Réponse à Lambert Wilson : la Marseillaise est un
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Réponse à Lambert Wilson : la Marseillaise est un
Réponse à Lambert Wilson : la Marseillaise est un chant de guerre…et de liberté lefigaro.fr /vox/politique/2014/05/15/31001-20140515ART FIG00105-reponse-a-lambertwilson-la-marseillaise-est-un-chant-de-guerre8230et-de-liberte.php Pils - Rouget de Lisle chantant la Marseillaise Wikipedia Commons FIGAROVOX/T RIBUNE- Jean-Philippe Huelin, maire adjoint de Lons-le-Saunier, ville de Rouget de Lisle, déf end la Marseillaise, «expression populaire de cet élan civique qui promeut la nation comme acteur de l'Histoire». Publicité Jean-Philippe Huelin est essayiste, professeur d'histoire-géographie, co-auteur avec Gaël Brustier de Recherche le peuple désespérément et Voyage au bout de la droite. Il est également maireadjoint chargé des politiques culturelles à Lons-le-Saunier, patrie de Rouget de Lisle. Le soleil cannois aurait-il déjà f rappé? Le maitre de cérémonie du f estival de Cannes aurait été mieux inspiré en restant dans le registre du cinéma tant celui de l'histoire lui semble étranger. Ne l'accablons pourtant pas, il n'est pas le premier, et malheureusement pas le dernier, à ânonner ces sempiternelles bêtises sur la Marseillaise. Non, Monsieur Wilson, les paroles de la Marseillaise ne sont pas «épouvantables, sanguinaires, d'un autre temps, racistes et xénophobes»! Non, ces paroles ne sont pas «d'un autre temps»! La langue de Rabelais est-elle de notre temps? La Marseillaise comme tout texte littéraire exige seulement un ef f ort de recontextualisation de son écriture. Cet exercice ne devrait pas être impossible au grand lecteur qu'est Lambert Wilson! Précisons-le donc une f ois de plus, le «sang impur» de la Marseillaise n'est pas celui d'inf âmes étrangers qui devraient rendre gorge d'avoir déf ié la Révolution f rançaise. Il est au contraire celui des jeunes citoyens f rançais de l'an II qui peuvent enf in déf endre leur patrie et mourir pour elle en versant leur «sang impur» comme disaient les nobles qui eux l'avaient «bleu». Le peuple peut déf endre sa nation, voilà tout! Les révolutionnaires se sacrif ient pour répandre la liberté en Europe contre les rois et les tyrans. La Marseillaise f ut l'hymne de tous les opprimés du XXe siècle, de tous les peuples qui luttèrent pour leur liberté. Nulle xénophobie donc dans ce texte! D'ailleurs un peu plus loin, Rouget de Lisle écrit: «Français, en guerriers magnanimes Portons ou retenons nos coups! Épargnons ces tristes victimes, A regret, s'armant contre nous!» Pour autant, le cri de Lambert Wilson contre notre hymne national semble dire autre chose. Il f ait chorus avec toute une pensée médiatique et of f icielle, de la droite libérale à la gauche boboïsée, qui chantent les vertus de la diversité quand se pose la question de l'appartenance à une nation. En ef f et, il est d'autant plus dif f icile de s'intégrer à une nation pour des immigrés que les élites nationales daubent en permanence l'idée de nation. Or il est clair que pour appartenir il f aut chercher du commun, du lien. Contre l'atomisation du tout-individuel, la nation doit être un ref uge où peut s'épanouir ce qui nous rassemble ; si ce n'est pas l'histoire, ce peut être des principes, des valeurs, des moments, des commémorations, des symboles, des chants… La Marseillaise est l'expression populaire de cet élan civique qui promeut la nation comme acteur de l'Histoire. De la Marseillaise, on peut toujours en lire les paroles ou la chanter seul mais sa f orce est dans le chœur et les cœurs qui se réunissent pour la chanter ensemble, ou l'écouter «religieusement». Chant de guerre, elle est un cri de déf ense d'un «nous» contre un «eux». Il est primordial de le rappeler. Sans l'armée de l'an II, pas d'application des droits de l'homme et du citoyen. Le Code n'est rien sans le Glaive. La Marseillaise est l'expression populaire de cet élan civique qui promeut la nation comme acteur de l'Histoire. A cet égard, on comprend mieux que, dans une France que d'aucuns veulent apaisée et presque endormie, les paroles de ce chant guerrier puissent écorcher des oreilles devenues trop sensibles. Que certains, par provocation, entrainement ou aveuglement, la sif f lent parf ois lors de certaines rencontres f ootballistiques n'est qu'un des signes de sa vitalité. Que des élus ou des artistes méconnaissent à ce point les mots et l'histoire est plus gênant car l'amour de la patrie n'est jamais que l'accomplissement d'un parcours de connaissances et d'émotions pour chaque individu à qui l'on apprend à s'élever au rang de citoyen. Je pense que la Marseillaise participe toujours pleinement de cette ambition, tout du moins le devrait-elle. Parce que La Marseillaise vaut bien un timbre