Alain Bashung - Rock toujours

Transcription

Alain Bashung - Rock toujours
P A R I S
L’ÉVÉNEMENT
Juste pour
tester la sono
1982
Malgré plusieurs 45-tours, Bashung est
dans la mouise. Aussi lorsque Claude-Michel Schönberg lui propose de tenir le rôle
de Robespierre, dans « la Révolution française », un opéra-rock qu’il vient d’écrire
avec Raymond Jeannot, Bashung accepte.
Le boulot n’est pas très compliqué : interpréter trois chansons pour un double album
où l’on retrouve au générique Martin Circus, les Charlots, le Système Crapoutchick
(dans lequel un certain Alain Le Govic, futur Alain Chamfort, tient les claviers). Le
disque fait un tabac et une version scénique
est réalisée, au Palais des Sports de Paris.
Cette superproduction réunit 90 musiciens,
chanteurs et figurants. Bashung remplace
Jean Schultheis et enfile les habits de Fouquier-Tinville, l’accusateur public qui fait
tomber les têtes. L’opéra-rock restera deux
ans à l’affiche.
1980
Faux/Sipa
Le temps
de la Révolution
1987
Oh Gaby !
Sorti quelques mois après l’album « Roulette russe » – où l’on trouve notamment cet
hymne à l’autodestruction, « Je fume pour
oublier que tu bois » –, « Gaby, oh ! Gaby »,
qui devait s’appeler « Max Amphibie », cartonne dès sa sortie sur les radios et dans
les magasins de disques : en l’espace d’un
an, le 45-tours se vend à plus d’un million
d’exemplaires. Un simple tube ? Bashung
ne s’en défend pas qui dira plus tard :
« J’essaie de montrer que l’on est nuancé,
qu’il ne faut pas mettre les gens dans des
cases, qu’un même bonhomme peut un
jour faire un tube populaire puis quelque
Dalle ZPRF
Sylvie Donikan
1973
1981
Philippe Wojazer
La France s’ennuie ? Pas encore vraiment.
Cette année-là, Chuck Berry, le Stax Tour
(avec Otis Redding, Arthur Conley, Sam and
Dave et les Mar-Keys), Jimi Hendrix sont
venus à l’Olympia. Et en juin, au Palais des
Sports de la porte de Versailles, RTL a organisé le premier festival pop. Cream, le
groupe de Clapton, Baker et Bruce, est en
tête d’affiche, ce « Power Trio » vient de
sortir « Disraeli Gears » sur lequel figure
« Sunshine of Your Love », futur hymne
de tous les guitareux. Les Troggs (tout auréolés par le succès de « Wild Thing ») et
les Pretty Things (qui vont sortir l’année
suivante « SF Sorrow ») sont là aussi. Des
Français ? Pas grand monde à l’horizon. A
l’exception de Ronnie Bird (le chanteur d’
« Où va-t-elle ? »), il n’y a pas foule. Mais il y
a aussi Alain Bashung, 20 ans et un premier
45-tours (« Pourquoi rêvez-vous des EtatsUnis ? »). Il passe au tout début, au moment
de « tester la sono ». C’est la première fois
que Bashung voit une pédale wah-wah.
chose de plus biscornu. » L’année suivante, nouveau carton avec l’extravagant
« Pizza » qui contient notamment « Vertige
de l’amour ». Bashung décolle.
Franck Perry
1967
1989
7 I
TéléObs
1982
Avec
Gainsbourg
1985
Star
des Potes
1991
Trois victoires
de la musique
Bashung est seul, devant deux congas, sur
la pochette de « Play blessures », son quatrième album. Gainsbourg n’a pas posé,
mais il est l’autre père de cet album. L’alliance de deux « victimes de malentendus »,
selon Bashung, qui dit de son aîné : « Il
était barge mais rigoureux. » De son côté,
Gainsbourg se réjouit d’avoir aidé « le gamin ». Avec un rythme bien à lui : pendant
un mois, séances de travail quotidiennes
de 15 heures à 8 heures du matin, incluant
composition de textes et mélodies, virées
en boîtes, cuites au champagne-tequila,
pipi dans les taxis… et passages à vide.
Un soir, Bashung voit Gainsbourg pleurer
« qu’il a tout raté ». Lui-même chante sa
fin dans « J’croise aux hébrides » : « Je dédie cette angoisse à un chanteur disparu/
Mort de soif dans le désert de Gaby… »
« La puanteur ambiante risque de tout
rendre irrespirable […] On vous crache
à la gueule à cause de votre couleur de
peau. » Bashung étouffe dans la France
raciste. Lui qui se targue de n’avoir jamais
voté, il rejoint le mouvement dont Harlem
Désir est alors le porte-parole. « OK, avec
ses chansons, Dylan n’a jamais arrêté la
guerre, mais en l’écoutant on s’est senti
un peu moins mauvais. » En tandem
avec Boris Bergman, il enregistre un texte
pour la grande fête de SOS Racisme du
15 juin, place de la Concorde. « Quand t’as
plus rien à fumer/ Tu passes les Blacks
à tabac… » Près de 300 000 personnes se
déplacent pour le voir avec Bedos, Cabrel,
Coluche, Goldman ou les Rita Mitsouko se
mobiliser contre le Front national.
Collaboration avec Jean Fauque, deuxième.
Et cette fois-ci, l’ami de quinze ans lui porte
chance. Après « Novice » en 1989, naît « Osez
Joséphine », neuvième album de Bashung.
Les bases ont été enregistrées en dix jours
à Memphis, fief du blues, ville d’Elvis. Matériel à l’ancienne et… ballades au bord du
Mississippi nourrissent les reprises de classiques rock américain. Mais ce sont surtout les chansons en français dans le texte
qui permettent à Bashung de reconquérir
l’Hexagone : « Osez Joséphine », « Volutes »,
et « Madame Rêve ». Résultat ? Plus de
350 000 exemplaires vendus et trois victoires de la musique.

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