Interview Samuel Pintel - Institut Français du Luxembourg
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Interview Samuel Pintel - Institut Français du Luxembourg
10 KU LT U R Musée de la Cour d'Or: Ces bustes qui font l'Histoire «Grandeurs Figées» s'intéresse aux personnages illustres de Metz. Page 12 Diekirch. Le jeudi 10 juillet à 20 heures les «Amis du Vieux Diekirch» invitent en la vieille église Saint-Laurent au concert d’ouverture de la fête populaire «Al Dikkrich». Les solistes Gaby Wolter-Boever (soprano), Marc Dostert (ténor) et Philippe Beaujot (piano) interprètent des airs d’opéra et d’opérette de Mozart, Donizetti, Arditi, Leoncavallo, Strauss et Léhar. Entrée libre. Une quête pour le nouvel orgue de l’église décanale sera faite à la fin du concert. n www.aldikkrich.lu „Les choristes“ vor Rokoko-Kulisse Echternach. Am Donnerstag, dem 10. Juli, wird um 21.30 Uhr im Rokoko-Pavillon im Stadtpark der französisch-schweizerische Kinofilm „Les choristes“ von Christophe Barratier ausgestrahlt. Der Film, mit Gérard Jugnot in der Hauptrolle, ist dem zeitlosen Thema der Kindheit mit all ihrer Verzweiflung und Sehnsüchten und ihren zarten Geheimnissen gewidmet. In französischer Sprache. Tickets zu 5 Euro. n www.echternach.tv Adam, Lilith und Probleme im Garten Eden Esch/Alzette. Die Kulturfabrik lädt am Freitag, dem 11. Juli, um 20 Uhr, zur szenischen Lesung „Lilith“ von Rafael Kohn ein. Die Engel Lucifer und Michael tun wie üblich ihren Dienst im Garten Eden, als plötzlich Lilith und Adam aufkreuzen. Kaum tauchen die Menschen auf, gibt es Probleme. Lilith isst von der Frucht der Erkenntnis, faselt nur noch vom Sterben und will sich einfach nicht vermehren. Zum Glück hat Adam einen direkten Draht zu Gott, der aus seiner Rippe Eva erschafft, damit die Menschheit nicht aussterben muss. Es lesen Nickel Bösenberg, Marc Baum, Pitt Simon, Milla Trausch und Anouk Wagner. Freier Eintritt. Weitere Infos über Tel. 55 44 93-1 oder [email protected] n www.kulturfabrik.lu Pink Floyd sort un nouvel opus en octobre David Gilmour et Nick Mason au studio pour enregistrer «The Endless River». Page 12 Témoignage d'un «Enfant d'Izieu» Ca rn et cu ltu re l «Al Dikkrich»: opéra et opérette en ouverture Dienstag, den 8. Juli 2014 Une jeunesse face à l'horreur Samuel Pintel a séjourné en 1943 dans la colonie de vacances pour enfants juifs cien pensionnaire veut «absolument retrouver [mes] cahiers de classes et autres petites choses matérielles qui font partie de [ma] mémoire». Et par la même occasion retrouver une trace de Marcel, son petit copain de l'époque. Ce n'est que des années plus tard qu'il le retrouvera de l'autre côté de l'Atlantique. PAR THIERRY HICK L'Institut français du Luxembourg a organisé récemment une rencontre entre les responsables de la Maison d'Izieu et quelques élèves de terminale du lycée Vauban de Luxembourg, qui viennent de visiter ce lieu symbolique. Une soirée à laquelle participait également Samuel Pintel, un ancien pensionnaire de cette colonie de vacances réservée aux enfants juifs réfugiés pendant la seconde guerre mondiale. Rencontre. Né en 1937 de parents polonais juifs exilés en France dans les années 30, Samuel Pintel raconte sa vie avec une étonnante précision. Son père s'engage dans l'armée comme volontaire et sera ensuite fait prisonnier. «Ce qui permettra à ma mère et à moi de ne pas être arrêtés et déportés», se souvient-il. En exil dans la zone sud, il fait des séjours dans différents centres de réfugiés et camps avant l'interpellation de sa mère et l'assignation à résidence. Le jeune garçon se verra finalement confier «à une voisine de pallier, une Française de moyenne condition». Après des séjours à Annecy, le Samuel Pintel arrive le 18 novembre 1943 à la colonie d'Izieu, réservée aux enfants juifs déportés. «Nous avions fait 45 kilomètres à vélo pour y arriver. A Izieu, la question de savoir si on était juif ou pas ne se posait pas. On n'en parlait pas». Ce séjour sera un premier choc pour le garçon. «Alors que je vivais dans les jupons de ma mère, du coup je me suis retrouvé tout seul». Le 6 avril 1944, la Gestapo et la Wehrmacht opèrent une rafle dans la colonie d'Izieu. Samuel Pintel avait heureusement quitté les lieux quelques semaines auparavant et Une prise de conscience Samuel Pintel veut alerter les jeunes générations: «La guerre c'est il y a 70 ans seulement, ce n'est pas de la préhistoire». (PHOTO: JOAQUIM VALENTE) a donc été épargné. Après la guerre, se pose la question de l'exil pour la famille Pintel. «Alors que nous avions prévu de rejoindre un oncle aux Etats-Unis et que tous nos papiers étaient en règle, mon père décide à la toute dernière minute de rester en France, le pays qu'il avait si âprement défendu». Ce n'est qu'à la fin des années 50 que l'ancien pensionnaire de la colonie d'Izieu, voulant comprendre son passé, se met à rechercher la colonie sur une carte. «A l'époque, je ne connaissais ni le nom ni le lieu de cette colonie». Finalement la médiatisation du procès de Klaus Barbie lui «permettra de reconnaître la maison» en 1987. Après avoir retrouvé la directrice des lieux, Sabine Zlatin, l'an- «Les enfants d'Izieu» Alors qu'en septembre et octobre 1940 le régime de Vichy édicte ses premières lois antisémites, des œuvres de secours organisent des réseaux de sauvetage et tentent de soustraire les enfants juifs aux persécutions. En mai 1943, Sabine et Miron Zlatin installent une quinzaine d'enfants à Izieu, une commune de l'Ain, alors en zone d'occupation italienne. En janvier 1944, selon la dernière liste du registre des présences de la colonie, 105 enfants juifs ont séjourné à Izieu. Le 6 avril 1944, des hommes de la Gestapo et des soldats de la Wehrmacht, dirigés par Klaus Barbie, investissent la colonie: 44 enfants et sept adultes sont arrêtés et déportés. En 1987, Sabine Zlatin fonde le «Musée-mémorial des enfants juifs exterminés d'Izieu», inauguré par le président de la République française François Mitterrand en 1994. (C./thi) Colonie d'Izieu, été 1943. SABINE ZLATIN) (PHOTO: MAISON D'IZIEU / COLLECTION: SUCCESSION A force de s'impliquer dans les travaux de ce qui allait devenir le «Musée-mémorial des enfants juifs exterminés d'Izieu», Samuel Pintel prend conscience des horreurs de la rafle des Allemands. Une découverte dans le garage parisien de Mme Zaltin allait le marquer à jamais: «Retrouver la liste des noms des enfants déportés que je connaissais forcément tous a été un terrible choc pour moi. Je devais réagir et m'impliquer dans ce travail de recherches». Ce travail de mémoire l'a également conduit au camp de Bergen-Belsen, là où sa mère fut déportée. «Alors que je n'avais pas eu l'occasion de questionner ma mère à ce sujet après la guerre, je me suis réveillé quarante plus tard». Comme il vient de le faire la semaine passée avec les jeunes du Lycée Vauban de Luxembourg, l'enfant d'Izieu veut témoigner de son histoire: «Je veux raconter aux jeunes ce que j'ai vécu, parler de cette épouvantable colonie d'Izieu». C'est avec une voix posée, le regard toujours vif et des paroles réfléchies, sans haine et presque sans ressentiments – «je les garde pour moi» – que Samuel Pintel épluche sa jeunesse, faite d'humiliation et d'horreur vécues au quotidien. «Mon message n'a absolument rien de politique. Je suis un témoin de ce qui s'est passé. C'est uniquement de cela que je veux parler. Ce travail est absolument nécessaire». Les jeunes ne doivent pas uniquement être informés, mais aussi être mis en garde. «Je ne leur demande pas de pleurer sur mon sort, je veux seulement les mettre en garde que la guerre c'est il y a 70 ans seulement, ce n'est pas de la préhistoire. C'est aujourd'hui. La guerre peut se reproduire à chaque moment». Face à la montée de l'antisémitisme et des partis d'extrême droite, les propos de Samuel Pintel deviennent d'un coup plus sévères et menaçants: «On a été tranquille pendant près de 40 ans, aujourd'hui on est à nouveau en plein dedans. Des mouvements comme ceux de Marine Le Pen me rappellent les moments sombres de ma vie que j'ai vécus».