Les grenouilles vertes en Wallonie dans le cadre de

Les grenouilles vertes en Wallonie dans le cadre de
troubles de voisinage
Dès la fin avril, et jusque la mi-juin, il n’est pas rare que des conflits de voisinage
surviennent suite aux chants nocturnes de grenouilles « vertes » dans une mare
de jardin. Cette note présente quelques éléments d’information sur ce
phénomène, y compris des éléments permettant d’identifier les grenouilles en
question.
Quelles grenouilles vertes en Wallonie ?
Deux grenouilles vertes indigènes sont présentes naturellement en Belgique : la
grenouille de Lessona (Pelophylax lessonae) et la grenouille verte (P. kl.
esculentus). Par contre, la grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus), qui occupe
notamment l’Europe centrale, est arrivée chez nous suite à des introductions par
l’homme (il y a quelques décennies, pour la consommation des cuisses et
surtout, aujourd’hui, par la vente de « grenouilles de jardin » par les marchands
de plantes aquatiques ou les animaleries). Signalons encore, pour être complet,
que la grenouille rieuse n’est pas la seule grenouille « verte » exotique en
Wallonie.
Distribution et abondance de la grenouille rieuse
En Brabant, en Hesbaye, dans une partie de la vallée de la Meuse, dans la vallée
de la Sambre et dans le Condroz au sud de Charleroi, la grenouille rieuse s’est
tellement bien adaptée qu’elle est devenue la grenouille « verte » la plus
abondante. Sa réussite est due à ses bonnes facultés de dispersion et à la
compétition efficace qu’elle exerce sur nos grenouilles « vertes » indigènes : elle
est plus compétitive à la fois dans la défense d’un territoire, l’alimentation et
l’accouplement. A ce jour, l’espèce continue de s’étendre et il n’est plus
envisageable de la voir disparaître de notre région.
Statut légal
Les deux grenouilles « vertes » indigènes sont intégralement protégées dans
toute la région wallonne (décret du 6 décembre 2001). Il est interdit de les
perturber, p.ex. en les déplaçant. Il est également interdit de les tuer.
Les grenouilles rieuses, elles, ne bénéficient d’aucun statut de protection.
Néanmoins, leur introduction dans la nature est interdite, c’est-à-dire que le
déplacement d’une population existante n’est pas toléré.
Identification
Une détermination rigoureuse des grenouilles « vertes » passe par des analyses
génétiques ... ce qui n'est guère applicable à grande échelle ! Nous allons donc
présenter des critères de terrain donnant des résultats satisfaisants. Mais il faut
rester conscient que la distinction des diverses grenouilles « vertes » sur le
terrain est délicate, d'autant plus que nous pouvons nous trouver devant des
animaux de provenance lointaine et indéterminée, ainsi que d’hybrides. Seront
analysés ici les trois espèces les plus répandues en Wallonie : la grenouille de
Lessona (Pelophylax lessonae), la grenouille verte (P. kl. esculenta) et la
grenouille rieuse (Pelophylax ridibunda). Outre des détails de coloration, les
critères utilisés sur le terrain sont de deux ordres.
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Les critères morphologiques : longueur du corps, longueur du tibia,
longueur du premier orteil, taille et forme du tubercule métatarsien. En
fait, ces tailles doivent être évaluées en valeur relative, pour éliminer la
variabilité due à la taille générale de l'animal. De plus, les mesures faites
sur un individu isolé ne sont pas toujours déterminantes, l'intervalle des
valeurs possibles pour deux espèces distinctes pouvant se recouvrir. Ces
critères doivent donc être interprétés avec prudence.
z
Les critères acoustiques : toutes les grenouilles « vertes » mâles
émettent des cris (« kwak ») non distinctifs; par contre, le chant est
caractéristique de l'espèce. Si l'idéal est de procéder à l'analyse du chant
sur sonogramme, il est possible, avec l'habitude, de travailler à l'oreille.
Voici un tableau présentant un ensemble de critères qui permet de distinguer
les trois espèces couramment rencontrées en Wallonie. Plus le nombre de
critères vérifiés est grand, plus la détermination est sûre.
Longueur du
corps (du museau
Rana lessonae
jusqu’à 8 cm
Rana kl. esculenta
jusqu’à 12 cm
Rana ridibunda
jusqu’à 13 cm
(exceptionnellement plus)
courte
intermédiaire
longue
à l’extrémité du
dos)
Longueur des
pattes
Tubercule
métatarsien
Tubercule métatarsien
grand, en demi-cercle,
de longueur ≥ 1/2 longueur
de l’orteil
Photos : H.Willocx
intermédiaire, forme variable, petit, forme variable
(rectangulaire ou triangulaire),
de longueur < 1/2 longueur
de l’orteil
de longueur ≤ 1/3 longueur de
l’orteil
Coloration au
niveau des
cuisses et de
l’aine
Sacs vocaux
Chant
souvent (mais pas toujours)
présence d’une teinte jaune
vif
présence ou non d’une teinte
jaune vif
pas de teinte jaune vif
blancs, parfois rosâtres
grisâtres à gris
gris à gris foncé
continu, assez long et
uniforme
moins long et plus modulé
saccadé
Que faire si des grenouilles causent des troubles de voisinage ?
Dans un premier temps, il est nécessaire de faire appel à un spécialiste pour
identifier précisément l’espèce concernée. S’il s’agit souvent de grenouilles
rieuses, des grenouilles indigènes peuvent également s’y mêler. Celles-ci étant
strictement protégées, l’éradication de grenouilles vertes ne pourra être
envisagée que dans le cas des grenouilles exotiques. Il faut toutefois savoir que
ces animaux se déplaçant régulièrement d’un point d’eau à un autre, de
nouvelles grenouilles rieuses pourraient bien rapidement remplacer les
premières.
Pour en savoir plus :
Cette note est une synthèse des deux articles suivants :
Percsy C. & Percsy N. (2007). Quatre chapitres sur les grenouilles vertes in Jacob
J.P. et al., Amphibiens et reptiles de Wallonie. Aves-Raînne et CRNFB, série «
Faune-Flore-Habitats » n°2.
Percsy C. (2007) : Un groupe complexe : les grenouilles vertes. Echo des
Rainettes n°3. http://www.natagora.be/echodesrainettes