Victor Piché - Production gestion de l`incertain
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Victor Piché - Production gestion de l`incertain
Production/gestion de l’incertain : la migration internationale comme course à obstacles Victor Piché 1 Introduction À prime abord, on peut penser que le thème du congrès 2 – Penser l’incertain – invite uniquement à une réflexion épistémologique. En effet, dans la pratique de la sociologie, et des sciences sociales en général, on peut déceler diverses formes d’incertain. On peut par exemple considérer l’incertain comme étant inhérent à l’action humaine. Ou encore, une autre forme d’incertain liée à la précédente : l’imprévisible. Le catalogue des événements et des faits que n’a pu prévoir la recherche sociologique est suffisamment long pour discréditer l’efficacité explicative des modèles sociologiques. Troisième forme d’incertain : l’incertain comme revirement de situations. Il en sera un peu question dans le présent texte lorsqu’il sera question de la réémergence des programmes de travailleurs temporaires, malgré la critique presque unanime de ces programmes au lendemain de leur abandon en Europe au début des années 1970 qui avait laissé croire au « jamais plus ». Il existe deux autres formes d’incertain qui font l’objet du présent texte. D’abord, l’incertain comme mode de gestion, c’est-à-dire l’incertain produit volontairement par l’état comme mode de contrôle des populations migrantes. Et deuxièmement, comme en contrepartie, l’incertain comme mode de vie face à l’incertain produit par les politiques migratoires. Comme nous le verrons, au centre de cette dernière forme de l’incertain, il y a la notion de risque. L’objectif ici est d’illustrer la prédominance croissante de l’incertain dans la vie des populations migrantes les plus vulnérables, à savoir les réfugiés, les demandeurs d’asile, les sans papiers et, jusqu’à un certain point, les migrants temporaires. Les autres types de migrants et de migrantes, les qualifiés, les professionnels et les entrepreneurs, sont en grande partie en dehors de l’univers de l’incertain. Au contraire, tout est mis en place pour les attirer par des politiques explicites, claires, incitatives et favorables. 1 Professeur honoraire (Démographie),Université de Montréal et chercheur associé, Chaire Hans et Tamar Oppenheimer en droit international public, Université McGill, Montréal, Canada. 2 Il s’agit du Congrès de l’Association internationale des sociologues de langue française, tenue à Rabat, Maroc, 2-6 juillet, 2012. canadia 1 Dans une première partie plus conceptuelle, nous discuterons du conteste politique global régissant les migrations internationales. Nous aborderons ensuite « la migration comme course à obstacles » en documentant les nombreux risques que doivent prendre les populations migrantes vulnérables dans un contexte politique de plus en plus répressif. L’illustration est basée sur une revue de presse internationale, en langue française et anglaise, qui regroupe une série d’articles sur le sort des populations migrantes au cours des deux dernières années (2011 et 2012). 1. Production étatique de l’incertain : les « nouvelles » politiques migratoires sélectives et répressives La question statistique Nous vivons, semble-t-il, dans un monde de mobilité. La plupart, sinon tous, les travaux scientifiques sur les migrations contemporaines insistent sur le fait que nous connaissons actuellement des niveaux de migration sans précédent. Cette perception d’un monde dominé par de vastes mouvements de population fait maintenant partie d’un paradigme dominant, celui qui préconise un modèle de gestion mondial afin d’assurer un certain ordre social (Gosh, 2010 et 2012). Pourtant, les statistiques semblent raconter une toute autre histoire. Ainsi, si l’on se fie aux estimations des Nations Unies basées sur la proportion des personnes nées à l’étranger que fournissent les recensements, informations recueillies depuis 1950, on constate que non seulement ces pourcentages sont très faibles, à peine 3% de la population mondiale, mais ils sont restés stables depuis les années 1960 (United Nations, 2004 et 2005). On a donc ici un bel exemple d’un fait généralement considéré comme non significatif sur le plan démographique mais qui occupe une place centrale dans les discours et dans les imaginaires. Si on y regarde de plus près, on constate que ce sont les pays dits du nord qui enregistrent des augmentations de leurs proportions de populations immigrantes, encore que ces proportions demeurent en deçà de 10%. Ce qui n’empêche pas que dans les discours, la migration internationale est un fait politique majeur dans le monde contemporain, bien au delà de son importance démographique. canadia 2 Le nouveau modèle de gestion des migrations internationales Les années 2000 ont vu apparaître un nouveau paradigme en matière de politiques migratoires (Martin et Pécoud, 2010). Ce paradigme est largement connu maintenant sous le vocable anglo-saxon “migration management”, que nous traduisons par gestion migratoire des migrations), même si le terme “management” fait davantage référence à une philosophie globale d’organisation et de gestion, d’abord associée aux entreprises, mais par la suite appliquée à un ensemble de domaines. Selon Bimal Gosh (2000), le fondateur de cette approche appliquée aux migrations internationales, la gestion migratoire signifie gérer pour atteindre des objectifs plus ordonnés, prévisibles et humains, grâce à une gouvernance globale du régime migratoire. La gestion migratoire est basée sur une prémisse de base, à savoir que la migration, bien gérée, peut être positive pour tout le monde, à savoir les pays d’origine, les pays de destination et les migrants eux-mêmes (d’où le fameux slogan “winwin-win”). Pour plusieurs critiques (voir Geiger et Pécoud, 2012), la gestion migratoire constitue un paradigme qui tente de diffuser une approche globale hégémonique présentant la migration comme une caractéristique normale du monde globalisé d’aujourd’hui. De plus, cette approche a émergé essentiellement dans le contexte historique de l’Union Européenne, préoccupée par la migration irrégulière considérée comme une menace difficile à gérer compte tenu de l’extension des frontières prévues dans les traités et conventions. En pratique et sur le terrain, la gestion migratoire met en place trois séries de mesures : (1) un contrôle plus efficace des frontières, y compris des mesures de « détérriorisation » visant à intercepter les migrants avant leur accès aux pays de destination; (2) la signature d’accords avec les pays tiers et les pays de transit afin de les amener à mettre un terme aux migrations irrégulières et de permettre le renvoi des migrants interceptés dans ces pays; et (3) l’élaboration de programme de co-développement en partenariat avec les pays de transit et/ou d’émigration. Enfin, au cœur de cette approche se trouvent les organisations internationales, surtout l’Organisation Internationale des Migrations (OIM), qui jouent un rôle central dans la diffusion du discours de l’approche gestionnaire et qui se voient canadia 3 souvent dans la position de poursuivre les objectifs migratoires que les pays de l’Union Européenne trouvent souvent trop controversés et préfèrent alors les transférer à ces organisations. Un des mécanismes de contrôle établi concerne Frontex, l’Agence européenne pour la gestion opérationnelle des frontières. En effet, cette agence intervient de plus en plus souvent pour sécuriser les frontières, interventions qui couvrent quatre volets : (i) au delà de la frontière : ce sont les zones de départ où sont mis en place les premiers filtres (visas, etc.) ; (ii) à travers la frontière (« across the border ») : ce sont les zones entourant la frontière ; (iii) à la frontière, zones classiques où se trouvent les postes et les officiers ; et enfin (iv) à l’intérieur du territoire de l’Union Européenne. Frontex participe également aux opérations d’extériorisation consistant par exemple à empêcher les bateaux de partir (Kasparek, 2010; Kasparek et Wagner, 2012). La mondialisation La conceptualisation de la migration internationale, et en particulier du rôle des travailleurs migrants, a été profondément transformée par les transformations majeures liées à la mondialisation. Plus spécifiquement, nous assistons présentement à un important changement de paradigme avec la mise en œuvre de politiques migratoires visant à établir un système à deux vitesses, l’une pour les personnes très qualifiées et une autre pour les moins qualifiées (Piché, 2012). Pour les premières, les mécanismes de sélection facilitent l’entrée et l’établissement permanent; pour les deuxièmes, les mécanismes de recrutement offrent des permis de travail temporaire. Ce changement de paradigme est inhérent à la nouvelle approche de la gestion migratoire dont nous venons de parler. Ailleurs, nous avons démontré à quel point il s’est développé un nouveau consensus sur le fait que les programmes de migration temporaire constituent la meilleure politique dans le monde global d’aujourd’hui (Piché, 2012). L’argumentaire se base sur les concepts d’offre et de demande. D’une part, l’offre provenant des personnes à la recherche de revenus des pays pauvres est importante alors qu’il existe dans les pays riches une demande croissante pour remplir des occupations peu qualifiées pour lesquelles il est difficile, voire impossible, de recruter sur place les travailleurs requis. Bref, toujours selon canadia 4 l’argumentaire dominant 3, en permettant les travailleurs pauvres d’accéder au revenu de ces emplois en demande constitue une situation gagnante-gagnante selon l’expression maintenant consacrée. Par ailleurs, le nouveau paradigme a pénétré le domaine de la recherche scientifique sur les liens entre migration de développement, entre autre par le biais de la notion du co-développement dont nous reparlerons plus loin. Il existe actuellement une école de pensée fort importante qui prône la pertinence de la migration temporaire pour ses effets positifs sur le développement (e.g. Ruhs & Chang, 2004; Portes, 2009). 4 La ré-émergence des programmes de migration temporaire (« guestworker programs ») peut apparaître étonnante dans la mesure où ceux-ci ont été largement critiqués et abandonnés dans les années 1970 (Castles, 2006). À ce sujet, le Canada est un bon exemple de pays qui abandonne de plus en plus le principe fondamental liant historiquement migration et résidence permanente en développant de nombreux programmes de travailleurs temporaires (Prebish 2010; Pellerin, 2011, Piché, 2012). Le gouvernement canadien vient de rendre officielle la possibilité pour les employeurs de payer les travailleurs migrants 15% de moins que les travailleurs nationaux (voir Encadré 1). Encadré 1 Il va sans dire que ces programmes tel que conçus vont à l’encontre de la Convention des Nations Unies sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille (1992). Il n’est donc pas surprenant qu’aucun pays développé n’ait à ce jour signé cette convention. 5 Les programmes de travailleurs temporaires sont critiquables sur au moins deux fronts. Outre leur non respect des droits fondamentaux, ils créent une nouvelle catégorie de non citoyens puisque la résidence permanente leur est déniée. Deuxièmement, il s’agit de programmes propulsés par les employeurs, auxquels sont rattachés les travailleurs temporaires à qui on refuse la mobilité 3 Voir le rapport de la Global Commission, 2005 ; le cadre conceptuel du BIT (ILO, 2006) ; Organisation internationale des migrations (IOM, 2006) et le rapport sur le développement humain des Nations Unies (UNDP, 2009). Ces rapports sont analysés en détail dans Piché (2012). 4 Pour une analyse critique de ce courant, voir Skeldon, 2008 et de Haas, 2010. 5 Pour une analyse détaillée des raisons données pour le refus de signer la convention, voir le numéro spécial de la revue Hommes & Migrations, 2008 et Guchteneire, Pécoud et Cholewinski, 2009. canadia 5 sur le marché du travail. Il s’agit en quelque sorte d’une main d’œuvre non libre (Basok, 2002 :16). D’ailleurs, la Commission des droits de la personne du Québec vient de publier un avis fort important demandant au gouvernement du Québec de réviser sa législation et ses programmes en matière d’immigration pour mettre fin à la discrimination systémique dont sont victimes les travailleurs migrants (Encadré 2). Encadré 2 Il est important de souligner que le paradigme du « migration management » tel que défini ci-haut s’est développé essentiellement dans le contexte de la lutte à la migration irrégulière. Comme nous le verrons maintenant, les mesures de gestion mises en place deviennent de plus en plus sélectives et répressives pour les populations migrantes les plus vulnérables : les migrants irréguliers, les revendicateurs de statut et les travailleurs temporaires. L’application des politiques répressives varie d’un pays à l’autre, tant dans leur degré d’application que leur sévérité, créant ainsi un certain flou, ou un espace incertain à l’intérieur duquel se meuvent à grand risque les populations migrantes en question. La migration internationale est devenue une véritable course à obstacles remplie d’embuches. C’est ce que nous verrons dans une deuxième partie. 2. La migration comme course à obstacles La question qui se pose maintenant est comment les migrants et les migrantes peuvent survivre dans un tel monde incertain. Autrement dit, comment se manifeste quotidiennement l’application des mesures restrictives et répressives? Il n’est pas facile de répondre à cette question car les populations migrantes ont rarement la parole, contrairement aux politiciens, bureaucrates, intellectuels et idéologues qui eux parlent, écrivent, utilisent les media. L’incertain, signe de la vulnérabilité produit le silence. Heureusement, il y a les articles de journaux qui jour après jour nous rapportent des faits troublants sur le parcours des migrants et des migrantes. Les mesures de plus en plus répressives constituent autant d’obstacles que doivent franchir les populations migrantes. Chaque étape du parcours migratoire produit son lot de risques pour ceux et celles qui choisissent malgré tout d’entreprendre le périple. Pour illustrer ces obstacles, j’ai sélectionné canadia 6 quelques titres de journaux à travers le monde qui documentent le sort des populations migrantes vulnérables. 6 Premier obstacle : décourager l’émigration à la source La meilleure façon de décourager l’émigration, celle qui est certes la plus répandue et connue, est liée aux procédures de demandes de visas qui excluent de nombreuses catégories de migrants potentiels. S’agissant par exemple du Sénégal, selon Gatti (2008 : 18), ce sont des milliers de Sénégalais qui se voient chaque année refusés un visa. Par ailleurs, ce premier obstacle pour les migrants et les migrantes est de plus en plus à mettre en rapport avec la nouvelle donne migratoire dans les pays d’émigration. L’élaboration de programme de co-développement en partenariat avec les pays de transit et/ou d’émigration véhicule l’idée qu’il vaut mieux rester chez soi. Le plus souvent, il s’agit de programmes d’aide assortis de mesures anti-immigration.. Par exemple, dans le cas du Sénégal, l’aide accordée par l’Espagne est passée de 5 à 15 millions d’euros moyennant un plus grand contrôle de l’émigration et la mise en place d’un dispositif de surveillance des côtes (Rossi, 2006). La France a également signé des accords de ce type avec plusieurs pays africains, dont le Bénin, la République du Congo, le Gabon et le Sénégal (Kabbanji, 2011). Le co-développement ne peut se comprendre sans le relier aux accords bilatéraux (Encadré 3). En effet, les accords bilatéraux, qui se multiplient présentement, visent également à empêcher les migrations à la source et éventuellement établir des protocoles de renvois des migrants dans les pays concernés. L’exemple le plus frappant est certes les accords établis avec l’ancien régime de Kadhafi, accords visant à renforcer à coûts de millions d’Euros à renforcer les capacités de la Libye à prévenir le départ des migrants irréguliers vers l’Europe. Ce genre d’accords à profondément perturber les filières migratoires au départ de l’Afrique (Gatti, 2008 : 262-263. Encadré 3 Deuxième obstacle : échapper au trafic humain 6 La banque de données provient du site de la chaire Oppenheimer, Université McGill. Nous avons consulté plus de 200 articles de journaux. La sélection finale repose à la fois sur la qualité illustrative et la représentativité géographique (surtout dans les pays du Nord). canadia 7 Deuxième obstacle, malgré le discours visant à décourager l’émigration, une fois prise la décision de partir et étant donné les nombreuses difficultés à immigrer, il reste à trouver des filières migratoires fiables et des passeurs honnêtes. Le défi est d’échapper au trafic des êtres humains (Encadré 4). Encadré 4 Selon les Nations Unies, c’est par millions que l’on compte les victimes du trafic : 17% de ce trafic concerne le travail forcé et 2 victimes sur 3 sont des femmes. Il s’agit d’un commerce fort lucratif : $32 milliards par année selon les Nations Unies, un commerce qui est en grande partie entre les mains des organisations criminelles transnationales. Comme l’affirme le même rapport, dans la plupart des pays, les lois criminalisent les prostituées et autres victimes du trafic mais ne pénalisent pas les responsables du trafic. Dans les faits, les émigrants potentiels peuvent se rendre à peu près n’importe où en Europe, ou ailleurs dans le monde, s’ils sont prêts à payer (Encadré 5). Encadré 5 Parfois, c’est toute une industrie qui est impliquée dans le trafic, comme en Thaïlande, où plusieurs migrants cambodgiens, attirés par des promesses d’emploi intéressant, préfèrent sauter du bateau plutôt que de travailler sans rémunération (Encadré 6). Encadré 6 Le Canada n’échappe pas à la règle visant les victimes plutôt que les passeurs criminels (Encadré 7) et augmentant les risques de détention pour les demandeurs d’asile (Encadré 8). Encadré 7 et 8 Troisième obstacle : éviter l’interception Le troisième obstacle consiste à éviter l’interception avant l’arrivée sur le territoire. On parle ici de la pratique du refoulement préventif, qui est de plus en plus utilisée et présentée – à tort - comme une mesure respectant le canadia 8 principe de non refoulement prévu dans la Convention de Genève en matière de protection des réfugiés (Encadré 9). Encadré 9 Une étude récente montre comment l’Italie s’est engagée sur cette voie (Encadré 10). L’interception en 2009 par les gardes côtières de 227 migrants sur 3 bateaux et leur renvoi en Libye constituent un tournant historique en matière de refoulement préventif. La justification de ces interventions découle de la redéfinition des frontières maritimes comme se situant à une douzaine de miles nautiques de la terre ferme. Le refoulement préventif n’est possible qu’à travers des accords bilatéraux et multilatéraux, comme nous l’avons déjà mentionné plus haut. L’auteure de l’étude conclue qu’avec son nouveau modèle et ses relations avec la Libye, l’Italie est en avant-garde en matière de refoulement préventif (Marchetti, 2010). Encadré 10 Un des outils de contrôle concerne FRONTEX, l’Agence européenne pour la gestion opérationnelle des frontières. En effet, cette agence intervient de plus en plus souvent pour sécuriser les frontières, interventions qui couvrent quatre volets : (i) au delà de la frontière : ce sont les zones de départ où sont mis en place les premiers filtres (visas, etc.) ; (ii) à travers la frontière (« across the border ») : ce sont les zones entourant la frontière ; (iii) à la frontière, zones classiques où se trouvent les postes et les officiers ; et enfin (iv) à l’intérieur de l’Union Européenne. Frontex participe aussi aux opérations d’extériorisation consistant par exemple à empêcher les bateaux de partir. Quatrième obstacle : franchir les murs Quatrième obstacle : franchir les murs. De plus en plus de murs existent maintenant dans le monde et d’autres sont en construction. Par exemple, la Grèce projette de construire un mur d’environ 10 kilomètres de long et de 4 mètres de haut (Encadré 11). Encadré 11 Selon une compilation récente de Corine Chaband dans l’Atlas des mondialisations (Le Monde – La Vie, 2010-2011: 164-165), 20 pays sont présentement emmurés (Encadré 12). Quelques exemples : en Amérique canadia 9 (Brésil et États Unis); dans l’Union Européenne, en Afrique (Botswana, Maroc, Afrique du Sud); au Moyen Orient (Israel, Arabie Saoudite); en Asie (Chine, Inde, les deux Korée, Myanmar, Pakistan). Encadré 12 Cinquième obstacle : survivre aux contrôles frontaliers La cinquième étape du parcours migratoire consiste à traverser une frontière. Cela devient de plus en plus difficile et risqué. D’une part, il y a une militarisation de la frontière comme le montre l’exemple de la Grande Bretagne où le changement de nom de l’Agence des frontières en « armée frontalière » résume l’approche qui traite les migrants comme des criminels (Encadré 13). Encadré 13 De plus, plusieurs pays sont en train de mettre en place toute une panoplie de mesures de contrôle basées sur les nouvelles technologies de l’information. Les États Unis sont probablement les plus avancés dans la création d’une clôture virtuelle avec leur « Integrated Surveillance Intelligence System” (ISIS) qui déploie des senseurs de mouvement infrarouges, séismiques et magnétiques, pouvant détecter le mouvement et la chaleur à l’intérieur d’un radius d’environ 15 mètres et des senseurs de métal ayant un rayon de 76 mètres. Si on ajoute à cela les caméras vidéo contrôlées à distance (sur 8 kilomètres), les satellites et les radars, on arrive à construire une clôture virtuelle. Il ne faut pas non plus sous-estimer la biométrie comme nouvelle science de contrôle des populations. D’autres pays emboitent le pas dont l’Angleterre (Encadré 14) et le Canada (Encadré 15). Encadré 14 et 15 Sixième obstacle : éviter l’expulsion. On observe actuellement une augmentation importante des cas d’expulsions. En ce sens, plusieurs pays d’Europe cherchent des accords de ré-insertion avec certains pays. C’est le cas de la Norvège qui cherche un accord lui permettant d’expulser les nationaux éthiopiens dont les demandes ont été refusées. Pourtant, la Hollande a affirmé ne pas retourner les Éthiopiens en Éthiopie parce qu’ils risquent l’emprisonnement et la torture dans leur pays (Encadré canadia 10 16). Voilà un cas d’incohérence qui ne fait que nourrir l’incertain. Voici un autre cas de confusion et d’incohérence : dans la liste des sept pays surs de la Belgique, on retrouve Albanie et le Kosovo, alors que ces deux mêmes pays sont exclus par la France (Encadré 17). Encadrés 16 et 17 Septième obstacle : faire face à l’impunité des agences privées Plusieurs pays ont décidé d’externaliser les contrôles frontaliers, notamment en les confiant à des agences privées (Encadré 18). Encadré 18 Un exemple nous vient de la Grande Bretagne où un homme escorté par trois agents de sécurité privés est mort par étouffement dans des circonstances suspectes et ce cas ne semble pas unique, plusieurs rapports dénonçant la violence et les abus commis par des sous-traitants remplissant des fonctions migratoires (Encadré 19). Aujourd’hui, la sous-traitance gouvernementale a donné naissance à une industrie qui englobe presque tous les aspects de la gestion migratoire partout dans le monde. La plus grande entreprise de sécurité, avec plus de 650 000 employés ( la G4S) est impliquée dans une pléthore de fonctions migratoires, de l’opération de centres de détention en Grande Bretagne au filtrage des passagers dans les aéroports d’Europe, du Canada et du Moyen Orient. Ainsi, Boeing a reçu $1,3 milliard pour mettre en place un système de surveillance sur la frontière États-Unis - Mexique. Une autre firme gère 7,000 centres de détention aux USA où sont transférés les migrants interceptés dans la Caraïbe. On voit donc que l’expulsion, la détention et le contrôle des frontières sont devenus des marchés fort lucratif. Bref, aujourd’hui la gestion migratoire est de plus en plus laissée entre les mains des corporations privées. Pourtant, la privatisation introduit un voile corporatif qui brouille à la fois la vue du public et la transparence légale. Encadré 19 Huitième obstacle : survivre à la chasse aux « illégaux » canadia 11 Il est devenu politiquement rentable de tenir un discours musclé contre les migrantes et migrants dits illégaux. Cela devient particulièrement vrai aux États Unis où quelques états comme l’Alabama qui ont adopté une loi permettant d’utiliser les policiers comme agents d’immigration dans la chasse aux sans papiers, criminaliser les actes de charité envers ces immigrants et rendre nul tout contrat signé par eux (Encadré 20). Par ailleurs, la nouvelle loi fait peu pour mettre fin aux abus et les entreprises ne perdent pas automatiquement leurs licences même si elles embauchent sciemment des sans papiers. Encadré 20 L’Arizona a imité l’Alabama, semant ainsi la peur constante chez les immigrants, les forçant à se tenir dans l’ombre (Encadré 21). Ajoutons que la Cour Suprême des États Unis vient tout juste (25 juin 2012) de valider une bonne partie de la loi d’immigration de l’Arizona, en particulier la partie octroyant de nouveaux pouvoirs aux policiers, ce qui pour certains constituent la porte ouverte au profilage racial. Encadré 21 Autres exemples : en Angleterre, le premier ministre tient un langage de guerre contre l’immigration (Encadré 22). En Hollande, les autorités locales ont réagi avec colère contre la décision du ministre d’imposer un quota (4,800 par année) aux policiers pour les encourager à « attraper » davantage de migrants non documentés (Encadré 23). Encadrés 22 et 23 Neuvième obstacle : échapper à la détention. La détention devient un autre risque très réel pour les migrants. En voici quelques exemples. Commençons avec la Grèce : ce pays projette de construire une trentaine de centres de détention pour loger quelques 30 000 migrants sans papier et ceci grâce aux 250 millions d’Euros fournis par l’Union Européenne (Encadré 24). Encadré 24 Autre exemple : le Canada (Encadré 25). Voici un extrait d’un article paru dans La Presse du 6 février 2012 : « C’est une image qui fait date, nous dit l’auteure canadia 12 (Rima Elkouri). Celle d’un cargo déglingué, rempli d’hommes, de femmes et d’enfants, qui s’échoue sur les côtes de la Colombie-Britannique, en août 2010. À l’intérieur, 492 personnes dont 63 femmes et 49 enfants, s’y sont entassées, assoiffées, affamées, pendant de longues semaines. » Le ministre canadien de la Sécurité publique a brandi la menace de l’invasion pour justifier un nouveau projet de loi plus répressif. La question que l’on se pose : les passagers sont-ils des terroristes ou des criminels ? Pourtant, seuls six d’entre eux sont encore détenus par l’Agence des services frontaliers du Canada. Selon une étude de Delphine Nakache (2012), 94% des détenus le sont pour des raisons non reliées à la criminalité ou à un risque de sécurité. Environ 30% sont détenus dans des prisons criminelles même si moins de 6% sont suspectés de crimes. Encadré 25 Deux derniers exemples : la détention des enfants à l’aéroport de Heathrow dans des conditions dégradantes (Encadré 26) et la détention des demandeurs de statut en Israël (Encadré 27). Encadrés 26 et 27 Dixième obstacle : le durcissement des lois concernant les réfugiés Ici, nous allons nous concentrer sur le cas du Canada. Rappelons que le Canada est le seul pays (par opposition aux individus ou organisations) ayant reçu la médaille Nansen des Nations Unies en 1986 pour récompenser son soutien à l’égard des réfugiés. Ce qui se passe avec l’actuel gouvernement conservateur constitue un revirement spectaculaire. En effet, un nouveau projet de loi sur le trafic des êtres humains prétend punir les trafiqueurs mais en réalité punit les réfugiés (Encadré 28). Ce projet introduit la distinction entre les réfugiés légitimes (ceux qui se trouvent dans des camps) et ceux qui évitent la queue (« queue jumpers »), ce qui inclut ceux qui ne peuvent pas attendre pour la procédure standard soit parce qu’il n’y a pas de centres de sélection dans leur pays, soit qu’ils doivent fuir rapidement pour éviter la persécution. D’ailleurs, le gouvernement utilise de façon répétée le vocabulaire de « queue jumpers » pour désigner ceux qui ne veulent pas faire la queue, ceci afin de délégitimer les revendicateurs qui arrivent par bateau. Les critiques de ce projet se font nombreuses, en canadia 13 particulier parce qu’il constitue une violation flagrante des droits prévus dans la Chartre canadienne des droit et libertés (Encadré 29). Encadré 29 Onzième obstacle: vivre avec la perte de droits reconnus antérieurement Encore le Canada : le ministre canadien tient un discours négatif sur la réunification familiale, un droit acquis depuis fort longtemps au Canada (Encadré 30). Encadré 30 On s’attaque également aux droits aux soins de santé (Encadré 31). Mais il n’y a pas que le Canada car l’Angleterre aussi s’en prend à la réunification familiale par la voie de sa secrétaire d’état Theresa May (Encadré 32). Au Nepal, les migrants irréguliers sont exclus des services étatiques (Encadré 33). Enfin, selon un rapport de Médecins du monde (2012), il semble que cette pratique devient la norme dans plusieurs pays développés (Encadré 34). Bref, les migrants irréguliers, les demandeurs d’asile et autres populations vulnérables ont de plus en plus de difficultés à obtenir des soins de santé en Europe, soit parce que c’est la politique officielle, soit parce que ces groupes ne peuvent pas payer les 100% des coûts exigés. Encadrés 31, 32, 33 et 34 Douzième obstacle : risquer la mort Pour terminer, le risque ultime que doivent affronter plusieurs migrants et migrantes, c’est la mort. Selon le HCR, 1,500 personnes se sont noyées ou ont été portées disparues en 2011, et il s’agit-là d’une sous-estimation (Encadré 35). Le Conseil de l’Assemblée parlementaire de l’Europe a documenté le cas tragique des 63 personnes fuyant le conflit libyen qui sont morts faute d’avoir été secourues alors que leur situation de détresse était bien connue (Encadré 36). Encadrés 35 et 36 canadia 14 Conclusion : L’incertain érigé en système Il est clair que nous vivons actuellement une période où se multiplient les politiques et les mesures visant à contrôler le plus strictement possible les flux migratoires. On l’a vu, tout au long du parcours migratoire, le migrant fait face à une accumulation d’obstacles parfois extrêmement dangereux (Encadré 37). Encadré 37 Pourtant, du point de vue des politiques, de nombreuses études montrent que tout cet arsenal de mesures répressives, fort coûteuses financièrement et humainement, est loin d’atteindre les objectifs poursuivis, c’est-à-dire enrayer les flux migratoires non souhaités. Pourquoi alors poursuivre dans cette voie discutable du point de vue de l’efficacité? Pourquoi alors presque tous les gouvernements de la planète sont-ils en train d’ériger des murs pour empêcher la mobilité des groupes les moins nantis ? Pourquoi des mesures si ouvertement opposées aux droits des migrants protégés par la Convention des Nations Unies de 1992 ? Plusieurs hypothèses explicatives viennent immédiatement à l’esprit. Premièrement, d’un point de vue politique, les politiques migratoires, surtout depuis septembre 2011, font référence à la notion de sécurité : il faut se protéger contre l’entrée des indésirables. Deuxièmement, d’un point de vue économique, les crises sont toujours productrices de discours anti-immigration. Face aux nouveaux besoins en main d’œuvre, ce discours permet de légitimer la notion de migrations temporaires sans possibilités d’installation permanente, créant ainsi une nouvelle catégorie de non citoyens. Enfin, sur le plan socioculturel, les discours font état de la menace que représentent les populations migrantes sur les identités nationales. En particulier, l’islamophobie gagne du terrain, nourrie par les discours des partis de l’extrême droite en Europe (Joignot, 2012). Pourtant, le phantasme d’une Europe à majorité musulmane (« Eurabie ») est sans fondement puisque les projections indiquent une population musulmane de 8% en 2030. 7 Par ailleurs, du point de vue des populations migrantes, pourquoi continuer à prendre autant de risques parfois dramatiques ? C’est ici que le concept de l’incertain permet de suggérer une première réponse. En effet, si les politiques 7 Selon un rapport du Pew Research Center, cité par Joignot, 2012. canadia 15 étaient vraiment efficaces, on serait dans l’univers du certain. En langage statistique, cela voudrait dire que la probabilité de passer à travers la course à obstacles serait égale à zéro. Or justement, cette probabilité n’est pas égale à zéro. Même si on ne connaît pas avec précision ces probabilités, on peut penser qu’elles sont en hausse. De plus, ces probabilités varient énormément d’un pays à l’autre et, surtout, d’une période à une autre dans la mesure où l’application des mesures oscille entre rigidité et laisser-faire (tolérance). De toute façon, du point de vue de l’individu, la probabilité qui sert à la prise de décision est de nature expérientielle et non statistique : elle est basée sur la connaissance des expériences des autres. Certes, si cette probabilité est « vraie » pour le migrant potentiel, elle peut être fausse, voire irréaliste dans les faits. Mais ce qui compte c’est que la probabilité globale permette de dire « cela est possible » En guise de dernière conclusion : la seule façon de sortir de l’incertain est de construire un environnement international qui protège les populations migrantes à travers un système juridique mondial basé sur le respect des droits fondamentaux. Le premier pas de cette construction est la ratification de la Convention des Nations Unies pour la protection des droits des migrants et des membres de leur famille par tous les pays développés. Victor Piché Professeur honoraire de démographie, Université de Montréal et Chercheur associé, Chaire Oppenheimer en droit international public, Université McGill Références Basok, T. (2002) Tortillas and Tomatoes : Transmigrant Mexican Harvesters in Canada. Kingston : McGill-Quenn’s University Press. Castles, S. (2006) ‘Guestworkers in Europe: A Resurrection?’ International Migration Review, 40 (4) : 741–766. Chaband, C. 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New York, United Nations. canadia 19 Liste des encadrés Encadré 1 Politique migratoire à deux vitesses « Canada: Two-tiered wage system announced by Tories » - The Toronto Star – 28 avril 2012 (Le gouvernement conservateur annonce un système de rémunération à deux vitesses.) canadia 20 Encadré 2 Programmes temporaires discriminatoires « Québec doit mettre fin à la discrimination systémique des travailleuses et travailleurs migrants, selon la Commission des droits de la personne. » - Communiqué de presse (CNW Telbec) 20 février 2012 Encadré 3 Empêcher la migration à sa source : les accords bilatéraux « Italy and Libya sign a New Anti-immigration Pact » - Everyone Group, 16 décembre 2011 (L’Italie et la Libye signent un nouveau pacte anti-immigration.) Encadré 4 Le trafic des êtres humains « UN says 2,4 million people are victims of human trafficking and most are sexually exploited. » - Washington Post, 3 avril 2012 (Les Nations Unies rapportent que 2,4 millions de personnes sont victimes du trafic humain et la plupart sont exploitées sexuellement.) canadia 21 Encadré 5 Le trafic des êtres humains « Would-be immigrants to Europe can go almost anywhere for a price » - The Economist 3 mars 2012 (Les immigrants potentiels vers L’Europe peuvent se rendre n’importe où moyennant un prix.) Encadré 6 Le trafic des êtres humains « Thai fishing trade under fire for human trafficking » - Straits Times, 24 mars 2012 (L’industrie de la pêche thaïlandaise sous le feu pour le trafic.) canadia 22 Encadré 7 Le trafic des êtres humains : le Canada « Bill to fight human smuggling only punishes its victims » - The Star, 30 mars 2012 (Le projet de loi visant à combattre le trafic humain ne punit que les victimes.) Encadré 8 Le trafic des êtres humains : le Canada « Bill C-31 : Tories’ Human Smuggling Reforms Could Land More Asylum Seekers in Canada’s Jails » - Huffington Post Canada, 23 avril 2012 (Projet de loi C-31 : Les réformes des Conservateurs concernant le trafic humain pourraient envoyer davantage de demandeurs d’asile dans les prisons canadiennes.) Encadré 9 Interception avant l’arrivée sur le territoire « Intercepting asylum-seekers at sea to send them back to the country of departure clearly violates the Convention » - Europe – Migration Policy Group, mars 2012 (L’interception des demandeurs d’asile en mer en vue de les refouler vers le pays de départ constitue une violation claire de canadia 23 la Convention.) Encadré 10 Le refoulement « L’interception en 2009 par les gardes côtières italiennes de 227 migrants sur 3 bateaux et leur renvoi en Libye constituent un tournant historique en matière de refoulement préventif. » - Marchetti, 2012 Encadré 11 La construction de murs « Greece to Build Border Fence to Deter Illegal Immigrants » - The New York Times, 6 février 2012 (La Grèce projette de construire une clôture à la frontière afin de décourager les immigrants illégaux.) canadia 24 Encadré 12 La construction de murs Selon une compilation récente de Corine Chaband dans l’Atlas des mondialisations : –20 pays sont présentement emmurés –Quelques exemples: •En Amérique: Brésil, États Unis •L’Union Européenne •Afrique: Botswana, Maroc, Afrique du Sud •Moyen Orient: Israel, Arabie Saoudite •Asie: Chine, Inde, les deux Korée, Myanmar, Pakistan - Le Monde – La Vie, 2010-2011: 164-165 Encadré 13 Le contrôle aux frontières “UK: Border Force Britain” - Institute of Race Relations – 24 mai 2012 (UK: L’armée des frontières). Encadré 14 canadia 25 Le contrôle aux frontières “E-borders to be ‘genuinely secure’” - UK – BBC News - 13 mars 2012 (Sécuriser réellement les frontières.) Encadré 15 Le contrôle aux frontières “Biometrics programs prompt privacy concerns” - Canada, Embassy, 11 janvier 2012 (Les mesures biométriques menacent la vie privée.) Encadré 16 L’expulsion « Norway seeks a readmission agreement with Eritrea after closing deal with Ethiopia » - ECRE Weekly Bulletin, 3 février 2012 (La Norvège négocie une entente pour la réadmission avec l’Érythrée après en avoir signé une avec l’Éthiopie.) canadia 26 Encadré 17 L’expulsion « Safe countries of origin : an inconveniant truth » - Europe – ECRE Weekly Bulletin, 30mars 2-12 (Les pays d’origine sûrs : une vérité qui dérange.) Encadré 18 L’externalisation des contrôles et privatisation : l’impunité « At the margins of Europe : the externalization of migration controls » - Migreurop – 21 décembre 2011 (À la marge de l’Europe: l’externalisation des contrôles migratoires.) Encadré 19 L’externalisation des contrôles et privatisation : l’impunité « Can Privatization Kill ? » - Britain – New York Times, 1 avril 2012 (La privatisation peut-elle tuer?) canadia 27 Encadré 20 La chasse aux non documentés “Alabama Digs a Deeper Hole” - USA – The New York Times, 16 avril 2012 (Alabama creuse un trou plus profond.) Encadré 21 La chasse aux non documentés “In Arizona, Immigrants Make Plans in Shadows” - USA – The New York Times, 18 avril 2012 (En Arizona, les immigrants font des plans à l’ombre.) Encadré 22 La chasse aux non documentés “David Cameron launches immigration crackdown” - UK – The Guardian, 10 octobre 2011 (David Cameron part en guerre contre l’immigration.) Encadré 23 La chasse aux non documentés canadia 28 “Death and deportation in Holland” - Institute for Race Relations, 10 mai 2012 (La mort et l’expulsion en Hollande.) Encadré 24 La détention « Greece to build détention centres to lock up 30,000 migrants » - ECRE Weekly Bulletin (European Council on Refugees and Exiles), 30 mars 2012 (La Grèce projette de construire des centres de détention pour y enfermer 30,000 migrants.) Encadré 25 La détention « Le cauchemar des réfugiés tamouls » - Canada – La Presse, 6 février 2012 Encadré 26 La détention « UK Borders Agency ‘detaining children in degrading conditions’ at Heathrow » canadia 29 - The Guardian, 14 mai 2012 (L’agence frontalière de la Grande Bretagne détient des enfants dans des conditions dégradantes à Heathrow.) Encadré 27 La détention « Moyen-Orient: Une nouvelle loi israélienne visant à décourager les demandeurs d’asile permet la détention des migrants irréguliers pour une période allant jusqu’à trois ans. » - ECRE Weekly Bulletin – 8 juin 2012 Encadré 28 Durcissement de la politique envers les réfugiés : le cas du Canada « Bill C-4 tips the balance against refugees » - Canada – Toronto Star, 12 février 2012 (Le projet de loi C-4 fait pencher la balance contre les réfugiés.) Encadré 29 Durcissement de la politique envers les réfugiés : le cas du Canada canadia 30 « On a Collision Course with the Charter » - Canada – Canadian Council for Refugees, 17 octobre 2011 (Vers un affrontement avec la Chartre – Canada.) Encadré 30 Réduction des droits acquis « Mr. Kinney has made it patently clear on several occasions that he believes that familiy reunification of parents and grandparents is an economic drain on Canada. » - Embassy, 12 octobre 2011 (Mr. Kinney a été clair à plusieurs occasions qu’il croit que la réunification familiale des parents et grands parents constitue un fardeau économique pour le Canada.) Encadré 31 canadia 31 Réduction des droits acquis « Why cutting health care for asylum-seekers makes no sense » - Canada – Globe and Mail, 14 mai 2012 (Pourquoi couper les soins de santé aux demandeurs d’asile n’a pas de sens.) Encadré 32 Réduction des droits acquis « May to end immigrant ‘abuse’ of family rights » - UK – The Observer, 8 avril 2012 (May veut mettre fin aux ‘abus’ des immigrants concernant les droits familiaux.) ******** « Sons and lovers. Bit by bit, Britain is closing its borders to immigrants » - The Economist – 16 juin 2012 (Pièce par pièce, la Grande Bretagne ferme ses frontières canadia 32 aux immigrants.) Encadré 33 Réduction des droits acquis « Undocumented residents excluded from state services » - Nepal – UN Humanitarian News and Analysis – 17 mai 2012 (Les résidents sans papier exclus des services étatiques – Nepal.) Encadré 34 Réduction des droits acquis « Les réfugiés et migrants luttent pour obtenir les soins de santé en Europe » - Canadian Medical Association Journal - 7 Juin 2012 Encadré 35 Le risque ultime : la mort « HCR : Record de traversées de la Méditerranée par les migrants et les réfugiés en 2011 » canadia 33 - Rapport du HCR, 31 janvier 2012 (HCR : Record de traversées de la Méditerranée par les migrants et les réfugiés.) Encadré 36 Le risque ultime : la mort « PACE committee finds a ‘catalogue of failures’ that led to deaths of 63 people fleeing Libyan conflict by sea » - Parliamentary Assembly, Council of Europe, 29 mars 2012 (Un comité a trouvé un ‘catalogue de fautes’ qui ont abouti à la mort de 63 personnes fuyant le conflit libyen par la mer.) Encadré 37 La migration comme course à obstacles Premier obstacle: décourager l’émigration à sa source Deuxième obstacle: échapper au trafic humain Troisième obstacle: éviter l’interception Quatrième obstacle: franchir les murs Cinquième obstacle: survivre aux contrôles frontaliers Sixième obstacle: éviter l’expulsion Septième obstacle: faire face à l’impunité des agences privées Huitième obstacle: survivre à la peur d’être pourchassé Neuvième obstacle: éviter la détention canadia 34 Dixième obstacle: faire face au durcissement Onzième obstacle: vivre avec des droits réduits Douzième obstacle: risquer la mort canadia 35