Carrie au bal du diable

Carrie au bal du diable (1976), Brian de Palma. 1h 38min
Le plan en tant que cadre, c’est-à-dire découpe et prélèvement d’une partie du monde, peut
faire l’objet d’une composition particulière : le split-screen. Cette technique consiste à diviser
l’image en plusieurs parties, chacune représentant une action différente, mais qui parce
qu’elles sont toutes visibles côte à côte accentuent l’effet de simultanéité. Si pour suggérer
que des actions se déroulent en même temps ce procédé n’est pas couramment utilisé au
cinéma (on lui préfère le montage alterné, comme vous le verrez en quatrième partie), Brian
de Palma l’a néanmoins beaucoup pratiqué, notamment dans ses films des années 70.
Aujourd’hui encore cet effet reste souvent associé au style du cinéaste.
L’avis de Nekochka :
L’effet de split-screen est grandement justifié par ce qui se passe à l’écran. D’ailleurs avant
d’en arriver là Brian de Palma alterne au montage la représentation de plusieurs actions
simultanées : les personnes bienveillantes à l’égard de Carrie qui suivent chacune la remise du
prix : son amie Sue, Miss Collins ; mais c’est aussi le complot qui se trame contre Carrie.
L’ensemble participe d’ailleurs d’un suspense prenant puisque la chute fatidique du seau est
retardée. Lorsque Carrie se prend enfin le seau rempli de sang de porc sur la tête, elle est
d’abord abasourdie et dans son regard est répété chacun des visages des spectateurs qui se
moquent d’elle. Les regards inquisiteurs se sont multipliés et tournent vertigineusement : ce
type de découpage de plan va permettre la transition psychologique puis visuelle avec le
décuplement de la fureur de Carrie. Le split-screen enferme tout le monde dans le cadre,
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comme Carrie qui, grâce à ses pouvoirs télékinésiques, le fait en emprisonnant tous les
spectateurs dans la salle des fêtes. Au découpage brutal du plan fait écho un son ciselant,
comme le couteau de la douche hitchcockienne. Le son est d’ailleurs un guide auditif pour
suivre et comprendre ce qui se passe dans chaque partie du plan ainsi découpé. La panique qui
saisit les spectateurs et qui fait que vous aurez sûrement du mal, comme eux, à comprendre
tout ce qui se passe en même temps, ne doit pas vous faire craindre un second voire un
troisième visionnement de la séquence. Au contraire, vous en apprécierez davantage le brio.
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