Discours-Inauguratio.. - Ville de La Ferté
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Discours-Inauguratio.. - Ville de La Ferté
INAUGURATION SALON CROC’ LIVRES 2015 28 Février 2015 En présence de Monsieur Jean d’ORMESSON DISCOURS DE JEAN-CARLES GRELIER Maire de La Ferté Bernard Monsieur l’Académicien et Cher Maître, Mes Chers Amis, Le monde des livres est ainsi fait qu’il se partage en deux parts très inégales. Celle des auteurs, de ceux qui savent manier la plume, de ceux qui savent user de la magie des mots en invitant au rêve, au frisson, à la passion. Et celle, bien plus nombreuse, des lecteurs qui se plongent avec délice dans les écrits des autres, affirmant avec Julien GREEN qu’un livre est une fenêtre par laquelle on s’évade. Depuis quelques années maintenant, notre salon Croc’ Livres a pour vocation de faire se rencontrer et les uns et les autres, de les faire communier dans une même passion. J’aurais aimé appartenir à la première de ces deux catégories à laquelle je voue une profonde admiration qui n’est rien d’autre que la première des passions comme aimait à le souligner Descartes. J’aurais aimé mettre des mots sur des sentiments et pouvoir dire avec vous, Cher Jean d’ORMESSON, que le monde est un livre où nous sommes tous écrits et que nous écrivons tous. Las, à défaut d’avoir ce talent-là, je demeurerai un lecteur. Un lecteur assidu qui vit chaque livre comme une gourmandise de l’esprit. Car un livre est toujours un moment de grâce. Avec vous, Cher Maître, je veux poursuivre cette quête du sens du temps, du sens de la vie et de l’amour, de ces presque riens de chaque jour qui font le tout de l’homme. Je veux avec Christian BOBIN me détacher du monde, porter mon attention du côté de ce qui résonne : la vérité, la pluie sur le toit, les mots d’amour ou les pianos de Mozart. Lire c’est accéder à la liberté, à l’évasion. C’est sortir de tous ses enfermements. Lire, c’est être le temps d’une page, d’un chapitre, comme en apesanteur, comme hors du monde. Mais tellement vivant. Lire c’est être ici et maintenant, ici et ailleurs. Lire c’est pouvoir dire avec SaintAugustin que le monde est un livre et que ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page. Et il fallait au livre, à tous les livres, un écrin à leur juste dimension. C’est dans cet esprit que nous avons voulu ce bâtiment, cette médiathèque à laquelle votre nom offre un peu de votre lustre, de ce petit supplément d’âme qui transpire à chacune de vos pages. Je garde le souvenir ému de cette lettre adressée courant 2013 à votre maison d’édition pour solliciter la possibilité de donner votre nom à notre édifice. Une bouteille à la mer pensais-je alors. Et je garde le souvenir plus fort encore de cette réponse manuscrite reçue seulement quelques jours plus tard, de l’enthousiasme avec lequel vous répondiez positivement à notre proposition. J’imaginais alors votre voix à nulle autre pareille résonnant sous les voûtes de l’Institut : « Laissez-moi, Monsieur le Maire, vous redire ma gratitude et mes vœux chaleureux » et ces quelques mots ponctuant votre missive : « A vous de tout cœur ». Ces mots, toujours ces mots bien ordonnancés. Ces mots qui faisaient dire au philosophe ALAIN : « Les écritures des gens mal instruits se ressemblent, l’écriture de l’homme cultivé est propre à lui. » Merci, Cher Jean d’ORMESSON, du cadeau qu’ainsi vous nous avez fait. Merci de magnifier le livre et l’écriture comme le font tous les auteurs rassemblés en ce-jour. Puis-je seulement former le vœu et le secret espoir qu’en quittant notre ville dans quelques heures, qu’en reprenant le train de la vie et du monde, nous puissions vous entendre dire, inspiré de l’un de vos romans : « C’était bien ». Puissent ces moments partagés, ces petits éclats de bonheur échangés, nous donner et l’envie et la force de croire que la littérature a encore de belles heures devant elle et qu’à notre modeste niveau nous avons contribué à en diffuser le goût et le plaisir aux jeunes générations. Et que longtemps encore on puisse dire, avec bonheur et fierté, qu’écrire est une façon de répondre à la vie. On a toujours besoin de répondre à un don par un autre don, non pour être quitte, mais pour continuer à donner et recevoir sans fin.