René Collamarini - Jean Rollin – La médaille

Transcription

René Collamarini - Jean Rollin – La médaille
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René Collamarini - Jean Rollin – La médaille
[En rouge sont indiqués les œuvres présentées dans l’exposition.]
Jean Rollin (1922-2008), critique d’art et conservateur du patrimoine, était un ami proche de René
Collamarini. Cet ancien résistant (membre des FFI de Haute-Saône) devint journaliste à la Libération. Il fut
d’abord rédacteur au quotidien Ce Soir 1 (1947-1952). Il fut ensuite critique d'art à l'Union française
d'information (1952-1957), puis au quotidien L'Humanité (1957-1998). Il fut aussi secrétaire de rédaction
de la revue La Nouvelle critique 2 (1957-1969). Il était membre de la Commission consultative de la Médaille
de la Monnaie de Paris.
Il fut conservateur du musée d’art et d’histoire de Saint-Denis de 1969 à 1988. Il fit installer le
musée dans l’ancien Carmel de Saint-Denis du XVIIe siècle, préservant le bâtiment et l’esprit du lieu et
évoquant la vie des religieuses. Jean Rollin y fit cohabiter deux Louise : Louise de France (1737-1787),
dernière fille de Louis XV, entrée au Carmel en 1770, prieure du couvent ; Louise Michel (1830-1905),
grande figure de la Commune, dont le musée possède un des principaux fonds historiques.
Jean Rollin fut aussi conseiller municipal communiste à La Courneuve, chargé des beaux-arts, de
1959 à 1977 : il y favorisa la commande de La Conquête du bonheur de Blasco Mentor, immense œuvre
peinte de 400 m2 pour la Maison du peuple, inaugurée en 1967.
Jean Rollin en octobre 1988 (photographie Isabelle Rollin-Royer)
Jean Rollin consacra à Collamarini une grande exposition au musée de Saint-Denis en 1974. Il écrivit
à cette occasion une préface au catalogue intitulée « La grande aventure de Collamarini ». A l’occasion
d’une autre exposition consacrée à Collamarini, en 1993, au musée d'Art et d'Histoire de Meudon, Jean
Rollin écrivit un long article dans L’Humanité, « René Collamarini : la sculpture dans la vie » (27 nov. 1993)3.
Après la mort de Collamarini, Jean Rollin, à la tête de l’association Les Amis de Collamarini, fit éditer une
monographie sur le sculpteur. Le président de la République François Mitterrand la préfaça en ces termes :
« Je souhaite à ce livre que publient ses amis de perpétuer le souvenir de René Collamarini et de son œuvre
qui est noble et belle. »
Plusieurs œuvres de Collamarini ont rejoint les collections du musée de Saint-Denis, cinq
sculptures, parmi lesquelles le buste d’Hélène Weigel dans le rôle de Mère courage, des dessins, dont
l’Autoportrait dans l’atelier, et un fonds documentaire, dont la photographie de Collamarini.
En 1982, René Collamarini réalisa pour la Monnaie de Paris, une médaille de Jean Rollin4.
1
Quotidien du soir créé par le Parti communiste français en 1937, sous la direction de l’écrivain Louis Aragon. Il cessa
de paraître en 1953.
2
Revue créée en 1948 par le Parti communiste français. Elle cessa de paraître en 1980.
3
Voir les deux textes ci-contre.
4
Photographie de la médaille de J. Rollin issue de René Collamarini, éd. Les Amis de Collamarini, 1985, p.200
Notice Valérie Montalbetti, juillet 2015
2
L’œuvre présentée dans l’exposition est un bronze tiré d’après le plâtre original de l’artiste. Ses
dimensions peuvent surprendre pour une médaille. En fait, lorsque la Monnaie de Paris passait commande
à un artiste, celui-ci réalisait son œuvre dans un format de 25 à 30 cm de diamètre, qui lui permettait de
travailler, et les ateliers de la Monnaie réduisaient ensuite le modèle (6,8 cm pour la Collection générale de
la Monnaie ; 7,5 cm pour le Club français de la Médaille).
Collamarini exécuta sept autres médailles pour la Monnaie de Paris, commémorant des
personnalités. Il portraitura deux directeurs de théâtre : Charles Dullin en 1950, dont il exécuta également
un buste (présenté dans l’exposition) et Gaston Baty en 19655.
En 1971, il créa la médaille de Francis Jourdain (1876-1958)6. Peintre, graveur, céramiste, Francis
Jourdain « fonde les arts décoratifs modernes et théorise leur application au cadre de vie populaire en
diffusant, dès 1913, un mobilier utile, épuré, sans ornement, conçu pour être produit en série à bas prix. »
Chana Orloff (1888-1968), Francis Jourdain, 1927, Saint-Denis, musée d’art et
d’histoire
En 1977, Collamarini rendit hommage à Eugène Viollet-Le-Duc (1814-1879), architecte qui restaura
et remis à l’honneur l’architecture du Moyen-Age à une époque où elle était largement méprisée, et fonda
le Musée des Monuments Français.
5
Voir le texte sur Collamarini et le théâtre.
Photographies des médailles de Dullin et Baty issues de René Collamarini, 1985, p.198
6
Photographie de la médaille de F. Jourdain issue de René Collamarini, 1985, p.200
Notice Valérie Montalbetti, juillet 2015
3
En 1979, il réalisa la médaille de Takanori Oguiss (1901-1986), peintre paysagiste japonais qui a
essentiellement travaillé en France, auquel on doit des vues des vieux quartiers de Paris7.
En 1982, Collamarini sculpta la médaille de Roger Parent (1881-1986), pour le centenaire de ce
peintre français qui vécut essentiellement en Belgique. Très apprécié dans les années 1910 et 1920, Parent
cessa d’exposer après 1929, vivant grâce au soutien de grands collectionneurs belges. Il tomba dans l’oubli
jusqu’à la tenue de deux rétrospectives, l’une en 1964 à la Galerie baron Steens à Bruxelles, l’autre en 1971
au musée d’art et d’histoire de Saint-Denis, sous la houlette de Jean Rollin8.
Roger Parent, Autoportrait au grand chapeau noir, Lille, Palais des Beaux-Arts
Sans passer par la Monnaie de Paris, René Collamarini réalisa d’autres médailles.
En 1966, il exécuta une médaille de François Mitterrand (1916-1996). Celui qui deviendra le 21e
président de la République française en 1981 (et sera réélu en 1988), est alors député socialiste de la
Nièvre. Après avoir occupé plusieurs portefeuilles ministériels sous la IVe République, il a affronté le
général De Gaulle au second tour de l'élection présidentielle de 1965, qu’il a perdue.
A des dates non connues, il réalisa la médaille d’Henri Monier (1901-1959) et la médaille de Jean
Dalevèze (1912- ?). Elles se distinguent par un format non circulaire, aux contours irréguliers.
Henri Monier9 est un dessinateur humoriste, qui collabora au Canard enchaîné de 1919 (ou 1923) à
sa mort. Collamarini réalisa son buste en 1935, et un portrait de profil en hippocampe. Dans la nécrologie
que le Canard enchaîné consacra à Collamarini, Monier est cité parmi les « vieux copains » de Collamarini.
Jean Dalevèze est un journaliste et critique d’art, qui collabora aux Nouvelles littéraires et à
Combat. Il écrit le texte du catalogue de l’exposition Collamarini, son atelier, au Musée Rodin, en 1974.
7
Photographies des médailles de Viollet-Le-Duc et Oguiss issues de René Collamarini, 1985, p.199
Jean Rollin, « Roger Parent, un maître peintre centenaire méconnu », Bulletin du Club français de la médaille, n°7475, 1er trimestre 1982, p.16-23
9
Voir le texte sur Collamarini et le Canard enchaîné
8
Notice Valérie Montalbetti, juillet 2015