Le Pétrole en Guinée équatoriale: Croissance sans développement
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Le Pétrole en Guinée équatoriale: Croissance sans développement
Africaines Perspectives RAPPORT Le Pétrole en Guinée équatoriale: Croissance sans développement Par: Samar Hassan El Bagouri Professeur Adjoint d’économie À l’Université du Caire Les problèmes économiques affrontés par les Etats en développement en général et les Etats africains en particulier sont multiples. Parmi ces problèmes se trouvent ceux qui défigurent les structures économiques des Etats africains sachant que dans leur majorité, ces Etats dépendent essentiellement sur un secteur ou sur une matière économique primaire qui jouit du plus grand lot des revenus et des ressources qui affluent sur l’Etat si bien que cet Etat se trouve exposé à des heurts économiques pouvant résulter du changement des circonstances naturelles et du changement des prix mondiaux de ces articles et par conséquent les économies de ces Etats deviennent instables surtout si nous ajoutons la mauvaise exploitation de ces ressources et leur non orientation vers la réalisation du développement durable. Cette recherche traite le danger de la dépendance de l’économie nationale dans les Etats africains sur une ressource économique primaire, l’étude insiste également sur l’analyse des effets économiques des épargnes disponibles provenant d’une ressource naturelle sur l’économie d’un petit Etat africain et ce qui s’ensuit comme dépendance totale sur cette ressource comme effets négatifs spécifiques sur l’économie de ces Etats à moins qu’elle ne soit accompagnée de politiques économiques adéquates, relativement à l’Etat de la “Guinée équatoriale”. L’étude vise à expliquer le phénomène de la contradiction dans la majorité des Etats pétroliers en général et africains en particulier Premièrement: Economie de la Guinée équatoriale: La Guinée équatoriale est une économie africaine des plus accélérées sur le plan de croissance; le taux de croissance moyen du PIB réel est d’environ 20, 2% entre 1990 et 1999; et 24, 1% de 200 à 2005 après avoir été de 0, 9% de 1980 à 1989 et cette croissance s’est reflétée sur la quote-part individuelle du PIB renforcée par le pouvoir d’achat qui a atteint en 2007 environ 30627 Volume 11 - edition 37 - 29 Perspectives dollars soit 26 fois plus qu’en 1996. La Guinée équatoriale est parvenue à réaliser en vertu de la mutation pétrolière témoignée dans les dernières années, une hausse du PIB, évaluée à 5979 milliards de francs céfa Deuxièmement: Le secteur du pétrole en Guinée équatoriale: La Guinée équatoriale est considérée un des principaux Etats producteurs du pétrole dans le Continent africain vu qu’elle est le troisième producteur du pétrole de l’Afrique sub-saharienne après le Nigéria et l’Angola comme elle est le plus grand producteur du pétrole en raison du taux moyen de la quote-part de l’individu de la production du pétrole et qui a atteint en 2002, 167 barils/jour à chaque individu. Les premières explorations du pétrole en Guinée équatoriale remontent à l’époque où la Guinée équatoriale était un Etat soumis à l’Administration espagnole. En 1965, Spanish Gulf et Mobil Oil [Spangoc] remportèrent le droit d’exploration, mais les opérations d’exploration à cette époque ne donnèrent aucun résultat positif au niveau commercial. La Guinée équatoriale n’a été inclue dans la liste des plus grands Etats producteurs de pétrole en Afrique sub-saharienne qu’après la découverte du pétrole dans la region de Zafiro vers la moitié des années 30 Africaines 90 via la société de Mobil. La production a commencé en 1996 par une production moyenne de 40 mille barils/jour puis cette production a augmenté en quelques années à 190 mille barils/jour et cela a provoqué une mutation pétrolière en Guiné équatoriale vu que le champ d’Alba a produit 5000 à 7000 barils/jour seulement. En 1999 La société Triton du pétrole a découvert le pétrole dans la région de Siba et cela a rehaussé l’importance de la Guinée équatoriale dans le domaine de la production du pétrole vu que la production du pétrole dans ce champ a commencé en 2000 par environ 40 mille barils/jour. Troisièmement: Gestion par l’Etat des ressources économiques Le gouvernement de la Guinée a commencé récemment à adopter une nouvelle stratégie pour la gestion des ressources naturelles surtout avec l’augmentation des pressions Internationales, pour promouvoir la transparence et améliorer la gestion. Le gouvernement s’est appuyé sur la loi 2006/8 en novembre 2006 pour gérer le secteur du pétrole et le gaz naturel selon les principaux traits de cette loi: Le ministère de la métallurgie, de l’industrie et de l’énergie est responsable de la gestion du secteur du pétrole, y compris l’organisa- OGI Africaines Perspectives tion et le contrôle des sociétés de pétrole œuvrant dans l’Etat, la planification, l’exécution, le contrôle et la révision des activités d’extraction et autres activités reliées au secteur du pétrole Le ministère de la métallurgie, de l’industrie et de l’énergie est également responsable des négociations, des demarches et de la conclusion de contrats avec les sociétés de pétrole et dispose de la compétence de réformer les clauses de ces contrats ou même de les annuler sans engagement de payer des indemnités attentive des clauses de cette loi nous révèle quelque chose de différent, la loi dans son ensemble a été posée pour atténuer les pressions internationales croissantes imposées au gouvernement de la Guinée équatoriale et pour améliorer la gestion du pétrole en dépit de l’existence de multiples brèches qui permettent des pratiques administratives inefficaces et corrompues à l’exemple de: La maitrise par l’Etat de ses res- sources naturelles est susceptible de promouvoir sa souveraineté, mais cela n’est possible à moins qu’il n’existe des institutions capables de remplir cette fonction avec haute compétence et transparence, mais l’Etat de la Guinée équatoriale ne jouit pas d’une telle capacité. Les attributions octroyées au mi- nistère sont absolues et le ministère n’est pas obligé de recourir au parlement dans ses résolutions. La loi des sociétés du pétrole exi- ge le paiement de taxes supplémentaires au ministère de la métallurgie qui le fixe d’avance et ces taxes seront orientées à l’entraînement des cadres humains et financeront les projets sociaux. Cette loi donne au ministère le droit d’imposer des taxes supplémentaires sur les sociétés du pétrole œuvrant en Guinée équatoriale et ces taxes sont fixées par le ministère lui-même, aussi bien que leur usage. Cela ouvre la voie à davantage de pratiques de corruption dans le cadre d’absence d’honnêteté dans la gestion. La loi détermine à 13% les droits de propriété acquis par l’Etat en plus de 20% en tant que quote part de l’Etat de la production du pétrole. La loi n’a pas déterminé une au- Bien que la loi du pétrole accréditée par l’Etat en 2006 et qui reflète les efforts de l’Etat pour améliorer la gestion du secteur et l’augmentation de la transparence, une étude Les aspects économiques de l’éco- torité prévue se charger de la censure ou de la révision des comptes relatifs aux activités pétrolières ou déclarer ces comptes. Volume 11 - edition 37 - 31 Perspectives nomie du brut: Africaines le pays. Baisse des acquis de l’Etat par Propagation de la pauvreté et rapport à ce qu’il possède comme richesses. Pour la deuxième année consécutive, le budget de l’État, alimenté à hauteur de 85 % par les recettes pétrolières et gazières, est en baisse et déficitaire – à hauteur de 4 % à 8 % du PIB selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI). hausse de grandes différences dans la répartition du revenu, surtout avec la détérioration du secteur agricole, source de vie à la majorité des habitants Baisse des indices de développe- ment humain. L'estimation de 2009 du PIB par habitant place la Guinée équatoriale parmi les pays relativement riches, mais elle n'est que le 121ème sur 177 à l'indice de développement humain. Il est à noter que jusqu’à la rédaction de cette recherche, il n’existe pas d’enseignement universitaire dans 32 OGI