03. COMPARUTION IMMEDIATEx

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03. COMPARUTION IMMEDIATEx
CHÂTEAUVALLON
THEÂTRE
COMPARUTION IMMEDIATE
D’après des textes de Dominique Simonnot et des textes de détenus de Nancy et de Toul
Mise en scène Michel Didym
Collaboration artistique et interprétation Bruno Ricci
Scénographie / David Brognon (The Plug)
Assistant à la mise en scène : Charly Breton
Lumière : David Brognon et Sébastien Rébois
Création sonore : Michel Jaquet
Costume : Éléonore Daniaud
Régie son : Noémie Bourgois
Vendredi 3 octobre à 20h30
Théâtre couvert
Durée : 1h15
Production Théâtre de la Manufacture, CDN de Nancy Lorraine, Centre national de création et de diffusion culturelles de Châteauvallon, la Mousson d’été,
Espace Malraux, scène nationale de Chambéry et de la Savoie
Le texte a été présenté en avant-première le 23 août 2012à l’occasion de la Mousson d’été à Pont-à-Mousson
Le CDN Nancy Lorraine remercie Le Canard enchaîné de nous avoir permis d’utiliser les chroniques de sa collaboratrice.
www.chateauvallon.com
COMPARUTION IMMEDIATE
Le tribunal est un théâtre où la parole est reine et c’est bien cette parole qui peut faire glisser d’un côté
ou de l’autre du monde des vivants : la liberté sous le ciel ou la réclusion à l’ombre. L’exercice de la
justice a lieu sur une scène qui n’a pas toujours la résonnance médiatique donnée aux grands procès.
Dominique Simonnot, journaliste à Libération, livre dans son ouvrage Justice en France une compilation
de ses fameuses chroniques hebdomadaires publiées dans le quotidien à partir de 1998.
Michel Didym et Bruno Ricci se sont intéressés au chemin souvent aléatoire qui conduit du Palais de
justice à la prison en accolant ces chroniques à des textes d’écrivains amateurs sur qui le filet s’est
refermé. La prison est un lieu de création qu’on a tendance à oublier. Pourtant, de grandes œuvres sont
nées derrière les barreaux, de celles de François Villon à Jean Genet en passant par Sade, Gramsci,
Dostoïevski, Oscar Wilde ou Casanova. Ce qui frappe, dans ces textes recueillis lors d’ateliers d’écriture
dans les prisons de Nancy et de Toul, c’est la qualité littéraire d’un lien entre intérieur et extérieur. À
l’intérieur, il y a un être humain qui pense ou rêve, une identité qui lutte contre l’anéantissement et la
destruction qui le poussent à « se fondre dans la poussière ».
Bruno Ricci ne manque pas de tact pour rendre palpable cet univers de privations. Le monde carcéral est
évoqué sans cliché. Dans l’air et la lumière qui traversent les barreaux vibrent les mots forts qui
viennent du réel et dans lesquels coule une sève riche d’émotion et de douleur, dans le temps suspendu
du châtiment, entre rires et pleurs. Ces mots en permission sur le plateau du théâtre dessinent un fil qui
nous relie à ces hommes et ces femmes qui assument ou fuient par la poésie tout en transcendant leur
condition de reclus pour atteindre une grâce où se niche la vérité de leur singulière humanité. Rien
d’idyllique pourtant, ces textes sont un témoignage, pas une dénonciation. Ils posent pourtant la
question de la faute et de la punition, d’un système où la violence est reine et qui offre à coup sûr la
possibilité de transformer un délinquant en criminel de grande envergure.
Á travers ce spectacle, peut naître un regard différent et l’on doit admettre que la culture est une voie
pour guider les espoirs de réhabilitation et d’ouverture au-delà de l’enfermement.
MICHEL DIDYM
Né à Nancy, il découvre au Théâtre de Poche à la MJC de Jarville, le plaisir de la scène sous la direction
de Roger Müller. Son talent le conduit à l’école du TNS. Il joue dans les années 70 avec les metteurs en
scène André Enngel, Jorge Lavelli, Georges Lavaudant et Alain Françon dont il a été l’assistant. En 1989,
il est lauréat du prix Médicis hors les murs. En 1990, il fonde la compagnie Boomerang. En 1995, il crée
La Mousson d’été pour promouvoir les auteurs et textes contemporains. La Mousson d’été a lieu chaque
année en août à l’Abbaye de Prémontrés de Pont-à-Mousson.
En 2001, il fonde la M.E.E.C. (Maison Européenne des Ecritures Contemporaines) qui se donne pour
mission de favoriser l’échange de textes, la traduction d’auteurs français et euripéens et leur création.
En 2010, il est nommé directeur du Théâtre de la Manufacture (CDN de Lorraine) à Nancy.
DOMINIQUE SIMONNOT
Journaliste française, spécialiste des affaires judiciaires. Embauchée par le quotidien Libération, où elle
sera un temps présidente de la Société des rédacteurs, elle crée en 1998 une rubrique de chronique
judiciaire, intitulée Carnets de justice. En 2006, elle quitte Libération et est engagée au Canard
enchaîné, où elle tient également une chronique judiciaire : Coups de barre.
Elle publie L’immigration : une chance pour l’Europe ? chez Casterman, 1997 et Justice en France : une
loterie nationale, en collaboration avec Michel Vanden Eeckhoudt, Éditions de la Martinière, 2003
BRUNO RICCI
Il est diplômé de l’École Supérieur d’Art Dramatique du Théâtre National de Strasbourg (Promotion
1992). Il a suivi par la suite des cours d’Art Dramatique au CDN de Nancy. Au théâtre, il joue avec JeanLouis Hourdin, Gildas Bourdet, Laurent Lafargue, Joël Jouanneau, Jean-Marie Villégier, Christophe
Perton. Pendant 2 ans, il joue Comment réussir un bon petit couscous, écrit et mis en scène par Fellag et
produit par Châteauvallon. Il écrit et met en scène lui-même Peppino qu’il interprête. Il a fait ses débuts
au cinéma dans L’Appartement aux cotés de Monica Bellucci et Vincent Cassel mais également Cash
d’Eric Besnard et La Loi De Murphy de Christophe Campos en 2009. Suivent les tournages de La Tête En
Friche de Jean Becker, Captain America : the first avenger, de Joe Johnston et Capital de Costa-Gavras.
Parallèlement à sa carrière cinématographique, Bruno Ricci mène brillamment sa barque au petit écran
et figure au casting de nombreuses séries telles que Julie Lescaut ou Léa Parker.
EXTRAITS DE PRESSE
Ils se seraient bien passé de ce « quart d’heure de célébrité » que promettait à tout un chacun Andy
Warhol. Guillaume et Jérémie, les branquignols tombés du vélo enfourché pour fuir l’Intermarché qu’ils
venaient de braquer. Fouad, condamné à de la prison ferme pour 1.5 gramme de cannabis, aussi. Tout
comme X qui ne se souvient même pas de son nom, ou Ali, renvoyé en Tunisie alors qu’il vient du
Maroc… Bruno Ricci les incarne tour à tour, dans un décor de métal mat, froid comme la sanctioncouperet qui tombe dans un claquement de marteau.
Le jeu est juste, les trouvailles de mise en scène de Michel Didym (les dossiers chutent du ciel comme
des plaies d’Egypte) fonctionnent. Et les lecteurs du Canard ne seront pas dépaysés qui reconnaîtront
les « Coups de barre » de Dominique Simonnot, adaptés pour les planches, le spectacle vivant de la
justice à la chaine.
LE CANARD ENCHAÎNE – octobre 2012
Ils défilent à la barre avant de défiler derrière les barreaux, avec une régularité métronomique. Leur cas
est promptement et sèchement réglé. Les John, Michel, Tony, Gérard, tous justiciables qui ont eu à
répondre de leurs actes devant un juge, et dont Michel Didym a fait, lui, un acte de théâtre. Les voilà qui
se présentent à nous par la grâce d’un regard, celui de Dominique Simonnot.
La chroniqueuse judiciaire, successivement à Libé et au Canard Enchaîné, a recueilli dans sa carrière
des dizaines de saynètes « folkloriques », incongrues ou simplement implacables, qui se sont un jour
jouée dans un tribunal de France. De modestes tranches de vie coupées dans le gros gâteau de la
justice contemporaine.
La journaliste garantit l’authenticité des propos, même si les protagonistes ont un alias. Et tous sont
incarnés par le brillant acteur polymorphe Bruno Ricci.
Il avait annoncé donner parfois dans le burlesque, et c’est vrai, comme pour souligner la dramaturgie
involontaire d’un procès. Mais il n’a bien souvent pas beaucoup à forcer le trait, tant la situation ou la
citation suffit. Qu’un simplet soit sommé de s’expliquer devant ses juges, qu’un expert use du prétoire
pour se faire mousser, qu’une juge se permette un inattendu « Mais, il bandait mou, tout le monde le
dit ! », qu’un autre mélange deux verdict et joue avec les nerfs des condamnés… rien ne plaide ici pour
le sérieux de la justice française. Ni l’accusé, ni l’ensemble du « casting », depuis l’avocat jusqu’au
greffier en passant par proc, famille et président.
Un procès à charge ? Sans nul doute. Mais nuancé par les mots souvent extrêmement touchants, de
détenus des prisons de Toul et Nancy. Ces interludes exposent l’autre réalité, celle qui les attend dans
leur cellule une fois le rideau tombé.
L’EST REPUBLICAIN – Octobre 2012