guide eco-conception emballage

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guide eco-conception emballage
GUIDE D’ECOCONCEPTION A L'USAGE
DES PROFESSIONNELS DE
L'EMBALLAGE ET DU
CONDITIONNEMENT
Suite à une demande de FRANCE EMBALLAGE, ce guide et l'utilitaire associé ont été réalisés par
Virginie PRUD’HOMME et Jean-Marie COANT dans le cadre du Mastère Spécialisé Ecoconception et
Management Environnemental de L’ECOLE DES ARTS ET METIERS PARISTECH, sous la direction de
Alain CORNIER (ARTS ET METIERS) et Patrice MELE (IUT DE CHAMBERY – DUT GCE- UNIVERSITE DE
SAVOIE).
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GLOSSAIRE
ACV = Analyse du Cycle de Vie
ADEME : Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie
AFNOR : Agence Française de NORmalisation
ISO : International Organization for Standardization
FSC : Forest Stewardship Committee
PEFC : Programme for the Endorsement of Forest Certification
PEBD : Polyéthylène Basse Densité
PEHD : Polyéthylène Haute Densité
PET : Polyéthylène Téréphtalate
rPET : Polyéthylène Téréphtalate Recyclé
PP : Polypropylène
PS : Polystyrène
PVC : Polychlorure de vinyle
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Contenu
Pourquoi ce guide ?....................................................................... 5
Se lancer dans l’éco-conception d’un emballage ........................... 8
Commençons par minimiser ............................................................ 15
Ensuite…Maximisons ....................................................................... 19
Communication et éco-conception .................................................... 26
Pour vous aider dans la mise en place d’une démarche d’éco-conception,
un utilitaire d’aide a été développé et est disponible sur le lien suivant : …
................................................................................................... 27
Cas d’étude n°1 ..................................................................... 28
Cas d’étude n°2 .................................................................... 30
Cas d’étude n°3 .................................................................... 31
Cas d’étude n°4 .................................................................... 33
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Pourquoi ce guide ?
Pour qui est fait ce guide ?
Ce manuel est destiné à aider et à orienter toute société du secteur de l’emballage dans ses choix de
conception. Il accompagne les industriels fabricants de produits nécessitant un emballage – industries
agro-alimentaires, fabricants de produits d’hygiène beauté, de produits ménagers ou de tout autre
secteur, mais également les bureaux d’études spécialisés en conception de solutions packaging ou les
services études des fabricants d’emballages.
Il vise à apporter aux PME de ces différents secteurs, et en particulier aux transformateurs spécialisés
dans l’emballage plastique ou papier/carton, un encouragement à se lancer dans une démarche d’écoconception de leurs solutions d’emballages, en leur fournissant des pistes concrètes.
Les emballages et la question environnementale
Quel est le point commun entre un grille-pain, une heure passée à la piscine et une bouteille d’eau
minérale ? Tous ces produits ou services que nous utilisons ou consommons tous les jours, et plus
largement toutes les activités humaines, ont un impact sur notre environnement. Faire en sorte de
comprendre les phénomènes mis en jeu et minimiser cet impact apparaît comme un enjeu majeur pour
tous les acteurs de l’économie, et en particulier pour les industriels, directement impliqués dans la
conception et la fabrication d’emballages.
Les emballages, secteur majeur d’activités dans une économie faisant voyager les produits à travers le
monde, font l’objet d’une attention particulière de la part des gouvernements comme des
consommateurs.
En France, environ un tiers du volume global des ordures ménagères est constitué de déchets
d’emballages. La prise en compte de la fin de vie de ces emballages est devenue un axe
majeur d’amélioration, exploré par les concepteurs, et encouragé par les réglementations. Et si la
problématique des déchets dépasse largement cette seule question des ordures ménagères, qui ne
représentent que 3% des déchets en France, il faut savoir que celles-ci pèsent au total plus de 20
millions de tonnes par an et que ce poids a plus que doublé en 40 ans.
Au-delà de la fin de vie, les autres étapes du cycle de vie de l’emballage, peut-être moins évidentes
aux yeux du grand public, ont également des impacts importants et méritent d’être optimisées à
travers une démarche d’éco-conception. A titre d’exemples, la fabrication de nombreux emballages
plastiques mobilise des quantités non négligeables de ressources fossiles (issues du pétrole),
l’ensemble des procédés de transformation sont consommateurs d’énergie et génèrent pollutions et
déchets, sans compter le transport des marchandises nécessitant une quantité importante de
carburants.
Partenaire indissociable d'un produit, l’emballage est responsable, selon les cas, de quelques pourcents
à 60% de l’impact environnemental d’un produit. Il est donc important de parler de l’impact global du
produit en intégrant ses différents emballages, sans oublier les bénéfices apportés par les nombreuses
fonctions qu’ils remplissent. Par leur rôle premier de protection du produit, ils permettent par exemple
d'accroître le ratio entre production et consommation réelle : le développement des emballages a ainsi
permis une diminution considérable de la perte des denrées alimentaires. Ces bénéfices sont obtenus
par la spécialisation des emballages souvent différenciés selon 3 catégories ou types :
L'emballage de vente ou emballage primaire. Principale interface avec le consommateur, cet
emballage remplit des fonctions liées à la protection et la conservation du produit ainsi qu’à la fonction
marketing. Il est en contact avec le produit et ses interactions avec lui doivent être parfaitement
contrôlées. C'est en général une unité de consommation (ou d'utilisation) qui se compose souvent de
plusieurs éléments : contenant principal, système de fermeture, système d'inviolabilité, étiquette,
contre étiquette…
L'emballage groupé ou emballage secondaire (Préemballage, manutention, PLV). C’est un
emballage de regroupement destiné à l'utilisateur ou au consommateur. Comme l'emballage primaire
qu'il vient compléter, il véhicule aussi l'image du produit et doit par conséquent assurer un certain
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nombre de fonctions marketing (la surface de communication est plus grande et les quantités vendues
le sont aussi).
L'emballage de transport ou emballage tertiaire (Stockage transport). C'est l'emballage que le
consommateur voit peu car il regroupe plusieurs emballages primaires et/ou secondaires pour former
une unité de transport et de distribution.
Cette typologie montre que les emballages ne contribuent pas tous, avec la même importance, aux
différentes fonctions remplies. Parmi ces fonctions on distinguera :
Les fonctions techniques …
Elles contribuent essentiellement à protéger la qualité du contenu d’un point de vue hygiénique,
nutritionnelle, sensorielle, organoleptique, technologique, la quantité ou contenance (masse ou
volume), et à faciliter la logistique.
…Ces fonctions sont difficilement modifiables et souvent très encadrées règlementairement.
Les fonctions de service …
Elles permettent d'améliorer l'usage du produit en termes d'ergonomie, d'usage fractionné, comme le
dosage, la sécabilité ou la re-fermeture, de ré-utilisation, d'extraction complète du produit, etc.
Elles apportent une valeur ajoutée de différentiation et un avantage concurrentiel sur les autres
emballages remplissant les mêmes fonctions techniques. Ces fonctions proposent un gisement
d'améliorations dans le cadre d'une recherche de réduction des impacts environnementaux par
l'augmentation des services rendus par l'emballage.
Les fonctions marketing …
Elles permettent d'assurer les objectifs d'alerte, d'attribution, de positionnement, de séduction, de
fidélisation et d'information sur le produit dans le cadre de l'objectif général : "faire vendre".
Elles sont le vecteur principal de la communication sur le produit et même si elles intègrent aujourd'hui
la communication environnementale, elles représentent un gisement très intéressant en termes de
réduction des impacts environnementaux, en particulier ceux associés aux techniques d'impression.
Ce panorama synthétique de l'univers de l'emballage ne serait pas complet sans l'énumération des
contraintes.
Elles peuvent être réglementaires visant à la protection du consommateur (poids et mesures, mode
d'utilisation, marquages matériaux, DLV, DLUO, DLC …), d'usage (formats, standards) ou de
mécanisation (type de machine de conditionnement, cadences, modularité des formats, gammes). Ces
contraintes
sont
d'ailleurs
souvent
contradictoires
lorsqu'on
aborde
la
problématique
environnementale.
Sous couvert d'un objet apparemment assez simple, l'emballage est donc partiellement contraint et,
s’il n’est pas toujours évident de trouver des sources d'améliorations et d'optimisations, elles existent
bel et bien ! Ce guide a pour objectif de décrire ces principales voies d’amélioration.
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Que contient-il ?
Dans une démarche multi-étapes/multi-critères, il existe différentes approches de conception pour
diminuer l’impact de l’emballage sur l’environnement.
Ces approches peuvent être très complètes et lourdes nécessitant l'apport de ressources extérieures à
l'entreprise, ou beaucoup plus souples et simples d’utilisation, facilement appropriables. Ce guide
s’attachera à présenter ce deuxième type d’approches, plus adapté au monde de l’emballage et aux
PME en général.
Notons que les premières méthodes, telles que par exemple des analyses de cycles de vies (ACV), ne
sont pas dénuées d’intérêt. Ce sont en effet ces méthodes normalisées qui, même si elles ne sont pas
forcément sources de pistes d'amélioration pratiques, permettent une analyse quantitative précise des
impacts environnementaux et donc d'identifier des pistes d'améliorations. De plus, ces méthodes
permettent de communiquer de façon claire sur les gains obtenus en fin de démarche. Dans le
domaine de l’emballage, plusieurs études de ce type ont déjà été menées. Il apparait clairement que
sur les 9 étapes du cycle de vie, les étapes les plus polluantes sont, à l'instar de la plupart des produits
de grande consommation, l'extraction des matières premières, la fabrication, le transport et la fin de
vie justifiant de ce fait tous les efforts déjà réalisés en matière de réduction des masses des
emballages.
Nous avons par conséquent choisi de présenter une méthode qui comporte deux axes majeurs : la
minimisation des impacts négatifs, qui vise principalement l’extraction des matières premières, la
fabrication et le transport, puis la maximisation du potentiel « environnemental » de l’emballage. Ce
deuxième axe traite spécifiquement de la phase d’usage par le consommateur et de la fin de vie.
Pour être dans une démarche d’éco-conception, il faut garder en tête que le travail doit se faire sur ces
deux axes.
Ce guide se propose de détailler chaque grand axe de travail, en donnant les principales perspectives,
les outils pratiques associés, tout en précisant les limites et surtout en détaillant à l’aide d’exemples
illustrés de produits éco-conçus la démarche à suivre.
Ce contenu vous permettra de voir que d’autres entreprises de ce secteur d’activités ont déjà intégré
l’éco-conception avec succès.
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Se lancer dans l’éco-conception d’un emballage
Qu’est-ce-que l’éco-conception ?
Eco-concevoir un produit consiste à répondre aux besoins des utilisateurs tout en maîtrisant
et en réduisant autant que possible, et dès l’étape de conception, l’ensemble des impacts de
ce produit sur l’environnement.
L’originalité et la valeur ajoutée de la démarche d’éco-conception est de raisonner sur l’ensemble des
impacts environnementaux et sur l’ensemble des étapes du cycle de vie du produit. Il s’agit donc d’une
approche « multi-critères », incluant par exemple les effets sur le réchauffement climatique,
l’épuisement des ressources ou la pollution des eaux, et « multi-étapes » ou « cycle de vie », allant
de l’extraction des matières premières nécessaires à sa production jusqu’à son élimination après
usage.
La contrainte principale dans une telle démarche réside souvent dans la non remise en cause des
fonctions du produit.
L’approche cycle de vie
L’approche ou l’analyse du cycle de vie permet d’évaluer pour un produit, ses impacts sur
l’environnement, depuis l’extraction des matières premières - pétrole pour le plastique, bois pour le
papier, jusqu’à son élimination en fin de vie - par exemple par son recyclage ou par son incinération,
en passant par les phases de fabrication, de transport et d’utilisation.
Nous évitons ainsi les erreurs potentiellement commises lors de l'application d'une démarche monoétape qui ne chercherait à améliorer qu’une seule phase de vie.
 Le cycle de vie type d’un emballage
Un emballage doit répondre à un certain nombre de fonctions et évoluer au cours de son cycle de vie,
marqué par une succession d’étapes de transport.
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Il passe ainsi par 9 étapes :
- L’extraction des matières premières. Certaines ont plus d’impacts que d’autres sur
l’environnement, en particulier les matériaux non renouvelables, et ce d’autant plus que les
réserves mondiales sont faibles – par exemple le pétrole, le cuivre, le fer, …
- La fabrication ou transformation de la matière première, pendant laquelle l'emballage
sera produit. Il est intéressant ici de regarder les technologies utilisées, la logistique mise en
place et les méthodes pour échapper au gaspillage (réduction ou réutilisation des rebuts …).
- Le transport de l’usine de fabrication à l’usine de conditionnement du produit à emballer.
- Le conditionnement du produit à emballer. Cette étape présente les mêmes axes
d’amélioration que la fabrication.
- Le transport, de l’usine de conditionnement aux distributeurs du produit (supermarchés…). La
distance et les moyens de transport utilisés sont des indicateurs souvent prépondérants sur les
impacts à ce stade.
- La mise en valeur du produit emballé en rayon.
- Le transport par l’utilisateur final du produit emballé du lieu de vente au lieu de
consommation.
- L’utilisation. Pour l’emballage, cette étape n’a que très peu d’impact sur l’environnement, à la
différence des produits consommant par exemple de l’énergie. Il faut cependant la conserver en
mémoire pour concevoir un emballage répondant aux attentes et besoins du client.
- La fin de vie. Comment sera éliminé l'emballage ? Est-il possible de le réutiliser ? de le
recycler ? Que devient-il une fois mis à la poubelle ? Existe-t-il une filière de recyclage ?
La conception ne fait pas partie en tant que telle du cycle de vie d’un emballage, mais il s’agit d’une
étape clé en amont, qui viendra définir toutes les autres.
 Halte aux transferts de pollution !
Le principal bénéfice d'une approche multi-étape réside dans le fait qu'elle permet d’éviter les
transferts de pollutions. Par exemple, si un flacon ou une bouteille en verre recyclé est envisagé à la
place d’un emballage en plastique, on pourra diminuer l’impact provoqué par l’extraction des matières
premières en utilisant un matériau recyclé, et celui de la fin de vie car le verre est recyclable à l’infini.
Par contre, ce remplacement risque d’augmenter les impacts sur le transport car le verre est beaucoup
plus lourd que le plastique.
[source : www2.ademe.fr]
Il faut donc prendre du recul à chaque modification effectuée sur l’emballage et s’assurer de la
pertinence des choix de conception qui sont faits. Ces choix sont souvent très "locaux" : Existe-t-il un
fournisseur à proximité ? Existe-t-il une filière de re-traitement ?
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De la même façon qu’il faut éviter lors de la reconception tout transfert d’impact d’une étape du cycle
de vie à une autre, il est également essentiel de ne pas améliorer un impact en particulier, sans vérifier
que d’autres impacts en soient accentués.
 Un seul produit, des impacts multiples…
Nous l’avons vu, l’éco-conception a pour principe-clé de travailler sur tous les impacts d’un produit sur
l’environnement (approche dite « multi-critères ») ; mais quels sont les principaux impacts considérés
et comment mieux comprendre leur importance pour l’environnement ?
Changement climatique ou effet de serre : L’effet
de serre, phénomène naturel et utile pour l’homme,
piège dans l’atmosphère une partie de l’énergie solaire
reçue par la planète. Sans ce mécanisme, la
température moyenne sur Terre serait de -18°C, au
lieu des 14°C observés en moyenne. Ce phénomène
est dû à la présence de gaz dits «à effet de serre»
dans l’atmosphère, tels que la vapeur d’eau, le
dioxyde de carbone (CO2), mais aussi par exemple le
méthane. Une partie de ces gaz est issue des activités
humaines, et a vu leur concentration augmenter très
rapidement depuis les débuts de l’ère industrielle,
provoquant un accroissement majeur de cet effet et
entraînant des changements climatiques importants.
L’enjeu aujourd’hui est de réduire largement ces émissions, pour limiter l’ampleur du réchauffement
global en-deçà des 2°C fixés comme limite à ne pas dépasser par les experts en climatologie.
Epuisement des matières premières : pétrole, cuivre, zinc, gaz
naturel, uranium, ... : toutes ces matières largement mises à
contribution dans les activités humaines ont été massivement exploitées
depuis plus d’un siècle. Les réserves mondiales de ces ressources,
comme celles de nombreuses autres matières dites « non
renouvelables », sont aujourd’hui limitées à quelques décennies. Il est
donc indispensable d’apprendre à les utiliser de manière plus
responsable pour ne pas faire face à des situations de pénuries.
Source : neednrj.files.wordpress.com
Eutrophisation des eaux : de nombreux éléments nutritifs provenant
des activités humaines (nitrates agricoles, phosphates d’origines
diverses …) se retrouvent au bout du compte dans les cours d’eau, les
lacs et les étangs ou encore sur le littoral. Cet afflux d’éléments nutritifs
en excès entraîne une prolifération d’algues en surface, qui a tendance
à « asphyxier » les autres espèces de plantes ou d’animaux présents
dans le milieu, et à provoquer des pollutions visuelles et olfactives. Le
traitement de ce problème majeur passe par la réduction de l’apport en
nutriments à la source, et donc par des changements de pratiques dans
l’utilisation de produits riches en azote ou en phosphore. Bien qu'assez peu répandus actuellement, les
matériaux issus d'agro-ressources pourraient dans le futur être une source non négligeable d'impacts
de ce type lorsqu'ils sont mis en œuvre dans des systèmes d'emballages.
Acidification de l’atmosphère, des eaux et des sols : certaines
molécules émises dans l’atmosphère par les activités humaines,
telles que le dioxyde de soufre ou les oxydes d’azote, se
transforment en acides au contact de l’humidité contenue dans les
nuages. Ces polluants, issus des transports, des centrales
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thermiques ou des systèmes de chauffage, retombent ensuite sur la surface terrestre sous forme de
pluies acides. Celles-ci entraînent des dommages sur la végétation, en particulier sur les forêts, et
acidifient les terres et les eaux de surface (lacs, rivières, océans, …), menaçant ainsi les équilibres
naturels et la survie des espèces végétales et animales vivant dans les milieux affectés (perte de
biodiversité).
Pollution photochimique (alertes à l’ozone) : dans certaines
conditions climatiques, associant notamment soleil et absence de vent,
les polluants type COV (composés organiques volatils) et oxydes
d’azote, issus principalement des transports, en particulier
automobiles, vont réagir sous l’effet du soleil pour former de l’ozone
dans la basse atmosphère. Cet ozone, s’il est bénéfique dans la haute
atmosphère (autrement dit dans la couche d’ozone – voir ci-dessous),
est un gaz à fort pouvoir oxydant, dont la présence aura des effets
aussi variés que des troubles respiratoires et des irritations des yeux
chez l’homme, des perturbations de l’activité et de la santé des
végétaux ou encore la dégradation accélérée de certains matériaux. C’est la raison pour laquelle a été
mise en place des restrictions de circulation lors des « pics d’ozone » estivaux, afin de limiter la
quantité de polluants susceptibles de réagir sous l’effet du soleil, selon le principe de limitation « à la
source ».
Diminution de la couche d’ozone : si l’ozone constitue un polluant dans la basse
atmosphère, la couche d’ozone dans la haute atmosphère permet de filtrer une part
importante des rayons ultraviolets nocifs du soleil, protégeant ainsi l’homme et les
écosystèmes et rendant possible la vie sur Terre. L’utilisation massive de certains gaz,
notamment les chlorofluorocarbures dits « CFC » dans les aérosols et comme réfrigérants, a
entraîné l’appauvrissement de cette couche d’ozone protectrice, principalement observé une partie de
l’année au-dessus de l’Antarctique. Les rayons ultra-violets nocifs non filtrés détériorent l’ADN des
animaux et des plantes, perturbant leur développement, et leurs effets les plus aigus chez l’Homme
sont les brûlures, les cancers de la peau ainsi qu’une perte de défenses immunitaires.
Toxicité pour l’homme et pour l’environnement : de très nombreuses substances chimiques
utilisées par l’homme présentent des risques pour la santé humaine et pour celle des
écosystèmes. Seules quelques centaines d’entre elles ont été étudiées de manière
complète du point de vue toxicologique, et il reste des dizaines de milliers de
molécules dont les effets restent mal connus. Il est cependant possible de donner un
indicateur de toxicité et d’écotoxicité pour de nombreuses substances courantes,
telles que les métaux lourds, les solvants, ou encore les pesticides, pour ne citer que quelques
exemples bien connus. Les effets de ces produits peuvent aller, pour l’homme, d’irritations légères à
des pathologies très lourdes comme certains cancers.
Ces 7 impacts environnementaux normalisés dans les méthodes d'éco-conception peuvent être
complétés par d'autres impacts plus ou moins directs, tels que les consommations énergétiques et les
consommations en eau mises en œuvre dans les procédés industriels. La quantification de telles
consommations et leur réduction à égal niveau de performance des procédés permet d'ailleurs non
seulement d'obtenir un bénéfice environnemental mais aussi un bénéfice financier direct.
Une source d’innovation pour le secteur de l’emballage
La démarche d’éco-conception, à travers l’éclairage multi-étapes et multi-critères qu’elle implique,
donne souvent l’occasion au concepteur d’emballages de dépasser les pistes d’améliorations les plus
naturelles, telles que les optimisations de poids. Elle permet ainsi de développer des solutions
innovantes conciliant réponse aux besoins clients, réduction des impacts environnementaux et
créativité dans les concepts, les formes, les matières, l’articulation entre les différents niveaux
d’emballages. Ces innovations sont aussi dans la plupart des cas des sources d'économies financières
et/ou d'avantages concurrentiels. Il faut cependant se méfier et bien prendre en compte, surtout pour
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les PME, l’acceptabilité par le client, et la capacité qu’aura l’entreprise à valider les nouvelles solutions
notamment lors de l’utilisation de nouveaux matériaux.
Quelques données clés sur les filières de l’emballage
Le ministère de l’économie, des finances et de l’industrie met en ligne une publication biennale, très
complète sur les filières de l’emballage en France (répartitions par secteur et matériau, spécificités des
entreprises composant ces secteurs…) – www.industrie.gouv.fr
La répartition (en chiffre d’affaire facturé en 2000 et 2007) entre les différents matériaux est la
suivante :
Voir avec France Emballage si données plus récentes
De plus, 60% du chiffre d’affaires de l’industrie de l’emballage en France est réalisé grâce aux ventes
de produits de grande consommation, dont les industries alimentaires représentent 41%, la
cosmétique et l’hygiène représentent 10% et la pharmacie et la santé 9%.
Le point sur la réglementation
 La situation actuelle
L’emballage, comme tout autre produit, doit répondre à de nombreuses réglementations.
Continuellement remises à jour, il n’est pas toujours évident d’assurer la veille réglementaire, surtout
que celle-ci diffère selon le matériau constituant l’emballage ou le type de contenu à emballer.
Les différents points réglementaires européens
Comme tout pays de l’Union Européenne, la France doit être conforme aux directives et aux
règlements européens. Le droit de l’environnement national découle en général du droit européen – la
plupart de nos obligations ont pour origine une directive bien plus large.
Une directive doit, avant d’être applicable au niveau national, être transposée en droit français au
travers de lois, d’arrêtés, décrets… Par contre, les règlements européens sont directement applicables
par l’ensemble des pays de l’UE.
Tous les points réglementaires environnementaux sont consultables sur : www.ineris.fr/aida/
Pour toutes les autres réglementations, rendez-vous sur : www.legifrance.gouv.fr
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Le point sur les normes
Au-delà des obligations réglementaires qui s’appliquent à tous, il existe un certain nombre de normes,
le plus souvent élaborées au niveau international au sein de l’ISO (Organisation Internationale de
Normalisation), ou au niveau français par l’AFNOR (Agence Française de NORmalisation. Elles ont pour
objet d’établir des référentiels communs à l’ensemble d’un secteur industriel donné. Le suivi de tels
référentiels par une entreprise, sur une base volontaire, lui permet de garantir à ses clients la
conformité de sa démarche avec les bonnes pratiques faisant consensus dans son secteur.
Une entreprise engagée dans une démarche d’éco-conception trouvera dans la norme ISO 14062,
présentée ci-dessous, à la fois des boîtes à outils fort utiles et des gages de sérieux à communiquer à
ses clients, leur assurant qu’il s’agit bien d’une démarche correspondant aux bonnes pratiques en
vigueur.
Norme ISO 14062 : 2002
Management environnemental - Intégration des aspects
environnementaux dans la conception et le développement
de produits
Norme faisant partie de la série des ISO 14000 (environnement)
La norme IS0 14062 décrit des concepts et des pratiques actuelles
ayant trait à l'intégration des aspects environnementaux dans la
conception et le développement de produit (le terme «produit»
englobant à la fois les biens matériels et les services).
Elle reste une norme très générale destinée à amorcer l'écoconception au sein des entreprises et à donner un vocabulaire, des
méthodes et des outils communs à tous les acteurs.
 Quelques perspectives d’évolution
Au niveau européen, les objectifs de valorisation des déchets d’emballages donnés par la directive de
2004 augmentaient régulièrement sur la période de référence 2004-2008. Les objectifs sur la période
suivante 2008-2014 ont été publiés, mais l’esprit de la législation demeure celui d’une augmentation
dans le temps des taux de valorisation par famille de matériaux et de la réaffirmation d’une hiérarchie
des modes de prévention et/ou de retraitement.
Au niveau français, (en dehors de la transposition en droit français des textes européens), trois
projets d’évolution réglementaire majeurs sont ou seront à prendre en considération lors de la
conception de nouveaux emballages :
L’affichage environnemental des produits de grande consommation, prévue dans le
cadre du Grenelle de l’Environnement, cette disposition est incluse dans la loi Grenelle 2,
adoptée au Sénat fin 2009 et dont l’application était prévue pour début 2010. Elle a pour but
d’améliorer l’information des consommateurs en leur fournissant des indicateurs clairs sur les
principaux impacts environnementaux du produit, emballage compris. Les modalités de calcul
et de communications de ces indicateurs font, depuis 2009, l’objet de groupes de travail à
l’AFNOR. Cet affichage est multi-critères, associant ainsi l’empreinte carbone et un ou deux
autres indicateurs pertinents sur la catégorie de produits considérée.
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L’affichage environnemental est en cours d'expérimentation depuis juillet 2011 par environ 160
entreprises – tout secteur confondu.
Le projet de taxe carbone : discuté en 2009 puis finalement repoussé à une éventuelle
démarche commune européenne, ce projet de fiscalité environnementale ne ciblait pas
directement les produits ou leurs emballages, mais les consommations d’énergie des
entreprises et des particuliers. Cette taxe, si elle entre en vigueur, constituera indirectement
une incitation à l’éco-conception, dans la mesure où ce type de démarche transversale vise en
partie pour les industriels à optimiser les étapes très énergivores que sont la fabrication et le
transport des emballages et des produits.
Toutefois le problème de ce type de taxe est qu’il focalise les efforts des industriels sur un seul
des points de la démarche globale. Le critère choisi devient alors l’un des critères prépondérant
lors des choix de conception …
Le nouveau tarif du Point Vert au 1er janvier 2012 par Eco-emballages : afin de
répondre aux nouveaux objectifs du Grenelle de l’environnement, Eco-emballages a fait le choix
de réviser le barème contributif des emballages afin de rendre plus précis et plus incitatif sur la
prévention. Il est en place depuis le début de l’année 2012. Ce nouveau barème, en plus de
prendre en compte le poids de l’emballage, va intégrer les unités d’emballage ainsi que des
nouvelles sous-catégories de papier/carton et de plastiques. Plus d’informations sur
www.ecoemballages.fr.
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Commençons par minimiser
Le premier réflexe du concepteur d’emballages, quand il s’agit de réduire la pollution générée par son
produit, est bien entendu d’essayer de réduire l’emballage lui-même. Moins de matériaux, c’est
forcément moins de déchets une fois l’emballage jeté à la poubelle. Mais l’optimisation des qualités
environnementales d’un packaging par la minimisation va bien au-delà de la réduction des masses
mises en œuvre…
Que peut-on minimiser ?
 Des emballages plus petits, plus fins et plus légers
C’est évidemment une piste naturelle, déjà largement explorée par les concepteurs d’emballages, à la
fois pour réduire les coûts de matières premières et de transport, à travers l’optimisation de la
logistique et la réduction du poids total des emballages, mais également pour des raisons
environnementales. Cette évolution répond également à la méfiance d’une part croissante des
consommateurs vis-à-vis de l’emballage.
Cette voie d’amélioration est utilisée depuis les années 90 dans de nombreux domaines (bouteilles
plastiques, verre, etc.). Ce sont maintenant des innovations technologiques de rupture qui prennent
forme pour parvenir à un optimum qualité/quantité matière/propriété. Cependant, il est nécessaire de
continuer à travailler sur ce type de solution mais en changeant de type de conditionnement, la
principale contrainte étant alors associée à l’acceptabilité du nouveau produit par le consommateur.
Cette démarche de simplification des emballages peut aussi conduire à utiliser moins de matériaux
différents au profit d'une plus grande quantité d'un même matériau permettant non seulement une renégociation des prix de la matière retenue, mais également une simplification des flux de matières à
retraiter.
 Moins de matières premières à fort impact environnemental
A masse égale, tous les matériaux n’ont pas le même impact environnemental. Le concepteur
privilégiera dans la mesure du possible les familles de matériaux à faible impact bénéficiant d'un circuit
d'approvisionnement le plus court possible (matière première de proximité).
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Dans le cas des papiers et cartons, le choix de sources issues de forêt gérées durablement certifiées
par exemple par des labels type FSC ou PEFC et/ou d’une proportion élevée de matière recyclée
contribue à limiter la pression sur la nature.
Dans le cas des polymères, le choix d’un matériau recyclé est là encore une solution intéressante pour
limiter l’épuisement des ressources fossiles, non renouvelables. Malheureusement, de telles solutions
ne sont pas toujours applicables à grande échelle car les gisements de matière recyclée ne sont pas
suffisants pour remplacer totalement l’utilisation d'une matière vierge. De plus, lorsque la matière lors
de son recyclage, subit une dégradation de ses propriétés, contrairement à d’autres matériaux tels que
le verre ou les matériaux métalliques.
Les plastiques d’origine végétale, dont les biopolymères, peuvent sembler intéressants car évitent de
puiser dans les ressources pétrolières. Mais leur bilan global est aujourd’hui fortement discuté, dans la
mesure où ils utilisent des surfaces agricoles pour des usages non alimentaires, et peuvent donc
entraîner des tensions sur le marché des denrées et favoriser l’utilisation finale d’engrais ou de
pesticides. La préférence devra donc être donnée aux matériaux d'origine végétale utilisant les produits
secondaires de la culture principale (rebus de l’agriculture, déchets de bois, …).
De manière générale, le recours à des matériaux recyclés aide à pérenniser les filières économiques
récupérant et recyclant les déchets, et soutient donc la transition vers des pratiques industrielles
épuisant moins les ressources naturelles.
Matériaux recyclés et contact alimentaire :
Afin de garantir la sécurité des consommateurs, l’utilisation de certaines matières premières recyclées
dans les emballages alimentaires est encadrée par la réglementation.
16
 Moins de substances toxiques ou dangereuses (additifs, encres et
vernis, colles…)
Une fois le ou les matériaux principaux de l’emballage choisis, il ne faut pas négliger certaines
substances qui, si elles ne représentent qu’une faible part de l’emballage final, peuvent avoir des
impacts environnementaux majeurs. Ainsi, les encres et les vernis permettant de décorer l’emballage
et de communiquer, ou encore les colles utilisées pour assembler les différents éléments, sont parfois
constitués de substances chimiques polluantes. Ces substances génèrent souvent plus d’impacts
environnementaux lors de leur fabrication avec des émissions polluantes vers l’atmosphère ou lors de
leur fin de vie par incinération, recyclage ou mise en décharge.
D’autres axes de minimisation sont à promouvoir car ils permettent de maximiser la valorisation des
emballages en fin de vie. Citons par exemple :
 Moins de matériaux différents au sein d’un même emballage
 Moins d’accessoires et/ou des accessoires plus faciles à retirer
Vous trouverez plus d’informations sur ces axes de travail dans la partie Comment maximiser le
potentiel de valorisation de mon emballage en fin de vie ?
Sur quoi pouvons-nous agir ?
 Extraction des matières premières
Des emballages mieux conçus, plus petits, plus fins ou plus légers, ce sont
moins de matières premières à extraire de la nature puis à transformer en
matériaux utilisables : moins de pétrole prélevé dans le sous-sol pour fabriquer
des matières plastiques, moins d’arbres exploités pour produire de la pâte à
papier, moins de métaux pour obtenir des bobines d’acier ou d’aluminium…
Certaines de ces ressources sont renouvelables, comme le
bois par exemple dans le cas de forêts gérées durablement. D’autres, comme le
pétrole, sont non renouvelables et présentent des réserves mondiales limitées.
Dans tous les cas, atténuer la pression sur les ressources contribue à limiter
l’impact environnemental de l’emballage produit, car même une ressource
renouvelable demande de l’énergie - et donc souvent des ressources non
renouvelables comme du pétrole ou du gaz - pour être transformée en matériau
d’emballage puis mise en forme.
 Impacts de la fabrication de l’emballage
L’énergie nécessaire à la production des matières premières et à leur
transformation est globalement proportionnelle à la masse de matière mise en
œuvre. En limitant ces quantités, il est possible de réaliser des économies
substantielles d'énergie. Le passage d’un emballage multi-matériaux à une
solution mono-matériau peut aussi permettre d’optimiser les flux de matières et
de pièces d’assemblage. Cet aspect rejoint en partie les efforts réalisés par de
nombreuses entreprises pour maîtriser les impacts de leurs activités de production sur leur
environnement et leurs dépenses énergétiques, notamment à travers les démarches de management
environnemental type certification ISO 14001.
 Impacts du transport
Les impacts environnementaux liés au transport des produits et de leurs emballages sont en lien direct
avec le mode de transport choisi (mode routier ou aérien plus défavorable que mode fluvial, maritime
ou ferroviaire), les distances parcourues et les masses transportées. Ils découlent aussi en droite ligne
de la qualité de l’optimisation logistique - taux de remplissage des emballages secondaires,
palettisation, … - qui doit toujours être associée à une minimisation du packaging primaire.
La sélection de fournisseurs locaux et de modes de transport peu polluants est idéalement à combiner
avec l’optimisation des masses et des dimensions pour limiter au maximum les impacts logistiques. Il
est intéressant d’avoir à l’esprit un ordre de grandeur des émissions de CO2 en g/T.Km des grands
17
types de moyen de transport : rail en Europe : 25, Transport fluvial : 35, camion de plus de 21
Tonnes : 235, soit près de 10 fois celui du transport ferroviaire, sans parler du transport aérien A380 :
1400.

Optimisation de la fin de vie
La masse de déchets à traiter en fin de vie est bien évidemment liée à celle des
emballages achetés avec le produit. Les possibilités de valoriser ces déchets
d’emballage de façon optimale sont corrélées au nombre de matériaux utilisés, à leurs
modes d’assemblage et à la nocivité des substances employées. Reste ensuite à
maximiser leur valorisation en fin de vie, comme nous le verrons dans le prochain
chapitre.
A prendre aussi en compte
 Toutes les contraintes associées au produit
Si un emballage surdimensionné s’avère problématique pour l’environnement, le sous-emballage est
aussi largement dommageable car il entraîne un gâchis complet : perte du produit mal conservé ou
mal protégé et perte de son emballage, qui a été produit pour rien. Il s’agit donc bien ici de réaffirmer
que la démarche d’éco-conception doit combiner impacts environnementaux réduits avec toutes les
fonctions du packaging : pas question notamment de dégrader la protection mécanique, physique ou
biochimique du contenu, qui conduirait à en jeter tout ou partie avant consommation, ou de sacrifier
l’ergonomie et la praticité, garantes par exemple d’un bon dosage (bec verseurs, bouchons doseurs…)
limitant les surconsommations du contenu.
 La réflexion doit nécessairement se faire au niveau de l’ensemble de
l’emballage (primaire/secondaire/ tertiaire)
Il est primordial de s’assurer qu’aucun transfert d’impact ne s’effectue entre les différents types
d’emballages (primaire, secondaire et tertiaire).
Par exemple, la diminution de l’épaisseur de l’emballage primaire pourrait induire l’intégration de
calages supplémentaires dans les emballages secondaire ou tertiaire, et générer in fine un impact
environnemental additionnel.
18
Ensuite…Maximisons
Maximisons la durabilité de l’emballage…et retardons sa mise à la poubelle
L’éco-conception de la plupart des produits passe par l’augmentation de la durée de vie du produit.
Pour les emballages, cela est un peu différent car, suivant le contenu, il n’a pas forcément vocation à
être utilisé sur du long terme, ou en tout cas à être utilisé une fois le produit consommé. C’est
pourquoi la durabilité de l’emballage passe souvent par une augmentation de sa durée de vie au-delà
de celle du produit qu’il contient. On parle donc ici de réemploi, de réutilisation, qui a été à l’origine du
concept d’éco-recharges.
Cela permet de répondre à la réglementation qui vise à privilégier la prévention en vue de réemploi
plutôt qu’une mise en déchets des emballages, et, dans la plupart des cas, cela permet aussi une
fidélisation des clients.
Notons aussi que l’un des impacts environnementaux majeur dans le domaine de l’agroalimentaire
réside dans les quantités importantes de matières produites non consommées. Il est donc
prépondérant de bien adapter les quantités conditionnées aux quantités utiles pour le consommateur,
tout en travaillant sur la durabilité du produit garant de sa consommation.
Les consignes, lorsque le commerce restait de proximité, étaient relativement bien mises en place en
récupérant, lavant et réutilisant les contenants. La réutilisation des emballages est
encore effectuée dans l’industrie, pour les palettes, les caisses en plastiques, ou pour
certains fûts.
C’est dans cet esprit que, par exemple, Agriplas a développé Ecopac® - voir la fiche
exemple à la fin du guide.
Mais pour les particuliers, la réutilisation est devenue anecdotique. Et si elle est un jour remise en
place, il faut que ce soit le moins contraignant possible pour l’utilisateur, avec un déploiement large des
points de collecte. De plus, dans notre société actuelle de mondialisation et dans une logique de vision
globale des impacts du produit, ce système de consignes n’est plus forcément le moins impactant : il
dépend du produit, de la localisation des clients, bref, il demande une étude particulière avant d’être
mis en place sur le marché.
Lorsque les consignes sont trop complexes à mettre en place, ou qu’il est difficile de laver les
emballages pour les réutiliser, il peut être intéressant de penser aux écorecharges pour augmenter leur
durabilité. Souvent utilisés pour les détergents et la cosmétique, mais aussi pour le sucre, le thé ou
d’autres produits plus nobles, ces emballages rechargeables permettent de fabriquer un emballage plus
durable, plus fonctionnel et plus esthétique qu’un emballage jetable.
Suivant la conception de l’emballage, le consommateur peut être contraint d’acheter le produit de la
même marque pour la recharge – c’est le cas de l’exemple concret ci-dessous – ou recharger par un
contenu équivalent – par exemple thé, sucre, eau de javel, ruban adhésif… - l’emballage rechargeable
permet alors de promouvoir plus durablement l’image de marque.
Dans tous les cas, l’emballage des écorecharges pourra alors être fabriqué à moindres impacts
environnementaux puisque qu’il ne devra pas répondre aux contraintes habituelles de la phase
d’utilisation (ergonomie, praticité, …).
Il faut cependant faire très attention à la stratégie des écorecharges car elle pose sur certains marchés
et notamment en France le problème de l’acceptabilité par le client : beaucoup de consommateurs
prétendent utiliser ce type de conditionnement mais ces intentions ne se traduisent pas par des ventes
effectives (Etude Louis Harris 2005). Cela est d’autant plus vrai lorsque la différence de prix entre
l’emballage rechargeable et la recharge n’est pas suffisamment incitative.
19
L’exemple ci-dessus est un cas particulier où l’éco-recharge a bien fonctionné du fait d'un circuit de
distribution spécifique et une incitation tarifaire intéressante pour le consommateur. Mais cet exemple
est difficilement transposable car il nécessite une étude marketing spécifique sur l’acceptabilité du
produit par les consommateurs.
Sur un autre axe de travail, il est également possible de repenser l’emballage en vue d’une réutilisation
pour une toute autre application ; comme un verre à eau pour la moutarde, un pot à crayon pour
certains pots à yaourts, … Pour agir dans ce sens, il faut réfléchir, dès la conception du produit, au
devenir de celui-ci tout en restant prudent concernant les comportements des utilisateurs et penser
cycle de vie global. Par exemple, le pot à moutarde, qui est majoritairement fabriqué en verre, a tout
son intérêt à être transformé en verre à eau. Par contre, pour d’autres produits, il faut penser que
l’utilisateur va conserver son emballage pour un autre usage mais de manière limitée – personne n’a
besoin de 10 pots à crayons ! Il faut donc estimer, suivant la fréquence d’achat moyenne des
consommateurs, le nombre de fois où l’emballage sera effectivement conservé, puis reboucler avec les
impacts des différentes étapes du cycle de vie.
Si l’axe réemploi doit être envisagé, la plus grande partie des emballages partent en déchet après leur
première utilisation. Il est donc important, dans les cas où l’emballage a peu de chances d’être
réemployé, de penser dès sa conception à son devenir en tant que déchet.
Comment maximiser le potentiel de valorisation de mon emballage en fin de
vie ?
 Que devient mon emballage une fois mis à la poubelle ?
1. La collecte des déchets
a. La consigne
De très fortes disparités concernant l’utilisation de la consigne des emballages existent entre pays
industrialisés. Certains pays pratiquent encore fréquemment ce principe, comme la Belgique ou
l’Allemagne, dont les bouteilles en verre sont fortement consignées, ou les USA qui consignent les
cannettes de soda en aluminium, en vue d’être recyclées. En France, le recours à la consigne est
devenu marginal, ne concernant que quelques produits industriels préférant une orientation vers le
jetable.
b. La collecte municipale
La collecte des ordures ménagères génère aujourd’hui en France plus de 1kg par jour par habitant,
dont un tiers sont des emballages ménagers - source : campagne nationale de caractérisation des
ordures ménagères – Ademe 2008. Des solutions alternatives à la valorisation énergétique devront
être proposées dans les années à venir afin de réduire nos impacts environnementaux ; la démarche
20
proposée dans ce guide (en amont) s’inscrit parfaitement dans cette stratégie de réduction des flux de
déchets et de leurs conséquences associées.
2. Le tri des déchets et les modes de traitement
Le tri des déchets s’est doucement instauré dans les foyers français. Il n’est pas toujours facile de
savoir ce qu'il faut mettre dans les différentes poubelles. Petit à petit, à force de communication par les
communes et plus généralement via les médias, les ménages savent de mieux en mieux trier, et
connaissent surtout de mieux en mieux l’utilité de ce tri. Les consignes de tri sont par ailleurs en cours
d'élargissement afin d’améliorer la valorisation des matières plastiques.
Les déchets d’emballages sont la grande majorité des
déchets de la poubelle jaune (ou bleue) des ménages. Ils
sont collectés par les communes, envoyés en centre de tri
afin de les séparer, matériaux par matériaux, puis sont
acheminés vers des centres de transformation où ils
seront lavés, broyés et compactés, pour être recyclés.
Ces centres de tri sont de type variés (en taille, en type de
matériels, etc…), mais permettent le plus souvent de
séparer les matières suivantes pour être recyclées : du
bac de collecte sélective (type couvercle jaune ou bleu)
sont séparés les bouteilles et flacons en PET transparents
et en PET colorés (qui partiront vers des filières de
recyclages différenciées), les bouteilles et flacons en PEHD
(type lessive liquide ou bouteilles de lait), les Tetrapak®,
les emballages en fer et en aluminium, et bien entendus
les papiers et cartons quand ils ne font pas l’objet d’une
collecte spécifique. Le verre est, quant-à-lui, collecté
séparément (directement au domicile des particuliers ou
en point d’apport volontaire).
L’ensemble des réglementations européennes et nationales
intègrent la hiérarchie de modes de prévention et de
traitement des déchets, comme indiqué sur le graphique
ci-dessus (de haut en bas, du plus au moins favorable).
Outre le réemploi, traité précédemment, les modes de
valorisation à privilégier sont dans l’ordre : le recyclage, le
compostage, puis la valorisation énergétique. Il convient
par contre d’éviter l’incinération sans récupération d’énergie et l’enfouissement (ou mise en décharge).
Ce dernier est réservé depuis 2002 selon la réglementation aux seuls déchets ultimes, même si cette
règle est imparfaitement appliquée.
La part des déchets d’emballages
ménagers sans aucune valorisation est
ainsi en constante diminution depuis la
fin des années 90, alors que la
proportion des déchets passant par la
collecte sélective - donc en très
grandes parties recyclés - augmente
sensiblement. A noter la très faible
part du compostage.
Source : ADEME
21
 Des modes de valorisation à privilégier
1. Le recyclage
Recycler un matériau consiste à le réutiliser en fin de vie comme base pour la fabrication d’un nouveau
produit. On distingue parfois 3 types de recyclage :
La France, comme tous les pays de l’Union Européenne, est soumise aux objectifs de taux de
recyclages fixés par la directive emballage de 2004, et fournit des résultats très contrastés d’un
matériau à l’autre : si les papiers-cartons, les emballages métalliques ou le verre sont relativement
bien recyclés (voir graphique ci-dessous), seuls 19% des plastiques et 20% des emballages bois le
sont, valeurs en deçà des objectifs réglementaires pour le plastique (chiffres 2008).
22
L’importance et la réussite d’une filière de recyclage tient en bonne partie à la qualité de la collecte des
produits usagés, mais aussi à la nature des matériaux: si le verre ou les métaux peuvent être recyclés
à l’infini sans perte de propriétés, il n’en est pas de même pour les papiers et cartons ou pour les
plastiques. Ces matériaux, lors des procédés de recyclages - consistant dans un cas à broyer la matière
pour séparer les fibres et refaire de la pâte à papier et dans l’autre cas à broyer le plastique en petits
morceaux puis à le refondre - voient leurs propriétés affaiblies. En effet, la longueur des fibres de
papier ou des chaînes de polymères s’en trouve altérée à chaque cycle, rendant nécessaire l’ajout
d’une part de matière vierge pour maintenir le niveau de performances initial. Une dernière difficulté
pour le recyclage, notamment pour les plastiques, vient des contaminations dues par exemple à des
erreurs de tri, ou à la présence dans un même emballage de plusieurs matériaux.
Comment concevoir un emballage pour un recyclage optimal ?
Tout d’abord, il est important de faire la différence entre le potentiel de recyclage (ou recyclabilité) de
l’emballage et son taux de recyclage probable compte-tenu des pratiques en vigueur. Beaucoup de
matériaux sont théoriquement recyclables, comme les métaux, les papiers/cartons, le verre, et
l’ensemble des plastiques dits thermoplastiques. Mais encore faut-il que ces matériaux d’emballages en
fin de vie soient collectés, triés, séparés, et que des filières organisées et performantes soient en place
pour qu’ils soient effectivement recyclés. La durée de vie moyenne des emballages étant courte (et
leur valeur économique modérée) – à la différence par exemple des équipements électroniques ou des
véhicules – on peut se baser sur les filières de collecte et de traitement déjà existantes pour estimer
les chances de recyclage réelles de l’emballage.
Quelques règles simples permettent de maximiser le recyclage de mon emballage :
 Choisir un matériau pour lequel une filière de collecte, tri et recyclage existe de façon pérenne
(voir ci-dessus). Les matériaux nouveaux ou un peu « exotiques », même s’ils sont issus par
exemple de matières renouvelables, ne disposent pas de filière spécifique, et ne seront donc
pas recyclés en pratique, en tout cas à court ou moyen terme.
 Limiter les emballages multi-matériaux, surtout si ces matériaux sont assemblés de façon
permanente, et sont non compatibles au moment du recyclage
 Eviter les matériaux complexes / multicouches, difficiles à recycler.
 Pour les emballages multi-matériaux, faciliter au maximum la séparation des matériaux par le
consommateur.
 Limiter les accessoires solidaires du corps de l’emballage (capsule articulée à une bouteille…)
 Limiter les quantités de substances étrangères type colles, encres…
 Inciter le consommateur au tri sélectif par une mention sur l’emballage de l’intérêt d’un tel tri.
23
2. Le compostage
En France, les déchets fermentescibles, ou putrescibles, qui sont principalement les déchets
alimentaires, épluchures etc… représentent 25% de la masse des déchets ménagers, et plus de 30%
de la masse des ordures ménagères dites « résiduelles », c’est-à-dire hors tri sélectif (données ADEME
2007).
Des modes de traitement adaptés à ces déchets en fin de vie, comme le compostage à domicile ou par
les installations collectives existent, même s’ils sont encore peu développés en France en comparaison
avec les pays voisins. Cela consiste à laisser les microorganismes dégrader la matière fermentescible,
réduisant ainsi largement le volume de déchets et produisant du compost utilisable pour fertiliser les
sols.
Concernant les emballages, on comprend que seuls ceux totalement biodégradables pourraient être
intégrés à ces modes de traitement (papier, carton, plastiques biodégradables…), mais, même pour ces
matériaux, la vigilance s’impose car les encres et les colles utilisées ne sont pas forcément
biodégradables et surtout peuvent contenir des substances polluantes, qui viendraient altérer le
compost, le rendant impropre à l’utilisation. Attention également aux plastiques abusivement qualifiés
de biodégradables, mais qui en réalité sont transformés en petites molécules par un mécanisme de
(bio)fragmentation. Il est impératif d'exiger la conformité à la norme EN 13432.
3. La valorisation énergétique
Une part importante des déchets qui ne peuvent pas être valorisés par recyclage ou par compostage
peuvent l’être par incinération avec récupération d’énergie. On parle dans ce cas de valorisation
énergétique.
Le principe est le suivant : les déchets entrés dans l’installation sont incinérés à très haute température
(autour de 850°C), libérant des quantités importantes d’énergie, qui peut être récupérée sous forme
de chaleur (utilisable à proximité de l’installation par exemple pour chauffer logements ou équipements
ou alimenter des installations industrielles) ou sous forme d’électricité.
L’ensemble des 128 installations françaises a ainsi permis de générer 3700 GWh d’énergie électrique et
7460 GWh de chaleur (données ADEME 2006).
Le volume de déchets ménagers traités aujourd’hui en incinérateur a tendance à stagner, voire à
diminuer légèrement. Cela s’explique par l’essor du recyclage, mais aussi en partie par la méfiance
24
d’une partie des français vis-à-vis de l’incinération, qui a été à l’origine de plusieurs incidents et
pollutions liés à des installations déficientes et non mises aux normes. Cette mise aux normes des
installations sur la période 2002-2006, basée sur un arrêté de septembre 2002 fixant des normes de
rejets beaucoup plus strictes - sur les dioxines, furanes, métaux lourds… - rend aujourd’hui cette
technologie plus sûre et moins polluante, et justifie son rang de solution alternative, avec le
compostage, quand le recyclage n’est pas possible.
Parmi les matériaux d’emballages, le verre ou les métaux ne sont pas intéressants à incinérer, et
doivent être recyclés au maximum. Pour les papiers/cartons, les complexes type Tetrapak® et les
plastiques d’emballages disposant d’une filière de recyclage établie (PET, PEHD…), l’incinération permet
de récupérer une quantité importante d’énergie mais présente un bilan environnemental moins bon
que le recyclage.
En revanche, tous les plastiques ne disposant pas de filière sélective de recyclage fourniront un
excellent combustible aux incinérateurs ; leur potentiel énergétique élevé exprimé sous forme de PCI
(Pouvoir Calorifique Inférieur), le confirmant au regard des pouvoirs des autres matériaux:
 D’autres fins de vie à éviter
4. Incinération sans récupération d’énergie
De plus en plus limité, ce mode de fin de vie permet principalement de réduire le volume des déchets
avant une mise en décharge, mais il n’optimise absolument pas leur élimination car le potentiel notamment énergétique - des matières incinérées reste inexploité.
5. Mise en décharge (enfouissement technique)
Réservé d’après la réglementation aux seuls déchets ultimes depuis 2002, ce mode d’élimination reste
en pratique utilisé pour certains déchets qui pourraient être valorisés. Il convient donc de réduire au
maximum les quantités de déchets d’emballages mis en décharge, dans la mesure où la très grande
majorité de ces déchets a un intérêt particulièrement élevé pour le recyclage, le compostage, ou la
valorisation énergétique.
25
Communication et éco-conception
Les écolabels et la communication environnementale
Comme nous l’avons vu précédemment, l’information des consommateurs concernant les impacts
environnementaux des produits, emballages compris, va se développer fortement en France au cours
des prochaines années, à travers l’étiquetage environnemental prévu dans le cadre du Grenelle de
l’Environnement (voir les détails dans la partie le point sur la réglementation).
Pour les industriels qui souhaitent dès aujourd’hui entrer dans une démarche de communication sur les
bénéfices environnementaux de leurs produits, il existe 3 niveaux de labels et communications
environnementaux, explicités dans la norme ISO 14020 :
Type 1 : écolabels officiels (NF Environnement, Ecolabel Européen,
l’ange bleu…). Les labels « généralistes » (NF Environnement, Ecolabel
Européen) ont établi des cahiers des charges complets sur 50 catégories de
produits ou services. Les emballages seuls ne peuvent pas être écolabellisés,
mais contribuent à la labellisation du produit fini « contenu + emballage »,
et impliquent donc une collaboration entre l’industriel concepteur
d’emballage et son client utilisateur. Les labels plus spécifiques (Ange Bleu,
Nordic Swann…), concernant par exemple le papier recyclé, sont plus
directement applicables aux matériaux d’emballage.
-
Type 2 : autodéclarations. L’industriel crée lui-même son label, avec ses propres critères,
pour témoigner de sa démarche sur le plan environnemental. Ces labels « maisons » sont
logiquement souvent de moindre portée que les écolabels officiels, car ils ne font l’objet
d’aucune validation externe. Afin d’homogénéiser ces autodéclarations et surtout de limiter les
risques de déclarations abusives ou trompeuses, la norme ISO 14021 définit une série de
bonnes pratiques sur laquelle l’industriel peut s’appuyer pour sa communication
environnementale.
-
Type 3 : Eco-profils. Très complète, cette communication est liée à la réalisation d’une
Analyse du Cycle de Vie (ACV) par l’industriel selon la norme internationale ISO 14040. La
communication des résultats est elle-même encadrée par la norme ISO 14025.
L’ACV, qui constitue à ce jour la démarche la plus aboutie d’analyse environnementale d’un
produit, s’avère souvent une méthodologie lourde et couteuse, malheureusement peu accessible
à nombre de PME.
26
Pour vous aider dans la mise en place d’une démarche
d’éco-conception, un utilitaire d’aide a été développé et est disponible aux
liens suivants :
http://www.ensam.fr/fr/content/download/4352/32250/version/1/file/Utilitaire+eco-conception+emballage.xlsm
Commentaire [VP1]: Lien provisoire
– à remplacer
http://www.iut-chy.univ-savoie.fr/Doc/utilitaire-eco-conception.xls
http://www.envolea.fr/eco-conception.php
Posez-vous les bonnes questions et renouvelez l'opération régulièrement !
Cet outil, sous forme de check-list, est divisé en 4 parties :
- L’extraction des matières premières
- La fabrication
- Le transport et distribution
- La fin de vie de l’emballage.
En retour, l’outil indique le potentiel global d’amélioration de l’emballage et il permet de connaître les
étapes de cycle de vie sur lesquelles il y a le plus de leviers ou de voies d’amélioration possibles.
Afin d’illustrer la démarche minimisation / maximisation proposée dans ce guide, quatre cas d’études
distincts sont développés par la suite.
Les auteurs de ce guide tiennent à remercier les sociétés CGL-Pack, EcoPac, Alpina Savoie et Pina
Packaging, pour leur participation à cet ouvrage, mettant en exergue leur démarche d’éco-conception.
27
Cas d’étude n°1
BARQUETTE OPERCULEE POUR SALADE BIO par CGL PACK
Contexte général :
CGL Pack, concepteur et fabricant de solutions packaging basé à Annecy (74) et à Lorient (56), a mis au point une
méthode d’évaluation environnementale des emballages : la méthode Ecobilan 3x3®. L’évaluation de leurs
produits leur permet de concevoir ceux-ci selon une démarche d’éco-conception.
Parmi les nombreux exemples d’application, figure la re-conception d’une barquette operculée pour salade BIO.
Situation avant le projet :
La solution d’emballage avant le projet consistait en une barquette bi-matériaux
APET (PolyEthylène Téréphtalate amorphe)/PE (PolyEthylène) et d’un couvercle
APET. Le tout représentait un volume de 144x118mm.
Cahier des charges initial :
L’objectif, classique de l’éco-conception, était de conserver la valeur d’usage du packaging en réduisant son impact
environnemental global.
Solutions mises en place et bénéfices associés :
La méthode Ecobilan 3x3® axe en priorité les efforts sur les 3 étapes du cycle de vie de l’emballage ayant les plus
forts impacts sur l’environnement, à savoir l’extraction des matières premières, la phase de fabrication de
l’emballage et sa fin de vie.
Elle se base également sur 3 critères environnementaux que sont les consommations des ressources nonrenouvelables, l’effet de serre et l’eutrophisation.
Ces 3 étapes et 3 critères, à la base de la méthode, ont été identifiés à travers une première étude approfondie,
utilisant les outils type analyse de cycle de vie. La philosophie de cette démarche est de tirer d’une étude initiale
complexe une méthode simple et pratique applicable à l’ensemble des produits de la gamme.
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Afin d’améliorer l’impact environnemental de la barquette pour salade, CGL
Pack a joué sur les matériaux et les formes de l’emballage.
Ainsi, au lieu d’utiliser une barquette bi-matériaux, CGL Pack a conçu une
barquette en rPET, c’est-à-dire contenant 12% de PolyEthylène
Téréphtalate recyclé.
Egalement, un relooking du produit a permis de donner une nouvelle forme
à cette barquette tout en économisant 20% de son poids.
La barquette 100% PET est donc maintenant entièrement recyclable et
pourra être effectivement recyclée une fois la filière de collecte des
barquettes mise en place.
De plus, une solution monomatériau présente l’avantage de valoriser les
chutes de production du thermoformage, ce qui est très complexe avec un
plastique multicouche.
L’entreprise CGL Pack a donc utilisée une méthode d’éco-conception complète et rigoureuse, permettant
d’économiser (en se basant sur un marché annuel de 100 000 pièces) :
3000 litres de pétrole
32500 km de voiture (5.1 tonnes de CO2 équivalent)
370 m² de champs sur-fertilisé
De plus, dans une logique d’amélioration continue, CGL Pack continue de travailler sur ce produit en intégrant à
leur site de production une nouvelle ligne d’extrusion. Cette dernière permet d’utiliser du rPET à 50% plutôt que
du rPET 12%. Cette modification apportera un gain environnemental additionnel.
L’évolution des procédés industriels permettra ainsi demain d’élargir les possibilités d’utilisation de matières
recyclées
29
Cas d’étude n°2
La solution Ecopac® d’Agriplas emballage industriel éco-conçu
de 20L destiné à un usage « navette »
Contexte général :
AGRIPLAS, conçoit et fabrique des emballages plastiques. Implanté à
Dinard (35) et Bellegarde (01), AGRIPLAS a fait depuis de nombreuses
années du respect de l’environnement une de ses valeurs fondamentales :
réduction des poids des emballages, recyclage des déchets plastiques,
limitation des suremballages…
Situation avant le projet :
Sur le marché industriel, les emballages traditionnels de 20L sont
généralement des bidons ou containers en PEHD à usage unique, d’environ
1kg. La fin de vie se fait en « boucle ouverte », avec recyclage ou non du
PEHD : dépendant de l’utilisateur final, du contenu dangereux ou non…
Cahier des charges de départ :
AGRIPLAS souhaitait développer un emballage à impact environnemental optimisé, adapté à l’ensemble des
secteurs servis (alimentaire, chimie, pharmacie…). L’emballage est composé d’une partie rigide et durable et d’une
écorecharge intérieure jetable de faible poids. L’intégration de cette construction dans une offre totalement
repensée de service aux utilisateurs (passage d’une logique produit à une logique service) s’est imposée au cours
du développement et de l’expérimentation avec les premiers clients.
L’entreprise s’est appuyée aux différentes étapes du projet (établissement du diagnostic initial, évaluation de la
solution retenue) sur l’aide de l’ADEME, et a décidé d’orienter l’amélioration sur l’aspect bilan carbone, clé dans ce
domaine où la logistique représente une part majeure des impacts.
Solutions mises en place et bénéfices associés :
La construction de l’emballage : Ecopac® est constitué, d’une part, d’une caisse et d’un couvercle rigides en
PEHD et, d’autre part, d’une écorecharge (poche intérieure) jetable en PEMD. La masse totale de la partie
« durable » en PEHD est de 2150g, la partie jetable en PEMD étant réduite à 350g.
La solution logistique : AGRIPLAS fournit les emballages Ecopac® à ses clients conditionneurs, selon différentes
formules d’achat ou de location longue durée, et ses clients récupèrent ensuite chez leurs propres clients
utilisateurs les parties rigides d’Ecopac® qui seront associées à des écorecharges neuves.
Par ailleurs, les poches intérieures jetables sont recyclables, et tout un réseau de récupération a été mis en place
pour les récupérer en vue d’un recyclage dans des produits types palettes plastiques.
Bénéfices environnementaux : La solution « bag in a box » permet d’utiliser 65% de matière neuve en moins à
chaque utilisation (passant de 1000g à 350g), et réduisant d’autant la masse à recycler.
Au global, l’estimation faite avec l’aide de l’ADEME en fin de projet a montré que le bilan carbone associé à cette
nouvelle solution (produit + logistique) était divisé par un facteur supérieur à 4 par rapport à la solution standard.
Des projections ont été faites ; sur la base des 20 millions d’emballages de 20L perdus, si l’on généralisait
Ecopac® sur l’ensemble du marché il y aurait une économie de près de 12 000 Tonnes de matière
première par an. Aujourd’hui difficile à quantifier, il serait intéressant de pouvoir corréler le nombre d’emballages
actuellement mis en décharge sauvage et celui de demain si on généralisait le concept Ecopac® avec son suivi
unitaire par RFID.
Soit :
- 65% de matière neuve en moins
empreinte carbone divisé par 4
Bénéfices commerciaux : cette nouvelle solution permet à AGRIPLAS et à ses clients conditionneurs de se
positionner dans une démarche de service, de prestation « tout compris » face à leur client, ce qui constitue dans
de nombreux cas un avantage concurrentiel important. Les clients, pour qui les déchets d’emballage étaient
auparavant « invisibles », valorisent ainsi leur activité et fidélisent leurs clients utilisateurs. AGRIPLAS
accompagne les clients qui le désirent dans cette transition du produit vers la prestation.
Pour plus d’informations sur la solution Ecopac®, consulter le site dédié : http://www.ecopac.agriplas.fr/
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Cas d’étude n°3
Reconception des emballages des pâtes
ALPINA Savoie.
Contexte général :
ALPINA Savoie, implantée à Chambéry (73) depuis 1844, fabrique des pâtes
vendues sous leur marque nationale mais également sous les grandes marques
de distributeurs.
Impliquée dans une démarche de développement durable, cette entreprise a
développé depuis 2003 sa propre démarche en plus d’adhérer programme Global
Compact de l’ONU.
Situation avant le projet :
Sur des produits à faible valeur tels que les pâtes, la part de l’emballage doit
rester minime pour rester compétitif sur un tel marché ; le travail d’écoconception sur l’emballage ne peut donc en aucun cas augmenter le prix de celuici.
L’emballage actuel est un sachet « confiseur » composé d’un film plastique en
complexe OPP d’une épaisseur de 50 µm, refermé par « clipsage » qui laisse
dépasser une collerette (surplus de plastique). Ces paquets sont regroupés dans
des caisses en carton pesant entre 200g et 500g.
L’impression est réalisée grâce au procédé de flexographie.
Cahier des charges de départ :
Alpina Savoie a profité d’une remise à plat de sa gamme de pâtes pour reconcevoir ses emballages en 2010. Elle a
décidé de saisir cette opportunité pour accentuer sa démarche environnementale.
Cette entreprise a ainsi travaillé sur chaque étape de cycle de vie en essayant de réaliser le meilleur compromis
entre l’environnement, la technique et la compétitivité.
Une des règles d’or appliquée à ce projet d’emballage a été de solliciter des acteurs de proximité pour la chaîne
graphique, en restant dans une limite de prix acceptable.
Les autres axes de travail principaux sont le changement de forme, l’élaboration d’une nouvelle identité graphique
pour apporter de la modernité à la gamme, l’étude des différentes méthodes de gravure de clichés et les
différentes encres possibles sur la base de critères environnementaux.
Solutions mise en place et bénéfices associés :
Forme et épaisseur : La collerette et le système « clipsage » ont été supprimés,
le film plastique en OPP épouse donc au mieux la quantité de pâtes. Ce
changement de forme des paquets a permis de réduire le poids par sachet de 7% à
25% en fonction du produit emballé.
Fournisseurs : L’optimisation des distances étant un axe important pour ce projet,
le photograveur et l’imprimeur retenus sont Rhône-alpins.
Décorations : Afin de réduire les quantités d’encres consommées, les zones du
paquet non visibles une fois celui-ci formé ne sont plus imprimées.
Logistique : Pour l’emballage secondaire, le choix a été fait, malgré le passage
d’une ressource naturelle renouvelable à une ressource non renouvelable, de
supprimer les caisses en carton ondulé pour les remplacer par des films plastiques
thermo-rétractables pesant jusqu’à 10 fois moins et occupant jusqu’à 10 fois moins
en volume lors de leur livraison. Cette solution permet donc aussi de réduire le
nombre de camions de livraison.
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Gains
–
–
–
réalisés :
De 7% à 25% de réduction du poids de sachets grâce à l’optimisation de la forme
Une palettisation améliorée de 12% à 25%
Des flux de camions pour l’approvisionnement des emballages secondaires divisés par près de
10
La démarche d’Alpina Savoie montre qu’une démarche utilisant le « bon sens » en passant en revue de
nombreux aspects du cycle de vie de l’emballage, permet de réduire les quantités d’emballages nécessaires pour
emballer des produits.
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Cas d’étude n°4
Concept innovant de l’emballage du lait conditionné :
MPACAP (Pina Packaging)
Contexte général :
La filière du lait est la deuxième industrie de l’agro-alimentaire, avec un chiffre d’affaires atteignant 25,6 milliards
d’euros en 2009.
Petit à petit, la bouteille plastique a fait sa place dans les rayons de nos supermarchés. Cela a été possible par le
biais d’innovation technologique, permettant de conserver le lait sur une longue durée, en utilisant soit un
plastique multicouche, soit en ajoutant des charges au plastique assurant l’opacité aux UV de la bouteille.
Ces innovations ont permis d’améliorer l’utilisation du lait conditionné par le consommateur : ergonomique,
refermable, rendu qualitatif.
, Par contre, ces innovations n’ont pas intégré l’impact environnemental de cet emballage. Cet impact pose donc
problème aujourd’hui, alors que l’on demande aux industriels et aux concepteurs de l’emballage, d’intégrer
systématiquement l’aspect environnemental dans la conception de l’emballage de leur produit.
Parti du constat que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas, Pina-Packaging, concepteur d’emballages, a
imaginé MPACAP®. Un concept d’emballage permettant d’économiser du plastique. Directement applicable en
industrie sans modifier les processus de fabrication, ni les matériaux utilisés, le principe est très simple : sur un
pack de lait, seul un bouchon est conservé. Il passera ainsi de bouteille en bouteille au fur et à mesure de la
consommation de ce pack.
Situation avant le projet :
Les packs de lait conditionné en bouteille standard sont vendus par lot de 6 – Ils sont composés de 6 bouteilles en
PET ou PEHD, 6 étiquettes, 6 opercules, 6 bouchons en PP. Un fardelage vient regrouper et maintenir l’ensemble.
Cahier des charges de départ :
Trouver un concept innovant sans grande révolution, afin qu’il soit applicable immédiatement en industrie et sans
investissement initial.
Nécessité de diminuer la quantité de plastique utilisé sur les packs de lait standard.
Solutions mise en place et bénéfices associés :
Le principe MPACAP® est simple : il consiste à enlever 5 des 6 bouchons composant le pack
de lait. Une cartonnette spécifique peut être déposée sur les 5 bouteilles sans bouchon.
Celle-ci n’est pas obligatoire, mais elle peut permettre de rassurer le consommateur sur la
protection des bouteilles. Cette cartonnette permet également de communiquer sur la
démarche et donc d’expliquer au consommateur le principe et les gains environnementaux
associés.
L’opercule aluminium pourrait être protégé par un opercule en carton afin que les bouteilles puissent être vendues
individuellement.
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Détail du pack MPACAP®
Avant d’aller plus loin, une étude environnementale comparative entre un pack de lait standard et le pack
MPACAP®, a permis de déterminer les gains environnementaux liés à cette innovation et donc d’affirmer les
atouts de la démarche développée par cet industriel.
Cette évaluation environnementale a été réalisée selon le principe de l’Analyse de Cycle de Vie.
Le bouchon en PP d'une bouteille de lait ne
représente que 7% du poids total d'une bouteille.
(Emballage primaire et secondaire compris)
Il représente environ 6% des impacts de la
bouteille sur l'environnement en considérant le
cycle de vie complet de cette dernière.
M'PACAP, c'est 5 bouchons en moins.
Soit :
-> plus de 12g de plastique en moins
par pack de lait
-> 5% de réduction d'impact sur le
réchauffement climatique sur le tout
cycle de vie du produit
-> 6% d'impact en moins sur les
ressources sur tout le cycle de vie du
produit
Sur une année en France, ce sont 1,91milliards de litres de lait* qui sont conditionnés, distribués et
vendus dans les supermarchés. Si 50% de ces emballages sont des bouteilles plastiques, et que
toutes seraient conditionnées suivant le concept MPACAP, ce serait :
-> 1 910 tonnes de plastique économisés
-> Près de 65 650 tonnes de CO2 eq émis en moins (soit 51 960 aller -retour Paris/New York en
avion)
-> Plus de 1 700 millions de MJ primaire économisés
Cette idée innovante, même si elle a un long chemin à parcourir afin d’entrer dans les mœurs des consommateurs,
rappelle que de petits changements de notre vie quotidienne permettent d’importants bénéfices
environnementaux.
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Bibliographie – guides existants par secteur
Etre ou ne pas être emballé. 32 questions que nous nous posons sur les emballages, CNE
(Conseil National de l'Emballage), 2005, 19 pages
Conception et fabrication des emballages en matière plastique pour une valorisation
optimisée, Chambre syndicale des Emballages en Matière Plastique (CSEMP), 2004, 33 pages
Guide Eco-conception "les Spiritueux", Fédération Française des Spiritueux (FFS), 2008, 22
pages.
Conception des emballages - Guide pour l'amélioration de leur recyclabilité, ADEME / Ecoemballage / LNE, 2008, 38 pages
Envirowise guide. Packguide - a guide to packaging ecodesign, Industry Council for
Packaging and the Environment (INCPEN), 2008, 64 pages
Guide Pratique d'Eco-Conception "Pro Carton", Bio Intelligence Service, 2006, 63 pages
Dossier thématique Eco-Conception : évaluation des impacts environnementaux d’un
produit et mise en oeuvre d’une démarche de prévention, Pro Carton, 2007, 28 pages
Emballage et environnement : de la prévention à l'éco-conception, Pays de la Loire
Innovation (Dominique Launay), 2003, 55 pages
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