Il faut agir et non consulter

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Il faut agir et non consulter
20/09/2016
Il faut agir et non consulter | Le Journal de Québec
Il faut agir et non consulter
Plusieurs dénoncent une autre consultation du gouvernement
dans les CHSLD au lieu de gestes concrets
Lundi, 19 septembre 2016 23:03
MISE à JOUR Lundi, 19 septembre 2016 23:03
Hugo Duchaine et Benoît Philie
Le coup de barre qu’entend donner Québec dans les mauvaises conditions de vie des CHSLD,
comme les bains au noir et les patates en poudre, est trop peu, trop tard dénoncent patients et
syndicats.
«On le sait déjà ce qu’il faut faire. On ne fait que gagner du temps pendant qu’on continue de traiter nos
aînés de façon honteuse», tonne le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet.
Lundi, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a annoncé que les centres d’hébergement et de soins de
longue durée (CHSLD) les plus performants seront visités cet automne pour trouver les meilleures
pratiques et les étendre au reste de la province. Il compte les mettre en place dès l’an prochain.
Que ce soit pour le ratio de personnel, l’horaire des bains ou l’alimentation, le ministre veut faire «le
mieux possible à l’intérieur des moyens du gouvernement», a-t-il précisé, réclamant aussi 790 millions $
au fédéral pour y arriver.
Besoin du fédéral
Du même coup, il tire à boulets rouges sur son homologue fédéral, Jane Philpott, qu’il dit «incapable de
s’engager à décaisser les montants promis».
Gaétan Barrette a martelé qu’il aura besoin de cet argent pour répondre aux besoins urgents dans les
CHSLD et les soins à domicile, alors qu’il se décrit «en opposition et non en collaboration», avec la
ministre fédérale.
Parmi les bons exemples qui existent déjà, il a souligné que certaines régions prennent en charge un
aîné avec des soins à domicile dès qu’il se présente à l’urgence avec un problème de santé.
Le ministre a toutefois refusé de préciser les endroits qui font bonne figure.
Inaction décriée
«Le ministre a mis le feu un peu partout et là il veut jouer au pompier», dénonce la présidente de
l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Carolle
Dubé.
Elle rappelle que le ministre a multiplié les compressions dans les CHSLD et les soins à domicile. Mme
Dubé se demande maintenant si les meilleures pratiques seront réellement trouvées en fonction de la
qualité de vie des patients ou de leur impact sur le portefeuille du gouvernement.
Par ailleurs, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) estime quant à elle que de mettre les
établissements en concurrence n’offrira pas plus de ressources.
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Pour sa part, la Coalition avenir Québec croit que le gouvernement se tourne les pouces depuis 29 mois
avant d’enfin s’intéresser aux aînés.
«Malgré les problèmes déjà soulevés et bien connus de la population, on nous annonce des consultations
et des visites de courtoisie, alors qu’il est temps de poser des gestes concrets», se désole le député de
Lévis, François Paradis.
IL DÉNONCE LE MANQUE DE PERSONNEL
Peu importe les bonnes pratiques qui peuvent être mises en place dans les CHSLD, il faut surtout plus d’employés, clame un
homme dont la femme vit en hébergement depuis plus de quatre ans.
«S’il n’y a pas personne, même si tu tires sur la cloche, t’auras pas d’aide», déplore Guy Deguire, un
résident de Laval.
L’homme de 82 ans a dû placer sa femme Teresa Internoscia au Centre d’hébergement Idola-Saint-Jean,
puisqu’il n’arrivait plus à prendre soin d’elle seul.
Si l’endroit est propre, sert de la bonne nourriture et a des employés dévoués, il manque selon lui
cruellement de préposés aux bénéficiaires.
«Ma femme est tombée de huit marches dans son fauteuil roulant. Elle s’est cassé la hanche et elle est
restée par terre une heure avant qu’on ne la trouve», raconte M. Deguire.
Lorsqu’elle marchait encore, il n’était pas rare que celle-ci réussisse facilement à sortir du centre sans
être vue, raconte-t-il. M. Deguire ajoute qu’il a déjà dû aller chercher sa femme deux kilomètres plus
loin.
Le temps presse
Pour Robert Tremblay, qui vit en CHSLD depuis 14 ans à la suite d’une erreur médicale, le gouvernement
doit se dépêcher pour améliorer les conditions de vie, et surtout, la nourriture servie aux aînés.
L’homme de 56 ans a recueilli environ 1685 noms sur une pétition électronique qu’il a lancée afin que
son établissement, mais aussi tous les CHSLD du Québec, cesse de servir des pommes de terre
déshydratées, entre autres. Il réclame aussi des repas sains et équilibrés.
M. Robert dit qu’il a remarqué au fil des ans que de moins en moins de fruits frais et de viandes, comme
le veau, sont au menu.
«Ce sont de belles paroles du gouvernement, mais il faut qu’elles deviennent bientôt des actions, car
pour nous, c’est notre dernier recours», plaide Robert Tremblay.
MAUVAIS EXEMPLES
Des patates en Poudre
Le Journal a révélé en juin que les raisins, le chou-fleur, le bacon et le veau avaient été retirés du menu
de 12 CHSLD de Montréal parce qu’ils coûtaient trop cher. Même les vraies patates pilées avaient été
remplacées par des pommes de terre déshydratées.
Bains au noir
En avril 2015, le député caquiste François Paradis soulignait que des préposés aux bénéficiaires de
certains CHSLD des Laurentides se faisaient payer en argent comptant en dessous de la table par des
aînés vulnérables qui souhaitaient obtenir un deuxième bain dans la même semaine.
Manque de personnel
Les syndicats ont maintes fois dénoncé les compressions dans les CHSLD et les soins à domicile, qui
entraînent selon eux une surcharge de travail chez les employés et un manque de surveillance et de
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soins pour les aînés.
EXEMPLES À SUIVRE
Repérage dès l’urgence
En conférence de presse, le ministre Barrette a souligné qu’une région s’assurait d’offrir des soins à
domicile à un aîné aussitôt qu’il se présente à l’urgence avec un problème de santé. Dans certains cas,
l’équipement médical nécessaire est même déjà installé à la maison avant que le patient ne quitte
l’hôpital.
Une urgence pour aînés
La directrice adjointe du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l’Île-deMontréal, Marie-France Simard, souligne qu’un projet-pilote d’urgence gériatrique vient d’être mis en
place. Il s’agit d’un endroit où les aînés qui reçoivent des soins à domicile peuvent se rendre s’ils ont
besoin d’une consultation urgente, sans avoir à se rendre à l’hôpital.
Des fiches de patients
Toujours au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, des préposés aux bénéficiaires ont remporté un prix
pour avoir créé des fiches simples avec des pictogrammes laissés devant les chambres des patients.
Ainsi, les employés peuvent rapidement connaître les besoins d’un patient sans lui reposer les mêmes
questions.
Le Québec compte environ 40 000 aînés en CHSLD. Le triple de personnes âgées reçoit des soins à
domicile.
20 commentaires
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Kev Gel · Ecole Secondaire Compagnons de Cartier
Les gens veulent avoir la perfection dans leur vie et celles de leur proches, sans
payer trop cher.
Je pense que les CHSLD font de leur mieux avec l'argent qu'ils ont.
Oui les employés gagnent chers de l'heure mais que voulez vous c'est comme
ca.
Si vous etes si dégouter par les CHSLD, bah garder votre monde chez vous ou
tourner vous vers le privé.
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Alain Perron­Grondin · Travaille chez À la retraite
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