Un Système d`Alerte des tsunamis dans la Caraïbe

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Un Système d`Alerte des tsunamis dans la Caraïbe
Un Système d’alerte tsunami dans la Caraïbe (CarTWS)
Quatrième session du Groupe de Coordination Intergouvernementale pour les Tsunamis dans la Caraïbe | 2 - 4 juin 2009 | Martinique
Protéger les populations de la zone Caraïbe en cas de tsunami nécessite un système d’alerte global à l’échelle du
bassin. 38 pays sont concernés. Chaque état, les politiques, les services publics, les organismes de surveillance et
de recherche, la protection civile et les citoyens doivent travailler ensemble pour concevoir l’outil qui nous
permettra de faire face à un tsunami. Ce processus est long, il est toutefois le gage de succès de cette initiative.
Actuellement, le centre d’alerte intérimaire pour la zone Caraïbe est le centre d’alerte du Pacifi que (PTWC) situé
à Hawaii.
Pour générer un tsunami, il faut produire le déplacement brutal d’une masse d’eau importante. Les sources
potentielles dans le bassin Caraïbe sont certains types de tremblements de terre, des glissements de terrain sousmarins ou sur le littoral. Les séismes générateurs de tsunami sont caractérisés par des magnitudes supérieures à 7
et des mouvements verticaux de plusieurs décimètres à plusieurs mètres sur des failles longues de plusieurs
dizaines à centaines de kilomètres. Les glissements de terrain peuvent être déclenchés par un séisme ou simplement
par l’érosion. Les éruptions volcaniques, comme celle de Montserrat en 2003 et 2006 peuvent aussi générer des
tsunamis potentiellement très importants.
5 ans après Sumatra
2004 - Après le tsunami dévastateur dû au tremblement de Terre de Sumatra en décembre 2004, l’UNESCO
prend la décision d’étendre ses programmes de surveillance des tsunamis à d’autres régions vulnérables dans le
monde dont le bassin Caraïbe.
2005 - La Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO crée un cadre pour le
déploiement de systèmes d’alerte précoces aux tsunamis dans l’océan Indien, dans les Caraïbes et en
Méditerranée.
2006 - Les Nations Unies, le Bureau de l’aide au développement à l’étranger (OFDA) de l’Agence des États-Unis
pour le développement international, et son équivalent intergouvernemental des Caraïbes, l’Agence caribéenne
d’intervention en cas de catastrophe naturelle (CDERA), convoquent à la Barbade les principaux partenaires
concernés pour discuter de la création d’un système d’alerte aux tsunamis dans la Caraïbe, Caraïbe Tsunami
Warning System, (CarTWS).
Au cours de cette conférence, les grandes étapes du projet sont définies : de Coordination Intergouvernementale
pour les Tsunamis dans la Caraïbe | 2 - 4 juin 2009 | Martinique
• Concevoir le système d’alerte au Tsunami et autres risques côtiers pour la mer
des Caraïbes et les régions adjacentes.
• Mettre en oeuvre un plan pour établir le système proposé.
• Définir le rôle des organisations et institutions régionales pour établir et maintenir le système. Identifier et
coordonner l’appui des financeurs.
• Informer les pays de la Caraïbe du statut du système d’alerte.
Plusieurs réunions annuelles ont suivi la réunion fondatrice de la Barbade. Le Venezuela
accueille les délégations partenaires les 12-14 mars 2006.
2008 - Le Panama organise la troisième rencontre les 12-14 mars 2008.
2009 - C’est au tour de la France d’accueillir la réunion du Groupe de Coordination Intergouvernementale pour
les Tsunamis et autres Systèmes d’Alerte des Risques Côtiers dans la Caraïbe et les Régions Adjacentes.
Quatre groupes de travail – Quatre briques élémentaires
Le Groupe de Coordination Intergouvernementale pour les Tsunamis et autres Systèmes d’Alerte des Risques
Côtiers dans la Caraïbe et les Régions Adjacentes se subdivise en quatre groupes de travail. Chacun de ces
groupes correspond à un des aspects du système d’alerte
: la surveillance, l’évaluation des risques, l’alerte et la sensibilisation, et enfin la réponse de sécurité civile.
Les groupes de travail se réunissent plusieurs fois par an. Sans subvention spécifique, les membres de ces
groupes participent sur leur fonds propres. Ils ont ajouté cette responsabilité à leurs tâches habituelles.
La dernière réunion s’est tenue en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre en décembre 2008. Au cours de ces réunions, ils
dressent un bilan des derniers mois, définissent les prochains objectifs à atteindre chacun dans leur domaine de
compétences. Une liste de recommandations est ensuite validée au cours des sessions plénières annuelles comme
celle qui s’est tenue en Martinique.
• Groupe de travail N°1 : Systèmes de surveillance et de détection, conseils en matière d’alerte
Les opérateurs de réseaux sismologiques et marégraphiques travaillent à la mise en place d’un système d’échange
de données sismologiques et marégraphiques en temps réel pour l’alerte et la prévision des tsunamis.
Actuellement le groupe conseille sur les besoins prioritaires. Il est en train de définir un réseau de base de
stations marégraphiques en temps réel pour l’alerte
et la prévision des tsunamis. Il organise des formations techniques et cherche les
moyens de maintenir ces stations. Il lance aussi des réflexions sur d’autres capteurs
complémentaires.
• Groupe de travail N°2 : Evaluation des risques
Les experts dans la modélisation des tsunamis évaluent les risques tsunami sur les côtes de la Caraïbe, en
fonction de différents scénarii et à partir des résultats de leurs modélisations. Actuellement ils développent un
plan d’action pour améliorer et élargir les cartes d’aléas tsunami existantes dans les Caraïbes et dans les régions
voisines. L’objectif est aussi de développer la capacité locale à modéliser et prévoir les tsunamis dans la région.
Pour cela, le groupe défend un projet d’acquisition de données bathymétriques de qualité suffisante. La
connaissance du paysage sous marin est essentielle pour mieux modéliser les tsunamis.
• Groupe de travail N°3 : Alerte, diffusion et communication
Les organismes assurant une veille 24 heures sur 24 travaillent pour être capable de recevoir et de transmettre
les messages reçus du centre d’alerte, aux autorités. Ils discutent les procédures et protocoles pour délivrer les
informations et des alertes au niveau national et local dans les Caraïbes et régions adjacentes.
• Groupe de travail N°4 : préparation, disponibilité opérationnelle et résilience
Les autorités responsables de la gestion de l’évacuation et des secours proposent des mécanismes pour développer
des procédures opérationnelles standard pour le système d’alerte et les réponses de secours dans toutes la
Caraïbe et les régions voisines.
2009 | Martinique
La première étape de l’alerte tsunami est la détermination en temps quasi-réel des caractéristiques des séismes.
En effet, l’analyse des enregistrements sismologiques de grande qualité transmis par les réseaux de surveillance
permet de déterminer le potentiel tsunamigène des tremblements de terre.
Surveiller les séismes et les changements du niveau de la mer
Les compétences des observatoires volcanologiques et sismologiques de l’IPGP en font des organismes de
référence en géoscience. Compte tenu de leurs missions, les observatoires de l’IPGP sont des interlocuteurs
incontournables et moteurs dans le groupe de travail consacré aux systèmes de surveillance et de détection.
La mise en place du CarTWS renouvelle totalement la stratégie de surveillance de la sismicité dans la région
Caraïbe puisqu’elle repose maintenant sur l’échange et le partage de données. En contribuant au CarTWS, l’IPGP
va continuer à remplir ses missions de surveillance tout en améliorant leur qualité. Les pays de la Caraïbe ont
rapidement commencé la modernisation de leurs réseaux.
Un réseau de capteurs dernière génération pour l’alerte tsunami
Pour assurer la production d’une alerte rapide et efficace, la participation au CarTWS impose le développement
de nouvelles technologies aussi bien pour les capteurs, la transmission, que le traitement, l’archivage et la
distribution en temps réel des données. Les observatoires de l’IPGP en partenariat avec le Seismic Research
Centre de Trinidad et Tobago (SRC) ont commencé le déploiement d’un nouveau réseau multi-capteurs à l’échelle
régionale.
Une véritable révolution technologique pour les observatoires
Qu’ils soient rapides ou lents, imperceptibles ou de grande amplitude, tous les mouvements du sol sont
enregistrés. Des sismomètres « large bande » mesurent les vibrations sismiques rapides mais aussi les plus
lentes, potentiellement ressenties. Des antennes GPS nous renseignent sur des mouvements encore plus lents.
Chaque année, la croûte terrestre bouge de quelques millimètres. Cela correspond aux accumulations ou
relâchements de forces sur les failles en profondeur. En cas de très gros séisme, les accéléromètres, capteur moins
sensible, permet permettent d’enregistrer les mouvements forts.
Deux stations large-bande fonctionnent déjà dans les petites Antilles et sont intégrées
au système d’alerte tsunami. L’une est située à Fond-Saint-Denis en Martinique (Réseau Géoscope) et l’autre à
Deshaies en Guadeloupe. Elles permettent de détecter les séismes dans la zone. Couplées aux stations des pays
voisins, le futur centre d’alerte pourra indiquer très rapidement l’occurrence d’un tsunami.
Pour valider l’alerte, on utilise des marégraphes qui mesurent en continu le niveau de la mer. Les observatoires
de l’IPGP sont en train de déployer de nouveaux marégraphes et de mettre en place la transmission en temps-réel
de stations existantes, en partenariat avec le SHOM (Service Hydrographique de la Marine), le Conseil Général
de Martinique et l’Université Antilles Guyane. En Martinique ils sont situés à Fort-de-France et au Prêcheur. En
Guadeloupe ils seront prochainement installés à Deshaies et la Désirade.
Des transmissions, un stockage et une diffusion des données plus sûres
Le délai entre un séisme ou un mouvement de terrain générateur de tsunami et l’arrivée des premières vagues
sur les côtes peut être très court. Les données doivent donc être transmises en temps réel au système d’alerte
pour un traitement rapide. Avec leurs partenaires scientifiques, les Observatoires de l’IPGP ont choisi la
transmission satellitaire. Elle garantit un fonctionnement fi able et indépendant en cas de crise majeure. Cette
solution adoptée par les observatoires français en partenariat
avec le Seismic Research Centre de Trinidad & Tobago permet en plus l’échange et le partage des données à faible
coût.
Un centre de réception des données satellitaire (hub) est installé depuis un an à l’Observatoire volcanologique et
sismologique de Guadeloupe. Un dispositif jumeau va être mis en place à l’Observatoire volcanologique et
sismologique de Martinique fin 2009. Avec celui déjà en service au Seismic Research Centre de Trinidad &
Tobago, chacun des sites pourra seconder les autres en cas de défaillance.
Un système informatique de stockage des données est aussi nécessaire dans chacun des observatoires. En plus de
permettre un accès très rapide aux données, il devra être redondant, ultra fi able et prévu pour faire face à toute
panne. L’ensemble du système doit fonctionner en temps réel et sans interruption.
Une synergie entre l’alerte, la surveillance et la recherche
Les volcans et les failles sont assez calmes pendant de longues périodes mais peuvent devenir extrêmement
dangereux et meurtriers quand ils sont actifs. L’enjeu est de savoir quand et où. Mais la compréhension de ces
systèmes telluriques n’est pas encore suffisamment élaborée pour atteindre la précision des prévisions
météorologiques par exemple. C’est pourquoi les observatoires sismologiques et volcanologiques du monde entier
sont dirigés par des organismes de recherche qui contribuent à l’alerte, la surveillance et la recherche de pointe.
Ainsi les réseaux de l’IPGP en sismologie et en volcanologie ont toujours eu une double fonction, la surveillance
pour l’information des autorités et la recherche pour l’amélioration de la connaissance des aléas telluriques.
La participation au système d’alerte tsunami ajoute de nouvelles exigences aux réseaux de surveillance actuels.
Les projets de modernisation des réseaux de l’IPGP aux Petites Antilles intègrent la surveillance opérationnelle
et l’alerte pour la sécurité des populations mais aussi la recherche la plus fondamentale pour la compréhension
des phénomènes géologiques.
Les 38 pays et dépendances concernés par le CarTWS :
ANGUILLA.- ANTIGUA.-.ARUBA.-.BAHAMAS.- BARBADOS.- BARBUDA.- .BELIZE.- BERMUDA.-BONAIRE.-.BRAZIL..COLOMBIA.-.COSTA RICA.-.CUBA.-.CURACAO.-.DOMINICA.-.DOMINICAN REPUBLIC.- FRENCH GUIANA. .GRENADA.-.GUADELOUPE.-.GUATEMALA.-.GUYANA.-.HAITI.-HONDURAS.-.JAMAICA.-.MEXICO.-.MARTINIQUE..MONTSERRAT..-.NICARAGUA.-.PANAMA.-SAINT KITTS.-.SAINT LUCIA. -.SAINT MARTIN.- SAINT VINCENT.SURINAM.-.TRINIDAD AND TOBAGO.-.TURKS AND CAICOS.- VENEZUELA.
Les tsunamis : un peu d’histoire
Depuis le début du 19ème siècle, les tsunamis dans la Caraïbe ont causé 3503 morts. Il y a une moyenne de 2
tsunamis importants par siècle.
1842 Haiti : > 300 morts
1853 Venezuela : > 600 morts
1867 Iles Vierges : 23 morts
1882 : > 75 morts
1906 : > 500 morts
1918 : 140 morts
1946 République. Dominicaine : 1865 morts
Guadeloupe &Martinique
Trois tsunamis majeurs générés par des tremblements de terre ont frappé la Guadeloupe et la Martinique :
1755 : séismes de Lisbonne et de Nouvelle Angleterre
1867 : séisme des Iles Vierges

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