COMMENT COMBATTRE LA DESERTIFICATION? LE SAHEL EST
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COMMENT COMBATTRE LA DESERTIFICATION? LE SAHEL EST
COMMENT COMBATTRE LA DESERTIFICATION ? LE SAHEL EST-IL CONDAMNE AUX CRISES ALIMENTAIRES ? Un milliard de personnes sont menacées par la désertification dans le monde. Le Sahel et ses populations sont particulièrement affectés par ce phénomène. L’impact de la désertification au Sahel est d’autant plus important que le développement économique de ces pays repose majoritairement sur l’agriculture. L’appauvrissement des sols, associé à l’augmentation des densités de population et à des pratiques agro-pastorales parfois inadaptées à cet environnement et ses changements, freine ce développement. Arrivera-t-on à endiguer le changement climatique, responsable entre autres de la désertification? Des actions courageuses sont, certes, nécessaires dans ce domaine au niveau des Etats. Mais ça n’est pas suffisant. « Le combat contre le changement climatique est un grand combat. On ne sait pas qui le gagnera… dans cette incertitude, il est essentiel que les populations concernées s’adaptent à ce changement,» témoigne Thierry Métais, directeur pays d’Action contre la Faim au Niger. Par ailleurs, parce que la désertification est également due, en grande partie, à des facteurs humains locaux (ex : surexploitation des terres, déforestation), il est nécessaire de trouver une adéquation entre des ressources plus limitées et une occupation de la terre qui optimise ces ressources tout en les protégeant de manière durable. « Aujourd’hui, certaines terres du Sahel qui donnaient autrefois des récoltes de céréales de 1 à 1,5 tonnes n’en produisent que 500 kilos. Mais on peut inverser cette tendance par des techniques efficaces pouvant être facilement appropriées par les communautés locales,» témoigne Rémi Hemeryck, délégué général de SOS SAHEL International France. Plusieurs piliers doivent être pris en compte pour cela : La valorisation de la terre (restauration des sols et de la fertilité, par des techniques innovantes et parfois récupérées de méthodes traditionnelles) Les hommes, par la formation des producteurs et la vulgarisation de techniques adaptées, reposant notamment sur les organisations de producteurs, à même de mobiliser les populations L’optimisation de ressources naturelles pouvant apporter des revenus complémentaires aux producteurs, tout en contribuant à la lutte contre la déforestation Les rendements peuvent être significativement améliorés avec des investissements raisonnables. Ces techniques, facteurs d’optimisme dans un environnement frappé par des crises à répétition, quelles sont-elles ? Pour en savoir plus : Christina Lionnet : 01 43 35 82 37 [email protected] Rachel Vetterhoeffer : 01 46 88 93 79 [email protected] COMMENT COMBATTRE LA DESERTIFICATION ? RAPPEL : LA DESERTIFICATION EN BREF ! La désertification, ça n’est pas l’avancée naturelle du désert ou des dunes de sable, mais l’épuisement des terres cultivables sous l’effet des activités humaines et des changements climatiques. Plus d'1 milliard de personnes dans le monde sont menacées par la désertification 10 millions : c’est le nombre moyen d’hectares de terre arable gagnés chaque année dans le monde par la désertification, selon l’ONU, soit 1/5 de la France ou la moitié du Sénégal ! 40% des surfaces de la terre sont touchés (source Comité Scientifique Français de la Désertification) LE CERCLE VICIEUX DE LA DESERTIFICATION © PREVOIR POUR MIEUX PREVENIR Bonne nouvelle ! Les nouvelles technologies peuvent être au service de la lutte contre la désertification et la faim! Pour mieux comprendre l’évolution des territoires et les vulnérabilités, de nouveaux outils hi-tech, « l’hydrogénérateur » et le « biogénérateur » ont été créés: deux systèmes qui permettent d’évaluer la disponibilité des ressources en eau et l’état du couvert végétal par rapport à une moyenne sur plusieurs années. Des données essentielles pour estimer la vulnérabilité des populations. Les cartes ci-dessous permettent ainsi de voir le déficit de la biomasse en 2010 (bonne année) et 2011 par rapport à la moyenne depuis 1998. Plus c’est rouge, et moins le couvert végétal est important. Ces indicateurs, entre autres outils de surveillance, ont permis de prévoir la crise alimentaire en 2012 dans la région sahélienne. SUR LE TERRAIN : DES APPPROCHES VARIEES ET COMPLEMENTAIRES GERER LES EAUX DE SURFACE – Les « zaïs » et « cordons pierreux » au Mali ou au Burkina Faso On a souvent l’image du sahel comme d’une zone aride et sans pluie. Erreur ! Dans certaines zones, elles peuvent être si violentes qu’elles emmènent avec elles la terre si précieuse ; à chaque fois, ce sont des jardins qui s’en vont. Pour limiter le ravinement et favoriser la régénération de la végétation, plusieurs techniques existent. Exemple de technique traditionnelle: la construction de « zaïs ». « Ces trous ont pour fonction de piéger l’eau, témoigne Faroukou Garba, responsable sécurité alimentaire d’ACF en Afrique de l’Ouest. « Ici, dans cette région du Mali, l’eau lessive les terres; l’aménagement de zaïs permet de la retenir, ce qui favorise le maintien d’un bon niveau d’humidité, mais aussi le dépôt de matière organique. Elle se sédimente et enrichit les sols. ACF a développé ce programme dans 14 villages au Mali. C’est essentiel car vous savez, la crise que traverse le Sahel aujourd’hui, elle est aussi liée à cet appauvrissement des terres. » Autre technique : l’aménagement de cordons pierreux, qui permettent eux aussi de retenir l’eau. Une approche que SOS SAHEL met en œuvre également au Burkina Faso depuis une vingtaine d’années. « Grâce aux formations de SOS SAHEL, j’ai appris à construire des cordons pierreux témoigne Kouega OUMAROU, chef de comité villageois de développement, au Burkina Faso. J’ai organisé un réseau de cordons le long de mon Cordons pierreux au Burkina Faso champ, puis j’ai planté du niébé et du mil. Grâce aux cordons qui retiennent l’eau, la terre est plus fertile et ma production a nettement augmenté. Alors qu’avant je produisais 1 tonne de céréales, j’ai récolté cette année 3,6 tonnes de mil et de niébé. J’ai ainsi pu nourrir ma famille toute l’année et vendre le reste de ma production. » © SOS SAHEL « Grâce aux techniques traditionnelles et innovantes appropriées par les populations locales, les rendements en céréales peuvent être multipliés par trois, » témoigne Salifou Ouedraogo, Directeur éxécutif de SOS Sahel au Burkina Faso. ENRICHIR DES SOLS APPAUVRIS - La fertilisation organique au Burkina Faso Oui, il est possible de multiplier par trois les rendements d’une terre appauvrie. La fertilisation peut y contribuer. C’est le but du programme de SOS SAHEL dans la Province du Nayala (Nord-Ouest du Burkina Faso), qui allie la construction de zaïs et demi-lunes et l’utilisation de fumure organique et le paillage. 4302 ha de terres ont ainsi été fertilisées avec de la fumure produites grâce à la construction de fosses fumières avec les producteurs. Le sol est ensuite recouvert avec la technique du « paillage », qui consiste à recouvrir le sol de végétaux coupés pour favoriser l’infiltration d’eau. © SOS SAHEL PRESERVER LES FORETS - La valorisation de l’acacia au Tchad Les forêts d’acacia jouent le rôle de barrières naturelles contre la désertification. C’est pour cette raison, mais aussi pour valoriser les ressources naturelles comme la gomme arabique, qui en est extraite, que SOS Sahel a lancé au Tchad le « Programme Acacia ». La vente de la gomme arabique, utilisée dans les industries alimentaire, pharmaceutique ou textile, représente plus d’un tiers des revenus des populations locales. « Je vais plus souvent à la gommeraie, afin d’y recueillir la gomme arabique que je vends pour quelques centaines de francs (moins de 15 centimes d’euros) chaque semaine pour acheter du savon, du sucre, thé, huile. Mon revenu a augmenté de 30%… » témoigne Zahra, village de Guidgada au Tchad. ©Sébastien ORTOLA-20 Minutes RENDRE LES TROUPEAUX PLUS RESISTANTS – Le programme « Action bétail » au Tchad L’avenir de nombreuses familles tchadiennes dépend de la santé de ses troupeaux. Or « depuis 30 ans, le grand Kanem est confronté à des épisodes de sécheresse récurrents, explique Issa Ouadjonné, responsable du programme Action Bétail mené par Action contre la Faim au Tchad. Conséquence : le pâturage n’arrive pas boucler son cycle, les animaux n’arrivent pas à produire de lait, ce qui a un effet sur la malnutrition… » Ce programme a plusieurs axes : renforcer la disponibilité de fourrage en période difficile; optimiser les ressources grâce à la réhabilitation de © ACF points d’eau pour le bétail en prévision de sécheresses; renforcer la résistance des animaux grâce à la vaccination. ACF prévoit aussi de débuter un projet de recherche sur les nouvelles pathologies qui affaiblissent le bétail et un programme pilote de production locale de compléments alimentaires pour animaux. Le programme « Action bétail » vise 2000 ménages d’éleveurs au Kanem. PARER AUX DEFICITS - Les banques de céréales au Tchad Au Sahel, la production céréalière est, pour beaucoup, une culture pluviale : elle est donc particulièrement dépendante des aléas du climat. Les banques de céréales sont un moyen d’assurer un accès plus régulier à la nourriture, notamment à la suite d’épisodes de sécheresse, où les greniers sont vides. Quelle est le principe des banques de céréales ? Il s’agit de constituer des réserves lors des récoltes, qui permettent de se préparer aux périodes de pénuries, tout en échappant à la spéculation. Les adhérents évitent ainsi de s’approvisionner © ACF, Lucile Grosjean sur les marchés au moment où les prix augmentent. Ces banques sont gérées par des organisations paysannes ou comités de village, comme l’explique Adoum Adji Korouma, chef du village de Blatchidi au Tchad, qui a mis sur pied une de ces banques avec le soutien d’ACF. « Ce système nous permet de constituer des réserves, que nous vendons lors de la période de soudure aux adhérents à un tarif assez bas. Avec les bénéfices retirés de la vente, nous achetons de stocks plus importants de céréales, et ainsi de suite. En cette année difficile, ce système est particulièrement utile. » Pour permettre de constituer le stock de départ de cette banque de céréales, ACF a fourni 6500 kilos de céréales, ainsi que des matériaux de construction, avec lesquels les villageois ont construit le bâtiment. Elle accompagne aussi les village dans la gestion de la banque.