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Contact 33 10/10/05 16:32 Page 1 Vie de l’association ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2005 QUELLES PERSPECTIVES POUR NOS TERRITOIRES RURAUX ET DE MONTAGNE ? Pierre Lacombe, président de l’ADEFPAT “A la suite de l'élargissement de la communauté européenne, nos territoires ruraux de Midi-Pyrénées ne feront plus partie des régions en retard de développement. Nous devons donc nous préparer à obtenir moins d'argent des fonds structurels et à les obtenir différemment. L'ADEFPAT est concernée par cette réduction des crédits puisque 50 % de notre budget provient du Fonds Social Européen au titre de l'objectif 2. D'autre part, notre avenir est étroitement lié à celui des territoires : si faute de moyens, les territoires euxmêmes ne pouvaient plus mettre en œuvre des projets, cela rejaillirait forcément sur notre activité et nous n'aurions alors plus de raison d'exister.” Daniel Poulenard, consultant “Il ne faut pas être trop pessimiste : La baisse des subventions européennes de 30 et 60 % est à mettre en parallèle, avec le fait que chaque année la France et les D.Poulenard différents programmes régionaux rendent entre 20 à 40 % des enveloppes prévues. Finalement si on se prépare bien, on pourra faire aussi bien, avec moins. D'autre part, l'évaluation de la politique régionale a prouvé l'efficacité de concentrer les crédits dans les régions en retard de développement. D'une part des pays, comme l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, ont connu des records de croissance et d'autre part leur développement a eu un retour positif sur l'emploi et la croissance des pays les plus riches par le biais des marchés ouverts à leurs entreprises.” Anne Froment, directrice de l’ADEFPAT “Pour 2007-2013, la politique de développement rural (deuxième pilier de la politique agricole commune) sera financée sur le Fonds Européen Agricole et de Développement Rural et déclinée en quatre axes d'actions. Trois axes "verticaux" : compétitivité des secteurs agricoles et forestiers ; environnement, gestion du territoire ; diversification de l'économie rurale et qualité de la vie en milieu rural et un axe transversal Leader.” Éric Adrien, Conseil général du Gard “L'Arc Latin est un réseau de 66 collectivités territoriales de type Conseil général qui fédère des Italiens, des Français et des Espagnols. Il s'est doté d'un cadre de développement rural ayant pour principe la reconnaissance de l'ensemble des acteurs ruraux au bénéfice des aides européennes et le développement de nouvelles solidarités et complémentarités entre les villes et les campagnes. Depuis 2003, nous travaillons sur des propositions d’actions pour le FEADER. Il est très important, pour nous collectivités territoriales, que l’axe de développement rural et l’axe Leader aient un minimum de dotations sinon seuls les agriculteurs pourraient bénéficier de ces aides. Malgré tout, consciente de la rareté future des fonds, notre assemblée a adopté le 24 juin 2005 les priorités à inscrire dans chacun des trois fonds européens.” Jean-Marc Pastor, sénateur, Conseil général du Tarn “Les modifications générales pour 20072013 sont de quatre ordres : - une concentration des aides auprès des États qui en ont le plus besoin et qui sont le plus en difficulté ; - la confirmation que tout le monde pourra être éligible à des financements européens ; - une simplification dans le fonctionnement avec la suppression des zonages ; - une réduction des objectifs qui, de six, passent à trois. Depuis 1998, l'Europe accompagne les contrats de plan Etat-Régions. Cette approche a permis à des zones défavorisées qui n’avaient pas obligatoirement des projets d'avoir un minimum de retour financier. Mais maintenant nous allons devoir fonctionner selon une nouvelle pratique : celle du projet de territoire porté par un bassin d'emploi ou une intercommunalité, avec un partenariat entre des opérateurs privés ou publics. C'est ce partenariat de projet sur un territoire donné qui fera la différence. Lorsque la Commission et le Parlement auront validé la nouvelle politique et ses financements, les états membres devront définir avec les régions, une sorte de charte locale. En attendant, dans une période de changements et d’incertitudes, les seuls qui ont raison, sont ceux qui vont de l'avant et qui mettent en place un certain nombre de mécaniques pour être en capacité de faire des propositions. Nous devons donc saisir notre chance pour agir localement et efficacement. C'est ce à quoi je vous invite.” J.M.Pastor L’intégralité des interventions peut être demandée à l’ADEFPAT. Voir aussi Contact-ADEFPAT n°31 et le site Internet : www.ruraleurope.org Contact ADEFPAT : lettre périodique Président de l’association : Pierre Lacombe - Rédaction : François Moinet - Impression : ICSO-Albi ADEFPAT : Association pour le développement par la formation, des projets, acteurs et territoires Aveyron, Lot,Tarn,Tarn-et-Garonne Association financée par le FSE, l’Etat et le Conseil régional Midi-Pyrénées, avec le concours des Conseils généraux. ADEFPAT, 1 rue de Jalard, 81 000 ALBI - Tél.: 05 63 36 20 30 - Fax : 05 63 36 20 31 - email : [email protected] Contact 33 10/10/05 16:32 Page 2 N° 33 / Octobre 2005 La lettre des partenaires de l’ADEFPAT EXPRESSION Pierre Lacombe, président de l’ADEFPAT. Lors de notre dernière assemblée générale le 7 juillet dernier à Valence d'Agen, nous avons évoqué les perspectives qui peuvent être envisagées pour nos territoires ruraux, à la lumière de ce que pourraient être les financements européens après 2006. Les exposés très fournis de Daniel Poulenard et de Jean-Marc Pastor, dont des extraits sont reproduits dans cette lettre, ont été particulièrement intéressants à cet égard. Par ailleurs, le premier carrefour de la formation pour l'emploi "Form'Avenir", organisé par le Conseil Régional de Midi-Pyrénées les 16 et 17 septembre 2005, nous a donné l'opportunité, en collaboration avec l'ADEPFO, d'exposer notre méthode de formation-développement, de décrire implantation territoriale notre réciproque et de présenter notre projet interrégional ADEP. Plusieurs représentants des Régions partenaires venus de Finlande, d'Irlande et de Pologne ont bien voulu témoigner à nos côtés. La liaison entre ces deux événements apparaît dans la nécessité, évoquée par Jean-Marc Pastor, d'avancer et de se montrer innovant ; indépendamment des enveloppes financières ou des clés de répartition qui accompagneront demain l'aménagement du territoire et le développement local. PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ L’HÔTEL DE MONCLAR-DE-QUERCY De g. à d. : Jean-Paul Albert, Elizabeth Espitalié, Jihan Ghiati, Suzanne Guérin, Daniel Boulet et Jean Garrocq La commune de Monclar-de-Quercy dans le Tarn-et-Garonne a choisi d'aider un hôtelier à s'installer. Avec l'appui d'une formation-développement ADEFPAT, tous les partenaires se sont mobilisés pour la réussite de ce projet. "Quand l'opportunité s'est présentée d'acheter à un prix raisonnable la petite ferme qui surplombait le lac de pêche, la commune n'a pas hésité une seconde, explique Jean-Paul Albert, le maire de Monclar-de-Quercy qui est aussi conseiller général du canton. La question de son affectation s'est rapidement posée. Après l’étude de diverses possibilités, la création d'un hôtel-restaurant nous a semblé l'option pertinente : l'ancien hôtel du lac était fermé depuis des années et cela nous faisait défaut ; d'autant plus que nous voulions développer notre économie touristique. Montauban et Toulouse ne sont pas loin : il y a beaucoup de clientèle de passage. Il y a aussi une clientèle locale pour un restaurant de qualité. Bref nous avons décidé de financer le gros œuvre, à charge pour un futur hôtelier de financer les équipements et le fonctionnement." Au-delà de la bonne idée, les problèmes à résoudre étaient nombreux : trouver les financements pour boucler le budget d'investissement, organiser les relations de partenariat, clarifier les relations juridiques entre un privé et la collectivité publique, identifier le bon porteur du projet… La complexité de ce type de projet est telle que leur aboutissement n'est possible que si le maire, ou un élu, les fait sien. Cela se comprend aisément lorsque l'on sait que ce projet a représenté quatre Contact 33 10/10/05 16:32 Page 3 Dossier années de soutien et l'équivalent de quatre années de la capacité d'investissement de la commune. Il a donc fallu convaincre les opposants, du bien fondé de l'investissement et de l'intérêt qu'il y avait à redynamiser l'économie communale, plutôt que de refaire les trottoirs du bourg. Il faut aussi savoir aller chercher les subventions dans la jungle des financements et obtenir des taux intéressants. " Sur ce projet, on frise les 60% d'aide publique, précise Jean-Paul Albert. Ce taux peut paraître élevé mais au-dessous, nous n'aurions pas pu mener le projet à bien. Et surtout, nous n'aurions pas trouvé de candidat qui veuille prendre le risque de s'installer. De la même façon, pour que cela soit motivant, il a fallu imaginer une sorte de crédit-bail qui lui permette de devenir propriétaire des murs ; sachant que le loyer serait calculé sur le remboursement de l'emprunt fait par la commune." Candidat à la carte… A la mesure des responsabilités engagées, on comprend l'importance du choix du candidat. Cela s'est fait en partenariat avec la Chambre de commerce et d'industrie de Montauban. " Nous avons l'expérience des créations et des reprises d'entreprises, explique Jean Garrocq, conseiller au Tourisme. Le L’hostellerie des lacs est un hôtel restaurant de 11 chambres (dont 2 accessibles aux handicapés) avec une capacité de 100 couverts en salle et 60 en terrasse. Animation musicale le samedi soir. L’agrément Logis de pêche est en cours. L’établissement domine un des trois plans d’eau sur lesquels se pratiquent pêche, baignade et activités nautiques. bon candidat ne doit pas être obligatoirement un professionnel mais quelqu'un de motivé et capable d'apprendre. Daniel Boulet avait ces capacités et cette motivation. " "À cette période de ma vie, j'avais envie de poser ma valise de représentant de commerce et de mener à bien mon projet de reconversion, explique Daniel Boulet. J'avais des attaches familiales dans la commune. J'étais aussi vraiment soutenu par la municipalité propriétaire du bâtiment, par le conseiller technique de la chambre de commerce et par l'animatrice du Pays Midi-Quercy mais, il me fallait encore acquérir des LES POINTS-CLÉS DE LA RÉUSSITE Accepter que les choses se fassent lentement - Le montage des dossiers prend du temps (dossiers de demande de subventions, établissement des devis, rédaction des conventions juridiques, dossiers administratifs…) - Il y a de nombreux problèmes à régler (suivi du chantier, gestion des artisans, relations avec la commission de sécurité…) Analyser tous les points du projet - Une commune ou une collectivité ne peut pas improviser. - Le sérieux du montage de projet permet au porteur de projet de rester confiant. Utiliser toutes les ressources de la formation - Se former sur les compétences et les techniques du métier. - Se former à la commercialisation et à la gestion. - Se former sur le montage du projet et sur l'intégration dans le pays. Savoir gérer la communication - Ne rien laisser dans le flou, analyser les désaccords et écrire ce qui a été décidé. - Informer honnêtement le porteur de projet des difficultés rencontrées et réciproquement. - Informer régulièrement tous les partenaires. compétences et monter un projet qui tienne la route. Une formationdéveloppement ADEFPAT a donc été proposée par la Chambre de commerce et le Pays." "Il fallait aussi que le porteur de projet soit quelqu'un qui ait un véritable projet de vie sur le territoire et pas seulement envie de faire une bonne opération commerciale. Construire un hôtelrestaurant est long et complexe, constate Elizabeth Espitalié, formatrice. La réglementation est lourde et entraîne des contrôles : les délais s'allongent et avec les imprévus, deux ou trois années sont un minimum. Dans un sens, cela permet de passer du projet à la réalité, en s'appropriant toutes les étapes. Daniel Boulet a su mettre à profit ce temps pour suivre de nombreuses formations techniques. Elles sont venues compléter la formation-développement. Celle-ci avait plutôt pour cible de l'aider à concevoir le fonctionnement de son hôtel, et pas d'un hôtel en général, à l'adapter à son environnement et à le rendre autonome dans les domaines de la gestion et de la commercialisation." … et Pays au menu ! "Il était important aussi que la formation-développement aide le porteur de projet à s'inscrire dans le contexte local, ajoute Jihan Ghiati, coordonnatrice tourisme pour le Syndicat mixte du pays Midi-Quercy. Par exemple, les offices de tourisme, qui travaillent en réseau, peuvent adresser des clients, proposer les prestations à des autocaristes, valoriser et faire la promotion de l'hôtel… Cet hôtelrestaurant est une offre de qualité complémentaire de ce qui existe déjà et Contact 33 10/10/05 16:32 Page 4 Dossier cette diversité permet de mieux former et de mûrir ses choix. répondre à la demande de la clientèle et L'inconvénient est qu'il y a des risques de de mieux vendre l'ensemble des démotivation. Il faut le gérer par de la prestations. Le rôle du pays étant de transparence et du courage dans la favoriser un aménagement et un communication." développement équilibrés du territoire. "Je ne me suis pas découragé, tout au long La formation-développement parce de ces quatre années, assure Daniel qu'elle insère le porteur de projet dans ce Boulet; sauf pendant quelques mois, territoire et lui apprend à coopérer avec quand nous pensions que certains ses partenaires, est un atout financements ne seraient pas accordés. déterminant.” C'est à ce moment que j'ai apprécié Cela s'est aussi traduit dans le d'être soutenu. Le maire m'a clairement recrutement : les quatre salariés de expliqué ce qui se passait, il m'a tenu l'hôtel, habitent dans le village ou aux constamment au courant et sa franchise alentours et le chef cuisinier est venu m'a permis de rester motivé. Je lui en suis s'installer à Monclar-de-Quercy. reconnaissant. C'est aussi pour toutes ces "Ces multiples partenariats créent un personnes et grâce à tous ces liens tissés, climat rassurant qui encourage le porteur que j'ai envie de me battre et de réussir." de projet. Le parcours de création est difficile et il faut à tout prix instaurer un climat de confiance et du dialogue, conseille Jean-Paul Albert. Il faut Adrian Kadlecsovics expose ses collections de minéraux dans veiller à être précis, clair dans les l’ancienne école louée par la commune de Saint-Chamarand. discussions. S'il y a désaccord, on négocie. Puis on contractualise par écrit. Une autre contrainte est le temps nécessaire. Une commune ne peut pas improviser ou investir sur un coup de tête. Tout est long et va au rythme de l'administration. L’avantage est que cela permet au porteur de projet de bien se L'ADEFPAT ACCOMPAGNE D’AUTRES PARTENARIATS PUBLIC/PRIVÉ “L'Oustal” à Puylarroque (82) est un restaurant réalisé par la commune et géré par un jeune couple venant des Landes. “La Grange” à Vazerac (82) est un restaurant installé dans un bâtiment appartenant à la commune qui l'a rénové et donné en gérance à un professionnel privé. “La Grézalide” à Grèzes (46) est un Hotel-Restaurant ***, labellisé Hôtel au Naturel, créé par la communauté de communes dans un château désaffecté, et géré par un couple non issu de la profession. “Le centre de Fontbonne en Grésigne” à Penne (81) est une structure d'hébergement de 100 lits appartenant au Conseil général, reprise par une association pour y développer l'accueil et les séjours de groupes et de classes autour des activités de pleine nature. “La Maison de l'Aubrac” à Aubrac (12) est un espace scénographique, d'exposition et de vente de produits du terroir, réalisé par le syndicat des communes du Nord Aveyron et donné en gérance à une SARL. “Compeyre " dans le Parc des Grands Causse (12) est un circuit de découverte sur le thème du vin. Ce projet a été réalisé en partenariat entre la commune de Compeyre, la cave coopérative et une association. “Le Musée de la Minéralogie" à Saint-Chamarand (46) résulte d’un partenariat entre la commune, le pays Bourian et un habitant collectionneur. “La maison de l'emploi, de la formation et de l'internet, des Deux-Rives" à Valence d'Agen (82) est le regroupement, dans un bâtiment restauré par la communauté de communes, d'un point emploi, d'une association intermédiaire, d'une cyberbase et d'une association locale de formation. Suzanne Guérin, conseillère en formationdéveloppement. Ce projet est intéressant car il montre bien la nécessité d'avoir non seulement un élu moteur mais une vraie politique de développement touristique à l'échelle du pays. Car si la création de l'hôtel lui-même est du ressort du partenariat entre la commune et l'hôtelier, sa réussite dans la durée s'appuiera sur le pays. L'objectif étant que cet équipement s'inscrive dans une stratégie touristique plus large dont il pourra bénéficier. Ces différents niveaux de soutien : commune qui aide à l'investissement, pays qui aide à la commercialisation et à la promotion, Chambre de commerce et d'industrie qui aide à la gestion, se renforcent les uns les autres et augmentent les chances de réussite. D'autre part, on voit que le partenariat public-privé est une des clés du développement local. En effet, l'hôtellerie est une industrie lourde avec des temps de retour sur investissement très longs. Les investisseurs privés préfèrent s'orienter vers des sites où la clientèle est assurée ; ils rechignent à s'installer dans les zones en difficultés ou faiblement peuplées. Cela impose à la collectivité de participer aux investissements pour diminuer la charge d'emprunt. Elle y trouve son intérêt en terme de développement économique et de services rendus à la population. De son côté, l'hôtelier peut consacrer ses propres ressources à des équipements modernes et adaptés. Ici, la charge d'acquisition des murs est étalée sur 20 ans. La collectivité s'est positionnée clairement sur le projet et a su jusqu'où elle ne voulait pas aller. Cela sous-entend qu'elle ait une stratégie et qu'elle exerce ses responsabilités.