CIRCOLARE N

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CIRCOLARE N
Saggio breve – Bac blanc Sicile 2014
Dopo aver analizzato l’insieme dei documenti proposti, formulate un saggio breve in riferimento al tema
posto (circa 600 parole)
Défendre la liberté par la guerre ou refuser la guerre au nom de la paix?
Document 1
"Est-ce vrai que vous soyez réellement devenu fou, Ferdinand? me demande-t-elle un jeudi.
– Je le suis ! avouai-je.
– Alors, ils vont vous soigner ici?
– On ne soigne pas la peur, Lola.
– Vous avez donc peur tant que ça!
– Et plus que ça encore, Lola, si peur, voyez-vous, que si je meurs de ma mort à moi, plus tard, je ne veux
surtout pas qu’on me brûle ! Je voudrais qu’on me laisse en terre, pourrir au cimetière,
tranquillement, là, prêt à revivre peut-être… Sait-on jamais ! Tandis que si on me brûlait en cendres, Lola,
comprenez-vous, ça serait fini, bien fini… Un squelette, malgré tout, ça ressemble encore un peu à un
homme… C’est toujours plus prêt à revivre que des cendres… Des cendres c’est fini!… Qu’en ditesvous?…
Alors, n’est-ce pas, la guerre…
– Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand! Vous êtes répugnant comme un rat…
– Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu’il y a dedans… Je ne la déplore pas moi…
Je ne me résigne pas moi… Je ne pleurniche pas dessus moi… Je la refuse tout net avec tous les
hommes qu’elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatrevingtquinze millions et moi tout seul, c’est eux qui ont tort et c’est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à
savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir.
– Mais c’est impossible de refuser la guerre, Ferdinand! Il n’y a que les fous et les lâches qui refusent la
guerre quand leur Patrie est en danger…
– Alors vivent les fous et les lâches ! Ou plutôt survivent les fous et les lâches ! Vous souvenez-vous d’un
seul nom par exemple, Lola, d’un de ces soldats tués pendant la guerre de Cent Ans?… Avez-vous jamais
cherché à en connaître un seul de ces noms ?… Non, n’est-ce pas ?… Vous n’avez jamais cherché? Ils vous
sont aussi anonymes, indifférents et plus inconnus que le dernier atome de ce pressepapiers devant nous, que
votre crotte du matin… Voyez donc bien qu’ils sont morts pour rien, Lola !
Pour absolument rien du tout, ces crétins! Je vous l’affirme! La preuve est faite! Il n’y a que la vie qui
compte. Dans dix mille ans d’ici, je vous fais le pari que cette guerre, si remarquable qu’elle nous paraisse à
présent, sera complètement oubliée …
Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932
Document 2
La guerre ne crée que la guerre. La vérité est extrêmement simple. Le désarroi des esprits se mesure à la
nécessité de redire les vérités les plus simples. La guerre est tout simplement le contraire de la paix.
C'est la destruction de la paix. Une destruction ne protège ni ne construit ce qu'elle détruit. Vous
défendez votre liberté par la guerre ? La guerre est immédiatement la perte totale de votre liberté
Comment la perte totale de la liberté peut-elle protéger la liberté ? Vous voulez rester libre et il faut
immédiatement vous soumettre, l'absolu de votre victoire étant en rapport direct avec l'absolu de votre
soumission. Vous me dites soumission momentanée jusqu'à la victoire. Méfiez-vous des mots : la victoire de
qui ? De vous qui défilerez au pas dans les rangs et ferez « tête droite » et présenterez l'arme jusque sous les
arcs de triomphe ? Non, victoire de ceux à qui vous présenterez les armes et que vous saluerez au
commandement de « tête droite » ; vous avez défendu votre liberté par la guerre ; vous avez gagné la guerre
de la liberté et vous êtes dans la soumission la plus totale. Vous me dites momentanée, mais qui fera cesser
ce momentané ? Pas vous puisque vous n'êtes plus libre. Le bon vouloir de vos chefs ? Vous convenez donc
que votre liberté est sujette de vos chefs. Et si elle est sujette, vous ne l'avez donc pas défendue et vous êtes
tombé dans le danger que vous vouliez éviter.
Donc la guerre ne peut pas défendre la liberté. Elle ne peut rien défendre qu'elle-même. Et quand elle vous
présente le poteau, la corde et le bandeau pour les yeux, elle se défend elle-même, seule.
Au matin de toutes les mobilisations générales, les guerres qu'on présente sont toujours raisonnables.
Ceux qui refusent alors de la faire ont l'air de refuser la marche en avant. Ils refusent seuls de reculer.
Car se servir de la guerre pour s'enrichir d'empires ou de richesses spirituelles, c'est devenir plus pauvre de
tout.
Jean Giono, Recherche de la pureté, 1939
Document 3
Courage
Paris a froid Paris a faim
Paris ne mange plus de marrons dans la rue
Paris a mis de vieux vêtements de vieille
Paris dort tout debout sans air dans le métro
Plus de malheur encore est imposé aux pauvres
Et la sagesse et la folie
De Paris malheureux
C’est l’air pur c’est le feu
C’est la beauté c’est la bonté
De ses travailleurs affamés
Ne crie pas au secours Paris
Tu es vivant d’une vie sans égale
Et derrière la nudité
De ta pâleur de ta maigreur
Tout ce qui est humain se révèle en tes yeux
Paris ma belle ville
Fine comme une aiguille forte comme une épée
Ingénue et savante
Tu ne supportes pas l’injustice
Pour toi c’est le seul désordre
Tu vas te libérer Paris
Paris tremblant comme une étoile
Notre espoir survivant
Tu vas te libérer de la fatigue et de la boue
Frères ayons du courage
Nous qui ne sommes pas casqués
Ni bottés ni gantés ni bien élevés
Un rayon s’allume en nos veines
Notre lumière nous revient
Les meilleurs d’entre nous sont morts pour nous
Et voici que leur sang retrouve notre coeur
Et c’est de nouveau le matin un matin de Paris
La pointe de la délivrance
L’espace du printemps naissant
La force idiote a le dessous
Ces esclaves nos ennemis
S’ils ont compris
S’ils sont capables de comprendre
Vont se lever.
Paul Éluard, Au rendez-vous allemand, 1944
Document 4
Alle fronde dei salici
E come potevamo noi cantare
con il piede straniero sopra il cuore,
tra i morti abbandonati nelle piazze
sull'erba dura di ghiaccio, al lamento
d'agnello dei fanciulli, all'urlo nero
della madre che andava incontro al figlio
crocifisso sul palo del telegrafo?
Alle fronde dei salici, per voto,
anche le nostre cetre erano appese:
oscillavano lievi al triste vento.
Salvatore Quasimodo, Giorno dopo giorno, 1947
Aux branches des saules
Et comment pouvions-nous chanter
le pied de l’étranger sur le coeur,
parmi les morts abandonnés sur les places,
sur l’herbe durcie par le gel, aux plaintes
d’agneau des enfants, au hurlement noir
de la mère avançant vers son fils
crucifié sur un poteau télégraphique?
Aux branches des saules, par voeu,
nos cithares aussi étaient pendues,
légères oscillaient au triste vent.
Salvatore Quasimodo, Giorno dopo giorno,1947
Document 5
Plantu, Le Monde, 6 février 1994
Rédaction de l’Essai Bref
Défendre la liberté par la guerre ou refuser la guerre au nom de la paix ?
“La guerre, ce n’est pas l’acceptation du risque, ce n’est pas l’acceptation du combat,
(…) ce n’est que l’acceptation pure et simple de la mort. » (A. de Saint-Exupéry).
Le thème de la guerre nous est présenté à partir de cet ensemble documentaire proposé,
constitué par un passage du roman « Voyage au bout de la nuit » écrit par Céline en 1932;
un extrait du roman « Recherche de la pureté » de Jean Giono; le poème « Courage » tiré par
« Au rendez-vous allemand » de Paul Éluard ( 1944); le poème italien « Alle fronde dei
salici » faisant partie du recueil « Giorno dopo giorno » de Salvatore Quasimodo ; une bande
dessinée réalisée par Plantu en 1994 et parue sur « Le Monde ».
À la lumière de ce corpus documentaire, on pourrait se poser un interrogatif:
serait-il convenable de soutenir la guerre afin d’obtenir la liberté, ou bien de l’éviter et la
rejeter en tant qu’une arme impitoyable et détestable?
Pour répondre à cette problématique, nous nous concentrerons dans un premier temps sur
l’esprit positif et soutenable de la guerre, pour nous arrêter, ensuite, sur son inutilité et le
danger terrifiant qu’elle entraîne.
Tout d’abord, dans ce débat parmi les défenseurs et les opposants de la guerre, plusieurs
parmi eux ont soutenu l’importance irremplaçable du conflit, loué comme un moyen qui
rend possible l’avancement, le progrès, la floraison et le prestige d’une Nation. Un exemple
nous est fourni par le poème de Paul Éluard « Courage ».
Comme le suggère le titre, ce poème a comme but celui d’inciter la population à accepter de
sacrifier sa vie, dans un sentiment d’abnégation et dévouement à la patrie qu’il faut défendre
et sauver de l’abîme insupportable et injuste de l’oppression et misère générées par le joug
de l’ennemi allemand. En particulier, tout au long du texte, le poète s’adresse directement à
Paris en le personnifiant et en utilisant, par exemple, la similitude « tremblant comme une
étoile », puisque la ville se trouve écrasée par la « fatigue et la boue », dont elle va,
toutefois, se libérer grâce à l’élan héroïque, exemplaire et admirable des soldats, qui vont
conduire le « Paris malheureux » vers une nouvelle vie, un « printemps » de richesse et
stabilité.
Une autre voix favorable à la guerre est exposée dans le premier document de Céline, dont
ceux qui refusent la guerre sont accusés d’être « répugnants », « fous et lâches ».
De l’autre côté, on relève la véhémence avec laquelle plusieurs écrivains visent à blâmer
et dénoncer la guerre comme acte exécrable et aberrant. Parmi eux, on remarque l’œuvre de
Céline qui fait émerger ce caractère injustifiable du conflit armé qui ne déclenche que la
peur, la terreur au sein des populations. Au même temps, il illustre l’inutilité de la guerre
qui, en effet, n’assure en aucun cas le salut d’une Nation.
De surcroît, la mémoire « si remarquable » des soldats morts en bataille est inexorablement
destinée à tomber dans l’oubli, vu que leurs efforts restent vains, inutiles: « Ils vous sont
anonymes (…), inconnus ».
De la même façon, le deuxième document, « Recherche de la pureté », expose une âpre
critique à la cruauté de la guerre: « la guerre ne crée que la guerre, c’est la destruction de la
paix ».
Cela implique que la guerre et la paix ne sont point conciliables et que l’une exclut l’autre de
façon irréparable. En outre, s’impliquer dans un conflit comporte la nécessité de succomber,
s’assujettir, se soumettre aux commandements atroces et sans scrupules des chefs de guerre.
Dans la même perspective s’inscrit le poème « Alle fronde dei salici » dans lequel
Quasimodo exprime tout le sens d’angoisse, désespoir, abandon engendrés par la guerre qui
ne fait qu’étouffer toute joie et inspiration poétique. En effet, la poésie se révèle ainsi vaine
face aux armes et aux deuils: « anche le nostre cetre erano appese ». Enfin, le document
iconographique aussi nous démontre de façon satirique et plutôt ambigüe des soldats qui
tuent de façon inhumaine même des enfants innocents.
En guise de conclusion, on a constaté les côtés opposés abordés par les intellectuels qui
se posent comme défenseurs de l’essence héroïque et nécessaire de la guerre ou, au
contraire, qui méprisent de façon virulente son acharnement sanguinaire complètement
intolérable.
On pourrait, donc, élargir notre réflexion sur ce sujet en évoquant l’idéologie et la poétique
du courant existentialiste qui, après la Seconde Guerre Mondiale, prône la valeur de la vie
qui doit être sauvegardée à tout prix et qui, par conséquent, ne peut pas contempler la
violence et la guerre.
Graziana Chiloiro classe V^ G a.s. 2015-16 Liceo Linguistico Internazionale Esabac
Liceo Ginnasio Statale Aristosseno Taranto
Docenti : prof. Sergio Mulas - Sabine Scheck