderon, Le Grand Théâtre du monde.
Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été.
Corneille, L’Illusion comique.
La thématique de l’illusion et de la désillusion triomphe dans le théâtre baroque. Rien d’étonnant,
puisqu’elle rencontre l’essence même du théâtre. Celui-ci peut servir à l’édification religieuse du
public, en évoquant le châtiment de don Juan, le libertin qui refuse de se repentir et de renoncer aux
plaisirs du monde ( Tirso de Molina ), ou encore la représentation théâtrale qu’est la vie humaine, où
chacun joue un rôle dont il se dépouille à l’heure du Jugement dernier ( Calderon ). Les comédies à
sujet profane ( Shakespeare, Corneille ) reposent sur l’illusion des personnages sur eux-mêmes, sur
autrui, sur les événements ou sur le monde, créant une confusion des sentiments et des situations
jusqu’à l’écroulement des apparences. Le théâtre est vraiment le symbole parfait du monde.
OPÉRA
Haendel, Alcina.
Mozart, Don Giovanni.
Ce qui a été dit du théâtre vaut pour l’opéra, les enchantements de la musique en plus. Les effets
de la magie d’Alcina, qui a plongé Ruggiero dans un monde de plaisirs séduisants mais faux, se
dissipent en lui laissant peut-être du regret. Pour avoir refusé de se convertir, après avoir joui de
tous les pouvoirs de l’illusion et s’être livré à l’inconstance et à tous les plaisirs, Don Giovanni
disparaît dans les flammes des enfers.
LE TEMPS ET LA MORT
au regard d’Il Trionfo del Tempo e del Disinganno
par Marie-Jeanne Coutagne, agrégée et docteur en philosophie
« Ô mon âme, n’aspire pas à la vie immortelle, mais épuise le champ du possible. »
Pindare, 3e Pythique 1
Au moment où le Grand Siècle se dérobe, à Rome qui ploie sous la coupe pontificale, une brillante
société entrevoit le nouveau siècle dans tout l’éclat de sa promesse.
En 1707, Haendel a 22 ans : il arrive à Rome. Il vient des brumes d’Allemagne du Nord et s’impose
vite autant comme organiste que comme claveciniste : des joutes s’improvisent avec Alessandro
Scarlatti auquel il se lie bientôt d’une solide amitié.
Alors que l’opéra déploie ses fastes scéniques et musicaux depuis plusieurs décennies déjà,
l’oratorio permet de contourner les censures religieuses et de traiter des sujets pieux – ou non –
sous une forme qui se rapproche au plus près du drame lyrique.
Le sujet du premier oratorio de Haendel est emprunté à un livret de son mécène et commanditaire :
le cardinal Pamphili. Il apparaît comme une astucieuse mise en musique d’une méditation sur les
ravages du temps et l’éphémère éclat de toute beauté. Pourtant, derrière les conventions admises
et une trame assez mince ( voire trop légère ), Haendel suggère une profondeur et une inquiétude
existentielles qui ne le lâcheront plus.
En 1737, il reprend et amende quelque peu son œuvre et la rebaptise Il Trionfo del Tempo et della
Verità. En 1757, quasi aveugle, il en donne une ultime version, qu’il dicte avec tout son courage à
son disciple J.C Smith : The Trumph of Time and Truth.
Le titre exact de l’oratorio de 1707 est souvent tronqué. Restituons-le intégralement : La Bellezza
raveddutta nel Trionfo del Tempo et del Disinganno. On constate que l’intitulé complet introduit une
signification autrement plus subtile. Certes le temps triomphe, comme on s’y attend ( ! ), ce qui
invite à la « déprise » ( disinganno ), à la perte des illusions qui un moment font vivre mais s’effondrent
bien vite ; mais s’esquisse en contrepoint une voie plus sensible ( dans tous les sens du terme ) et
somme toute lumineuse : celle du plaisir et de l’épanouissement de la sensibilité, qui se déploient
comme un hymne à la Beauté.
On objectera que le cardinal librettiste impose à la Beauté de se plier à la leçon de la lucidité, de la
vérité. Le temps qui passe et use toutes choses éteint toute passion de sa propre image, donc tout
amour-propre, et prépare à l’adoration de la seule beauté éternelle et divine. Il fallait bien que la
morale fût sauve et que Beauté entrât au couvent… Pourtant l’oratorio de Haendel se présente
non seulement comme étonnamment moderne, mais plus encore tout à fait contemporain.
1
Exergue du Mythe de Sisyphe d’Albert Camus, comme du Cimetière marin de Paul Valéry.
Au départ, tout se passe comme si on se trouvait en face d’une Vanité. On dénomme ainsi toute une
série d’œuvres picturales très en vogue aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui mettent en images le memento
mori. La vue d’un memento mori forçait tout chrétien à réfléchir sur la vanité de son activité et sur
la fugacité des plaisirs terrestres, et l’invitait à se concentrer sur sa vie dans l’au-delà ( « in omnibus
operibus tuis memorare novissima tua, et in aeternam non peccabis » : « dans tout acte, souviens-toi de
l’au-delà et tu ne pècheras pas », Ecclésiaste 7, 40 ). Pour mettre en scène le caractère transitoire de
la vie humaine il faut la présence du squelette, la mesure du temps, les montres et les sabliers, les
bougies, les lampes à l’huile et les fleurs vite fanées : « Vanitas vanitum, omnia vanitas » ( « vanité des
vanités, tout n’est que vanité », Ecclésiaste, 1, 2 ). Les natures mortes à implication philosophique, où
tous ces objets représentatifs des richesses de la nature et des activités humaines sont juxtaposés
à des éléments évocateurs du triomphe de la mort, étaient autant appréciées des calvinistes, dans
les Pays-Bas du Nord, que des catholiques, dans les Pays-Bas du Sud, en France et en Italie, où la
ferveur religieuse de la Contre-Réforme incitait plus que jamais à méditer sur la mort et à réfléchir
sur la vanité des choses de ce monde. On comprend que Haendel n’ait eu aucune difficulté à
entrer dans une commande qui faisait écho à des thèmes communs aux protestants comme aux
catholiques.
Cette première thématique se redouble souvent dans les représentations de Sainte MarieMadeleine pénitente. Georges de La Tour ( 1593-1652 ) y excelle. La Beauté de la pénitente n’a
qu’un temps : Donatello, à l’aube de la Renaissance, ou Pedro de Mena, à la même époque que
Haendel, en suggèreront une image somptueusement terrible.
Le propos de l’oratorio de Haendel est moins tragique, puisque finalement la Beauté ouvre une
voie à l’éternité et y participe dans tout son éclat. Nous sommes plus proches des images d’une
Madeleine à la beauté intacte malgré le temps qui passe, séduisante et sensuelle, transfigurée
dans son exaltation pieuse.
Sans doute oublier le temps ne permet-il pas vraiment de vivre, sinon dans le divertissement
comme le soulignait Blaise Pascal ( Pensées, 168 ) : loin de consoler l’homme de sa misère, il est
la plus grande des « misères » de sa misérable condition. La quête de vérité est inséparable de la
nature de l’homme, et il ne peut que découvrir son néant, comme celui de toute beauté et de tout
plaisir. Le temps dans son œuvre destructrice est au fond le plus grand des pédagogues, qui vise à
redresser l’âme sans cesse tentée par le besoin de paraître et par de futiles échappatoires !
Pourtant, lorsque s’ouvre le XVIIIe siècle, peintres, dramaturges et romanciers ( en France, citons
par exemple Lesage ou Marivaux, stricts contemporains de Haendel ) font entendre une tout autre
musique. Si la vérité n’est jamais oubliée, elle fait place à une réflexion originale qui espère ne pas
renoncer au bonheur, cette idée bientôt si neuve en Europe, selon le mot de Saint Just ! La beauté
doit en effet être reconnue ( ravvedutta ) et célébrée dans son éphémérité sensuelle.
Philippe de Champaigne ( 1602-1674 ), Vanité
Pedro de Mena,
Marie-Madeleine pénitente ( 1664 )
Donatello,
Marie-Madeleine pénitente ( vers 1453 )
Guido Reni,
Sainte Marie-Madeleine ( 1634-1635 )
L’œuvre haendélienne apparaît alors bien plus complexe qu’à la première écoute. Elle témoigne
de l’appétit de vivre d’un tout jeune compositeur à qui tout réussit et qui, s’il accepte de se plier
aux règles admises et à la norme religieuse, laisse percer, surtout à la fin de l’oratorio, l’impossible
renoncement à la beauté et aux joies sensibles. Il s’agit alors moins d’oublier le temps que de
composer avec lui, de découvrir en lui l’espace du possible et la joie de célébrer l’instant. La
splendeur de la beauté justifie le monde et la vie, dans sa fugacité même. Non pas qu’il faille
ainsi refuser la leçon de vérité que le temps porte en lui : elle s’impose inévitablement, les versions
suivantes de l’oratorio n’auront de cesse d’y insister ! Mais la vérité est aussi dans la reconnaissance
de la beauté, dans l’acceptation de la mortalité sans résignation, dans celle aussi de la grandeur
de la vie.
Telle sera, bien plus tard, la leçon de Paul Valéry dans Le Cimetière Marin :
Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change ! ( ... )
( ... ) Sur les maisons des morts mon ombre passe
Qui m’apprivoise à son frêle mouvoir. ( ... )
Allez ! Tout fuit ! Ma présence est poreuse ( ... )
Non, non !… Debout ! Dans l’ère successive !
Brisez, mon corps, cette forme pensive !
Buvez, mon sein, la naissance du vent !
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme… Ô puissance salée !
Courons à l’onde en rejaillir vivant.
Oui ! grande mer de délires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l’étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil.
Le vent se lève !… il faut tenter de vivre ! ( ... )
C’est aussi le sens de la méditation d’Albert Camus, qui par-delà le triomphe apparent de la mort
et les tumultes tragiques de l’Histoire, s’attache à « l’âme sereine comme le calme des mers, la
Beauté d’Hélène »2, puisque « rien n’est vrai qui force à exclure ! ».3
2
Albert Camus, L’Eté, L’exil d’Hélène.
3
Ibid, Retour à Tipasa.
THÈMES DE RÉFLEXION ET PISTES PÉDAGOGIQUES
par Frédéric Legrand, journaliste
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------thèmes de réflexion
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------• ados / adultes : idéalisme, compromis et compromission
• séduire, mais à quel prix ?
• la vérité de l’apparence : selon le principe de Gide, « ce qu’un homme a de plus profond, c’est sa
peau ». Ce que nous acceptons de montrer dévoile-t-il aussi ce que l’on cache ?
• beauté vs allure : le charme est-il question d’allure, de posture, de présence, ou de réponse à des
canons de beauté « objectifs » ?
• consommation vs ascèse : s’accomplit-on en cherchant à satisfaire tous ses désirs ou au
contraire en travaillant à s’en détacher ?
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------pistes pédagogiques
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------IMAGINER UN « RITE DE PASSAGE » qui marquerait l’entrée dans l’âge adolescent, puis dans l’âge
adulte. En respectant les trois étapes ethnologiques : séparation de l’ancien groupe, épreuve, puis
réintégration dans la société, au sein du nouveau groupe.
• Quelle serait l’épreuve ?
• Faut-il nécessairement mettre sa vie en danger ?
• Quels droits et quels devoirs, une fois entré dans le « nouveau groupe » ?
On peut séparer la classe en trois groupes : l’un travaille sur le rite adolescent, l’autre sur le rite adulte,
et le troisième sur ce qui actuellement fait office de rites de passage, institutionnalisés ou non ( bac,
permis de conduire, conduites à risque etc. ), pour en faire une analyse critique.
Un ou deux membres de chaque groupe font ensuite une présentation au tableau, voire interprètent
le rite, selon l’envie des groupes.
DÉCRYPTER LA BEAUTÉ en comparant des photos, des films, des sons de voix, tenter une définition du
beau et du séduisant.
• Un superbe mannequin dans une posture grotesque est-elle belle ?
• Peut-on être séduit par une simple voix ? La seule intelligence est-elle sexy ?
• La beauté peut-elle être éternelle si l’on vieillit ( question de la mort jeune en filigrane ) ?
L’ADOLESCENCE ET SES FRAGILITÉS
références artistiques, littéraires et scientifiques
par Aline Soler, intervenante pédagogique et réalisatrice sonore
Les références qui suivent sont placées sous le signe du « mal être », malaise de l’adolescence,
angle de prédilection du metteur en scène Krzysztof Warlikowski ; elles constituent des tentatives
de réponses à la multitude de questions que peut poser ce Temps intime, conflictuel, tant
dans l’intime que dans le rapport aux autres ( familles, environnement social, école, société… ).
Ces hypothèses ne sont évidemment pas exhaustives.
Comment l’adolescent fait-il passage, « mue »-t-il d’un corps et de sa conscience à un autre,
dans la construction toujours complexe, parfois chaotique, voire violente, vers laquelle tentent de
l’amener ses géniteurs ? Comment l’adolescent se départit-il du regard des autres, de ses pairs et
comment se construit-il simultanément avec ce même regard, ce jugement ?
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------la conscience du Temps
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------POÉSIE
• Horace, Carpe Diem www.espace-horace.org/iter2/ode_I_11.htm
• Plutarque, Le Triomphe du Temps / Canzionere ( Le Chansonnier )
• Ronsard, Sonnets pour Hélène
PEINTURE
• Les Vanités sont des œuvres qui nous rappellent notre fin, notre mort. Elles peuvent être
considérées comme le pendant pictural à cet oratorio de Haendel :
http://artsplastiques.discipline.ac-lille.fr/documents/nature-morte-references-artistiques3.pdf/view
https://vanitesblog.wordpress.com/tag/art-contemporain/
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------la quête d’identité
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ROMANS
• Goethe, Les Souffrances du jeune Werther : la quête d’absolu.
• Robert Musil, Les désarrois de l’élève Törless : sur l’éveil d’une conscience.
• Russell Banks, Sous le règne de Bone : un adolescent en perdition, dans une société sans réponse.
• Carmen Branly, Pastel Fauve : une adolescente écrit sur l’adolescence.
• Violette Leduc, La Bâtarde : dans cette œuvre autobiographique, Violette Leduc évoque tout ce
qui l’a faite envers, malgré et contre tout et tous.
• Sylvie Plath, La cloche de détresse : autobiographie.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------en milieu scolaire
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------FILM
• Elephant de Gus Van Sant : le passage à l’acte de l’ultime violence de deux adolescents au lycée
Columbine.
ÉMISSION RADIO
• Les pieds sur terre : dans cette émission, témoignage de la mère d’une adolescente qui s’est
suicidée, et d’un jeune homme, également confronté à un violent harcèlement à l’école.
www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-harcelement-en-milieu-scolaire-2015-05-18
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------essais sur l’adolescence
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------• Maud Manoni, Présentation de « La crise d’adolescence », Éducation impossible : pour cette
psychanalyste française, « une éducation était réussie lorsqu’un adolescent pouvait dire à ses
éducateurs : “ vous vous êtes trompés, votre univers, on n’en veut plus ” ».
• Françoise Dolto, Paroles pour adolescents ou le complexe du homard
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------en famille, en société
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ART
• Louise Bourgeois, Ode à ma mère, La destruction du père, Red Room… : dans son œuvre, Louise
Bourgeois traite du corps, de la sexualité, des rapports fille-parents, de l’autorité paternelle.
www.rondpointprojects.org/basesverbales/?p=2448
CHANSON
• Keny Arkana, Entre ciment et Belle étoile ( plus particulièrement les titres « J’me barre », « J’ai osé »
et « Je suis la solitaire » ) : jeune artiste d’origne argentine ayant vécu à Marseille, auteur compositeur,
Keny Arkana tire son inspiration de sa vie et de son rapport au monde.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------psychologie / sociologie
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------• L’adolescence : L’âge de tous les possibles, Rapport de l’UNICEF sur la situation des enfants dans le
monde en 2011 www.unicef.org/french/sowc2011
• Ouvrages collectifs et articles à télécharger sur le site CAIRN www.cairn.info/publications
Exemple : La lettre de l’enfance et de l’adolescence, 2003 /1 n° 51
« On parle souvent des enfants sans toujours faire la différence non seulement entre les âges mais
aussi entre filles et garçons. Or cette différence des sexes n’est pas acquise d’emblée pour l’enfant,
ni d’ailleurs pour ses parents. Comment devient-on une fille ? Qu’est-ce qu’être une fille dans notre
monde contemporain ? Qu’en est-il du rapport mère-fille dans cette transmission du féminin et quel
rôle y joue le père ? Comment se manifestent les difficultés des filles au moment de l’adolescence
dans ce temps de passage de l’infantile féminin à la femme ? »
• Site du CNIDFF www.infofemmes.com
articles, textes de référence sur les droits des femmes, et documentation sociologique.
• Robert Pauzé, L’anorexie chez les adolescentes, édition ERES, collection Relations.
FESTIVAL D’AIX-EN-PROVENCE 2016 www.festival-aix.com
POUR EN SAVOIR PLUS, DÉCOUVREZ LE WEBDOC SUR LE SITE INTERNET DU FESTIVAL D’AIX
SERVICES ÉDUCATIF ET SOCIO-ARTISTIQUE – PASSERELLES
[email protected] / [email protected]
COORDINATION ÉDITORIALE Alain Perroux
TEXTES Marcel Ditche / Marie-Jeanne Coutagne / Frédéric Legrand / Aline Soler
DESIGN GRAPHIQUE Céline Gillier

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