Résumé de l`intervention de Monsieur Daniel B ERTRAND
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Résumé de l`intervention de Monsieur Daniel B ERTRAND
Résumé de l’intervention de Monsieur Daniel BERTRAND, responsable Sahel à la Direction Afrique et à l’Unité Policy Planning du Ministère belge des Affaires Etrangères. L’ambassadeur Daniel BERTRAND s’exprimait dans le cadre de la table ronde n°2 sur « l’approche globale et le Sahel » animée par l’ambassadeur Nicolas NORMAND, directeur adjoint de l’IHEDN. La crise sahélienne est avant tout une crise complexe, multidimensionnelle qui a commencé il y a 20 ans. Toutes les tensions dont nous sommes les témoins aujourd’hui sont le résultat d’une longue maturation. Cette crise sera longue à résoudre. Cette crise multidimensionnelle est donc à la fois : une crise démographique et socio-économique sur fond de changement climatique, de raréfaction des sources de revenus et de criminalisation des structures économiques ; une crise de développement s’exprimant notamment à travers la faiblesse des infrastructures ; une crise de l’Etat tant dans son fonctionnement que sa gouvernance ; une crise morale, la région étant marquée par un abandon des valeurs portées par les Etats provoquant un repli vers les valeurs traditionnelles faisant ainsi le lit des prédicateurs islamistes et évangélistes. C’est au Mali que s’exprime le plus fortement la complexité de la crise sahélienne. Plus qu’une crise entre le Nord et le Sud de ce pays, on assiste d’abord à une crise au sein des communautés du Nord déchirées entre les pro-Bamako et les sécessionnistes auquel s’ajoute les luttes entre Arabes, Sangaï et Peules pour le contrôle des flux des trafics, trafics qui génèrent de nouvelles élites socio-économiques gravitant autour du pouvoir. Le Centre et le Sud du Mali sont aussi traversés par des problèmes similaires qui se traduisent par une augmentation des actes violents. C’est donc une crise bien plus profonde qui frappe le pays et remet aujourd’hui en cause les équilibres avec un risque de contagion régionale au nord de la Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Si la communauté internationale a réagi promptement à l’expression violente de la crise et au défi sécuritaire qu’elle générait, elle s’attelle aujourd’hui à apporter une réponse globale et à la coordonner entre les acteurs que sont l’Union Européenne, l’ONU, l’Union Africaine, le G5 Sahel et la CEDEAO. L’approche globale de l’UE est valide au Sahel. Celle-ci a mobilisé ses instruments pour mettre en place un processus de médiation visant à conduire le Mali sur la voix de la paix et conclure un accord visant à fixer le cadre permettant de résoudre les difficultés dans les domaines de la sécurité, de la justice, du développement et de la politique. L’UE s’est donc engagée dans un processus dont la finalité est de rétablir la confiance alors qu’aujourd’hui l’existence même de l’Etat est en cause au Mali. Ce processus conduit par l’UE va de pair avec l’opération Barkhane. Parallèlement l’UE veille à ce que d’autres pays comme notamment le Cameroun ou le Nigéria ne connaissent pas un processus de dégradation similaire. Cela étant on peut néanmoins s’interroger sur la mobilisation des acteurs locaux eux-mêmes et de la conscience qu’ils ont des enjeux en cours. Ce qui rend d’autant plus important le processus de médiation européen et précieux l’exercice consistant à faire en sorte que les acteurs sahéliens (Etats, organisations régionales) s’approprient le règlement de la crise tout en évitant les duplications possibles.