Moisson dans le Nord - Pas-de-Calais : les blés

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Moisson dans le Nord - Pas-de-Calais : les blés
Moisson dans le Nord - Pas-de-Calais : les blés entrent
dans les silos comme dans un moulin
PUBLIÉ LE 05/08/2015 PAR VALÉRIE SAUVAGE ‐ PHOTOS PASCAL BONNIÈRE Les agriculteurs se mobilisent depuis une dizaine de jours pour récolter les céréales. Du blé, de l’orge, mais aussi du colza. Une moisson précoce cette année, marquée par de bons rendements, une bonne qualité de blé et des prix moyens. Le soleil a ouvert la fenêtre aux moissonneuses‐batteuses. Les pluies d’orage dans la nuit de lundi à mardi ont tiré le frein à main mais la récolte a repris dès mardi après‐midi. « Dans la nuit de dimanche à lundi, il n’y avait pas d’humidité. On a été livrés jusqu’à quasiment 5 h. » Didier Sallio est le patron du silo Unéal d’Arleux, le plus important au nord de Paris, capable de stocker 180 000 tonnes de céréales. Il sillonne son fief à vélo pour passer d’une bascule à l’autre, pour orienter les chauffeurs, faire la circulation. En ce lundi après‐midi, la température dépasse les 30 °C et le silo est en surchauffe. Ghislain Mascaux, agriculteur à Bugnicourt, le village voisin, est pressé : il doit vider sa benne et regagner son champ au plus vite pour ne pas faire attendre la moissonneuse‐batteuse. Le matériel de l’entreprise agricole avec laquelle il travaille est partagé entre les agriculteurs. Et puis l’orage est attendu dans la soirée. Lui a commencé à moissonner il y a dix jours. Il a été interrompu par la pluie et espère terminer cette semaine. « Je suis installé depuis quinze ans. C’est la première fois que je commence si tôt. Mon père m’a dit que ça n’était pas arrivé à la ferme depuis 1976. » Année sèche. Les camions, eux, font la tournée des dépôts. Au silo, ils doivent laisser passer les tracteurs. Gaston a chargé à Abancourt. Il tourne depuis 7 h du matin. Ancien chauffeur, il est en retraite depuis cinq ans et se plaît à faire les saisons. Les céréales. Les pommes de terre. Les betteraves. « Si je suis une semaine sans rouler, ça me manque. » Il doit vider son chargement au quai n° 1. Un tracteur passe devant lui. Puis un autre. Il se souvient que, jeune chauffeur, il déchargeait sept tonnes à la fois. Maintenant, c’est trente. Il demande à Didier Sallio l’autorisation de passer au quai n° 3. Le camion est à nouveau pesé à vide. Gaston repart. La coopérative Unéal estime que 80 % du blé qu’elle récolte en région le sera d’ici à la fin de la semaine. La durée des moissons se comprime à mesure que les engins évoluent. Les moissonneuses coupent les épis sur 7 m voire 11 m de large. Les bennes se remplissent vite. Lundi, ce sont environ 10 000 tonnes de blé, colza et orge de brasserie qui ont été livrées à Arleux. Du rendement, de la qualité mais des prix un peu justes Les moissons – parmi les plus tardives en France – battent leur plein cette semaine dans la région. Cette année, la récolte a commencé plus tôt que d’habitude dans le Nord ‐ Pas‐de‐Calais. Le blé était mûr, à la faveur d’un climat sec depuis quelques semaines (seulement deux averses importantes depuis le mois de juin). L’essentiel de la récolte de blé devrait donc être achevé d’ici à la fin de la semaine. Et les premières tendances sont plutôt positives. Ainsi, les rendements, s’ils sont hétérogènes d’une terre à l’autre, oscillent entre 90 et 130 quintaux par hectare de blé. Un bon niveau. De même, la qualité est particulièrement intéressante avec des poids spécifiques qui atteignent la plupart du temps entre 78 et 82. « Cette année, nous trions surtout en fonction du taux de protéines », explique Marc Lebrun, technico‐commercial au sein de l’Unéal, la plus importante coopérative de la région. « Au‐dessus de 11, c’est bon pour les contrats avec les amidonniers. » Julien Lenoir, responsable commercial céréales du groupe Carré, premier négoce privé de la région, confirme : « C’est dans le Nord ‐ Pas‐de‐Calais et la Picardie que la qualité devrait être la meilleure. Nous avons toutes les cartes en main pour exporter. Nous sommes néanmoins concurrencés par les pays de la mer Noire qui disposent de moins de capacités de stockage et qui déstockent plus vite que nous et font baisser les prix. » Les prix, comme à chaque fois que la récolte est bonne – conformément au principe de l’offre et de la demande –, sont assez moyens, autour de 170 ou 175 € rendus au port de Dunkerque. Les agriculteurs ont déjà connu mieux. Ils ont aussi connu pire.