Pour lire le rapport du Conseil général d`Ille et Vilaine

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THEMATIQUE 1 : EMPLOI ET DÉVELOPPEMENT DURABLE
POLITIQUE 16 - COOPÉRATION ET SOLIDARITÉ INTERNATIONALE
16-1 L'OUVERTURE SUR L'INTERNATIONAL DU DÉPARTEMENT D'ILLE-ETVILAINE. UN MOYEN DE PROMOUVOIR LA SOLIDARITÉ, L'INTER
CULTURALITÉ, LES DROITS HUMAINS, LA DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE ET LE
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Lors de la session du mois de février 2014, un débat a été demandé sur les
fondements de l’intervention à l’international du Département d’Ille-et-Vilaine. Il a ainsi été
convenu d’inscrire cet échange dans le cadre d’une présentation de la politique globale de
coopération du Département. Ce rapport présente donc les valeurs et principes qui
déterminent son action à l’international.
Face à la mondialisation des échanges économiques, à l’inégalité croissante des
ressources des populations et à une interdépendance des peuples et des territoires,
l’émergence d’une citoyenneté européenne et mondiale constitue un moyen de réagir
collectivement, pour lutter contre le repli sur soi. L’ouverture sur le monde et la coopération
apparaissent ainsi comme des atouts et peut-être un remède à la perte d’identité et d’espoir
en l’avenir.
C’est dans cette optique qu’il semble important et nécessaire de réaffirmer les valeurs
qui prévalent dans l’établissement des relations internationales du Département. Ces
relations visent aussi bien à contribuer à l’aide publique au développement aux côtés de
l’Etat qui peine à respecter ses engagements à hauteur de 0,7 % du PNB de la France
(conformément aux engagements pris à la conférence de Rio en 1992) mais aussi à soutenir
des dynamiques de développement durable partout dans le monde ou à tisser des liens
d’amitié et de partage avec des pays dont l’histoire et la culture sont une richesse. Certaines
coopérations permettent aussi de développer des liens économiques qui peuvent être
profitables aux entreprises bretilliennes.
L’action du Département s’inscrit dans le cadre juridique national, notamment la loi
Thiollière du 2 février 2007 qui dispose que « les collectivités territoriales et leurs
regroupements peuvent, dans le respect des engagements internationaux de la France,
conclure des conventions avec des autorités locales étrangères pour mener des actions de
coopération ou d’aide au développement ». Cet engagement des collectivités est aujourd’hui
renforcé par la loi d’orientation et de programmation relative à la politique de développement et de
solidarité internationale, en cours d’adoption, qui promeut et sécurise « l’action extérieure des
collectivités territoriales ». Dans ce cadre, le Département s’est engagé dans une démarche de
développement durable s’efforçant de mettre en synergie :
- le progrès social et l’égalité des chances,
- la viabilité économique,
- l’équilibre écologique,
- la diversité culturelle des projets.
Un élan de solidarité qui s’inscrit dans la durée
L’action du Département est guidée par un élan de solidarité. C’est ainsi en réponse à
la sécheresse dans le Sahel, au début des années 80, qu’est née la coopération avec la
Région de Mopti. La chute de la dictature de Ceausescu en Roumanie a entraîné une
mobilisation massive des communes du Département qui a ensuite débouché sur la
coopération actuelle avec le Judet de Sibiu. De même en Inde, c’est après avoir apporté une
aide d’urgence suite au Tsunami que des relations de partenariat sont nées avec le
gouvernement de Pondicherry.
Fidèle à son engagement de solidarité, le Département continue aujourd’hui de
s’impliquer dans ces différents partenariats, en soutenant des logiques de développement
qui doivent ensuite permettre au partenaire de s’autonomiser.
Une action dans les champs du développement de filières économiques et
du développement durable
C’est avec cet objectif de pérennisation de son action que le Département a décidé de
centrer son intervention sur quelques thématiques, en formant les acteurs et en structurant
les filières. Parmi celles-ci, on retiendra plus particulièrement la filière laitière soutenue au
Mali, à Madagascar, au Maroc ou au Koweït mais aussi l’écotourisme (à Madagascar, en
Inde), la gestion intégrée des zones côtières (en Inde), les énergies renouvelables (au Mali)
ou encore les échanges de jeunes (avec le Maroc).
Dans tous les cas, le Département met à disposition son expérience et son savoir faire
pour soutenir l’action de ses partenaires, échanger des expériences mais aussi développer
des partenariats économiques qui peuvent bénéficier à des entreprises bretillilennes. C’est
notamment le cas en ce qui concerne la coopération avec le Koweït pour permettre à nos
entreprises d’accéder à de nouveaux marchés dans le domaine de l’élevage ou avec le
Judet de Sibiu en Roumanie avec la mobilisation des entreprises des deux territoires.
Le soutien des acteurs locaux en Ille-et-Vilaine
Près de 200 associations de solidarité internationale implantées dans le département
mènent des projets de solidarité internationale dans plus de 30 pays. Afin de les soutenir, le
Département a mis en place un dispositif d’accompagnement et de financement. C’est à
cette occasion que le Département a élaboré en 2005 avec le Centre Rennais d’Information
sur le Développement (CRIDEV), la « charte départementale de la solidarité internationale »,
afin d’affirmer les valeurs qui l’animent. Ces valeurs sont donc partagées par les
associations (qui pour bénéficier du soutien du Département doivent signer cette charte), et
le Département, qui s’efforce de les appliquer dans ses propres projets de coopérations.
Le fondement des partenariats
Considérant qu’il n’y a pas un mode de développement unique, la relation partenariale
doit s’établir sur la base de l’égalité, de la solidarité, de la complémentarité et de la
réciprocité :
- l’égalité suppose de travailler ensemble, d’égal à égal, sans rapport de domination,
dans le respect des droits et l’égalité femme/homme,
- la solidarité signifie que les projets soutenus améliorent les conditions de vie du plus
grand nombre,
- la complémentarité consiste à mettre en commun les compétences propres à chaque
partenaire, acteur économique, social, associatif ou institutionnel,
- la réciprocité doit permettre de valoriser les savoirs et savoir-faire de chacun pour
construire un partenariat équitable.
Se connaître et se respecter
Un partenariat solide implique une bonne connaissance mutuelle des acteurs : il faut
prendre le temps d’établir de solides relations interculturelles pour mieux se connaître et se
laisser connaître. Ce partenariat pourra ensuite se construire sur la base d’un diagnostic
préalable identifiant les forces et les faiblesses des territoires partenaires, permettant de
définir le cadre des actions et leur évaluation régulière. Tout partenariat doit préserver
l’autonomie des acteurs. Il marque une rupture avec l’assistanat et inscrit les acteurs dans
une relation de confiance, de durée, de coresponsabilité et de réciprocité.
Se concerter et contractualiser
L’efficacité d’une action de coopération est liée à son appropriation par les personnes
concernées et à leur participation active de la conception à la pérennisation du projet. Ce
travail de concertation doit aboutir à la formalisation d’un contrat spécifiant les engagements
réciproques des partenaires.
Favoriser l’implication des acteurs locaux
Un partenariat solide doit impliquer les acteurs locaux afin de répondre au mieux aux
besoins des populations locales. Il s’agit de favoriser la proximité sans pour autant générer
un repli sur le local ni renoncer à considérer les autres niveaux (régional, national, mondial).
Le « local » est un lieu à partir duquel chacun participe à la construction du monde, et
réciproquement, abrite une microsociété sur laquelle le monde agit.
Mutualiser et coordonner
Le Département favorise les synergies sur son territoire, notamment par la promotion
des échanges entre les associations travaillant sur la même région ou sur la même
thématique, et dans les territoires partenaires par la coordination des différents acteurs.
Évaluer et capitaliser
L’évaluation doit être pensée dès la mise en œuvre du projet. Elle permet d’anticiper,
de gérer, de redéfinir le projet. L’évaluation se doit d’être participative. Les acteurs de ces
partenariats doivent être prêts à assumer leurs responsabilités dans les changements induits
par les actions de solidarité. Cette évaluation offre un espace de débat et permet
éventuellement de réorienter les stratégies. Accepter l’évaluation est une condition de la
pérennité du partenariat. L’évaluation doit permettre aux partenaires de capitaliser leurs
expériences, valoriser leurs réussites, identifier leurs écueils afin d’en faire bénéficier
l’ensemble des acteurs de la coopération décentralisée.
Une solidarité là-bas qui implique des responsabilités ici
S’engager dans des actions de solidarité, c’est un choix de vie, un choix politique fort,
un choix de société.
S’informer, se former, informer et éduquer
Les acteurs locaux de la solidarité internationale doivent pouvoir s’investir pour
promouvoir l’éducation au développement et à l’inter culturalité en capitalisant leurs
expériences et en communiquant sur leurs actions. Les habitants de notre département
doivent en effet pouvoir être régulièrement informés des actions entreprises et être associés
à leur réalisation. L’éducation au développement et à la citoyenneté internationale doit ainsi
contribuer à la construction d’un monde plus solidaire et plus juste.
Mobiliser
Les partenaires contribuent à faire émerger un espace de dialogue entre la société
civile et les institutions et à promouvoir des solidarités entre sociétés du Nord et du Sud.
C’est la condition de l’appropriation des projets de coopération par la population d’Ille-etVilaine. Cet espace de dialogue doit être alimenté par l’ensemble des partenaires
(économiques, associatifs, institutionnels) présents sur les territoires, ici et là-bas. C’est dans
cette optique par exemple que le Département a mis en place des comités de pilotage de
ces principales coopérations, mais aussi le comité consultatif de la solidarité internationale.
La mobilisation des acteurs du territoire et des habitants peut également se concrétiser
par la promotion du commerce équitable et éthique, par la participation à des campagnes
citoyennes ou par la prise de position en faveur de la défense des Droits Humains.
Analyse des enjeux au regard du développement durable
Grille d’analyse1 :
Préservation de la
biodiversité, protection des
milieux et des ressources
Lutte contre le changement
climatique
-Gestion écologiquement
-Maîtrise des consommations
rationnelle des déchets et
et de la demande en énergie
eaux usées
-Promotion des énergies
renouvelables
Epanouissement de tous les
êtres humains
-Satisfaction des besoins
essentiels pour tous:
logement, eau potable,
santé, environnement sain
-Méthodes agronomiques et
systèmes de production
-Lutte contre la pauvreté
durables
Cohésion sociale et
solidarités entre territoires et
entre générations
-Coopération décentralisée
Dynamiques de
développement suivant des
modes de production et de
consommation responsables
Les déterminants du
développement durable
-Coopération interterritoriale
-La stratégie d'amélioration
en matière de
continue
développement économique
-Développement de la
-La participation de la
responsabilité
environnementale et sociale population et des acteurs
des organisations
-Adéquation entre
ressources humaines locales -L'organisation du pilotage
et activités
-La transversalité de la
démarche
-L’évaluation
Commentaires :
L’implication du Département au niveau international s’inscrit pleinement dans une logique
de développement durable. Toutes les finalités du développement durable telles que définies
par le cadre national de référence sont impactées, tout particulièrement l’épanouissement de
tous les êtres humains, l’action du Département étant fondée sur les valeurs de solidarité
avec les régions en développement pour contribuer à la satisfaction des besoins essentiels
des populations. La politique de coopération est également facteur de dynamiques de
développement responsables, avec le soutien aux filières économiques durables : filière
laitière, écotourisme, gestion intégrée des zones côtières, énergies renouvelables…
1 La grille d’analyse s’appuie sur les 5 finalités du développement durable et les 5 éléments de
méthode ou déterminants définis par le cadre de référence national des projets territoriaux de
développement durable (http://www.developpement-durable.gouv.fr/Le-cadre-de-reference).
Elle permet de caractériser :
- L’importance de l’impact : aucun spot = pas d’impact, 1 spot = impact faible, 2 spots=impact
moyen, 3 spots=impact fort
- La nature de cet impact : elle est précisée au moyen de différents items.
Les éléments de méthode ou déterminants du développement durables sont également très
présents dans les actions de solidarité internationale. Une attention particulière est portée à
l’évaluation des actions et à la capitalisation des savoirs et des pratiques par toutes les
parties prenantes, qu’elles soient bretiliennes ou étrangères.
Participation de la population et des acteurs :
Dans toutes ses actions à l’international, le Département cherche à impliquer et mobiliser les
acteurs concernés, en Ille-et-Vilaine et dans les territoires partenaires. Ce principe est inscrit
dans la « charte départementale de la solidarité internationale » co-construite avec le
CRIDEV. Il repose sur l’idée que l’appropriation par les personnes concernées est une
condition impérative à la réussite de tout projet.
Synthèse :
L’ouverture sur le monde du Département constitue une richesse liée à son histoire et
à ses domaines d’expertise. Guidée par un élan de solidarité et de partage, cette
ouverture lui permet aujourd’hui de valoriser son expérience dans différents
domaines par une approche par filière (lait, écotourisme, gestion intégrée des zones
côtières). Le Département soutient ainsi des dynamiques de développement dans
différents pays (au Mali, à Madagascar, en Inde, au Maroc, en Roumanie, etc.) et
bénéficie en retour de liens privilégiés propices à l’élaboration de relations d’amitié,
d’échanges techniques et culturels mais aussi économiques comme avec le Koweït
ou la Roumanie. A l’heure de la mondialisation et de la crise qui frappent les pays
d’Europe, cette ouverture constitue un moyen fort de réaffirmer les savoir-faire du
Département et la nécessité de s’appuyer sur ses atouts et compétences pour se
projeter vers un futur prometteur en termes d’échanges et de développement.
En conclusion, je vous propose :
- de réaffirmer les principes qui doivent continuer à régir l’action à l’international du
Département ainsi que les objectifs de solidarité, d’échanges et de développement
économique qui doivent en découler.
LE PRESIDENT
Jean-Louis TOURENNE