Le sommeil des esclaves selon un maître et selon un ancien esclave

Transcription

Le sommeil des esclaves selon un maître et selon un ancien esclave
Du temps pour dormir
On dirait qu’ils ont besoin de moins de
sommeil. Un noir qui a travaillé dur
toute la journée, sera amené par les
distraction les plus légères à rester assis
jusqu’à minuit ou plus tard, alors qu’il
sait qu’il doit être dehors le lendemain
matin dès les premières lueurs du jour.
(…)
L’auteur écrit plus loin parlant
d’autre chose :
Cela doit être attribué à leur disposition
à dormir (…) lorsqu’ils ne sont pas
employés à un travail. Un animal qui ne
réfléchit pas doit être disposé à dormir,
bien sûr. (…)
Thomas Jefferson, Notes sur l’Etat de
Virginie, 1784-1785, traduction :
Dominique Chathuant
On ne donnait pas de lits aux esclaves, tout au plus une
couverture grossière qui en tenait lieu, et seuls les
hommes et les femmes en avaient. Cela, cependant n’est
pas considéré comme une très grande privation.
Il leur paraît moins difficile de disposer d’un lit que de
temps pour dormir, car quand leur journée de travail aux
champs est achevée, la plupart d’entre eux lavent le
linge, raccommodent et font la cuisine, et comme ils
disposent peu ou prou du confort nécessaire à chacune
de ces tâches, beaucoup de leurs heures de sommeil sont
occupées à la préparation au travail du jour suivant; et
quand cela est accompli, vieux et jeunes, hommes ou
femmes, mariés et célibataires, se laissent tomber côte à
côte, sur un lit commun : le sol froid et humide, chacun
et chacune se couvrant de sa misérable couverture. …Et
ils dorment jusqu’à ce qu’ils soient appelés aux champs
par la corne du commandeur. A ce son, tous doivent se
lever en hâte et se rendre aux champs. .Il ne doit y avoir
aucune interruption, chacun doit être à son poste et
malheur à celui qui n’entend pas (…).
Frederick Douglass, Récit de la vie de Frederick
Douglass, esclave américain, 1845, Penguin Books,
1982, traduction : Dominique Chathuant
Thomas Jefferson (1743-1826,
Virginie) fut l’un des pères
fondateurs des Etats-Unis dont il
devint le 3e Président. Une
recheche d’ADN effectuée en 1998
sur les descendants de son
esclave Sally Hemmings, laisse
très peu de doutes quant à
l’identité du père des enfants de
cette esclave. Cette information
doit être rapprochée du fait que,
dans son ouvrage sur la Virginie,
Jefferson
estimait
qu’une
éventuelle abolition allait de pair
avec l’établissement de barrières
destinées à éviter tout métissage
avec des hommes qu’il jugeait
inférieurs.
Frederick Douglass (Maryland, 1817 ou 1818- ; Washington DC,
1895).
Né sur une habitation du Maryland, Frederick Douglass fut
d’abord initié à la lecture par une de ses propriétaires
successives. Celle-ci ayant interrompu son enseignement à la
demande de son mari, l’esclave continua d’apprendre à lire en
cachette. Confié à d’autres maîtres, il s’échappa en 1838, se
maria dans le Nord et devint un célèbre abolitionniste. Son
autobiographie, publiée en 1845 était destinée à servir sa cause
mais aussi à le disculper des accusations selon lesquelles un
aussi bon orateur ne pouvait être un ancien esclave. Etat
esclavagiste, le Maryland resta dans l’Union lors de la Guerre de
Sécession.
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