Rassemblement à Vroncourt-La-Côte le 17 mai 2009 pour la

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Rassemblement à Vroncourt-La-Côte le 17 mai 2009 pour la
ASSOCIATION DE RECHERCHE PHILOSOPHIQUE ET D’ACTION SOCIALE
SOMMAIRE :
Editorial
Courrier LP 25
Quelques notions : Libre arbitre /
Liberté de conscience.
Francisco Ferrer
Centre Pierre Mendès France
3, rue Beauregard
25 000 Besançon
Contact : Thierry Alzingre
[email protected]
PERMANENCES LP 25
Un bureau se tient tous les
deuxièmes mardis du mois à 18h30.
Centre Pierre Mendès France
3, rue Beauregard
25000 Besançon
Prochain n°
Esclavagisme — Colonialisme
De Victor Schœlcher à Elie Domota
Louise Michel à Nouméa
Rassemblement à Vroncourt-La-Côte le 17 mai 2009 pour la commémoration
de la naissance de Louise Michel.
11h30 rassemblement devant la mairie de Vroncourt la Côte avec discours d’un élu.
12h30 pique-commun, en cas de mauvais temps des locaux nous sont prêtés par la commune
(ancienne école communale transformée en salle d’accueil).
14h00 conférences et interventions libres en plein air.
15h30 visite du village.
16h00 fin du rassemblement et départ du village.
L’association Louise Michel a réservé la salle des fêtes d'Huilliécourt
Contact : Thierry Alzingre 09 54 90 71 92 - [email protected]
BULLETIN LP 25 N°02
Editorial
Les chrétiens vont bientôt célébrer le vendredi dit saint,
le vendredi précédant le dimanche de Pâques. Le vendredi
saint est la commémoration de la Passion, c'est-à-dire ; la
torture, le supplice et l’exécution d’un certain Jésus Christ
(celui-ci ressuscita trois jours plus tard ; pâques). Ce jour est
férié dans presque tous les pays de tradition chrétienne protestante, en France ce jour est férié dans les trois départements du Bas Rhin, du Haut Rhin et de la Moselle.
En Alsace et en Moselle le régime concordataire est toujours en vigueur : un avis du Conseil d’État du 24 janvier
1925 déclare que la loi du 18 germinal an X est toujours en
vigueur.
En effet, la loi de séparation des Églises et de l'État de
1905, mettant fin au Concordat de 1801, a été votée alors
que ces régions étaient rattachées à l’Allemagne (suite à la
défaite de janvier 1871).
Concrètement, la loi de séparation de 1905 n’est pas
appliquée en Alsace-Moselle et les quatre cultes catholiques,
luthérien, réformé et juif y bénéficient d’un statut officiel.
Prêtres et laïcs en mission, pasteurs et rabbins y sont rémunérés par l’État. Les évêques de Strasbourg et Metz sont
nommés par le chef de l’État. De fait, l’Élysée suit désormais
le souhait du Saint-Siège. Le président de l’Église protestante de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine
(EPCAAL), dont le nom est proposé par un vote du consistoire supérieur de cette Église, est lui aussi nommé par l’État.
Les membres laïcs élus des consistoires israélites des trois
départements doivent avoir l’agrément du Premier ministre.
Ce ne sont pas les seuls départements de France.
La Guyane française bénéficie d’un régime particulier : le
clergé catholique, et lui seul, est salarié par le Conseil général. Ainsi, 27 prêtres plus l’évêque sont rémunérés par un
budget de 800 000 €.
En effet, en 1911, lors de l’extension de la loi de 1905
aux Antilles et à la Réunion, une partie de la classe politique
guyanaise s’est opposée à toute modification. La Commission Coloniale émet alors un avis négatif, bien qu’elle ne soit
pas compétente en la matière.
Depuis, la question a été évoquée plusieurs fois, en particulier :
En 1970, lors de la création d’un poste de pasteur protestant à Kourou.
Lors de la désignation d’un imam musulman en Guyane.
Pour l’heure, aucune décision politique n’a remis en cause ce statut, ni ne l’a étendu à d’autres cultes.
Cas de Saint Pierre et Miquelon, une variante du régime
est également appliquée dans cette collectivité territoriale
ultramarine où la religion catholique n'a pratiquement pas
de concurrent
L’église catholique romaine préconise de jeûner ou de
manger maigre ce jour là, pas de viande.
La Libre Pensée, quant à elle, préconise de manger gras,
de festoyer, de se retrouver autour d’un repas qui se veut
avant tout fraternel.
Le bureau de la libre pensée du Doubs vous souhaite
donc un bon appétit.
COURRIER LP 25
Dans le cadre de la réhabilitation des fusillés pour
l’exemple, la libre pensée 25 à envoyé un courrier à monsieur le
maire de Besançon.
Notre association sœur en Grande Bretagne a d'ailleurs
obtenu récemment cette
réhabilitation auprès de son parlement.
Et nous organisons chaque 11 novembre des rassemblements pacifistes en divers lieux publics symbolisant la mémoire des victimes de la barbarie guerrière.
Envisageant l'an passé notre manifestation autour de la
tombe de Lucien Bersot et ne la trouvant pas, nous nous étions
renseignés auprès du service des cimetières de Besançon.
Nous y avons appris que sa dépouille avait bien été
rapatriée à Besançon en 1925,
au cimetière des Chaprais,
mais dans la fosse commune sans plaque nominative.
Votre premier adjoint m'avait d'ailleurs téléphoné pour
connaître le but de notre
recherche et m'informa d'une délibération prévue au conseil municipal courant 2008
en vue
d'installer d'une plaque commémorative au nom de Lucien Bersot, rue Battant, lieu de sa dernière adresse.
Monsieur le Maire,
Comme vous le savez certainement, la Libre Pensée
compte depuis ses origines le combat pacifiste parmi ses objectifs essentiels.
La Libre Pensée du Doubs vous demande aujourd'hui
par la présente, Monsieur le Maire, de nous de nous informer
des suites de cet engagement.
Aussi nous menons depuis plus de vingt ans diverses
actions internationales pour obtenir la réhabilitation des
« fusillés pour l'exemple » de la Grande Guerre.
Ne doutant pas de l'intérêt républicain que vous portez à
cette question, vous remerciant d'avance de votre réponse, je
vous prie de recevoir Monsieur le Maire, nos salutations les
plus pacifistes.
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BULLETIN LP 25 N°02
QUELQUES NOTIONS
Libre arbitre / Liberté de conscience.
Le libre arbitre est la contraction de
l’expression technique : « libre arbitre de
la volonté ». C’est un concept forgé par
la théologie, inventé par Saint Augustin,
afin de préciser la responsabilité du mal,
en l’imputant à la créature de Dieu et non
à Dieu lui-même - De libero arbitrio de
Saint Augustin (Augustin d'Hippone).
Effectivement si le pêché est l’œuvre
des âmes et que celles-ci sont créées par
Dieu, comment Dieu n’en serait-il pas, in
fine, l’auteur ? Par quelle pirouette théologique la responsabilité incombent à la
créature.
Augustin répond sans équivoque que «
Dieu a conféré à sa créature, avec le libre
arbitre, la capacité de mal agir, et par-là
même, la responsabilité du péché ». Extrait du dialogue entre Evodieus et Augustin
- D’où vient que nous agissons mal ? Si
je ne me trompe, l’argumentation a montré que nous agissons ainsi par le libre
arbitre de la volonté. Mais ce libre arbitre
auquel nous devons notre faculté de pécher, nous en sommes convaincus, je me
demande si celui qui nous a créés a bien
fait de nous le donner. Il semble, en effet,
que nous n’aurions pas été exposés à
pécher si nous en avions été privés ; et il
est à craindre que, de cette façon, Dieu
aussi passe pour l’auteur de nos mauvaises actions (De libero arbitrio, I, 16, 35).
- La volonté libre sans laquelle personne
ne peut bien vivre, tu dois reconnaître et
qu’elle est un bien, et qu’elle est un don
de Dieu, et qu’il faut condamner ceux qui
mésusent de ce bien plutôt que de dire de
celui qui l’a donné qu’il n’aurait pas dû
le donner (ibid., II, 18, 48).
Grâce à la notion de libre arbitre,
Dieu reste immaculé : sa bonté ne saurait
être tenue pour responsable d’aucun mal
moral.
Pourtant si Augustin affirme l’existence
du libre arbitre et qu’il faut châtier les
coupables ; il modère son propos et minimise la responsabilité selon les sectateurs. Pour certains il minimise le rôle du
libre arbitre en prétextant que l’homme a,
par le péché originel, perdu l’usage de
cette faculté.
Gardons en mémoire cette position
paradoxale, qui fait que les Réformateurs
et les catholiques pourront, sans contradiction, se revendiquer d’Augustin dans
les controverses au sujet du rôle respectif
de la grâce et du libre arbitre dans l'œuvre du salut.
Au libre arbitre, notion religieuse, est
opposée la liberté de conscience.
Cette liberté de conscience a été dénoncé par Grégoire XVI dans l’encyclique Mirari vos - condamnant le libéralisme – rédigée en 1832 jour de l’assomption de la vierge Marie c'est-à-dire
environ le 14 février.
Il condamne toute forme de liberté,
notamment la liberté de conscience mais
aussi la liberté journalistique.
« De cette source empoisonnée de l'indifférentisme, découle cette maxime fausse
et absurde ou plutôt ce délire : qu'on doit
procurer et garantir à chacun la liberté de
conscience ; erreur des plus contagieuses,
à laquelle aplanit la voie cette liberté
absolue et sans frein des opinions qui,
pour la ruine de l'Église et de l'État, va se
répandant de toutes parts, et que certains
hommes, par un excès d'impudence, ne
craignent pas de représenter comme
avantageuse à la religion.[…] De là, en
effet, le peu de stabilité des esprits ; de
là, la corruption toujours croissante des
jeunes gens ; de là, dans le peuple, le
mépris des droits sacrés, des choses et
des lois les plus saintes ; de là, en un
mot, le fléau le plus funeste qui puisse
ravager les États ; car l'expérience nous
l'atteste et l'antiquité la plus reculée nous
l'apprend : pour amener la destruction
des États les plus riches, les plus puissants, les plus glorieux, les plus florissants, il n'a fallu que cette liberté sans
frein des opinions, cette licence des discours publics, cette ardeur pour les innovations.
À cela se rattache la liberté de la presse, liberté la plus funeste, liberté exécrable, pour laquelle on n'aura jamais assez
LA LIBRE PENSEE
C’est une organisation sociale, philosophique et
culturelle. Elle dénonce les dogmatismes, les fanatismes de tous ordres et les despotismes, les inégalités
sociales, économiques et culturelles. A ses adhérents
fraternellement unis dans l’action commune, elle
propose la méthode la plus efficace de perfectionne-
d'horreur et que certains hommes osent
avec tant de bruit et tant d'insistance,
demander et étendre partout. Nous frémissons, vénérables Frères, en considérant de quels monstres de doctrines, ou
plutôt de quels prodiges d'erreurs nous
sommes accablés ; erreurs disséminées
au loin et de tous côtés par une multitude
immense de livres, de brochures, et d'autres écrits, petits il est vrai en volume,
mais énormes en perversité, d'où sort la
malédiction qui couvre la face de la terre
et fait couler nos larmes. »
« Ces éclatants exemples d’une constante soumission envers les princes, tiraient nécessairement leur source des
préceptes sacrés de la religion chrétienne ; il condamnent l’orgueil démesuré,
détestable de ces hommes déloyaux qui,
brûlant d’une passion sans règle et sans
frein pour une liberté qui ose tout, s’emploient tout entier à renverser et à détruire tous les droits de l’autorité souveraine,
apportant aux peuples la servitude sous
les apparences de la liberté. »
La liberté de conscience est ainsi attaquée car elle remet en cause le pouvoir
qu’essaye d’avoir la religion sur la conscience des gens. Elle implique naturellement la laïcité.
"La laïcité est une valeur essentielle,
avec ce souci de la liberté de conscience
et de l'égalité de tous les hommes, qu'ils
soient croyants, athées ou agnostiques.
L'idéal laïc n'est pas un idéal négatif de
ressentiment contre la religion. C'est le
plus grand contresens que l'on puisse
faire sur la laïcité que d'y voir une sorte
d'hostilité de principe à la religion. Mais
c'est un idéal positif d'affirmation de la
liberté de conscience, de l'égalité des
croyants et des athées et de l'idée que la
loi républicaine doit viser le bien commun et non pas l'intérêt particulier. C'est
ce qu'on appelle le principe de neutralité
de la sphère publique." (Henri PenaRuiz, philosophe / MAIF infos septembre
2003)
ment individuel et de rénovation collective.
Elle adjure tous les hommes de progrès, oublieux
de leurs vaines querelles, de se grouper dans son sein
pour travailler à l’avènement d’une morale rationnelle de bonheur, de dignité humaine et de justice sociale.
BULLETIN LP 25 N°02
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FRANCISCO FERRER I GUARDIA
10 janvier 1859 - 13 octobre 1909 Pédagogue anarchiste espagnol
Né à Allela, une petite ville près de
Barcelone, le treizième des quatorze
enfants d'agriculteurs catholiques et
monarchistes. A 14 ans, il est placé
chez un minotier de Barcelone qui l’influence beaucoup dans ses idéaux républicains ; Francesco lit beaucoup, s'intéresse à la politique et commence à fréquenter les milieux socialistes et anarchistes. Autodidacte, il étudie Pi y Margall et les doctrines des internationalistes.
En 1883, il rejoint la compagnie des
chemins de fer et travaille sur le trajet
Barcelone-Cervère, dont il profite pour
être un lien entre les partisans de Ruiz
Zorrilla, chef du Parti Républicain Progressiste dont Francesco est membre.
En 1884, il entre dans la loge maçonnique "Verdad" (Vérité). L'échec du coup
d'État du général Villacampa, qui voulait
proclamer la République, oblige Francisco à s'exiler à Paris avec Teresa Sanmartí, avec laquelle il a trois enfants. Il y
réside entre 1886 et 1901, en tant que
secrétaire de Ruiz Zorrilla et professeur
d'espagnol. Il s'affilie en 1890 à la loge
du Grand Orient de France. Il participe
en 1892 au Congrès Libre-Penseur à
Madrid, époque où il initie un changement d'idéologie de républicain à anarchiste.
ses manifestations dans toute l'Europe.
En France, la « deuxième manifestation
Ferrer » du 17 octobre 1909 instaure
une pratique qui se développera par la
suite : l'encadrement conjoint de la manifestation par les organisateurs et les
Le 31 mai 1906, le jour du mariage forces de l'ordre.
du roi Alfonso XIII, une bombe explose
au milieu du cortège, provoquant la L'École moderne
mort de 28 personnes; le coupable est Depuis 1885, date de la création de
Mateo Morral, traducteur et bibliothécai- l'école laïque La Verdad, en Catalogne,
re de l'École Moderne. Les conséquen- les démocrates espagnols s'employaient
ces sont l'emprisonnement de Ferrer à enlever à l'Église son hégémonie en
pour complicité, et la fermeture de l'Éco- matière d'enseignement. Le rôle de Ferle. Francesco ne sera libéré qu'en juin rer fut d'essayer d'unifier les efforts dispersés et de publier les ouvrages nécesde l'année suivante.
saires au travail dans les classes. Il
créa, en 1901, à Barcelone, L'École moderne, qui devait dans son esprit devenir le centre de tous les établissements
déjà créés, le foyer intellectuel qui permettrait d'en faire de nouveaux. Elle
s'ouvrit en août avec 30 élèves, 12 fillettes et 18 garçons. A la fin de la première
année, le nombre total des écoliers était
passé à 70.
de 1901 à 1903. Il fonde son propre
journal "Solidaridad Obrera" (Solidarité
Ouvrière) en 1907, et participe en 1909
à la campagne pour la libération des
prisonniers de Alcalá del Valle.
L'enseignement y était résolument rationaliste et prenait nettement parti contre
la religion. Les méthodes qui y étaient
appliquées faisaient appel à l'observation personnelle des élèves et à leur
réflexion. On utilisait les ouvrages publiés par la maison d'édition
(traductions de livres scientifiques, manuels...). Les principes pédagogiques qui
sous-tendaient la pratique dans les classes étaient la coéducation des sexes et
des classes sociales, l'hygiène, l'autodiscipline et le refus des punitions, le refus
des examens et le respect de l'autonomie de l'enfant. Au bout de cinq ans,
une cinquantaine d'écoles rationalistes
existaient en Espagne.
En 1899, six ans après sa rupture
avec Teresa, il épouse Léopoldine Bonnard, une maîtresse libre-penseuse avec
qui il parcourt l'Europe. Pendant ses
années parisiennes, Francisco travaille
au projet éducatif de l'École Moderne,
qu'il établit à Barcelone en août 1901.
Le moment est propice, car les milieux
ouvriers et populaires d'Espagne, ainsi
que la bourgeoisie républicaine la plus
radicale, réclament une alternative au
modèle national contrôlé de plus en
plus par l'Église catholique. L'École Moderne a donc un grand succès, et de
nombreux centres éducatifs rationalistes voient le jour dans tout le pays.
Ses tentatives de rouvrir l'École Moderne de Barcelone sont infructueuses,
et il essaye alors le même projet en
France puis en Belgique, où il fonde la
Ligue Internationale pour l'Éducation
Rationnelle de l'Enfance, dont le Président Honoraire est Anatole France. En
1908 il édite L'École Rénovée, la revue
de la Ligue, qu'il transfère par la suite à
Paris, où il reprend également la publiL'ambition de Ferrer était aussi d'en
cation des bulletins de l'École Moderne. faire une sorte de Maison du peuple, où
se tiendraient des conférences et des
En 1909, il est jugé coupable devant cours du soir et qui permettraient à chaun tribunal militaire d'être l'un des insti- cun de s'instruire.
gateurs de la Semaine tragique, et est
Grand partisan de la grève comme fusillé. Il est enterré au cimetière de
prélude de la révolution sociale, Francis- Montjuïc, à Barcelone.
co subventionne et écrit pour le journal
"La Huelga General" (La Grève Générale)
Son exécution provoque de nombreu« Ne confiez jamais votre destin et la solution de vos problèmes aux professionnels de la politique et n’acceptez pas non plus que surgissent des leaders parmi vous. Les uns et les autres vous tromperons et vous ne sortirez pas de votre condition d’esclaves. Vous commencerez à être libre quand vous serez capable de mener vous-même votre lutte ».
Buenaventura Durruti 1896 - 1936 Anarchiste espagnole
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