SIXIEME PARTIE Mesure du Sponsoring

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SIXIEME PARTIE Mesure du Sponsoring
SIXIEME PARTIE
Mesure du Sponsoring
Le Sponsoring étant un outil de communication au service de la politique générale
de l’entreprise, ses résultats doivent pouvoir être contrôlés et sanctionnés. Nous
allons donc nous intéresser aux principaux indicateurs d’efficacité du sponsoring :
économiques, d’exposition, de mémorisation et d’image. Et, tenter de répondre
ainsi à la question de la mesure du retour sur investissement immatériel,
investissement particulièrement complexe à analyser en termes de retombées.
1) L’ancêtre : le press-book
Dans les débuts du sponsoring, les sponsors réalisaient un suivi assez primaire de
leurs actions de parrainage, principalement sous la forme d’un press-book
réunissant les coupures de presse et les citations à la télévision ou à la radio les
concernant.
Depuis cette époque, même si le press-book fait partie de la panoplie des
indicateurs de retombées, des méthodes plus scientifiques sont utilisées en faisant
appel à des indicateurs de plusieurs sortes permettant de délivrer une analyse
d’impact
dans
plusieurs
domaines
bien
définis :
l’efficacité
économique,
l’audience, la mémorisation et la notoriété, et enfin l’image.
2) Les indicateurs d’efficacité économique
L’objectif final du sponsoring rejoint celui de la gestion en général, à savoir le
développement du chiffre d’affaires et des résultats d’exploitation. Mais la
politique de sponsoring étant associée à d’autre politiques du mix-marketing et
étant également dépendante du contexte du marché et de la concurrence
(comment évolue la demande, ce que font les autres sponsors), il est très délicat
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d’en contrôler l’efficacité sur un plan largement économique, de nombreux autres
facteurs étant concernés. Il est cependant possible de mettre en place un suivi du
chiffre d’affaires pouvant permettre un pilotage des actions.
Exemple : le cas d’école de la première participation de Perrier au Marathon de
New York qui a permis de multiplier son chiffre d’affaires par cinq aux Etats-Unis.
Si d’autres facteurs conjoncturels ont pu intervenir, il semble que l’action de
sponsoring ait été largement responsable. Autre exemple, celui de la société de
crédit Cofidis. En 1996, son taux de notoriété était de 2% en France ; en 2003, à la
suite de son sponsoring d’une équipe cycliste professionnelle, il était de 30% et la
progression des crédits a été deux fois supérieure à la moyenne du marché.
Les collectivités territoriales utilisent également des indicateurs économiques,
mais non pas à son propre bénéfice, mais au bénéfice de son territoire
géographique (ville, département, région).
Exemple : on estime que la coupe du monde de football organisée en France en
1998 a généré un chiffre d’affaires touristique additionnel de 26 milliards d’euros,
soit une hausse de 7%.
L’indicateur de chiffre d’affaires peut s’appliquer plus finement à des segments de
marché : telle zone géographique (chiffres d’affaires à l’exportation selon les
régions du monde), telle catégorie de consommateurs (tranche d’âge, catégorie
sociale, segment masculin ou féminin).
Le montant des budgets de sponsoring varie très fortement d’une entreprise à
l’autre et d’un événement à l’autre.
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3) Les indicateurs d’exposition et d’audience
L’audience
L’audience d’un événement se décompose principalement en deux parties,
l’audience directe et l’audience indirecte. L’audience directe est constituée des
personnes participantes à l’événement et des spectateurs présents durant
l’événement. L’audience indirecte, elle, est informée de l’événement à travers les
médias.
L’exposition de l’audience au Sponsoring peut se décliner de la façon suivante :
Les participants à l’événement lorsqu’il s’agit d’une épreuve de masse ouverte
au plus grand nombre (comme la course à pied, course cycliste, triathlon…). Ils
constituent parfois, pour un sponsor, le cœur de leurs cibles de communication
(fabricants d’articles de sport, boissons et aliments énergétiques…). Ces publics
sont directement exposés aux banderoles, aux annonces publicitaires sonores, sont
conduits à fréquenter des stands d’exposition de produits en rapport avec leur
pratique, des stands d’animation (tests matériel…) et sont soumis à des actions de
marketing direct (distribution de tracts). Ces publics sportifs sont parfois identifiés
par les organisateurs.
Les spectateurs directs de l’événement. Leur degré d’implication dans la
pratique n’est certes pas celui des participants, mais ils éprouvent un intérêt
manifeste pour l’épreuve.
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Les spectateurs médias. On distingue 4 types de spectateurs en fonction du
moment de leur consommation de spectacle.
•
Les spectateurs en direct (devant la télévision ou la radio ) , ils vivent
l’événement de manière passionnelle et partisane ce qui crée une
complicité avec les Sponsors.
•
Les spectateurs au soir de l’événement (assistant à un résumé sportif
télévisé ou radiophonique), ils n’ont pas pu assister à l’événement en
direct ou s’intéressent quotidiennement à l’événement en général. Ils
peuvent être autant impliqués que les spectateurs directs.
•
Les lecteurs de la presse au lendemain de l’événement, ils sont impliqués
mais sont moins passionnés ou plus rationnels. Ils sont la cible des
annonces publicitaires des sponsors axées sur l’événement
•
Les spectateurs des émissions de fin de semaine ou lecteurs de magazines
hebdomadaires ou mensuels. Ils traitent l’événement avec plus de
distance.
L’audience directe est mesurée à partir des documents comptables de la billetterie
ou à partir d’études de fréquentation. On distingue les entrées payantes par type
de prestation (selon orientation et confort) et les entrées sur invitation. L’audience
indirecte est fournie par les médias ou par les sociétés d’études.
Le calcul de l’exposition ou « tracking »
Cela consiste à récupérer la marque sur tous les supports de communication
(presse, radio, télévision, internet), de façon arithmétique. Il s’agit d’un
comptage : nombre de fois que la marque est citée dans les magazines et la presse,
temps d’apparition sur les différentes chaînes de télévision, nombre de fois qu’elle
est prononcée à la radio ou mentionnée sur internet.
Dans un deuxième temps, ces temps d’exposition ou ces surfaces sont estimés en
équivalent publicitaire c’est à dire ce que cette exposition aurait coûté en annonce
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publicitaire. Le sponsor peut ainsi mesurer la rentabilité de son investissement : si
l’équivalent publicitaire dépasse sa mise, il est supposé gagnant.
Le calcul de rentabilité du support en équivalent publicitaire
La surface rédactionnelle et le temps d’antenne peuvent être convertis en
« équivalent publicité », c’est à dire ce qu’aurait coûté une insertion publicitaire
dans les même conditions (telle page de magazine, tel moment de la journée sur
une chaîne TV). Cela permet de calculer l’économie réalisée ou, inversement, le
surcoût de l’opération du sponsoring par rapport à une opération de publicité
classique.
Le rapport entre l’audience et la notoriété
Une audience forte est un gage d’une bonne exposition du sponsor et a pour effet,
en général, de garantir un bon niveau de notoriété, mais ce n’est pas
systématique.
4) Les indicateurs de mémorisation et de notoriété
Notoriété
Ils sont au nombre de trois :
-
La notoriété assistée qui indique un pourcentage de personnes ayant cité
les Sponsors à partir d’une liste si possible exhaustive.
-
La notoriété spontanée ou le pourcentage de personnes ayant cité les
Sponsors en l’absence de liste. Les résultats peuvent être pondérés en
fonction du classement.
-
Le top of Mind qui indique le pourcentage de personnes ayant cité
spontanément le Sponsor en tant que premier Sponsor.
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Mémorisation
Nous pouvons noter cinq variables influençant directement la mémorisation des
Sponsors :
-
Un indicateur temporel : avec une mesure avant, pendant et après
l’événement.
-
Un indicateur environnement : l’entreprise doit prendre position par rapport
à ses concurrents, puisque bien souvent un seul sponsor par domaine
d’activités est retenu. D’autre part, le nombre de sponsors pouvant être
retenu par le public étant limité à quelques unités, il sera judicieux
d’appartenir au groupe des sponsors principaux de l’événement, voire si
possible d’être le sponsor unique.
Contre-exemple :
l’ambushmarketing
ou
pseudo-parrainage
est
une
technique de marketing utilisée par certaines entreprises pour faire croire
au public qu’ils sont sponsors d’un événement sans réellement l’être. Le
consommateur ne distingue plus alors l’annonceur officiel.
Exemple : Darty se sert de sont parrainage des émissions météorologiques
pour montrer la voiture Darty tirer des ballons entre les poteaux ; ainsi les
consommateurs ont pu penser que Darty parrainait la Coupe du Monde de
Rugby.
-
Un indicateur du type d’événement : l’enjeu de l’événement peut être
purement sportif ou glisser vers une dimension plus grande comme une
Coupe du Monde où le sentiment patriotique est dominant ; le succès de
communication est directement lié aux budget engagé. La coupe du Monde
étant le premier événement sportif au monde en terme d’audience, les
sponsors paient très cher le droit de figurer parmi les partenaires officiels et
sont, de ce fait, très attentifs aux retombées de mémorisation et de
notoriété.
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-
Un indicateur du type d’audience : un public « jeune » sera plus orienté vers
une mémorisation immédiate / rapide, quand un public « plus âgé » aura
une réaction basée plutôt sur l’habitude avec un impact moyen / long
terme.
-
Un indicateur média de l’événement : La télévision est le média le plus
efficace en terme de mémorisation des messages.
Exemple : 56% des français déclarent se souvenir d’un message publicitaire
télévisé contre 13% en voyant une affiche, 10% en lisant un magazine, 8% en
écoutant la radio, 6% en lisant un quotidien. En effet, la télévision fait appel
à la fois aux sens visuels et auditifs, ce qui renforce considérablement l’effet
de mémorisation. La puissance de mémorisation est de 30% supérieure à un
message uniquement visuel et de 50% supérieure à un message uniquement
auditif. (Etude réalisée par l’Université des Sciences Cognitives de
Lyon.2003).
Dans le processus de mémorisation, deux facteurs peuvent l’affecter : un effet de
confusion et/ou un effet de rémanence.
-
L’effet de confusion : les enquêtés peuvent être amenés à citer des marques
phonétiquement proches.
Exemple : Pepsi-Cola est régulièrement citée à la place de Coca-Cola comme
Sponsor olympique à l’occasion d’un sondage réalisé juste avant les JO
d’Atlanta, 12% des interviewés ont reconnu Coca-Cola comme sponsor
officiel et 5% ont cité Pepsi-Cola qui ne l’était pas. Butagaz est
régulièrement citée à la place de Primagaz lors de la route du Rhum,
France-Télécom à la place de Deutsche-Telekom à l’occasion du Tour de
France, etc…
-
L’effet de rémanence : un ancien Sponsor appartenant à la mémoire
collective de l’événement peut être cité à la place d’un sponsor
nouvellement présent.
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Exemple : Peugeot qui a sponsorisé une équipe dans les années soixante-dix
(où figurait le cycliste Raymond Poulidor) a longtemps été cité à la place de
son concurrent Fiat, sponsor automobile officiel.
5) Les indicateurs d’image
La valorisation de l’image de l’entreprise se produit par transfert direct de l’image
positive d’un événement vers l’image de l’entreprise.
Les indicateurs utilisés sont les mêmes que ceux mis en œuvre pour les évaluations
de mémorisation (voir paragraphe précédent). Les mesures doivent être faites
avant et après l’événement et rapportés si possible à des mesures antérieures.
Mesurer une image n’est cependant pas aisé car cela touche à la fois à la
psychologie et à la sociologie des publics.
La méthode est basée sur les questionnaires et les entretiens. Ces tests se
décomposent en trois séries :
-
les tests associatifs : par association d’un symbole à une pratique ;
l’appréciation de l’événement est évalué.
-
les tests projectifs : par le commentaire d’une scène, on demande à
l’enquêté de se projeter dans des personnages placés dans une situation
soigneusement composée. Cette technique permet de mettre une distance
entre l’enquêté et le produit et d’avoir une réponse plus objective.
-
les tests d’opinion et d’image : par comptabilisation des opinions positives
et négatives attribuées à une marque et aux marques concurrentes, selon
plusieurs critères d’appréciation, l’image d’un sponsor peut être évaluée.
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