RACINES194 - avril09

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RACINES194 - avril09
Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous
Par Christine Grandin
Ces plantes
qui dépolluent
Vous avez dans votre maison, un lierre, un chlorophytum,
un ficus, ou une azalée ? Vous assainissez l'air ambiant
sans le savoir avec ces plantes qui l'épurent. Explications.
e plus en plus d'enquêtes se
penchent sur la qualité de l'air
que l'on respire à l'extérieur,
mais également dans nos habitations,
et sur leurs effets sur notre santé. À
partir du début des années 1990,
recherches, tests scientifiques, et essais
in situ (notamment par les Américains
concernant la qualité de l'air dans les
engins spaciaux), ont mis en lumière
la capacité des plantes, et particulièrement des plantes vertes, à absorber
naturellement certains polluants chimiques (composés organiques volatils ou “Cov ”) entrant dans la
composition des matériaux utilisés
pour la construction des maisons ou
le mobilier (contreplaqués, vernis,
résines, tapis, colles, peintures…), dans
la fabrication des jouets ou certains
revêtements de sol, et dans les produits d'entretien. Ceux-ci se diffusent
dans l'air ambiant, à l'état de vapeur
ou de gaz… et surtout de manière invisible (1) . Les chercheurs pensent
aujourd'hui que c'est l'ensemble de la
plante en terre (racines, feuilles et
micro-organismes dans son substrat)
qui contribue au processus dépolluant.
D
Comment agissent
les plantes ?
Les composés organiques volatils
présents dans l'air (monoxyde de carbone, toluène, benzène, formaldéhyde, xylène, trichloréthylène…)
pénètrent dans les végétaux de deux
manières : principalement par voie
racinaire, ensuite par leurs feuilles.
Les variations d'humidité de l'air
ambiant influeraient également sur le
processus d'élimination. Comment les
plantes nettoient-elles l'air ? Premièrement, elles convertissent le gaz carbonique présent dans notre atmosphère
(intérieure ou extérieure) en oxygène,
par la photosynthèse. Deuxièmement,
elles sont capables de capter par leur
feuillage et leurs racines les molécules
toxiques, et de les stocker dans leurs
tissus. Celles-ci seront transformées
ensuite en nutriments par le système
enzymatique des micro-organismes
vivant dans les racines. Ensuite, la
plante les rejettera, pour certains, sous
forme de CO 2 (formaldéhyde par
exemple). Plus vous vous entourez de
plantes vertes dans la maison, plus
vous accentuerez la qualité de l'air par
ce processus. Mais toutes n'ont pas les
mêmes vertus et certaines piègeront
les Cov plus que d'autres.
Lesquelles choisir ?
On estime à cinq au moins le nombre nécessaire de plantes vertes ou
fleuries dans une maison d'habitation
pour que le principe dépolluant ait une
efficacité. L'idéal étant d'en grouper
plusieurs dans les pièces principales.
Vous connaissez tous cette plante
increvable qui s'agrémente d'une multitude de stolons, le chlorophytum
(photo 1). Grand classique des plantes
d'intérieur, c'est aussi le champion des
plantes dépolluantes avec la fougère
de Boston. Ils sont très efficaces pour
absorber le formaldéhyde, le
monoxyde de carbone, le toluène et
le xylène. Le chlorophytum appréciera
un environnement humide et chaud,
on pourra donc le placer dans la cui-
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sine ou la salle de bains. Offrez-le
autour de vous, il suffit d'émerger
quelque temps dans un verre d'eau
ses tiges retombantes pour qu’elles
prennent racines.
Autre valeur sûre, le spathiphyllum
(ou fleur de lune, photo 5) que l'on
trouve aussi partout dans les jardineries. Ses facultés détoxifoliantes traquent l'ammoniac, le benzène, le
trichloréthylène, le xylène, le formaldéhyde. Demandant des arrosages
réguliers, il se plaît aussi dans les
atmosphères humides et chaudes
(véranda, salle d'eau). Le pothos
(photo 3) plante grimpante (ou retombante) selon son rempotage, est un
véritable piège à formaldéhyde
(bureau, et autres pièces de la maison). Le ficus (benjamina), autre végétal d'intérieur commun, neutralisera
formol et formaldéhyde. L'azalée
(photo 2), quant à elle, sera celle qui
éliminera le plus efficacement
l'ammoniac et les résidus de produits
d'entretien. Placez-la dans la cuisine,
mais peu exposée à la lumière.
Enfin, les chrysanthèmes des fleuristes désintoxiquent le trichloroéthylène
se dégageant des peintures vernis et
solvants. Même chose pour le lierre
(hedera helix). Enfin, optez pour les philodendrons dont les feuilles géantes
absorbent le pentachlorophénol présent dans les produits de traitement du
bois.
Et si vous êtes déjà entourés par ces
belles alliées, ne changez rien !
(1) La France a lancé en juillet 2001 la création de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur. En 2007, le programme Phytair (Nantes
et Lille) a rendu des conclusions positives
concernant l'évaluation scientifique du chlorophytum, du dragonnier et du pothos.
avril 2009
La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine
Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous
Pour en savoir plus
1
Les plantes dépolluantes de
Geneviève Chaudet et Ariane Boixière,
éditions Rustica, 15 € (2007). Les
plantes qui purifient l'air de
votre maison, de Cécile Baudet,
Dominique Guihard, Emmanuelle
Mayer, éditions Anagramme, 16,90 €
(2007); Plantes dépolluantes
pour la maison de Marc Grollimund et Isabelle Hannebicque, éditions Ulmer, 15 € (2008).
Sites internet : www.air-interieur.org
et www.plantairpur.fr
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1 Chlorophytum : il capte particulièrement le formaldéhyde, le
toluène et aussi le monoxyde de carbone, le benzène et le xylène.
Recommandé pour une chambre d’enfant.
2 Azalée : une plante fleurie qui traque l'ammoniac en diminuant sa
concentration dans l'air. Cuisine ou salle de bains.
3 Pothos :
efficace contre le toluène, le monoxyde de carbone, le
benzène, le formaldéhyde, et l'hexane. Donc utile à l'atelier de bricolage ou dans toute pièce de la maison.
4 Anthurium : à placer dans les endroits où l'on utilise souvent les
produits d'entretien à base d'ammoniac qu'il élimine très bien (cuisine
et salle de bains).
5 Spathiphyllum : contre les composés organiques volatils utilisés dans les mastics, les colles, les peintures et les vernis d'intérieur.
Rien ne lui résiste (benzène, formaldéhyde, ammoniac, xylène, trichloréthylène). Dans la chambre, le bureau, le salon, la salle de bains.
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