commerce alternatif

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commerce alternatif
RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL
PROJET DE PROMOTION DE L’ENTREPRENARIAT RURAL
(PROMER Phase 2)
RAPPORT DE PRE-EVALUATION
Document de travail 5 (DT 5)
DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS
DU COMMERCE ÉQUITABLE ET DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE
Α
FONDS INTERNATIONAL DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE
République du Sénégal: Projet de Promotion de l’Entreprenariat Rural (PROMER Phase 2)
Rapport de Pré Evaluation: Document de travail 5
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PROJET DE PROMOTION DE L’ENTREPRENARIAT RURAL
(PROMER Phase 2)
RAPPORT DE PRE-EVALUATION
Document de travail 5 (DT 5)
DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS
DU COMMERCE ÉQUITABLE ET DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE
Table des matières
Page
I. INTRODUCTION
1
II. REGLES ET CIRCUITS DE COMMERCIALISATION
3
A. Commerce équitable
B. L’organisation du réseau du commerce équitable en Europe
C. Agriculture biologique
III. MARCHES ET OPPORTUNITES
3
4
6
9
A. Le marché du commerce équitable
B. Production et marché des produits issus de l’agriculture biologique
IV. CADRE INSTITUTIONNEL ET SITUATION AU SENEGAL
A. La politique nationale de promotion des exportations et les projets d’appui
B. Situation du commerce équitable au Sénégal
C. Situation de l’agriculture biologique au Sénégal
V. PROPOSITIONS D'APPUI
9
11
14
14
16
19
23
A. Contexte et objectifs
B. Propositions d'action commerce équitable/agriculture bio
i
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24
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ACRONYMES
ACDI
AGRINAT
ANCAR
APCR
APDJ
ASEPEX
ASPAB
CCFD
CER
CNCR
COMI
COSAB
CTA
DGAL
DPEI
EFTA
ENDA PRONAT
FAC
FIARA
FIDA
FLO
FNPC
GRCC
GRET
GSESS
ID
IFOAM
INRA
MEC
MPER
MSAB
NEWS
OGM
ONG
ONUDI
PACT/PACCIA
PAPES
PD:
PDMAS
Agence Canadienne pour le Développement International
Agriculteurs Naturalistes
Agence Nationale du Conseil Agricole et Rural
Association des Présidents de Conseil Rural
Association pour la Promotion et le Développement de la Jeunesse
Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations
Association Sénégalaise de Promotion de l’Agriculture Biologique
Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement)
Conseiller d’Entreprise Rurale
Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux
ONG Italienne
Conseil Sénégalais de l'Agriculture Biologique
Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale ACP – UE
Direction Générale de l’Alimentation
Direction des Politiques Économique et Internationale
European Fair Trade Association
Environnement et Développement Africains - Protection Naturelle
des Végétaux
Fonds d’Appui à la Commercialisation
Foire Internationale de l’Agriculture et des Ressources Animales
Fonds International pour le Développement Agricole
Fair Trade Labelling Organisation
Fédération Nationale des Producteurs de Coton
Groupe de Réflexion pour la Croissance et la Compétitivité
Groupe de Recherche et d’Échanges Technologiques
Groupe Sénégalais d’Économie Sociale et Solidaire
Idea Ambiente
Fédération Internationale des Mouvements d'Agriculture Biologique
Institut National de Recherche Agronomique
Mutuelle d’Épargne et de Crédit
Micro, Très Petites et Petites Entreprises Rurales
Mouvement Sénégalais de l’Agriculture Biologique
Réseau Européen des Magasins du Monde
Organisme Génétiquement Modifié
Organisation Non Gouvernementale
Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
Programme d’Appui au Renforcement des Capacités de Commerce
International au Service de l’Afrique.
Programme d’Appui aux Petites Entreprises Sénégal
Per diem (frais de séjour)
Programme de Développement des Marchés Agricoles et de l’AgroIndustrie au Sénégal
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PEACE
POGV
PPEA
PPES
PROMER
RIPESS
ROPPAO
SETRAB
STRADEX
USAID
VECO
Plateforme des Étudiants pour l’Avancement du Commerce Équitable
Projet d'Organisation et de Gestion Villageoise
Programme de Promotion des Exportations Agricoles
Projet de Promotion des Exportations du Sénégal
Projet de Promotion des Micro-Entreprises Rurales
Réseau International de Promotion de l’Économie Sociale et Solidaire
Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs d’Afrique de
l’Ouest
Syndicat Européen des Transformateurs de Produits de l’Agriculture
Biologique
Stratégie Nationale de Développement et de Promotion des Exportations
Sénégalaises
United States Agency for International Development
ONG Belge
iii
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DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS
DU COMMERCE ÉQUITABLE ET DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE
I. INTRODUCTION
1. Le PROMER I s’est focalisé sur la valorisation des ressources locales et a obtenu des résultats
intéressants dans le processus de transformation des produits alimentaires et artisanaux, notamment
par l’amélioration de la qualité des produits à travers des pratiques d’hygiène et l’introduction de
nouveaux équipements. Ces acquis permettent d’envisager un appui du PROMER Phase 2 aux micro,
très petites et petites entreprises rurales (MPER), notamment les groupements de femmes et de jeunes,
pour leur permettre d’atteindre des nouveaux marchés à l’exportation et valoriser les avantages
comparatifs des produits. Des MPER dynamiques ou des groupements de MPER peuvent en effet
capter des marchés particuliers à l’exportation;
a) Les produits ethniques: Ils correspondent à une demande de consommateurs européens à la
recherche d’une alimentation exotique (sauces, confitures de fruits tropicaux, fonio étuvé,
etc.), et d’Africains vivant en Europe qui voudraient consommer des produits traditionnels de
qualité (couscous de mil, poisson séché ou fumé, etc.).
b) Les produits biologiques: Les marchés européens sont importateurs de ce type de produits
(fonio, mangues, sésame, fruits transformés en confitures ou séchés, etc.) et des circuits de
distribution spécialisés existent en France (bio-coop, marques régionales de produits
biologiques) et dans d’autres pays européens. Ces structures spécialisées sont ouvertes à la
coopération avec des entreprises africaines.
c) Les produits éthiques: marché solidaire ou équitable (céréales, mangues, confitures,
artisanat). Ce sont en général des marchés de taille réduite (quelques dizaines à quelques
centaines de tonnes pour les mangues séchées, par exemple). Mais les associations qui gèrent
les centrales d’importation ont l’avantage d’ouvrir une discussion avec les producteurs, et
n’appliquent pas, comme les circuits d’importation traditionnels, une sanction commerciale
immédiate en cas de difficulté. Il existe, là aussi, une demande exprimée de centrale
d’importation ou de réseaux de distribution, pour développer des circuits d’importation avec
l’Afrique (ex. réseau magasins du Monde en France, Altromercato en Italie, Max Havelaar en
Hollande).
2. Les marchés du commerce équitable et de l’agriculture biologique sont des marchés de produits
(en grande partie labellisés) en forte croissance. Des mouvements associatifs, notamment des ONG,
sont à l’origine de cette manière innovante d’identifier des produits respectant certains critères de
production, que les politiques se réapproprient, depuis une dizaine d’années, la considérant comme un
outil de promotion de l’agriculture durable.
3. L’agriculture biologique et le commerce équitable renvoient à des normes. Celles de
l’agriculture biologique privilégient la portée environnementale de l’agriculture (maintien de la
biodiversité, respects des cycles biologiques et de l’activité du sol). Elles reposent sur des modes de
culture et d’élevage spécifiques (aucun produit chimique de synthèse, non-utilisation d’organismes
génétiquement modifiés -OGM-, respect de conditions de traitement des animaux,…) qui s’appliquent
également à la transformation et à la commercialisation des produits.
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4. Les fondements du commerce équitable mettent l’accent sur la dimension sociale et les rapports
entre les acteurs économiques. Il vise à proposer des prix plus justes aux producteurs, à développer
des relations plus durables et équitables entre producteurs et acheteurs, à appuyer des formes
d’organisation démocratiques des producteurs, et des modes de production respectueuses de
l’environnement.
5. Les systèmes de certification, renforcés par des mécanismes de vérification périodique de
l’entreprise ou du producteur, visent à assurer aux consommateurs que les produits répondent aux
règles et normes définies. Ils sont parfois considérés comme des formes de discrimination envers
certains pays (notamment africains) en raison de l’élaboration des critères sans consultation des pays
du Sud, de leur faible accessibilité et de leurs coûts. Cependant l’agriculture « labellisée » constitue
un outil de promotion de l’agriculture durable, notamment au niveau national, et une possibilité pour
les pays du Sud d’accéder à des niches de marché à plus forte valeur ajoutée. Il convient de noter que,
pour le commerce équitable, il existe deux circuits dont un est basé sur les labels (Fair-Trade labelling
Organisation, FLO) et l’autre sur des engagements des différents acteurs (ex. NEWS: Network of
European Worldshops, Réseau européen des Magasins du Monde). La labellisation n’est donc pas
obligatoire pour ce marché.
6. Certains produits alimentaires et artisanaux ont un fort potentiel de certification biologique en
Afrique, notamment au Sénégal, soit parce que les productions requièrent peu d’intrants et sont donc
facilement convertibles pour devenir biologiques (cas des arbres fruitiers notamment), soit parce
qu'elles sont cultivées dans des zones où l’agriculture intensive est moins présente ou même
inexistante1. Les modes de culture traditionnels de certains produits (beurre de karité, teinture) et
l’organisation communautaire qui les entoure, sont propices à l’adoption des règles du commerce
équitable2.
7. Ces filières à fort potentiel présentent l’avantage d’être fortement investies par les femmes
(produits agroalimentaires, teintures) et les jeunes (dans les métiers de l’artisanat: tailleurs, objets en
bois, maroquinerie) qui sont les cibles prioritaires du PROMER. L’insertion dans les marchés du
commerce équitable et de l’agriculture biologique contribuera à l’amélioration des conditions de vie
des communautés des pays du Sud, par un prix d’achat plus élevé des produits et une meilleure
rémunération du travail.
8. L’organisation en groupements permet d’envisager un accroissement des capacités de production
et d’offre des MPER appuyées par le PROMER, qui pourront ainsi mieux s’insérer dans ces circuits
de distribution équitable et biologique.
9.
Le PROMER Phase 2 collaborera avec les autres projets FIDA qui appuient déjà les
producteurs agricoles, afin de participer à la mise en place de filières biologiques. Les caractéristiques
des ces produits nécessitent en effet un contrôle sur toute la filière, un engagement de tous les projets
à appuyer les producteurs et les MPER aux techniques biologiques, à la contractualisation pour les
approvisionnements, à la gestion des aires pour le stockage des produits, et à la collecte pour
l’exportation.
10. Les marchés biologiques et équitables représentent donc un nouveau créneau à explorer pour la
commercialisation des produits des MPER et des producteurs agricoles du Sénégal. L’appui du
PROMER Phase 2 au développement de ces nouveaux circuits de commercialisation nécessite: (i) une
bonne connaissance des critères, des réglementations et des circuits de l’agriculture biologique et du
1
Hane, El Hadj, Von der Weid Jean Marc, Scialabba Nadia, 2001, "L’agriculture biologique au Sénégal", FAO, 20 p.,
http://www.fao.org/documents/show_cdr.asp?url_file=/docrep/003/X6915F/x6915f02.htm
2
Audet René, "La certification de l’agriculture durable comme stratégie de développement pour l’Afrique", 2004, 5p.
http://www.francophonie-durable.org/documents/colloque-ouaga-a3-audet.pdf
2
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commerce équitable, (ii) une identification des marchés où les produits africains ont des avantages
concurrentiels, (iii) une collaboration avec les acteurs qui promeuvent au Sénégal ces règles et
normes, et (iv) une implication des décideurs afin que l’Etat soutienne ces initiatives.
II. REGLES ET CIRCUITS DE COMMERCIALISATION
A. Commerce équitable
Les règles du commerce équitable
11. Le mouvement en faveur d’un commerce équitable a un double objectif: (i) fournir à des petits
producteurs ou artisans des pays en voie de développement des débouchés pour leurs produits, selon
des conditions favorables, et (ii) sensibiliser les consommateurs des pays du Nord aux injustices des
usages du commerce international et les inciter à agir, au Nord, en faveur d’un commerce plus
équitable.
12. Le commerce équitable part du constat suivant : « Les prix des marchandises vendues sur le
marché international ne reflètent pas les coûts réels de production. Ils sont fixés au plus bas, sans tenir
compte des conséquences humaines, sociales ou écologiques »3. De fait, les petits producteurs ou
artisans du Sud ne peuvent être intégrés au commerce international et sont marginalisés. C’est pour
modifier cette situation que le mouvement du commerce équitable propose des règles alternatives aux
règles du commerce international conventionnel:
•
Le prix payé aux producteurs doit être juste, c’est-à-dire il doit permettre de couvrir le coût de
la matière première, les moyens de production et le temps de travail, mais également les coûts
sociaux et environnementaux (les pratiques doivent s’inscrire dans une perspective de
développement durable), et permettre un bénéfice pour l’amélioration des conditions de vie.
13. Concrètement, si le produit ne suit pas des cours internationaux, son prix est fixé en concertation
avec les producteurs, après évaluation des différents coûts constituant le prix de vente. Pour les
produits alimentaires qui disposent d’un marché international (café, sucre, cacao), le prix est indexé
au cours international avec une majoration du cours. La garantie d’un prix minimum est également
assurée si:
•
•
•
•
•
le nombre et les marges des intermédiaires sont minimisés;
une avance est versée aux producteurs de façon à éviter leur surendettement auprès d’usuriers
locaux;
les relations commerciales établies s’inscrivent dans la durée, de façon à pouvoir apporter une
amélioration notable aux conditions de vie des producteurs;
des partenariats visant à améliorer la production sont possibles;
une majoration du prix peut-être décidée en cas de certification biologique du produit.
14. Les acteurs des pays du Nord qui s’inscrivent dans la démarche du commerce équitable, jouent le
jeu d’une relation durable avec leurs fournisseurs. Des échanges permanents permettent une meilleure
connaissance entre producteur et acheteur qui se veulent partenaires. Ce partenariat est fondé sur une
logique de profit maximisé en faveur des producteurs.
3
European Fair Trade Organisation (EFTA), "Memento 1998"
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B. L’organisation du réseau du commerce équitable en Europe
15. Deux circuits coexistent en Europe: (i) celui qui aboutit, via des centrales d’achats des « circuits
alternatifs », à une distribution des produits dans des boutiques spécialisées, et (ii) celui qui aboutit à
la distribution des produits, marqués d’un label, dans les grandes surfaces conventionnelles.
Le circuit des boutiques spécialisées
16. Il existe dans de nombreux pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France,
Italie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suisse) des centrales d’achats du commerce équitable.
Elles achètent les produits aux groupements de producteurs du Sud (produits bruts et transformés,
produits artisanaux) en passant des contrats selon les principes du commerce équitable, puis
distribuent les marchandises aux détaillants. Il existe au moins une centrale d’achats dans chaque pays
précédemment cité (Gepa en Allemagne, Oxfam en Angleterre et Oxfam Wereldwinkels en Belgique,
Solidar’Monde en France, CTM Altromercato en Italie, EZA Dritte Welt en Autriche),
approvisionnant son marché national.
17. Ces centrales d’importation sont regroupées au sein d’une association: l’EFTA (European Fair
Trade Association) actuellement constituée de onze membres dans les neuf pays européens
susmentionnés. Elle est basée à Maastricht (Pays-Bas). Cependant, chaque centrale d’achats est
autonome pour définir sa gamme de produits, ses partenariats, etc.
18. Les produits issus du commerce équitable sont commercialisés dans des magasins spécialisés, tels
que les Magasins du Monde. Ces magasins ne commercialisent que des produits issus du commerce
équitable (produits alimentaires ou artisanat). Il en existe, par exemple, 60 en France, 200 en Italie,
400 aux Pays-Bas, 800 en Allemagne et 1 000 en Suisse. Ils s’approvisionnent principalement auprès
des centrales d’achats susmentionnées, mais peuvent également, occasionnellement, développer des
relations directes avec des groupements de producteurs du Sud.
19. Les produits équitables sont également vendus dans des magasins de produits biologiques ou par
correspondance dans des catalogues d’ONG, telle que le CCFD (Comité Catholique contre la Faim et
pour le Développement) en France, ou d’organisations alternatives.
20. Les gammes de produits sont variables selon les pays. Gepa, la plus grande centrale d’achats du
commerce équitable d’Europe, propose plus de 120 produits alimentaires (barres de céréales, miel,
chips de bananes, mangues séchées, épices, vin, café, etc.). Mais, comme pour les autres centrales
d’achats, leur gamme reste limitée et de nombreux produits sont absents. Il existe donc de réelles
opportunités pour de nouveaux producteurs.
21. En Europe, on dénombre environ 3 000 Magasins du Monde représentant un chiffre d’affaires de
1,5 milliard de Francs Français (données 2000). En 1994, NEWS a été créé et regroupe la plupart des
fédérations nationales des Magasins du Monde. Dans ce circuit, les véritables interlocuteurs des
groupements de producteurs du Sud sont donc généralement les centrales d’achats. A titre d’exemple,
lors du Congrès des Magasins du Monde en mars 1998, NEWS a proposé les normes minimales
suivantes pour chaque type d’acteur du commerce équitable4:
4
D’après l’article de Laure de Cenival, paru dans « Pour un commerce équitable », Solagral – Ritimo, éditions
Charles Léopold Mayer – dph, 1998.
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a) Organismes exportateurs et producteurs du Sud:
•
•
•
•
l’exportateur ou l’organisme de production (transformateur agro-alimentaire, par
exemple) cherche à proposer une rémunération juste et de bonnes conditions de travail,
tente d’améliorer le bien-être social, et fait participer le personnel aux décisions;
il est ouvert et transparent sur sa structure et toutes ses activités;
il cherche à protéger les droits humains, spécialement ceux des femmes, des enfants et des
minorités;
il protège l’environnement.
b) Centrales d’achats et importateurs des pays du Nord:
•
•
•
•
•
•
l’importateur adhère à la définition du commerce équitable à travers toutes ses activités;
il cherche à mettre en pratique les principes du commerce équitable:
− payer un prix à l’organisme de production qui lui assure une rémunération juste en
fonction de son travail;
− proposer un préfinancement et permettre au producteur d’accéder à des formes de
crédit adaptées;
− être transparent sur les marges, organiser un commerce avec le minimum
d’intermédiaires;
− assurer un marché régulier à l’organisme de production;
− aider par des formations, des conseils techniques, des recherches de débouchés et
par la création de nouveaux produits;
− protéger les droits de la femme, des enfants et des minorités;
− promouvoir les chances égales.
il fournit une assistance aux détaillants (ex. Magasins du Monde, principal réseau des
boutiques spécialisées dans le commerce équitable en Europe) pour l’information sur les
produits et sur les producteurs;
il est ouvert et transparent sur sa structure et tous les aspects de ses activités;
il encourage les organismes d’exportation à trouver les moyens pour que les producteurs,
eux-mêmes, hommes et femmes ensembles, participent aux décisions et à la promotion
des chances de tous;
il s’engage à travailler avec les producteurs sur la protection de l’environnement dans ses
techniques de fabrication et de ses emballages.
c) Magasins du Monde
•
•
•
•
•
•
le Magasin adhère à la définition du commerce équitable à travers toutes ses activités;
il vend des produits fabriqués équitablement;
il informe le public sur ses objectifs, sur l’origine des produits, sur les producteurs et sur
les enjeux du commerce international. Il relaie les campagnes d’opinion pour améliorer la
situation des producteurs et pour faire pression sur les politiques nationales et
internationales;
il est ouvert et transparent sur ses structures et tous les aspects de ses activités;
les personnes travaillant dans les Magasins du Monde sont motivées par leur engagement
dans le commerce équitable;
chacun, bénévole ou salarié, est impliqué dans les prises de décisions.
Les labels et la grande distribution
22. Le deuxième circuit existant en Europe fonctionne très différemment du précédent. Son principe
est que, pour développer le marché, au Nord, des produits achetés selon les principes du commerce
équitable, il faut nécessairement que ces produits soient labellisés et distribués dans les grandes
surfaces, hors des magasins spécialisés.
5
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23. Ce circuit se rapproche du circuit conventionnel à ceci près, que chaque acteur (producteur,
exportateur) doit respecter les règles du commerce équitable de façon à ce que le produit puisse
bénéficier d’un label « commerce équitable » lors de sa commercialisation. Des organisations se
chargent d’effectuer la certification des différents acteurs.
24. La certification est attribuée par des agences de certification accréditées par une organisation
internationale, le Fair Trade Labelling Organisation (FLO), créée en 1997. Le FLO a pour objectif
d’harmoniser les critères du commerce équitable et de contrôler l’utilisation du label. Celui-ci est
attribué aux produits homologués par des organisations membres du FLO, et certifiant qu’ils ont été
cultivés et importés selon les principes du commerce équitable, et qu’ils respectent les critères de
FLO. Le processus de vérification repose sur des inspecteurs indépendants qui rapportent leur
évaluation à l’agence de certification (Audet, 2004).
25. Il existe trois labels de commerce équitable en Europe concernant des zones géographiques
différentes: (i) Max Havelaar est le label présent aux Pays-Bas, en Belgique, en France, au Danemark
et en Suisse, (ii) Fair Trade Mark est le label en vigueur en Irlande et au Royaume-Uni, et
(iii) Transfair est le label en Autriche, en Allemagne, en Italie et au Luxembourg. Les trois agences de
certification qui « portent » ces labels, sont membres de l’organisation FLO International.
26. Dans le circuit des labels, l’exportation, l’importation et la distribution des produits sont réalisées
par des sociétés privées, sous contrôle des organismes (ou agences) de certification. Ces derniers
assurent également un suivi auprès des groupes de producteurs.
C. Agriculture biologique
Les règles de la production et de la transformation de produits biologiques
27. Un produit biologique est un produit agricole ou une denrée alimentaire, dont les méthodes de
production visent à respecter l’environnement et les équilibres naturels. Le mode de production ne fait
donc intervenir aucun produit chimique de synthèse (pesticides, herbicides, fongicides, soude,
métabisulfite de sodium, etc.) et exclut l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM).
28. L’une des spécificités importantes de la production biologique est l’intervention d’un organisme
indépendant, l’organisme certificateur, qui veille à l’application de toutes les dispositions
réglementaires (conditions de production, lieu de stockage spécifique, traçabilité des produits, etc.).
Ce contrôle est annuel et obligatoire pour obtenir la « certification », c’est-à-dire l’autorisation de
commercialiser ses produits sous l’appellation « produits biologiques ». La certification n’est pas
acquise définitivement. Elle est renouvelée chaque année, et peut être retirée à tout moment si
l’organisme de contrôle constate que la réglementation n’est pas respectée dans son ensemble.
29. Le contrôle fait l’objet d’un contrat avec l’organisme certificateur. Le coût de l’inspection est à la
charge de l’entreprise. Il arrive cependant que l’importateur le prenne en charge et en tienne compte
dans le prix d’achat. Le coût est très variable selon l’entreprise et les producteurs. Il varie également
considérablement selon que l’organisme certificateur dispose ou non, de représentant dans le pays de
production. À titre indicatif, le coût minimum d’une certification est d’environ 3 000 Euros, mais il
peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d’Euros si le nombre de producteurs est très important.
30. L’organisme « certificateur » est agréé (ou accrédité) par l’International Federation of Organic
Agriculture Movement (IFOAM) ou, si une loi encadrant la certification biologique existe, par les
organes étatiques compétents. Il existe un référentiel international contenu dans le Codex alimentarius
de la FAO, auquel la plupart des pays se réfèrent, afin de définir des critères nationaux de l’agriculture
biologique. Cependant la situation des certificateurs est très différente d’un pays à l’autre, selon les
lois fixées par les gouvernements. Ainsi, les règles que se sont données les Etats Unis et l’Union
Européenne ne sont pas exactement les mêmes, et seraient plus sévères que celles indiquées dans le
Codex alimentarius (Audet, 2004).
6
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31. Il est donc important de bien examiner les réglementations en vigueur lors de l’étude des marchés
et produits potentiels, et de vérifier les possibilités d’accréditation qui existent dans les pays africains.
Au Sénégal, ECOCERT International est pour l’instant l’unique organisme agréé pour les marchés
européens, disposant d’une représentation dans le pays pour certifier les producteurs agricoles et les
entreprises de transformation. D’autres organismes peuvent certifier les produits, mais ils ne sont pas
présents localement et les coûts sont donc plus importants. Des réflexions sont menées pour mettre en
place une réglementation nationale et créer un organisme national certificateur qui devra être agréé
par les pays exportateurs visés.
32. Du fait de la présence d’ECOCERT au Sénégal, les marchés européens semblent actuellement
les plus accessibles. Les conditions de production, de transformation et de transport du mode de
production biologique, qui s’ajoutent aux contraintes des marchés conventionnels européens
(exigences sur la qualité des produits, la régularité des approvisionnements, les normes) sont
détaillées dans le règlement CEE N° 2092/91 du 24 juin 1991, pour les produits végétaux (Journal
Officiel CE du 22/07/91). Les textes réglementaires peuvent être commandés sur le serveur de la
Commission européenne (payant). Ils peuvent être également obtenus auprès du Ministère français de
l’Agriculture et de la Pêche, DPEI, Bureau des Signes de Qualité et de l’Agriculture Biologique.
33. La mission de Coopération Phytosanitaire DGAL/SDPV, basée à Montpellier (France), édite un
fascicule « Productions biologiques animales et végétales (UE et France) » qui regroupe les textes mis
à jour sur l’agriculture biologique. Le Ministère français de l’Agriculture édite également un dossier
intitulé «Agriculture biologique, mode d’emploi» qui présente de manière synthétique les éléments
essentiels à connaître.
Les règles de production
34. Tout agriculteur peut devenir producteur biologique. Les principales contraintes concernent la
fertilité des sols et la lutte contre les parasites, les maladies ou les mauvaises herbes. Le producteur
doit mettre en œuvre des pratiques spécifiques: emploi d’engrais vert, lutte naturelle contre les
parasites, et utilisation strictement réglementée de produits de fertilisation, de traitement, de stockage
et de conservation. Par exemple, l’apport de matières organiques végétales ou de fumier est privilégié
pour enrichir les terres. De même, une rotation des cultures adaptée et des traitements mécaniques de
désherbage sont préconisés pour lutter contre les parasites et les mauvaises herbes.
35. Si une même exploitation pratique la production selon le mode de production biologique et selon
le mode conventionnel, les parcelles et les lieux de stockage doivent être clairement séparés. Une
distance minimale doit être respectée entre la parcelle « bio » et toute autre parcelle exploitée selon le
mode conventionnel. De plus, l’ensemble de l’exploitation est soumis au contrôle.
36. Les textes réglementaires précisent les interdits; à titre d'exemple, ceux de la production de fruits
sont:
•
•
•
•
•
•
5
utilisation d’insecticides dans les vergers;
mélange de lots de fruits conventionnels et biologiques;
utilisation de carbure de calcium pour accélérer le mûrissement des fruits;
utilisation du carbure de calcium pour l’induction florale5;
utilisation d’eau de javel pour le nettoyage des fruits;
absence de comptabilité chez les producteurs qui approvisionnent l’entreprise.
A noter que ce point est interprété de manière différente selon les États membres: les Allemands et les Hollandais
ont reconnu ce produit comme équivalent, contrairement à la France. À vérifier donc selon le pays de destination
7
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37. Si les producteurs utilisent des produits chimiques pour les traitements phytosanitaires ou la
pollinisation (pour l’ananas par exemple), une période de transition ou de reconversion de 2 ans
pour les cultures annuelles et de 3 ans pour les cultures pérennes, est nécessaire pour que les produits
soient déclarés comme biologiques. Durant cette période de conversion, le producteur ou l’entreprise
de transformation ne peut commercialiser ses produits sous l’appellation « produit biologique ».
L’utilisation de la mention « conversion vers l’agriculture biologique » est possible sous certaines
conditions (se référer à la réglementation européenne).
38. Chaque année, le producteur notifie son programme de production par parcelle, à son organisme
certificateur. Une comptabilité doit être tenue pour les matières premières achetées (nature, quantité,
origine, utilisation), ainsi que les produits agricoles vendus (nature, quantité, destinataire). Ces
informations sont utilisées pour accorder la certification.
Les règles en matière de transformation
39. Garantir l’origine des matières premières. L’entreprise de transformation doit s’assurer que les
matières premières agricoles qu’elle utilise sont produites selon un mode de production biologique.
Les producteurs agricoles doivent obligatoirement être certifiés. L’entreprise doit généralement
accompagner les producteurs agricoles qui l’approvisionnent, pour les aider à respecter les modes de
production biologique. Dans un produit composé de plusieurs ingrédients d’origine agricole, il est
interdit d’utiliser un même ingrédient issu du mode de production biologique et issu du mode
conventionnel.
40. Sélectionner des ingrédients biologiques et explicitement autorisés. Un produit biologique doit
contenir au minimum 95% d’ingrédients d’origine agricole, issus de l’agriculture biologique. Une
liste précise les ingrédients agricoles non issus de l’agriculture biologique pouvant être utilisés
(ex.: miel, graines de sésame) L’utilisation d’auxiliaires et d’additifs alimentaires est réglementée
(ex. : acide citrique, chlorure de calcium). Concrètement, cela peut se traduire par des contraintes
importantes:
Exemple 1: La fabrication de produits séchés (mangue, ananas, banane, etc.), de confitures, de jus de
fruits, incorpore parfois des agents conservateurs pour sécuriser la conservation du
produit. Il s’agit en particulier du soufre et du métabisulfite de sodium pour les fruits
séchés; de l’acide benzoïque ou du benzoate de sodium pour les jus et les confitures.
L’utilisation de ces substances est interdite en production biologique. En l’absence de ces
substances, l’entreprise doit donc redoubler de vigilance sur le respect des règles
d’hygiène au cours de la fabrication.
Exemple 2: La fabrication des confitures, des nectars et d’autres produits sucrés fait intervenir entre
5 et 50% de sucre dans la composition du produit. Ce sucre doit être certifié biologique.
Cela n’est pas toujours possible à des coûts acceptables.
41. Adapter l’unité de production et mettre en place des procédures de gestion. L’entreprise doit
disposer d’un lieu de stockage spécifique pour les produits biologiques. Les opérations de
transformation des produits biologiques doivent être séparées dans le temps et/ou physiquement des
opérations de production des produits dits conventionnels.
42. L’entreprise doit impérativement tenir à jour une comptabilité permettant au contrôleur de vérifier
l’origine et les quantités d’ingrédients et d’additifs utilisés au cours de la fabrication, ainsi que les
quantités commercialisées sous la dénomination « produit biologique ». Elle doit par ailleurs identifier
clairement les lots de produits biologiques par un numéro.
43. L’entreprise doit être en mesure de donner des informations tout au long de la vie du produit, de
la production de la matière première jusqu’au produit fini. Ces informations permettent ce que l’on
appelle la traçabilité du produit pour une transparence et une garantie de qualité biologique.
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44. Garantir l’identification des produits finis. L’entreprise de transformation doit utiliser des
emballages ou des conteneurs fermés, afin d’empêcher la substitution de leur contenu. Ceux-ci seront
munis d’une étiquette identifiant:
•
•
•
•
•
nom et adresse de l’entreprise de transformation;
nom et adresse de l’exportateur (si différent de l’entreprise de transformation);
nom du produit;
mention « Produit de l’agriculture biologique »;
numéro de lot noté sur le certificat d’inspection.
45. Modalités du contrôle. Le contrôle des unités de transformation et de conditionnement fait
l’objet d’un contrat. Celui-ci porte en premier lieu sur la description de l’unité et, le cas échéant, sur
des mesures à mettre en œuvre pour la rendre conforme à la préparation de produits biologiques. Il
porte aussi sur la tenue d’une comptabilité permettant au contrôleur de vérifier la conformité des
matières utilisées et l’adéquation entre les quantités de matières achetées et les quantités de produits
commercialisables.
La commercialisation des produits issus de l’agriculture biologique en Europe
46. La filière biologique à l’international est en plein développement, et se conjugue de plus en plus
avec le commerce équitable. Traditionnellement commercialisés sur les marchés ou dans les boutiques
spécialisées, les produits dits "bio" ont depuis quelques années conquis les rayons des grandes
surfaces et leur présence ne cesse de progresser, en réponse aux attentes des consommateurs.
47. La totalité des échanges de produits biologiques tropicaux passe par des importateurs agréés. Les
entreprises d’Afrique de l’Ouest et du Centre, comme toute entreprise de pays tiers, ne peuvent être
opérateurs directs dans l’Union Européenne. Elles ont l’obligation de passer par un importateur
notifié, c’est-à-dire reconnu comme opérateur biologique par les autorités compétentes du pays
concerné (généralement le Ministère de l’Agriculture).
48. Il existe plusieurs sources d’information sur les importateurs et distributeurs en Europe, qui sont
très nombreux. L’Annuaire Pronat, mis à jour annuellement, présente 3 000 entreprises dans 16 pays
européens: producteurs, transformateurs, grossistes, distributeurs, importateurs, exportateurs.
L’Annuaire Vert est un guide français des producteurs, fabricants, distributeurs de produits naturels
et biologiques, restaurants, boutiques, etc. Des renseignements peuvent être obtenus auprès de
l’IFOAM, l'organisation mondiale de protection de l’agriculture biologique, créée en 1972, et basée
en Allemagne; du Bureau européen des préparateurs et distributeurs de produits de l’agriculture
biologique à Bruxelles (Belgique), ou du SETRAB (Syndicat européen des transformateurs de
produits de l’agriculture biologique) en France. Des informations peuvent également être obtenues
auprès des organismes de certification.
III. MARCHES ET OPPORTUNITES
A. Le marché du commerce équitable
49. Les volumes commercialisés sur ce marché sont pour l’instant faibles (environ 1,5 milliard de FF
de chiffre d’affaires pour les 3 000 Magasins du Monde européens d’artisanat et de produits
alimentaires en 2000). Ils sont cependant en croissance. Des études ou des campagnes (notamment
celle menée contre le travail des enfants dans la filière textile) montrent que les consommateurs sont
de plus en plus sensibles au fait d’associer une certaine éthique à leurs achats.
50. Les contraintes sont égales, voire supérieures à celles du marché conventionnel. Le produit
proposé doit bien entendu suivre la réglementation en vigueur dans le pays de commercialisation,
mais également correspondre au goût des consommateurs, souvent très exigeants. La centrale d’achats
importatrice, partenaire de l’organisme de production, aide ce dernier pour la définition du produit.
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51. La structuration du marché du commerce équitable est donc une chance pour les entreprises
africaines. La taille du marché et l’esprit même du commerce équitable laissent une place pour de
petites entreprises qui n’ont pas la capacité de répondre aux contraintes du commerce international
conventionnel.
52. Beaucoup de produits actuellement présents sur le marché, sont originaires d’Amérique Centrale
et d’Amérique du Sud (Guatemala, Costa Rica, Nicaragua, Mexique, Brésil, Pérou, Bolivie), d’Asie
(Inde, Sri Lanka, Thaïlande). Certains produits sont originaires d’Afrique (produits artisanaux de
Tanzanie et du Zimbabwe). Cependant, l’Afrique est encore peu présente sur le marché. Or, le
Sénégal pourrait développer une offre de produits artisanaux pour ces marchés (tissus teints, habits,
tam-tam, objets en bois).
53. Les produits alimentaires exportés actuellement sont essentiellement des produits faiblement
transformés (café, miel, cacao, sucre, graines sèches du type noix de cajou ou noix de pécan, fruits,
etc.) à l’exception de quelques produits (barres de céréales, vin, rhum, mangues, bananes, ananas ou
papayes séchés, etc.). Tous ont une longue durée de conservation à température ambiante. Face à la
demande des consommateurs, les centrales d’achats et les Magasins du Monde, ainsi que les membres
de FLO, cherchent à accroître leur gamme de produits et à proposer des produits nouveaux à leurs
clients. Ils sont donc particulièrement ouverts à de nouveaux partenariats.
54. Parmi ces produits, on peut citer les fruits frais et transformés. Ainsi, deux organisations de
producteurs sont actuellement certifiées équitables en Afrique (FLO, 2004), notamment pour la
mangue et la banane (marchés en forte croissance). Ces fruits, produits notamment au Sénégal,
pourraient également être exportés sous forme de jus (voie choisie par plusieurs acteurs du commerce
équitable en Europe) ou de fruits séchés. Les plantes médicinales (ou « assimilées ») et les épices
présentent également des opportunités de marchés (beurre de karité pour des produits cosmétiques et
de « santé », feuilles de kinkéliba séchées, …).
Ananas séché du Bénin
Distributeur Solidarmonde
(www.alterafrica.com)
Tabouret du Cameroun
Distributeur Ethnik.org
(www.ethnik.org)
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B. Production et marché des produits issus de l’agriculture biologique
Les surfaces et produits certifiés
55. Dans sa définition, l’agriculture biologique «réalisée sans le recours aux engrais ou traitements
chimiques de synthèse»6 semble proche des réalités agricoles que connaissent, souvent par manque de
moyens pour acheter des engrais et traitements phytosanitaires, de nombreux agriculteurs du Sud.
56. L’agriculture biologique n’est pas cependant encore très développée en Afrique. La surface totale
des terres consacrées à l'agriculture biologique dans le monde est de 15,67 millions d'hectares
(IFOAM, 2003); la répartition selon les continents est la suivante:
•
•
•
•
•
•
Océanie
Europe
Amérique latine
Amérique du Nord
Asie
Afrique
7,6 millions ha
3,7 millions ha
3,2 millions ha
1,1 million ha
5,0 millions ha
2,0 millions ha
57. Si les modes de production sont proches de ceux de l’agriculture biologique, les surfaces et les
produits certifiés ne sont pas très importants. Il est difficile d’obtenir des statistiques précises sur les
productions biologiques, les codes douaniers ne distinguant pas les produits conventionnels des
produits biologiques. On trouvera cependant dans le tableau ci-après quelques éléments provenant de
diverses sources sur la production certifiée des pays africains (tous marchés d’exportation – pas
seulement Europe).
6
Telle que définie dans le Règlement européen 2091/92.
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Agriculture biologique en Afrique
Pays
Ouganda
Surfaces
certifiées (ha)
122 000*
Produits certifiés
Fruits et légumes, noix, huile, café, herbes, épices
Afrique du Sud
45 000*
Litchis, avocat
Tunisie
18 255*
Huile d’olive, légumes
Égypte
15 000*
Coton, thé
Maroc
11 956*
Fruits secs, légumes, herbes aromatiques
Zambie
5 688*
Ghana
5 453* 19 000**
Légumes, miel, champignons et fruits séchés, sésame, canne à sucre, café, épices
Fruits (ananas, mangues, papayes), légumes, épices, café, cacao, huile de palme.
Cameroun
2 500*
Fruits**10 800 tonnes de fruits certifiés sur 665 ha (ananas-2 100 t, papayes-840 t, bananes,
figues et guinéos-4 000 t, avocats-1 500 t, fruits de la passion-300 t). Pour les produits
séchés (165 t produites): ananas-50 t, papayes-10 t, bananes-75 t, mangues-30 t.
Sénégal
2 500*
Coton, haricots verts
Madagascar
1 230*
Fruits (Ananas, bananes, goyaves, litchis, mangues, papayes, café, vanille, cacao, huile de
palme, noix de coco; Produits transformés: Pulpe d’ananas, pulpe de bananes, ananas en
tranche, sucre de canne
Kenya
494*
Bénin
81*
Zimbabwe
40*
343 **
Coton, épices, herbes aromatiques
228 t produites: 105 t de piments, 60 t de thé, 23 t de citrons, 10 t d’hibiscus, 8 t de citrons
verts, 5 t de gingembre, mais aussi du sésame (3 t), du tournesol (3 t), de l’arachide (3 t), et
diverses plantes médicinales.
4 300 t d’avocats Hass, 1 800 t d’ananas, 800 t de fruits de la passion, 420 t de mangues, 440
t de papayes, 150 t de piments antillais: 150 tonnes, 250 autres fruits ethniques et
biologiques, 150 t d’asperges et 800 t de tomates.
Burundi
Burkina Faso
Coton, sésame, ananas, noix de cajou.
Coton biologique certifié (700 producteurs sur 500 hectares), sésame (45 ha) et karité
associés à la production de coton biologique, afin de diversifier la production**.
Mali
Malawi
Thé, coton
60 500**
50 500 producteurs biologiques (mangues, haricots verts, sésame notamment, mais aussi noix
de cajou, bissap)
Source: http://www.nationmaster.com/ - d’après données IFOAM 2003*, données FAO (non officielles)**
Un marché porteur, une consommation qui progresse
58. Le marché des produits biologiques est en forte progression: +25% à +30% par an en volume
depuis cinq ans. Les études confirment le maintien de cette tendance, notamment en Europe (45% du
marché mondial), aux États-Unis et au Japon, qui sont les plus gros consommateurs. Au sein du
marché biologique européen, évalué à quelques 10 milliards d’Euros, l’Allemagne et l’Italie se
détachent nettement, suivies de la France, du Royaume-Uni, de la Suisse, du Danemark et de la
Suède, où la consommation progresse fortement (voir la figure ci-après)
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Marché des produits biologiques en Europe
Autres Pays
19%
Autriche
5%
Belgique
1%
Danemark
3%
France
10%
Italie
20%
Allemagne
28%
Royaume Uni
7%
Suède
3%
Hollande
4%
Source: A. Le Floch, B. Slvander, Inra
59. La demande augmente plus rapidement que l’offre. Ce déficit est donc comblé par des
importations croissantes. Les pays africains ont notamment investi le marché européen des fruits
tropicaux biologiques, évalué à quelques milliers de tonnes (tous produits confondus). Les pays
exportateurs de fruits tropicaux en Afrique de l’Ouest sont le Togo, la Guinée, le Ghana, le
Cameroun, le Burkina Faso, et la Côte d’Ivoire. Les produits importés en Europe sont majoritairement
des fruits frais. principalement l’ananas, la banane et, dans une moindre mesure, la mangue, la papaye
et le gingembre, moins connus en Europe. Les produits concurrents présents sur le marché sont
originaires d’Amérique Centrale, d’Amérique du Sud (Guatemala, Honduras, Colombie) et d’Asie
(Inde, Sri Lanka). Les pays traditionnellement exportateurs de fruits tropicaux d’Asie du Sud d’Est et
d’Amérique Latine, se sont positionnés sur ces marchés. Mais les investissements mis dans des
activités à forte productivité (emploi d’engrais, de pesticides, etc.) pour diminuer les prix de revient
ne permettent pas de produire pour l’instant de gros volumes de fruits biologiques.
60. La République Dominicaine et l’Amérique Latine sont très présents sur les marchés allemands et
hollandais, pour la banane biologique. Le Costa Rica et le Brésil sont les principaux fournisseurs de
purée de banane biologique (alimentation pour bébé). Par contre, le marché français est peu
concurrentiel car les pays d’Amérique Latine ne sont pas les fournisseurs habituels.
61. Les produits biologiques représentent un marché beaucoup moins concurrentiel que les marchés
conventionnels (pulpes et fruits séchés par exemple). Les modes de production traditionnels (sans
emploi d’intrants) permettent assez facilement aux producteurs africains de pouvoir prétendre à la
certification biologique. Les échanges sur ce marché portent sur des petits volumes, ce qui offre une
chance pour les petits producteurs de pénétrer dans le marché. La gamme de produits se diversifie
avec notamment davantage de produits « exotiques », « bio-éthiques » et transformés. Les pays
africains ont d’ailleurs commencé à diversifier leur offre avec le coton, le sésame, le karité et la noix
de cajou, ainsi qu’avec diverses épices et plantes médicinales. Ce marché constitue donc un créneau
potentiel pour des petits et moyens entrepreneurs d’Afrique.
62. Cependant, pour bénéficier de l’agrément «biologique» et pouvoir être vendu avec cette
dénomination, le producteur agricole, le produit, les transformateurs et les distributeurs doivent se
livrer à une véritable course d’obstacles pour « faire agréer la production en bio ». Cette
reconnaissance suppose plusieurs conditions très restrictives qui limitent fortement l’accès aux
circuits de distribution correspondants pour les petits producteurs du Sud:
13
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•
Un délai de « reconversion » fixé à 2 ans pour les productions végétales (cultures annuelles)
sépare le moment où l’agriculteur décide de cultiver en respectant les recommandations de
l’agriculture biologique, du moment où il peut valoriser ses produits en « bio ». Ce délai
correspond à un investissement pour l’agriculteur car il doit adapter son système agricole et
pourtant les prix d’achat ne sont pas meilleurs en général que précédemment;
•
L’exigence du contrôle étroit de la production par un organisme certificateur. Ce contrôle a un
coût non négligeable. Actuellement, pour les producteurs du Sud, il est la plupart du temps
prohibitif, car la plupart des organismes de certification agréés pour l’importation de produits
biologiques dans les pays développés sont basés dans ces mêmes pays. Pour que les producteurs
du Sud puissent bénéficier de conditions de certification possibles, il est nécessaire d’envisager
une mutualisation des coûts, voire des procédures assouplies. En outre, les systèmes de
certification des principales zones importatrices de produits biologiques étant différents (ÉtatsUnis, Canada, Europe), les producteurs désireux d’exporter vers plusieurs zones doivent faire
agréer leurs produits dans les différents systèmes de certification;
•
À l’exception de produits comme le café ou le thé, les produits que les petites entreprises du
Sud peuvent proposer sur les marchés ne sont pas immédiatement connus des consommateurs.
Ceci impose donc de les faire connaître pour développer la consommation. L’expérience de la
diffusion du "quinoa" en Europe a montré que cette approche donne de bons résultats.
63. Enfin, les petites entreprises des pays du Sud doivent adapter leurs produits et leurs
conditionnements aux exigences des circuits de distribution (emballage, spécifications techniques,
etc.), ou travailler avec des entreprises des pays importateurs qui transforment et/ou reconditionnent
les produits.
64. Si ce marché des produits biologiques semble intéressant, il nécessite que des dispositifs d’appui
se mettent en place dans les différents pays. Une des premières barrières est la certification qui, en
l’absence de systèmes nationaux, doit être réalisée par des organismes du Nord. L’entreprise de
transformation devra également être « certifiée »: conditions de production (ingrédients biologiques),
chaîne de transformation isolée, lieu de stockage spécifique, comptabilité rigoureuse permettant de
contrôler l’origine des matières premières et additifs, dispositif de traçabilité du produit pour une
transparence et une garantie de qualité biologique, des conditions de transport, d’emballage et
d’étiquetage réglementés. Le manque de connaissances techniques (production), d’informations sur
les acteurs dans les pays importateurs, sur les circuits commerciaux, sur les marchés, sur les
démarches à entreprendre, les difficultés de transport (notamment des denrées périssables), l’accès au
financement et l’absence d’une politique d’accompagnement de l’État, sont autant de contraintes qui
limitent la présence des produits africains sur le marché biologique.
IV. CADRE INSTITUTIONNEL ET SITUATION AU SENEGAL
A. La politique nationale de promotion des exportations et les projets d’appui
La Stratégie de Développement des Exportations (STRADEX)
65. La balance commerciale du Sénégal connaît un déficit chronique qui s’est particulièrement
aggravé après l’ajustement monétaire intervenu en janvier 1994. Pour sortir de cette tendance lourde,
plusieurs mesures ont été préconisées, dont les plus importantes portent sur:
•
la relance de l’agriculture;
•
la promotion active des investissements;
•
le développement et la promotion des exportations.
66. Dans le domaine spécifique des exportations, l’orientation retenue vise une meilleure utilisation
des potentialités du pays en tenant dûment compte de la demande internationale. À cet effet, un projet
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d’appui institutionnel et opérationnel au développement des exportations sénégalaises a été mis en
place pour assister le Ministère du Commerce dans la préparation et la mise en œuvre d’une Stratégie
Nationale de Développement et de Promotion des Exportations sénégalaises (STRADEX)7.
67. Une étude intitulée « L’Offre Exportable du Sénégal » a été réalisée à partir des travaux menés
par le Groupe de Réflexion pour la Croissance et la Compétitivité (GRCC), en vue de l’élaboration
d’une stratégie de développement de grappes sectorielles. Les critères de performance définis à cette
occasion, ont permis l’identification de cinq grappes prioritaires (les stars) parmi l’ensemble des
grappes étudiées. Il s’agit de:
•
•
•
•
•
la grappe des produits horticoles, y compris la floriculture;
la grappe des produits oléagineux;
la grappe des produits de la mer;
la grappe des produits culturels et de l’artisanat d’art: couples produits/marchés composés
de produits ethniques (céréales locales transformées, légumes, produits cosmétiques),
textiles, produits et services culturels (la musique, le théâtre);
la grappe des téléservices.
68. Dans un souci de simplicité et de cohérence des actions promotionnelles à entreprendre
ultérieurement, les divers éléments composant le potentiel d’exportation ont été agrégés autour des
biens marchands et/ou services suivants:
•
•
•
•
•
produits de la mer;
produits et services intellectuels;
produits culturels et de l’artisanat d’art;
produits horticoles, oléagineux et de cueillette;
produits destinés aux marchés ethniques,
69. On note que la STRADEX a retenu de promouvoir les produits sénégalais sur les marchés
ethniques8, mais n’a pas pris en compte les marchés équitables et biologiques. Cependant, plusieurs
ministères s’y sont intéressés, notamment dans le cadre de la promotion de l’agriculture biologique.
Le Programme de Promotion des Exportations Agricoles (PPEA) de la Banque Mondiale avait
également identifié ce marché, mais s’y est peu investi. Des projets d’appui aux exportations
pourraient également appuyer l’insertion des produits sénégalais sur ces marchés.
Projets d’appui aux exportations
70. Projet de Promotion des Exportations du Sénégal (PPES) - USAID. La cérémonie de
lancement de ce programme a eu lieu en mars 2004. À cette occasion, le Ministre du Commerce a
annoncé la « création imminente » de l’Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations
(ASEPEX) qui va constituer "le point focal" de toutes les activités d’appui à la promotion des
exportations. Des ateliers pour le choix des produits prioritaires seront organisés et un appui sera
fourni en mettant l’accent sur les produits agricoles, la pêche, le tourisme, les services et l’artisanat.
71. Programme de Développement des Marchés Agricoles et de l’Agro-Industrie au Sénégal
(PDMAS) - Banque mondiale . La composante « Développement des exportations agricoles » va
prendre la suite du PPEA et en consolider les acquis: création de la « Fondation Origine Sénégal –
fruits et légumes »; promotion de nouvelles filières; mise en place d’un dispositif professionnel
7
Financé par l’Agence Canadienne pour le Développement International (ACDI), ce projet a été soutenu et exécuté par le
Centre du Commerce International CNUCED/OMC – www.stradex.sn
8
Produits destinés à la consommation des ressortissants issus des communautés africaines, afro-américaines, antillaises,
etc. résidant dans les pays développés.
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garantissant « l’origine Sénégal »; système national de qualification et de certification des produits
d’exportations agricoles, etc.
72. Programme d'Appui au Renforcement des Capacités de Commerce International au Service
de l'Afrique/Programme for Building African Capacity for Trade (PACCIA/PACT Sénégal) –
ACDI. Le Sénégal est un des quatre pays sélectionnés, avec le Ghana, la Tanzanie et l’Afrique du
Sud, pour bénéficier de la phase pilote de 18 mois démarrée en janvier 2004. Le programme est basé
au Sénégal, sous la tutelle du Ministère du commerce. Une analyse du potentiel à l’exportation des
produits et services sénégalais a été réalisée en tenant compte de la nouvelle initiative d’accès aux
marchés pour les pays les moins avancés, prise par le Gouvernement canadien et entrée en vigueur à
partir du 1er janvier 2003. Les objectifs de cette phase pilote sont de:
•
•
•
renforcer les capacités des entreprises sénégalaises à exporter par: (i) la mise à disposition de
guides pratiques, tels que le «carnet de route pour l’exportation» et «les clés de
l’exportation»; (ii) la conception d’une image de marque nationale pour les grappes de
produits/services prioritaires à promouvoir; et (iii) l’organisation d’un cours de formation
pratique sur «le processus d’exportation»;
renforcer le positionnement des produits sénégalais sur les marchés européens et canadiens
par l’organisation de missions de prospection et de recherche de partenaires commerciaux;
mise en œuvre par l’organisme de promotion des exportations du Sénégal.
73. Promotion d’une Agriculture Compétitive et Durable au Sénégal - Coopération française.
Ce programme comprend deux grandes composantes:
•
•
Renforcement des capacités nationales à s’adapter aux marchés », comprenant un appui
institutionnel aux instances chargées des négociations commerciales internationales relatives
à l’agriculture, des actions dans le domaine de l’amélioration de la qualité des produits
agricoles sénégalais, d’un appui à la promotion des exportations agricoles sénégalaises, ainsi
que d’une meilleure valorisation des résultats de la recherche agronomique;
« Renforcement des capacités des acteurs du monde rural », portant sur la mise en œuvre
effective de la Stratégie Nationale de Formation Agricole et Rurale, un appui aux démarches
de concertation entre l’État et la profession agricole, et un appui à l’émergence et au
renforcement d’interprofessions agricoles au Sénégal.
74. Projet d’Appui aux Petites Entreprises du Sénégal (PAPES) - ONUDI (cf. DT°1) compte
développer dans sa deuxième phase (2005-2008) un appui aux exportations pour les petites entreprises
sénégalaises. L’objectif est d’aider certaines petites entreprises à trouver des partenaires en Europe
(avec un suivi des contacts) pour certains produits sélectionnés. Des tests sont envisagés sur trois pays
(France, Angleterre et Autriche) et sur les filières du projet (habillement, textile, métal, bois, cuivre,
agroalimentaire). Des formations sur les modalités et procédures d’exportation sont également
prévues. Ces opérations-test devraient notamment concerner les filières bio et équitables.
B. Situation du commerce équitable au Sénégal
75. Il existe quelques expériences de commerce équitable au Sénégal, dont celle de l’Association pour
la Promotion et le Développement de la Jeunesse (APDJ), basée à Diourbel, avec Magasins du Monde
Belgique (Oxfam Wereldwinkels) de 1994 à 1998. L’expérience a du être arrêtée en raison du
problème sanitaire de l’aflatoxine9.
76. Le village de N’dem offre également un exemple concret de production et de commercialisation
de produits artisanaux dans le réseau équitable en France et en Italie. Les habitants du village ont créé
une association dont les membres travaillent dans leurs ateliers de couture, de teinture et de
9
Le May J.M, 2004, "Rapport exploratoire de recherche sur les pratiques économiques de commerce équitable au Burkina
faso et au Sénégal", CRDC, Canada
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menuiserie. Ces produits artisanaux sont commercialisés localement par des boutiques à Dakar et StLouis) et en Europe, par l’intermédiaire des magasins Artisans du Monde.
77. Le laboratoire Yaakaar de Dakar fabrique des vêtements qui sont commercialisés en Italie, par la
coopérative Karibuny et est en train de réaliser un centre de formation à l’artisanat dans le quartier
Medina à Dakar.
78. La pratique du commerce équitable, bien que soutenue par certaines ONG et associations,
demeure cependant un concept méconnu au Sénégal, et reste confiné à certains milieux (universitaire,
associatif et d’ONG, dont Oxfam, CECI, GRET, etc.). Cependant la majorité des associations
paysannes partagent le constat sur les iniquités du commerce international, les problèmes rencontrés
pour la commercialisation de produits agricoles (la place des intermédiaires, les prix dérisoires, par
exemple) et sont toutes favorables à l’idée d’un commerce plus équitable. Il existe donc un important
travail de sensibilisation, d’éducation et d’information (Le May, 2004).
79. Ainsi, pendant la dernière édition de la FIARA (Foire Internationale de l’agriculture et des
ressources animales)10 en 2002, les ONG Oxfam Grande-Bretagne et Oxfam États-Unis ont introduit
les concepts du commerce équitable après du public. A cette occasion, le Président Wade a exprimé
son soutien au mouvement du commerce équitable, en signant une pétition d’Oxfam International
pour des politiques agricoles plus équitables dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. Un espace dédié au
commerce équitable avait été organisé au sein de la FIARA, avec des producteurs du Sénégal et
d’autres pays de la sous région (Burkina).
80. L’ONG Oxfam, bien qu’elle soit impliquée dans la commercialisation de produits équitables
ailleurs dans le monde, se donne plutôt comme mandat, au Sénégal, de faire un plaidoyer politique en
faveur des paysans et de les impliquer dans les négociations régionales, nationales et internationales, à
long terme. La stratégie est donc axée sur la formation et l’éducation plutôt que sur la constitution de
filières équitables, bien qu’Oxfam collabore à certaines tentatives faites en ce sens11.
81. D’autres ONG étrangères travaillent aussi en ce sens, dont le CECI, qui considère que le
commerce équitable est une voie intéressante, sans être unique, de lutte à la pauvreté en milieu rural.
Un des obstacles mentionnés par cette organisation est toutefois le fait que le commerce équitable
s’est généralement tourné vers les filières à forte valeur ajoutée, limitées au Sénégal. Le GRET
souhaite également développer avec ses partenaires des filières de produits « bio-équitables »
(notamment: beurre de karité, produits céréaliers, bissap séchés, jus) en valorisant les relations avec
les réseaux français tissés dans le cadre d’appuis à la commercialisation de produits biologiques en
Europe. Des séances de dégustation ont déjà été organisées et semblent prometteuses.
82. Idea Ambiente (ID), un consortium national italien de coopératives sociales, a créé au Sénégal
une SARL Idea Ambiente Sénégal, en collaboration avec huit mutuelles d’épargne et de crédit
appuyées par l’ONG ACRA dans différentes régions du Sénégal. L’objectif de cette société est de
favoriser les échanges commerciaux entre les structures italiennes et sénégalaises. En Italie, Idea
Ambiente a tissé des relations avec le réseau italien Commerce Alternatif (CA) qui compte 400
boutiques et des accords de fourniture avec des centrales d’achat: ID lui fournit actuellement des noix
provenant de la Roumanie. ID souhaiterait développer des circuits de commercialisation avec
l’Afrique et notamment le Sénégal. Des produits ont déjà été identifiés: arachides de bouche en coque
et décortiquées, beurre de karité pour la fabrication de produits cosmétiques, noix de cajou (anacarde)
10
11
FIARA a été organisée par ASPRODEB en collaboration avec le Conseil National de Concertation et de Coopération des
Ruraux (CNCR), l’Association des Présidents de Conseil Rural (APCR), le Réseau des Organisations Paysannes et des
Producteurs d’Afrique de l’Ouest (ROPPAO) - http://www.cncr.org/fiara/.
Par exemple, avec Max Havelaar qui désire développer la filière coton dans l’Est du pays.
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et produits artisanaux. ID est également disposée à assurer l’exportation de produits vers les réseaux
français où des demandes ont également été identifiées.
83. Un premier test de commercialisation d’arachide de bouche de qualité va être réalisé avec ID dans
le cadre d’un programme expérimental mené par le CIRAD en collaboration avec l’ASPRODEB et le
GRET, avec le soutien financier de l’Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR) et du
Projet d'Organisation et de Gestion Villageois, Phase II (POGV II) financé par le FIDA. Cinquante
producteurs ont reçu un appui pour tester plusieurs variétés et améliorer leurs pratiques. La production
des 50 ha concernés est en cours de traitement et conditionnement pour constituer un stock de
semences et tester différents circuits de commercialisation (dont celui du commerce équitable en
Italie).
84. Après le Mali, le Burkina et le Cameroun, le Sénégal est aujourd’hui bénéficiaire du Projet
d’Expérimentation du Coton Equitable initié par le Groupe Dagris et un de ses membres, la Société
des Textiles du Sénégal (SODEFITEX) et l’ONG Max Havelaar. Trois groupements membres de la
Fédération Nationale des Producteurs de Coton (FNPC) se sont engagés à respecter le cahier des
charges et ont été inspectés en vue de leur certification en août 2004.12
85. Le Groupe Sénégalais d’Economie Sociale et Solidaire (GSESS) et le Réseau International
de Promotion de l’Economie Sociale et Solidaire (RIPESS) inscrivent le commerce équitable dans
leur démarche. Ils organisent la troisième édition de la Rencontre Internationale sur la Globalisation
de la Solidarité (Dakar, 2005). La rencontre vise à approfondir la réflexion dans les domaines de la
valorisation du capital social et de l’utilisation durable des ressources naturelles. Dans ce cadre, des
échanges et réflexions sur le commerce équitable sont prévus.
86. Un réseau d'étudiants dakarois13, la Plate-forme des Étudiants pour l’Avancement du
Commerce Équitable (PEACE), a été mis sur pieds afin de faire la promotion de cette pratique par
différentes activités publiques de sensibilisation sur la situation des producteurs et l’alternative
équitable.
87. Il convient également de signaler les activités de l’ONG AGRECOL-Afrique qui appuie la mise
en place de réseaux d’échanges et de commercialisation basés sur les principes du commerce
équitable entre des comités écologiques villageois, des « clubs BIO » de consommateurs à Thiès et
des commerçants.
88. En conclusion, quelques expériences de commerce équitable ont été tentées au Sénégal (arachide,
vêtements et tissus, objets en bois) mais elles sont soit arrêtées soit limitées en volume. La pratique du
commerce équitable demeure un concept méconnu et reste confinée à certains milieux (universitaire,
associatif et d’ONG dont Oxfam, CECI, AGRECOL, GRET). Cependant la majorité des associations
paysannes sont favorables à l’idée d’un commerce plus équitable. Il existe donc un important travail
de sensibilisation, d’éducation et d’information à faire au Sénégal, notamment en milieu rural. L’Etat
semble vouloir soutenir des initiatives dans ce domaine, et des acteurs économiques sont prêts à
assurer la mise en relation et l’exportation des produits. Des acteurs du commerce équitable,
notamment en Europe, sont intéressés à développer des relations avec des pays africains et des
demandes ont déjà été identifiées. Le PROMER Phase 2 doit donc mettre en œuvre des collaborations
avec ces différents acteurs de la société civile sénégalaise et européenne, pour diffuser ce concept
auprès des MPER et des groupements, en collaboration avec les autres projets du FIDA, et assurer une
intermédiation et un appui à la contractualisation entre les acteurs économiques intéressés à
développer des filières de commerce équitable.
12
"Renaissance cotonnière", journal de la Sodefitex, n°5, septembre 2004.
13
Un autre groupe d’étudiants travaille aussi à l’Université Gaston Berger à St-Louis.
18
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C. Situation de l’agriculture biologique au Sénégal
89. Comme dans de nombreux pays de l’Afrique sub-saharienne, le contexte au Sénégal est
globalement favorable au développement de l'agriculture biologique. Les cultures de rente avec
intrants, (arachide, coton) vulgarisées au détriment des cultures vivrières, sont en perte de vitesse. Les
systèmes de culture pluviale qui sont les plus répandus utilisent de moins en moins les engrais, les
pesticides et les semences sélectionnées. L'étendue des terres dégradées est immense dans tout le
Sahel, les rendements baissent et la démographie galope. Les régions où l'agriculture constitue la
principale source de revenus ont les taux de pauvreté les plus élevés. L'agriculture en général est
moins productive et ne peut subvenir aux besoins vitaux des ménages ruraux. L'ampleur du problème
a suscité une prise de conscience aussi bien chez les producteurs que chez les consommateurs14.
90. Ceci explique que l’agriculture écologique et biologique connaît un développement important
depuis quelques années en Afrique, malgré un environnement institutionnel peu incitatif. Au Sénégal,
des ONG et des groupements de producteurs se mobilisent depuis plusieurs années pour faire la
promotion de cette agriculture. Ce mouvement a été initié notamment par ENDA-PRONAT
(protection naturelle des végétaux) et Pesticide Action Network - Afrique15, qui ont mené, au début
des années 1980, des activités de sensibilisation et d’information sur les dangers liés à l’usage abusif
de produits agrochimiques. Les techniques agro écologiques ont été introduites par l'entremise des
ONG et leur terrain d'application fut d'abord les blocs maraîchers. Le MSAB (Mouvement Sénégalais
de l’Agriculture Biologique), regroupant des producteurs et des opérateurs a vu le jour en 2000, et a
été appuyé par ECOFAIR puis NOVIB. Une centaine de personnes, producteurs, organismes d’appui,
organismes publics et services de l’État, ont participé à l’Assemblée Générale constitutive. Des
associations et des ONG (telles que ENDA-PRONAT, AGRINAT, ASPAB, AGRECOL Afrique,
RODALE et leurs partenaires) se sont mobilisées pour promouvoir l’agriculture biologique, les
techniques et les produits.
Aperçu des initiatives précédentes
91. ENDA-PRONAT travaille depuis plusieurs années dans ce domaine, avec au début des actions
axées sur l’information/sensibilisation concernant les pesticides et ensuite, des actions expérimentales
de production (alternatives à l’utilisation des pesticides, diversification). Celles-ci s’insèrent
maintenant dans une démarche plus globale de développement local, notamment dans la zone des
Niayes (produits maraîchers), du Fleuve (riz) et de Koussanar (coton). Les compétences de cette
institution se situent surtout dans le domaine de l’appui à la production et à l’organisation des acteurs
en milieu rural. ENDA-PRONAT, en collaboration avec d’autres organisations, a tenté de mettre en
place un circuits de commercialisation des produits au Sénégal (marché spécifique à Dakar) mais
celui-ci ne fonctionnait pas bien et a du être arrêté. L’ONG a également des difficultés à identifier des
partenaires dans les pays du Nord, qui seraient prêts à acheter les productions des groupements qu’elle
appuie; elle hésite donc à faire certifier les parcelles (risque de coûts supplémentaires pour les paysans
sans gain de revenus). Elle recherche des collaborations pour la commercialisation des produits.
92. L’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Agriculture Biologique (ASPAB), une
ONG fondée en 1987, s’est engagée dans la promotion de l’agriculture écologique et l’agriculture
biologique certifiée, ainsi que l’agriculture biodynamique avec les producteurs, les paysans et les
femmes. Cependant, pour l’instant aucun producteur appuyé par l’ASPAB n’est certifié (pour des
raisons proches de celles d’ENDA-PRONAT).
14
15
"L'agriculture biologique au Sénégal", août 2001, Hane El-Hadji (Agrinat), Jean Marc von der Weid (Assessoria e
servicos a projetos em agricultura alternativa (AS-PTA), Rio de Janeiro, Brésil, Nadia Scialabba, (FAO, Italie)
PAN Afrique, Dakar, http://www.pan-africa.sn/
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93. AGRINAT (agriculteurs naturalistes) est une organisation de producteurs fondée en 1986. Elle
réalise notamment des actions de formation et d’informations en direction des paysans ou des
organisations paysannes et des expérimentations. Son directeur, EL Hadj Hane, est membre du conseil
de l’IFOAM.
94. AGRECOL, fondée en 1983, est financée par des organisations gouvernementales et non
gouvernementales suisses et allemandes. Elle a monté au Sénégal un centre de formation, d'échanges
et de documentation, et coordonne la publication et la distribution de l’ACACIA, lettre circulaire des
Amis de l’Agriculture Durable en Afrique16. AGRECOL-Afrique (www.agrecol-afrique.sn) est
devenue une association autonome (de droit sénégalais, basée à Thiès). Elle mène des actions de
formation et d’information (agriculture biologique, agro écologique) et met actuellement l’accent sur
la recherche et le développement de marchés et l’appui aux producteurs et commerçants pour
répondre à ces marchés. AGRECOL-Afrique appuie des groupements féminins de Thiès et Koungheul
pour la production de mil (17 t en 2004), d’arachide (7 t) et de pain de singe (7 t); la mise en place
d’un système de contrôle interne (SCI); et la négociation, entre commerçants et producteurs, basée sur
une répartition plus équitable des marges (défense des intérêts des producteurs). L’ONG a également
appuyé la création de clubs de consommateurs à Thiès et a développé une collaboration avec la mairie
et le conseil régional de Thiès visant à créer un marché local hebdomadaire et marché national
mensuel (objectif, faire de Thiès la première ville agro écologique du Sénégal) qui devrait démarrer
prochainement leurs activités. Il est également prévu dans ce cadre, la création d’un restaurant sur
l’esplanade de Thiès et géré par les groupements féminins, pour promouvoir l’utilisation des produits
locaux biologiques et développer un service traiteur. Les compétences d’AGRECOL-Afrique se
situent donc, d’abord dans le domaine de la formation, de l’information et de la sensibilisation des
producteurs et des consommateurs et, dans une moindre mesure, des commerçants. Cependant, elle est
en train d’étendre son intervention à la commercialisation, pour l’instant à Thiès, en favorisant la
création d'un marché local/national pour des produits qui n’ont pas de certification officielle (mise en
place d’un système de contrôle interne, appuyé et « certifié » par l’ONG, qui se porte garante du
respect des cahiers des charges). AGRECOL participe également au Programme de Coton
biologique déjà cité, en collaboration avec la SODIFITEX, la FNPC et Helvetas (ONG suisse basée
au Mali). Ce programme de 3 ans a démarré en juillet 2004, et 41 groupements et 256 producteurs
sont déjà concernés. Les 50 hectares en 1ère année de reconversion et les autres cultures dans la
rotation seront agrées biologiques (mil et arachide).
95. D’autres ONG développent des activités dans ce domaine, dont ACRA (ONG italienne) qui
développe au Sénégal des actions en milieu rural (crédit, développement local, agriculture, appui aux
OP) dans six régions depuis plus de dix ans. Un petit programme d’appui à l’agriculture biologique
(maraîchage) a été mené pendant deux ans avec la Fédération Yungar à Fimela. ACRA a travaillé
notamment avec ENDA-PRONAT et AGRECOL en 1997/98, pour appuyer la commercialisation des
produits biologiques à Dakar (marché hebdomadaire). ACRA souhaite développer un programme
d’appui à l’agriculture biologique en réponse à une demande de ses partenaires.
96. Le Groupe de Recherches et d'Echanges Technologiques (GRET), une ONG française, a
développé des programmes d’appui à la transformation des produits locaux avec ENDA-GRAF, et
travaille depuis plusieurs années sur les produits biologiques en France (notamment coordination du
programme « Prospective des marchés des produits biologiques en France » qui regroupe, la
recherche et l’ensemble des acteurs professionnels de l’agriculture biologique au niveau national).
Elle veut mettre à profit ces contacts pour pouvoir introduire les produits agroalimentaires africains
dans les circuits bio et équitables en France.
16
Voir "Acacia" N. 27 (octobre 2003) consacré à la commercialisation des produits agro-écologiques et "Acacia"
N. 28 (juillet 2004) sur le bilan de quelques expériences africaines d’agriculture biologique.
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97. L’ONG française Orange Bleue vient de s’installer au Sénégal, pour travailler avec des
agriculteurs de la zone de Kounguel, pour la production de fonio bio. Elle a appuyé la création d’une
filiale d’une petite entreprise française qui fabrique des produits biologiques (notamment pains et
biscuits) associé à une petite entreprise malienne, Gaia Bio Solidaire.
98. VECO, une ONG belge, envisage d’appuyer l’agriculture biologique dans le cadre d’un
programme coordonné par quatre ONG belges dans trois régions (Diourbel, Kolda et Tamba). VECO
collabore avec le groupement d'intérêt économique PRACBIO, mis en place par AGRECOL, pour
assurer des formations aux paysans sur les pratiques de l’agriculture biologique. VECO collabore, en
Belgique, avec un réseau de paysans bio qui organise notamment l’écoulement des produits par des
circuits courts (producteurs/consommateurs). Elle a produit différents documents sur cette expérience.
99. D’autres ONG développent également des activités dans ce domaine en appuyant des
groupements de producteurs dans diverses régions: COMI (ONG italienne) à Kaffrine, RODALE et
GRENN à Thiès.
100. Des dizaines de groupements de producteurs, de transformateurs et d'exportateurs sont
maintenant identifiés et formés au Sénégal. Les pratiques agro-écologiques sont vulgarisées par les
ONG et des spécialistes et formateurs qui oeuvrent dans le domaine de l'éducation environnementale.
Cependant, cette dynamique environnementale, bien que renfermant des atouts certains pour une
valorisation de l'agriculture biologique, présente des facteurs pouvant limiter son évolution. Ces
facteurs sont l'absence: de structures régulatrices de l'agriculture biologique, de lois nationales, de
corps d'inspection, de certification, de commercialisation. Sans ces éléments, le mouvement
biologique aura des difficultés à prospérer dans le sens d'une alternative au développement.17
Début d'un processus de réglementation de l'agriculture biologique
101. En l'an 2000, prenant conscience de cette situation, des organisations telles que ASPAB,
ENDA-PRONAT, AGRINAT, AGRECOL-Afrique, RODALE et leurs partenaires, ont manifesté le
désir de collaborer dans le développement de l'agriculture biologique pour développer ensemble, au
Sénégal, un programme visant la mise en place d'une structure d'accréditation, de certification et de
commercialisation des produits organiques. Dès lors le groupe initiateur décida de réunir des
organisations concernées par ce secteur et les rencontres ont abouti à la création du Conseil
Sénégalais de l'Agriculture Biologique (COSAB). Le COSAB, placé sous l'égide du Ministère de
l'Agriculture, réunie en son sein tous les acteurs de l'agriculture biologique et les représentants des
ministères concernés (Agriculture, Elevage, Pêche et Environnement). Composé de 22 membres, il a
pour rôle la supervision de l'exécution d'un plan d'action devant conduire à l'élaboration d'un cahier
des charges de l'agriculture biologique sénégalaise conforme à la réglementation de l'IFOAM. Ce
processus devra mener à la formation d'inspecteurs pour la certification et à la demande
d'accréditation auprès de l'organisme compétent de l'IFOAM. Ce processus est actuellement au point
mort en raison du manque des financements nécessaires pour mettre en place le dispositif et assurer
les formations.
102. Cependant, AGRECOL signale la mise en place, courant 2005, d’un Programme d’Appui au
Développement du Commerce Equitable et Biologique de la FAO. L’objectif du programme est de
développer le marché local et les exportations à partir d’études réalisées sur les marchés européens
accompagnées de rencontres avec des exportateurs qui ont ciblé, dans un premier temps, mangue et la
17
Hane El-Hadji et al, 2001
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noix de cajou. Il est prévu dans ce cadre la formation d’accréditeurs et l’appui à la mise en place d’un
système national d’accréditation.
Conclusion et raison d'être d'un appui dans le cadre du PROMER Phase 2
103. Il existe au Sénégal, des organismes d’appui et de promotion de l’agriculture biologique et les
mouvements paysans qui y adhèrent sont de plus en plus nombreux. L’objectif de ces acteurs est de
mettre en place des pratiques de production biologique ou régénératrices, de développer un marché au
niveau national, et d’envisager l’exportation. Il en est de même pour le commerce équitable qui
mobilisent de plus en plus d’acteurs de la société civile, des ONG et des organismes d’appui
internationaux. Il existe également des associations et groupements paysans déjà intéressés et formés
aux pratiques de l’agriculture biologique mises au point et/ou diffusées par les ONG et associations.
Ces dernières se sont mobilisées pour créer, en 2000, un mouvement sénégalais de l’agriculture
biologique, et engager des discussions avec l’Etat pour mettre en place un cadre réglementaire adapté.
De plus, la FAO semble prête à appuyer la mise en place d’un système national d’accréditation.
104. Il existe, dans les pays du Nord (notamment en Europe), un marché en croissance pour des
produits biologiques transformés, qui pourrait être développé. Il existe également des acteurs de la
distribution intéressés à diversifier leur offre de produits, pour répondre à une demande croissante des
consommateurs. Cependant, les ONG qui encadrent les producteurs ne les connaissent pas et n’ont
pas l’habitude d’appuyer la commercialisation. Ces acteurs ne veulent donc pas se lancer dans la
certification sans assurance de débouchés suffisamment rémunérateurs pour couvrir les coûts
supplémentaires que cela représente.
105. Des tentatives de création d’un marché au niveau local et national ont également été menées ou
sont en cours, mais les organismes à l’origine de ces initiatives manquent d’informations sur l’intérêt
des consommateurs pour ce type de produits (même si les premières expériences semblent confirmer
l’existence d’acheteurs potentiels), sur leurs exigences en termes de distribution, de qualité,
d’assurance sur l’origine des produits, sur les méthodes pour promouvoir ces produits et sur le
méthodes pour mettre en place les circuits de distribution adaptés.
106. Des groupements et MPER appuyés par le PROMER I, qui ont déjà acquis des outils de gestion
et des pratiques de maîtrise de la qualité, seraient en mesure de s’adapter rapidement aux exigences de
ces marchés. Mais elles ne connaissent pas les caractéristiques de ces marchés, ni les règles de
l’agriculture biologique et les exigences au niveau de la transformation.
107. Le PROMER Phase 2 doit donc appuyer le développement du marché des produits de
l’agriculture biologique au Sénégal et pour l’exportation. Pour ce faire, il faut financer des études plus
pointues tant en Europe, surtout pour déboucher sur des pistes opérationnelles (identification
d’importateurs et de produits) qu'au Sénégal, pour préciser les conditions de développement d’un
marché local/national et l’offre potentielle de produits. Après une phase d’information sur la
réglementation, de restitution des études et d’identification des différents acteurs intéressés, une
action-test sera nécessaire et pourrait être financée par le Fonds d’Appui à l’Innovation, la Qualité et
la Promotion Commerciale du PROMER Phase 2. Cette action-test doit: (i) appuyer la
contractualisation entre producteurs/fournisseurs et MPER et la contractualisation entre importateurs
européens, commerçants/exportateurs sénégalais et MPER; (ii) prendre en charge les actions de
formations et de « mise à niveau » des MPER dans le cadre d’une contractualisation avec des ONG
ayant des compétences dans ces domaines et qui devront également fournir un appui aux producteurs
dans le cadre d’une collaboration avec les autres projets du FIDA; et (iii) réaliser des analyses de
produits et prendre en charge les coûts de certification (avec remboursement éventuel dès la première
ou la seconde année).
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V. PROPOSITIONS D'APPUI
A. Contexte et objectifs
Valoriser à un prix rémunérateur les avantages concurrentiels des produits de MPER
108. Le développement socio-économique des pays africains passe en grande partie par le
développement du secteur agro-alimentaire et artisanal. En effet, ces secteurs sont au cœur des
rouages qui animent les économies africaines. En amont, le secteur agroalimentaire dynamise
l’agriculture et assure un débouché régulier aux productions paysannes. En aval, les activités de
transformation limitent les importations de produits alimentaires, sont fortement créatrices d’emplois
et contribuent au développement des cultures locales par la modernisation des habitudes alimentaires
traditionnelles. Aujourd’hui, après la dévaluation du FCFA, les MPER agroalimentaires locales
contribuent à fournir aux populations urbaines une alimentation à la portée de leur bourse. Leur
développement devient même un enjeu stratégique.
109. Par ailleurs, ces MPER sont à la recherche de créneaux d’exportation en complément de leurs
marchés locaux. Parmi ceux-ci figurent les produits équitables et biologiques, qui sont valorisés à des
prix plus rémunérateurs que les produits conventionnels. Pour ces entreprises, trouver des créneaux
d’exportation permettrait d’augmenter les prix auxquels elles achètent leurs matières premières
agricoles localement, assurant ainsi un meilleur revenu aux agriculteurs.
110. Du coté des pays européens, les marchés de produits biologiques, et tout particulièrement de
céréales, de légumineuses et produits oléagineux (beurre de karité, arachide), sont fortement
déficitaires. Les prix sont rémunérateurs. Il en est de même pour le marché des produits équitables ou
éthiques. La filière biologique à l’international est en plein développement, et se conjugue de plus en
plus avec le commerce équitable.
111. Certains circuits de distribution des produits de l’agriculture biologique, engagés sur une charte
éthique, sont prêts à consentir des conditions plus avantageuses aux MPER du tiers monde, pour leur
permettre d’accéder à ces marchés. C’est le cas de la chaîne bio-coop, par exemple, en France.
112. Ces données soulignent l’existence d’une possibilité de développement, qui a été confirmée par
une première série d’entretiens réalisée par le GRET, entre des MPER agroalimentaires sénégalaises
et des entreprises et distributeurs français de produits équitables et biologiques. Il en est de même en
Italie, où des centrales de distribution de produits équitables et/ou biologiques ont manifesté un intérêt
à développer des activités avec l’Afrique.
L’existence de possibilités de partenariats opérationnels
113. Des ONG au Sénégal font la promotion de l’agriculture biologique et ont développé des
compétences d’appui dans ce domaine (AGRECOL, ENDA-PRONAT, ASPAB, Grenn Sénégal). Des
ONG européennes présentes au Sénégal travaillent depuis plusieurs années sur les produits équitables
et/ou biologiques, ou ont des relations avec des acteurs du commerce équitable en Europe (GRET,
ACRA, OXFAM, VECO) intéressés à développer des collaborations avec l’Afrique.
114. La société Idea Ambiente-Sénégal, créée par un consortium national italien de coopératives
sociales et huit mutuelles d’épargne et de crédit du Sénégal appuyées par ACRA, est intéressée à
développer des exportations vers l’Europe en lien notamment avec des réseaux du commerce
équitable et biologique. Elle constitue donc un maillon important de la commercialisation, en mesure
d’assurer la collecte primaire et l’expédition des produits.
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Intérêt de la commercialisation vers les marchés équitables et biologiques
Le PROMER Phase 2 devrait appuyer des tests de commercialisation avec des MPER ou groupes de
MPER, et avec des acteurs impliqués dans la filière biologique et dans la filière équitable au Sénégal.
L’intérêt premier de tester la pénétration du marché équitable pour les MPER est une meilleure
valorisation (en termes de prix) et l’engagement des porteurs des MPER dans des relations
commerciales différentes et pas uniquement basées sur des relations économiques. On peut également
mentionner les avantages d'une ouverture vers d’autres milieux qui contribuent à la lutte contre la
pauvreté en termes d’ « empowerment », de « capacités », renvoyant aussi à la question du dialogue
politique. La question du prix n’est pas négligeable, notamment pour valoriser les efforts de qualité et
de mécanisation à appuyer dans le cadre du projet. En effet, il faut que cet effort de qualité, qui
engendre des coûts, soit valorisé, notamment financièrement.
115. Or, les marchés locaux ne permettent pas toujours cette valorisation, particulièrement dans un
contexte de baisse du pouvoir d’achats. Les consommateurs (pas toujours bien informés des questions
de qualité sanitaire et contraints par leurs ressources) ont tendance à privilégier le prix dans les
décisions d’achats. Les produits de qualité des MPER se trouvent en concurrence avec des produits
moins chers, sur des marchés parfois éloignés (avec donc des coûts de transport en plus) et n’ont pas
toujours d’avantages comparatifs par rapport à leurs concurrents.
116. Le marché équitable, qui introduit d’autres critères et cherche à mieux rémunérer les
producteurs du Sud, offre donc des perspectives intéressantes. Il faut aussi le voir comme un
processus d’apprentissage possible vers le marché bio, où les produits des MPER auraient aussi des
avantages comparatifs (conditions de production proches du bio). Avec le commerce équitable, les
MPER apprendraient à respecter des exigences de régularité de la production (en volume et qualité)
qui permettraient par la suite (au moins pour certaines) d’envisager la conquête du marché bio qui est
plus exigeant.
117. Mais ce marché a aussi des contraintes, en termes de volume, de respect des dates de livraison,
de qualité. S’intéresser à ce marché suppose également, pour avoir des volumes suffisants, un travail
de collecte primaire des produits de plusieurs MPER avec des caractéristiques similaires, et sans doute
l’élaboration d’un cahier des charges commun ou d’un guide de bonnes pratiques que chacun doit
s’engager à respecter. Il faut également organiser le transport des produits du lieu de collecte primaire
vers Dakar, lieu d’expédition des produits, et assurer l’envoi des produits vers les pays européens
(démarche d’exportation, transit, mise en conteneur et expédition, etc.).
B. Propositions d'action commerce équitable/agriculture bio
118. La capacité des MPER du Sénégal à pénétrer les marchés du commerce équitable et de
l'agriculture biologique européens peut se promouvoir en mettant en oeuvre deux types d'action:
(i) étude et analyse du potentiel (demande et offre) des filières identifiées ou à identifier et
mobilisation des partenaires; et (ii) expérimentation et opérations-test de pénétration des marchés.
Volet 1 - Etude et analyse du potentiel des filières/mobilisation des partenaires
119. L'analyse du potentiel des marchés de commerce équitable et d'agriculture biologique en Europe
aurait pour but d'acquérir une bonne connaissance (compréhension) du contexte et des acteurs. Un
ensemble d'études s'imposent, tant en Europe qu'au Sénégal, et il va falloir en discuter les résultats
avec tous les autres acteurs concernés, y compris et surtout les MPER.
Étude sur des marchés du commerce équitables et biologiques en Europe
120. Le manque d’informations sur ces créneaux économiques sera comblé et les méthodes, savoirfaire et réseaux nécessaires pour traiter ces informations et pour mettre en place des projets
d’exportation efficaces seront développés. Pour réaliser une opération d’exportation, il faut à la fois
disposer d'informations générales et spécifiques sur la réglementation, le contrôle et les marchés, et
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aussi disposer des contacts opérationnels pour mettre en oeuvre des actions visant à pénétrer les
marchés les plus intéressants. Un aperçu des types d'information nécessaires est fourni par le tableau
ci-après.
Types d’informations nécessaires
Type d’information
Informations générales
nécessaires à toutes les MPER
Informations spécifiques pour
chaque entreprise ou produit
Sur la réglementation
Typologie des réglementations en
fonction des pays (IFOAM, UE,
spécificités de cahiers des charges
par pays et par produit).
Réglementation applicable à la
production, transformation,
commercialisation.
Réglementation applicable dans les
pays, en fonction du pays
d’exportation. Spécificités et
allègements (ex.: produits de
cueillette).
Sur les systèmes de contrôle
Organismes de contrôle agréés pour
l’exportation de produits.
Conditions de travail avec ces
organismes. Possibilités de
mutualisation des coûts, de
contrôles combinés, etc.
Modalités et coût des contrôles par
produit ou type de produit
(production, transformation,
commercialisation).
Sur les opportunités
commerciales
Marchés des produits dans les pays
développés. Types de produits
particulièrement recherchés, prix,
conditions d’importation.
Prospective et durabilité des
marchés. Partenaires potentiels.
Identification et caractérisation
précise des clients potentiels, prix,
conditions d’importation, suivi de
l’importation.
Budget:
Expertise européenne 3 mois pour collecter les informations principalement sur l’Europe
(mais informations secondaires également sur les autres pays du Nord) et la « formater »
(production de fiches qui pourront être maquettées et diffusées par le réseau
d’information du PROMER) et identifier des partenaires dans le commerce équitable et
bio ; coût 30 000 USD (y compris déplacements Europe: Italie, Allemagne, Pays-Bas,
Suisse, Belgique -3 jours par pays).
Étude de l’offre de produits, des marchés et des circuits de distribution au Sénégal
121. Il s’agit d’identifier, en lien avec les autres projets du FIDA, les acteurs de l’agriculture
biologique, de caractériser l’offre de produits, et d’analyser les activités existantes et les difficultés
rencontrées. Il faut également mener des enquêtes auprès des consommateurs à Dakar (marché
national potentiel le plus important) et organiser des réunions de groupes dans les villes secondaires
les plus importantes, pour identifier l’intérêt des consommateurs urbains sénégalais pour des produits
organiques et les conditions d’achat-vente (prix, lieux de distribution). Cette étude doit également
viser à identifier des collaborations opérationnelles.
Budget:
Expertise, des déplacements dans les différentes régions du Sénégal où des activités sont
déjà en cours dans l’agriculture biologique (régions de Thiès, Kaolack, Saint-Louis,
Tambacounda) Année 1, coût 5 millions de FCFA.
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Rapport de Pré Evaluation: Document de travail 5
Identification et examen critique des opportunités
122. En collaboration avec les partenaires au Sénégal, il faut formuler des propositions d'action et les
mécanismes de montage opérationnel correspondants pour favoriser l'entrée des MPER dans les
marchés identifiés.
Pas de budget spécifique
Ateliers de restitution des travaux
123. Deux ateliers seront organisés pour présenter les résultats des deux études, identifier et discuter
des opportunités et contraintes correspondantes, etc. Les participants comprendront des représentants
de tous les acteurs concernés (prestataires de services d’appui, représentants des MPER,
représentations locales d'OP et partenaires). D'autres ateliers aux niveau des filières et/ou des régions
et comportant une plus forte participation des MPER et organisations de MPER, seront organisés pour
approfondir l'analyse des résultats, identifier et discuter les opportunités et contraintes, et formuler des
stratégies et plans d'action pour promouvoir l’exportation de produits équitable et bio sénégalais.
Budget: 2 ateliers de restitution avec 40 personnes pendant 2 jours. Expertises nationales et
internationales (prises en compte dans le coût des études), lieu siège du projet. Année 1.
Budget de 4 ,000 USD par atelier.
Budget: 4 ateliers dans les régions par antenne avec en moyenne 20 participants pendant 1 jour budget 240 USD par atelier.
Volet 2 - Expérimentation et opérations-test
Identification des partenaires au Sénégal
124. Les partenaires au Sénégal seront invités à présenter leurs propositions d'action lors de réunions
annuelles d’information et d’échange d'expériences (bilan des actions). Les contrats et/ou conventions
avec le PROMER Phase 2 seront basés sur l'issu de ces travaux.
Concertations sur les critères d'accès au label « commerce équitable »
125. Les critères permettant l'utilisation du label « commerce équitable » sont définis par les
organisations européennes qui commercialisant ces produits en Europe. Ces critères sont bien définis
pour les cas où la première transformation est réalisée par des coopératives de producteurs ou par des
entreprises proches des producteurs. Ils sont plus difficiles à appliquer dans le cas où la
transformation se fait localement, par des MPER (ex. le beurre de karité, le fonio et les céréales en
général). En outre, certains producteurs des pays du Sud (cas du karité) souhaiteraient être associés à
la définition du caractère « équitable » dans leurs filières. L’enjeu présent dans ces discussions est
double: (i) comment va-t-on calculer le « sur prix » qui sera généré par le caractère « équitable » de la
production et (ii) comment va-t-on le répartir entre les acteurs de la filière locale, essentiellement les
producteurs agricoles et les entreprises? C’est aussi celui de l’utilisation de cette valeur ajoutée par
chacun des acteurs.
126. Pour les producteurs du Sud, le PROMER Phase 2 doit chercher à favoriser la génération de la
valeur supplémentaire tout en assurant un débouché significatif pour les producteurs impliqués. Il va
falloir lancer une concertation entre les principaux acteurs impliqués dans les filières retenues d'une
part, et les acteurs du commerce équitable intéressés en Europe, d'autre part, pour définir, ensemble,
des critères acceptables pour les deux catégories. Des réunions avec les acteurs en France et en Italie
devraient également permettre aux producteurs du Sud de prendre directement connaissance des
circuits de commercialisation des produits « équitables » et de rencontrer les acteurs correspondant,
ceci dans le but de faire appréhender aux producteurs du Sud les modalités de commercialisation des
produits (types d’emballage, etc.).
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République du Sénégal: Projet de Promotion de l’Entreprenariat Rural (PROMER Phase 2)
Rapport de Pré Evaluation: Document de travail 5
Concertations sur les critères d'accès au label « agriculture biologique »
127. Des actions d’information sur les règles de l’agriculture biologique en lien avec les nombreux
acteurs et le MSBA seront mises en œuvre en collaboration avec les autres projets du FIDA. Comme
il existe déjà de nombreux groupements et ONG impliqués dans la promotion de l’agriculture
biologique dans les zones du PROMER Phase 2, il s’agit surtout d’identifier les MPER
éventuellement intéressées par la transformation de ces produits et de favoriser des liens entre eux et
les sources d'appui pour entrer dans les marchés correspondant. L’objectif sera de définir, à partir de
l’analyse des marchés, un programme d’actions expérimental à mettre en oeuvre en lien avec les
autres initiatives dans le pays (notamment programme FAO/AGRECOL).
Établissement de partenariats: commerce équitable
128. Concernant le commerce équitable, il s’agit de profiter des opportunités offertes par les
partenaires au Sénégal, pour expérimenter des actions de commercialisation. ID Sénégal s'est déjà
déclarée prête à assurer l’envoi des produits vers l’Europe, et les membres sénégalais de la société (les
MEC) pourraient jouer un rôle dans le financement des producteurs en liaison avec le PROMER
Phase 2 et avec l’appui d’ACRA, dans les zones où les MEC sont installées.
129. Le PROMER Phase 2, en collaboration avec les MEC et les autres projets du FIDA, se chargera
d’identifier des groupements de producteurs et de fournir un appui (direct ou indirect, par le
truchement des prestataires) aux MPER en matière tant de qualité (adaptation aux besoins des
importateurs en termes de qualité physico-chimique et bactériologique, régularité du volume et
qualité) que d’organisation de la collecte primaire (ex. la charge de collecter les produits des MPER
pourrait être confiée soit à une MPER « commerciale » soit à une structure collective des MPER
concernées). Il sera également nécessaire de faciliter des liens avec les services financiers, pour la
production et la transformation des produits de l'agriculture biologique.
130. Certains produits (ex. l'arachide de bouche) nécessitent un travail sur toute la filière pour
assurer le respect des pratiques de production nécessaires pour avoir un produit acceptable selon les
normes européennes. Des collaborations opérationnelles seront mises en place entre les projets du
FIDA, leurs partenaires, et le PROMER Phase 2, pour diffuser ces bonnes pratiques et favoriser la
contractualisation entre les groupements de producteurs et les MPER de transformation, à l’image du
programme expérimental « arachide de bouche » cofinancé par l’ANCAR et le POGV II
(accompagnement des producteurs et l’intermédiation avec des clients potentiels par l’ASPRODEB,
CIRAD et GRET).
Établissement de partenariats: agriculture biologique
131. Des démarches similaires seront mises en place pour le développement de filières de
l’agriculture biologique. L’objectif du PROMER Phase 2 sera de lever les contraintes à l’exportation
de produits biologiques par les MPER agro-alimentaires en mettant au point une base d’informations
générales sur les produits biologiques d’une part, et en développant une filière « bio équitable » entre
les pays du Sud et des réseaux de distribution biologique en Europe, d'autre part.
132. A la lumière des contraintes de production, le PROMER Phase 2 va devoir nouer des
partenariats avec des ONG qui appuient déjà la production biologique dans des zones où des MPER
seraient intéressées à développer la transformation (AGRECOL, ENDA). Ces ONG pourront assurer
la mise en relation entre les producteurs déjà formés et les MPER, et collaborer avec les autres projets
du FIDA ayant identifié de nouveaux producteurs et MPER "bio" à appuyer par la formation au
respect du cahier des charges. Il faut également nouer un partenariat commercial avec une ou
plusieurs entreprises européennes pour initier une véritable communication sur les types de produits
qui auront le plus de chances de réussite.
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Rapport de Pré Evaluation: Document de travail 5
133. L’appui du PROMER Phase 2 au développement de ces filières de l’agriculture biologique
devrait donc comprendre:
•
•
•
•
•
des partenariats avec des ONG appuyant la production agricole et biologique;
appuis et formations des MPER de transformation des produits biologiques;
analyses microbiologiques pour les produits biologiques;
appuis à la certification des produits biologiques; et
mise en place des circuits de distribution nationale/export des produits.
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