Grève à Bâle-Mulhouse, mais inquiétude partout

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Grève à Bâle-Mulhouse, mais inquiétude partout
aéronautique - obs auto
Les copains de la station aéronautique de Bâle –
Mulhouse ont fait grève le 2 avril (jour du CTP
Nord-Est) pour sensibiliser la direction aux problèmes d’effectifs de leur station.
Ces problèmes, la direction régionale veut les régler
en supprimant un poste de jour, en faisant peu de
cas des obligations de Météo-France sur les plateformes aéronautiques. Un sursis a été obtenu, avec
l’engagement à pourvoir le poste à la prochaine CAP
ou, en l’absence de candidat, à demander que le poste soit pourvu par une «sortie d’école».
SPASMET-Solidaires METEO-INFO n°125 Mai 2007
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Mais l’aveuglement de notre direction est également sensible dans d’autres sites, où la seule
« ambition » semble être de supprimer du personnel : pour les cas les plus récents à Brest et
à Rennes au dernier CTP Ouest, mais aussi à
Lyon/Saint-Exupéry et bientôt à Nantes en attendant les autres.
Les cas de Brest et Rennes sont un peu plus complexes, les postes remis en cause ne sont pas essentiellement aéronautiques, mais ils touchent les métiers de base :
• radio-sondage sans personnel dédié à Brest
(avec à terme un impact sur la disponibilité du
météo « aéro » -observateur et prévi la nuit )
• CDM «peau de chagrin» à Rennes où l’observation de nuit a déjà été «automatisée» et où
la nouvelle «ambition» de la DIR est de supprimer la prévi du littoral (pas assez de côte)
et le DDM (trop proche du CMIR ou de la retraite ?)
Mais pour rester dans l’aéronautique, et sans minimiser les pressions des «clients» pour un moindre coût,
le personnel et ses représentants ne peuvent que s’indigner de la façon dont ses dirigeants (mal)traitent le
dossier : il n’est question que de machines qui fonctionnent mieux sans un oeil (forcément malveillant)
pour les surveiller, que «d’usines à gaz» merveilleuses et de professionnels dévalorisés.
Après ce qui ressemble à une phase
d’écoute le couperet est souvent prêt
selon la formule «dites moi ce que vous
faites, je reviendrai vous expliquer
comment je justifie que ça peut être
supprimé ou fait ailleurs».
Commençons par l’observation : Météo-France use de toute son influence
dans le cadre de l’OMM pour faire accepter par l’OACI le développement de
l’observation automatique d’aérodromes
Argumenter sur la contrainte des recommandations de l’OACI dans ce
contexte relève de la malhonnêteté, les
mêmes (ou d’autres de la même eau)
n’ont pas toujours le courage d’assumer et reviennent ensuite avec un discours fallacieux du genre «on est obli-
Grève à Bâle-Mulhouse,
mais inquiétude partout
gé d’appliquer les recommandations de l’OACI» et
d’ailleurs commencent à les mettre en œuvre (en
modifiant l’armement des postes) avant même qu’elles soient officielles.
Pour la prévision il semble parfois qu’un sursis ait
été obtenu, par exemple pour la production de message d’avertissement d’aérodrome (MAA) où un
premier arbitrage de la direction a conduit à refuser
la production automatisée de ces messages de type
«prévision immédiate» à partir de la base SYMPO,
qui de notre point de vue n’est pas faite pour ça.
Mais gageons que la «stratégie» de l’Etablissement
sera bientôt revue ; la logique qui a prévalu pour le
METAR Auto est reproductible : on commence par
des sites où il n’y a pas de présence Météo-France
en disant «l’automatisation c’est mieux que rien»,
on continue par les terrains où malgré la présence
de Météo-France le suivi H24 est difficile en disant
«pendant une courte période l’automatisation permet d’améliorer les conditions de travail», et au final
on supprime toute présence en disant «ce qui fonctionne par endroit et/ou par moment peut être généralisé».
Et qui trinque ?
Dans un premier temps les collègues qui restent
«seuls à bord» dans quelques centres où les conditions de travail deviennent de plus en plus stressantes, en particulier parce qu’ils sont responsables de
la justesse de l’observation avec du matériel peu fiable.
A terme peut-être tout Météo-France si la concurrence utilise le «boulevard» ouvert par nos propres
forces pour lui faire la place : répondre aux appels
d’offre pour la fourniture d’observations sur les plate-formes à meilleur coût et laisser Météo-France,
avec un budget réduit, assurer la prévision (TAF ,
MAA et pourquoi pas les «tendances» des METAR)
qu’elle s’est fait fort d’assurer sans présence humaine.
Yves Le Lann
Automatisation de l’observation
et évolution envisagée des CDM
La direction sur le point de saborder
Météo-France
( Point de vue d’un prévisionniste de terrain )
METEO-FRANCE UN TEMPS D’AVANCE : MétéoFrance a tellement un temps d’avance que, chaque jour
davantage, on fait de la prévision avec une connaissance
du temps qu’il fait de plus en plus douteuse, approximative. Alors que des projets de réorganisation de l’implantation territoriale et de la prévision sont à l’étude, il est
encore temps de limiter les dégâts et d’éviter que notre
établissement ne perde son crédit scientifique par trop d’à
peu près, en maintenant un réseau d’observation humaine…d’autant plus que l’on veut faire de la prévision sur
les quelques heures à venir (prévision immédiate) un axe
de développement de nos activités.
Si la barre n’est pas redressée, à force de
saper l’observation, base de la prévision à très
courte échéance tout en promettant beaucoup
sur ce domaine Météo-France va au devant de
bien des déboires et vers une perte massive de
crédibilité…sans parler des sueurs froides pour
les futurs prévisionnistes conseil !!!
Alain Crumière
Dernière minute !
Signez, faites signer,
la pétition intersyndicale
contre les primes
«à la manière de servir». (p 5)
M le directeur, ma manière de servir n’est
peut-être pas excellente, mais elle est
particulièrement remarquable
SPASMET-Solidaires METEO-INFO n°125 Mai 2007
.... et de réelles questions :
1 ) est-il sérieux de faire de la prévision fine à distance, ou
pour un point situé au-delà de quelques dizaines de kilomètres ? Même à distance relativement faible quel degré
de service peut-il être fourni ?
Pour l’aéronautique cela pose la question de la répartition
géographique des centres de rattachement chargés de sui-
2 ) plutôt que de compter sur l’appel à tout le public
pour faire connaître le temps qu’il fait au travers d’internet (veilleurs du temps ?), ne serait-il pas plus sérieux et
scientifique d’établir un bon réseau d’observation avec
complémentarité d’observation humaine et automatique
…Si la prise en charge complète par les redevances aéronautiques ne peut être réalisée, le complément revient
au budget de l’Etat en vue de la sécurité des personnes et
des biens. Il y aussi une grande marge de manœuvre pour
développer pour l’observation le partenariat avec d’autres
professionnels tels les services des routes (ex DDE), les
sociétés d’autoroutes…
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Le rouleau de l’automatisation ....
L’observation automatique du temps gagne du terrain au
sein de Météo-France ; si elle apporte un plus la nuit, en
l’absence d’observateur humain, malgré toutes ses imprécisions, ces dernières deviendraient très pénalisantes si
l’observation humaine disparaissait. Malgré des efforts
pour essayer de corriger des erreurs flagrantes comme des
chutes de neige par ciel clair et inclure dans l’observation pour l’aéronautique la présence de cumulonimbus et
d’impacts de foudre proches, le flou subsiste sur ces paramètres comme sur de nombreux autres comme la quantité
de nuages bas, l’ampleur et le caractère partiel ou général
des baisses de visibilité, la description du temps présent.
Il est à noter que les phénomènes ayant le plus d’impact
comme la grêle et la neige sont le plus mal détectées (
réussite inférieure à 30% pour cette dernière avec les capteurs choisis !).
Existe une carte d’analyse du risque brouillard : ce n’est
pas une carte de prévision mais une carte réalisée en particulier avec les images des satellites qui décrit les zones à un moment donné où il est susceptible de faire du
brouillard ! La superposition des observations montre de
très grand écart . Avec l’observation automatique les prévisionnistes vont de moins en moins savoir le temps qu’il
fait en un lieu, à un moment donné, mais plutôt le temps
qu’il est susceptible d’y faire !
D’ailleurs par un mail du 21/11/06 on était à la recherche à Météo-France de CDM volontaires pour comparer
l’analyse humaine et l’analyse automatique de nébulosité
et du temps sensible de façon à pouvoir faire rentrer cette
dernière dans le fonctionnement de SYMPOSIUM 2 à la
place de la première, la nuit nous dit-on !
Le rouleau de l’automatisation de l’observation et de la
prévision est bien lancé !
vre observation et prévision dans les périodes d’absence
d’observateur humain…d’autant plus que l’on voit bien
au travers des groupes de travail récents que l’on est près
à franchir le pas vers la suppression cette observation humaine, pour les aérodromes «à faible enjeu économique».
S’ajoute la suppression des messages d’alertes spemet et
de la plupart des speci pour rendre de plus en plus difficile une prévision fine sûre pour l’aviation commerciale et
pour l’aviation légère.