2010-2011 Cours de Master I G.Henkin Analyse complexe
Transcription
2010-2011 Cours de Master I G.Henkin Analyse complexe
2010-2011 Cours de Master I G.Henkin Analyse complexe (Fonctions holomorphes, fonctions speciales) Part II,B. Fonctions holomorphes sur surfaces de Riemann 4. Fonctions elliptiques. Équation de Weierstrass. Définition. Fonction f ∈ M(C) s’appelle elliptique, si il existe w1 , w2 ∈ C Im w1 /w2 6= 0 telles que f est (w1 , w2 )- périodique, i.e. : f (z + k1 w1 + k2 w2 ) = f (z) ∀ z ∈ C et ∀ (k1 , k2 ) ∈ Z2 . Cettes fonctions portent le nom ”elliptique” grâce au fait que la première fonction de R w q a2 −εξ2 tel type était la fonction w(z) inverse à la fonction z(w) = 0 a2 −ξ 2 dξ, qui calcule la ξ2 a2 longueur d’un arc d’ellipse + η2 b2 = 1 avec excentricité ε. Proposition. (Hermite 1848). Soient f une fonction méromorphe, (w1 , w2 )- périodique et ∆ξ,w1 ,w2 un parallélogramme des périodes avec les sommets ξ, ξ + w1 , ξ + w2 , ξ + w1 + w2 tels que Pf ∩ b∆ξ,w1 ,w2 = ∅. Alors, X Res (f, z) = 0. z∈Pf ∩∆ξ,w1 ,w2 Preuve. La proposition découle du théorème des résidus sur surface de Riemann (Part II, A). On donne ici la preuve qui n’utilise pas la notion de surface de Riemann. (w1 , w2 )-périodicité de f implique que Z ξ+w1 f (ξ) dξ = ξ et Z ξ+w1 +w2 f (ξ) dξ ξ+w2 ξ+w2 f (ξ) dξ = ξ Donc, Z Z ξ+w1 +w2 f (ξ) dξ. ξ+w1 Z f (ξ) dξ = 0. b∆ξ,w1 ,w2 D’après le théorème de résidu nous avons X z∈Pf ∩∆ξ,w1 ,w2 1 Res (f, z) = 2πi 1 Z b∆ξ,w1 ,w2 f (ξ) dξ = 0. Proposition d’Hermite implique que dans un parallélogramme ∆ξ,w1 ,w2 une fonction f méromorphe, (w1 , w2 )- périodique telle que Pf ∩ b∆ξ,w1 ,w2 = ∅ admet au moins deux pôles simples, où un pôle est double. Proposition. (Fonctions de Weierstrass, Eisenstein 1847, Weierstrass 1863). Pour toutes w1 , w2 ∈ C : Im w1 /w2 6= 0 il existe une fonction méromorphe P(z) = Pw1 ,w2 (z), z ∈ C, avec les propriétés suivantes: i) P(z + k1 w1 + k2 w2 ) = P(z), z ∈ C, (k1 , k2 ) ∈ Z2 ii) P(z) = P(−z) iii) lim (P(z) − 1/z 2 ) = 0 z→0 iv) P(z) 6= ∞ ∀ z 6= k1 w1 + k2 w2 , (k1 , k2 ) ∈ Z2 . Définition. La fonction z 7→ P(z) s’appelle la fonction de Weierstrass. Preuve. On pose P(z) = 1 + z2 X (k1 ,k2 )6=(0,0) £ ¤ 1 1 − . (z + k1 w1 + k2 w2 )2 (k1 w1 + k2 w2 )2 Cette série converge vers la fonction méromorphe sur C puisque pour tout compact G ⊂ C\ ∪(k1 ,k2 ) {k1 w1 + k2 w2 } ∃ une constante C > 0 telle que ¯ sup ¯ z∈G ¯ 1 1 C ¯≤ − . 2 2 (z + k1 w1 + k2 w2 ) (k1 w1 + k2 w2 ) |k1 w1 + k2 w2 |3 La formule pour P(z) implique directement les propriétés i)-iv). Théorème (Liouville 1847). Toute fonction f méromorphe, (w1 , w2 )-périodique (Im w1 /w2 6= 0) peut être représentée dans la forme f (z) = R1 (P(z)) + P 0 (z)R2 (P(z)), où P(z) est la fonction méromorphe avec les propriétés i)-iv); R1 (w), R2 (w) sont les fonctions rationnelles. Preuve. La fonction z 7→ P(z) admet un seul pôle double sur ∆−(w1 +w2 )/2,w1 ,w2 . Soit b ∈ C telle que P(z) 6= b sur b∆−(w1 +w2 )/2,w1 ,w2 . D’après le théorème de résidu logarithmique la fonction P(z) admet la valeur b (avec la multiplicité) sur ∆−(w1 +w2 )/2,w1 ,w2 exactement deux fois. On suppose que P(z) 6= b sur b∆−w1 /2,w1 ,w2 /2 . Alors, la fonction P(z) étant paire, admet la valeur b sur la moitié ∆−w1 /2,w1 ,w2 /2 du parallélogramme ∆−(w1 +w2 )/2,w1 ,w2 exactement 1 fois. Soient f la fonction paire elliptique, (w1 , w2 )-pério2 dique et a, b des nombres complexes tels que f (z) 6= a et f (z) 6= b sur b∆−w1 /2,w1 ,w2 /2 . On note A = {α1 , . . . , αm } = {z ∈ ∆−w1 /2,w1 ,w2 /2 : f (z) = a} B = {β1 , . . . , βm } = {z ∈ ∆−w1 /2,w1 ,w2 /2 : f (z) = b}, où chaque αj et βk est écrite tant de fois que il y a la multiplicité des racines αj et βk . On considère la fonction F (z) = ¡ f (z) − a ¢¡ P(z) − P(β1 ) ¢ ¡ P(z) − P(βm ) ¢ ... . f (z) − b P(z) − P(α1 ) P(z) − P(αm ) D’après la construction on a PF = ∅ et ZF = ∅ sur ∆−w1 /2,w1 ,w2 /2 . D’après le théorème de Liouville nous avons F (z) ≡ const et, donc, f (z) = R1 (P(z)). Si f est la fonction elliptique, (w1 , w2 )- périodique impaire, alors f /P 0 (z) est la fonction elliptique paire et, donc, f (z) = P 0 (z)R2 (P(z)). Théorème est prouvé. Les fonctions elliptiques sont liées avec les intégrales elliptiques classiques grâce au théorème fondamental suivant. Théorème. (Weierstrass). La fonction méromorphe z 7→ P(z) avec les propriétés i)-iv) satisfait l’équation différentielle de Weierstrass: ¡ P 0 (z) ¢2 = P 3 (z) − g2 P(z) − g3 = (P − l1 )(P − l2 )(P − l3 ), 2 où g2 = 15 X (k1 w1 + k2 w2 )−4 ; g3 = 35 (k1 ,k2 )6=(0,0) X (k1 w1 + k2 w2 )−6 . (k1 ,k2 )6=(0,0) De plus, l1 = P(w1 /2), l2 = P((w1 + w2 )/2), l3 = P(w2 /2), g3 = l1 l2 l3 , g2 = −l1 l2 − l2 l3 − l3 l1 . Inversement, une fonction méromorphe satisfaisante à l’équation de Weierstrass et ayante un pôle pour z = 0 est la fonction z 7→ P(z) avec les propriétés i)-iv). Preuve. Soit z 7→ P(z) la fonction avec les propriétés i)-iv). Le zéro est un seul pôle de P et P 0 sur ∆−(w1 +w2 )/2,w1 ,w2 . Donc, pour montrer que (P 0 )2 − 4P 3 + 4g2 P + 4g3 ≡ 0, il suffit montrer que la fonction (P 0 )2 − 4P 3 + 4g2 P + 4g3 n’admet pas de pôle en z = 0 et même s’annule en z = 0. 3 Au voisinage de z = 0 nous avons les développements suivants: 1 + c1 z 2 + c2 z 4 + . . . z2 2 P 0 (z) = − 3 + 2c1 z + 4c2 z 3 + . . . z 4 8c1 (P 0 (z))2 = 6 − 2 − 16c2 + O(z 2 ) z z 1 3c 1 P 3 (z) = 6 + 2 + 3c2 + O(z 2 ). z z P(z) = En dérivant terme à terme la série, définissant la fonction P(z), on obtient l’expression pour g2 et g3 en termes de périodes w1 , w2 . Puisque g2 = −l1 l2 − l2 l3 − l3 l1 = 5c1 et g3 = l1 l2 l3 = 7c2 , on obtient que (P 0 )2 − 4P 3 + 4g2 P + 4g3 = (P 0 )2 − 4P 3 + 20c1 P + 28c2 n’admet pas de pôle en z = 0 et s’annule en z¡ = 0. ¢ Pour montrer que l1 = P(w1 /2), l2 = P (w1 + w2 )/2 , l3 = P(w2 /2) il suffit vérifier que la fonction P 0 s’annule en les points w1 /2, (w1 + w2 )/2, w2 /2 (modulo w1 Z + w2 Z) et seulement dans ces points. Soient z (1) = w1 /2, z (2) = (w1 + w2 )/2, z (3) = w2 /2. Alors, P 0 (z (j) ) = P 0 (−z (j) ) à cause de la périodicité de P 0 et P 0 (z (j) ) = −P 0 (−z (j) ) parce que P 0 est une fonction impaire, donc P 0 s’annule en z (j) , j = 1, 2, 3. Inversement, soit z 7→ P̃(z) une fonction méromorphe sur C satisfaisante à l’équation de Weierstrass et ayante un pôle pour z = 0. Alors, les fonctions P(z) et P̃(z) au voisinage du point z = 0 coinçident avec la fonction w(z), inverse à la fonction suivante z= Z [∞,w] dξ p , 3 2 ξ − g2 ξ − g3 où [∞, w] un chemin au voisinage de w = ∞, joignant ∞ et w, une détermination de p ξ 3 − g2 ξ − g3 est choisie continue sur [∞, w]. Par théorème de l’unicité les fonctions P(z) et P̃(z) coinçident sur C. Corollaire. La fonction de Weierstrass z 7→ P(z) est la fonction inverse à la fonction multiforme définie par intégrale suivante Z dξ p , z= [∞,P] 2 ξ 3 − g2 ξ − g3 où [∞, P] un chemin sur p C joignant ∞ et P, evitant les points (des branchement) l1 , l2 , l3 , une détermination de ξ 3 − g2 ξ − g3 est choisie continue le long de [∞, P]. Théorème ( Clebsch). Soient Γ = w1 Z + w2 Z un sous-groupe discret du C tel que Im w1 /w2 6= 0; z 7→ P(z) la fonction méromorphe Γ- périodique de Eisenstein-Weierstrass; g2 = 15 X (k1 w1 + k2 w2 )−4 ; g3 = 35 (k1 ,k2 )6=(0,0) X (k1 w1 + k2 w2 )−6 . (k1 ,k2 )6=(0,0) 4 Alors, les racines du polynöme P 3 − g2 P − g3 sont distincts et pour tout point (z1 , z2 ) de la courbe algébrique: V = {(z1 , z2 ) ∈ C × C : z22 − 4(z13 − g2 z1 − g3 ) = 0} il existe z ∈ C et un seul (modulo w1 Z + w2 Z) tel que z1 = P(z), z2 = P 0 (z). Preuve Puisque P 0 possède un unique pôle triple dans chaque parallélogramme de périodes, théorème de résidu logarithmique montre que P 0 possède au plus trois zéros distincts dans chaque parallélogramme de périodes. Ces sont donc les trois points z (1) = w1 /2, z (2) = (w1 + w2 )/2, z (3) = w2 /2 (modulo Γ). Théorème de résidu logarithmique implique aussi que la fonction P prend dans chaque parallélogramme de périodes au plus deux fois (et au minimum 1 fois) une valeur donnée. Soit, z = z (j) , j = 1, 2, 3, alors P 0 (z (j) ) = 0 et l’équation P(z) = P(z (j) ) admet z (j) comme racine double, i.e. P ne prend qu’une fois la valeur P(z (j) ) dans un parallélogramme de périodes et ces trois valeurs sont distincts. Si z 6= z (j) , j = 1, 2, 3 (modulo Γ), alors 2z 6∈ Γ, P(z) = P(−z) et P 0 (z) = −P 0 (−z). La fonction paire P prend exactement deux fois toute valeur de la forme P(z). La fonction impaire P 0 prend les valeurs differentes en z et −z. Donc, on obtient que ∀ (z1 , z2 ) ∈ V ∃ et unique z ∈ C : z1 = P(z), z2 = P 0 (z). Définition (l’espace projectif complexe CP n ). On désigne par z = (z0 , z1 , . . . , zn ) les coordonnées dans Cn+1 . Dans Cn+1 \{0} on considère la relation d’équivalence suivante: z ∼ z 0 ssi il existe λ ∈ C∗ tel que z 0 = λz. On désigne par CP n l’espace topologique quotient {z ∈ Cn+1 \{0}}/(z ∼ λz). On note par (z0 : z1 : . . . : zn ) = [z] la classe d’équivalence de (z0 , z1 , . . . , zn ). On peut identifier [z] avec la droite complexe dans Cn+1 passant par zéro. On dit que (z0 , z1 , . . . , zn ) sont les coordonnées homogènes du point [z] ∈ CP n . L’espace CP n est un espace compact muni d’un atlas des cartes analytiques (ϕj , Uj ) suivant: Uj = {(z0 : . . . : zn ) ∈ CP n : zj 6= 0}, ¡ z0 ẑj zn ¢ ϕj : Uj → Cn , ϕj : (z0 : . . . : zn ) 7→ ,..., ,..., . zj zj zj L’espace CP 1 est la sphère de Riemann C ∪ {∞}. Définition (courbe algébrique, courbe elliptique projective). On appelle par courbe algébrique projective l’ensemble V̄ des points de CP 2 , dont les coordonnées homogènes satisfont à l’équation V̄ = {z = (z0 : z1 : z2 ) ∈ CP 2 : P (z) = 0}, où P un polynôme homogène en coordonnées (z0 , z1 , z2 ) tel que grad P (z) 6= 0 sur V̄ . Les courbes algébriques dans CP 2 déterminées par polynômes de degrés 3,4 s’appellent des courbes elliptiques. Toute courbe elliptique est biholomorphe à la courbe de la forme V̄ = {(z0 : z1 : z2 ) ∈ CP 2 : z22 z0 = 4(z13 − g2 z1 z02 − g3 z03 ). On muni V̄ par la structure complexe naturele: l’ouvert {[z] ∈ CP 2 : z0 6= 0} sur V̄ peut être identifié en fixant z0 = 1 avec la courbe affine V = {(z1 , z2 ) ∈ C2 : z22 = 4(z13 − g2 z1 − g3 )}. Le complémentaire de V dans V̄ consiste d’un tel point ”l’infini” de coordonnées homogènes (0, 0, z2 ), z2 6= 0. Au voisinage de ce point on peut prendre comme la coordonné locale la fonction z1 /z2 . 5 Corollaire En conditions du théorème précédent on considère T = C/Γ un tore complexe. Alors, i) application z 7→ {P(z), P 0 (z)}, z ∈ T \{0} réalise isomorphisme conforme des surfaces de Riemann ouvertes: T0 = T \{0}, mod Γ, et V = {(z1 , z2 ) ∈ C × C : z22 = 4(z13 − g2 z1 − g3 )}. ii) l’application z 7→ (P(z), P 0 (z)), z ∈ T , réalise isomorphisme conforme des surfaces de Riemann compactes: T et V̄ . Exercice 1. Montrer que toute fonction méromorphe sur une courbe algébrique projective V̄ ⊂ CP 2 est rationnelle, i.e. rationnelle sur chaque carte Uj = {(z0 : z1 : z2 ) ∈ CP 2 ∩ V̄ : zj 6= 0}, j = 0, 1, 2. 5. Intégrales elliptiques. Théorèmes d’addition. Définition R f (ξ)dξ s’appelle intégrale Une fonction (multiforme) définie par formule F (z) = [z0 ,z] p elliptique si f (ξ) est une fonction rationnelle de z et de GN (z), GN (z) = a0 (z−α1 ) . . . (z− αN ), N ≤ 4, [z0 , z] un chemin joignant z0 et z, evitant les points α1 , . . . , αN . Soient (z, w) ∈ C2 . On pose p(z) = 4(z 3 − g2 z − g3 ) = 4(z − z1 )(z − z2 )(z − z3 ), où les racines z1 , z2 , z3 sont distinctes, i.e. 4g23 6= 27g32 , f (z, w) = w2 − p(z). On considère la courbe algebrique: V = {(z, w) ∈ C2 : f (z, w) = 0}. Sur la courbe V il y a une structure analytique naturelle d’une surface de Riemann: au voisinage du point (z0 , w0 ) ∈ V tel que w0 6= 0, on prend z comme coordonnée locale; au voisinage du point (z0 , w0 ) tel que w0 = 0 on a p0 (z0 ) 6= 0 et donc on peut prendre w comme coordonnée locale. L’application ϕ : V → C qui au couple (z, w) associe z ∈ C est holomorphe et donc (V, ϕ) est une surface de Riemann au-dessus de C. À une valeur de z sur cette surface correspondent deux valeurs de w distinctes si p(z) 6= 0. La fonction V → C qui au couple (z, w) associe w est aussi holomorphe sur V . Sur V on a relation wdw = (6z 2 − 2g2 )dz. Alors, la forme différentielle ω sur V définie par ω = dz/w au voisinage des points (z0 , w0 ) ∈ V tels que w0 6= 0 et par ω = dw/(6z 2 − 2g2 ) au voisinage des points (z0 , 0) ∈ V est une forme holomorphe sur V . Puisque ω est une forme fermée elle admet une primitive au voisinage de chaque point de V globalement cette primitive est une fonction multiforme. Sur V l’intégrale de ω le long d’un chemin fermé γ n’est pas nulle si ce chemin n’est pas homotope à un point. Définition La valeur de l’intégrale d’une forme holomorphe ω le longR d’un chemin fermé γ sur une surface de Riemann X s’appelle une période de l’intégrale ω. γ pSur la courbe V on considère un chemin γz,w , joignant ∞ avec un point (z, w) = (z, p(z)), dépendant (localement) de (z, w) de manière continue. 6 def Exercice 2 Montrer que la fonction de Weierstrass est la fonction u 7→ z(u) = P(u), inverse à la fonction (multiforme), définie par la formule u(z) = Z γz,w dz = w Z z ∞ dz p . p(z) (∗) On considère une droite dépendante de parametre (ξ, η) ∈ (C2 )0 : C1ξ,η = {(z, w) ∈ C2 : w = ξ + ηz}. def On pose F (z, ξ, η) = (ξ + ηz)2 − p(z). La droite C1ξ,η intersecte la courbe V génériquement en points {z (j) (ξ, η), w(j) (ξ, η)}, j = 1, 2, 3, qui satisfont les équations F (z (j) , ξ, η) = (ηz (j) + ξ)2 − p(z (j) ) = 0, (∗∗) w(j) = ξ + ηz (j) , j = 1, 2, 3. Théorème d’addition pour l’intégrale elliptique (Euler,1752). Au voisinage de tout (ξ, η) ∈ (C2 )0 l’égalité suivante est valid 3 X u(z (j) (ξ, η)) = j=1 3 Z X j=1 z (j) (ξ,η) ∞ dz p = const = 0 modulo periodes. p(z) Preuve. Il suffit montrer que 3 3 ∂ X ∂ X (j) u(z (ξ, η)) = u(z (j) (ξ, η)) = 0. ( ( ∂ξ j=1 ∂η j=1 Nous avons en utilisant (**) et la formule de dérivé de la fonction implicite F (z (j) (ξ, η), ξ, η) ≡ 0 3 ∂ X ( u(z (j) (ξ, η)) = ∂η j=1 3 3 X ¢ ¡X ∂z (j) (ξ, η) ± (j) w (ξ, η) = − ∂η j=1 j=1 3 3 X X 2(ηz (j) + ξ)z (j) =− − (j) , ξ, η) w(j) ∂F ∂z (z j=1 j=1 7 ∂F (j) , ξ, η) ∂η (z ∂F (j) , ξ, η) · w (j) ∂z (z 2z (j) . ∂F (j) , ξ, η) ∂z (z = On pose h(z) = F (z, ξ, η) et g(z) = z. Par la formule d’interpolation classique d’EulerLagrange (ou par théorème des résidus) pour tous polynômes g, h, tels que deg g ≤ deg h−2 P g(z ) on a j h0 (zjj ) = 0, où {zj } sont les zéros de h. Puisque dans notre cas deg g = deg h−2 = 1, on obtient l’égalité 3 3 X ∂ X u(z (j) (ξ, η)) = − ( ∂η j=1 j=1 2z (j) = 0. ∂F (j) , ξ, η) (z ∂z Le calcul pareil implique aussi l’égalité 3 3 X ∂ X (j) ( u(z (ξ, η)) = − ∂ξ j=1 j=1 2 ∂F ∂z (z (j) , ξ, η) = 0. Théorème d’addition pour la fonction elliptique de Weierstrass. Pour tous u1 , u2 , u3 ∈ C tels que u1 + u2 + u3 = 0 (uj 6= k1 w1 + k2 w2 , j = 1, 2, 3, (k1 , k2 ) ∈ Z2 ) les valeurs z(uj ) de la fonction elliptique de Weierstrass u 7→ z(u) en points {uj } satisfont la relation suivante z(u1 ) + z(u2 ) + z(u3 ) = 1 ¡ z 0 (u2 ) − z 0 (u1 ) ¢2 . 4 z(u2 ) − z(u1 ) Preuve. p Soit u 7→ z(u) la fonction inverse a intégral elliptique (*). ∀ u ∈ C on fixe0 w(u) = p(z(u)) comme dans la définition (*). Si u1 6= u2 par Clebsch on a {P(u1 ), P (u1 )} 6= {P(u2 ), P 0 (u2 )} et ∃! (ξ, η) tel que P 0 (uj ) = ξ + ηP(uj ), j = 1, 2. La condition u1 + u2 + u3 = 0 et théorème d’Euler implique w(uj ) = ξ + ηz(uj ), j = 1, 2, 3. Par (**) F (z(uj ), ξ, η) = 0, j = 1, 2, 3, et le polynôme p(z) ne contient pas le terme avec z 2 , nous avons l’égalité z(u1 ) + z(u2 ) + z(u3 ) = D’après l’équation de Weierstrass on a 1 ¡ w(u2 ) − w(u1 ) ¢2 η2 = . 4 4 z(u2 ) − z(u1 ) d du z(u) z(u1 ) + z(u2 ) + z(u3 ) = = w(u). Donc, 1 ¡ z 0 (u2 ) − z 0 (u1 ) ¢2 . 4 z(u2 ) − z(u1 ) Théorème d’addition d’Abel. On considère la courbe V = {(z1 , z2 ) ∈ C2 : Φ(z1 , z2 ) = 0}, et une famille de courbes Γa = {(z1 , z2 ) ∈ C2 : z2 = g(z1 , a)}, où Φ(z1 , z2 ) le polynôme irreductible des variables (z1 , z2 ) ∈ C2 et g(z1 , a) le polynôme de variable z1 ∈ C et de parametre a ∈ Cl . 8 On suppose que ∀ a le degré du polynôme ϕ(z1 , a) = Φ(z1 , g(z1 , a)) par rapport à (1) (µ) z1 égale µ. On désignons les racines de ϕ(z1 , a) = 0 par z1 , . . . , z1 qui serons autant de (k) (k) fonctions de a. On note z2 = g(z1 , a). (k) (k) Alors, l’intersection V ∩ Γa consist des points z (k) (a) = (z1 (a), z2 (a)), k = 1, . . . , µ. Théorème (Abel,1826). Soient R(z1 , z2 )dz1 la forme rationnelle sur V , z 0 ∈ V , [z 0 , z (k) ] un chemin sur V , joignant z 0 et z (k) (a), dépendant de parametre a de manière continue. Alors, la fonction R z(k) (a) P J(a) = µk=1 z0 R(z1 , z2 )dz1 admet la représentation suivante N X J(a) = r(a) + cν ln rν (a), ν=1 où r, rν sont les fonctions rationnelles de a et cν ∈ C, ν = 1, 2, . . . , N . Preuve. On montre que la différentielle de J(a) est rationnelle. On a dJ(a) = l X ∂J(a) λ=1 où µ ∂aλ daλ , ∂z ∂J(a) X = R(z (k) ) 1 . ∂aλ ∂aλ (k) k=1 (k) Puisque ϕ(z1 (a), a) ≡ 0 nous avons (k) (k) (k) ∂z1 ∂ϕ(z1 , a) ± ∂ϕ(z1 , a) =− , (k) ∂aλ ∂aλ ∂z 1 ± (k) (k) λ = 1, 2, . . . , l; k = 1, 2, . . . , µ. Alors, les fonctions ∂z1 (a) ∂aλ sont rationnelles en z1 et (1) (µ) a1 , . . . , al , ça implique que les fonctions ∂J(a) ∂aλ sont rationnelles en z1 , . . . , z1 et a1 , . . . , al . (1) (µ) d’équaEn plus, les fonctions ∂J(a) ∂aλ sont symmetriques par rapport à racines z1 , . . . , z1 tion ϕ(z1 , a) = 0 dont les coefficients sont rationnelles en a. Donc, les coefficients de la forme dJ(a) sont rationnelles en a1 , . . . , al . Il reste verifier (par recurrence) que rationalité de la forme dJ(a) implique la représentation annoncée pour J(a). Définition. La forme R(z1 , z2 )dz1 sur la courbe algebrique V = {(z1 , z2 ) ∈ C2 : Φ(z1 , z2 ) = 0} s’appele de la première espece si ∀ z 0 , z ∈ V ∃ un chemin [z 0 , z] ⊂ V tel que l’intégale R 0 [z 0 ,z] R(z1 , z2 )dz1 est uniformement bornée par rapport à z , z ∈ V . Corollaire. 9 Si dans les conditions du théorème d’Abel la forme R(z1 , z2 )dz1 est de la première espece, alors dans la conclusion du théorème on obtient J(a) ≡ const. Notation. On note par Γ = Γ(w1 , w2 ) et on appelle par réseau Γ(w1 , w2 ) dans C le sous-groupe additif de C engendré par w1 , w2 ∈ C : Im w1 /w2 6= 0, i.e. Γ = {z ∈ C : z = k1 w1 + k2 w2 , k1 , k2 ∈ Z}. Proposition (sur la fonction ζ de Weierstrass). Soit Γ = Γ(w1 , w2 ) un réseau dans C. Alors, i) la série suivante ¸ X ∙ 1 1 z 1 + + + z z − w w w2 06=w∈Γ converge normalement vers la fonction ζ(z) = ζ(z, w1 , w2 ) méromorphe en z ∈ C et 1 (w1 , w2 ) ∈ U, où U = {(w1 , w2 ) ∈ C2 : Im w w2 6= 0} ii) le produit suivant z Y (1 − z/w) exp (z/w + (1/2)(z/w)2 ) 06=w∈Γ converge vers la fonction σ(z) = σ(z, w1 , w2 ) holomorphe en z ∈ C et (w1 , w2 ) ∈ U. On a σ 0 (z)/σ(z) = ζ(z). iii) la fonction de Weierstrass z 7→ P(z) satisfait la relation suivante ¡ σ 0 (z) ¢0 P(z) = −ζ 0 (z) = − σ(z) iv) ∀ w ∈ Γ la fonction ζ(z + w) − ζ(z) ne dépend pas de z, mais dépend de w et de Γ. Preuve i) La série pour ζ(z) = ζ(z, w1 , w2 ) converge normalement sur tout compact de C × U comme la série pour P(z) dans la proposition de Eisenstein, Weierstrass. ii) Convergence de la série pour ζ(z) implique le convergence du produit pour σ(z) et la formule σ 0 (z) . ζ(z) = σ(z) iii) Dérivation de la série pour ζ(z) nous donne ζ 0 (z) = −P(z). iv) ∀ w∗ ∈ Γ nous avons ζ(z + w∗ ) − ζ(z) = P 06=w∈Γ 10 w∗ w2 6= 0. Exercice 3 Montrer que ¡ π 2 ¡ z ¢2 ¢ w1 exp sin (πz/w1 ), π 6 w1 σ(z, ∞, ∞) = z, π 2 ¡ z ¢2 π z + cos π , ζ(z, w1 , ∞) = 3 w1 w1 w1 ζ(z, ∞, ∞) = 1/z, σ(z, w1 , ∞) = ¡ π ¢2 £ 1¤ 1 , − w2 →∞ w1 (sin πz/w1 )2 3 1 lim P(z, w , w ) = . 1 2 w1 →∞ z2 w2 →∞ lim P(z, w1 , w2 ) = Exercice 3 montre que la théorie des fonctions elliptiques contient la théorie des fonctions trigonométriques comme le cas dégénéré. Exercice 4. Montrer que ∀ n ∈ Z la fonction z 7→ P(nz) est la fonction rationnelle de P(z). Formule de Cauchy-Pompeiu sur tore complexe. Théorème. Soient τ → ζ(τ ) = ζ(τ, w1 , w2 ) la fonction ζ de Weierstrass et ∆0 le parallélogramme 2 2 2 , w1 −w , −w12+w2 , w1 +w . Alors, pour toute fonction des périodes avec les sommets − w1 +w 2 2 2 u (w1 , w2 )- périodique et lisse sur C la formule suivante est valide Z 1 ¯ ) ∧ dτ, z ∈ ∆0 . u(z) = const − ζ(τ − z)∂u(τ 2πi τ ∈∆0 Preuve. D’après théorème de Green-Riemann et la définition de la fonction ζ de Weierstrass on a: Z Z 1 1 ¯ ) ∧ dτ. ζ(τ − z)u(τ )dτ = u(z) + ζ(τ − z)∂u(τ 2πi 2πi τ ∈∆0 τ ∈b∆0 D’après la formule ζ 0 (z) = −P(z) il existent constantes η1 , η2 telles que ζ(τ + w1 ) = ζ(τ ) + η1 et ζ(τ + w2 ) = ζ(τ ) + η2 . La fonction u est (w1 , w2 )- périodique, alors Z Z ¯ ηj ∂udτ = ηj udτ = 0, j = 1, 2. τ ∈∆0 τ ∈b∆0 11 Ca implique que les fonctions Z Z 1 1 ¯ u1 (z) = ζ(τ − z)∂u(τ ) ∧ dτ et u2 (z) = 2πi 2πi τ ∈∆0 ζ(τ − z)u(τ )dτ τ ∈b∆0 sont (w1 , w2 )- périodique. La fonction u2 (z) est en plus holomorphe, donc, égale const par théorème de Liouville. ¯ Corollaire. (Exercice)(Solution ∂-équation sur tore complex). ± Soient τ → t(τ ) application canonique de C sur T = C {k1 w1 + k2 w2 } et ζ(τ, w1 , w2 ) la fonction ζ de Weierstrass. Alors, pour toute f ∈ C0,1 (T ) la fonction Z 1 ζ(τ − z)f (t(τ )) ∧ dτ, z ∈ C u(z) = − 2πi τ ∈∆0 ¯ ) = f (t(τ )), τ ∈ C ssi est (w1 , w2 )- périodique sur C et satisfait l’équation ∂u(τ Z f ∧ dτ = 0. τ ∈∆0 Exercice 5. Soit V̄ = {z ∈ CP 2 : P (z) = 0} une courbe algébrique projective. Montrer que (N − 1)(N − 2) . dimC H 1,0 (V̄ ) = dimC H 0,1 (V̄ ) = 2 Indication. Par exercice 1 toute (1,0)-forme f méromorphe sur V̄ est rationnelle. Alors, sur la courbe algébrique affine V = {w ∈ C2 : P (1, w1 , w2 ) = 0} la forme f admet la représentation suivante ¯ Q(w)dw1 ∂P , si 6 0, = f ¯V = ∂P ∂w 2 ∂w2 ¯ Q(w)dw2 ∂P et f ¯V = − , si 6= 0, ∂P ∂w 1 ∂w 1 ¯ où Q un polynôme de (w1 , w2 ). La forme f ¯V se prolonge holomorphiquement sur V̄ ssi deg Q ≤ deg P − 3. Alors, dimC H 1,0 (V̄ ) = dimC {Q : deg Q ≤ deg P − 3} = (N − 1)(N − 2)/2. Exercice 6. Montrer que si dans les conditions du Théorème d’Abel ¯ Q(z1 , z2 )dz1 , R(z1 , z2 )dz1 ¯V = ∂Φ (z , z ) 1 2 ∂z2 12 où deg Q ≤ deg Φ − 3, alors dans la conclusion du Théorème d’Abel on a J(a) ≡ const (modulo periodes). Indication Si dans les conditions du théorème d’Abel la courbe est une partie affine de la courbe projective lisse, ¯ alors on pourra montrer que sous la condition deg Q ≤ deg Φ − 3 la forme R(z1 , z2 )dz1 ¯V est la forme de la première espece. Exercice 7 On pose C+ = {z ∈ C : Im z > 0}. On considère la fonction w(z) définie dans C+ par intégrale elliptique: Z dξ p w(z) = , 0 < c < 1, (1 − ξ 2 )(1 − c2 ξ 2 ) [0,z] prisé le long d’un chemin [0, z], joignant 0 et z dans C+ . On prend la détermination continue du radical égale à 1 pour ξ = 0. i) Montrer que z 7→ w(z) se prolonge en une fonction continue dans C̄. ii) Montrer que z 7→ w(z) définit un isomorphisme de C+ sur le rectangle ouvert ayant pour sommets les points −a, a, −a + ib, a + ib, où Z 1 Z 1/c dt dt p p a= , b= . 2 2 2 2 (1 − t )(1 − c t ) (t − 1)(1 − c2 t2 ) 0 1 En outre w(±1) = ±a, w(±1/c) = ±a + bi, w(∞) = bi. iii) Montrer que l’on peut prolonger la fonction inverse z = z(w) en une fonction méromorphe (w1 , w2 ) périodique de périodes w1 = 4a, w2 = 2ib dans le plan de la variable u. Définition. La fonction d’Abel est la fonction x 7→ λ(x), x ∈ [−a, a], inverse à la fonction, définie par la formule Z 1 Z λ √ dy dt p p 1 = 1. , a= , 0 < c < 1, x= (1 − y 2 )(1 − c2 y 2 ) (1 − t2 )(1 − c2 t2 ) 0 0 Exercice 8. Montrer que la fonction d’Abel est la restriction sur [−a, a] de quelque fonction elliptique. Exercice 9∗ . Demontrer que la fonction mesurable x 7→ λ(x), x ∈ R, est la fonction d’Abel ssi λ2 (x) − λ2 (y) ; x, y ∈ R. λ(x + y) · λ(x − y) = 1 − c2 λ2 (x) · λ2 (y) Bibliographie H.Cartan. Théorie élementaire des fonctions analytiques d’une ou plusieurs variables complexes, 1961, chap. V,VI P.Griffiths, J.Harris, Principles of algebric geometry, John Wiley, 1978, chap.II § 2 13