La Belle et la bête de Cocteau

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La Belle et la bête de Cocteau
La Belle et la bête de Cocteau
1°. Présentation du conte de Mme Leprince de Beaumont (1711-1780)
Origines du conte : mythe d’Eros et Psyché d’après Les Métamorphoses d’Apulée.
Comparaison entre le conte et le film de Cocteau (éléments communs : 3 sœurs, voix invisible, palais
somptueux, table dressée, chambre d’apparat, échange avec le père, jalousie des sœurs).
Comparaison du film avec le mythe de Psyché (regard interdit : union nocturne et aveugle de Psyché
et Eros dont on soupçonne une apparence monstrueuse, mise à l’épreuve de Psyché séparée
cruellement de son amant).
Deux thématiques essentielles dans le film : le décor et la métamorphose
1°. Le décor :
Renaissance Française et Maniérisme Italien (la Renaissance se développe avec un siècle de retard
en France par rapport à l’Italie. Sous l’impulsion de François 1er qui invite à sa cour des artistes
italiens : Le Rosso, Le Primatice et Léonard de Vinci.
Ces deux premiers artistes appartiennent à un mouvement qui clôt la période de la Renaissance en
Italie, que l’on appelle Le Maniérisme (1520-1600) et qui sera un prélude au Baroque du XVIIe.
Remarque : costumes de la Bête et décor du château : XVI ème alors que le temps de la Belle
appartient au XVII ème.
Quelques thèmes de prédilection du Maniérisme :
- les messages cryptés
- l’anamorphose
- le trompe-l’œil
- l’hybridation et la métamorphose
- le cabinet des curiosités (les studioli : cabinets des princes italiens puis européens où étaient
entreposés des animaux empaillés exotiques, des instruments d’optique, des tableaux ésotériques...
- dans le décor pictural et architectural maniériste :
- les Grottesques (motifs décorant la Domus Aurea de Néron découverts à Rome entre 1480 et
1590) caractérisées par une hybridation systématique : humain/végétal ; animal/végétal ;
humain/animal
- les Termes (d’origine antique, buste d’homme placé sur une pile carrée à la croisée des
chemins, puis atlantes et caryatides) omniprésents dans les palais et jardins maniéristes comme
génies de la nature
- dans le film de Cocteau :
- omniprésence de «génies du lieu» dans le film, équivalents aux Termes maniéristes : en
particulier, le Terme et les Atlantes de la cheminée fumant
2°. La métamorphose
L’hybridation et la métamorphose traversent tout le film de Cocteau :
- homme/animal : la Bête
- homme-mobilier : consoles de cheminées, chandeliers
- humain-statue : Diane, Termes incarnés par des acteurs en chair et en os
- objets doués de parole ou de vie (gant, miroir, porte, chambre...)
Pistes de travail :
1°. Les portrait d’Arcimboldo (1527-1593), peintre maniériste italien, portraitiste officiel des empereurs
de Bohême. Principe accumulatif à partir des 4 saisons : visages reconstitués uniquement à partir de
végétaux
2°. Créations de termes, caryatides et atlantes : hybridations à partir de bustes découpés dans des
magazines et supports peints ou collés en-dessous ou au-dessus
Notice Bibliographique
- sur le mythe d’Eros et Psyché :
Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Larousse, 1993
- le conte :
la Belle et la Bête, Mme Leprince de Beaumont, Gallimard, coll Folio Cadet, 2002
- sur la peinture et le décor Maniéristes :
Arcimboldo, Werner Kriegeskorte, Taschen, 2000
la Renaissance Française, Thérèse Castieau, Flammarion, coll Grammaire des styles, 1990
la Peinture Maniériste, Patrick Mauries, Editions du regard, Paris, 1983
la Grottesque, André Chastel, Le Promeneur, 1988 (On trouvera des exemples de grottesques et
de décors fantastiques dans les livres sur la Renaissance Italienne, en particulier sur Raphaël et les
Loges du Vatican, la Farnésine, dans la collection Grammaire des styles, Le style Louis XIV, le style
Louis XV...)
- sur des exemples de peintures à caractère fantastique:
Anamorphoses, Les perspectives dépravées, Jurgis Baltrusaitis, Champs Flammarion, 1996
Architectures peintes en trompe-l’œil, Miriam Milman, Flammarion, coll Skira, 1992