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Chypre est aujourd'hui à un tournant de son histoire.
Cette petite République est divisée depuis 1974
entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs.
Des négociations sont en cours,
et le résultat pourrait soit ouvrir sur la réconciliation,
soit au contraire déboucher sur une rupture définitive.
La République de Chypre a posé sa candidature pour entrer
dans l'Europe des 15.
(d'après "le Dessous des Cartes" – juin 1998)
Situation de l'île
Chypre est située à moins de 100 km des côtes turques, syriennes et libanaises.
Influence grecque
Elle a été soumise au cours de son histoire à de nombreuses influences.
La plus importante d'entre elle est l'influence de la Grèce,
tant en terme d'orbite culturelle que par l'hellénisation de la population.
la Domination ottomane
Fin 16e s. commencent alors trois siècles de domination ottomane,
ce qui installe à Chypre une communauté d'origine turque.
Chypre, colonie britannique
Les Ottomans cèdent ensuite Chypre aux Anglais ;
l'île sera une colonie britannique jusqu'en 1960.
le Contexte de la guerre froide
Dans les années 1950, les Chypriotes grecs revendiquent le rattachement de l'île à la Grèce.
Les Anglais utilisent la minorité turque comme un moyen de retarder leur perte de souveraineté,
et transforment un conflit anti-colonial
en conflit intercommunautaire.
le Contexte de la guerre froide
La tension s'élargit à la région, quand Londres demande à la Turquie d'intervenir dans cette question
et qu'Athènes porte le problème devant les Nations Unies ;
cette internationalisation exacerbe d'autant les tensions entre les communautés.
Comme on est sur fond de guerre froide et que trois membres de l'OTAN s'opposent,
il faut avant toute chose préserver les grands équilibres stratégiques.
Naissance d'un État
La solution est l'indépendance de l'île, et son maintien dans la zone d'influence de l'Alliance atlantique.
Londres garde des bases militaires à Chypre.
On a en 1960 la naissance d'un État Chypriote,
dans lequel les Chypriotes grecs forment environ 80 % de la population
et les Chypriotes turcs, environ 18 %.
Naissance d'un État
Les deux branches d'olivier sur le drapeau symbolisent
une unité entre communautés n'existant plus ;
ainsi, en 1963, des affrontements conduisent l'ONU à déployer une force de 7000 casques bleus.
Contexte méditerranéen
Le contexte de la Méditerranée et la tension est / ouest accélèrent la partition de l'île.
Le président de la nouvelle petite République chypriote, Makarios, se veut de plus en plus non aligné,
ce dont les États-Unis se méfient. Ils favorisent un coup d'État,
mis en oeuvre en juillet 1974 par le régime des colonels au pouvoir à Athènes.
la Ligne Attila
La Turquie riposte avec le plan Attila, en débarquant militairement dans l'île,
sous prétexte de protéger les Chypriotes turcs.
Et la dictature des colonels grecs chute une semaine après ;
c'est le retour de la démocratie à Athènes.
Fuites des populations
À Chypre, avec la ligne Attila, un mur se dresse.
Les populations fuient dans la partie de l'île où elles sont respectivement majoritaires.
Transferts de populations
Le mouvement est spectaculaire quand on passe de la carte des populations avant la partition
à celle peu de temps après la partition.
Dès lors, depuis 1974, les deux parties de l'île connaissent une évolution totalement séparée.
Occupation et proclamation d'indépendance
La partie nord de l'île est occupée par la Turquie et compte environ 200 000 habitants,
dont la moitié de colons et de militaires turcs.
Elle concentre le plus gros du potentiel de l'île, avec la plaine de Mésorée et des ressources en eau.
Mais l'économie stagne par manque d'investissements.
Cette partie nord s'est proclamée indépendante en 1983, et n'est reconnue que par la Turquie.
la République de Chypre
La République de Chypre, au sud, compte environ 620 000 habitants.
Elle a tiré parti du développement touristique et récupéré, pendant la guerre du Liban,
les activités financières et les divers trafics qui prévalaient autour de Beyrouth.
Reconnaissance de la République de Chypre
La République de Chypre, internationalement reconnue, s'est rapprochée du monde orthodoxe,
a développé des liens économiques avec les pays arabes,
et a signé un accord de défense avec Athènes.
Et elle a prévu de déployer, pendant l'été 1998, des missiles sol-air russes.
Missiles et oléoduc
Cette livraison est symbolique des enjeux qui se jouent autour de Chypre.
Car la Turquie considère ce déploiement de missiles comme une menace.
Elle se sent d'autant plus concernée que Chypre se trouve sur le trajet du futur oléoduc
qui évacuera le pétrole de la Caspienne vers l'Europe,
un sérieux sujet de concurrence entre la Turquie et Moscou.
Chypre et l'Europe
Dernier élément :
les négociations pour l'adhésion de Chypre à l'Union Européenne se sont ouvertes,
sans représentant de la partie turque qui exige au préalable un accord sur le statut de l'île.
Alors l'UE a sans aucun doute là une carte politique à jouer.
L'Union Européenne place la Turquie devant deux choix.
Le premier : voir siéger à Bruxelles Chypre divisée,
et donc un deuxième État grec
hostile à l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne.
Le deuxième : voir siéger à Bruxelles un État chypriote réconcilié,
avec une communauté turque
prête à soutenir la Turquie auprès de Bruxelles